New York, le 23 septembre 2011
As sallam Aleikum !
C'est un grand honneur et un privilège pour moi, de m'adresser, pour la première fois, à cette Auguste Assemblée, depuis mon investiture comme Président de l'Union
des Comores, le 26 mai dernier.
Permettez-moi, tout d'abord, d'adresser mes chaleureuses félicitations à Son Excellence Monsieur Nassir Abdulaziz Al-Nasser, Président de l'Assemblée, pour sa
brillante élection à la présidence de cette Soixante Sixième session ordinaire. Mes félicitations s'adressent également à S.E.M. Joseph DEISS et à toute son équipe pour le travail
remarquable qu'ils ont accompli durant leur mandat.
Je voudrais, enfin, rendre un hommage mérité au Secrétaire Général des Nations Unies, Son Excellence Monsieur Ban KI-MOON, pour les efforts louables qu'il ne cesse
de déployer pour que notre organisation réponde, au mieux, aux objectifs qu'elle s'est fixés, dans un monde de plus en plus marqué par des crises de toutes sortes : crise politique,
économique, sociale et environnementale.
Monsieur le Président ; Excellences Mesdames et Messieurs ;
Cette 66ème Session de notre Assemblée se tient à un moment où l'humanité entière traverse une de ses périodes les plus difficiles.
En effet, la paix, ce bien commun le plus précieux au monde, n'a jamais été aussi menacée. Elle est menacée dans tous nos continents, dans nos régions, dans nos
sous-régions et dans chacun de nos pays.
Elle est menacée par les crises politiques, les maladies et les catastrophes naturelles. Elle est également menacée par le mal vivre, le chômage, la précarité et
par le sous-développement.
Les foyers de tensions ouverts dans différentes régions du globe et les révolutions récentes en Afrique du Nord et au Moyen Orient font et continuent à faire de
nombreuses victimes.
Nos pays subissent encore le poids des maladies émergentes mais aussi et surtout des maladies non-transmissibles. En effet, les cancers, les diabètes et les
maladies cardio-vasculaires, notamment, font beaucoup de victimes dans nos pays et menacent leur développement.
Le problème de l'éducation, le manque d'infrastructures de base, d'énergie et d'eau potable menacent eux aussi, la paix et la sécurité dans beaucoup de pays en
développement.
Par ailleurs, aucun pays n'est aujourd'hui à l'abri des catastrophes naturelles liées aux changements climatiques. Cette situation est encore plus tragique dans les
petits États insulaires en développement.
San parler des effets néfastes de la crise financière qui continue encore à affecter nos pays et qui constitue un sérieux handicap pour l'avenir de l'économie
mondiale.
Aussi, voudrais-je lancer un appel pressant à la communauté internationale pour qu'elle renforce son rôle dans la recherche d'une solution rapide à toutes ces
crises.
Monsieur le Président ; Excellences Mesdames et Messieurs ;
En effet, c'est en luttant ensemble et efficacement contre les maladies que nous parviendrons à préserver nos populations et à assurer une meilleure rentabilité de
nos ressources humaines.
Nous pouvons également, en unissant nos forces, enrayer le chômage, à travers l'éducation et la création d'emplois et réussir à relancer le développement
socio-économique de nos pays.
De même, en éradiquant la corruption, de plus en plus répandue dans nos pays, nous parviendrons à relancer notre développement, facteur essentiel de paix et de
stabilité.
Par ailleurs, en consolidant la culture de la démocratie et l'État de droit, nos pays évolueront vers plus de paix et de stabilité, conditions essentielles pour le
développement durable.
Nous devons, Mesdames et Messieurs, développer davantage la solidarité au sein des pays membres du Concert des Nations. C'est la condition à remplir pour sortir le
monde, qui est le notre, de l'état de vulnérabilité.
Les efforts que déploient les pays en développement, dans une conjoncture toujours plus difficile, ne pourront porter leurs fruits sans une solidarité
agissante.
La mobilisation quasi-collective qu'on observe aujourd'hui en Europe et en occident en général, pour juguler la crise financière est fortement louable, toutefois,
elle doit s'étendre à d'autres domaines et à d'autres continents.
Aussi, il convient, en effet, d'agir ensemble et d'agir vite, en faveur de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement qui suscitent tant
d'espoir dans nos pays.
Dans ce monde en crise, l'Union des Comores a vécu, pour la deuxième fois cette année, une alternance pacifique exemplaire au sommet de l'État.
Toutefois, son ancrage dans la démocratie et la bonne gouvernance ne sera réellement irréversible et pérenne si la pauvreté, la misère et la précarité
perdurent.
C'est ainsi que nous avons pris des mesures pour la lutte contre la corruption, pour une meilleure utilisation des ressources nationales mais aussi pour la
préservation et la protection de la biodiversité.
En effet, comme petit État insulaire en développement, directement concerné, nous accordons une attention toute particulière à la question des changements
climatiques et de environnement.
Nous nous employons au quotidien pour améliorer les conditions de vie de nos concitoyens, mais nous avons également besoin de l'appui de la communauté
internationale.
Par ailleurs et en dépit de sa situation difficile, mon pays ne saurait se dérober à ses responsabilités d'acteur au sein de la communauté internationale.
Nous entendons apporter notre modeste contribution à la marche de l'humanité en quête d'un monde meilleur.
C'est ainsi que nous prenons une part active dans la consolidation de la paix et de la sécurité en participant à la Brigade en Attente des pays de l'Afrique de
l'Est, conformément aux sollicitations de la communauté internationale.
Nous avons conscience de la modestie de nos moyens, mais nous comptons jouer notre rôle au sein de la Mission des Nations Unies et de l'Union Africaine au Darfour
(Minuad) car la promotion de la paix partout dans le monde et plus particulièrement en Afrique, reste pour nous, un impératif majeur.
Le terrorisme, la piraterie et les autres crimes organisés transfrontaliers, y compris les trafics de stupéfiants et d'armes légères sont aujourd'hui autant de
menaces directes contre la sécurité humaine et la sécurité nationale de nombreux pays.
Mon pays fait de son mieux pour combattre ces fléaux, mais la communauté internationale doit aussi apporter plus d'assistance dans la prévention, dans ses
dimensions structurelles et opérationnelles.
L'alerte rapide, l'échange de renseignements et d'expérience, l'assistance réciproque en matière de formation, d'organisation et de développement des capacités,
permettront aux États et aux organisations régionales, notamment l'Union Africaine, de renforcer leurs capacités.
Monsieur le Président ;
Les questions non résolues, parfois depuis des décennies, restent également des sources de conflits, susceptibles de remettre en cause la paix et la
sécurité.
Il en est ainsi de la question de Madagascar. La crise politique que traverse le peuple frère de Madagascar mérite toute l'attention de la communauté
internationale.
Les efforts actuellement engagés par le gouvernement de transition, sous l'égide de la SADEC, appellent le soutien multiforme de la communauté internationale pour
que cette grande île retrouve, enfin, la paix et la sécurité pour le bien-être de son peuple.
Il en est également ainsi de la question de la Palestine : les Comores ont toujours soutenu la lutte du peuple frère palestinien. Elles soutiennent la demande
des autorités palestiniennes adressée à la communauté internationale pour la reconnaissance d'un État palestinien dans ses frontières de juin 1967, avec comme Capitale Jérusalem Est.
En effet, depuis plus de trois décennies l'occupation par Israël des terres palestiniennes reste une question non résolue.
Mon pays, en ce qui le concerne, va dans le sens de cette reconnaissance et en appelle à tout les pays épris de paix, de liberté et de justice, d'en faire
autant.
L'Union des Comores ne saurait avoir d'autre position sur cette question, quand elle est elle même directement concerné par une autre question tout aussi sensible
car relative, non seulement à son unité nationale et à l'intégrité de son territoire, à son histoire et au droit international mais aussi à la paix dans la région de l'Océan Indien : je veux
parler de la question de l'île comorienne de Mayotte.
Permettez-moi de souligner que l'inscription de cette question de l'île comorienne de Mayotte à l'ordre du jour des différentes Assemblées Générales des Nations
Unies, les résolutions pertinentes de cette même Auguste Assemblée, celles de l'Union Africaine, de la Ligue des États Arabes et de l'Organisation de la Coopération Islamique, n'ont toujours pas
réussi à apporter une solution à cette épineuse question qui nous oppose à la France depuis des décennies.
Comme vous le savez, la départementalisation de l'île comorienne de Mayotte, décidée unilatéralement par la France, est pour nous, comme
pour la communauté internationale, nulle et non avenue, et ne pourrait, en aucun cas, être considérée comme un fait accompli.
En outre, le visa imposé par les autorités françaises aux Comoriens des trois autres îles a, à ce jour, brisé de nombreuses
familles en faisant du bras de mer qui sépare Mayotte de l'île sœur d'Anjouan un immense cimetière dans lequel reposent les restes de milliers de mes compatriotes qui voulaient tout simplement se
rendre dans une partie de leur territoire.
Cependant, nous ne pouvons rester, ni sur des condamnations sans suites, ni sur des positions figées qui ne contribuent nullement au règlement du contentieux, alors
que mon pays continue à enregistrer de nombreuses pertes, au quotidien, du fait de ce visa imposé par la France.
C'est ainsi que je tiens à réitérer, du haut de cette tribune, notre légitime détermination à continuer à revendiquer la
réintégration de l'île comorienne de Mayotte dans son ensemble naturel.
Toutefois, nous espérons pouvoir mener ce combat par la voie de la négociation nécessaire avec la France, un partenaire économique des Comores, mais aussi et
surtout, en y associant nos frères et sœurs mahorais, car il ne peut y avoir de solution réaliste et durable à ce contentieux sans leur implication.
C'est la nouvelle approche que j'ai proposée dès mon investiture pour régler ce conflit territorial qui oppose mon pays à la France, depuis un peu plus de trois
décennies, maintenant.
J'estime, en effet, que toute recherche d'une solution à cette épineuse question doit inclure nos frères et sœurs mahorais avec lesquels nous avons des liens
communs, tissés par l'histoire, le sang, la langue, la religion et la culture.
Nous pensons que la forte diaspora comorienne présente en France, y compris dans l'île de la Réunion, peut se retrouver avec ses frères et sœurs de Mayotte et des
trois autres îles comoriennes, pour échanger, afin de renouer leurs liens naturels, réaliser des projets et vivre en harmonie leur destin commun.
C'est dans cette optique et dans un souci de voir cette question qui dure depuis trop longtemps trouver, enfin, une issue favorable et pacifique, que nous
souhaitons favoriser les négociations que nous estimons nécessaires, avec la France et avec nos frères et sœurs mahorais.
En parlant d'intégrité territoriale, permettez-moi de faire une mention spéciale à des pays qui occupent une place de choix dans le cœur des Comoriens.
Ainsi, au Royaume du Maroc, pays frère, dont mon pays a toujours partagé ses positions légitimes sur le Sahara occidental, je souhaite que le dialogue qui se tient
sous l'égide des Nations Unies puisse aboutir rapidement à une résolution pacifique de cette question.
A la République Populaire de Chine, ce grand pays ami des Comores, nous lui renouvelons ici notre soutien indéfectible dans son combat légitime pour une seule Chine
évoluant dans la paix et la prospérité.
Monsieur le Président ;
Je ne peux parler de justice et d'équité sans évoquer la nécessité des réformes au sein de notre Organisation, notamment au niveau de son Conseil de
Sécurité.
Nous estimons que seule une meilleure représentativité de tous les continents au sein du Conseil de sécurité avec la nécessaire présence de l'Afrique au poste de
membre permanent, pourra garantir une meilleure cohésion au sein de la communauté internationale et éliminer, ainsi, les frustrations et les antagonismes.
Pour conclure mon intervention, je voudrais remercier tous les pays amis mais aussi les organisations régionales et internationales qui ne cessent de nous apporter
leur appui multiforme dans la relance du développement socio-économique de notre pays.
Je remercie plus particulièrement le Qatar qui a bien voulu abriter la Conférence des Bailleurs sur l'investissement et le développent aux Comores, dont les
annonces faites ont commencé à se matérialiser, grâce aux efforts inlassables des Hautes Autorités qataris.
Je remercie, enfin, l'administration américaine pour les bonnes dispositions prises pour rendre agréable notre séjour dans ce grand et beau pays.
Je vous remercie.