Source : Agence comorienne de Presse (HZK-Presse) / 24 juin 2013
Comores /Coopération franco-comorienne :
Mayotte au centre de la visite officielle du président Ikililou à Paris
Paris, lundi 24 Juin 2013 (HZK-Presse) –
Comme prévu depuis plusieurs mois le président
Ikililou Dhoinine a été reçu par le président Hollande à l’Elysée le 21 juin 2013. Dans la
conférence de presse qui a suivi cette rencontre et à laquelle le président comorien n’a pas
voulu participer, F. Hollande a déclaré qu’ils n’avaient pas parlé de Mayotte. Le Vice-
Président Mohamed Ali Soilihi a confirmé, au micro de RFO qu’ils n’avaient abordé que la
« déclaration d’amitié ».
Il est bien évident qu’il s’agit là de communication et que les deux hommes ont bel et bien
évoqué ce contentieux de 40 ans qui n’a jamais empêché la coopération et l’amitié entre les
deux pays, sauf pendant la courte période révolutionnaire (1975-1978). Il est d’ailleurs à noter
qu’à la fin de son point de presse le président français se contredit en affirmant qu’ils ont
abordé la question du « visa Balladur » (« Nous en avons parlé »). Alors comment ont-ils pu
parler du visa sans évoquer Mayotte ?
Les deux présidents ont tout de même signé une déclaration qui, faute d’avoir pu noter des
avancées sur le contentieux franco-comorien, met en avant l’amitié et la coopération entre les
deux pays. On peut se demander s’il y avait une guerre entre les deux pays ou si la
coopération s’était interrompue à un moment. Mais, contrairement à ce que certains disent
depuis la signature de ce texte, en plus de l’amitié et de la coopération, la division territoriale
des Comores est évoquée. En effet, au deuxième paragraphe de cette déclaration, on peut lire :
« Un différend, apparu depuis l’accession des Comores à la souveraineté en vertu des
principes universels de la Charte des Nations Unies, et des normes internationales relatives à
l’accession à l’indépendance des anciennes colonies, a affecté les relations historiques entre
les deux pays».
Quelles sont donc les « normes internationales relatives à l’accession à l’indépendance »
évoquées dans ce texte, sinon entre autres la consultation de la population et l’intangibilité des
frontières issues de la colonisation, deux principes que la France a piétiné en 1975 ? Par sa
signature le Président français reconnaît le non respect de ces principes par la France.
Du reste, le président Ikililou a eu l’occasion de réaffirmer ce message d’une manière plus
claire dans le déjeuner offert par la Ministre de la Francophonie (et non une séance de travail
comme on a pu le lire de la part d’opposants) en parlant d’un
« différend territorial pourtant
né au mépris du droit international et de toute considération humaine » ou « d’indépendance
inachevée ».
Il a également rappelé que « la France, Membre Permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU,
n’a jamais accepté l’application intégrale de la Résolution n°33-85 de l’AG de l’ONU,
relative à l’admission de l’archipel des Comores composé de Mayotte, Anjouan, Mohéli et
Grande-Comore, à l’indépendance ». Certains comoriens parlent de trahison, pourtant il est
difficile de se rappeler quand est-ce qu’un autre président a eu des paroles aussi limpides sur
son engagement à défendre l’intégrité des Comores dans une visite officielle en France.
D’autres disent que ce ne sont que des symboles, mais la réaffirmation de ces principes au
Quai d’Orsay n’est pas seulement symbolique car la départementalisation et la rupéisation
sans véritable réaction sous la présidence Sambi auraient pu laisser croire à certains
partenaires que les Comores avaient renoncé à leurs revendications légitimes.
Pour le reste du texte, c’est la continuation d’une diplomatie dans laquelle on privilégie la
coopération au détriment des intérêts territoriaux du pays (ce qu’avait habilement dénoncé le
président Ali Soilihi en son temps). La diplomatie d’Ikililou va mettre en place le Haut
Conseil Paritaire (HCP) comme le Président Sambi avait mis en place le GTHN qui avait
permis d’endormir la diplomatie comorienne et masquer la départementalisation et la
rupéisation progressives de Mayotte.
Un autre danger transparait dans la déclaration signée par les deux présidents. Il avait déjà été
dénoncé par des militants dans les Accords Mixtes franco-comoriens sous la présidence Azali,
considéré comme normal dans les discussions menées par les hommes du président Sambi au
sein du GTHN. Il s’agit de la menace de faire de l’armée comorienne un auxiliaire de la
police française à Mayotte, en lui fixant entre autres missions l’arraisonnement des kwasakwasa
au départ, sans contre-partie politique qui aurait ou être la fin du visa Balladur qu’on
fait miroiter à la diplomatie comorienne depuis près de 15 ans.
Mahamoud Ibrahime, correspondant à Paris
220613/mi/hzkpresse/09h00