FUNDI ABOU, NOTRE AMOUR POÉTIQUE RÉCIPROQUE ...
Fundi Abou (Aboubacar Ben Said Salim) ( photo : Fundi ABOU en lunette avec Me HALIDI) nous a quittés définitivement (paraît-il) dans la nuit du 2 au 3 septembre 2023. Un an déjà que je m'efforce d'y croire ! Car en réalité, nous ne pouvons pas nous quitter !
Fundi Abou est mon professeur de littérature française et negro africaine du lycée. Il est par la suite devenu mon préfacier mais surtout un Grand Ami. La poésie a, en effet, créé entre nous un Amour fort et sincère.
Comme je le dis souvent, j'ai eu le privilège ( surtout pas l'occasion) de croiser Fundi Abou sur mon chemin. Quel hasard ! Quel hasard extraordinaire ! En effet, j'ai fait sa connaissance dans les années 80 au lycée Saïd Mohamed Cheikh de Moroni, la capitale des Comores. Il m'a enseigné et appris les littératures française et négro-africaine en seconde et en première (une partie de l'année scolaire).
Durant ces deux années, il m'a vraiment formé et beaucoup appris. Il m'a fait aimer la littérature en général et la littérature négro-africaine en particulier. Sa façon de transmettre le savoir et son comportement m'ont toujours impressionné. Il était devenu un modèle pour moi. je prenais un réel plaisir à chaque fois qu'il parlait en classe, de Prévert , Baudelaire, Victor Hugo, Jean Racine, Verlaine, Mallarmé, Aldous Huxley, Ferdinand Oyono, Aimé Césaire, Sony Labou Tansi, Frantz Fanon, Richard Wright, Wole Soyinka.....
Alors que, la littérature négro-africaine, ne faisait pas partie du programme scolaire officiel aux Comores, il avait pris unilatéralement l'initiative de nous l'enseigner. Il pensait certainement déjà à l'enseignement de la littérature comorienne un jour laquelle était dans un état embryonnaire dans les écoles de notre pays. En effet, alors que Mohamed Ali Toihiri venait de publier chez L'Harmattan " La République des imberbes" (1985) le premier roman de langue française d'un auteur comorien, il n'avait pas hésité à me demander de faire un exposé sur cette œuvre en classe de seconde.
Je me souviens également qu'il m'avait demandé en 1986, dans nos échanges en aparté de lui donner mon point de vue sur le recueil de poèmes " Miroir des abîmes" du jeune Abdallah Miftahou qui venait juste de paraître. Je me demande même si cet auteur né à Ouani- Ndzuwani ( Comores) qui a publié son œuvre l'année de son obtention du bac à Rouen en France ne serait pas le premier Comorien à avoir fait éditer un recueil de poèmes en français !
À cette période, je ne comprenais rien à la poésie. Fundi Abou était en train de me l'apprendre. Pourtant, il m'avait demandé de lire plusieurs fois ledit recueil de poèmes et de lui faire part de mes impressions.
J'ai compris plus tard que Fundi Abou voulait absolument me faire imprégner de la beauté et de la qualité de ce jeune auteur comorien de surcroît mon oncle maternel. Et peut être suivre son chemin. Et il n'a pas eu tort !
Je reconnais aujourd'hui que ''Miroir des abîmes'', "Un épigone du surréalisme," dont " chaque page renferme une admirable image" a beaucoup contribué à mon amour pour la poésie. Je continue à le lire et relire.
Fundi Abou, un Grand Monsieur que j'aime beaucoup et respecte profondément m'a beaucoup appris au lycée Said Mohamed Cheikh de Moroni aux Comores. Il a aussi grandement contribué à ce que je suis poétiquement. Grâce à lui, j'ai opté, comme lui, pour le monde poétique.
Fundi Abou m'a fait aimer la poésie et l'écriture. Il m'a fait poète et m'a rendu amoureux du monde poétique. Il m'a appris à utiliser le " je " et la " tu " en poésie. La force du " je" et l'attention de la "tu". Le jeu du " je " et l'amour réciproque du " je " et de la " tu "...
Fundi Abou m'a inculqué la Pléiade...Baudelaire...Prévert (mon préféré),...Rimbaud (un de mes modèles)... Léopold Sedar Senghor, Aimé Césaire, Tchikaya U Tam'si pour ne citer que ceux-là.
Fundi Abou m'a appris le célèbre poème " Les oiseaux du souci" de Prévert publié dans " PAROLES". Ce poème qui m'habite depuis qu'il n'est plus. Est ce possible que jamais plus ?
Nos chemins se sont croisés et nous avons continué les mêmes chemins. En réalité, c'est surtout moi qui ai décidé de suivre ses chemins notamment son chemin poétique, son chemin de l'amour... notre amour réciproque...
Je l'ai même eu comme examinateur à l'épreuve d'oral de français du Bac ! Quel hasard ! Je me souviens que ce jour-là, il n'avait pas rater l'occasion de me demander de commenter le vers célèbre de Jean RACINE " Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes..." qu'il m'avait appris en classe de seconde. Il avait choisi exprès de me faire passer en dernier. Ce qui nous avait permis d'échanger sur la littérature ( la poésie surtout) durant au moins 1 heure 30.
Naturellement, quand j'ai décidé de publier mon premier recueil de poèmes
" Cris d'ici et d'ailleurs" ( Éditions Komedit 2008), j'ai pensé tout de suite à lui pour le préfacer. Chose qu'il a accepté de faire même si cela lui posait un peu problème compte tenu de notre forte amitié réciproque. Il avait, en effet, peur de violer son sens d'intégrité et d'objectivité intellectuelles auquel il était très attaché. M'avait-il chuchoté avec son sourire habituel !
Fundi Abou est aussi le Préfacier de mon deuxième recueil intitulé " À la reconquête de mes Lunes" et publié aux Éditions Coelacanthe en 2014. Chose à laquelle je tenais tant. Il a hésité mais il l'a fait. Quel amour ! Un amour réciproque ! Un amour poétique ! Je lui en suis très reconnaissant.
Effectivement, Fundi Abou était surtout devenu mon AMI comme il le dit lui-même dans la préface de mes " Cris d'ici et d'ailleurs ".
Mon Fundi et Ami adoré Abou. Tout simplement.
Tu resteras à jamais dans mon cœur.
Je continue à t'offrir mes prières, mon Fundi et Ami adoré Abou.
Je continue et continuerai à lire ton recueil de poèmes '' Mutsa, mon amour...'',
publié aux éditions Coelacanthe en 2014, car dans cette belle œuvre, à travers tes souvenirs, combats, amours... tu t'exposes. Une belle poésie autobiographique et fluide.... Un mélange de ton histoire personnelle et de celle de notre .... ton pays, les Comores que tu aimais tant...que j'aime tant. Ta poésie me sourit et me caresse. Même si dès fois, je lui offre mes larmes, le plus souvent, je lui jette mes éclats de rire. Elle est douce et simple. Son agressivité est tendre. Comme toi Fundi Abou.
Je relis et relirai aussi un de tes chefs d'oeuvres, le roman " Le bal des mercenaires" publié en 2002 chez KOMédit. Une oeuvre magistrale ! Un vrai régal.
Un mélange d'amour et de violences ; la lourdeur du poids des traditions, des moeurs.... Un roman qui aborde aussi une partie de l'histoire des Comores : le mercenariat des années 80.
J'aime particulièrement ton style mon cher Fundi Abou : fluidité, concision et plein d'humour.
Je retrouve tout simplement dans ton oeuvre, mon prof de littératures française et negro africaine du lycée de Moroni qui m'epatait et m'impressionnait.
Des Miloude et Mkaya, les deux personnages principaux de ton roman ? Les Comores en ont vraiment besoin. Comme les Fundi Abou.....
Repose en paix cher Fundi et Ami Abou !
Halidi Allaoui
Avocat et poète
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