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  • : HALIDI-BLOG-COMORES, Blog des COMORES
  • : BLOG DES COMORES GERE DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013 PAR MARIAMA HALIDI
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A SAVOIR

QU'EST CE QUE LA LANGUE COMORIENNE ?

Pour répondre à cette question pertinente, nous vous proposons ci- dessous l'interview du grand linguiste et spécialiste de la langue comorienne, Mohamed-Ahmed Chamanga

 

 
INTERVIEW DE CHAMANGA PAR RFO EN 2004
 
 
 Le comorien est une langue composée de mots africains, de mots arabes voire parfois de mots portugais et anglais. D'où vient la langue comorienne ?

M.A.C : Le fonds lexical de la langue comorienne est essentiellement « africain » comme vous le dites, et plus précisément bantu. Les emprunts au portugais ou à l'anglais sont relativement faibles. Par contre, l'apport arabe est très important. Cela s'explique par la très forte islamisation des Comores, depuis la Grande Comore(Ngazidja) jusqu'à Mayotte (Maore) en passant par Mohéli (Mwali)et Anjouan (Ndzuwani). Malgré ces emprunts, le comorien (shikomor) reste, sur le plan de sa structure grammaticale, une langue bantu.

Qu'appelle t-on une langue bantu ?

M.A.C : Le bantu est une famille de langues, la plus importante d'Afrique. Les langues qui composent cette famille couvrent pratiquement toute la partie australe du continent noir.

Y a t-il encore aujourd'hui en Afrique ou à Madagascar des populations qui parlent une langue similaire au comorien ?

M.A.C : Bien sûr ! On trouve par exemple le swahili en Tanzanie, le lingala au Congo Démocratique, le kikongo au Congo, le zulu en Afrique du Sud, le shona au Zimbabwe-Mozambique, le tswana au Botswana, le kinyarwanda-kirundi au Rwanda-Burundi, etc. Comme ces langues appartiennent à la même famille, elles ont forcément beaucoup de points communs dans la structure des mots, leurs répartitions dans les phrases, les accords grammaticaux, etc. Elles ont aussi un minimum de vocabulaire commun.
Prenons par exemple le mot bantu ! Ce mot est attesté dans certaines langues, comme le lingala, et il signifie « hommes ». C'est le pluriel du mot muntu qui veut dire « homme » au singulier. Dans d'autres langues, ces mots se déclinent au pluriel en watu (swahili), wantru ou watru ou en encore wandru (shikomor) ; au singulier, nous avons respectivement mtu, muntru, mtru, mndru.
Prenons encore l'exemple de la phrase kinyarwanda suivante qui signifie : « Combien d'hommes ? » : Abantu bangahe ? Nous avons en comorien les équivalences suivantes :Wantru wangapvi ?Watru wangapvi ?Wandru wanga(pvi) ? et en swahili :watu wangapi ?

Ne pensez-vous pas qu'il y a beaucoup de ressemblance dans tout ça ?

M.A.C : A Madagascar, jusqu'au milieu du XXe siècle, il y avait quelques poches bantuphones sur la côte nord-ouest. Mais les langues africaines qui y étaient parlées, le swahili à Marodoka ou le makua à Maintirano, ont aujourd'hui disparu. Le malgache appartient à une autre famille de langues : les langues austronésiennes comme par exemple les langues indonésiennes.

Le comorien est souvent comparé au swahili, parfois on a même dit que le comorien en était dérivé ?

M.A.C: Selon les résultats des recherches des trois dernières décennies, il est prouvé que le comorien et le swahili sont génétiquement issus d'une même souche-mère, d'où leur très grande parenté. Mais les deux langues se seraient séparées aux environs du XIIème siècle. On peut donc dire que ce sont deux langues soeurs. Si la confusion a pu se maintenir jusqu'à une période pas très lointaine, c'était à cause de la très grande proximité des deux langues, mais aussi parce que les sultans des Comores parlaient swahili et beaucoup de correspondances et traités avec les pays voisins ou les puissances étrangères étaient rédigés en swahili qui étaient à l'époque la plus importante langue de communication et du commerce de cette région de l'océan indien occidental.
Par combien de personnes est parlée la langue comorienne?
M.A.C:On peut estimer que la langue comorienne est parlée aujourd'hui par un million de personnes environ : les 750 000 habitants de l'archipel des Comores plus la très importante diaspora comorienne, que l'on peut retrouver notamment à Madagascar, à Zanzibar ou encore en France.

Est-elle enseignée à l'école ? Si non pourquoi ?

M.A.C: Malheureusement, elle ne l'est pas. Pourquoi ? Parce que : Premièrement, la colonisation française, avec sa mission « civilisatrice », n'avait jamais reconnu au peuple dominé une quelconque culture ou civilisation et que les langues des dominées n'étaient pas des langues mais, avec un sens très péjoratif, des dialectes qui n'avaient ni vocabulaire développé ni grammaire.
Deuxièmement, le pouvoir très centralisateur de l'Etat français avait imposé le français comme la seule langue de l'administration partout. Cela était vrai dans les colonies, mais aussi en métropole. C'est ainsi qu'on a banni l'enseignement du breton en Bretagne, du basque au Pays Basque (Sud-Ouest de la France).
Troisièmement enfin, nous avons nous-mêmes fini par admettre que notre langue est pauvre et sans grammaire. Elle ne peut donc pas être enseigné. Il faut encore souligner qu'avec l'instabilité chronique des Comores indépendantes, aucune réflexion sérieuse n'a pu être menée sur la question. Pourtant, les pédagogues sont unanimes : pour permettre l'épanouissement des enfants, il est nécessaire que ces derniers puissent s'exprimer pleinement dans leur langue maternelle...

Y a t-il une ou des langues comoriennes ?

M.A.C:Nous avons la chance d'avoir une seule langue comorienne, depuis Ngazidja jusqu'à Maore. Mais comme toute langue, le comorien se décline en plusieurs dialectes qui en sont les variantes régionales : le shingazidja à la Grande Comore, le shimwali à Mohéli, le shindzuani à Anjouan et le shimaore à Mayotte.

Comment expliquer l'apparition de divers dialectes sur un territoire aussi exiguë que les Comores ?

M.A.C : Ce phénomène n'est pas spécifique au comorien. Toute langue est formée de plusieurs dialectes. La dialectalisation s'accentue lorsqu'il y a peu de communications et d'échanges entre les régions. A l'inverse, le déplacement d'une population qui parle un dialecte donné vers une autre région où l'on parle un autre dialecte peut également entraîner des changements dans les deux dialectes. Pour le cas des Comores, le facteur du peuplement par vagues successives au cours de l'histoire explique aussi le phénomène.
Les différences dialectales peuvent aussi s'observer à l'intérieur de chaque île. C'est ainsi, par exemple en Grande Comore, que la manière de parler des gens de Mbéni dans la région du Hamahamet diffère du parler des gens de Fumbuni dans la région du Mbadjini. Il en est de même à Anjouan entre les gens de Mutsamudu, sur la côte nord, et ceux du Nyumakele, dans le sud-est de l'île, ou encore, à Mayotte, entre Mamoudzou et Kani Bé ou Mwana-Trindri dans le sud, etc.

Un mot sur la langue mahoraise.

M.A.C:Le shimaore appartient au même sous-groupe dialectal que le shindzuani. C'est dire qu'il faut souvent écouter attentivement pour percevoir les différences entre ces deux dialectes. Le shimaore fait ainsi partie intégrante de la langue comorienne.

Le comorien s'enrichit-il ou s'appauvrit-il (avec le phénomène de créolisation de la langue) ?

M.A.C : Parler à l'heure actuelle de créolisation de la langue comorienne est quelque peu exagéré. Certes elle ingurgite aujourd'hui beaucoup de mots d'origine française. Mais cela reste « raisonnable ». Le comorien a emprunté énormément de vocabulaire d'origine arabe, environ entre 30 et 40 % du lexique, pourtant on ne parle pas de créole arabe, et cela à juste titre. En effet, ce qui fonde une langue, ce ne sont pas seulement les mots. Ce sont surtout sa structure grammaticale et sa syntaxe. De ce point de vue, le comorien ne ressemble ni à l'arabe ni au français.
On ne peut pas dire que le comorien s'appauvrit. Essentiellement oral, il répond parfaitement à nos besoins de communication. Il est toutefois évident qu'une langue écrite possède un stock lexical beaucoup plus étendu qu'une langue orale. Ne vous inquiétez pas pour le comorien. Si un jour, on décide de l'écrire, de l'enseigner et de l'utiliser dans l'administration, il ne pourra que s'enrichir. Il s'enrichira en se forgeant des mots nouveaux ou en empruntant d'autres ailleurs, comme cela se fait dans les langues dites de « grande civilisation ».

Où en est actuellement la recherche sur la langue comorienne ?

M.A.C: La recherche sur la langue comorienne avance ; trop lentement peut-être, mais elle avance. Nous avons aujourd'hui une meilleure connaissance sur elle qu'il y a vingt ans. Malheureusement, c'est un domaine qui intéresse peu de monde, aussi bien chez les nationaux que chez les chercheurs étrangers.

Pensez-vous qu'un jour tous les Comoriens parleront la même langue ? Et sur quoi se fonderait cette sédimentation en une seule langue « nationale » ?

Mohamed Ahmed-Chamanga : Nous parlons déjà la même langue. Ce qui nous manque, c'est une langue standard, comme en Tanzanie avec le swahili, à Madagascar avec le malgache, ou en encore au Zimbabwe avec le shona, etc. Pour arriver à ce stade, il faut qu'il y ait une réelle volonté politique, une prise de conscience chez les Comoriens de vouloir mieux apprivoiser leur propre culture et que soit mise en place une équipe de chercheurs qui se pencherait sur la question et qui proposerait cette langue standard qui serait utilisée dans tout l'archipel des Comores.

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CI-DESSOUS LES NEWS  RECENTES  DES COMORES

 

 

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A PROPOS DE OUANI

Ouani et ses grands hommes
 
 
L’être humain est insignifiant puisque le corbeau et beaucoup d’autres espèces d’arbres vivent plus longtemps que lui. De ce court séjour dans ce bas monde à la différence d’autres êtres vivants, l’homme peut marquer de son empreinte l’histoire.
A OUANI, ce genre d’homme malgré sa rareté, a existé et continu à exister jusqu’à nos jours. En ouvrant ce nouveau chapitre, quelques dignitaires en collaboration avec le comité de pilotage de la ville ont tenu à rendre hommage beaucoup d’hommes et de femmes qui ont fait du bien à cette ville.
En dehors de tout jugement, ils ont fait de leur mieux pour que Ouani devienne l’une des grandes villes les plus rayonnantes des Comores et Ouani l’est grâce à eux. Elle doit continuer à l’être pour nous et les générations à venir.
A titre posthume, nous tirons la révérence devant Saïd Toiha (Baco Moegné), Saïd Abdou Bacar Nomane, Saïd Abdou Sidi et Saïd Andria Zafi.
 
Le premier pour avoir créé la première école privée de la ville dans l’objectif de ne plus avoir un enfant de six à sept ans non scolarisé, le second qui a été le premier à être ministre et dont les louanges dépassent les frontières de la ville, le troisième a accompagné plusieurs années la jeunesse et le dernier a beaucoup contribué au niveau de l’enseignement primaire par son dévouement et son engagement à instruire ceux qui l’ont fait pour nous. Cette liste vient de s’ouvrir et n’est pas prête de se fermer ; beaucoup d’autres personnes disparues ou vivant tels que les enseignants apparaîtront à la prochaine édition.
Ansaly Soiffa Abdourrahamane
 
Article paru en 2003 dans le n° 0 de Jouwa, bulletin d’information de OUANI
 
 
 
 
LES ENFANTS DE LA VILLE DE OUANI
ET L’HISTOIRE   DES COMORES
 
 Beaucoup d’enfants de la ville de OUANI ont marqué et marqueront toujours l’histoire de leur pays : les îles Comores.
 
 En voici quelques uns dans différents domaines.
 La liste n’est pas exhaustive
 
 I) LITTERATURE
 
LITTERATURE ORALE
 
ABDEREMANE ABDALLAH dit BAHA PALA
 
Grand connaisseur du passé comorien décédé brusquement en 1988.
Actuellement, un projet de publication de sa biographie est en étude.
On trouve beaucoup de ses témoignages sur l’histoire des Comores dans le tome 2 de l’excellente thèse de SIDI Ainouddine sur la crise foncière à Anjouan soutenue à l’INALCO en 1994 
 
LITTERATURE ECRITE
 
Mohamed Ahmed-CHAMANGA
 
Grand linguiste des Comores
 
 Né à Ouani (Anjouan) en 1952, Mohamed Ahmed-Chamanga, diplômé de swahili et d'arabe, a fait des recherches linguistiques sur sa langue maternelle. Il enseigne la langue et la littérature comorienne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il est l'auteur d'une thèse, de plusieurs articles, ainsi que d'un recueil de contes de l'île d'Anjouan : Roi, femmes et djinns (CLIF, 1998). Président de l'Association Fraternité Anjouanaise, Mohamed Ahmed-Chamanga a fondé, en 1997, le journal Masiwa.
 Il enseigne actuellement la langue et la littérature comoriennes à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris (INALCO).
 
AINOUDINE SIDI
 
 Historien & grand spécialiste de l’histoire foncière des Comores 
 
 Né à OUANI, en 1956. Il a fait des études d’histoire à l’université de DAKAR (SENEGAL) et a préparé un doctorat d’études africaines à l’INALCO (PARIS)  Il est actuellement chercheur et Directeur du CNDRS (Centre National de Documentation et de Recherches Scientifiques) à MORONI.
 
 II) MUSIQUES & CHANTS
 
DHOIFFIR ABDEREMANE
 
Un des fondateurs de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Avec ses chansons axées sur la contestation sociale. Il fait partie des premiers artistes qui ont introduit aux années 60 une nouvelle forme de musique aux COMORES.
 
C’est un homme très discret mais plein de talents. On se souviendra toujours de ses productions à la salle AL CAMAR de MORONI.
 
FOUDHOYLA CHAFFI
 
 Une des premières femmes comoriennes à avoir fait partie d’un orchestre musical.
 Il s’agit là d’un engagement incontestable de la part d’une femme comorienne.
 Elle a commencé à jouer un rôle important dans la chanson à partir de 1975 comme chanteuse principale de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Sa voix d’or résonne toujours dans le cœur de tous ceux qui ont vécu dans notre pays de 1975 à 1978. On ne passait pas en effet, une seule journée sans entendre une de ses chansons sur l’égalité des sexes, l’unité des Comores, le changement des mentalités… à la radio nationale.
 
 III) POLITIQUE
 
Le sultan ABDALLAH III
 
 De mère ouanienne, il est l’un des grands sultans qui ont régné dans l’archipel des Comores au 18eme siècle et plus précisément sur l’île d’Anjouan.
 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED
 
La première femme ministre et élue député des COMORES
 
Né le 06 juillet 1952 à OUANI. Elle a enseigné pendant plusieurs années le français et l’histoire géographie dans différents collèges du pays avant d’être nommée secrétaire d’Etat à la condition féminine et à la population en 1991.
De 1991 à 1996 elle a assumé de hautes responsabilités politiques : Haut commissaire à la condition féminine, Ministres des affaires sociales, conseiller spécial du président de la république, secrétaire général adjoint du gouvernement, élue députée ….
Actuellement, elle est enseignante à l’IFERE et Présidente du FAWECOM.
 
Article publié sur le site de l'AOFFRAC (www.aoffrac.com)
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

7 octobre 2008 2 07 /10 /octobre /2008 14:36

Agence comorienne de presse (HZK-Presse)

 Comores / Société

Paris, lundi 06 octobre 2008 (HZK-Presse)Depuis plusieurs années, le débat est lancé dans les milieux éducatifs sur les voies et moyens d’améliorer l’enseignement aux Comores, et de nombreuses études ont été faites, avec l’appui des partenaires extérieurs, sans parvenir à renverser cette tendance inquiétante à la dégradation du niveau scolaire, marqué année après année, par des taux d’échec aux examens et concours nationaux.


Mohamed Ahmed-Chamanga (photo), un des chercheurs comoriens spécialisé dans l’étude de la langue comorienne, estime que l’introduction progressive de la langue comorienne est une des solutions envisageable, dès les deux premières années du cycle élémentaire de nos écoles. Dans une interview exclusive qu’il a accordée à HZK-Presse/La Gazette, Chamanga estime que « l'enseignement en comorien ne doit pas être un enseignement au rabais, mais un enseignement qui facilitera l'acquisition des connaissances et qui développera les facultés cognitives de l'enfant. » 

 

Question : M. Ahmed-Chamanga, vous avez travaillé cet été sur l'introduction de la langue comorienne dans le système éducatif. Pourquoi est-ce une nécessité aujourd'hui ?

 Mohamed Ahmed-Chamanga - C'est une étude faite à la demande du Ministère de l'Éducation Nationale, avec le soutien du PASEC (Programme d'Appui au Secteur Éducatif aux Comores, financé par l'Union Européenne). Vous n'êtes pas sans savoir que le système éducatif comorien est "malade". Tout le monde s'accorde à dire que le niveau général de l'enseignement baisse de plus en plus. Tout le monde s'accorde également à reconnaître le caractère inadapté de cet enseignement. Ce constat ne date pas d'aujourd'hui. Il remonte à la veille de l'indépendance. Les causes en sont multiples et ont d'ailleurs été relevées dès le début des années 1990, notamment lors des États Généraux sur l'éducation tenus à Moroni en 1993.

Pour répondre directement à votre question, l'introduction de la langue comorienne, ou plutôt d'une langue maternelle dans le système éducatif, n'est pas seulement une nécessité d'aujourd'hui. Elle l’était déjà depuis longtemps dans notre pays. Si elle n’a pas été faite, c'est parce qu'il n'y avait ni les compétences, ni les outils nécessaires pour cela. Nous disposons aujourd'hui d'études et de travaux suffisants.

 Question : Est-ce que cela veut dire que nous allons remplacer le français par le shiKomori dans l'enseignement ?

 MAC : - Il ne s'agit nullement de remplacer le français par le shiKomori. Il s'agit d'adapter l'enseignement à l'environnement de l'enfant, comme cela se fait d'ailleurs un peu partout dans le monde, sauf peut-être en Afrique dite "francophone". L'enseignement se fera entièrement en langue maternelle pendant les deux ou les trois premières années du primaire, avec une introduction progressive du français.

 Question : En quoi la langue maternelle est-elle importante pour un enfant qui entre à l'école ?

 MAC : Cela est très important du point de vue pédagogique. Comment voulez-vous ou pouvez-vous transmettre un savoir à un enfant qui ne comprend pas ce que vous lui dites ? Bien sûr, cela n'est pas impossible. Mais quelle perte de temps ! Et puis, sans entrer dans des querelles idéologiques, pourquoi voulez-vous que les enfants comoriens - ou africains en général - soient les seuls au monde à ne pas apprendre dans leur langue maternelle ?

 Question : Certains pensent que rien ne sert de créer des troubles dans l'esprit de jeunes comoriens qui ont déjà du mal avec le français ?

 MAC : C'est le système actuel qui crée des troubles dans l'esprit des enfants. Imaginez un jeune enfant qui, jusque-là ne parlait que sa langue maternelle et qui se trouve brusquement plongé dans un autre univers dont il ignore complètement le code ! Il est évident qu'il se sent totalement perdu. Il devient alors passif et fonctionne comme un robot en se contentant de répéter ce qu'on lui dit. Vous conviendrez avec moi qu'on est loin de l'objectif recherché qui est de lui apprendre à raisonner et à acquérir une autonomie de pensée.

D'ailleurs, si nous remontons un peu dans l'histoire de l'enseignement aux Comores, nous sommes tous d'accord pour reconnaître que nos aînés qui ont fréquenté l'école française dans les années 1930-1950 ont une meilleure maîtrise de la langue de Molière que nous-mêmes et, à plus forte raison, que les jeunes d'aujourd'hui qui font des études plus longues. Pourquoi ? Sans doute parce qu'ils entraient à l'école avec une certaine maturité d'esprit, puisqu'ils avaient au minimum dix ans. Même s’il y a certainement d'autres raisons...

 Question : D'autres se demandent lequel des dialectes comoriens sera mis en avant dans l'enseignement ? Y a-t-il incompatibilité entre les quatre parlers comoriens ?

 MAC : La langue comorienne est formée de quatre variantes régionales ou insulaires. Aucune de ces variantes ne sert de langue véhiculaire dans tout l'archipel. Pour ne pas créer justement des troubles dans l'esprit des enfants, on est convenu de conserver, du moins dans un premier temps, dans chaque île le parler local, tout en travaillant sur leur unification. Déjà, dès la première année du collège, les élèves apprendront (comme matière) un parler qui n'est pas le leur. Ainsi, un Grand-Comorien apprendra le shiNdzuani/shiMaore, l'Anjouanais le shiNgazidja et le Mohélien le shiNgazidja ou le shiNdzuani, etc., de telle sorte qu'arrivés en classe de 3e les élèves se sentent à l'aise dans n'importe quelle variante linguistique de l'archipel.

Ceci est important car, entre la variante shiNgazidja et la variante shiNdzuani en particulier, il y a des différences assez sensibles, notamment dans le domaine des formes verbales et des sons fonctionnels de la langue. Il est donc nécessaire que chacun puisse établir et intégrer les correspondances des formes rencontrées dans les divers parlers. On essaiera également d'uniformiser le plus possible les mots et les expressions dans les documents officiels.

 Question : Les outils pédagogiques pour l'introduction du shiKomori dans l'enseignement sont-ils prêts ?

 MAC : L'introduction du shiKomori dans l'enseignement ne se fera que si les conditions sont réunies pour en assurer la réussite. Quelles sont ces conditions ? Il y a la formation des maîtres et la conception des manuels scolaires et des outils pédagogiques. Cela prendra un peu de temps, mais c'est essentiel, car il y va de l'avenir de l'enfant comorien et du devenir du pays. L'enseignement en comorien ne doit pas être un enseignement au rabais, mais un enseignement qui facilitera l'acquisition des connaissances et qui développera les facultés cognitives de l'enfant.

Plusieurs phases sont nécessaires pour y arriver. Nous devons dans une première phase assurer la formation des formateurs. Cela interviendra dès 2009. Ces formateurs formeront à leur tour les "alphabétiseurs" et les élèves instituteurs. Des écoles pilotes au niveau de chacune des îles seront ensuite ouvertes, avant la généralisation du système dans une deuxième phase, si l'expérience s'avère concluante.

Une autre question se pose également : la formation et la conception des manuels et des outils pédagogiques demandent beaucoup de moyens. Les Comores peuvent-elles y faire face ? Je répondrai tout simplement que, quelle que soit la langue utilisée, l'enseignement nécessite beaucoup de moyens humains et financiers. Je suis d'ailleurs persuadé que lorsqu'il est fait entièrement en langue étrangère, le coût est à mon humble avis beaucoup plus élevé, car le pays reste totalement tributaire de l'étranger.

Les études et travaux sur la langue comorienne ont fait des progrès considérables ces dernières années. Nous pouvons envisager son introduction dans le système éducatif avec sérénité, tout en poursuivant la recherche.

 

Propos recueillis par Mahmoud Ibrahime, Correspondant, Paris061008/mi/hzkpresse/6h00

 

 

 

 

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3 septembre 2008 3 03 /09 /septembre /2008 19:33

Vous trouverez ci-dessous l'interview de M. Moussa Toyibou, le chef de l'exécutif d'Anjouan publié dans le journal Alwatwan N° 1146 du 2 septembre 2008

 M. Moussa Toyibou, deux mois après son élection

 

''Anjouan n'a retrouvé qu'en partie seulement sa sérénité''

 M.Toyibou: ''Nous évoluons au sein du Mcjp''

 

(Photo archives)

Le chef de l'exécutif de l'île dit avoir trouvé une ''île meurtrie'' et affiche la priorité de son action qui se ''tournera plus vers l'économie'' que la politique. Il a des projets précis pour faire face aux drames des départs vers Maore, s'étend sur les menaces de déstabilisation de son île et du pays à partir de Maore, ''cette île comorienne sous domination française'' et apporte son soutien au mouvement qui cherche l'arrêt par les autorités de l'Union, des expulsions illégales des Comoriens des autres îles. Il réaffirme, enfin, son attachement à l’action du président de l'Union.

 Monsieur le président, Ndzuwani a traversé un long moment d’incertitude avant votre élection. Quel a été votre premier constat une fois investi chef de l’exécutif de l’île?

 J’ai trouvé une île meurtrie dans tous les secteurs. Une administration en panne avec des bureaux saccagés et mobiliers emportés ; des infrastructures sociales complètement détruites ; un environnement végétal déjà durement affecté par

une pénurie de pétrole lampant, vécue depuis sous le règne de mon prédécesseur, une diminution de la production des produits locaux face à une flambée des prix des produits importés, un enseignement aux mains d’un nombre important de bénévoles, des contractuels engagés pendant la transition sans soucis des crédits devant être alloués à leur paiement, une administration pléthorique marquée par un manque d’expérience et de professionnalisme.

 Bientôt vous ferez deux mois depuis votre installation au palais de Darnadjah. Quelles sont les premières leçons tirées de la fonction de président d’une île autonome ?

 Effectivement les fonctions d’autorité publique sont différentes de celle de technicien que j’ai eu à exercer pendant dix-sept ans, même si dans cette période il y a eu neuf mois de fonction de ministre de la République. Je savais que la fonction de chef d’exécutif n’était pas une plaisanterie car il lui faut édicter une ligne de conduite à ses subordonnés et être, surtout, armé de beaucoup de patience. Il doit impérativement s’y mettre pour redonner espoir à la population, montrer des preuves d’honnêteté quand il s’agit de dire la vérité sur les promesses que l’on ne se sent pas capable de satisfaire au lieu de chercher à berner la population.

 Pouvez-vous nous parler de vos priorités?

 C’est d’abord l’éducation étant convaincu qu’elle est le pilier du développement. Il y a ensuite la santé, la création d’emplois et d’espaces de loisirs pour la jeunesse, les infrastructures sociales et économiques, la formation continue des agents de la Fonction publique, le renforcement de la préservation de l’environnement notamment par le reboisement, la gestion des ordures ménagers, la restauration du sol, les aires protégées et la protection des sources de captage d’eau. Il y a aussi l’exploitation de l’électricité hydraulique pour remplacer l’énergie thermique qui devient de plus en plus coûteuse. D’ailleurs, sur ce projet, nous allons bénéficier de l’assistance technique et financière du Soudan.

 Quelle lecture faites-vous des lois organiques relatives aux compétences à partager entre l’Union et les îles ?

 Pour une réflexion approfondie de la question, je compte instituer bientôt une commission mais dans l’immédiat il est urgent de créer d’abord un cadre de vie agréable pour la population. La priorité est au social et à l’économie. La politique suivra après.

 Croyez-vous que Ndzuwani a retrouvé toute sa stabilité après l’effort de sa libération en mars dernier ?

 En partie seulement, car il n’y a plus d’oppression. Nous venons de tenir un baccalauréat commun avec les autres îles, l’hymne national a refait surface dans l’île, le séparatisme cède à l’unité nationale retrouvée. Je sais qu’il y a encore

quelques contestataires par rapport à la participation au mécanisme de compte commun des îles et de l’Union. Ce sont des esprits partisans qui cherchent à nuire à l’unité mais nous n’allons pas croiser les bras.

 Le chef de l’Etat a évoqué tout récemment une menace de déstabilisation de l’île à partir de Mayotte. Partagez-vous ce sentiment ?

 Le Général Salimou m’a parlé d’un problème d’effectifs de l’armée nationale. Ce qui a conduit l’état major à procéder à un recrutement d’un effectif additionnel qui sera opérationnel dans deux mois. Mais en attendant, j’ai sollicité le stationnement des militaires tanzaniens et soudanais pour parer au vide. La menace se justifie par la démobilisation des milices dont certains sont encore dans la nature et l’évasion tout récemment de prisonniers politiques. Il y a aussi la question des départs périlleux vers Maore…

 Justement, Ndzuwani étant le port de départ des kwasa-vers Maoré contre le gré de l’autorité d’occupation de l’île. Comment comptez-vous venir à bout de ce phénomène qui cause tant de drames en mer?

 Je compte entrer en contact avec les autorités de cette île dans le cadre de la coopération décentralisée pour voir ensemble ce que nous pouvons faire en matière d’économie et de sceller concrètement la cause du mouvement massif des frères des autres îles vers Mayotte. Je sais qu’il y a le lien de sang et le travail. Il semble que la plupart des Anjouanais, se rendant à Mayotte, travaillent dans l’agriculture. Dans le cadre de la coopération décentralisée, nous pouvons organiser le circuit de sorte, par exemple, qu’ils cultivent ici pour vendre la production là-bas. Mais il faut ouvrir un service phytosanitaire agrée par l’Ue pour que nos produits soient exportés sur le marché Maorais. Ces paysans devront bénéficier des prêts au niveau des Meck et Sanduku. Nous allons aussi restructurer notre direction en agence de l’emploi qui veillera aux profils du personnel dont Mayotte aurait besoin et postuler aux offres. Les admis partiront avec des contrats de travail. Ce qui réduira le départ massif vers cette île comorienne sous domination française.

 Il y a eu tout dernièrement, lundi 25 août, une manifestation de rues à Mutsamudu contre les expulsions et le mauvais traitement des comoriens de Ndzuwani, Mwali et Ngazidja à Maore. Quelle est la position de votre gouvernement par rapport à cette situation?

 Je salue la tenue de cette manifestation qui a exprimé l’indignation des Comoriens vis-à-vis de ce qui se passe sur l’île comorienne de Mayotte. Les ressortissants de Ngazidja, Mwali et Ndzuwani méritent plus de respect. S’il n’est pas question de régulariser leur situation, ils doivent être renvoyés dans leurs localités respectives d’une façon humaine. Je tiens toujours à mon engagement, vis-à-vis de la population, de défendre la dignité humaine. Au niveau de mon gouvernement, nous comptons imposer aux agences de transport aérien et maritime qui transportent ces personnes de supporter également les charges de leur acheminement jusqu’à leurs îles et localités respectives. Plutôt que de les jeter à l’aéroport ou au port et nous créer des ennuis.

 Des sympathisants à votre élection se sont rassemblés, dimanche 24 août à Tsembehou, pour la mise en place d’une structure autre que le Mcjp, le rassemblement politique qui soutient le chef de l’Etat. Peut-on voir en cela une rupture de votre politique avec celle de président Sambi?

 ... Il n’y a pas de rupture. L’objectif du rassemblement de Tsembehou a été plutôt d’évaluer nos actions depuis le démarrage de la campagne l’année dernière et sa reprise cette année. Nous étions allés tirer les leçons du parcours fait et non pas une démarche de rupture avec le Mcjp. D’ailleurs le message est bien passé que le Mcjp est le parti qui soutient Sambi, une formation d’envergure nationale implantée à la fois à Ngazidja, Mwali et Ndzuwani. La preuve en est que le congrès se tiendra après le ramadan ici à Ndzuwani. Il n’y a aucune crainte de rupture, nous évoluons au sein du Mcjp.

 Quelles seront les propositions de Ndzuwani, au cas où le débat sur la constitution que le chef de l’Etat a toujours dit va avoir lieu ?

 Je crois que nous devons d’abord appliquer la constitution. Toujours est-il qu’il y a certaines incohérences, notamment les mandats des députés des îles qui n’ont pas la même durée d’une île à une autre. Les institutions sont lourdes en matière de gestion du pays, j’estime qu’il serait normal d’alléger un peu car nous risquons de passer tout notre temps à ne faire que de la politique. Or, je  crois fermement que le problème du pays est plus économique et nous devons privilégier l’investissement de nos forces et de nos recettes dans l’économie plutôt que d’entretenir des structures politiques.

 Pour terminer, mesurez-vous le niveau du coût de la vie actuelle de la population et surtout à l’approche du ramadan ?

 Je suis conscient que bien avant le début du ramadan la vie est extrêmement chère. Le riz, les bananes et maniocs, des produits plus sollicités pendant la période sont chers. Mais je prie Dieu pour que le ramadan nous apporte sa bénédiction.

 Propos recueillis par
M. Soilihi Ahmed avec la collaboration d’A.Abdallah et S. Mohamed

 SOURCE : Al-watwan N° 1146 du 2 septembre 2008

 

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23 juillet 2008 3 23 /07 /juillet /2008 09:42

Agence comorienne de presse (HZK-Presse)

 

Moroni, mardi 22 juillet 2008 (HZK-Presse)Après la tenue de la présidentielle d’Anjouan le 29 juin dernier, le représentant résident du PNUD et coordonnateur du Système des Nations Unies à Moroni a accepté de nous parler du processus tel qu’il l’a vécu, les enseignements tirés, ses espoirs pour les Comores et les perspectives qui se dessinent pour le pays.

 

Question : Monsieur le Représentant, avant de vous demander de nous faire le point sur le processus électoral à Anjouan auquel le PNUD a pris une part active pour sa réalisation, je voudrais savoir ce que vous pensez des propos de M. Mohamed Djaanfari qui dit s’être fait voler la victoire à l’issue de cette élection.

 

Opia Mensah Kumah : Je suis désolé de ne pouvoir répondre à cette première question. Je ne peux pas commenter les propos de M. Djaanfari. En ce qui concerne le déroulement du processus électoral, je vous dirais seulement que le PNUD a répondu favorablement à la requête qui lui a été faite par le président Sambi et par le gouvernement comorien. Nous sommes heureux et satisfaits que le processus se soit déroulé sans incident, sans problème.

Si nous nous sommes engagés, c’était pour nous assurer de la transparence des élections dans le but de minimiser les tensions. Notre constat est que toutes les mesures nécessaires et utiles pour la réussite de l’opération étaient prises. Il faut dire que la mise en place du Comité de vigilance était une bonne chose. Le Comité fut un outil efficace qui a permis d’enrayer la contestation.

Certes, il n’était pas une structure juridique mais un forum de rencontres et d’échanges sur les différents problèmes qui se posaient tout au long du processus. Il a prouvé de son efficacité et de son intérêt si l’on examine les résultats auxquels nous avons aboutis.

 

Question : Tel que vous décrivez les choses, c’est comme si aucun problème ne s’était posé…

 

OMK : Je ne dis pas cela ; je dis que les difficultés ont été amoindries. Exemple : les rumeurs les plus folles qui couraient à Anjouan autour de cette élection, auraient pu mettre le feu partout. Une fois le Comité réuni, la question examinée, tout le monde s’apercevait rapidement que tout était faux.

Réunissant tout le monde (représentants des candidats, ceux des forces de sécurité, la MAES notamment, ceux de la CENI, de la communauté internationale, des ONG et des médias.) l’on s’apercevait très vite que rien de ce qui se disait n’avait aucun fondement réel. Voilà le secret de la réussite dudit Comité. Voilà comment on a évité les problèmes. Disons que le Comité a beaucoup contribué à la réussite du processus.

Pour ce qui est du PNUD, nous avons proposé un slogan, « organisation, préparation et intégrité », qui a porté des fruits. Et pourtant le contexte n’était pas facile avec le temps relativement réduit, l’argent qui faisait défaut, la pénurie de carburant ou une partie du matériel qui devait être fabriquée à l’étranger. En dépit de cette série de difficultés, les choses ne se sont pas déroulées si mal. Il y a eu quelques difficultés mais le plan était bien détaillé et précis. Tout s’est, finalement, bien passé, heureusement. Nous disons nos remerciements au gouvernement et à toux ceux qui ont bien voulu apporter leur contribution pour la réussite de cette élection.

 

Question : Quelles sont les principales leçons que vous avez tirées de cette élection ?

 

OMK : Nous avons appris beaucoup. Les bonnes pratiques que nous avons enregistrées peuvent servir ailleurs. Le Comité de vigilance en est de celles-là ; il peut inspirer d’autres ailleurs pour que l’élection exemplaire qui s’est tenue à Anjouan puisse servir de modèle dans d’autres pays ayant connu des problèmes similaires.

 

Question : Avec cette élection, Anjouan a un président élu en dépit d’une faible participation des électeurs mais, à nous en tenir à votre témoignage, le scrutin a été libre, juste, équitable et transparent. Peut-on considérer, maintenant, la crise terminée?

 

OMK : Je ne sais pas si la crise est terminée. Mais en signant le décret d’éligibilité des Comores à l’African Growth Opportunity Act (AGOA), dès le lendemain du second tour, le président américain, George Bush, a envoyé un signal fort et très remarqué. Aussitôt après, la Banque Africaine de Développement (BAD) a exprimé sa disponibilité à accompagner les Comores dans ses efforts de développement. Autre signal fort, la venue à Moroni d’une mission de la Banque mondiale (WB) et du Fonds monétaire internationale (FMI) dans l’agenda duquel est déjà inscrite une autre visite pour bientôt. La crise est finie, ce serait trop dire mais je crois que le pays se remet sur les rails.

Je reste convaincu que le pays a besoin de stabilité ; voilà pourquoi le Secrétaire général des Nations Unies a admis l’éligibilité des Comores au Fonds de consolidation de la paix en accordant une enveloppe financière de 5 millions de dollars pour l’après-conflit.

Si les Comoriens se mettent au dialogue pour trouver les arrangements constitutionnels nécessaires pour s’assurer la stabilité dont le pays a besoin, alors il ne resterait qu’à s’atteler à la tâche du développement.

 

Question : Cette enveloppe du Secrétaire général des Nations Unies dans le cadre de ce Fonds ne pourrait-il pas susciter des frustrations, certains étant susceptibles de penser qu’elle irait seulement à Anjouan, comme l’aide budgétaire récente de la France. N’est-ce pas une autre brèche à l’instabilité ?

 

OMK : Je ne le crois pas. Cela dépend de la façon dont les Comoriens sauront gérer les choses et prendre la situation en main. Il nous faudrait comprendre que le Fonds de consolidation de la paix n’est pas ouvert à une île particulière mais aux Comores.

Je suis convaincu que tout le monde dans ce pays veut la paix, l’unité, la stabilité et la cohésion. Le dialogue est le seul capable d’assurer et de maintenir tout cela. Personne ne doit avoir peur du dialogue. Un dialogue où les différents interlocuteurs sont tous gagnants. Je ne suis pas de ceux qui croient qu’il y a un perdant et un gagnant dans un dialogue. Tout le monde peut et doit être gagnant. D’ailleurs, une mission est attendue dans les prochains jours pour étudier avec la partie comorienne comment ces fonds pourraient servir efficacement et utilement aux Comores et aux Comoriens.

Personnellement, je ne vois aucune crainte dans l’utilisation de ces fonds. Je répète qu’ils sont destinés à consolider et non le contraire. Il faut savoir que la crise, bien que le champ principal soit l’île d’Anjouan, n’ait affecté que les seuls Anjouanais. N’oublions pas cela.

Bientôt, le gouvernement réunira tous les acteurs concernés pour un briefing sur cette opportunité et voir ce qui pourrait être fait, où et comment. L’essentiel pour ces fonds est d’éviter une rechute dans des conflits. Des pays en ont déjà bénéficiés et les choses ne se sont pas si mal passées.

 

Propos recueillis par Mohamed Hassani

220708/aah/hzkpresse/10h00

 

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18 juillet 2008 5 18 /07 /juillet /2008 12:30

Source : JIR (Journal de l'ile de la Réunion) du 18 juillet 2008

Ci dessous une interview de Mohamed Bacar (Photo ci-dessous) publiée dans le le JIR de ce jour.

Bacar : « Je n'ai rien à me reprocher »

Bacar : « Je n’ai rien à me reprocher »
 

L'ancien président de l'île d'Anjouan s'exprime pour la première fois pour parler de sa nouvelle vie, faite d'espoirs et d'ennui. Il reçoit dans sa chambre à coucher, à la base aérienne 181 de Gillot. Un baraquement utilisé d'ordinaire pour loger les gradés de passage. L'intérieur est sobre, dépouillé. Celui d'un homme qui n'est qu'en transit.

Pourquoi avoir autant attendu avant de vous exprimer ?


Je devais être prudent. Cela fait près de quatre mois que nous sommes partis d'Anjouan, moi et mes compagnons, car nous avions refusé d'organiser un scrutin électoral imposé par l'Union des Comores. Quand j'ai vu que l'Union africaine venait nous déloger, j'ai dit : « C'est l'UA, on ne va pas se battre, on s'en va à Mayotte ». Arrivés là-bas, on trouve cette foule hostile. Nous demandons un transfert à La Réunion. On m'a traité de criminel, d'assassin, de dictateur. J'ai voulu garder le silence pour comprendre d'où ces accusations venaient. En un peu plus de trois mois, tous mes anciens camarades à Anjouan ont été emprisonnés. Depuis, ils ont été libérés, sans être inquiétés. À Anjouan, aucune victime n'est venue porter plainte. Je suis en fait la victime de méthodes comparables à celles qu'Hitler utilisait contre ses adversaires. Il accusait ses ennemis de terrorisme pour mieux s'en débarrasser. Mais, comme l'a dit l'avocat général de la cour d'appel de Saint-Denis, il n'y a pas le début de commencement d'une preuve... Anjouan est une toute petite île. S'il y avait eu des viols, des meurtres, des actes de torture, ça se serait su. Il n'y a rien contre moi.

Vous avez fui Anjouan en kwassa-kwassa. L'évasion a paru simple ?


1 800 personnes débarquent sur une île et pourtant 25 personnes peuvent fuir sur un kwassa-kwassa... J'ai compris ça après, avec le pillage de ma maison. Il y a des gens qui cherchent un trésor caché chez moi. Ils ont même retourné ma case !

Que pensez-vous du soutien logistique apporté par la France à l'invasion d'Anjouan par l'armée de l'UA ?


La France ne pouvait faire autrement que de soutenir l'UA. Quand j'ai vu que c'était l'UA qui envahissait l'île, et pas l'Union des Comores, j'ai compris que je n'avais plus qu'à dégager des lieux. Qu'ils continuent, ils n'ont pas fini de s'amuser, car il n'y a jamais eu de trésor, ni de comptes offshore, ni de milliards détournés. Allez à Anjouan et dites-moi où se trouvent des milliards.

Pensez-vous être en danger en cas d'extradition aux Comores ?

Un procureur de Grande-Comore* avait été envoyé à Anjouan. Quand il est arrivé, il a demandé à voir les dossiers qui accusaient mes anciens collaborateurs. Il a vu qu'ils étaient vides et a demandé leur libération. Depuis, ce magistrat a été congédié. L'Union africaine a voulu m'évincer du pouvoir. J'accepte cette décision. Mais je ne me laisserai pas coller cette image de criminel, que je nie complètement.

Quel regard portez-vous sur la justice française ?

Elle a rendu ses décisions et a refusé mon extradition aux Comores. Mais ma présence ici, sur cette base militaire, est une décision de l'État français.

Le Bénin est présenté comme l'État le plus à même de vous accueillir. L'éventualité vous intéresse-t-elle ?

Je veux une garantie de non-transit vers un pays qui me renverrait par la suite aux Comores. Je demande à ne pas être renvoyé vers un pays de l'Union africaine. Mon souhait est de rester en France. Mon frère et ma sœur ont obtenu l'asile, ma femme et mes enfants vivent en France, à Saint-Herblain, près de Nantes, depuis 2004. J'ai grandi dans la culture française. Ma terre, c'est Anjouan, mais je souhaite avant tout subvenir aux besoins des miens. D'abord ma famille, ensuite on verra.

Vous êtes d'ailleurs souvent dépeint comme un chef d'État « fait » et installé par l'État français. Qu'en pensez-vous ?

(Il se raidit) Certains disent que j'ai été aidé par la France. On va même jusqu'à dire que je disposais de fonds hérités de l'État Français. Et que pour chaque clandestin accueilli à Anjouan, la France me versait 20 euros. C'est complètement faux. Mais c'est une rumeur qui n'a pas amélioré mon image.

Comment se déroule aujourd'hui votre quotidien à la base aérienne ?

Je tiens à remercier les amis anjouanais, mahorais et réunionnais qui viennent nous rendre visite et nous aident régulièrement. Nous sommes croyants, et faisons nos prières tous les jours. Dans notre groupe, nous tentons de conserver notre culture anjouanaise. Mais nous n'avons pas gardé l'organisation militaire. La seule chose qui me distingue des autres, c'est le fait que je vive seul dans ma chambre (rires). Sinon, on s'ennuie. Les plus jeunes jouent aux cartes, les plus anciens lisent. Je lis souvent Alternatives économiques, par exemple, le JIR ou le Quotidien, aussi.

Comment voyez-vous votre avenir professionnel ?

Je suis marin et gendarme de formation, je parle et écris très bien l'anglais, je saurai m'insérer socialement. Mon but est d'abord de me laver de mon étiquette politique. La vie politique est derrière moi, j'en dirai plus le jour où il sera temps. Peut-être écrirai-je un livre... Aujourd'hui, j'ai tourné la page et j'en ouvre une nouvelle qui sera surtout consacrée à ma famille
Propos recueillis par Julien Balboni

*
En réalité le Procureur en question est originaire d'Anjouan contrairement à ce que Mohamed Bacar raconte. Il s'agit du Magistrat et avocat Ahmed Maandhui alias Lezamed
(voir ICI)

HALIDI-BLOG-COMORES

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17 juillet 2008 4 17 /07 /juillet /2008 20:32

Source : Alwatwan n°1110 du 13 juillet 2008

« Qu'on ne remette pas en cause l'autonomie des îles et la présidence tournante »

 

Monsieur le président, il y a un an depuis que les Mohéliens vous ont confié la destinée de leur l'île. Quel bilan faites-vous en célébrant ce premier anniversaire ?

En décembre dernier, le bilan du deuxième semestre de l'année, qui correspondait au début de mon exercice, a été fait. Celui de l'année 2008 sera présenté le 31 décembre prochain. Pour ce qui est fait, dans le volet santé il y a la suppression de tout droit de consultation dans les hôpitaux et centres de santé de Mwali et la distribution gratuite des médicaments aux enfants de moins de 7 ans. En matière d'éducation, on peut évoquer la distribution gratuite de fournitures scolaires aux élèves du Cp à la classe de 3ème et l'appui apporté spécifiquement au collège rural de Miringoni.

Dans le cadre des infrastructures, on peut parler de la construction de bâtiments administratifs, notamment de l'APC, de la Direction Générale du Plan, de la sécurité Intérieure et celui de la caisse de prévoyance sociale, le pont de Fomboni, l'aménagement d'un centre commercial et des ronds points, du cimetière du centre, la construction d'une digue de protection de la zone côtière de Fomboni à Boingoma et Fomboni vers gambé Foro. On peut citer aussi la digue de Miringoni, l'assainissement de Kanaleni, de Siry et celui de la place de l'aéroport, l'adduction d'eau de Wanani et l'électrification de Hoani. En agriculture, il y a la mise en valeur de la zone agricole de Mibani dans le Djando et celle de Ndrondroni dans le Mlédjélé.

Quelles sont vos ambitions pour la deuxième année de votre mandat qui commence ?

L'année 2009 sera déclarée « année de la sécurité alimentaire ». Le programme s'intéressera à la production du riz, de la banane, du manioc, du taro, des ignames, des patates douces et autres produits agricoles locaux. 

A votre arrivée au pouvoir à Mwali et avec l'élection de Mohamed Abdouloihabi en Grande-Comore, il semblait que les relations entre l'Union et les îles avaient retrouvé une certaine harmonie. Or, apparemment vous avez toujours des relations difficiles avec l'exécutif de l'Union. Pourquoi les relations de votre gouvernement et l'exécutif de l'Union sont restées toujours tendues ?

 Je dirai tout simplement que l'autonomie et la tournante sont constitutionnelles. Elles sont sacrées et non négociables.

Vous n'avez pas assisté à la fête de la libération de l'île à Anjouan où vous étiez fait représenter. Votre absence avait elle une signification politique ? Si oui laquelle ?

Non, il n'y avait aucune signification politique. J'étais en mission à l'étranger. 

Il est prévu une table ronde nationale qui devrait se tenir incessamment. Quel sera le message du gouvernement de Mwali à ces assises ?

 Comme nous l'avons souligné à plusieurs reprises, nous sommes prêts à participer à condition qu'on ne remette pas en cause l'autonomie des îles et la présidence tournante. Nous sommes pour l'Unité nationale dans le respect de la constitution.

Propos recueillis par A. Soidri


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8 juillet 2008 2 08 /07 /juillet /2008 22:26
A l'occasion de la célébration du 33ème anniversaire de l'indépendance, le président de la République s'est prêté, durant une heure de temps, aux questions de 3 journalistes, aussi bien sur les grands dossiers du moment, le bilan et les perspectives. L'interview conçue par la communication de la présidence remplace le traditionnel discours prononcé tous les ans à la date du 6 juillet, jour de la proclamation unilatérale de l'indépendance des Comores.

Cette interview de la télévision nationale des Comores (TNC) a été réalisée en partenariat avec le journal « l'Archipel » et le journal « Al-watwan ». Animée par Ben Abdou Said, le directeur de la TNC, les trois journalistes, Faouzia Ali Amir, de la TNC, Aboubacar M'Changama, directeur de l'Archipel et Mohamed Soilihi, le rédacteur en chef d'Al-Watwan, l'interview a porté sur trois thèmes centraux : les aspects institutionnels, la politique intérieure et la politique étrangère. Sur le projet de réforme de la constitution, le président dit qu' « après la libération d'Anjouan, nous devons nous retrouver sur la même table pour évaluer l'application de la constitution, ses atouts, ses blocages ». Donnant son point de vue personnel, Sambi pense que « nous n'avons pas besoin de 4 constitutions, de 4 présidents et de 4 parlements. Ces institutions constituent un poids économique insupportable ». Il est normal de « demander aux Comoriens si oui ou non, nous avons besoin de toute cette architecture institutionnelle ». Le président rappelle que « j'ai le pouvoir constitutionnel d'inviter les Comoriens à un référendum, mais j'ai opté pour une consultation large des comoriens avec l'appui de la communauté internationale ».


L
'interview est ouverte par Faouzia Ali Amir, sur une question relative au regard très critique porté par le président Sambi sur les trois décennies d'indépendance des Comores, mais aussi sur sa promesse de vaincre la pauvreté. Le président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi a souhaité aux Comoriens, d'abord «une bonne année d'espoir et de réussite». «Nous avons accédé à l'indépendance depuis 1975, dit-il, mais nous avons peut être arraché la liberté sans en tirer le maximum de profit». Le président reconnaît que «beaucoup a été fait et que, sans l'indépendance, ces réalisations auraient été impossibles ». Il regrette que quelques mois après cet événement historique, «un coup d'Etat a été fomenté, ouvrant la voie aux incertitudes politiques, à l'alternance par la force et aux manigances de toutes sortes».
Le président Sambi admet «nous avons un lourd héritage de la colonisation. Les routes les écoles ont été réalisées après l'indépendance et pas avant». «Par contre, insiste-il, sur le fait que nous avons perdu beaucoup de temps et nous aurions pu en 30 ans mettre en œuvre beaucoup a été perdu de choses».

Mayotte est et restera comorienne

Interrogé par Mchangama sur la lutte contre la pauvreté et la concrétisation de son projet habitat, estime que «sont 2 ans d'exercice de pouvoir trop courtes», M. Sambi déclare: que «mon premier projet est l'habitat. Je sais que le budget de l'Etat n'était pas capable de répondre à un investissement lourd pour satisfaire le projet de logement social décent ».
Le président révèle «le manque d'expertise et de technicité en matière de fabrication des briques rouges en argile ont empêché de mettre en oeuvre rapidement ce grand projet».
Il regrette «les conseils prodigués sur la possibilité de produire des briques sans passer au four, occasionnant une perte de temps dommageable à la mise en œuvre du projet». Le président a du se rendre à l'évidence que «sur le plan local, personne n'a la maîtrise de la fabrication des briques, même pour déterminer avec précision le degré des fours».
Le président Sambi promet que «tout a été mis en oeuvre pour que d'ici deux ans, cette expertise soit acquise grâce à la collaboration des techniciens des pays amis. Ce projet n'est pas mort, loin de là, l'argent est là et le projet est en cours».

Revenant sur la justice
, le président affirme «mon espoir était que l'indépendance de la justice une fois acquise et garantie, les magistrats allaient la respecter pour dire le droit». Sambi insiste sur le fait qu'il n'est «jamais personnellement intervenu dans les décisions de justice. Personne ne peut témoigner que j'ai interféré dans les décisions des magistrats ».
«La justice est indépendante, mais malheureusement, elle ne sert pas toujours la justice et je regrette que certains parmi les magistrats utilisent cette indépendance pour leurs propres intérêts».
Le journaliste de l'archipel Mchangama interpelle le président sur « les moyens limités mis en œuvre pour permettre aux magistrats de faire leur travail». Le président commence par évoquer « les rémunérations plus qu'honorables et les moyens acceptables mis à leur disposition ». Le président Sambi reconnaît: que «les moyens logistiques, de communications ne sont pas adéquates » et insiste sur «l'indépendance des décisions prises», précisant: «j'apprends comme tous les autres citoyens que des personnes sont libres ou emprisonné» dans telle ou telle affaire.
Le rédacteur chef du journal Al-watwan Mohamed Soilihi, pose la question de Mayotte et la suite à donner à sa rencontre à Paris avec le président français Nicolas Sarkozy. Le président Sambi porte un nouvel éclairage sur le litige territorial qui oppose à la France depuis 33 ans.
«Que les français le veuillent ou non, Mayotte est et restera comorienne » dit-il. «Mayotte reviendra-t-elle comme Anjouan en sécession est revenue, se demande le président avant de répondre en affirmant: «nous n'avons pas la possibilité et les moyens de faire revenir Mayotte par la force». Sa formule est simple et claire, «au lieu de continuer à débattre et à discourir éternellement sur la question de Mayotte, nous devons réfléchir et rechercher les voies et moyens pour apporter un début de solution ». Evoquant la rencontre à Paris avec le président Nicolas Sarkozy, Sambi dit: « j'étais clair avec lui ». J'ai suggéré « l'ouverture des discussions sérieuses » en lui exposant « mon indignation de voir la mer qui sépare les îles devenir un cimetière ». Le président a « plaidé pour l'abolition du visa » et « le président Sarkozy a accepté d'instituer une structure permanente pour discuter de tous ces sujets ».
La conviction du président Sambi, « Mayotte reviendra dans le giron naturel le jour où les mahorais eux-mêmes demanderont de revenir». Pour y parvenir, Sambi pense que «notre devoir est de changer la situation économique et sociale des Comores pour que les mahorais s'estiment rassurés pour leur devenir ». Le président déclare qu'il s'oppose à «la consultation des mahorais par référendum», annonçant: «le président Sarkozy projette de venir aux Comores, pour signer un accord global ».

Un agrément pour acheter et vendre de l'essence

Interrogé sur les nombreux voyages effectués à l'extérieur, le président admet que «c'est vrai, j'ai voyagé beaucoup». Selon lui, «pour mieux aider ce pays il me faut une diplomatie active, une diplomatie pour le développement». Sambi rappelle: «tout projet de développement est conçu sur la base des apports extérieurs, financiers ou techniques».
Il prend l'exemple du Japon, «un pays qui a beaucoup apporté dans les télécommunications, l'école de pêche, mais qui s'était retiré de ce pays». Le travail minutieux et fastidieux de la diplomatie poursuit un objectif, « renouer la confiance » avec les partenaires extérieurs.
Le président rappelle la dette qui pèse sur les Comores, révélant: que « même les Moudiriyat d'Ali Soilihi font partie des dettes que nous continuons encore à payer ».
Le président explique d'une manière pédagogique pour illustrer son propos que « même le débarquement militaire à Anjouan n'a été possible que grâce au travail de la diplomatie ». Il annonce que « la Chine envoie 60 conteneurs des équipements pour l'eau et l'électricité ». Idem pour l'Iran où la société comorienne des hydrocarbures a obtenu «un agrément pour acheter et vendre de l'essence », la toure.
Le président démontre qu'au «mois d'avril 2007, la Sch achetait le baril à 530 dollars et un an après en avril 2008, le baril est à 1200 dollars avant de toucher en juin 2008 le seuil de 1400 dollars». L'Iran nous a offert l'avantage d'acheter du brut pour revendre. Le Yémen accepte de «raffiner ce pétrole à 11 dollars au lieu de 20 dollars».
Abordant la question de la crise alimentaire, le président Sambi estime que «le prix du riz a doublé », appelant «les Comoriens à changer les habitudes». «On peut, dit-il, encourager nos enfants à emprunter d'autres moyens de locomotions comme les cyclomoteurs, comme nous devons encourager les comoriens à consommer des produits locaux pour remplacer le riz et la farine».
Le président dit avoir ordonné que « 30% des dotations d'essences seront affectés pour acheter des semences à l'agriculture. L'objectif est de produire localement pour remplacer le riz». Le président annonce que «le pays est devenu «membre de l'Agoa et le président Bush a approuvé notre adhésion».

Sur le projet de loi de la « citoyenneté économique»
et les soupçons qui pèsent sur les «shiites qui seront les principaux bénéficiaires».

Le président rappelle: «ce sont les représentants du Koweït et des Emirats arabes unis qui ont proposé depuis New York que de nombreux citoyens de leurs pays veulent la citoyenneté d'un pays en paix». Le président indique que les deux pays projettent «un investissement de 100 millions de dollars pour 25.000 familles*. De l'argent injecté pour les projets de développement». Le président indique: « 4 millions de dollars par mois pour 2 ans nous ont été proposés ». Il rappelle que «le Yémen et le Bangladesh souhaitent bénéficier de ce même accord».
Dans ce dossier sensible, précise-t-il, «nous jouons pleinement la transparence et nous avons soumis un projet de loi à l'assemblée. Il semble que «l'Arabie saoudite prendra le train en marche». Le président estime que «les passeports biométriques nous permettront de mieux contrôler ce flux de demandes de citoyenneté comorienne».

Un autre gouvernement dans les prochains jours

Sur le projet de réforme de la constitution, le président Sambi rappelle : «la sécession anjouanaise est à l'origine du nouveau cadre institutionnel ». Le président dit qu' «après la libération d'Anjouan, nous devons nous retrouver sur la même table pour évaluer l'application de la constitution, ses atouts, ses blocages».
Donnant son point de vue personnel, Sambi pense que «nous n'avons pas besoin de 4 constitutions, de 4 présidents et de 4 parlements. Ces institutions ont un poids économique insupportable».

Il est normal de «demander aux Comoriens si oui ou non, nous avons besoin de toute cette architecture institutionnelle. C'est au peuple de choisir. Les Comoriens doivent se prononcer sur les conflits de compétences».
Le président rappelle: «j'ai le pouvoir constitutionnel d'inviter les Comoriens à un référendum, mais j'ai opté pour une consultation large des Comoriens avec l'appui de la communauté internationale».

Interpellé sur sa fameuse phrase «je suis mal servi et quelques fois trahi», le président déclare que rien n'a changé et qu'il établit le même constat. Il annonce «un autre gouvernement dans les prochains jours pour mieux engager le pays dans le changement ».

Rapportée par Ahmed Ali Amir
Al-watwan N° 1108 du 7 juillet 2008
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5 mai 2008 1 05 /05 /mai /2008 23:31

INTERVIEW : Enfin ! Madame SITTOU RAGHADAT, Ancienne  Ministre des Comores, sort de son silence

 

. « L’unité de notre pays est naturelle et ancestrale. Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire ce n’est pas l’ancienne puissance colonisatrice qui l’a faite.»

 
Beaucoup de gens se posaient des questions sur le silence de Madame Sittou Raghadat  Mohamed, Ancienne Ministre des Comores,  depuis l’intervention militaire de l’AND et de ses alliés à Anjouan. Ça y est. C’est fini. Dans cette interview qu’elle vient de nous accorder, elle  fait part de ses points de vue sur  plusieurs sujets  d’actualité (l’intervention militaire d’Anjouan, la question de Mayotte, la révision constitutionnelle…)

 

HALIDI-BLOG-COMORES (HBC) : Avec l’intervention militaire à Anjouan, Peut-on parler de la fin du séparatisme dans notre pays ?

 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED (SRM) -
A mon avis, c'est la fin d'une grosse bataille mais beaucoup reste à faire.  Après l’euphorie de la « libération d’Anjouan » Nous devons nous attaquer aux vrais facteurs de la crise si nous voulons vraiment une solution pérenne. A titre d’exemple, il faut très rapidement mettre en place une réelle politique volontariste de la lutte contre la pauvreté, favoriser  la circulation inter insulaire des comoriens et concrétiser une vraie autonomie des îles.  Ce qui importe à mes yeux est la pratique et non la théorie.


HBC : On parle d’une révision constitutionnelle, est ce que le problème comorien est d’ordre constitutionnel ?


SRM
 : J’ai toujours combattu  la constitution et le système institutionnel actuels. Car ils ont entre autres officialisé le séparatisme. Néanmoins, même si des retouches constitutionnelles me paraissent  dans l’immédiat indispensables, je continue   à penser qu’il  est temps de finir  avec cette incrimination  répétitive  de nos institutions en général et de la constitution en particulier, et de se préoccuper de vrais fléaux de notre pays notamment la lutte contre la pauvreté. Le débat sur la crise qui ronge notre pays ne doit pas se focaliser sur les institutions.  Arrêtons d’apporter à chaque fois de fausses solutions à cette crise. Pour moi, le problème  comorien est surtout  d’ordre économique, social et éducatif. Or à chaque fois,  les solutions préconisées sont institutionnelles et politiques.   Chose que je n’arrive pas à comprendre.  

Comme je l’ai déjà souligné, il faut en réalité  la mise en œuvre d’une politique  volontariste de lutte contre la pauvreté. De plus, il y a un manque de cohésion sociale. Nous devons revoir, en effet, notre façon de faire, notre mode de vie, certains de nos mœurs et coutumes. Il faut,  d’une part, miser sur une éducation et une sensibilisation de la population pour un changement des comportements  et mentalités et, d’autre part, faire en sorte que les comoriens se fréquentent. Ces fréquentations ne doivent surtout pas être artificielles comme c’est le cas actuellement.  Il est par exemple anormal qu’on ne retrouve toujours pas  des fonctionnaires de  l’Etat originaires de NGAZIDJA à MWALI et  à NDZUWANI.  Il faut  élaborer des lois contraignantes  si cela s’avère nécessaire  pour appuyer et faciliter la cohésion sociale des comoriens.  A titre d’illustration, il est inacceptable qu’un grand mariage célébré dans une île ou dans un village n’ait pas la même valeur dans une autre île ou un dans autre village.  Il est aussi indispensable  d’enseigner dans nos écoles, l’histoire et la culture de notre pays à nos enfants. L’éducation civique,  notre histoire et notre culture doivent  occuper une place importante dans nos programmes scolaires.

 Enfin, je pense que les éventuelles retouches constitutionnelles ne doivent pas porter atteinte au  principe de la tournante. Car en vérité c’est après le tour du Président  de l’Union des Comores originaire de MWALI que l’on doit  faire le bilan et tirer les conséquences du système institutionnel actuel même si je continue à croire que celui- ci est très dangereux et inapproprié chez nous.


HBC : Quelle forme juridique étatique sera viable dans notre pays : Etat unitaire, Confédéralisme, Fédéralisme… ?

 
SRM - Les constitutionalistes  définissent  l’Etat unitaire comme étant « celui dans lequel une volonté  politique unique s’impose à l’ensemble des citoyens, lesquels sont par conséquent soumis aux mêmes lois en tous domaines ».

Je pense que c’est exactement ce qu’il faut chez nous. Il est aberrant de voir un petit pays comme le notre avec plusieurs constitutions, assemblées législatives et que sais-je encore.

 Mais, personnellement,  la qualification de la forme juridique de notre Etat m’importe peu. Ce qui m’intéresse c’est ce qu’on met dedans.  Je continue, en effet, à croire – je l’avais déjà dit en 1997 dans l’émission de radio Comores « Mjumbi » - que le Comorien moyen ne maîtrise pas la subtilité des concepts juridiques de confédération, État unitaire, Fédération... ce qui compte pour lui, c'est vivre mieux et libre. Tant que la crise économique ne sera pas résolue, l'unité et la stabilité des Comores resteront fragiles. Et toutes les  réformes institutionnelles n’apporteront rien.

Il nous faut un système étatique, peu importe son appellation, approprié au contexte actuel, pour préserver l'unité et l'intégrité des Comores, lutter contre le chauvinisme et permettre l’autonomie  des régions et non des îles. Tous les citoyens comoriens doivent être soumis aux mêmes lois en tous domaines. C’est la raison pour laquelle nous réfutons toute idée d'une assemblée législative ou d'une constitution dans chaque île.  Celui-ci doit être adapté à nos réalités locales. Autrement dit, nous devons éviter tout mimétisme institutionnel à l’aveuglette. Ce système doit aussi conserver le principe de la tournante.

Je pense qu’il faut surtout éviter tout système juridique qui légitimera cette fausse idée selon laquelle les Comores unies sont  une fabrication artificielle de l’ancienne puissance colonisatrice.

A noter aussi que  toute forme étatique ne peut pas être viable si les comoriens ne s'asseyent  pas ensemble pour  se poser  avec sincérité la question suivante : Pourquoi  sommes nous arrivés là aujourd’hui ?

HBC : Que pensez-vous de la sécession d’Anjouan ?

 
SRM  - Certaines personnes ont trompé la population d’Anjouan.  Elles ont exploité  à des fins  personnelles  des revendications légitimes  d’une population désespérée et désabusée.

 Je ne crois pas un seul instant que la population anjouanaise voulait ou  veut réellement se séparer des autres comoriens. Mais pour éviter  l’extrémisme, il faut, comme je l’ai déjà souligné, lutter contre la pauvreté et la mauvaise gestion du pays et  faire en sorte qu’il y ait une réelle cohésion sociale des comoriens. Quand on a faim, on perd,  dès fois, ses repères et on a tendance à se faire manipuler facilement.

Aucune île ne pourra s’auto suffire. Après 11 ans de crise, le constat est là : nos îles se sont appauvries davantage et Anjouan en particulier.  


HBC : pensez-vous que le problème de Mayotte  a eu une influence sur la crise actuelle de notre pays ?


 
SRM
  - Bien sur. Tant que le problème de Mayotte ne sera pas réglé il y aura toujours une instabilité dans notre pays. La crise « d’Anjouan » est aussi une conséquence logique du problème épineux de Mayotte.

HBC : souhaitez-vous le retour de Mayotte dans le giron Comorien ?

 
SRM
  - C’est plutôt une question de devoir et non de souhait.
Les Comores sont un  pays composé de quatre îles ayant proclamé son indépendance le 6 juillet 1975. Je suis très attachée à son unicité et à son intégrité territoriale.

 Mayotte est une partie intégrante des Comores. Nous sommes un  seul  et  même peuple ayant en commun  la même langue, la même religion, la même culture, le  même  mode de vie, la même civilisation…même si le comorien,  de nature,  a tendance à faire passer le patriotisme insulaire, régional ou villageois avant l’intérêt national. L’unité de notre pays est naturelle et ancestrale. Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire ce n’est pas l’ancienne puissance colonisatrice  qui l’a faite. Nous avons le devoir de nous opposer à la spoliation d’une partie de notre terre  ancestrale  par qui que ce soit. C’est entre autres  ce que nous  devons enseigner à nos enfants  dans les écoles.

 
HBC - Croyez-vous que c’est possible un jour ?

 
SRM -
 Bien sur que oui. Il faut juste que nos gouvernants favorisent  ce retour en développant les trois autres  îles et en améliorant la situation vitale des comoriens. Car, en réalité,  les mahorais sont "français" comme beaucoup de comoriens des autres îles uniquement pour avoir une vie meilleure mais dans leur chair, leur sang,  leur foi et leur conscience, ils sont et resteront Comoriens.

 HBC - Que reste-t-il des Comores à Mayotte après 33 ans de séparation administrative ?

 
SRM
  - Je me pose plutôt la question suivante : qu’est ce qui manquerait des Comores à Mayotte ?  
Pour moi, tout ce qui est profond  est toujours là : l’histoire, la géographie, la couleur, la langue, la religion, les noms, les mœurs  et coutumes…

Les années de colonisation n'y ont  apporté que des changements artificiels.  Le comorien reste et restera comorien peu importe son île d’origine.

 HBC - Que pensez-vous de l’indépendance des Comores ?


SRM
  - C'est une bonne chose et il fallait devenir indépendant quelque soit le prix à payer. Mais c’est à  nous de bien ou mal gérer cette indépendance.

 Nous sommes pauvres certes, mais la pauvreté n'est pas une honte. Je préfère mourir pauvre que  vivre heureuse sous la domination. De plus, l’indépendance nous a beaucoup apporté contrairement à ce qu’on attend ici ou là.  


HBC - Revenons maintenant à l’intervention militaire à Anjouan. Qu’est ce que vous en pensez ?

 
SRM
  - Ma position sur l’intervention militaire à Anjouan a toujours été claire. Je vous renvoie à mon  point de vue  intitulé « Crise anjouanaise : mettons fin à l’hypocrisie » publié dans le journal Alwatwan n°1014 du 19 au 25 octobre 2007 et dans plusieurs blogs comoriens le 19 octobre 2008 notamment le votre (Pour voir le point de vue cliquez ICI).

J’avais notamment dit ceci : « J’ai du mal à comprendre que, malgré le drame que vit la population anjouanaise (Fonctionnaires licenciés depuis plus de 8 mois, Bacheliers sacrifiés depuis des années. Droits humains bafoués, emprisonnements et tortures fréquents, fuite vers Mayotte avec les conséquences que l’on connaît, fuite vers Mohéli et Ngazidja et subir toute sortes d’humiliations,) l’on puisse hésiter pour un débarquement militaire afin de régler définitivement cette crise qui reste un danger permanent de l’existence de notre pays sous prétexte que la « guerre » est dangereuse et va tuer des innocents. Trop c’est trop. (…) N’ayons pas peur des mots et arrêtons l’hypocrisie. S’il faut intervenir militairement pour régler la crise d’Anjouan qui n’est pas en réalité un problème anjouanais mais comorien, il faut le faire sans état d’âme. C’est un moindre mal par rapport au drame que vivent quotidiennement les Comoriens d’Anjouan. C’est un moindre mal par rapport à la crise économique, social et politique que connaît notre cher pays depuis la naissance de cette crise.  Le temps du balbutiement est révolu ! »

 Donc aujourd’hui, je me réjouis naturellement de cette intervention militaire. Et  je félicite le Président de l’Union des Comores et le chef d’Etat major de l’AND d’avoir assumé avec brio leurs responsabilités. Il était temps !

 Je salue aussi la bravoure et le patriotisme dont ont fait preuve les militaires de l’AND et les militaires  des pays africains  qui nous ont aidés à  réaliser cette opération dans de bonnes conditions. Je crois à cet adage qui dit : « quand on veut on peut ».

 
HBC - Pourquoi la communauté internationale a-t-elle attendu 11 ans pour intervenir militairement à Anjouan ?

SRM  - Il fallait juste des hommes comoriens et des nations africaines  qui étaient à même de faire preuve de volontarisme et  de fermeté pour régler  la crise. A un moment donné, j’avais le sentiment que les négociations diplomatiques tournaient au ridicule.

 
HBC-  Pour finir, qu’est ce que vous pensez de la fuite de Mohamed Bacar ?


 
SRM
  - Il va de soi que je n’arrive pas à comprendre comment Mohamed Bacar et consorts ont pu fuir. Quand on connait géographiquement  Anjouan et la région d’Ouani, en particulier, on est en droit de se demander comment ces gens là ont pu rejoindre facilement Mayotte par mer. Cette fuite a vicié l’opération.


Pour voir une autre interview de Madame Sittou Raghadat Mohamed, cliquez ICI 

HALIDI-BLOG-COMORES /
05 mai 2008

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30 avril 2008 3 30 /04 /avril /2008 12:53

« J'avais été victime d'une injustice, pour avoir dit les 4 vérités à mes chefs »

Entretien avec le chef d’état-major : Salimou, un général diplômé mais discret « J’avais été victime d’une injustice, pour avoir dit les 4 vérités à mes chefs »
Moroni, mardi 29 avril 2008 (HZK-Presse) – Depuis 3 mois, les comoriens ont découvert un homme, un militaire qui ne recule devant rien et qui met en jeu sa profession et celle de tous ses collègues pour la libération d'Anjouan. Plus médiatique, il rivalise avec Sambi sur les unes des journaux et à la télévision. En l'espace de quelques mois, le lieutenant-colonel promu général Salimou est devenu populaire et même une idole plus qu'un joueur de football brésilien.

Et pourtant, il n'est pas l'homme public qu'on croit. Un des héros de la libération d'Anjouan, le chef d'Etat-major est très réservé, au point que certains de ses frères d'arme ne le connaissaient pas. Il est si discret que ses amis le qualifient de marginal.
« Des gens et même des frères d'arme pensaient que je n'irais nulle part avec mon attitude de solitaire, mais j'ai toujours cru à mes convictions. Je considérais aussi mon retrait par rapport à la population comme une qualité et non un défaut. Dans tous les cas, mon métier de militaire ne me permet pas d'être partout dans les affaires du village. Cela me met en tous cas à l'abri des manipulations politiques et coutumières », réplique le désormais Général de brigade Salimou.
Ce fils de paysan est né il y a 45 ans dans la ville d'Antsirabé à Madagascar. Envoyé très tôt aux Comores, il fait partie de la première promotion qui ouvre l'école du village de se parents à Dzahadjou dans la région de Hambou au sud de la Grande-Comore. Après le collège à Salimani, le futur général découvre le lycée de la capitale fédérale où il décroche son bac A, trois ans plus tard. Service national oblige, il enseigne l'histoire dans un collège. Une passion qui va le suivre jusqu'à l'université.
Inscrit en première année d'histoire à l'école nationale supérieure de Mvouni, il ne fait qu'une année à cause de l'armée, un métier dont il n'a jamais rêvé. « C'est mon beau-père qui m'a dirigé vers cette profession. Il était dans le service de santé militaire et a eu écho du concours. Il m'a dit qu'il s'agissait d'un concours pour devenir un administrateur dans l'armée. Mais si je savais que j'allais faire l'armée, je n'allais probablement pas m'aventurer à faire ce concours », se souvient encore ce père de 2 enfants.
Malgré sa méconnaissance de l'armée, il sort victorieux du concours qui lui ouvre les portes d'officier. Ironie du sort, il est convoqué dans les services de l'armée comorienne le même jour que le colonel Bacar. « Bacar avait fait un autre concours et moi un autre. On s'est retrouvé au même moment dans les bureaux de l'armée et chacun de nous s'est vu notifié sa destination. Il est parti à Brest et moi à Saint Cyr », explique le général Salimou, le tombeur de Bacar.
L'actuel haut gradé de l'armée comorienne a accédé à l'une des grandes écoles militaires du monde d'où il ressort avec un grade de sous-lieutenant et une maîtrise d'histoire. Avec des débuts difficiles dans cette prestigieuse académie militaire, il termine parmi les meilleurs de sa promotion avant de procéder à l'application à Montpellier dans l'infanterie. De retour au bercail en 1988, il intègre l'école nationale des forces armées et de gendarmerie (ENFAG) en tant que directeur des études.
Depuis cette date, Salimou découvre les dures réalités du métier avec ses hauts et ses bas. Il va parcourir presque tous les services et échelons de l'institution militaire qu'il n'a cessé de servir loyalement depuis vingt ans, par des navettes à la tête des compagnies entre Mutsamudu et Moroni. Ses détracteurs soutiennent « qu'il est rarement présent lors des événements qui secouent l'armée. Donc, il n'est jamais mis à l'épreuve ». Malgré ses multiples fonctions dans la Force armée comorienne (FAC), devenue en 1990 Force Comorienne de Défense (FCD), jusqu'à l'AND créé en 1996, Salimou a su garder son envie pour les études.

Il décroche en 1998, un DEA d'histoire et un diplôme d'Anglais aux Etats-Unis qui lui permettent d'être parmi les plus diplômés de l'armée. Salimou a connu une traversée du désert lors du régime militaire du colonel Azali [1999-2006] où il sera souvent écarté, jusqu'à même écoper d'un blâme. « J'ai été victime d'une injustice. On a voulu se débarrasser de moi parce que j'ai craché les 4 vérités à mes chefs », ajoute-t-il.
L'arrivée de Sambi au pouvoir est d'abord venue le sortir des tiroirs de Kandani. D'abord adjoint, Salimou finit par être nommé chef d'état-major en juillet 2007, en remplacement Du lieutenant-colonel Said Hamza. Avec la libération d'Anjouan le 25 mars dernier, sans aucune perte dans ses rangs, Salimou devient le premier général de l'AND à la tête d'un peu plus de 1000 hommes.

Les mauvaises langues disent que l'effectif de notre armée n'est pas suffisant pour avoir un général. Mais le général soutient que « le grade de général ne répond pas obligatoirement à des considérations militaires. D'autres pays encore plus petits que les Comores comme les Seychelles disposent de généraux. Et pourtant, ils ont des effectifs plus réduits que le notre », réplique le patron de l'armée comorienne.
Entretien realisé par Ahmed Abdallah
Source: Agence comorienne de presse (HZK-Presse)
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23 avril 2008 3 23 /04 /avril /2008 13:34

Ahmed Ben Saïd Jaffar : « Je ne suis pas venu pour le cas Bacar »

 
Le ministre comorien des Affaires étrangères, Ahmed Ben Saïd Jaffar (Photo), a effectué une courte visite sur notre île. Même si cela n'était pas le sujet « prioritaire », il s'est exprimé sur le cas Bacar, qu'il souhaite voir jugé aux Comores. Autre sujet sensible : le statut de Mayotte.

LE ministre comorien des Affaires étrangères le rappellera, « le cas Bacar ne devra pas être source de conflits entre la France et les Comores ». « Je ne suis pas venu pour le cas Bacar », déclarera aussi Ahmed Ben Saïd Jaffar, sans pour autant faire l'impasse sur le sujet. « Nous avons transmis au départ une demande d'arrestation provisoire au Ministère de la Justice française, suivie d'un certain nombre de documents fournis aux autorités françaises pour démontrer l'inculpation de Bacar, de tout ce qu'il a fait à Anjouan. Aujourd'hui, nous suivons ce dossier de près », explique le ministre comorien, informant que le gouvernement comorien a saisi l'avocat Jacques Vergès « pour s'occuper du dossier, et voir comment Mohamed Bacar pourrait être extradé aux Comores ».
Selon lui, « les charges qui pèsent contre Bacar sont suffisantes pour qu'elles soient prises en compte, et que Bacar soit extradé ».
Si cet objectif n'est pas atteint, cela en dépit de la pression de l'opinion comorienne, le gouvernement comorien pourrait faire appel à la communauté internationale pour rendre effective l'extradition de l'ancien dictateur anjouanais.
Toujours selon Ahmed Ben Saïd Jaffar, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner , s'est prononcé en faveur de l'extradition de Mohamed Bacar. Il faut encore attendre la décision de l'OFPRA, qui évalue la demande d'asile politique soumise par Bacar. Et Ahmed Ben Saïd Jaffar de rappeler que les Comores n'ont jamais été spécialistes de la peine de mort, garantissant à l'ancien dictateur une justice équitable, sans aucun recours à la peine ultime.

Mayotte est comorienne


Hier, le Conseil général de Mayotte se prononçait à l'unanimité en faveur de la départementalisation de l'île, et devra prochainement organiser la consultation des Mahorais sur ce point. Les Comores gardent la même position sur le dossier, et revendiquent toujours cette île devenue un eldorado français à ses dépends. « Nous ne pouvons pas admettre que Mayotte ait ce statut. (...) Aujourd'hui, le Conseil général de Mayotte a demandé à ce que l'on procède à un référendum. Ils peuvent bien le demander, mais en ce qui nous concerne, il est évident que le gouvernement comorien ne partage pas ce point de vue », déclare le ministre, qui encourage le dialogue sur ce sujet épineux.
Pour ce qui concerne les clandestins comoriens qui constituent près d'un tiers de la population mahoraise, le ministre rappelle que selon la position comorienne, ceux-là ne sont pas clandestins, puisque Mayotte est comorienne, et qu'ainsi, les Comoriens ont le droit de s'installer sur une terre qui est la leur. Voilà donc qui donne le ton. Récemment, une délégation française était reçue à Moroni. Il aura été question de l'affaire Bacar, mais surtout de coopération entre la France et les Comores, et de la mise en place d'un groupe de travail de haut niveau qui aura à traiter des reconduites à la frontière, notamment de ceux qui étaient fidèles à Bacar et qui se sont réfugiés à Mayotte.

Pour la coopération


Le ministre est venu dialoguer avec le Préfet de La Réunion et le président du Conseil régional de La Réunion. Il est question en premier lieu de la coopération régionale entre La Réunion et les Comores. « Il y a eu un certain nombre d'actions réalisées dans le cadre de la coopération régionale », explique Ahmed Ben Saïd Jaffar, notamment en matière d'agriculture, d'éducation, de santé scolaire. Après les différentes crises séparatistes qui ont marqué l'archipel des Comores, il est temps de penser au développement de l'archipel, qui figure parmi les pays les plus pauvres au monde. Pour autant, les Comores bénéficient de programmes d'investissement étrangers, émanant notamment de pays arabes. Le développement socio-économique devra néanmoins se faire dans un cadre pacifié. La France est-elle solidaire de ce souci de développement, au nom de la coopération ? Les Comores assument la présidence de la Commission de l'Océan Indien (COI) durant la période 2008-2009. Peut-être que l'on entendra enfin ses doléances !

Bbj
Source: Témoignages du mercredi 23 avril 2008
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19 mars 2008 3 19 /03 /mars /2008 16:02
Comores / Politique & institutions

Moroni
, mardi 18 mars 2008 (HZK-Presse)La plus grande partie des troupes africaines qui vont appuyer l’AND est à Moroni. Les sénégalais se font toujours attendre. Alors qu’on le croyait parti, l’Afrique du sud revient sur la scène avec une autre proposition de négociation. L’armée comorienne mène des opérations éclair faisant des prisonniers et des blessés… Autant de sujets sur lesquels le directeur de cabinet du président Sambi, chargé de la défense, a accepté s’entretenir avec La Gazette des Comores, dans une interview exclusive.
 
Question : Pourquoi l’opération de rétablissement de l’ordre à Anjouan tarde à se concrétiser ?
 
Mohamed Dossar Bacar : Non, l’opération ne tarde pas. Nous sommes toujours dans la dynamique de mobilisation les ressources humaines et des moyens logistiques nécessaires pour l’assaut. Mobiliser la communauté internationale cela ne peut se faire en un seul jour. Au contraire, je trouve que les choses vont plutôt plus vite que prévu. Si l’on prend en considération la dernière réunion de l’Union Africaine où les pays amis ont déclaré soutenir l’opération, les choses évoluent très vite. C’était le 20 février dernier que les pays amis ont pris la décision de nous appuyer militairement.
Evidement, une large opinion est impatiente de voir l’île d’Anjouan libre. On voudrait que tout se passe rapidement. Mais il faut une préparation pour ne pas échouer. En tous cas le dispositif se met en place et d’ici le milieu de la semaine en principe toutes les troupes devraient rallier Moroni. Le contingent tanzanien est complet et les soudanais le seront d’ici peu. Quant aux sénégalais, étant donné qu’ils ne sont pas nombreux, ils peuvent arriver à la dernière minute.
 
Question : Avec l’arrivée de toutes ces troupes, qui va diriger l’opération ?
 
M.B. Dossar : Il est clair que c’est l’armée comorienne qui va diriger l’opération. L’AND prendra le devant dans le déroulement des opérations.
 
Question : Quelle sera la responsabilité des uns et des autres ?
 
M.B. Dossar : Je sais seulement que l’armée comorienne va diriger les opérations. Je ne saurais m’avancer sur les détails. Le déroulement de l’opération, le déploiement et la stratégie restent des questions purement militaires…
 
Question : Pourquoi les sénégalais ne sont pas encore arrivés ? Est ce que cela est lié au transport promis par la France ?
 
M.B. Dossar : Les sénégalais très éloignés des Comores mais ils sont sur le point de venir. Ce n’est pas un problème de transport car la France est prête à les transporter. J’ai même rencontré l’ambassadeur de France qui m’a confirmé leur disponibilité à assurer le transport des troupes jusqu’à Moroni comme prévu. Il faut aussi souligner que ce pays a déjà respecté une partie des ses engagements en acheminant les troupes tanzaniennes.
 
Question : Comme l’essentiel des troupes se trouve sur place, l’opération peut se faire sans le reste ?
 
M.B. Dossar : Cela n’est pas exclu mais cette question n’est pas encore abordée. A ce jour nos partenaires de la force de coalition sont déjà au nombre de 900 hommes [sur un effectif annoncé de 1600 hommes, ndlr].
 
Question : Où est l’Afrique du Sud dans le règlement du conflit ? Nous savons que ce pays s’est vu confié le dossier de la crise comorienne par l’UA, en tant que pays coordonnateur des efforts de la région. 
 
M.B. Dossar : Il faut poser cette question à l’Afrique du sud. L’absence de ce pays ami n’est de notre fait. On a toujours sollicité son soutien. Dans les réunions du comité de suivi, l’ambassadeur de l’Afrique du sud à Moroni était toujours présent. D’Addis-Abeba à Pretoria, ce pays voisin a participé à toutes les réunions. La dernière mission de médiation qui était partie à Anjouan le 27 février, son ambassadeur y a participé. On entend maintenant qu’ils suggèrent encore une négociation. Mais rien ne nous dit que Bacar a changé de position. A la dernière mission, il a refusé toutes les offres. Aucune note officielle de l’Afrique du sud ne nous est parvenue pour nous dire qu’ils ont entamé d’autres négociations pour convaincre Bacar. Nous estimons que la mission de la dernière chance a déjà eu lieu et qu’aucune autre négociation n’est possible.
 
Question : Est-ce que le retrait de l’Afrique du Sud n’est pas dû au fait que la Libye a pris le devant dans le règlement de la crise ?
 
M.B. Dossar : Non cela n’a rien à avoir. D’ailleurs, la Libye n’a pas pris le devant. Tripoli n’envoie pas de troupes. C’est un pays ami qui soutient l’opération comme il peut. Son soutien consiste en une aide logistique.
 
Question : Ces dernières 72 heures, l’AND a organisé des incursions à Anjouan. De quoi s’agit-il si ce n’est pas un signe annonciateur du débarquement ?
 
M.B. Dossar : Je vous l’ai dit au début qu’une opération de cette envergure ne se réalise pas en une seule journée. Il faut des essais et des manœuvres préalables. C’est ce qui se passe actuellement. L’And mène des actions de déstabilisation de l’adversaire. Ces incursions visent à démoraliser les milices rebelles de manière à faciliter l’entrée des troupes le jour venu. Il s’agit aussi de montrer de quoi nos hommes sont capables. L’armée a déjà fait deux percées. Dans ces opérations, il y a eu deux blessés légers. Leur vie n’est pas en danger. L’un est blessé au pied et l’autre a eu une fracture de l’avant-bras touché par une balle. Nos partenaires en sont régulièrement informés.
 
Question : On parle de responsables politiques arrêtés et transportés à Mwali…
 
M.B. Dossar : Je ne peux confirmer cette information.
 
Propos recueillis par Ahmed Abdallah
180308/aa/hzkpresse/6h00
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