LE 08 MARS : JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME
Aujourd’hui, le 08 mars 2007, nous avons une grande pensée pour la femme en général, et pour la femme comorienne en
particulier. En effet, c’est la journée internationale de la femme qui est célébrée avec faste dans tous les pays.
A cette occasion, nous vous proposons ci-dessous l’interview que nous a accordée Madame SITTOU RAGHADAT MOHAMED, « la pionnière et la référence en matière de
femmes politiques» aux COMORES
ENTRETIEN AVEC MADAME SITTOU RAGHADAT MOHAMED
LA PREMIERE FEMME MINISTRE ET ELUE DEPUTEE DES COMORES
« JE NE SUIS PAS DU GENRE À FAIRE DE LA FIGURATION. JE M’IMPOSE PARTOUT OU JE SUIS ET POUR CELA JE SUIS GENANTE»
HALIDI-BLOG-COMORES - Si je vous demande de vous présenter brièvement à ceux et celles qui ne vous connaissent pas,
que
diriez vous ?
SITTOU RAGHADAT MOHAMED - Je m’appelle Madame Sittou Raghadat Mohamed. Je suis née le 6 juillet 1952 à Ouani-Anjouan. Mariée, mère de 5 enfants
dont une fille adoptive et grand-mère.
Enseignante de formation, j’exerce actuellement à l’institut de formation des enseignants et de recherche en éducation (IFERE) à l’université des
Comores.
Femme politique, ancien ministre et élue député aux Comores en décembre 1993.
Mes hobbies sont le sport, la lecture et la musique.
HBC - Quelle signification donnez vous à la journée du 8 mars 2007 ?
SRM - La journée du 08 mars 2007 marque le 30ème anniversaire de la journée internationale de la femme instituée en 1977 par les
Nations Unies. Cette journée nous donne l’occasion de célébrer les progrès accomplis dans la promotion des droits des femmes et d’évaluer les difficultés auxquelles elles sont encore confrontées.
Elle nous permet aussi de chercher les moyens à mettre en œuvre pour que les femmes et les filles obtiennent leurs droits
HBC - Quelle est la situation actuelle de la femme comorienne ?
SRM - La femme Comorienne est une ressource capitale pour
le développement de notre société. Pourtant elle se trouve confrontée à une lutte quotidienne pour la survie de sa famille. Sa participation aux
activités sociales et économiques du pays ne lui garantit pas des conditions de vie meilleure.
Au cours de ces dernières années, les femmes sont entrées massivement dans la vie publique. La forte scolarisation des femmes a en effet joué un
rôle fondamental dans ce processus. Certaines d’entre elles, munies de leur diplômes, ont pu ainsi accéder à différentes fonctions dans la hiérarchie administrative. Elles s’avèrent aussi
compétentes que les hommes. Cependant elles sont sous représentées, voire absentes dans le domaine politique malgré les bonnes intentions affichées et les promesses à son endroit par les
différents régimes qui se succèdent.
HBC - Parlez nous de la loi relative au code de la famille votée récemment par l’Assemblée de l’Union des Comores ?
SRM - Le code de la famille est en effet voté récemment par l’assemblé de l’union des Comores. C’est une bonne chose pour les Comoriens et les
Comoriennes. Nous avons fait beaucoup de concessions car il fallait que le pays soit doté d’un code de la famille. Même si ce n’est pas l’idéal il y a quand même certains acquis. J’espère qu’il
sera appliqué.
HBC - L’islam est il une entrave à l’émancipation de la femme comorienne ?
SRM - L’islam pratiqué aux Comores est plutôt tolérant et n’exclut pas les femmes dans la vie politique. La loi fondamentale de notre pays, dans
son préambule, reconnaît de façon explicite l’égalité des sexes. Les Comores
ont ratifié la convention contre toute forme de discrimination à l’égard des femmes.
HBC - Présentez nous l’ONG qui s’appelle FAWECOM que vous présidez actuellement ?
SRM – Le FAWECOM (Forum des Educatrices aux Comores) est une antenne du FAWE ( Forum des Educatrices Africaines), Organisation non gouvernementale
créée en 1992, suite à la conférence panafricaine sur l’éducation, à l’initiative de cinq femmes ministres de l’Education.
Le FAWE rassemble des femmes occupant des postes de décideurs politiques tels que des Ministres de l’Education, des Secrétaires d’Etat ainsi que
des Hommes membres associés. Il déploie un réseau d’antennes nationales dans 33 pays dont les Comores (FAWECOM).
Les objectifs principaux du FAWECOM sont l’Accès et la rétention des filles à l’école ainsi que l’amélioration de la qualité de l’éducation
pour tous
HBC - Qu’est ce que vous pensez de la phrase suivante que l’on trouve
dans le n°26 du Journal Kashkazi du jeudi 02 février 2006 ? « Mme SITTOU est qualifiée comme une pionnière et une référence en matière de femmes politiques. Comme
la seule aussi, même si certains la tiennent actuellement pour « placardisée », à être capable de tirer son épingle du jeu à jouer au plus fin face aux politiciens chevronnés
»
SRM - Le journal « kashkazi » a entièrement raison. Je ne suis pas du genre à faire de la figuration. Je m’impose partout où je suis et
pour cela je suis gênante. Certains politiciens préfèrent des « oui oui oui »
HBC - Un an, jour pour jour, vous avez déclaré dans la gazette des Comores n°365 du 08 mars 2006 ceci : « le monde de la politique c’est la jungle,
il
faut le savoir et s’assumer ».
Dans cette jungle, Mme SITTOU est elle une lionne, une panthère, un zèbre ou une biche ?
SRM - Selon les circonstances, je peux être lionne, panthère ou biche.
C’est la règle d’or en politique. Il faut avoir la patience du diable et des nerfs d’acier.
En politique il faut s’attendre à recevoir des coups et avoir la capacité d’en donner. C’est la règle du jeu.
HBC - Faîtes vous toujours de la politique ?
SRM - Actuellement j’ai cessé de militer dans un parti politique depuis l’éclatement du Rassemblement pour la Démocratie et le Renouveau (RDR) qui
soutenait à l’époque le Président, feu Saïd Mohamed DJOHAR (paix à son âme !).
Après le départ forcé de ce dernier en exil à l’île de la Réunion, après le coup d’état de 1995, au lieu de se battre pour le
retour au pays de celui qui demeurait l’architecte de notre raison d’être, le RDR s’est empêtré dans
des querelles stériles. Les divisions et les conflits des personnes qui animaient certains hommes politiques se sont accentués
subitement.
Ce fut le sauve qui peut. Un comportement choquant !
J’ai réalisé que je ne pouvais pas m’adapter à cette perpétuelle gymnastique, ma foi en l’action politique s’étant profondément émoussée avec
cette histoire de volte-face.
Alors, j’ai préféré prendre du recul par rapport aux partis politiques en attendant une évolution de mentalité. J’ai décidé de m’investir dans
les ONG où je déploie une forte passion.
HBC - Quel regard portez vous sur la situation politique et le système institutionnel actuel de notre pays ?
SRG - Je suis de ceux qui ont combattu farouchement le séparatisme sous toutes ses formes et encore plus la démarche adoptée pour la
réconciliation nationale. Le cadre institutionnel actuel plonge le pays dans un chaos indescriptible.
HBC- Quels sont vos maîtres ou maîtresses (3 au maximum) en politique ?
SRH - Je pense particulièrement à deux Hommes et à une GRANDE dame.
Tout d’abord, c’est feu le Président Saïd Mohamed DJOHAR
qui m’a toujours fascinée par son ouverture d’esprit malgré
son âge, sa vision démocratique et son côté humaniste que certains considéraient à tort comme de la faiblesse.
Ensuite, je cite Mohamed Saïd Abdallah MCHANGAMA pour
son charisme,son savoir faire, sa rigueur et sa fidélité
en
amitié.
Enfin, je ne peux pas ne pas nommer Madame GERTRUDE MONGELLA née en 1945 et originaire de la TANZANIE. La féministe, la mère, l'enseignante et la
politicienne !
On l'appelle communément « Mama Beijing » pour avoir été la première
femme africaine à avoir assuré le secrétariat général du Comité pour la préparation de la conférence mondiale des femmes en CHINE et ensuite de
l'avoir présidée.
Le parcours de cette GRANDE dame a été pour moi un repère jusqu'au jour où j'ai eu la chance de la rencontrer en septembre 1995 à
Beijing.
C'est une GRANDE dame qui me fascinera toujours. Son parcours est exceptionnel : Institutrice puis Professeur, Député, ministre à
maintes reprises, Haut Commissaire en inde, Ambassadrice représentant son pays dans plusieurs pays, elle a participé à l'élaboration de toutes les conventions et plates
formes concernant les femmes.
En 1996, elle fonde une ONG, "Advocacy for Woman in Africa"(AWA) basée en Tanzanie.
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