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  • : HALIDI-BLOG-COMORES, Blog des COMORES
  • : BLOG DES COMORES GERE DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013 PAR MARIAMA HALIDI
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A SAVOIR

QU'EST CE QUE LA LANGUE COMORIENNE ?

Pour répondre à cette question pertinente, nous vous proposons ci- dessous l'interview du grand linguiste et spécialiste de la langue comorienne, Mohamed-Ahmed Chamanga

 

 
INTERVIEW DE CHAMANGA PAR RFO EN 2004
 
 
 Le comorien est une langue composée de mots africains, de mots arabes voire parfois de mots portugais et anglais. D'où vient la langue comorienne ?

M.A.C : Le fonds lexical de la langue comorienne est essentiellement « africain » comme vous le dites, et plus précisément bantu. Les emprunts au portugais ou à l'anglais sont relativement faibles. Par contre, l'apport arabe est très important. Cela s'explique par la très forte islamisation des Comores, depuis la Grande Comore(Ngazidja) jusqu'à Mayotte (Maore) en passant par Mohéli (Mwali)et Anjouan (Ndzuwani). Malgré ces emprunts, le comorien (shikomor) reste, sur le plan de sa structure grammaticale, une langue bantu.

Qu'appelle t-on une langue bantu ?

M.A.C : Le bantu est une famille de langues, la plus importante d'Afrique. Les langues qui composent cette famille couvrent pratiquement toute la partie australe du continent noir.

Y a t-il encore aujourd'hui en Afrique ou à Madagascar des populations qui parlent une langue similaire au comorien ?

M.A.C : Bien sûr ! On trouve par exemple le swahili en Tanzanie, le lingala au Congo Démocratique, le kikongo au Congo, le zulu en Afrique du Sud, le shona au Zimbabwe-Mozambique, le tswana au Botswana, le kinyarwanda-kirundi au Rwanda-Burundi, etc. Comme ces langues appartiennent à la même famille, elles ont forcément beaucoup de points communs dans la structure des mots, leurs répartitions dans les phrases, les accords grammaticaux, etc. Elles ont aussi un minimum de vocabulaire commun.
Prenons par exemple le mot bantu ! Ce mot est attesté dans certaines langues, comme le lingala, et il signifie « hommes ». C'est le pluriel du mot muntu qui veut dire « homme » au singulier. Dans d'autres langues, ces mots se déclinent au pluriel en watu (swahili), wantru ou watru ou en encore wandru (shikomor) ; au singulier, nous avons respectivement mtu, muntru, mtru, mndru.
Prenons encore l'exemple de la phrase kinyarwanda suivante qui signifie : « Combien d'hommes ? » : Abantu bangahe ? Nous avons en comorien les équivalences suivantes :Wantru wangapvi ?Watru wangapvi ?Wandru wanga(pvi) ? et en swahili :watu wangapi ?

Ne pensez-vous pas qu'il y a beaucoup de ressemblance dans tout ça ?

M.A.C : A Madagascar, jusqu'au milieu du XXe siècle, il y avait quelques poches bantuphones sur la côte nord-ouest. Mais les langues africaines qui y étaient parlées, le swahili à Marodoka ou le makua à Maintirano, ont aujourd'hui disparu. Le malgache appartient à une autre famille de langues : les langues austronésiennes comme par exemple les langues indonésiennes.

Le comorien est souvent comparé au swahili, parfois on a même dit que le comorien en était dérivé ?

M.A.C: Selon les résultats des recherches des trois dernières décennies, il est prouvé que le comorien et le swahili sont génétiquement issus d'une même souche-mère, d'où leur très grande parenté. Mais les deux langues se seraient séparées aux environs du XIIème siècle. On peut donc dire que ce sont deux langues soeurs. Si la confusion a pu se maintenir jusqu'à une période pas très lointaine, c'était à cause de la très grande proximité des deux langues, mais aussi parce que les sultans des Comores parlaient swahili et beaucoup de correspondances et traités avec les pays voisins ou les puissances étrangères étaient rédigés en swahili qui étaient à l'époque la plus importante langue de communication et du commerce de cette région de l'océan indien occidental.
Par combien de personnes est parlée la langue comorienne?
M.A.C:On peut estimer que la langue comorienne est parlée aujourd'hui par un million de personnes environ : les 750 000 habitants de l'archipel des Comores plus la très importante diaspora comorienne, que l'on peut retrouver notamment à Madagascar, à Zanzibar ou encore en France.

Est-elle enseignée à l'école ? Si non pourquoi ?

M.A.C: Malheureusement, elle ne l'est pas. Pourquoi ? Parce que : Premièrement, la colonisation française, avec sa mission « civilisatrice », n'avait jamais reconnu au peuple dominé une quelconque culture ou civilisation et que les langues des dominées n'étaient pas des langues mais, avec un sens très péjoratif, des dialectes qui n'avaient ni vocabulaire développé ni grammaire.
Deuxièmement, le pouvoir très centralisateur de l'Etat français avait imposé le français comme la seule langue de l'administration partout. Cela était vrai dans les colonies, mais aussi en métropole. C'est ainsi qu'on a banni l'enseignement du breton en Bretagne, du basque au Pays Basque (Sud-Ouest de la France).
Troisièmement enfin, nous avons nous-mêmes fini par admettre que notre langue est pauvre et sans grammaire. Elle ne peut donc pas être enseigné. Il faut encore souligner qu'avec l'instabilité chronique des Comores indépendantes, aucune réflexion sérieuse n'a pu être menée sur la question. Pourtant, les pédagogues sont unanimes : pour permettre l'épanouissement des enfants, il est nécessaire que ces derniers puissent s'exprimer pleinement dans leur langue maternelle...

Y a t-il une ou des langues comoriennes ?

M.A.C:Nous avons la chance d'avoir une seule langue comorienne, depuis Ngazidja jusqu'à Maore. Mais comme toute langue, le comorien se décline en plusieurs dialectes qui en sont les variantes régionales : le shingazidja à la Grande Comore, le shimwali à Mohéli, le shindzuani à Anjouan et le shimaore à Mayotte.

Comment expliquer l'apparition de divers dialectes sur un territoire aussi exiguë que les Comores ?

M.A.C : Ce phénomène n'est pas spécifique au comorien. Toute langue est formée de plusieurs dialectes. La dialectalisation s'accentue lorsqu'il y a peu de communications et d'échanges entre les régions. A l'inverse, le déplacement d'une population qui parle un dialecte donné vers une autre région où l'on parle un autre dialecte peut également entraîner des changements dans les deux dialectes. Pour le cas des Comores, le facteur du peuplement par vagues successives au cours de l'histoire explique aussi le phénomène.
Les différences dialectales peuvent aussi s'observer à l'intérieur de chaque île. C'est ainsi, par exemple en Grande Comore, que la manière de parler des gens de Mbéni dans la région du Hamahamet diffère du parler des gens de Fumbuni dans la région du Mbadjini. Il en est de même à Anjouan entre les gens de Mutsamudu, sur la côte nord, et ceux du Nyumakele, dans le sud-est de l'île, ou encore, à Mayotte, entre Mamoudzou et Kani Bé ou Mwana-Trindri dans le sud, etc.

Un mot sur la langue mahoraise.

M.A.C:Le shimaore appartient au même sous-groupe dialectal que le shindzuani. C'est dire qu'il faut souvent écouter attentivement pour percevoir les différences entre ces deux dialectes. Le shimaore fait ainsi partie intégrante de la langue comorienne.

Le comorien s'enrichit-il ou s'appauvrit-il (avec le phénomène de créolisation de la langue) ?

M.A.C : Parler à l'heure actuelle de créolisation de la langue comorienne est quelque peu exagéré. Certes elle ingurgite aujourd'hui beaucoup de mots d'origine française. Mais cela reste « raisonnable ». Le comorien a emprunté énormément de vocabulaire d'origine arabe, environ entre 30 et 40 % du lexique, pourtant on ne parle pas de créole arabe, et cela à juste titre. En effet, ce qui fonde une langue, ce ne sont pas seulement les mots. Ce sont surtout sa structure grammaticale et sa syntaxe. De ce point de vue, le comorien ne ressemble ni à l'arabe ni au français.
On ne peut pas dire que le comorien s'appauvrit. Essentiellement oral, il répond parfaitement à nos besoins de communication. Il est toutefois évident qu'une langue écrite possède un stock lexical beaucoup plus étendu qu'une langue orale. Ne vous inquiétez pas pour le comorien. Si un jour, on décide de l'écrire, de l'enseigner et de l'utiliser dans l'administration, il ne pourra que s'enrichir. Il s'enrichira en se forgeant des mots nouveaux ou en empruntant d'autres ailleurs, comme cela se fait dans les langues dites de « grande civilisation ».

Où en est actuellement la recherche sur la langue comorienne ?

M.A.C: La recherche sur la langue comorienne avance ; trop lentement peut-être, mais elle avance. Nous avons aujourd'hui une meilleure connaissance sur elle qu'il y a vingt ans. Malheureusement, c'est un domaine qui intéresse peu de monde, aussi bien chez les nationaux que chez les chercheurs étrangers.

Pensez-vous qu'un jour tous les Comoriens parleront la même langue ? Et sur quoi se fonderait cette sédimentation en une seule langue « nationale » ?

Mohamed Ahmed-Chamanga : Nous parlons déjà la même langue. Ce qui nous manque, c'est une langue standard, comme en Tanzanie avec le swahili, à Madagascar avec le malgache, ou en encore au Zimbabwe avec le shona, etc. Pour arriver à ce stade, il faut qu'il y ait une réelle volonté politique, une prise de conscience chez les Comoriens de vouloir mieux apprivoiser leur propre culture et que soit mise en place une équipe de chercheurs qui se pencherait sur la question et qui proposerait cette langue standard qui serait utilisée dans tout l'archipel des Comores.

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CI-DESSOUS LES NEWS  RECENTES  DES COMORES

 

 

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A PROPOS DE OUANI

Ouani et ses grands hommes
 
 
L’être humain est insignifiant puisque le corbeau et beaucoup d’autres espèces d’arbres vivent plus longtemps que lui. De ce court séjour dans ce bas monde à la différence d’autres êtres vivants, l’homme peut marquer de son empreinte l’histoire.
A OUANI, ce genre d’homme malgré sa rareté, a existé et continu à exister jusqu’à nos jours. En ouvrant ce nouveau chapitre, quelques dignitaires en collaboration avec le comité de pilotage de la ville ont tenu à rendre hommage beaucoup d’hommes et de femmes qui ont fait du bien à cette ville.
En dehors de tout jugement, ils ont fait de leur mieux pour que Ouani devienne l’une des grandes villes les plus rayonnantes des Comores et Ouani l’est grâce à eux. Elle doit continuer à l’être pour nous et les générations à venir.
A titre posthume, nous tirons la révérence devant Saïd Toiha (Baco Moegné), Saïd Abdou Bacar Nomane, Saïd Abdou Sidi et Saïd Andria Zafi.
 
Le premier pour avoir créé la première école privée de la ville dans l’objectif de ne plus avoir un enfant de six à sept ans non scolarisé, le second qui a été le premier à être ministre et dont les louanges dépassent les frontières de la ville, le troisième a accompagné plusieurs années la jeunesse et le dernier a beaucoup contribué au niveau de l’enseignement primaire par son dévouement et son engagement à instruire ceux qui l’ont fait pour nous. Cette liste vient de s’ouvrir et n’est pas prête de se fermer ; beaucoup d’autres personnes disparues ou vivant tels que les enseignants apparaîtront à la prochaine édition.
Ansaly Soiffa Abdourrahamane
 
Article paru en 2003 dans le n° 0 de Jouwa, bulletin d’information de OUANI
 
 
 
 
LES ENFANTS DE LA VILLE DE OUANI
ET L’HISTOIRE   DES COMORES
 
 Beaucoup d’enfants de la ville de OUANI ont marqué et marqueront toujours l’histoire de leur pays : les îles Comores.
 
 En voici quelques uns dans différents domaines.
 La liste n’est pas exhaustive
 
 I) LITTERATURE
 
LITTERATURE ORALE
 
ABDEREMANE ABDALLAH dit BAHA PALA
 
Grand connaisseur du passé comorien décédé brusquement en 1988.
Actuellement, un projet de publication de sa biographie est en étude.
On trouve beaucoup de ses témoignages sur l’histoire des Comores dans le tome 2 de l’excellente thèse de SIDI Ainouddine sur la crise foncière à Anjouan soutenue à l’INALCO en 1994 
 
LITTERATURE ECRITE
 
Mohamed Ahmed-CHAMANGA
 
Grand linguiste des Comores
 
 Né à Ouani (Anjouan) en 1952, Mohamed Ahmed-Chamanga, diplômé de swahili et d'arabe, a fait des recherches linguistiques sur sa langue maternelle. Il enseigne la langue et la littérature comorienne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il est l'auteur d'une thèse, de plusieurs articles, ainsi que d'un recueil de contes de l'île d'Anjouan : Roi, femmes et djinns (CLIF, 1998). Président de l'Association Fraternité Anjouanaise, Mohamed Ahmed-Chamanga a fondé, en 1997, le journal Masiwa.
 Il enseigne actuellement la langue et la littérature comoriennes à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris (INALCO).
 
AINOUDINE SIDI
 
 Historien & grand spécialiste de l’histoire foncière des Comores 
 
 Né à OUANI, en 1956. Il a fait des études d’histoire à l’université de DAKAR (SENEGAL) et a préparé un doctorat d’études africaines à l’INALCO (PARIS)  Il est actuellement chercheur et Directeur du CNDRS (Centre National de Documentation et de Recherches Scientifiques) à MORONI.
 
 II) MUSIQUES & CHANTS
 
DHOIFFIR ABDEREMANE
 
Un des fondateurs de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Avec ses chansons axées sur la contestation sociale. Il fait partie des premiers artistes qui ont introduit aux années 60 une nouvelle forme de musique aux COMORES.
 
C’est un homme très discret mais plein de talents. On se souviendra toujours de ses productions à la salle AL CAMAR de MORONI.
 
FOUDHOYLA CHAFFI
 
 Une des premières femmes comoriennes à avoir fait partie d’un orchestre musical.
 Il s’agit là d’un engagement incontestable de la part d’une femme comorienne.
 Elle a commencé à jouer un rôle important dans la chanson à partir de 1975 comme chanteuse principale de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Sa voix d’or résonne toujours dans le cœur de tous ceux qui ont vécu dans notre pays de 1975 à 1978. On ne passait pas en effet, une seule journée sans entendre une de ses chansons sur l’égalité des sexes, l’unité des Comores, le changement des mentalités… à la radio nationale.
 
 III) POLITIQUE
 
Le sultan ABDALLAH III
 
 De mère ouanienne, il est l’un des grands sultans qui ont régné dans l’archipel des Comores au 18eme siècle et plus précisément sur l’île d’Anjouan.
 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED
 
La première femme ministre et élue député des COMORES
 
Né le 06 juillet 1952 à OUANI. Elle a enseigné pendant plusieurs années le français et l’histoire géographie dans différents collèges du pays avant d’être nommée secrétaire d’Etat à la condition féminine et à la population en 1991.
De 1991 à 1996 elle a assumé de hautes responsabilités politiques : Haut commissaire à la condition féminine, Ministres des affaires sociales, conseiller spécial du président de la république, secrétaire général adjoint du gouvernement, élue députée ….
Actuellement, elle est enseignante à l’IFERE et Présidente du FAWECOM.
 
Article publié sur le site de l'AOFFRAC (www.aoffrac.com)
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

22 février 2008 5 22 /02 /février /2008 23:22
 « Même la France va fournir des moyens logistiques pour déloger Bacar »
Ahmed ben Djaffar, Ministre des Relations Extérieures
 

undefinedLa Gazette des Comores : quelle est votre réaction par rapport à la nouvelle prolongation de l'Union africaine ?

Ahmed Ben Said Djaffar : Cette nouvelle prolongation n'étonne personne en tout cas pas dans notre ministère car elle est dans la même lignée que les précédentes. Nous, on attendait rien de cette réunion. L'Ua a commencé dans ce sens et peut continuer sa route. Mais cela ne gène en rien notre détermination de régler rapidement la crise par nos propres moyens. Cela fait 10 mois que cette question est entre les mains de cette organisation panafricaine et nous n'avons toujours pas des résultats concrets. C'est pourquoi le Chef de l'Etat a pris la décision de régler ce problème en comptant d'abord sur nos propres forces.

LGDC :Est-ce que vous avez toujours confiance à l'Ua ?

ABSD : Nous avons toujours confiance en l'organisation continentale avec qui on travaille toujours. L'institution a ses procédures qu'elle veut respecter avant de prendre une décision. L'organisation a aussi ses limites qu'elle ne peut dépasser. L'Ua a fait ce qu'elle a pu. Dans certains domaines, elle réussit comme échoue dans d'autres.

LGDC : Depuis hier, des pays amis ont déclaré vous soutenir dans votre démarche. Quel est leur apport ?

ABSD : Je me réjouis que des pays amis ont compris notre cause et ont enfin décidé de nous soutenir. Rien n'est encore acquis mais cela va de l'apport de troupes ou en équipements. Le Soudan promet d'envoyer plus de 600 hommes. Le Sénégal aussi envisage de déployer des troupes. La Libye a promis des fonds pour l'opération. Vous savez qu'il faut des fonds pour nourrir les troupes, les loger et les équiper. Les bonnes volontés ne cessent de se manifester car même la France se déclare disposée à apporter un appui en moyens de transport pour l'opération.

LGDC :L'Afrique du Sud a semble-t-il pris du recul ?

ABSD : Rassurez-vous que l'Afrique du Sud est toujours parmi nous. Ce pays [coordonnateur des efforts des pays de la région, ndlr] suit de près l'évolution de la situation et continue à nous appuyer dans la recherche d'une paix durable. La preuve qu'il est toujours avec nous, la dernière réunion de l'Ua s'est tenue sous sa présidence. La mission qui est attendue dans les prochains jours, sera conduite par son ministre des affaires étrangères Mme Zuma.

LGDC: L'opération va attendre l'arrivée de cet appui étranger ?

ABSD : Il est évident que lorsque ces pays seront en mesure de participer rapidement, ils seront les bienvenus. J'attends par rapidement 48, 72 heures. Dans le cas contraire, nous serons obligés d'opérer avec nos propres moyens. Nous sommes si déterminés que nous n'avons plus le temps d'attendre encore longtemps. Si nous avons engagé l'opération, c'est parce que nous nous sentons prêts pour l'assaut. Les hélicoptères [arrivés à Moroni le week-end dernier] peuvent témoigner de cette détermination de notre gouvernement.

LGDC :Où est passée la mission de négociation de l'Union africaine ?

ABSD : Il est vrai qu'une mission de médiation nous a été annoncée, mais depuis on n'a plus de nouvelles. Cette mission est décidée en marge de la dernière réunion du Conseil de paix et de sécurité. Cela nous parait bizarre car jusqu'à ce jour, elle n'a donné aucun signe de son arrivée dans notre pays. Dans tous les cas, nous saurons les accueillir comme il se doit, mais cette mission ne peut en rien faire traîner l'opération.

LGDC : Est-ce que Bacar peut sous condition demander à quitter l'île à l'amiable ?

ABSD : Bacar n'a pas à poser des conditions pour organiser des élections. Il a suffisamment fait souffrir le pays qu'on ne peut pas le pardonner. On lui a proposé de quitter en toute liberté mais il a refusé toutes les offres. S'il veut quitter l'île, il peut le faire mais sans aucune condition. Nous accepterons qu'il quitte Anjouan à l'amiable parce qu'on veut éviter un bain de sang. Comme tout bon musulman, on ne peut pas vouloir la guerre s'il propose la paix, mais sans condition. Il faut qu'il sache que l'histoire n'oublie pas et va le juger. Si ce n'est pas aujourd'hui, c'est demain.

LGDC :Enfin, votre cote serait en baisse selon Al-Watwan ?

ABSD : Je suis écoeuré par les propos qu'a écrit Al-Watwan. Je me demande comment des journalistes aussi expérimentés d'un grand journal comme Al-Watwan aient pu écrire un tel papier. Je le regrette car tout ce qui est dit est totalement faux et même diffamatoire. En principe, lorsqu'on écrit un article, on vérifie ses sources, mais je me demande ce qui leur est arrivé. D'abord, je ne sais pas pourquoi j'allais interdire au président de parler de la question d'Anjouan. Ensuite, interrompre le président ce serait de ma part manquer de courtoisie... Par rapport à la question de Mayotte, des démarches sont engagées et des discussions se poursuivent régulièrement. Mais ce n'est pas parce que je n'en parle pas que la question de Mayotte est pourtant oubliée...

Propos recueillies par Ahmed Abdallah de La Gazette des Comores numéro 681 du vendredi 22 février 2008


 
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1 janvier 2008 2 01 /01 /janvier /2008 13:20
Vous trouverez ci dessous l'interview du chef d'Etat-major accordée au journal Alwatwan (n°1024 du 28 décembre 2007)

Libération de Ndzuwani
Le chef d'Etat-major affirme préparer le débarquement
 
Photo : le chef de l'etat-major (à gauche) à côté du Président de l'Union des Comores (le barbu)

undefinedL'armée s'apprête à prendre ses ''responsabilités'' à Anjouan d'après le chef d'Etat major de l'And. ''Nous saurons une fois sur place si comme vous le dites, c'est une seule personne qui tient en otage Anjouan ou tout ou partie d'Anjouan. Tout dépendra du comportement de la population. J'ai des raisons d'espérer que la population nous sera favorable ce qui déterminera tout le reste''.
Il y a quelques mois vous sembliez hésiter devant la perspective de devoir envoyer des hommes se battre à Anjouan. Pensez-vous qu'aujourd'hui, les conditions matérielles et morales d'un succès militaire à Anjouan soient réunies?
Les journalistes aiment pinailler mais je n'ai jamais hésité quant à une intervention militaire à Anjouan. Demandez au niveau de la Maes, je leur avais dit en mai quand on a lancé l'idée des derniers avertissements et autres sanctions qu'on était en train de perdre du temps au profit de Mohamed Bacar qui n'allait céder devant quoi que ce soit et qui nous prenait pour des enfants de chœur. Ma dernière intervention télévisée a été on ne peut plus claire : si nous parlions hier d'une éventuelle intervention à Anjouan, nous parlons maintenant d'une intervention certaine. Comment pouvez-vous voir une incertitude dans une certitude?
Pour les conditions matérielles, le gouvernement comorien est en train de faire des efforts extraordinaires pour relever ce défi. Quant aux conditions morales, l'And adhère à l'idée. Mais, encore une fois, quant on voit ces déclarations politiques et autres "plans B" qui s'opposent à toute idée d'intervention, on se demande si ces hommes et femmes ont compris que la patrie est en danger; cela nous déçoit, nous qui croyions naïvement que c'était pour eux un devoir de nous soutenir. Et quand ils mettent la Fga et l'And au même niveau. Essayez de comprendre le reste. Quels calculs!
Le président de l'Union a affirmé avoir donné à l'armée l'ordre de préparer cette intervention. Cela veut-il dire que l'armée pourrait agir seule sans la couverture de l'Union africaine?
L'Union des Comores est une nation souveraine. Le gouvernement comorien, il me semble, a le droit de prendre ses responsabilités si personne d'autre ne peut régler ce problème. La couverture de l'Union Africaine n'a jamais été exclue et sera toujours la bienvenue si elle est obtenue. Mais encore faut-il l'obtenir!
Le départ du général Igotri ne démontre-t-elle pas indirectement que la Tanzanie ne serait pas tout à fait acquise à l'idée d'envoyer des troupes à Anjouan dans le contexte actuel?
Vous vous trompez, pardonnez moi de le dire. La Tanzanie est prête à participer à toute action militaire à Anjouan sous la bannière de l'Union africaine. Le reste, naturellement, est une affaire d'arrangements bilatéraux c'est à dire entre les deux Etats. Cela dit, il n'y a que le Général Igotri qui est parti mais les troupes sont là! Et vous comprendrez qu'un général de Brigade ne peut pas assumer les mêmes responsabilités qu'un colonel. C'est la raison pour laquelle par rapport à son galon et à ses mérites, le général Igotri va commander une brigade en Tanzanie. J'y vois une logique absolue!
A quoi sert finalement l'armée comorienne si un seul homme peut prendre en otage une île de l'Union et se jouer de la nation pendant autant de temps sans que l'armée réagisse? Ne faudrait-il pas envisager de la reformer? Si oui dans quel sens?
Elle sert à assurer l'unité et l'intégrité du territoire ainsi que la vie des populations et c'est dans ce sens que vous et toutes les âmes éprises d'unité et de stabilité devez vous mobiliser pour m'aider. Croyez bien que j'ai mal à mon pays et à mon armée et que ma détermination est totale pour libérer Anjouan. Tout le monde nous regarde aujourd'hui et je conviens qu'il est temps que nous prenions nos responsabilités. Mais les autres aussi, politiciens, société civile, ulémas, intellectuels, hommes de presse, doivent prendre les leurs. Car la défense d'un pays est globale, elle n'est pas que militaire. Tout ce monde a un rôle important à jouer. Ne tombons pas dans l'erreur de n'y voir qu'une affaire militaire. Rappelez-vous ce que disait l'autre : ''la défense est une affaire trop sérieuse pour être confiée aux seuls militaires''. Cela dit, nous saurons une fois sur place à Anjouan si comme vous le dites, c'est une seule personne qui tient en otage Anjouan ou tout ou partie d'Anjouan. Tout dépendra de leur comportement et de leur réaction. J'ai des raisons d'espérer que la population nous sera favorable ce qui déterminera tout le reste.
Un colonel de l'armée a été condamné à la prison ferme par un tribunal civil. Pourquoi l'Etat-major a laissé un officier en fonction comparaître devant un tribunal civil dans le cadre de ses activités militaires? Quel est maintenant l'avenir du colonel Chaharane dans l'armée?
Evitons les polémiques! Dès lors que nous n'avons pas de tribunaux militaires, quel autre tribunal devait le juger? Je voudrais vous rappeler que la justice est indépendante, que nul n'est censé ignorer la loi et que tout citoyen est justiciable. Même moi, chef d'Etat-major, je ne suis pas au-dessus de la loi. Je ne me déroberai pas à la justice lorsqu'elle doit m'entendre, je n'ai pas ce droit et personne d'autre n'a le droit de s'y opposer! Pour le reste, faisons quand même confiance à notre justice!
Propos recueillis par Ali Moindjié 
Alwatwan
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11 octobre 2007 4 11 /10 /octobre /2007 06:11
Questions à... Halidy Charif
 
«Les étudiants en situation irrégulière sont manipulés» 

L'Ambassadeur des îles Comores parle du fond du problème des étudiants comoriens à Madagascar.


• Pouvez-vous donner plus d'explications sur le problème des étudiants comoriens ?

- Je tiens à signaler que c'est un problème datant de 2001, du moins d'après les renseignements qui m'ont été fournis. Beaucoup d'étudiants se trouvant en situation irrégulière se plaignent du coût élevé du visa de séjour à Madagascar.

• Est-ce une raison pour hausser le ton ?

- Le comble dans cette affaire c'est qu'il y a manipulation. Les jeunes ressortissants comoriens en situation irrégulière qui prétendent être des étudiants amplifient la situation, dans le but de mettre la pression sur les responsables comoriens.
• Qu'entendez-vous par situation irrégulière ?

- Une poignée de ceux qui s'érigent en victimes de la mesure prise par le gouvernement malgache est non seulement concernée par le problème de visa, mais aussi par d'autres malversations. Nombre d'entre eux ont commis des délits tels que faux et usage de faux en matière de passeport et de visa, de diplômes et d'autres paperasses. Ce sont eux qui sont touchés par l'expulsion, et non pas systématiquement tous les étudiants en situation irrégulière. Ils ont profité de la situation pour monter au créneau.
• Qu'est-ce qui les pousse à broder sur la décision administrative ?

- Sachant pertinemment que leurs noms sont fichés par les universités et les grandes écoles malgaches et qu'ils seront définitivement rapatriés, ils usent de tous les moyens pour influencer l'opinion. Ils ont honte de rentrer au pays avec une image négative, donc ils n'ont d'autre recours que de monter une histoire pour tout occulter. Le plus malheureux c'est qu'ils entraînent les étudiants ayant rempli les formalités necessaires dans leur jeu.

• Malgré tout, il est de votre devoir de les protéger...

- L'intervention n'est possible que pour ceux qui le méritent. Nous ne sommes pas là pour protéger les délinquants. Nous respectons la loi aussi bien aux Comores qu'en territoire étranger comme Madagascar.

• Quelles solutions allez-vous prendre pour ceux qui sont en cours de régularisation ?

- J'ai demandé une audience auprès du ministre de l'Intérieur après la rencontre avec les autres responsables de ce département. J'attends une réponse dans le sens d'un ajournement du départ de ceux en période d'examen et décidés à régulariser leur situation.
Propos recueillis par
Stéphane Solofonandrasana
Source : L'Express de Madagascar
 
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19 août 2007 7 19 /08 /août /2007 22:37

HALIDI-BLOG-COMORES

Vous trouverez ci-dessous l'interview accordée il y a quelques jours par le Ministre de la justice de l'Union des Comores au journal Alwatwan

Interview du ministre de la Justice
Quatre projets de loi pour crédibiliser la justice
Le garde des Sceaux s’apprête à déposer au parlement qui ouvre une session extraordinaire ce 17 Août des projets de loi sensés bousculer de mauvaises habitudes. Il explique dans l’interview qui suit en quoi consistent ces textes.
 
Juge d'instruction au palais de justice de Moroni il y a longtemps, vous avez abandonné vos fonctions pour devenir avocat avant d'être nommé ministre de la Justice depuis peu. La justice ayant été au cœur de la campagne du président Sambi en 2006, vous semblez abonder dans  ce sens en soumettant au Parlement  
 qui siège dès ce 17 août, une série de projets de loi sur la justice. Sur quoi portent précisément ces projets ?


J'ai exposé largement au cours de ma dernière conférence de presse à Voidjou, les projets de loi que je vais soumettre au Parlement qui ouvre ses travaux, vous l'avez dit, ce 17 août. Le but de ces projets est d'apporter des améliorations devenues nécessaires pour la qualité de la justice. Il nous faut redonner à notre justice la crédibilité dont elle a besoin tant auprès des citoyens qu'auprès de nos partenaires étrangers. Nous visons la crédibilité et la transparence parce qu'ils sont des piliers de bonne gouvernance. Nos projets, au nombre de quatre, portent modification de certaines dispositions de certains textes qui ne répondent plus aux besoins du pays et de ses habitants.    

 
Pourriez-vous nous dévoiler ici le contenu de vos projets ?     

 
Notre premier projet de loi porte modification et abrogation de certaines dispositions de la loi sur le statut de la magistrature. Nous devons assurer aux justiciables la garantie que les affaires les concernant puissent être traitées dans des délais raisonnables. Les procédures actuelles ont la fâcheuse tendance d'allonger les délais de façon indéfinie. Il nous faudrait mettre un terme à cela. Il y a donc nécessité à ce que nous adaptions les règles de procédures aux réalités du pays. 
Le second projet va porter, lui aussi, modification et abrogation de certaines dispositions du code pénal. Par les temps qui courent, la proportion des viols et des agressions sexuelles ne cesse de monter en flèche. Pour y remédier, nous avons intérêt à revoir nos textes. Cet intérêt est d'autant plus grand qu'il va de la protection de notre population toute entière à commencer par ceux de citoyens les plus vulnérables ; je veux parler des enfants, des scolaires souvent victimes d'abus sexuels de la part de ceux qui ont autorité sur eux. Notre objectif est de permettre à la justice comorienne de réprimer le viol dans sa forme réelle qui est criminelle alors qu'il n'était considéré, jusqu'ici, que comme délit. Ce qui n'est pas très rassurant pour les Comoriens et pas suffisamment dissuasif au regard de ce que nous vivons presque tous les jours. 
Quant au troisième projet, il s'agit d'un projet de loi organique modifiant et abrogeant une loi de septembre 2006 relative à l'organisation judiciaire sur l'ensemble du territoire aussi bien au niveau de l'île qu'au niveau de l'Union. Le quatrième, c'est le dernier, certes, mais pas le moins important, est un projet de loi relatif à la lutte contre la corruption, et au sein de l'administration publique, en particulier. Le projet vise à inverser la charge de la preuve. Ce qui permettra d'enrayer la délinquance en col blanc dès lors qu'il sera donné aux prévenus de justifier du contraire de ce dont on les reproche.      
Dans les nouvelles dispositions que vous avez soumis aux députés, on retrouve certaines qui ne feront pas la joie de …


Oui ; je pense que vous voulez parler, peut-être de l'imprescriptibilité des délits pour ce qui est des détournements des deniers publics. C'est vrai, cela n'est pas du goût à plaire à tout le monde. Mais nous sommes guidés par l'intérêt général. Il est plus facile pour un citoyen lambda de s'emparer du bien collectif et se mettre au vert pendant un certain moment pour réapparaître quelques années pour se moquer de tout un peuple. Nous devons mettre un terme à cela. L'impunité ne doit plus avoir cours dans notre pays. 
Je vais, peut-être, vous surprendre mais je dois vous dire que parmi les nouveautés, le texte que nous soumettons au Parlement, prévoit la rétroactivité pour les détournements des deniers publics.  

Quelles sont les conséquences de tout cela ?


Il n'y en a qu'une, à mon avis : le pays va redorer son blason sérieusement terni. Le citoyen comorien aura confiance en sa justice, mais il n'y aura pas que lui. Nos partenaires sauront nous faire confiance également dès lors que ceux d'entre eux qui veulent s'installer ici et investir sauront qu'ils seront protégés par la loi.
Avec une justice juste, crédible, saine et transparente, nous engageons le pays sur la voie de la bonne gouvernance qui conduit inexorablement vers le développement. Il faut savoir que sans justice, pas de développement et pas de développement sans bonne gouvernance. 

 
On parle aussi de réformes dans les cours d'assises. Quelle est la nouveauté ? 
 
En matière d'assises, notre souhait est la suppression du jury populaire. Nous estimons que le justiciable a tout à gagner à faire face à des magistrats professionnels car avec ces derniers plutôt qu'à un jury populaire, de nombreuses erreurs sauraient être évitées. Nous ne voulons pas donner la moindre possibilité à l'erreur surtout en matière d'assises. C'est important !   

Ce sera tout ? 
 
Non. Les modifications que nous proposons portent également sur la possibilité que le pays doit offrir à nos juridictions de faire appel à des magistrats étrangers. Cela contribuera grandement à l'amélioration de la justice comorienne.
La présence de magistrats étrangers dans nos instances judicaires comblera des lacunes en même temps qu'elle stimulera nos propres magistrats qui auront là l'occasion de se mettre en compétition avec leurs collègues étrangers. L'autre mérite demeure encore dans la plus grande crédibilité qu'aura notre justice aux yeux de l'opinion tant nationale qu'internationale. J'espère que les élus du peuple sauraient faire écho au gouvernement pour le bien de nos concitoyens, leurs électeurs.   

Propos recueillis par M. Hassani
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7 juillet 2007 6 07 /07 /juillet /2007 23:01
INTERVIEW DE CAAMBI EL YACHOURTU, ANCIEN VICE PRESIDENT DE L’UNION DES COMORES ET ACTUEL BRAS DROIT DE MOHAMED BACAR
 
ACCORDEE AU JOURNAL KASHKAZI LE 12 JUIN 2007
 
“Bacar est incontournable”

« Il est sûr que nous ne sommes pas en odeur de sainteté avec Sambi, mais il n'est pas normal de lui mettre des bâtons dans les roues. Mais si on en est arrivé là, c'est de sa faute ».


KASHKAZI 
: Caambi el-Yachourtu, vous avez toujours défendu l'unité des Comores, vous possédez une image de politicien modéré, respectueux des règles démocratiques, soucieux du dialogue, et aujourd'hui vous soutenez Mohamed Bacar, dernier espoir des séparatistes qui gère Ndzuani de main de fer.
Pourquoi ?

Caambi el-Yachourtu : Certains ne comprennent pas que je me range aux côtés de Bacar. Pour ces gens, Bacar est un obstacle. Toutefois, le problème est selon moi plus général. On peut lui trouver des circonstances atténuantes. Anjouan est l'île qui connaît le plus de problèmes économiques, le plus de pauvreté, qui possède une situation sociale très fragile qui peut exploser. Le mérite de Bacar, selon moi, est qu'il a maintenu la situation et évité le chaos. D'autre part, Bacar a l'avantage d'être un pur produit du processus de réconciliation nationale. On veut dialoguer avec lui pour qu'il comprenne la nécessité de développer une nouvelle politique dans l'île. Ceux qui nous critiquent aujourd'hui comprendront plus tard. Nous allons vers lui car il incarne quelque chose vis-à-vis des Anjouanais, même s'il commence à devenir impopulaire.

:Il a mis en place un système dictatorial...

CE : La situation est telle à Anjouan qu'il fallait ne pas ouvrir les vannes. Il y a une réalité qu'il faut connaître, et pour cela il faut vivre sur place. A partir de là, on doit pouvoir aller progressivement vers une bonne gouvernance. Le système Bacar ne doit pas perdurer. Il doit changer. Mais vu la situation, nous devions passer par là. On aurait pu avoir une révolution islamique, ou une situation séparatiste à la somalienne. Parce qu'on n'a pas su gérer les causes du séparatisme, cela peut exploser à tout moment.


K : Ces derniers temps, des journalistes ont été frappés, des opposants placés en garde à vue... Vous cautionnez cela ?

CE : Ce n'est pas une bonne chose. Il faut laisser les gens s'exprimer. Mais nous avons vécu une période de grandes tenions. Dans ces périodes, il peut arriver de prendre des décisions arbitraires. Certaines méthodes issues du séparatisme n'ont pas disparu : les “embargos” qui servent Bacar les emploient encore. Mais si Bacar n'était pas là, ils auraient tout cassé ! Cela n'excuse pas ce qu'il s'est passé ces dernières semaines. Mais cela va changer...

K : Soutenez-vous Bacar dans le but de déstabiliser Sambi ?


CE : Il est sûr que nous ne sommes pas en odeur de sainteté avec Sambi, mais il n'est pas normal de lui mettre des bâtons dans les roues. Mais si on en est arrivé là, c'est de sa faute.

K : Bacar a été élu après des élections irrégulières : intimidations, bourrages d'urnes... Est-ce acceptable ?

CE : Il est certain que cela ne me met pas à l'aise. Il ne faut pas non plus penser que personne n'a voté : moi, Nassuf Abdallah, Ibrahim Halidi avons su mobiliser. Il est vrai que certains barons locaux ont voulu se faire bien voir et ont bourré les urnes, mais le débat n'est pas là. La faute en revient à Sambi, qui a voulu faire d'Anjouan une exception.

K : C'est Bacar qui l'a empêché d'atterrir à Ndzuani !

CE : C'est vrai qu'il aurait dû pouvoir venir. C'est notre président tout de même. Mais le problème venait de ses partisans. S'il était venu, c'était fini. Il y aurait eu des débordements et des violences. Il ne venait pas en président, il venait en campagne. Ce n'est pas bon.

K : Vous semblez penser que Bacar est le seul à pouvoir sortir l'île de cette situation. Mais cela fait six ans qu'il est au pouvoir...

CE : Il a l'expérience. Bacar n'est pas le meilleur candidat. Mais c'est le moins mauvais. Pour l'instant, il est incontournable. Nous l'avons rejoint dans une démarche constructive et non opportuniste. Nous pensons pouvoir le faire évoluer.

RECUEILLI PAR RC. Entretien réalisé le 12 juin 2007
Source : Kashkazi N° 65


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27 mai 2007 7 27 /05 /mai /2007 10:35
LU POUR VOUS :
 
INTERVIEW ACCORDEE LA SEMAINE DERNIERE AU JOURNAL ALWATWAN PAR LE MINISTRE DES RELATIONS EXTERIEURES DE L’UNION DES COMORES
 
Ahmed B. S. Jaffar, ministre des Relations extérieures
''Nous ne céderons pas sur les principes''
 
Je veux bien pour des raisons politiques qu'on affecte des personnes qui ne relèvent pas de la diplomatie, mais je ne peux pas non plus admettre que ces ambassades là soient complètement dépourvues de véritables diplomates
 
L'accord politique parrainé par l'Union Africaine n'est toujours pas appliqué dans sa totalité. Les forces de la gendarmerie de Ndzuwani continuent les mêmes pratiques. Qu'attendez-vous pour faire respecter cet accord?
Tout le monde convient en effet que cet accord n'est pas appliqué dans sa totalité. Des manquements dans son application son constatés. C'est pourquoi, une initiative a été prise par le ministère des Relations extérieures de mettre en place, en collaboration avec la communauté internationale, un comité de suivi qui permette d'évaluer sa mise en œuvre.
Ce comité devra être composé de représentants de l'Union, de la communauté internationale et de la partie anjouanaise. Il devra avoir pour mission notamment de saisir les autorités compétentes pour statuer sur la non-application d'un certain nombre de clauses de cet accord. Il sera installé à Ndzuwani jusqu'à la tenue des élections. Il est mis en place, il reste de petits problèmes techniques liés à la disponibilité des personnes désignées.
En ce qui concerne la sécurisation des élections, estimez-vous qu'avec des effectifs réduits, cette force puisse être à la hauteur des enjeux à un moment où l'on craint un rebondissement du colonel Bacar?
Suite à la tenue du conseil de paix et sécurité à Durban, il est prévu que cette force de sécurisation séjourne aux Comores du 13 mai au 31 juillet et pourra être prolongée jusqu'à l'installation définitive et effective de l'autorité de l'Union sur l'ensemble du territoire comorien et en particulier à Ndzuwani.
Cette date a été retenue par principe, car lors de cette réunion, nous avons rappelé à l'Union Africaine ce qui est arrivé après le départ rapide de l'Amisec (à l'issue de la dernière présidentielle de l'Union, ndlr). A cette occasion, on a raté un certain nombre d'opportunités qui auraient pu être réalisées avec la présence de l'Amisec.
Il y aura certainement une réduction d'effectif, mais nous espérons qu'après les élections, une partie de cette force de sécurisation restera jusqu'à l'installation effective de l'Union sur l'ensemble du territoire.
 
Vous avez eu des échanges plutôt houleux avec l'ambassadeur de France à Moroni..
… Il n'y a pas vraiment eu des échanges houleux comme vous dites. L'ambassadeur a exprimé un certain nombre de choses. Je suis arrivé aux Comores, à la suite d'un rendez-vous que j'avais pris deux semaines bien avant que j'intervienne à la télévision. Le hasard a fait que mon intervention a eu lieu juste après les propos de l'ambassadeur. Il était de mon devoir de souligner un certain nombre de propos choquants tenus par le diplomate français et reçus comme tel par l'opinion et les autorités comoriennes.
Nous avons saisi l'occasion pour attirer l'attention sur certains écarts de langages qui ne sont pas de nature à apaiser les esprits aux Comores. De tels propos ne doivent pas être tenus. J'ai tenu à rappeler le droit de réserve qui sied aux diplomates et je pense qu'il l'a très bien compris.
Quels sont les grands dossiers que votre prédécesseur vous a légués et dans quel état?
J'ai toujours dit qu'il y a la continuité de l'Etat. Au niveau bilatéral, il y a, bien entendu, la question de Maore que l'on a repris. Vous savez, les orientations que l'on nous a données. Nous y sommes attelés dès le départ, car, la vision si elle était la même, en tout cas les orientations ne le sont pas.
C'est un dossier important, nous essayons de régler cela de notre manière et par rapport aux orientations qui sont les nôtres. L'on notera le dossier de suivi de la conférence des bailleurs de Maurice, qui est un dossier très important. Nous le travaillons en étroite collaboration avec les ministères concernés, le commissariat au plan. Il y a également la commission mixte franco-comorienne, le document cadre de partenariat avec la France.
Qu'en est-il de la participation annoncée de Maore aux prochains Jeux des îles de l'Océan indien?
Les choses sont très claires. La position du gouvernement comorien a été d'ailleurs exprimée par son porte-parole : ''Si les Maorais participent à ces jeux des îles de l'Océan Indien en tant qu'entité à part, l'Union des Comores n'y participer pas''. Il reviendra à nous, maintenant, d'assumer.
C'est-à-dire…
… de poser la question sur notre raison d'être au sein de la Commission de l'Océan indien. Je sais, bien entendu il y a un comité d'organisation de ces jeux, mais la Coi devra également se sentir concernée par cette question, puisque la Coi a toujours respecté les résolutions de l'Onu ou de l'Union africaine qui considèrent que les Comores sont composées de quatre îles dont Maore.
Comment peut-on accepter à ce que l'île comorienne de Maore participe à ces jeux en tant qu'entité à part entière? Que les Maorais participent sans aucun signe d'appartenance à la France, le problème n'est pas là. Il s'agit d'un problème de principe, de souveraineté. Aujourd'hui, imaginez si les athlètes Maorais sont amenés à s'affronter aux athlètes des autres îles des Comores. Est-ce normal? Je ne le pense pas.
Maintenant s'ils participent avec les Réunionnais dans la même délégation, c'est leur problème. Et nous ne pouvons pas admettre que, sous quelque forme que ce soit, les Maorais participent en tant qu'entité à part à ces jeux.
Les Comores sont membre de la Ligue des Etats arabes depuis plus d'une décennie. Certains estiment qu'elles ne tirent pas assez des retombées de cette adhésion…
Je ne sais pas pourquoi vous considérez que le pays ne tire pas l'essentiel des retombées. Avec la Ligue des Etats arabes, un fonds de dix millions de dollars a été retenu en faveur de notre pays. C'est vrai que jusqu'alors nous n'en avons bénéficié que 4. Pour le reste, à chaque réunion, à chaque sommet, la Ligue ne rate pas l'occasion d'interpeller le reste des pays de donner leurs contributions.
Au delà de ces questions financières, vous pouvez déjà constater qu'à chaque fois qu'on a besoin de l'accompagnement ou de la présence de la Ligue des Etats arabes aux Comores elle est présente. Des missions, des délégations arrivent aux Comores pour soutenir nos efforts de réconciliation nationale et de développement.
La Ligue doit participer au financement des prochaines élections à hauteur de près de 300 000 dollars. Il y a trois semaines, une mission de la Ligue a tenu à Moroni des séances de travail avec un certain nombre de ministères sur des projets de développement. Nous attendons maintenant la réaction des experts qui étaient venus aux Comores. Avec la Ligue tout se passe bien.
Les Comores n'arrivent pas à entretenir leurs huit représentations diplomatiques à l'extérieur. Que préconisez-vous à cour terme pour trouver solution à cette question qui met à mal l'image du pays à l'étranger?
La tendance actuelle dans le monde c'est de réduire un certain nombre de missions diplomatiques. L'ouverture d'une mission diplomatique est fonction de l'intérêt réciproque que deux pays s'accordent. Nous essayons, tant bien que mal, d'entretenir les nôtres. Ces derniers temps, nous avons réglé un certain nombre de problèmes d'ordre matériel et pratique. De même, les loyers sont payés jusqu'au 31 décembre prochain.
C'est dire que notre préoccupation est de bien maintenir nos représentations. Maintenant, pour redorer l'image de notre pays à l'extérieur, j'ai décidé personnellement d'accorder l'attention et le mérite qu'il faut aux cadres du ministère des relations Extérieures.
C'est, pour moi, une manière de rehausser l'image de nos ambassades à l'extérieur qui sont la vitrine du pays. Il est inadmissible que nous y affections des personnes qui n'ont pas le profil de diplomate requis. Je veux bien pour des raisons politiques qu'on affecte des personnes qui ne relèvent pas du domaine de la Diplomatie dans les ambassades, mais je ne peux pas non plus admettre que ces ambassades là soient complètement dépourvues de véritables diplomates.
Quel commentaire faites-vous de la situation qui prévaut à Ndzuwani à moins de vingt jours des présidentielles?
Sur cette île, les difficultés perdurent depuis dix ans. A un moment donné, on a cru avoir fini avec le séparatisme. Malheureusement, certains veulent nous ramener dix ans en arrière, à ce moment le plus sombre de notre histoire.
Les Comoriens savent pour l'avoir vécu qu'à, chaque fois qu'il y a une tentative de décollage économique, les esprits maléfiques reviennent. Quand nous initions des projets porteurs, comme en ce moment, nous voyons resurgir le spectre du séparatisme. Mais nous avons confiance aux Comoriens. Nous comptons sur le sursaut national, sur cette veine nationaliste que possèdent les comoriens pour ne pas céder enfin à toutes ces manœuvres que Mohamed Bacar et sa clique cherche pour déstabiliser ce pays.
Nous sommes conscients que toute la stratégie de Mohamed Bacar, c'est de faire en sorte que ces élections n'aient pas lieu. Car, il sait très bien que si elles se passent dans la transparence, dans la sécurité, dans la démocratie et en toute liberté, il les perdra.
 
Propos recueillis par
Mohamed Youssouf Kaiva
 
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17 avril 2007 2 17 /04 /avril /2007 16:24
Agence comorienne de presse (HZK-Presse)
 
Comores / Politique & institutions
 
Entretien du chef de l’Etat avec l’ORTC :
Le président Sambi refuse tout soutien à un candidat aux prochaines élections présidentielles des îles
  
Moroni, mardi 17 avril 2006 (HZK-Presse)Le président de la république déclare n’avoir aucun candidat à soutenir lors des prochaines élections présidentielles des îles autonomes. Cette déclaration faite par Ahmed Abdallah Sambi au cours d’un entretien accordé ce week-end aux médias d’Etat, sonne comme un désaveu à l’endroit de son ancien directeur de cabinet, Mohamed Abdouloihabi, présenté jusqu’ici comme le candidat de la mouvance du président Sambi à l’élection présidentielle de l’île de Ngazidja.
 
« Si je dois soutenir un candidat, je le ferai à titre personnel, car je refuse toute utilisation des moyens de l’Etat au profit d’un candidat quelconque », dit en substance le président de l’Union.
 
Abordant le dossier de la question épineuse de Mayotte, le chef de l’Etat comorien affirme que « nul ne peut nous empêcher de clamer notre souveraineté sur cette île qui est comorienne et qui le restera pour toujours ». Et le président Sambi de dénoncer la récente décision des autorités françaises de détacher Mayotte du code téléphonique 269 [attribué depuis 1976 à l’ensemble des quatre îles de l’archipel des Comores par l’Union internationale des télécommunications, ndlr].
 
« Mais comme ils [les responsables français] ont décidé de rattacher Mayotte au code 262 de l’île de La Réunion, pourquoi dans cette même logique les athlètes mahorais ne rejoindraient-ils pas la délégation réunionnaise lors des prochains jeux des îles de l’Océan indien ! », a lancé le président Sambi, faisant allusion à la volonté de Paris de faire participer Mayotte à ces jeux en tant qu’entité distincte, voire même de siéger aux instances olympiques et sportives de la sous région avec le statut de « pays membre à part entière ».
 
Sur ce même dossier, le chef de l’Etat a confirmé l’intention de son gouvernement « de réinscrire la question de l’île comorienne de Mayotte à l’ordre du jour de la prochaine session de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies », comme cela était déjà annoncé en août 2006 par le chef de la diplomatie comorienne Ahmed Ben Said Jaffar, après un retrait de deux ans décidé par l’ancien régime du colonel Azali Assoumani.
 
Pour le président Sambi vient de rentrer d’un périple d’une dizaine de jours dans le Golfe et au Sénégal, « les Comores sont aujourd’hui un pays respecté dans le concert des nations », et cette crédibilité retrouvée serait à ses yeux le résultat de son action diplomatique d’ouverture et de sa politique de changement qu’il s’est engagé à réaliser, dit-il.
 
Revenant sur le « lourd héritage » que lui ont laissé ses prédécesseurs, Ahmed Abdallah Sambi déplore « l’absence d’études de faisabilité surtout en matière de grandes infrastructures » pour les dix à vingt prochaines années, ce qui « nous oblige à tout reprendre à zéro », ajoute le successeur d’Azali.
 
Mais il ne suffit plus de trouver des investisseurs pour financer nos projets de développements, encore faut-il disposer de ressources humaines qualifiées, qui font cruellement défaut dans le pays, fait observer le président Sambi.
 
Sur le conflit des compétences avec les îles autonome, le président de l’Union réaffirme son hostilité à l’existence de plusieurs corps d’armée sous commandement différents, la situation actuelle d’Anjouan étant selon lui « intolérable », en tant que chef des armées sur l’ensemble du territoire national. Il dit s’en être référé au président en exercice de la Commission de l’Union africaine, Alpha Konaré.    
 
En clair, le président Sambi entend en découdre avec le colonel Mohamed Bacar, chef de l’exécutif d’Anjouan et candidat à sa propre succession, qui « s’obstine à vouloir gérer l’île en véritable Etat indépendant » au sein la république.
 
Et le président Sambi de reconsidérer sa position sur le nouveau cadre institutionnel issu de l’accord de réconciliation nationale du 17 février 2001, qu’il qualifie « d’inadapté » et de « budgétivore » pour les Comores. Il invite même la classe politique à y réfléchir et à tirer les enseignements de tous les systèmes politiques que le pays a expérimentés en plus de 30 ans d’indépendance.
 
Le mode de fonctionnement actuel de l’Etat serait « source de dérapes et de gaspillages des deniers publics », martèle le président de l’Union, qui accuse les exécutifs des îles d’abuser parfois de leurs « prérogatives », en semant la confusion à l’extérieur alors que la diplomatie est considéré comme domaine exclusif du gouvernement central.
 
El-Had Said Omar
170406/eso/hzkpresse/6h30
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8 mars 2007 4 08 /03 /mars /2007 00:24
LE 08 MARS : JOURNEE INTERNATIONALE DE LA   FEMME
 
Aujourd’hui, le 08 mars 2007, nous avons une grande pensée pour la  femme en général, et pour la femme comorienne en particulier. En effet,    c’est la journée internationale de la femme qui est célébrée avec faste dans tous les pays.
 
A cette occasion, nous vous proposons ci-dessous l’interview que nous a accordée Madame SITTOU RAGHADAT MOHAMED, « la pionnière et la référence en matière de femmes politiques» aux COMORES
 
 
ENTRETIEN AVEC MADAME SITTOU RAGHADAT MOHAMED
LA PREMIERE FEMME MINISTRE ET ELUE DEPUTEE DES  COMORES
 
 
« JE NE SUIS PAS DU GENRE À FAIRE DE LA FIGURATION. JE M’IMPOSE PARTOUT OU JE SUIS ET POUR CELA JE SUIS GENANTE»
 
 
 
 
 
    
HALIDI-BLOG-COMORES - Si je vous demande de vous présenter brièvement à ceux et celles qui ne vous connaissent pas, que
diriez vous ?
 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED - Je m’appelle Madame Sittou Raghadat Mohamed. Je suis née le 6 juillet 1952 à Ouani-Anjouan. Mariée, mère de 5 enfants dont une fille adoptive et grand-mère.
 
Enseignante de formation, j’exerce actuellement à l’institut de formation des enseignants et de recherche en éducation (IFERE) à l’université des Comores.
 
Femme politique, ancien ministre et  élue député aux Comores en décembre 1993.
 
Mes hobbies sont le sport, la lecture et la musique.
 
HBC - Quelle signification donnez vous à la journée du 8 mars 2007 ?
 
SRM - La journée du 08 mars 2007 marque le 30ème anniversaire de la journée internationale de la femme instituée en 1977 par les Nations Unies. Cette journée nous donne l’occasion de célébrer les progrès accomplis dans la promotion des droits des femmes et d’évaluer les difficultés auxquelles elles sont encore confrontées. Elle nous permet aussi de chercher les moyens à mettre en œuvre pour que les femmes et les filles obtiennent leurs droits
 
HBC - Quelle est la situation actuelle de la femme comorienne ?
 
SRM - La femme Comorienne est une ressource capitale pour
le développement de notre société. Pourtant elle se trouve confrontée à une lutte quotidienne pour la survie de sa famille. Sa participation aux activités sociales et économiques du pays ne lui garantit pas des conditions de vie meilleure.
 
Au cours de ces dernières années, les femmes sont entrées massivement dans la vie publique. La forte scolarisation des femmes a en effet joué un rôle fondamental dans ce processus. Certaines d’entre elles, munies de leur diplômes, ont pu ainsi accéder à différentes fonctions dans la hiérarchie administrative. Elles s’avèrent aussi compétentes que les hommes. Cependant elles sont sous représentées, voire absentes dans le domaine politique malgré les bonnes intentions affichées et les promesses à son endroit par les différents régimes qui se succèdent.
 
HBC - Parlez nous de la loi relative au code de la famille votée récemment par l’Assemblée de l’Union des Comores ?
 
SRM - Le code de la famille est en effet voté récemment par l’assemblé de l’union des Comores. C’est une bonne chose pour les Comoriens et les Comoriennes. Nous avons fait beaucoup de concessions car il fallait que le pays soit doté d’un code de la famille. Même si ce n’est pas l’idéal il y a quand même certains acquis. J’espère qu’il sera appliqué.
 
HBC - L’islam est il une entrave à l’émancipation de la femme comorienne ?
 
SRM - L’islam pratiqué aux Comores est plutôt tolérant et n’exclut pas les femmes dans la vie politique. La loi fondamentale de notre pays, dans son préambule, reconnaît de façon explicite l’égalité des sexes. Les Comores
ont ratifié la convention contre toute forme de discrimination à l’égard des femmes.
 
HBC - Présentez nous l’ONG qui s’appelle FAWECOM que vous présidez actuellement ?
 
SRM – Le FAWECOM (Forum des Educatrices aux Comores) est une antenne du FAWE ( Forum des Educatrices Africaines), Organisation non gouvernementale créée en 1992, suite à la conférence panafricaine sur l’éducation, à l’initiative de cinq femmes ministres de l’Education.
 
Le FAWE rassemble des femmes occupant des postes de décideurs politiques tels que des Ministres de l’Education, des Secrétaires d’Etat ainsi que des Hommes membres associés. Il déploie un réseau d’antennes nationales dans 33 pays dont les Comores (FAWECOM).
 
Les objectifs principaux du FAWECOM sont l’Accès et la rétention des filles à l’école ainsi que l’amélioration de la qualité de l’éducation pour tous
 
HBC - Qu’est ce que vous pensez de la phrase suivante que l’on trouve
dans le n°26 du Journal Kashkazi du jeudi 02 février 2006 ? « Mme SITTOU est qualifiée comme une pionnière et une référence en matière de femmes politiques. Comme la seule aussi, même si certains la tiennent actuellement pour « placardisée », à être capable de tirer son épingle du jeu à jouer au plus fin face aux politiciens chevronnés »
 
SRM - Le journal « kashkazi » a entièrement raison. Je ne suis pas du genre à faire de la figuration. Je m’impose partout où je suis et pour cela je suis gênante. Certains politiciens préfèrent des « oui oui oui »
 
HBC - Un an, jour pour jour, vous avez déclaré dans la gazette des Comores n°365 du 08 mars 2006 ceci : « le monde de la politique c’est la jungle, il
 faut le savoir et s’assumer ».
Dans cette jungle, Mme SITTOU est elle une lionne, une panthère, un zèbre ou une biche ?
 
SRM - Selon les circonstances, je peux être lionne, panthère ou biche.
C’est la règle d’or en politique. Il faut avoir la patience du diable et des nerfs d’acier.
En politique il faut s’attendre à recevoir des coups et avoir la capacité d’en donner. C’est la règle du jeu.
 
 
HBC - Faîtes vous toujours de la politique ?
 
SRM - Actuellement j’ai cessé de militer dans un parti politique depuis l’éclatement du Rassemblement pour la Démocratie et le Renouveau (RDR) qui soutenait à l’époque le Président, feu Saïd Mohamed DJOHAR (paix à son âme !).
 
Après le départ forcé de ce dernier en exil à l’île de la Réunion, après le coup d’état de 1995, au lieu de se battre pour le
retour au pays de celui qui demeurait l’architecte de notre raison d’être, le RDR s’est empêtré dans
des querelles stériles. Les divisions et les conflits des personnes qui animaient certains hommes politiques se sont accentués subitement.
 
Ce fut le sauve qui peut. Un comportement choquant !
 
J’ai réalisé que je ne pouvais pas m’adapter à cette perpétuelle gymnastique, ma foi en l’action politique s’étant profondément émoussée avec cette histoire de volte-face.
 
Alors, j’ai préféré prendre du recul par rapport aux partis politiques en attendant une évolution de mentalité. J’ai décidé de m’investir dans les ONG où je déploie une forte passion.
 
HBC - Quel regard portez vous sur la situation politique et le système institutionnel actuel de notre pays ?
 
SRG - Je suis de ceux qui ont combattu farouchement le séparatisme sous toutes ses formes et encore plus la démarche adoptée pour la réconciliation nationale. Le cadre institutionnel actuel plonge le pays dans un chaos indescriptible.
 
HBC- Quels sont vos maîtres ou maîtresses (3 au maximum) en politique ?
 
SRH - Je pense particulièrement à deux Hommes et à une GRANDE dame.
 
Tout d’abord, c’est feu le Président Saïd Mohamed DJOHAR
qui m’a toujours fascinée par son ouverture d’esprit malgré
son âge, sa vision démocratique et son côté humaniste que certains considéraient à tort comme de la faiblesse.
 
Ensuite, je cite Mohamed Saïd Abdallah MCHANGAMA pour
son charisme,son savoir faire, sa rigueur et sa fidélité en
amitié.
 
 
Enfin, je ne peux pas ne pas nommer Madame GERTRUDE MONGELLA née en 1945 et originaire de la TANZANIE. La féministe, la mère, l'enseignante et la politicienne !
 
On l'appelle communément « Mama Beijing » pour avoir été la première
femme africaine à avoir assuré le secrétariat général du Comité pour la préparation de la conférence mondiale des femmes en CHINE et ensuite de l'avoir présidée.
 
Le parcours de cette GRANDE dame a été pour moi un repère jusqu'au jour où j'ai eu la chance de la rencontrer en septembre 1995 à Beijing.
 
C'est une GRANDE dame qui me fascinera toujours. Son parcours est exceptionnel : Institutrice puis Professeur, Député, ministre à maintes reprises, Haut Commissaire en inde, Ambassadrice représentant son pays dans plusieurs pays, elle a participé à l'élaboration de toutes les conventions et plates formes concernant les femmes.
 
En 1996, elle fonde une ONG, "Advocacy for Woman in Africa"(AWA) basée en Tanzanie.

¨Pour mieux connaître Mme SITTOU RAGHADAT Cliquez ICI
 
 
 
 
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