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  • : HALIDI-BLOG-COMORES, Blog des COMORES
  • : BLOG DES COMORES GERE DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013 PAR MARIAMA HALIDI
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A SAVOIR

QU'EST CE QUE LA LANGUE COMORIENNE ?

Pour répondre à cette question pertinente, nous vous proposons ci- dessous l'interview du grand linguiste et spécialiste de la langue comorienne, Mohamed-Ahmed Chamanga

 

 
INTERVIEW DE CHAMANGA PAR RFO EN 2004
 
 
 Le comorien est une langue composée de mots africains, de mots arabes voire parfois de mots portugais et anglais. D'où vient la langue comorienne ?

M.A.C : Le fonds lexical de la langue comorienne est essentiellement « africain » comme vous le dites, et plus précisément bantu. Les emprunts au portugais ou à l'anglais sont relativement faibles. Par contre, l'apport arabe est très important. Cela s'explique par la très forte islamisation des Comores, depuis la Grande Comore(Ngazidja) jusqu'à Mayotte (Maore) en passant par Mohéli (Mwali)et Anjouan (Ndzuwani). Malgré ces emprunts, le comorien (shikomor) reste, sur le plan de sa structure grammaticale, une langue bantu.

Qu'appelle t-on une langue bantu ?

M.A.C : Le bantu est une famille de langues, la plus importante d'Afrique. Les langues qui composent cette famille couvrent pratiquement toute la partie australe du continent noir.

Y a t-il encore aujourd'hui en Afrique ou à Madagascar des populations qui parlent une langue similaire au comorien ?

M.A.C : Bien sûr ! On trouve par exemple le swahili en Tanzanie, le lingala au Congo Démocratique, le kikongo au Congo, le zulu en Afrique du Sud, le shona au Zimbabwe-Mozambique, le tswana au Botswana, le kinyarwanda-kirundi au Rwanda-Burundi, etc. Comme ces langues appartiennent à la même famille, elles ont forcément beaucoup de points communs dans la structure des mots, leurs répartitions dans les phrases, les accords grammaticaux, etc. Elles ont aussi un minimum de vocabulaire commun.
Prenons par exemple le mot bantu ! Ce mot est attesté dans certaines langues, comme le lingala, et il signifie « hommes ». C'est le pluriel du mot muntu qui veut dire « homme » au singulier. Dans d'autres langues, ces mots se déclinent au pluriel en watu (swahili), wantru ou watru ou en encore wandru (shikomor) ; au singulier, nous avons respectivement mtu, muntru, mtru, mndru.
Prenons encore l'exemple de la phrase kinyarwanda suivante qui signifie : « Combien d'hommes ? » : Abantu bangahe ? Nous avons en comorien les équivalences suivantes :Wantru wangapvi ?Watru wangapvi ?Wandru wanga(pvi) ? et en swahili :watu wangapi ?

Ne pensez-vous pas qu'il y a beaucoup de ressemblance dans tout ça ?

M.A.C : A Madagascar, jusqu'au milieu du XXe siècle, il y avait quelques poches bantuphones sur la côte nord-ouest. Mais les langues africaines qui y étaient parlées, le swahili à Marodoka ou le makua à Maintirano, ont aujourd'hui disparu. Le malgache appartient à une autre famille de langues : les langues austronésiennes comme par exemple les langues indonésiennes.

Le comorien est souvent comparé au swahili, parfois on a même dit que le comorien en était dérivé ?

M.A.C: Selon les résultats des recherches des trois dernières décennies, il est prouvé que le comorien et le swahili sont génétiquement issus d'une même souche-mère, d'où leur très grande parenté. Mais les deux langues se seraient séparées aux environs du XIIème siècle. On peut donc dire que ce sont deux langues soeurs. Si la confusion a pu se maintenir jusqu'à une période pas très lointaine, c'était à cause de la très grande proximité des deux langues, mais aussi parce que les sultans des Comores parlaient swahili et beaucoup de correspondances et traités avec les pays voisins ou les puissances étrangères étaient rédigés en swahili qui étaient à l'époque la plus importante langue de communication et du commerce de cette région de l'océan indien occidental.
Par combien de personnes est parlée la langue comorienne?
M.A.C:On peut estimer que la langue comorienne est parlée aujourd'hui par un million de personnes environ : les 750 000 habitants de l'archipel des Comores plus la très importante diaspora comorienne, que l'on peut retrouver notamment à Madagascar, à Zanzibar ou encore en France.

Est-elle enseignée à l'école ? Si non pourquoi ?

M.A.C: Malheureusement, elle ne l'est pas. Pourquoi ? Parce que : Premièrement, la colonisation française, avec sa mission « civilisatrice », n'avait jamais reconnu au peuple dominé une quelconque culture ou civilisation et que les langues des dominées n'étaient pas des langues mais, avec un sens très péjoratif, des dialectes qui n'avaient ni vocabulaire développé ni grammaire.
Deuxièmement, le pouvoir très centralisateur de l'Etat français avait imposé le français comme la seule langue de l'administration partout. Cela était vrai dans les colonies, mais aussi en métropole. C'est ainsi qu'on a banni l'enseignement du breton en Bretagne, du basque au Pays Basque (Sud-Ouest de la France).
Troisièmement enfin, nous avons nous-mêmes fini par admettre que notre langue est pauvre et sans grammaire. Elle ne peut donc pas être enseigné. Il faut encore souligner qu'avec l'instabilité chronique des Comores indépendantes, aucune réflexion sérieuse n'a pu être menée sur la question. Pourtant, les pédagogues sont unanimes : pour permettre l'épanouissement des enfants, il est nécessaire que ces derniers puissent s'exprimer pleinement dans leur langue maternelle...

Y a t-il une ou des langues comoriennes ?

M.A.C:Nous avons la chance d'avoir une seule langue comorienne, depuis Ngazidja jusqu'à Maore. Mais comme toute langue, le comorien se décline en plusieurs dialectes qui en sont les variantes régionales : le shingazidja à la Grande Comore, le shimwali à Mohéli, le shindzuani à Anjouan et le shimaore à Mayotte.

Comment expliquer l'apparition de divers dialectes sur un territoire aussi exiguë que les Comores ?

M.A.C : Ce phénomène n'est pas spécifique au comorien. Toute langue est formée de plusieurs dialectes. La dialectalisation s'accentue lorsqu'il y a peu de communications et d'échanges entre les régions. A l'inverse, le déplacement d'une population qui parle un dialecte donné vers une autre région où l'on parle un autre dialecte peut également entraîner des changements dans les deux dialectes. Pour le cas des Comores, le facteur du peuplement par vagues successives au cours de l'histoire explique aussi le phénomène.
Les différences dialectales peuvent aussi s'observer à l'intérieur de chaque île. C'est ainsi, par exemple en Grande Comore, que la manière de parler des gens de Mbéni dans la région du Hamahamet diffère du parler des gens de Fumbuni dans la région du Mbadjini. Il en est de même à Anjouan entre les gens de Mutsamudu, sur la côte nord, et ceux du Nyumakele, dans le sud-est de l'île, ou encore, à Mayotte, entre Mamoudzou et Kani Bé ou Mwana-Trindri dans le sud, etc.

Un mot sur la langue mahoraise.

M.A.C:Le shimaore appartient au même sous-groupe dialectal que le shindzuani. C'est dire qu'il faut souvent écouter attentivement pour percevoir les différences entre ces deux dialectes. Le shimaore fait ainsi partie intégrante de la langue comorienne.

Le comorien s'enrichit-il ou s'appauvrit-il (avec le phénomène de créolisation de la langue) ?

M.A.C : Parler à l'heure actuelle de créolisation de la langue comorienne est quelque peu exagéré. Certes elle ingurgite aujourd'hui beaucoup de mots d'origine française. Mais cela reste « raisonnable ». Le comorien a emprunté énormément de vocabulaire d'origine arabe, environ entre 30 et 40 % du lexique, pourtant on ne parle pas de créole arabe, et cela à juste titre. En effet, ce qui fonde une langue, ce ne sont pas seulement les mots. Ce sont surtout sa structure grammaticale et sa syntaxe. De ce point de vue, le comorien ne ressemble ni à l'arabe ni au français.
On ne peut pas dire que le comorien s'appauvrit. Essentiellement oral, il répond parfaitement à nos besoins de communication. Il est toutefois évident qu'une langue écrite possède un stock lexical beaucoup plus étendu qu'une langue orale. Ne vous inquiétez pas pour le comorien. Si un jour, on décide de l'écrire, de l'enseigner et de l'utiliser dans l'administration, il ne pourra que s'enrichir. Il s'enrichira en se forgeant des mots nouveaux ou en empruntant d'autres ailleurs, comme cela se fait dans les langues dites de « grande civilisation ».

Où en est actuellement la recherche sur la langue comorienne ?

M.A.C: La recherche sur la langue comorienne avance ; trop lentement peut-être, mais elle avance. Nous avons aujourd'hui une meilleure connaissance sur elle qu'il y a vingt ans. Malheureusement, c'est un domaine qui intéresse peu de monde, aussi bien chez les nationaux que chez les chercheurs étrangers.

Pensez-vous qu'un jour tous les Comoriens parleront la même langue ? Et sur quoi se fonderait cette sédimentation en une seule langue « nationale » ?

Mohamed Ahmed-Chamanga : Nous parlons déjà la même langue. Ce qui nous manque, c'est une langue standard, comme en Tanzanie avec le swahili, à Madagascar avec le malgache, ou en encore au Zimbabwe avec le shona, etc. Pour arriver à ce stade, il faut qu'il y ait une réelle volonté politique, une prise de conscience chez les Comoriens de vouloir mieux apprivoiser leur propre culture et que soit mise en place une équipe de chercheurs qui se pencherait sur la question et qui proposerait cette langue standard qui serait utilisée dans tout l'archipel des Comores.

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CI-DESSOUS LES NEWS  RECENTES  DES COMORES

 

 

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A PROPOS DE OUANI

Ouani et ses grands hommes
 
 
L’être humain est insignifiant puisque le corbeau et beaucoup d’autres espèces d’arbres vivent plus longtemps que lui. De ce court séjour dans ce bas monde à la différence d’autres êtres vivants, l’homme peut marquer de son empreinte l’histoire.
A OUANI, ce genre d’homme malgré sa rareté, a existé et continu à exister jusqu’à nos jours. En ouvrant ce nouveau chapitre, quelques dignitaires en collaboration avec le comité de pilotage de la ville ont tenu à rendre hommage beaucoup d’hommes et de femmes qui ont fait du bien à cette ville.
En dehors de tout jugement, ils ont fait de leur mieux pour que Ouani devienne l’une des grandes villes les plus rayonnantes des Comores et Ouani l’est grâce à eux. Elle doit continuer à l’être pour nous et les générations à venir.
A titre posthume, nous tirons la révérence devant Saïd Toiha (Baco Moegné), Saïd Abdou Bacar Nomane, Saïd Abdou Sidi et Saïd Andria Zafi.
 
Le premier pour avoir créé la première école privée de la ville dans l’objectif de ne plus avoir un enfant de six à sept ans non scolarisé, le second qui a été le premier à être ministre et dont les louanges dépassent les frontières de la ville, le troisième a accompagné plusieurs années la jeunesse et le dernier a beaucoup contribué au niveau de l’enseignement primaire par son dévouement et son engagement à instruire ceux qui l’ont fait pour nous. Cette liste vient de s’ouvrir et n’est pas prête de se fermer ; beaucoup d’autres personnes disparues ou vivant tels que les enseignants apparaîtront à la prochaine édition.
Ansaly Soiffa Abdourrahamane
 
Article paru en 2003 dans le n° 0 de Jouwa, bulletin d’information de OUANI
 
 
 
 
LES ENFANTS DE LA VILLE DE OUANI
ET L’HISTOIRE   DES COMORES
 
 Beaucoup d’enfants de la ville de OUANI ont marqué et marqueront toujours l’histoire de leur pays : les îles Comores.
 
 En voici quelques uns dans différents domaines.
 La liste n’est pas exhaustive
 
 I) LITTERATURE
 
LITTERATURE ORALE
 
ABDEREMANE ABDALLAH dit BAHA PALA
 
Grand connaisseur du passé comorien décédé brusquement en 1988.
Actuellement, un projet de publication de sa biographie est en étude.
On trouve beaucoup de ses témoignages sur l’histoire des Comores dans le tome 2 de l’excellente thèse de SIDI Ainouddine sur la crise foncière à Anjouan soutenue à l’INALCO en 1994 
 
LITTERATURE ECRITE
 
Mohamed Ahmed-CHAMANGA
 
Grand linguiste des Comores
 
 Né à Ouani (Anjouan) en 1952, Mohamed Ahmed-Chamanga, diplômé de swahili et d'arabe, a fait des recherches linguistiques sur sa langue maternelle. Il enseigne la langue et la littérature comorienne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il est l'auteur d'une thèse, de plusieurs articles, ainsi que d'un recueil de contes de l'île d'Anjouan : Roi, femmes et djinns (CLIF, 1998). Président de l'Association Fraternité Anjouanaise, Mohamed Ahmed-Chamanga a fondé, en 1997, le journal Masiwa.
 Il enseigne actuellement la langue et la littérature comoriennes à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris (INALCO).
 
AINOUDINE SIDI
 
 Historien & grand spécialiste de l’histoire foncière des Comores 
 
 Né à OUANI, en 1956. Il a fait des études d’histoire à l’université de DAKAR (SENEGAL) et a préparé un doctorat d’études africaines à l’INALCO (PARIS)  Il est actuellement chercheur et Directeur du CNDRS (Centre National de Documentation et de Recherches Scientifiques) à MORONI.
 
 II) MUSIQUES & CHANTS
 
DHOIFFIR ABDEREMANE
 
Un des fondateurs de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Avec ses chansons axées sur la contestation sociale. Il fait partie des premiers artistes qui ont introduit aux années 60 une nouvelle forme de musique aux COMORES.
 
C’est un homme très discret mais plein de talents. On se souviendra toujours de ses productions à la salle AL CAMAR de MORONI.
 
FOUDHOYLA CHAFFI
 
 Une des premières femmes comoriennes à avoir fait partie d’un orchestre musical.
 Il s’agit là d’un engagement incontestable de la part d’une femme comorienne.
 Elle a commencé à jouer un rôle important dans la chanson à partir de 1975 comme chanteuse principale de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Sa voix d’or résonne toujours dans le cœur de tous ceux qui ont vécu dans notre pays de 1975 à 1978. On ne passait pas en effet, une seule journée sans entendre une de ses chansons sur l’égalité des sexes, l’unité des Comores, le changement des mentalités… à la radio nationale.
 
 III) POLITIQUE
 
Le sultan ABDALLAH III
 
 De mère ouanienne, il est l’un des grands sultans qui ont régné dans l’archipel des Comores au 18eme siècle et plus précisément sur l’île d’Anjouan.
 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED
 
La première femme ministre et élue député des COMORES
 
Né le 06 juillet 1952 à OUANI. Elle a enseigné pendant plusieurs années le français et l’histoire géographie dans différents collèges du pays avant d’être nommée secrétaire d’Etat à la condition féminine et à la population en 1991.
De 1991 à 1996 elle a assumé de hautes responsabilités politiques : Haut commissaire à la condition féminine, Ministres des affaires sociales, conseiller spécial du président de la république, secrétaire général adjoint du gouvernement, élue députée ….
Actuellement, elle est enseignante à l’IFERE et Présidente du FAWECOM.
 
Article publié sur le site de l'AOFFRAC (www.aoffrac.com)
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

10 juin 2015 3 10 /06 /juin /2015 16:25
Ali Nawawi (photo ci-dessous) est un vrai monument de la musique et de la chanson comoriennes des années 80. Il a bercé mon enfance. Je me demandais et me demande toujours comment il arrivait à tout faire et à bien faire.

 

Compositeur, chanteur et interprète., il jouait avec facilité et aisance à tous les instruments musicaux modernes et traditionnels. Un grand improviseur aussi. Un Wadaha sans Nawawi à Ouani, c'était une grosse déception des femmes. Un chigoma sans Nawawi à Ouani c'était inacceptable pour les hommes. Il mettait de l'ambiance et jouait toujours le rôle principal.

 

Ali Nawawi, infirmier de profession mais grand passionné de la musique moderne et traditionnelle des Comores, était l'élément incontournable de l'orchestre Asmine Band de Domoni- Ndzuwani (COMORES). Il nous régalait et était un de nos idoles. Enfant, je trouvais qu'il était un des meilleurs de sa génération pour ne pas dire tout simplement le meilleur.

 

Ali Nawawi continue d'ailleurs à nous régaler puisque ses chansons de Wadaha sont toujours présentes dans les journées culturelles. C'est le cas de "Pondzo", la chanson du clip ci-dessus. Miam miam. Je me régale.

 

De plus, comme temoigne Chanchidine Ousseni qui connait aussi bien Ali Nawawi, " cet Artiste multidisciplinaire n'a pas fini de nous en donner à coeur joie ! À Domoni, il nous régale encore et toujours avec ses compositions de chansons de mariage personnalisées, avec ses animations de Toirab et Hambaroussi au cours desquelles l'ambiance est souvent poussée à son paroxysme... "

Halidi Allaoui

 

 

Ali Nawawi, un monument de la musique et de la chanson comoriennes des années 80
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14 mai 2015 4 14 /05 /mai /2015 16:19
Culture / Poésie : "Des îles et des jours à venir" Recueil de poèmes de Mohamed Loutfy. Quel régal !

Qu'est ce que je me régale avec le recueil de poèmes, "Des îles et des jours à venir" publié chez KomEDIT l'année dernière, de mon ami Mohamed Loutfy !
Quel verbe ! Quelle écriture ! Quel talent ! Quelle vision !
Un petit extrait :

"(...)
Où est-il passé
Ce croissant vert
Dont s'enorgueillissent nos père ?
Je rêve d'une autre devise
Dans cet
archipel
En deuil

PEUPLE
ÉGALITÉ

AVENIR

Parce qu'il nous faut
Penser toujours
Et fonder
L'aven
ir tant rêvé
(...)"

Mohamed Loutfy est né à Wani (Comores). Ce Professeur de Français qui a enseigné dans différents lycées de l'île de Ndzuwani avant d'intégrer le Commissariat à l’Éducation, cherche, dans son recueil, à briser toutes les frontières qui lui sont imposées, parce qu'il a compris que le silence pourrait être assimilé à un crime.

Encore un autre extrait. Miam, miam :
"(...)
N'oublie pas qu'au bord de ma rivière
Je me promène en glaneur
Grand-mère
Au sein de tes contes
Absorbant sueur
Et poussière d'or
Déposées par tes pensées millénaires
Sur la grande muraille
Épuisée
De Wani
N'oublie pas
De m'apporter
Le bâton d'encens
Pour pénétrer la danse
Des
djinns
Et me baigner
Dans le langage de la forêt
Et de la mer
(...)"

Halidi Allaoui

·

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17 avril 2015 5 17 /04 /avril /2015 10:39
ANNONCE / JOURNEE CULTURELLE DES ILES COMORES EN GIRONDE :  SAMEDI 18 AVRIL 2015
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8 avril 2015 3 08 /04 /avril /2015 09:36
Obsèques de Salim Hatubou
Obsèques de Salim Hatubou
Obsèques de Salim Hatubou
Obsèques de Salim Hatubou
Obsèques de Salim Hatubou
Obsèques de Salim Hatubou
Obsèques de Salim Hatubou

Obsèques de Salim Hatubou

L'écrivain franco-comorien décédé brutalement à Marseille le 31 mars dernier a retrouvé ce matin sa terre natale, les Comores. Il a eu droit à un hommage républicain et à une décoration à titre posthume pour service rendu à la Nation par le Président de l'Union des Comores. il est enterré ce jour (08 avril 2015) à HAHAYA, son village.

Bon voyage cher ami Salim Hatubou, toi Grand Écrivain lunaire et Gros buveur de café marseillais.


Tu mérites pleinement cet hommage et cette décoration républicains. Merci à l'Etat Comorien.
Au moins pour lui, on comprend ! Pas comme pour certains.

La banalisation de toute chose n'est pas forcément bonne.

HALIDI ALLAOUI

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3 avril 2015 5 03 /04 /avril /2015 14:02
Depuis le 31 mars 2015,
je le cherche désespérément
Il s'appelait Salim Hatubou.....
Il était une des meilleures plumes des Comores......
Il était un ami.... Mon frère......
Dur dur dur...
Je n'en reviens pas......
Je suis effondré......
Décidément le mois de mars 2015.....
Je souffre cruellement....
.......
......
.......
Début de veillée
Ô Ami lunaire
Ô frère de plume
Ta voix de conteur continuera à raisonner sous les étoiles.
Ta plume lunaire restera notre guide.
Tu continueras à m'émouvoir.
Tu me fascineras toujours.
Hélas ! Maintenant, tu ne reverras plus jamais défiler l'hiver, le printemps, l'automne, l'été, le kusi et le kashkazi.
Et comme tu l'as écrit un jour "A nos enfants pour qu'ils se souviennent"
Bon voyage.
OUI et NON.
Comoriennement et fraternellement
"La plus triste des morts est la mort de la jeunesse" JULES JANIN
Et quand elle est brutale, elle est encore PLUS TRISTE.
Salim, ton silence profond m'étouffe et étrangle mon cri silencieux. Est - il vraiment ton dernier message ?
Ce jour, comme tous les autres, j'égrene régulièrement ton prénom en murmurant une prière dans la solitude.
Halidi Allaoui
La littérature franco-comorienne est en deuil / Salim Hatubou n'est plus
La littérature franco-comorienne est en deuil / Salim Hatubou n'est plus
La littérature franco-comorienne est en deuil / Salim Hatubou n'est plus
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21 août 2014 4 21 /08 /août /2014 14:06

Source : http://comoressentiel.wordpress.com/2014/07/29/halidi-allaoui-part-a-la-reconquete-de-ses-lunes/

Halidi Allaoui, part à la reconquête de ses lunes

29 juillet 2014

Il s’est dévoilé par la publication de son premier recueil de poèmes, « Cris d’ici et d’ailleurs », édité en 2008 aux éditions Komedit. Six années plus tard, Halidi Allaoui, nous revient avec un nouveau livre intitulé « A la reconquête de mes lunes », un recueil de poèmes tout à fait merveilleux qui vient de paraitre aux éditions Cœlacanthe. Préfacé par l’écrivain et poète Aboubacar Saïd Salim, ce petit recueil composé de 16 poèmes étalés sur 76 pages reflète parfaitement le talent de ce juriste-poète qui marque ainsi, un peu plus, sa présence dans le monde littéraire comorien.

Le livre s’ouvre avec un poème intitulé « A la reconquête de la lune ». Celui-ci est signé par Halidi Allaoui et Sadani, son ami poète. « Il est le fruit d’échanges entre nous. J’écrivais, il me répondait, il écrivait, je lui répondais et on a eu ce poème que j’ai laissé en l’état », confie Halidi. « Poète de la lune égaré », découle aussi de ce jeu auquel se sont prêtés les deux complices.

Au fil des pages le poète nous balade entre l’amour, la femme, la patrie, la nostalgie, etc. Et toujours avec le terme lune comme fil conducteur. « Ma lune », « La belle lune malade », « Lune double », « Pauvre lune », « Poète de la lune égaré » sont certains des poèmes qui composent ce merveilleux recueil qui se lit avec délectation. « La lune ce n’est pas que les Comores. Tout ce que j’aime, je le qualifie de lune. Il y a effectivement de la nostalgie dedans », explique le poète ajoutant que cela lui « permet de parler des Comores tout en parlant d’autres choses. J’essaie d’aller au delà en utilisant l’autobiographie, en passant des messages précis ».

« L’amour donne des ailes et de l’audace », dit-on. Il s’agit là, justement des deux principales armes que demande notre poète pour partir à la « reconquête » de ses « lunes » et aussi pour dénoncer les travers et les mesquineries des hommes. Il en est ainsi de ce poème intitulé « Au nom des miens » à travers lequel le poète pleure les morts de la traversée vers Mayotte : « De droite à gauche / Envol crucial du corbeau blanc / au dessus de l’étoile lunaire usurpée / J’aperçois les tombeaux infinis / Les tombeaux infinis sans pierre ni terre / Au nom des miens / Partis sans épaules ni toilette/ Je m’égosille/ un caillou ne bat pas / sa conscience est le néant/ Bats la dure et un criminel/ Viendra ce jour / Où j’irai déposer sur sa tombe / Une gerbe de rires époustouflants/ Où mon crachat affrontera les éloges. »

Entre son premier recueil et ce deuxième, le « poète a mûri », nous signale d’emblée son préfacier qui fut son professeur au lycée. « Dans le premier recueil il y avait ce côté de l’universalisme et pour ce deuxième, c’est comme si j’étais en voyage et là, je reviens chez moi. C’est une suite de mon premier recueil, il y a toujours cet esprit de mouvement, de voyage », explique Halidi Allaoui. On remarquera aussi que le poète a pris une certaine liberté avec la langue de Molière allant jusqu’à imaginer le « verbe femmer » qu’il joue à conjuguer au présent de l’indicatif pour rendre hommage à la gente féminine. Et cela donne quelque chose comme celui-ci : « Ma Lune est femme/ Je vois femme/ J’entends femme/ Je respire femme/ Je femme aussi / Tu femme aussi / il femme aussi… ». La liberté c’est aussi transgresser parfois certains codes…

Faïssoili Abdou

Pour le moment, vous pouvez vous procurer le recueil à la Maison des Livres de Mayotte (Mamoudzou) ou le commander dans n’importe quelle librairie en France. Vous pouvez également le commander sur le site : http://www.editions-coelacanthe.com

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6 juin 2014 5 06 /06 /juin /2014 14:41

Chers visiteurs du blog,

Vous trouverez ci-dessous un petit commentaire de HALIDI ALLAOUI, sur un des romans de CORALIE FREI :

"L'autre côté de l'océan", le deuxième roman de Coralie Frei publié aux Editions Le Manuscrit en mars 2012, est la suite logique de " la perle des Comores".

Un bon livre qui se lit avec facilité et allégresse. On le déguste et on se laisse emporter par ce roman autobiographique.

Tout au long de la lecture, on a le sentiment d' accompagner Catidja, une jeune femme des tropiques battante, tenace et déterminée dans son aventure occidentale afin de concrétiser son rêve d'enfance. La course à l'émancipation affronte tous les obstacles ! Rien ne la décourage. Rien ne l'arrête.
Quel régal avec le mélange littéraire des genres opté par l'auteure.

HALIDI ALLAOUI

Mariama HALIDI

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14 décembre 2013 6 14 /12 /décembre /2013 21:00

 

Asmah place l'artisanat et les arts comoriens dans le siècle 

Asma.jpgAbdourramane Asmah mérite sa robe d'avocat de l'artisanat et de la culture comorienne, au Congo et ailleurs. C'est un feu d'artifices d'idées, expérimentations, de mariages de formes et de matières où le comorien s'enrichit, se valorise, s'illumine des apports de l'extrême-orient. 
Elle a ouvert dans la belle maison de Vwadju, une exposition permanente, où on peut dénicher de quoi décorer son intérieur, s'habiller, habiller ses cadeaux, garder précieusement ses bijoux et tout ce qui est cher ou plaisant. Elle s'est résolue à nous offrir -aussi- ce qu' venait chercher dans son pays pour le bonheur des étrangers,

Asmah fait travailler de nombreux artisans dans toutes les îles. Elle a donné une nouvelle jeunesse au pambafuma (fibre des fruits du fromager, kapokier) dont elle rembourre les coussins et oreillers. 

On peut y aller, en amoureux, en camarades, en famille pour déguster des saveurs renouvelées du jus de nos fruits, des préparations "Asmythiques" de poissons et fruits de mer.


Soyez les premiers à en parler aux amis.

Informations  au : +2693242525
Asma-1.jpgasma3.jpg
Asma5.jpgAsma6.jpg
Asma11.jpgAsma10.jpg
SM MCHANGAMA
Source :
consommateurkm@googlegroups.com

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15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 22:17
ylang-ylanf-en-fumee.jpg
COMORES / POESIE : YLANG-YLANG EN FUMEE*, RECUEIL DE POEMES DE MONSIEUR  ATTOU  VU PAR UNE LECTRICE
 
Par Mme Said Allaoui Asna
 
J’ai lu et relu le recueil de poèmes « YLANG-YLANG EN FUMEE ». Avec un regard de lectrice mais aussi de  compatriote et d’amie de l’auteur  je livre mon sentiment.

Monsieur Attou, vous n’êtes pas un provocateur comme vous vous questionnez dans votre ouvrage. Vous êtes tout simplement un homme qui en a « Ras le bol » pour reprendre le titre d’un poème de votre recueil.  Un homme meurtri par l’état chaotique dans  lequel son  pays cher à son cœur se trouve. Un homme qui se questionne sur le pourquoi, le comment et où va-t-on ? C’est tout à fait légitime. Il n’est pas un provocateur.

Monsieur  Attou,  votre cri du cœur retentit et raisonne bien au fur et à mesure qu’on lit vos poèmes.  

En écrivant ce livre, étiez- vous entre autre dans une démarche thérapeutique pour ne plus avoir à vous sentir coupable de ne pas avoir dénoncé ce qui se passe aux Comores ?  Ou cherchiez-vous tout simplement à vous libérer de vos propres maux, vos souffrances, vos propres brulures dans cette YLANG-YLANG EN FUMEE ?
 Peu importe votre démarche, vos cris ont retenti  dans mes oreilles à travers vos poèmes.

Votre ouvrage m’a beaucoup plus touché aussi bien dans cette démarche thérapeutique, votre colère et  vos interrogations que dans la profondeur et la simplicité des mots.
 
Par contre, Je n’ai pas vraiment accroché au style et au  genre. Choisir un recueil poétique pour narrer une situation chaotique, désastreuse et j’en passe, je trouve cela audacieux mais personnellement je pense que Monsieur Attou , vous auriez  mieux fait peut être d’écrire un livre sous forme d’autobiographie ou de roman relatant votre vécu ou votre  ressenti face à la problématique comorienne.
Sans compter que j’aurais aimé vous  voir approfondir un peu plus des sujets d’actualité oh combien pertinents, et réels que vous avez  soulevés dans votre  œuvre. Mais au lieu de cela vous êtes  resté très scolaire. Est-ce parce que vous êtes enseignant ?
Des sujets tels que l’environnement, la politique, la corruption que vous abordez  avec des mots simples et forts bien cachés ! Tous ces sujets là, à mon avis,  méritent d’être approfondis.

Mais je vous comprends aussi  car j’ai l’impression que vous avez privilégié la thérapie.  Votre démarche ne consiste pas à trouver des solutions aux maux qui rongent notre pays.

Voilà mon ressenti en lisant votre livre. Il n’engage que moi.

J’avoue que j’attends impatiemment votre  prochain livre malgré ma petite déception  expliquée plus haut en espérant que vous  aurez  un gout plus raffiné et plus profond.
A vous tous et toutes qui n’avez  pas encore lu le recueil « YLANG-YLANG EN FUMEE »  de Monsieur Attou,  je vous le recommande vivement. Il  vous incitera aussi à  entamer votre thérapie  dans l’optique d’aller de l’avant malgré les problèmes du pays.

Même si j’ai le sentiment que l’Ylang-ylang a déjà brulé et enfumé les Comores, je ne désespère pas. Quand est ce que cet ylang ylang va jaillir et parfumer nos belles îles lunaires ?

Merci Monsieur  Attou de nous avoir ouvert, à travers ce livre, la porte de votre vie.

Asna SAID ALLAOUI
 
* YLANG-YLANG EN FUMEE, recueil de poèmes de Monsieur Attou, enseignant et amoureux des lettres et de la musique publié aux  éditions EDILIVRE  en 2012

Biographie de Monsieur Attou

Monsieur Attou est né en 1968. Il fait ses études primaires à la coulée de lave à Moroni et dans la ville de Ouani. Il fréquente par la suite le collège rural de Ouani et s’inscrit au lycée de Mutsamudu. Après l’obtention d’un bac littéraire, il se rend au Maroc pour ses études universitaires en lettres et sciences humaines. Il est actuellement enseignant de langue française au lycée de Ouani après avoir enseigné au lycée de Mutsamudu. L’écriture et la musique sont ses deux passions.

Résumé

Ce recueil retrace, dans un univers poétique, la survie d’une population livrée à elle-même, bercée dans un monde chimérique sous les discours fallacieux d’une classe politique ne craignant pas Allah. Dans Ylang Ylang en fumée, Attoumane Ahmed Cheik met en exergue la pauvreté, les salaires de misère, la hausse incessante des prix de denrée de première nécessité, le chômage des jeunes, les fausses promesses, la destruction de l’environnement, la double souffrance d’une population à la suite de la présence d’une puissance étrangère dans l’île de Mayotte et tant d’autres.
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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 21:32
Mémoires du président des Comores, Saïd Mohamed Djohar

09 janvier 2013

Djohar
L’ouvrage compte trois cent quatre huit pages. L’ancien président de la République relate des événements auxquels il a pris part ou dont il a été le témoin direct. Du parcours du jeune sportif “Joary“ à celui d’homme politique en passant par celui d’instituteur ou de diplomate, l’ancien président évoque ses vies: sportif, polygame, bâtisseur, instituteur et acteur politique. Djohar se met en scène avec comme point constant: le nationalisme comorien.

Clins d’oeil à Said Mohamed Cheikh, son maitre spirituel et Ahmed Abdallah Abdérémane, son compagnon, portrait acide de son ancien élève Mohamed Taki Abdoulkarim, crochet belliqueux sur Omar Tamou et vision contrastée et humaine de Ali Soilih, son demi-frère.

“Fils spirituel” et “historien” de Cheikh

Adolescent, il rencontre le docteur Saïd Mohamed Cheikh. De cette rencontre découle une relation d’admiration et d’initiation à l’action publique. Djohar rend hommage à celui qui fut son mentor politique. L’auteur revient sur sa rencontre avec Cheikh, le combat pour l’indépendance et le nationalisme de l’ancien député des Comores à l’assemblée nationale française. Il évoque de Cheikh tantôt le combattant contre le colonialisme qu’il compare à un “esclavagisme déguisé“, ou bien celui qui a lutté contre les spoliations des terres par les colons à Ndzuwani.

Portait acide de Mohamed Taki

L’auteur a choisi son camp: celui des Verts, mais Cheikhistes. Comme tous les fervents de l’ancien président du Conseil de gouvernement des Comores, l’affront fait à son maitre par Mohamed Taki reste toujours vivace et impardonnable. La scène se déroule à Mbeni après la nomination de Mohamed Taki au poste de directeur général des travaux publics et de l’énergie, poste occupé autrefois par un Mzungu. La région de Hamahame a organisé une cérémonie de remerciements à laquelle participait, outre le président Cheikh, tous les membres du gouvernement et la notabilité de Ngazidja. Cheikh explique sa politique qui consiste à remplacer les chefs de service français par des Comoriens ayant réussi leurs études supérieures. Taki se leva au son du tam-tam et des cris d’une population euphorique en fustigeant le gouvernement et en attaquant son chef, le président Cheikh. Ce dernier réplique en s’adressant à Taki: “…Si nous n’avions pas cette autonomie interne, tu serais peut-être un simple agent de l’administration comme certains auditeurs ici présents“. En 1990, Mohamed Taki était candidat comme Djohar aux présidentielles.

Djohar déclaré vainqueur, le premier a contesté cette victoire se qualifiant président choisi par les Comoriens. Djohar accuse Taki d’avoir intenté des projets criminels visant à l’assassiner. Victime collatéral de ce duel entre deux membres de l’ancien parti Vert, Omar Tamou, ministre de l’Intérieur pendant ladite élection qui avait reconnu sur la place publique Badjanani la victoire de Taki.

Vision contrastée mais humaine de Ali Soilih

Ali Soilih et Saïd Mohamed Djohar sont les fils de Mahmoudat Mzé. Cette mère est, pour l’instant, la seule à avoir donné aux Comores deux présidents. Djohar partage la vision de Ahmed Abdallah sur les pratiques autoritaires et la mise au ban du anda par le nouveau régime soilihiste.

Par contre, sous l’âge d’or de ce régime, l’auteur raconte les tortures morales dont il a subies, notamment après la fuite de son fils adoptif Nassur en Libyie. Son témoignage accablant est plein d’émotion: “[…] un certain soir, je reçus un appel téléphonique: - Dites à la mère de Nassur (dix-sept ans à l’époque) que son fils a été sélectionné pour les jeux sportifs des pays musulmans qui auront lieu en Libye la semaine prochaine. Comme l’avion part ce soir, il ne pourra pas venir vous saluer avant le départ, faute de temps. […] -

On dispose de nos enfants sans même demander notre avis. […]. Un mois plus tard, en 1977, une Peugeot familiale pénétra à toute vitesse dans notre cour. Trois soldats de la révolution “Mbaya ya mwasi“ en descendirent vers 11h et nous sommèrent d’y monter. Notre fille Charline avait son premier né, Ryad, dans les bras. - Mais que se passe t-il? leur demandai-je […] - Quoi? Vous ne voyez pas que notre fille a un bébé de quatre mois dans ses bras? - Nous ne voulons rien savoir! Ce sont les ordres. Allez, embarquez!“. Trois jours plus tard, la famille Djohar a su les raisons de son arrestation arbitraire. Nassur, son fils, n’est pas rentré avec son équipe après les jeux en Libye.

Devant l’interrogatoire, sa femme et lui réagissent en ces termes à la disparition de Nassur: “- Quoi? Vous avez embarqué notre fils sans notre avis ni notre accord, vous nous dites qu’il a disparu. Vous êtes le responsable de sa disparition. […]. - C’est cela votre justice? Vous avez tué mon fils et vous voulez qu’en victime, je vous paie pour ce crime? […]“. Après le coup d’Etat du 13 mai 1978, Djohar a tenté deux fois de rendre visite à son frère emprisonné par les mercenaires…

Ahmed Abdallah, le compagnon politique

Entre Abdallah et Djohar, c’est une complicité politique et amicale dans les années 40, après l’affectation de l’instituteur Djohar à Domoni. Une relation renforcée par le partage des idées communes: membre du même parti Vert, Cheikhiste, militant contre les spoliations des terres et pour la souveraineté comorienne.

Djohar raconte la dernière conversation avec Abdallah à la veille de son assassinat: “Je suis navré que vous, car je suis prisonnier de ces mercenaires sans parvenir à cesser leurs actes répréhensibles. Le plus catastrophique, dans tout cela, est que le personnel de la Gp chargé d’assurer ma sécurité, semble ignorer totalement ma présence et mon autorité en obéissant aveuglément à la bande de Bob. […] C’est maintenant que je reconnais la portée de mon erreur monumentale. Je ne peux pas te le cacher, j’ai signé un contrat de dix ans […] Le contrat expirera en 1989.

Et je ne renouvellerai pas, quoi qu’il arrive“. Abdallah trouvera la mort deux jours plus tard assassiné par ceux qui ont été censés le protéger.

Djohar président et bâtisseur

Avant d’être président, l’auteur se définit comme créateur et bâtisseur. Créateur de plusieurs associations sportives et musicales et bâtisseur d’infrastructures, notamment le terrain de tennis de Moroni et les bâtiments administratifs qui devaient accueillir les dirigeants comoriens à Mayotte, capitale des Comores jusqu’en 1962.

Djohar Président, ce sont des souvenirs pathétiques et déprimants de l’ancien président. Pour tous les passionnés des Comores et de l’histoire en particulier, le “plus malgache des Comoriens“ nous offre une lecture personnelle sur l’évolution des Comores, et accessoirement de Madagascar, et cette œuvre serait très riche adaptée au théâtre tant les personnages sont plus loufoques les uns que les autres.

Nakidine Mattoir

 

Source : http://www.alwatwan.net/index.php?home=actu.php&title=Memoires-du-president-des-Comores-Said-Mohamed-Djohar&actu_id=4806

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