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  • : HALIDI-BLOG-COMORES, Blog des COMORES
  • : BLOG DES COMORES GERE DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013 PAR MARIAMA HALIDI
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A SAVOIR

QU'EST CE QUE LA LANGUE COMORIENNE ?

Pour répondre à cette question pertinente, nous vous proposons ci- dessous l'interview du grand linguiste et spécialiste de la langue comorienne, Mohamed-Ahmed Chamanga

 

 
INTERVIEW DE CHAMANGA PAR RFO EN 2004
 
 
 Le comorien est une langue composée de mots africains, de mots arabes voire parfois de mots portugais et anglais. D'où vient la langue comorienne ?

M.A.C : Le fonds lexical de la langue comorienne est essentiellement « africain » comme vous le dites, et plus précisément bantu. Les emprunts au portugais ou à l'anglais sont relativement faibles. Par contre, l'apport arabe est très important. Cela s'explique par la très forte islamisation des Comores, depuis la Grande Comore(Ngazidja) jusqu'à Mayotte (Maore) en passant par Mohéli (Mwali)et Anjouan (Ndzuwani). Malgré ces emprunts, le comorien (shikomor) reste, sur le plan de sa structure grammaticale, une langue bantu.

Qu'appelle t-on une langue bantu ?

M.A.C : Le bantu est une famille de langues, la plus importante d'Afrique. Les langues qui composent cette famille couvrent pratiquement toute la partie australe du continent noir.

Y a t-il encore aujourd'hui en Afrique ou à Madagascar des populations qui parlent une langue similaire au comorien ?

M.A.C : Bien sûr ! On trouve par exemple le swahili en Tanzanie, le lingala au Congo Démocratique, le kikongo au Congo, le zulu en Afrique du Sud, le shona au Zimbabwe-Mozambique, le tswana au Botswana, le kinyarwanda-kirundi au Rwanda-Burundi, etc. Comme ces langues appartiennent à la même famille, elles ont forcément beaucoup de points communs dans la structure des mots, leurs répartitions dans les phrases, les accords grammaticaux, etc. Elles ont aussi un minimum de vocabulaire commun.
Prenons par exemple le mot bantu ! Ce mot est attesté dans certaines langues, comme le lingala, et il signifie « hommes ». C'est le pluriel du mot muntu qui veut dire « homme » au singulier. Dans d'autres langues, ces mots se déclinent au pluriel en watu (swahili), wantru ou watru ou en encore wandru (shikomor) ; au singulier, nous avons respectivement mtu, muntru, mtru, mndru.
Prenons encore l'exemple de la phrase kinyarwanda suivante qui signifie : « Combien d'hommes ? » : Abantu bangahe ? Nous avons en comorien les équivalences suivantes :Wantru wangapvi ?Watru wangapvi ?Wandru wanga(pvi) ? et en swahili :watu wangapi ?

Ne pensez-vous pas qu'il y a beaucoup de ressemblance dans tout ça ?

M.A.C : A Madagascar, jusqu'au milieu du XXe siècle, il y avait quelques poches bantuphones sur la côte nord-ouest. Mais les langues africaines qui y étaient parlées, le swahili à Marodoka ou le makua à Maintirano, ont aujourd'hui disparu. Le malgache appartient à une autre famille de langues : les langues austronésiennes comme par exemple les langues indonésiennes.

Le comorien est souvent comparé au swahili, parfois on a même dit que le comorien en était dérivé ?

M.A.C: Selon les résultats des recherches des trois dernières décennies, il est prouvé que le comorien et le swahili sont génétiquement issus d'une même souche-mère, d'où leur très grande parenté. Mais les deux langues se seraient séparées aux environs du XIIème siècle. On peut donc dire que ce sont deux langues soeurs. Si la confusion a pu se maintenir jusqu'à une période pas très lointaine, c'était à cause de la très grande proximité des deux langues, mais aussi parce que les sultans des Comores parlaient swahili et beaucoup de correspondances et traités avec les pays voisins ou les puissances étrangères étaient rédigés en swahili qui étaient à l'époque la plus importante langue de communication et du commerce de cette région de l'océan indien occidental.
Par combien de personnes est parlée la langue comorienne?
M.A.C:On peut estimer que la langue comorienne est parlée aujourd'hui par un million de personnes environ : les 750 000 habitants de l'archipel des Comores plus la très importante diaspora comorienne, que l'on peut retrouver notamment à Madagascar, à Zanzibar ou encore en France.

Est-elle enseignée à l'école ? Si non pourquoi ?

M.A.C: Malheureusement, elle ne l'est pas. Pourquoi ? Parce que : Premièrement, la colonisation française, avec sa mission « civilisatrice », n'avait jamais reconnu au peuple dominé une quelconque culture ou civilisation et que les langues des dominées n'étaient pas des langues mais, avec un sens très péjoratif, des dialectes qui n'avaient ni vocabulaire développé ni grammaire.
Deuxièmement, le pouvoir très centralisateur de l'Etat français avait imposé le français comme la seule langue de l'administration partout. Cela était vrai dans les colonies, mais aussi en métropole. C'est ainsi qu'on a banni l'enseignement du breton en Bretagne, du basque au Pays Basque (Sud-Ouest de la France).
Troisièmement enfin, nous avons nous-mêmes fini par admettre que notre langue est pauvre et sans grammaire. Elle ne peut donc pas être enseigné. Il faut encore souligner qu'avec l'instabilité chronique des Comores indépendantes, aucune réflexion sérieuse n'a pu être menée sur la question. Pourtant, les pédagogues sont unanimes : pour permettre l'épanouissement des enfants, il est nécessaire que ces derniers puissent s'exprimer pleinement dans leur langue maternelle...

Y a t-il une ou des langues comoriennes ?

M.A.C:Nous avons la chance d'avoir une seule langue comorienne, depuis Ngazidja jusqu'à Maore. Mais comme toute langue, le comorien se décline en plusieurs dialectes qui en sont les variantes régionales : le shingazidja à la Grande Comore, le shimwali à Mohéli, le shindzuani à Anjouan et le shimaore à Mayotte.

Comment expliquer l'apparition de divers dialectes sur un territoire aussi exiguë que les Comores ?

M.A.C : Ce phénomène n'est pas spécifique au comorien. Toute langue est formée de plusieurs dialectes. La dialectalisation s'accentue lorsqu'il y a peu de communications et d'échanges entre les régions. A l'inverse, le déplacement d'une population qui parle un dialecte donné vers une autre région où l'on parle un autre dialecte peut également entraîner des changements dans les deux dialectes. Pour le cas des Comores, le facteur du peuplement par vagues successives au cours de l'histoire explique aussi le phénomène.
Les différences dialectales peuvent aussi s'observer à l'intérieur de chaque île. C'est ainsi, par exemple en Grande Comore, que la manière de parler des gens de Mbéni dans la région du Hamahamet diffère du parler des gens de Fumbuni dans la région du Mbadjini. Il en est de même à Anjouan entre les gens de Mutsamudu, sur la côte nord, et ceux du Nyumakele, dans le sud-est de l'île, ou encore, à Mayotte, entre Mamoudzou et Kani Bé ou Mwana-Trindri dans le sud, etc.

Un mot sur la langue mahoraise.

M.A.C:Le shimaore appartient au même sous-groupe dialectal que le shindzuani. C'est dire qu'il faut souvent écouter attentivement pour percevoir les différences entre ces deux dialectes. Le shimaore fait ainsi partie intégrante de la langue comorienne.

Le comorien s'enrichit-il ou s'appauvrit-il (avec le phénomène de créolisation de la langue) ?

M.A.C : Parler à l'heure actuelle de créolisation de la langue comorienne est quelque peu exagéré. Certes elle ingurgite aujourd'hui beaucoup de mots d'origine française. Mais cela reste « raisonnable ». Le comorien a emprunté énormément de vocabulaire d'origine arabe, environ entre 30 et 40 % du lexique, pourtant on ne parle pas de créole arabe, et cela à juste titre. En effet, ce qui fonde une langue, ce ne sont pas seulement les mots. Ce sont surtout sa structure grammaticale et sa syntaxe. De ce point de vue, le comorien ne ressemble ni à l'arabe ni au français.
On ne peut pas dire que le comorien s'appauvrit. Essentiellement oral, il répond parfaitement à nos besoins de communication. Il est toutefois évident qu'une langue écrite possède un stock lexical beaucoup plus étendu qu'une langue orale. Ne vous inquiétez pas pour le comorien. Si un jour, on décide de l'écrire, de l'enseigner et de l'utiliser dans l'administration, il ne pourra que s'enrichir. Il s'enrichira en se forgeant des mots nouveaux ou en empruntant d'autres ailleurs, comme cela se fait dans les langues dites de « grande civilisation ».

Où en est actuellement la recherche sur la langue comorienne ?

M.A.C: La recherche sur la langue comorienne avance ; trop lentement peut-être, mais elle avance. Nous avons aujourd'hui une meilleure connaissance sur elle qu'il y a vingt ans. Malheureusement, c'est un domaine qui intéresse peu de monde, aussi bien chez les nationaux que chez les chercheurs étrangers.

Pensez-vous qu'un jour tous les Comoriens parleront la même langue ? Et sur quoi se fonderait cette sédimentation en une seule langue « nationale » ?

Mohamed Ahmed-Chamanga : Nous parlons déjà la même langue. Ce qui nous manque, c'est une langue standard, comme en Tanzanie avec le swahili, à Madagascar avec le malgache, ou en encore au Zimbabwe avec le shona, etc. Pour arriver à ce stade, il faut qu'il y ait une réelle volonté politique, une prise de conscience chez les Comoriens de vouloir mieux apprivoiser leur propre culture et que soit mise en place une équipe de chercheurs qui se pencherait sur la question et qui proposerait cette langue standard qui serait utilisée dans tout l'archipel des Comores.

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CI-DESSOUS LES NEWS  RECENTES  DES COMORES

 

 

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A PROPOS DE OUANI

Ouani et ses grands hommes
 
 
L’être humain est insignifiant puisque le corbeau et beaucoup d’autres espèces d’arbres vivent plus longtemps que lui. De ce court séjour dans ce bas monde à la différence d’autres êtres vivants, l’homme peut marquer de son empreinte l’histoire.
A OUANI, ce genre d’homme malgré sa rareté, a existé et continu à exister jusqu’à nos jours. En ouvrant ce nouveau chapitre, quelques dignitaires en collaboration avec le comité de pilotage de la ville ont tenu à rendre hommage beaucoup d’hommes et de femmes qui ont fait du bien à cette ville.
En dehors de tout jugement, ils ont fait de leur mieux pour que Ouani devienne l’une des grandes villes les plus rayonnantes des Comores et Ouani l’est grâce à eux. Elle doit continuer à l’être pour nous et les générations à venir.
A titre posthume, nous tirons la révérence devant Saïd Toiha (Baco Moegné), Saïd Abdou Bacar Nomane, Saïd Abdou Sidi et Saïd Andria Zafi.
 
Le premier pour avoir créé la première école privée de la ville dans l’objectif de ne plus avoir un enfant de six à sept ans non scolarisé, le second qui a été le premier à être ministre et dont les louanges dépassent les frontières de la ville, le troisième a accompagné plusieurs années la jeunesse et le dernier a beaucoup contribué au niveau de l’enseignement primaire par son dévouement et son engagement à instruire ceux qui l’ont fait pour nous. Cette liste vient de s’ouvrir et n’est pas prête de se fermer ; beaucoup d’autres personnes disparues ou vivant tels que les enseignants apparaîtront à la prochaine édition.
Ansaly Soiffa Abdourrahamane
 
Article paru en 2003 dans le n° 0 de Jouwa, bulletin d’information de OUANI
 
 
 
 
LES ENFANTS DE LA VILLE DE OUANI
ET L’HISTOIRE   DES COMORES
 
 Beaucoup d’enfants de la ville de OUANI ont marqué et marqueront toujours l’histoire de leur pays : les îles Comores.
 
 En voici quelques uns dans différents domaines.
 La liste n’est pas exhaustive
 
 I) LITTERATURE
 
LITTERATURE ORALE
 
ABDEREMANE ABDALLAH dit BAHA PALA
 
Grand connaisseur du passé comorien décédé brusquement en 1988.
Actuellement, un projet de publication de sa biographie est en étude.
On trouve beaucoup de ses témoignages sur l’histoire des Comores dans le tome 2 de l’excellente thèse de SIDI Ainouddine sur la crise foncière à Anjouan soutenue à l’INALCO en 1994 
 
LITTERATURE ECRITE
 
Mohamed Ahmed-CHAMANGA
 
Grand linguiste des Comores
 
 Né à Ouani (Anjouan) en 1952, Mohamed Ahmed-Chamanga, diplômé de swahili et d'arabe, a fait des recherches linguistiques sur sa langue maternelle. Il enseigne la langue et la littérature comorienne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il est l'auteur d'une thèse, de plusieurs articles, ainsi que d'un recueil de contes de l'île d'Anjouan : Roi, femmes et djinns (CLIF, 1998). Président de l'Association Fraternité Anjouanaise, Mohamed Ahmed-Chamanga a fondé, en 1997, le journal Masiwa.
 Il enseigne actuellement la langue et la littérature comoriennes à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris (INALCO).
 
AINOUDINE SIDI
 
 Historien & grand spécialiste de l’histoire foncière des Comores 
 
 Né à OUANI, en 1956. Il a fait des études d’histoire à l’université de DAKAR (SENEGAL) et a préparé un doctorat d’études africaines à l’INALCO (PARIS)  Il est actuellement chercheur et Directeur du CNDRS (Centre National de Documentation et de Recherches Scientifiques) à MORONI.
 
 II) MUSIQUES & CHANTS
 
DHOIFFIR ABDEREMANE
 
Un des fondateurs de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Avec ses chansons axées sur la contestation sociale. Il fait partie des premiers artistes qui ont introduit aux années 60 une nouvelle forme de musique aux COMORES.
 
C’est un homme très discret mais plein de talents. On se souviendra toujours de ses productions à la salle AL CAMAR de MORONI.
 
FOUDHOYLA CHAFFI
 
 Une des premières femmes comoriennes à avoir fait partie d’un orchestre musical.
 Il s’agit là d’un engagement incontestable de la part d’une femme comorienne.
 Elle a commencé à jouer un rôle important dans la chanson à partir de 1975 comme chanteuse principale de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Sa voix d’or résonne toujours dans le cœur de tous ceux qui ont vécu dans notre pays de 1975 à 1978. On ne passait pas en effet, une seule journée sans entendre une de ses chansons sur l’égalité des sexes, l’unité des Comores, le changement des mentalités… à la radio nationale.
 
 III) POLITIQUE
 
Le sultan ABDALLAH III
 
 De mère ouanienne, il est l’un des grands sultans qui ont régné dans l’archipel des Comores au 18eme siècle et plus précisément sur l’île d’Anjouan.
 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED
 
La première femme ministre et élue député des COMORES
 
Né le 06 juillet 1952 à OUANI. Elle a enseigné pendant plusieurs années le français et l’histoire géographie dans différents collèges du pays avant d’être nommée secrétaire d’Etat à la condition féminine et à la population en 1991.
De 1991 à 1996 elle a assumé de hautes responsabilités politiques : Haut commissaire à la condition féminine, Ministres des affaires sociales, conseiller spécial du président de la république, secrétaire général adjoint du gouvernement, élue députée ….
Actuellement, elle est enseignante à l’IFERE et Présidente du FAWECOM.
 
Article publié sur le site de l'AOFFRAC (www.aoffrac.com)
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

17 octobre 2008 5 17 /10 /octobre /2008 13:54

Source : AL WATWAN.NET 17 octobre 2008

maquettiste171008 Finis les mshadhari confectionnés par mamans et koko dans le banda, le baraza et la cuisine sous l’odeur d’un bon drovi ya nazi? Je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est que Soufiani Ahamada est venu de son Mirereni natal pour – avec machine à coudre, maquette et patron, s’il vous plait – ‘‘industrialiser’’ la confection de nos majestueux mishadhari qui vont donner corps aux très originales kofiya ya matso comoriennes. Quand l’art rencontre l’artisanat.

‘‘Samahani ndofanya yembahazi nasi rerongowa’’. Ce sont là les paroles d’accueil du propriétaire de la première fabrique de mishadhari du pays sise route de Hadudja à Moroni. Non pas qu’il cherche à se débarrasser de vous, mais parce que Soufiani Ahamada est un artiste pressé : il tient à réussir, sans bavure, ses quatre mshadhari quotidiens. L’enfant de Mirereni dans le Dimani veut innover dans cette activité qu’il a commencée en octobre 2004 après une formation autodidacte à partir d’une vieille machine de sa maman dans son village de l’est de Ngazidja.
Son installation dans la capitale s’est faite en trois étapes. Au début, parti de son Mirereni ‘‘razaliwa’’, il s’en allait trimbaler dans Moroni pour vendre à la criée.

De Mirereni à Moroni

Mais, rapidement, ‘‘ne pouvant plus supporter ces trop longues heures sous le soleil’’, il a ouvert un petit point de vente sur la route de Hadudja-Mbuzini d’où un frère cadet exposait les produits toujours fabriqués au village. ‘‘Puis quand j’ai senti que je me suis fait de solides épaules pour descendre à la capitale, je n’ai pas hésité’’. C’était fin 2007.

Aujourd’hui dans son point de vente qui – entre temps – s’est agrandi du double, il peut proposer jusqu’à dix mishadhari régulièrement.

Pour votre prochain majestueux kofia ya matso (litt = bonnet aux yeux ; en référence aux innombrables petits trous qui le caractérisent), vous n’avez pas à vous inquiéter : une vingtaine de modèles vous attendent dans un catalogue qui s’enrichit régulièrement. Des maquettes connues et qui ont comme nom bauwa la mahaba, bauwa la mpbepvoni, bismillah, hasbuna dhwah, etc. Certaines d’entre elles, pas moins d’une dizaine, sont faites maison. Vous en voulez une autre? Une maquette plus intime et plus circonstanciée, comme un message particulier que vous voulez faire passer par kofia ya matso interposé.

De l’artisanat à l’art, de l’art à l’artisanat

Kapvatsi tabu, il vous suffira de passer la commande. C’est ainsi qu’une maquette affirme ‘‘mahaba tsi mali wala matraka’’. ‘‘Je l’ai tracé en souvenir de mon mariage à l’occasion duquel j’ai eu à faire face à certaines préjugées’’, explique notre maquettiste du mshadhari. Vous la voulez, cette maquette? No problème, un ‘‘patron’’ existe et vous attend. Comme pour toutes les maquettes de la maison du mshadhari que vous pouvez ramener chez vous après avoir débourser entre 3000 et 5000 francs pour un kofiya fini qui pourrait vous revenir jusqu’à… quarante fois plus cher.

C’est que le travail de Soufiani valse entre l’artisanat et l’art. Il prend son crayon pour créer le modèle et sa machine pour ‘‘coudre’’ le mshadhari. Si le tracé exige des facultés incontestables d’artiste, la couture demande une doigtée à toute épreuve : ‘‘une erreur peut aller jusqu’à vous abîmer une maquette’’, prévient Soufiani les yeux rivés sur la mince aiguille d’où sort le mince fil qui trottine sur ce morceau de tissus d’où naîtra un joli mshadhari. Car sans beau mshadhari, il n’y pas de majestueux kofia ya matso et, encore moins, de riches vao la anda comme on l’aime à Ngazidja un mois de juillet.
Le mois de juillet justement est, avec, août, les deux mois, par excellence, où le kofiya ya matso – de très loin le couvre-chef le plus acheté et porté aux Comores – est le plus sollicité. Et comme la confection artisanale d’un bon kofiya peut prendre parfois jusqu’à un an, les commandes ont lieu tout au long de l’année avec un petit ‘‘pic’’ en octobre et novembre. A Mbeni, Mitsamihuli, Dzahani la Tsidje, Wela-Itsandra, d’où nous viennent les plus beaux spécimens, on vous en soufflera un mot.

Madjuwani Hassani

 

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23 septembre 2008 2 23 /09 /septembre /2008 23:19

 

 

Oluren Fekre, c’est son nom d’artiste. Mais, il s’appelle Nour El Fikri ALI MOHAMED. Ce diplômé en droit et en sociologie politique qui évolue professionnellement dans les domaines de l’Education, du Social et des Ressources Humaines est aussi un passionné de la littérature, de l’histoire, de la musique et de l’écriture. Il vient de franchir un pas important. Mais cela n’a pas du tout surpris  tous ceux qui le connaissent. Car c’est un jeune homme déterminé, dynamique et ambitieux qui croient à tout ce qu’il fait  et se bat quotidiennement en dépit de multiples obstacles pour concrétiser ses projets. En effet, la  pièce  « je dois m’acheter un mari » concernant les mariages forcés comoriens qu’il a écrite sera jouée au Théranga, un bar à palabre qui se trouve au 20, rue des Dames 75017 PARIS (http://theranga.free.fr/) les 28 septembre, 03 et 04 octobre prochains.

 

« Je dois m’acheter un mari » est une pièce courte (de 40 min), un monologue traitant des mariages forcés.

RESUME

Fatima Djimba est reçue par un acteur social. Elle se confie, elle ouvre
une fenêtre sur sa cour intérieure. Défilent alors ses doutes, sa petite vie,
ses espoirs et sa folie latente.

NOTE D'INTENTION

Le mariage forcé est devenu un sujet de discussion récurrent chez les jeunes Comoriens vivant en France. Fatima Djimba c'est vous, c'est moi... et des contradictions à n'en plus finir.

Le sujet étant lourd, j'ai voulu l'aborder avec peu de mots, d'où le monologue -court- En l'espace de 40 minutes, avec Fatima Djimba, nous prenons place au carrefour de toutes les hypocrisies, celle des victimes et des bourreaux, celle des diasporas et des sociétés d’origine,
celle des immigrés et des sociétés d’accueil.

Fatima Djimba est partielle, est partiale, dit tout et son contraire. Oui. Sans doute. Précisément parce que Fatima Djimba , c'est vous, c'est moi...des contradictions à n'en plus finir.


BELINDA DUKI

Cette pièce est portée par Bélinda Duki , comédienne d'origine congolaise
formée  chez Alain de Bock, à l’école charpentier art et studio.
Bélinda Duki a joué :
d'Octobre 2006 à janvier 2007 : Le conte d’une femme noire de Jean Small (monologue) à la menuiserie Pantin (reportage et extrait sur www.thotep.com). Mise en scène par Ozùa Tayoro.
en Juin 2005 : La voix des hybrides d’Ozùa Tayoro au théâtre de la Noue à Montreuil.
en Juin 2003 : L’importance d’être aimée d’Oscar Wilde au théâtre de l’Orme à Paris.

 

  «Je dois m’acheter un mari » sera joué au THERANGA , 20 rue des dames, 75017 Paris

les 28 septembre, 03 et 05 octobre 2008
à 19H00
entrée gratuite avec participation au chapeau

http://theranga.free.fr/  

 

Infos + :
- Durée de la pièce : 40 min.
- Nombre de places disponible : 20
- Métro : Place Clichy

 

 


Fikri, comme l’appellent ses proches, est né en 1975 à Moroni aux Comores. Arrivé en France  à l’âge de 14 ans, il a baigné  dans les cultures comorienne, malgache et française. C’est pourquoi il aime se présenter comme un « comoro-franco malgache ».

Fikri ne manque pas de projets et ne compte pas s’arrêter à la présentation de « je dois m’acheter un mari ». Il publiera dans les mois à venir  son premier roman « la vie, cet exil… » dont ci-dessous le résumé :

« Malik, le narrateur, à la suite d’un événement douloureux, se lance sans le savoir dans « une écriture méditative ».
Ce texte est l’évocation des deux années qui viennent de s’écouler. Deux années qui ont provoqué chez lui « un tremblement de repères ». En quelques mois, il est passé d’une île à un continent, du Sud au Nord, de l’adolescence à l’âge adulte. Il a découvert l’Amour et « la vie, la vraie », d’ailleurs, de cette dernière il lui arrive de dire, « la vie m’a tué ».
Par les mots, il essaie de saisir ce qui lui arrive. Au plus près. S’ensuit une évocation, pêle-mêle de la migration, des traditions de son pays d’origine (Les Comores), des crispations identitaires qui se nouent en France, de l’accession du Jean Marie LE PEN au second tour de la présidentielle française de 2002, de l’altérité… Ce sur un ton mi-candide, mi-amer.
A mesure que le temps s’écoule, Malik s’interroge, ces mots qu’il exprime… Sont-ils un linceul dont il se drape ou des promesses de lendemain qu’il s’adresse à lui-même ? »

 Pour avoir plus d’informations sur Oluren Fekre et ses projets, vous pouvez consulter  son site internet : http://olurenfekre.free.fr/

Nous souhaitons bonne réussite,  bonne chance et bonne continuation au jeune artiste Oluren Fekre

Halidi Allaoui (HALIDI-BLOG-COMORES)

 

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9 septembre 2008 2 09 /09 /septembre /2008 21:08

Paris, mardi 26 août 2008 HZK-Presse : Hachimiya Ahamada (photo) est réalisatrice. Lorsque vous discutez avec, ses yeux se posent sur chacune de vos phrases. Elle décortique chaque mot, les sourcils relevés, comme on soupèse de l’or e qu’on surpris par le poids. La parole semble être un trésor pour elle. Pourtant, elle parle peu, et préfère écouter. Puis, même quand elle parle de son travail, elle interroge, les mots arrivent lentement, hésitants, à voix basse, en se demandant s’ils peuvent encore repartir et recommencer.

Hachimiya Ahamada réalise des films documentaires dans lesquels elle mène une réflexion, plutôt intimiste, sur les sociétés du sud en général et sur la société comorienne en particulier, sur les difficultés de l’exilé, et en fond de toile, elle laisse transparaître la condition des femmes d’immigrés et de leurs filles. Des enfants nées en France, élevées presque complètement comme des Française, mais dont on attend qu’elles se comportent comme des Comoriennes, une fois devenues adultes. La faille.

 Une femme et ses doutes

 La Résidence Ylang-Ylang (2008) a donc été le film qui a révélé Hachimiya Ahamada à un public plus large, cet été. Pourtant, elle, qui est plutôt modeste, ne semblait pas croire autant au succès du film au mois de mars. Il faut dire qu’en plus de son angoisse habituelle, elle se lançait, pour la première fois, dans la fiction.

 Mais le succès a été rapide. Le film a été projeté dans une séance spéciale en mai dernier à « La Semaine Internationale de la Critique » (festival parallèle au festival de Cannes pour les jeunes cinéastes). Ce fut le seul court-métrage d’un originaire d’Afrique pendant « La Semaine ». Et il fait son chemin, puisque la jeune femme enchaîne les festivals et les rencontres. Elle revient d’ailleurs du Festival International du Film Arabe à Oran, dans lequel les participants se sont étonnés du fait que jamais un film comorien n’a été présenté, alors que le pays est membre de la Ligue Arabe. De tout cela, elle n’en tire aucune gloire et se contente de dire que c’est « un encouragement pour continuer à écrire des films à ma manière ».

 La Résidence Ylang-Ylang, qui a été entièrement tourné aux Comores, évoque la situation de ce pays où l’on trouve aujourd’hui de nombreuses grandes maisons inhabitées, parce qu’appartenant à des Comoriens de la diaspora, essentiellement installés en France, alors que la majorité des habitants continuent à vivre dans des cases faites de végétaux ou de tôles. C’est la situation que vit un homme qui entretient la villa [de son frère] qui est en France. Lorsque sa petite maison en feuilles de cocotier brûle, se pose la question de son installation dans cette villa trop luxueuse pour lui.

 L’auteur s’est retiré derrière les personnages et ce qu’ils portent. Hachimiya Ahamada laisse voir plus qu’elle ne dit. Pas de grands discours sur les inégalités, le mépris ou l’arrogance. La cinéaste laisse voir. Elle met face à face les situations les plus opposées et le spectateur, quel que soit son niveau social ou intellectuel est en mesure de s’approprie le sens du film.

 En plus des acteurs-amateurs (mais qui n’en n’ont pas l’air), l’auteur a eu recours à des artistes comoriens de renom comme le plasticien Napalo pour les décors, la chanteuse Nawal pour une partie de la musique, l’écrivain Aboubacar Saïd Salim dans le rôle d’un notable arrogant et méprisant. Lors du montage, en mars, elle a demandé à plusieurs de ses amis de passés voir le film, histoire de se rassurer. Autour d’un verre, ils ont plutôt salué le travail accompli, avant d’aborder d’autres sujets plus généraux sur les Comores.

 « Elle va nous faire exister sur une carte ».

 D’où est venue cette passion du cinéma pour cette jeune femme qui avait choisi de faire des études de Langues ? Son ami, le juriste Saïd Abasse Ahmed, qui l’a connue à Dunkerque aime à rappeler l’opiniâtreté de Hachimiya Ahamada qui a tout mis en œuvre pour pouvoir réaliser des films. Il reste persuadé qu’elle « va nous faire exister sur une carte ».

 Elle a dû quitter sa Dunkerque de naissance, s’inscrire à l’Institut National Supérieur des Arts du Spectacle et de la Diffusion (INSAS) à Bruxelles, où pour subsister, elle a fait de petits boulots. Elle en sort diplômée en réalisation en 2004.

 Avant cela, encore très jeune, Hachimiya Ahamada a cultivé sa passion du cinéma au sein de l’Ecole de la Rue. C’est dans cette association qu’elle a développé sa culture cinématographique, en visionnant de nombreux films classiques et en réalisant de nombreux courts métrages, seule ou avec des amis.

 C’est dans cette période que Hachimiya Ahamada réalise son premier documentaire avec deux amis : Le Fréquentage (1995). Le film reçoit une Mention Spéciale du jury aux 10e Rencontres Internationale Cinématographiques de Dunkerque (1995). Le jury a salué la sensibilité cinématographique de la jeune fille. L’année suivante, elle obtient le Grand Prix au festival de l’Acharnière (1996). Le film était basé sur une idée originale : raconter la rencontre amoureuse d’un couple d’handicapés.

 Documentaires intimistes

 Ces dernières années, Hachimiya Ahamada s’est penchée sur la société comorienne, surtout dans le cadre de la diaspora. Dans cette perspective, elle a réalisé deux films, qui sont aussi des documentaires faits dans le cadre de ses études à l’INSAS.

 En 2004, Feu leur rêve abordait déjà le thème de la maison construite par les exilés dans un pays où ils ne vont plus. Le documentaire débute par des plans sur les briques rouges qui sont les façades des murs des maisons ouvrières du Nord sur un fond de musique arabe. Puis, le père de la cinéaste entre en scène dans une vidéo amateur dans laquelle il présente à sa famille, restée à Dunkerque, la maison d’un hypothétique retour au pays. On voit ensuite la jeune femme devant la tombe de son père, enterré à Dunkerque. Le contraste est saisissant car le spectateur devine, à travers les souvenirs de la mère et de sa fille, les sacrifices faits par la famille pour construire une maison dans laquelle elle ne vivra jamais.

 Dans Destin tracé (2003), la cinéaste aborde la sempiternelle question du mariage forcé qui préoccupe tant les jeunes filles nées en France, même si dans le film, elles s’accordent plutôt sur l’expression « mariage arrangé » pour le cas des Comores.

 Le film commence dans par le tournage d’une fiction. Le spectateur pénètre dans une famille maghrébine, le père et l’aînée sont à table avec un homme venu demander la main de leur fille. La cadette revient de l’école et son père lui annonce immédiatement : « Linda, voici Erdoyan, voici ton futur époux ». Et les voix s’entremêlent. La réalisatrice et les techniciens entrent dans le champ de la caméra. Tout n’était que cinéma. Le scénario est arrêté. On entend alors Hachimiya Ahamada, en voix-off : « J’ai imaginé une histoire dans laquelle les parents imposeraient un époux à leur fille. Cette histoire sera la mienne. Je suis l’aînée dans ma famille et la tradition comorienne veut que j’épouse un homme du même village que mon père ».

 Le film n’est qu’une fiction inachevée. Nous entrons ensuite dans la réalité. La réalisatrice présente le scénario de ce possible film à deux maghrébines et à de jeunes filles comoriennes et recueille leurs confidences, leurs craintes et leurs espoirs sur le choix de leurs futurs époux. Le poids des parents, de la tradition, de la communauté… comment alors pouvoir aimer et faire sa vie de femme ?

 L’œuvre de Hachimiya Ahamada est une œuvre en devenir. Elle pose des jalons pour l’avenir, par petites touches. Mais déjà, elle amène chacun, immigrés et enfants d’immigrés à s’interroger sur les conditions de vie en exil et sur le mythe de « l’éternel retour ».

Mahmoud Ibrahime (Correspondant, Paris)
HZK Presse 26/08/2008

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14 août 2008 4 14 /08 /août /2008 17:19

Agence comorienne de presse (HZK-Presse)

 

 Moroni, mercredi 13 août 2008 (HZK-Presse) – Soeuf Elbadawi, connu pour son implication dans la promotion des arts et des lettres comoriens, vient de publier aux éditions Komedit un recueil de poèmes en hommage à sa mère décédée le 3 décembre 2007 à Moroni. Travail de mémoire. Une œuvre de 63 pages écrites en deux temps, et que malgré l’émotion qui sort de sa plume, se lit en moins d’une cinquantaine de minutes.

 

Tout simplement parce que dès la première phrase, la lecture vous emporte jusqu’à la dernière ligne sans que l’on s’aperçoive du temps qui passe. Un compte rendu en deux parties : l’une portant sur le sentiment du poète pour sa défunte mère, et l’autre sur l’aspect littéraire de l’œuvre.

 

L’œuvre commence par un récit d’une vingtaine de pages au travers duquel l’auteur de « Moroni Blues » et sa suite, fidèle à lui-même, n’en démord pas avec sa franchise, et  se remet en question, en posant un regard interrogateur sur les principes originels de l’éducation et des valeurs acquises vis-à-vis de l’évolution du temps et des mœurs. Il illustre avec des mots sincères, si simples et une écriture d’une fluidité émouvante l’incompréhension entre les générations qui se suivent et ne se ressemblent pas.

 

Dans la deuxième partie il relate l’amour qu’un fils porte à l’endroit de sa défunte mère, comme en réponse au dévouement que celle-ci a su apporter à son entourage, mais aussi au bonheur qu’elle a su rendre à celles et ceux qu’elle a côtoyé.    

 

« Un poème pour ma mère, une rose entre les dents » deux phrases toutes simples mais qui en disent long, en guise de titre pour ce recueil dont la page de garde annonce la couleur de la douleur « Noir » comme le deuil, à l’endroit d’une mère que l’auteur s’approprie parce qu’elle l’a mis au monde, mais qui en réalité fut la mère de toute une génération, porte flambeau de la ville de Moroni, qu’elle a aimée jusqu’à son dernier souffle.

 

Connue pour son activisme social, son honnêteté intellectuelle, son sens du dévouement envers les causes qu’elle a toujours défendues, Mme Zahara Ibrahim puisqu’il faut la nommer, a donné le meilleur d’elle-même pour l’épanouissement de la condition féminine et le respect des droits de l’enfant.

 

Anciennement secrétaire à la Banque des Comores et de Madagascar, Zahara Ibrahim est devenue fonctionnaire de l'Etat comorien, et a travaillé comme assistante au gouvernorat de Ngazidja, puis archiviste documentaliste au ministère de l'intérieur et de la décentralisation, avant de finir sa carrière au Haut Commissariat chargé de la promotion féminine.

 

Mme Zahara s’est justement investie pour le bien-être de la communauté que ce soit pour la création de ces banques communautaires du réseau « Meck » dont elle a été l’une des membres fondatrices en 1998, ou pour la gestion du patrimoine familial, d’où sa qualité de  Chef d'entreprise durant les années 80, à la tête de la Boulangerie Mchinda.

 

Elle a par ailleurs su s’illustrer par son militantisme au sein des associations féminines telles que Mawunati, l’AFEC [Association Féminines des Comores] ou elle a été l’une des champions de la fameuse reforme « Katiba » du grand mariage traditionnel de Moroni. Son engagement ne se limitait pas à cela, mais s’était engagé dans des Organisations Non Gouvernementales comme le Croissant Rouge pour s’investir dans le développement et l’humanitaire. C’est comme cela que je l’ai vue à l’œuvre mener des combats pour le respect de la dignité humaine, contre l’égocentrisme, au cours de différentes occasions comme lors de l’épidémie de cholera de 1978 ; où elle avait pris le devant comme pour motiver les très jeunes volontaires que nous fument, pour l’accompagner œuvrer dans les villages du Sud de la grande île des Comores, en distribuant comprimés et lait à base de Soja, dont nous, jeunes d’antan, nous nous amusions à nommer « Néjambé ».

 

Et je ne vous parlerais pas de ces moments que nous avons passé ensemble au Haut Commissariat chargé de la promotion de la femme, aux cours des réunions passées à la réflexion et la conception de l’actuel Code de la famille, ou encore pour l'évolution du statut de la femme comorienne, aux côtés de Moinaéchat Cheikh, Zahara Toyib, le Muftorat, et j’en passe des meilleurs moments qu’elle savait réserver aux conseils d’une mère, entre deux séances de travail ! Partout où elle a travaillé, Mme Zahara a su laisser des traces de son utilité envers la nation comorienne au travers de laquelle elle s’est en effet toujours distinguée.

 

En fermant le livre, le lecteur ressent un sentiment de respect envers « mère courage » et de nostalgie, à l’endroit d’une époque révolue qui était caractérisée par l’entraide et la préparation du pain au feu de bois – époques postmodernes. Un florilège au goût morose, mais d’une écriture à la portée salvatrice.

 

Haled A. Boina

130808/hab/hzkpresse/12h00

 

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1 août 2008 5 01 /08 /août /2008 23:30

Agence comorienne de presse (HZK-Presse)

 

Moroni, jeudi 24 juillet 2008 (HZK-Presse) – Rappeur prodige, certes. Fin manipulateur de rimes conscients, sûrement. La preuve, la voix de ce jeune rimbaldien du rap comorien – qui aime bien vivre dans l’ombre tel un poète maudit du 19ème siècle- a une longue portée.  Mayotte, Tanzanie, Moroni, Sarcelle, Plan Dao, ces textes crus qui osent parler de la misère et des déviances des jeunes dans les quartiers, émeuvent et décrassent un large auditoire. Génie à l’état pur, reste le moins qu’on puisse dire de lui, puisque au jour d’aujourd’hui personne n’avance le contraire.

 

Six heures du matin. Zone rouge. Ainsi, sont baptisés les quartiers Sans-fil et Oasis par AYSD. D’ailleurs, dans ces quartiers, on voue à ce jeune rappeur, qui n’a que 30 ans, une vénération digne d’un parrain d’une mafia sicilienne. Si dans la plupart des quartiers de Moroni, après l’aube, les chaînes stéréo émettent des versets de Coran, dans la Zone Rouge d’aucuns se réveillent au rythme des morceaux de AYSD. 

 

« C’est toujours la même musique, donc çà sera toujours la même danse. A chaque lever de soleil, tu  as toujours l’impression que c’est la première matinée de ta vie », nous a-t-il lancé, le jeune rappeur, dès qu’il nous a vu, pour essayer de savoir si nous aussi nous avons remarqué que le mal-être collectif perdure dans ce pays qu’il voit comme « un paradis en enfer ». Cheveux tressés, une de ses deux filles dans les bras, et, sa femme, Queen Hoo, auprès de lui. « J’ai connu le rap à la fin des années 80. Et tout de suite, je suis devenu fanatique. En 1995, avec des potes de mon quartier Irougoudjani, on s’est constitué en groupe. Lyrical Mafia, était son nom. Et « Tout est gourré » fut notre premier tube. » 

 

En effet, au travers de toutes ses chansons AYSD dénonce la mauvaise gouvernance. Surtout, il revendique la dignité de tout un chacun. Dans les bidonvilles de Caltex et Oasis où il vit, la misère crève les yeux. D’ailleurs, selon lui, « si dans ces quartiers les jeunes se sont retournés vers la drogue et le sexe, c’est seulement pour oublier ce qu’ils vivent ». « Bordel », une des chassons qui cartonne en ce moment, ne parle que de cette délinquance tolérée.

 

« Comme tout le monde, j’ai pris la barque de l’espoir en 2001 pour Mayotte. Dieu merci, j’ai eu la chance que de milliers de gens n’ont pas eu. Paix à leurs âmes. Mais là-bas, je ne suis resté que 9 mois. Je m’étais interdit de voler ou de braquer des maisons comme mes d’autres le font là-bas pour pouvoir survivre », nous a-t-il confié. Toutefois, s’il y a un rappeur qui a fait parler de lui dans l’île Hippocampe, qui était au top, c’est sûrement AYSD.

 

Dans toutes les fêtes, dans tous les concerts, de la Grande-Terre et de Petite-Terre, le jeune AYSD mettait le feu. Dans les rues, surtout celles de Kavani, Mamoudzou, où il habitait, les bambins fredonnaient à longueur de journée les refrains de ses chansons. Il a appartenu un temps au célèbre groupe de rap de Kavani, Garde Impérial.

 

Entre 2005 et 2006, il est parti deux fois en Afrique continentale. Et de Tanzanie l’Ouganda, en passant par le Burundi, il a pu découvrir la vraie culture Hip-hop et s’aguerrir auprès de grands noms de la culture rap de ces pays non francophones. D’ailleurs, il y a peu, une de ses  chansons « Vungudza mwendo » a été parmi les meilleurs tubes du hit-parade tanzanien.

 

« Mon rap est une rafale de mitrailleuse contre ces politiques. Et une eau bénite pour les jeunes. J’essaie à l’aide de mes rimes de conscientiser les uns et responsabiliser les autres.  Le fait qu’ils m’en veulent ne me fait ni chaud ni froid. Je suis un artiste et je fais mon boulot », a conclu Azad Ali Moustakim alias AYSD, dans l’entretien qu’il nous a accordé.

 

En tout cas, AYSD persiste et signe dans sa voie. Et tant que les choses n’auront pas changé dans le pays, sa voix se refuse de tarir. Et nous, nous l’engageons de milles feux, car des artistes engagés aux Comores, il n’y en a pas beaucoup, comme on en a connu par le passé à l’exemple de Boule, Abou Chihabi et autres.

 

Adjmaël Halidi

240708/ah/hzkpresse/6h00

 

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30 juillet 2008 3 30 /07 /juillet /2008 21:18

CULTURE : « TERRE NOIRE. Lettres des Comores » de Jean Marc  TURINE 

Un livre poignant  et intimiste plein de questionnement et d’étonnement.

 Notes de lecture :

Voici un livre dont la publication ne doit pas passer inaperçue pour tous les Comoriens, tous ceux qui s’intéressent  aux  Comores et tous ceux qui aiment la belle écriture. Il s’agit de Terre Noire, lettres des Comores de Jean Marc Turine *(photo ci-dessous) édité il y a quelques mois aux éditions Metropolis en Suisse.

 L’auteur  relate dans ce livre ses trois voyages effectués aux Comores au début des années 80 (huit mois en tant que coopérant), en 1998 (deux mois comme journaliste pour France Culture)  et en 2006 (pour réaliser des émissions pour la RTBF).

 Le 30 novembre 1980, il débarque pour la première fois aux Comores. C’est son premier voyage en dehors de l’Europe. Jeune coopérant belge faisant partie de « ces quelques chômeurs  que la France et la Belgique sauvent des affres d’une dépression » comme il le dit lui même (p.22), il doit enseigner la philosophie au lycée de Domoni. 

 Dès son arrivée à Domoni, il se sent chez lui. Domoni devient sa vraie ville pour huit mois. Il l’affirme avec force « aujourd’hui c’est le 30 novembre 1980, il est deux heures trente du matin. Je suis à Domoni, la ville du président et ma ville pour huit mois… » (p.18). Au même moment, il comprend qu’il ne peut pas être un coopérant comme les autres : «  La nuit est chaude, tropicale, lourde et la communauté blanche fête le départ d’un des siens. Depuis le début de l’après-midi, les pluies et les vents s’abattent sur l’île avec un acharnement systématique, dévastateur mais naturel. Qu’importent les paillotes emportées (…), la fête a lieu, j’en suis, je ne sais pas où je suis.» Mais en réalité, Domoni deviendra définitivement sa ville.

 Un peu plus loin, il confie qu’il a même du mal à préserver la condition première du coopérant « la neutralité ou l’objectivité blanche. Statut bâtard, hypocrite, de l’ignorance intellectuelle ! » (p.40)

Du coup, il fait son choix.  En vérité, c’est un coup de foudre ! Il trouve une ville, Domoni, il a une vraie famille, celle de Maenrouf, Attoumane et  Adia dont il deviendra tout simplement « le papa blanc ». La découverte des îles, « Anjouan la belle », la Grande Comore, « l’île qui se laisse découvrir comme un visage dont les yeux parfois caressants, parfois horrifiés, parfois stupéfiés se soumettent à la demande » (p.51), d’un pays et  d’un peuple, « les comoriens dont la faute est d’être simplement très pauvres(…) des comoriens  négligés par  un ordre mondial qui ne considère que son nombril économique et qui supportent les conséquences d’une colonisation  qui a laissé le pays exsangue» (p.53) le transforme. Il devient un muzungu comorianisé.[1] Il ouvre les yeux sur tout et écoute avec attention : la pauvreté « sur des enfants au ventre bâillonné…sur des corps prématurément vieillis » (p.20) ou encore « j’observe une intolérable pauvreté » (p.73) sur ses amis  rencontrés à Moroni  en 1998 comme Seseko. « Je le regarde attentivement » écrit-il (p.81) » sur  les villes « j’ouvre  les yeux sur la ville de Moroni. J’écoute les battements de son cœur, les froissement de ses jupes, ses pas traînants dans un désœuvrement  collectif » (p.83)…Vingt quatre ans après, de retour à Anjouan, il ne change pas, il continue à ouvrir ses yeux sur tout !

 Il se comporte  vraiment en Comorien. Malgré la « chaleur qui monte et est écrasante » et « sous un soleil en pleine forme », il marche beaucoup dans tous les sens et « sans fatigue » : « sur le bord de la route », « sur les escaliers de la banque et du bureau central de la poste où il rencontre les mêmes mendiants aux corps tordus, aux mêmes emplacements et observe la même indifférence à leur égard», « dans le dédale des ruelles étroites et poussiéreuses»…Car il veut « se fondre dans la foule des marcheurs (…) pour être semblable à elle » (p.73).

 Il fréquente les Comoriens et leurs lieux comme  le café du port qui deviendra son lieu privilégié d’observation et de repos ! Un endroit non fréquenté par les quelques Européens vivant à Moroni. Il se fait aussi beaucoup d’amis de toutes les classes sociales surtout en 1998 et en 2006. Il adopte les moeurs des Comoriens. Cela est très visible quand il relate ceci : « Chez Tony, il y a du monde. Un repas est offert après la lecture d’une page du coran. Je fais la connaissance de sa femme, Anrfati, qui est enceinte. La rencontre est chaleureuse et simple. Je mange du mataba, je bois du jus de mangue et du tamarin. Nous mangeons avec les doigts, assis sur une natte posée sur le sol. (…) Mon groupe d’amis, je l’ai trouvé là. Je les verrai tous les jours. »

 Quand on se sent vraiment Comorien, on ne peut pas rester insensible à l’extrême pauvreté de ce pays – un crime - et ménager leurs différents responsables. Jean Marc Turine le prouve dans son œuvre. On retrouve en effet quasiment dans toutes les pages les termes « pauvreté, misère et faim» soit expressément soit implicitement.

 Il fustige aussi en permanence et avec les mots appropriés les responsables : « toute la sauvagerie coloniale d’hier et toute la négligence du pouvoir actuel qui s’inscrivent sur ces corps prématurément vieillis à l’âge indéterminable, gravées » (p.20) ou encore « ce président qui ne s’occupe guère des affaires de l’Etat, il utilise la politique pour la prospérité de ses capitaux, de ses commerces » (p.35).

 Ce passage parlant mérite aussi d’être cité : « Moroni n’est certes pas Kigali ni Alger (…). Pas de bandes armées fanatiques qui massacrent aveuglément. (…). Aux Comores, on ne fréquente pas la famine qui sévit au Soudan. Mais cela change t-il quelque chose au crime ? Un crime commis depuis des années et resté impuni. Car laisser la faim s’installer  est criminel comme est criminel l’indifférence face à l’absence d’accès aux soins les plus élémentaires.

Où es-tu communauté internationale ?
Derrière quel baobab te planques-tu ?
Tu n’as rien à dire, France ?
Rien.
En apparence. » (p.55) 

 Jean Marc Turine ne manque pas enfin de révéler quelques informations qui mériteraient d’être exploitées. L’on peut citer par exemple ce passage où il évoque ce Français chez qui il loge en 1998 lequel a « une double mission : l’une officielle, dans la coopération, l’autre officieuse, plus directement politique et en liaison avec les services de l’Ambassade » qui lui explique  « qu’il organise de nombreuses réunions avec des membres de l’opposition. Sa mission devient plus claire : fédérer l’opposition et créer un moment favorable pour déstabiliser Taki »

 Mais au delà du récit intimiste que certains peuvent juger parfois un peu provoquant et exagéré (pourtant, à notre avis, il ne l’est pas !), de la description profonde de notre pays et de ce que Jean Marc Turine dit vouloir offrir à travers son œuvre à savoir « le témoignage qui sort de l’ombre et de l’oubli, même de façon partielle et subjective, un pays parmi les plus pauvres de la planète, rencontré sans préméditation et dont les habitants me sont chers. J’ai essayé de les accompagner dans les dimensions les plus simples, donc véritable, de la vie », le lecteur de « Terre Noire, lettres des Comores » est surtout frappé par la beauté stylistique de l’écriture adoptée. Trois écritures différentes ! On y trouve, en effet, une fusion de la narration et de l’information. Mais le lecteur est aussi séduit par ce mélange régulier de poésie et de philosophie cadencé par plein de questionnement, d’étonnement et d’ironie. Cela se ressent plus dans le deuxième texte « Terre Noire (1998) ». Il suffit de relire le passage précité de la page 55 pour s’en convaincre.

Le lecteur se régale aussi grâce à ces jeux de mots permanents, les analogies et autres figures de styles qui sont très visibles tout au long de la lecture. Il y a ici ou là des comparaisons, des belles métaphores, des clichés et personnifications… ou encore des allégories et des anaphores.

 Lisez par exemple ces quelques belles lignes consacrées à la femme comorienne plein  d’anaphores. A juste titre d’ailleurs ! Peut-on décrire la femme comorienne avec un autre style ?

 « Les femmes élèvent les enfants, les femmes cuisinent et  ramassent le bois avec les enfants, les femmes font la cueillette de l’ylang-ylang avec les jeunes filles, les femmes ramassent le sable sur les plages pour le transporter dans des paniers jusqu’à la route où les hommes viendront le charger, plus tard, en camion, les femmes font les lessives, les femmes font les lessives, les femmes vendent les fruits et les légumes sur les marchés. Les femmes font beaucoup trop d’enfants (…) » (p.43)

 Dès fois tous ces jeux de mots sont mélangés dans un seul paragraphe. Ce qui accentue la beauté du récit et de l’écriture.

 C’est le cas, quand Jean Marc Turine décrit l’île de la Grande Comore comme suit :

 «  Un corps ? Une île ?

Elle est attirante la terre noire de la Grande Comore. Et fière. Noire de lave qu’aucune larme, aucune sueur, aucun baiser n’ont pu attendrir. (…) Le bleu qui l’entoure est comme du fard sur des paupières.
L’île se laisse découvrir comme un visage dont les yeux parfois caressants, parfois horrifiés, parfois stupéfiés se soumettent à la demande : prends-moi et laisse moi te prendre. (…)
Alors pourquoi la faim ? Pourquoi la misère ? Pourquoi cette préoccupation, ce mal obsédant subi au quotidien ? Pourquoi ce tourment ? » (p.50 – 51)

Ou encore ce mélange de lettres frappant qui caractérise le troisième texte « Adia, Adia d’Anjouan » (p.177 et s.). Car le livre lui-même est déjà une lettre poignante adressée à ses lecteurs. Et pourtant l’auteur juge utile d’y insérer aussi quelques lettres des ses amis et de « sa fille Adia ». Peut être, c’est une façon pour lui de mieux interpeller le lecteur.

S’il est vrai qu’on trouve  aussi dans le livre des petites erreurs et confusions sur les dates (la date de l’indépendance des Comores est 1975 et non 1974…) et noms des personnes et lieux (pour parler du Président Ahmed Abdallah, tantôt c’est Ahmed Abdallah, tantôt c’est Mohamed Abdallah…Ajaho ??? Chididini ???. A Anjouan, à notre connaissance, il n’y a pas de village qui s’appelle « Iconi… » (p.227) – des erreurs que beaucoup de Comoriens peuvent aussi commettre vu l’ignorance de leur pays dont ils font preuve. Mais, ce livre a le mérite d’être un très bon livre  bien écrit qui capte et interpelle son lecteur du début à la fin.

 Espérons que beaucoup de comoriens, et plus particulièrement Mohamed Bacar Dossar, un des meilleurs amis de l’auteur dont on parle beaucoup et loue « la rigueur, le sérieux et l’honnêteté intellectuelle » dans le livre – devenu actuellement la clef de voûte du pouvoir -  liront « Terre Noire. Lettre des Comores ».

 Que Jean Marc Turine me permette d’emprunter ses mots pour parler aussi à son œuvre laquelle m’a parlé tout au long de sa lecture et à travers elle mon pays natal en ces termes : « Je te caresse de mon regard, je te donne à toi-même ton corps parce que je te regarde  avec tendresse !

Saint Gratien le 28 juillet 2008

Informations générales:

ISBN: 978-2-88340-176-1

 

256 pages

 

Format: 13x21

 

Prix: 31 CHF

 

Prix: 20 EURO 

 

 

 

 *Jean Marc Turine vit et travaille à Bruxelles. Il est romancier, cinéaste, essayiste et a été aussi enseignant

1 Cette appellation m’appartient et j’assume son usage. Elle signifie tout simplement un blanc ou européen devenu un vrai comorien ou encore « peau blanche, cœur comorien »


Halidi Allaoui (HALIDI-BLOG-COMORES)

 

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12 mai 2008 1 12 /05 /mai /2008 11:53

 

Le Palais des Sultans à Mutsamudu, Ujumbe, s’est écroulé le jeudi dernier, vers deux heures du matin. D’importants dégâts matériels et un blessé grave sont à déplorer. Heureusement, ces dégâts sont limités uniquement au niveau supérieur  du Palais. C’est la toiture qui cède, emportant avec elle la façade latérale droite. Celle-ci a entraîné à son tour la maison d’en face. Sous deux mètres de hauteur, les gravats et les décombres occupent une quinzaine de mètres de longueur. Quatre boutiques et une pharmacie sont privées d’accès. C’est au milieu de ces décombres qu’on a extirpé Saïd Ali Saïd Omar quelques minutes après la catastrophe. Ce sexagénaire se trouvait au premier étage de sa maison quand celle-ci a accompagné le Palais dans son effondrement.


 
De facto, la ruelle qui longe le Palais en direction de la Mosquée de vendredi est restée coupée. De plus, toute la partie supérieure de l’édifice menace de céder. La façade principale, pourtant visiblement intacte, la façade arrière, la deuxième moitié de la façade droite aussi, toutes, peuvent tomber à tout moment. Elles menacent même la mosquée de vendredi. Aussi, aucune mesure de police n’est prise pour protéger les passants ou les habitations avoisinantes. A Mutsamudu, la population est sous le choc. ‘‘C’est en quelque sorte une bibliothèque qui part en feu’’, se désole le maire de la ville. Il n’a pas tort. Ujumbe, 850 m2 repartis à deux niveaux, est un joyau architectural construit sous le règne du Sultan Abdallah 1er (1792-1803). Avec ses poutres en bois, il est célèbre par ses plafonds en coffre, sa calligraphie arabo-islamique rouge et noire et les moucharabiehs qui ornent ses fenêtres.

 

 Palais royal jusqu’à la fin du Sultanat en 1912, Ujumbe a vu défiler l’essentiel de l’histoire politique de Ndzuani voire de tout l’archipel : c’est dans ce palais que le Sultan Salim reconnaît la présence française à Mayotte en 1846 ; c’est également là qu’Abdallah III est contraint de signer l’accord de protectorat de son Île avec la France en 1887. Durant tout le XXème siècle, Ujumbe servira à tout. Pêle-mêle, il a été siège du Canton, dispensaire, école primaire publique, bureau du cadi, école privée, dojo, musée, salle de répétition théâtrale.

 Inscription à l’Unesco

 Il a même servi de prison sous le séparatisme : les éléments de l’Armée nationale du développement capturés lors du débarquement de 1997 y ont passé quelques jours.

Aujourd’hui, Ujumbe héberge une pharmacie  et deux petits commerces. L’effondrement du niveau supérieur du  palais royal relance le débat sur la préservation et la conservation du patrimoine culturel de ce pays. La catastrophe du jeudi dernier n’est pas une surprise. Selon Houmadi Halifa,chercheur en archéologie au Cndrs- Ndzuani, ‘‘la sonnette d’alarme avait été tirée dès 2004’’. Conscient des menaces qui pèsent sur le patrimoine culturel comorien, Msaanda, une association comorienne basée en France, se mobilise pour l’inscription de la vielle ville de Mutsamudu sur le patrimoine mondial de l’Unesco. Le palais est le premier édifice que Msaanda projette de sauver. Afin de soutenir cette demande, une étude est menée par Pierre Blondin, un architecte urbaniste lillois. Le rapport, adressé à l’Unesco et aux autorités comoriennes, décrit l’état catastrophique du palais. Des mesures urgentes de conservation s’imposent. Mais rien ne sera fait. Plus étonnant encore, Ujumbe est resté un palais royal abandonné. Personne ne s’occupe de l’entretien de ce bâtiment vieux de deux siècles et demi : ni le gouvernement fédéral, ni celui de Ndzuani, ni même la municipalité. Pourtant, ‘‘chaque jour nous voyions les poutres de la toiture céder une à une’’, fait remarquer une dame qui tient un commerce au rez de-chaussée. Saïd Mansoib, voisin du palais et proche parent du seul blessé de ce triste évènement, est très remonté.

 ‘‘J’accuse Shama Sha Ounono de l’état de délabrement d’Ujumbe’’, réagit-t-il. Shama Sha Ounono est une association de promotion de la santé qui a son siège au rez-de-chaussée du palais.

 Un pan de notre histoire qui disparaît

 

 Il y a ouvert une pharmacie et a mis en location deux petites chambres. Il ajoute : ‘‘J’ai dit aux responsables de l’association de prendre les recettes de leurs activités et de les allouer à l’entretien du bâtiment. Il y avait 920 poutres à remplacer. On ne m’a pas écouté’’. A l’association, on s’en défend. ‘‘Il faut beaucoup de moyens pour entretenir un tel ouvrage’’,avance Salim Djaha. ‘‘Cela fait longtemps que le Palais se porte mal, poursuit-il. Nous avons alerté les autorités qu’Ujumbé finira par tomber. Nous n’avons jamais reçu de subvention de la part des pouvoirs publics. D’ailleurs, nous avons dû, nous-même, aménager le rez-dechaussée lorsque nous voulions ouvrir la pharmacie’’. Localement, seule la Jeune chambre internationale Mutsamudu semble avoir essayé de faire quelque chose pour sauver Ujumbe. Imrane Miftahou, ex-président de cette association, en est convaincu. L’année dernière, elle a organisé une soirée de levée de fond avec comme objectif de gagner un million de francs afin de financer l’édification d’un échafaud de soutien de la toiture. Mais l’opération n’avait pas rapporté grande chose. Aujourd’hui, la population se rend compte de la gravité de la situation. ‘‘Si on ne parvient pas à restaurer ce palais, ce sera une partie importante de notre histoire qui disparaîtra’’, conclut Djounaïd Abdou, un enseignant d’Histoire Géographie.


 
SOURCE : Anzaouir Ben Alioiou

Al-watwan N° 1068 du 12 mai 2008

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16 février 2008 6 16 /02 /février /2008 15:58
 
 
photos-cris-16-02-08-001.jpgEh oui !
 
J’ai le plaisir de vous informer que les Editions KomEdit viennent de publier mon premier recueil de poèmes.
 
Il s’agit de « Cris d’ici et d’ailleurs », un recueil de 76 pages préfacé par l’Ecrivain- Poète, Aboubacar Said Salim, dont le prix de vente est de 7 euros.
 
Par contre, pour une fois, vous m’excuserez d’être incapable de donner mon avis ou mon point de vue sur cette œuvre. Car je suis de ceux qui pensent qu’on ne peut pas se mettre à sa fenêtre et se voir passer. Bien que je présage votre déception, je ne puis vraiment pas faire autrement. Je compte plutôt sur vous, après l’avoir lue, pour pouvoir forger un jour mon idée sur ce que j’ai écrit. Ce qui est sur, c’est MA poésie à MOI (voir quelques poèmes en cliquant ICI).photos-cris-16-02-08-002.jpg
 
Toutefois, je vous propose ci-dessous les réactions de ceux qui ont déjà lu le recueil à savoir le préfacier et l’éditeur :
 
Pour l’Ecrivain-Poète, Aboubacar Said Salim, je rapporte ce qui est écrit en quatrième de couverture du recueil : « Le recueil «  Cris d’ici et d’ailleurs », Premier recueil de poèmes du jeune Halidi, ressemble étrangement à un itinéraire initiatique.
 
J’ai décelé dans la poésie de Halidi ce juriste poète, une nostalgie toute particulière car internationale, et future. Sa nostalgie n’est pas tournée uniquement vers le passé, et vers son ego, mais plutôt vers le présent, le futur et les autres.
 
Ce recueil s’ouvre su le poème « Mélancolie » et se ferme sur « Prière »
Ces deux poèmes forment comme des parenthèses qui délimitent l’ici et l’ailleurs, Rouen qui semble être sa seconde patrie et Ouani qui est «  le point de son essence » et pas seulement le coin de sa naissance, comme il le dit dans un poème au titre énigmatique de  « ! » point d’exclamation. »
 
photos-cris-16-02-08-006.jpgQuant à l’éditeur, dans son communiqué de presse, il dit ceci : « Son recueil de poème reflète une certaine nostalgie. Rien, ni à Rouen, ni à Bordeaux, rien n’apaise le mal qui le ronge, le mal du pays, de la mère patrie. Alors, il écrit et s’investit pleinement dans les associations.
Pour ce premier recueil, il a recours à une langue fluide, accessible au grand nombre et ne tombe pas dans ce piège des novices qui consiste à entourer de mystères chaque vers. »
 
Maintenant, c’est à vous de lire le recueil et de donner votre point de vue dans les prochains jours.
 
Le livre est distribué par ADLC (tél : 02 12 04 86 71 ou komedit_adlc@yahoo.fr) (voir les différents points de vente sur le site de KomEdit ou en me contactant directement (Mobile : 06 61 70 15 06 ou halidi.allaoui@club-internet.fr)
 
photos-cris-16-02-08-008.jpgJe serai aussi présent à la journée culturelle de l’AOFFRAC (Association Ouanienne de Floirac France Comores) qui sera organisée le samedi 22 mars 2008 à FLOIRAC 33270 (Près de BORDEAUX) voir l’annonce en cliquant ICI) pour une séance de dédicace.

Pour voir ce pensent les medias, cliquez ICI








Cris d'ici et d'ailleurs
KomEdit
Année 2008
Nb de pages : 72
NISBN : 978-2-914564-53-3
Prix 7 euros
 
Halidi Allaoui
HALIDI-BLOG-COMORES
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2 février 2008 6 02 /02 /février /2008 00:39
 
 
 
pjhotos-01-02-08-086.jpgParmi les plus beaux cadeaux que l’on m’a offerts à l’occasion des fêtes de fin d’année, il y en a un qui m’a particulièrement touché. Je ne peux pas m’empêcher, chers visiteurs de mon blog, de vous en faire part.
 
 Il s’agit du livre de Messieurs Ahmed Ouledi et Mahmoud Ibrahime, deux grands passionnés de l’Histoire de notre pays, Les Comores au jour le jour, publié chez Komedit en décembre 2007.
 
Grâce à cette œuvre de 123 pages dont le prix est de 12 euros, j’ai désormais, en permanence, la chronologie des événements qui ont marqué mon pays natal - les bons et les mauvais - dans tous les domaines (politique, économique, culturel…) depuis les origines jusqu’à nos jours.
 
Même si on peut noter quelques petites imprécisions (à la page 92, on cite certains quartiers sans préciser les villes concernées), contradictions (il y a une confusion sur la date du décès du sultan Allaoui : 1841 ou 1842 ???) et lacunes (hormis la date de la création du Réseau Femme et développement, il n’y a rien sur la femme comorienne ou encore sur le sultan Said Omar d’Anjouan), la qualité et l’utilité de l’œuvre restent incontestables. Tous ceux qui s’intéressent aux Comores en général et à leur histoire en particulier ne peuvent pas s’en passer. Car comme l’affirment les auteurs « elle fait revivre les instants oubliés du passé et restitue dans la mesure du possible, leur enchaînement. »
 
Ouledi Ahmed, ce docteur en Biologie de l’université Paris VI – Pierre et Marie Curie, est un grand passionné de l’histoire.  Il est enseignant-chercheur à l’Université des Comores et Consultant pour des organismes du système des Nations Unies et de la Commission de l’Océan Indien (COI)
 
Quant à Mahmoud Ibrahime, il est docteur en Histoire de l’université Paris VII. Chercheur associé au SEDET (France) et au CNDRS (Comores), il enseigne dans le secondaire en France depuis 12 ans. Il est auteur de Etat Français et colons aux Comores (1912 – 1946), l’Harmattan, 1997 et La naissance de l’élite politique comorienne (1945 – 1975) L’Harmattan, 2000.
 
Il publiera prochainement chez Komedit, Said Mohamed Cheikh (1904-1970), parcours d’un conservateur.
 
Halidi
HALIDI-BLOG-COMORES
 
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11 mai 2007 5 11 /05 /mai /2007 13:04
Agence comorienne de presse (HZK-Presse)
 
Comores / Société
Sortie en France d’un film sur Mayotte :
Aller simple pour Maoré, ou le parcours des Comoriens des autres îles devenus clandestins par le visa Balladur
    
Moroni, jeudi 10 mai 2007 (HZK-Presse) La diaspora comorienne de France verra bientôt sur le petit écran un film documentaire consacré à Mayotte, quatrième île de l’archipel des Comores maintenue sous administration française, et intitulé « Aller simple pour Maoré ». Il s’agit d’un document audiovisuel de 84 minutes, produit début 2007 par Agnès Fouilleux.
 
Son réalisateur a sans doute voulu aborder un sujet d’actualité qui a défrayé la chronique ces dix dernières années, à savoir les mouvements migratoires entre les trois îles de la partie indépendante [Ngazidja, Ndzouani et Mwali], et le territoire « sous occupation » française.      
 
HZK-Presse a reçu une présentation sommaire faite par Pierre Caminade, auteur du livre « Comores - Mayotte : une histoire néocoloniale », publié aux éditions Agones [article publié dans Billets d’Afrique de mai 2007].
 
« L’aller simple pour Mayotte » est présenté au public comme « le parcours que font les Comoriens des trois autres îles de cet archipel depuis que le gouvernement Balladur en a fait des clandestins, en 1995, en instaurant un visa », écrit Pierre Caminade.
 
Pour l’auteur français, l’obligation faite aux Comoriens des autres îles de se munir d’un visa d’entrée pour se rendre à Mayotte, les pousserait à rester sur place « au lieu d’y faire de brefs séjours », dit-il.
 
Et M. Caminade de relater la vie quotidienne de ces centaines de « clandestins » pourchassés par l’administration locale, et dont l’effectif aurait décuplé depuis les déclarations en 2004 sur « le droit du sang » attribuées à François Baroin, alors ministre de l’Outre-mer.
 
Des Maorais font parfois des « révélations choc », fait observer Mabadi Ahmédali, membre de la Coordination du CAAC - Comores, loin des polémiques sur le contentieux territoriale qui continue à opposer l’Etat comorien à la France sur l’île de Mayotte.
 
« Le film nous entraîne dans l’univers cruel et absurde des incendies commandités par des maires, des soins médicaux obligatoires et interdits à la fois, des risques d’épidémies liés au refus de soigner un quart de la population. Le tout impulsé par le fantasme d’une nationalité française qui serait trop facile à obtenir... », écrit l’auteur français, visiblement choqué par cette « face cachée » d’une île dont la classe dirigeante n’aspire qu’à obtenir un hypothétique statut de « département français ».  
 
Là-bas les clandestins sont des employés domestiques ou gardiens de zébus. L’on apprend même que depuis 1995 de nombreux ébénistes anjouanais qui exportaient à Mayotte leurs sculptures sur bois très prisées, ont dû y élire domicile dans la clandestinité, et que leurs clients ne sont autres que les fonctionnaires français, y compris les gendarmes qui sont à leur trousse.
 
« Dans leur press-book, un coffre offert au président Chirac lors d’une visite sur l’île. C’est un exemple symptomatique », rapporte Pierre Caminade qui fait une lecture critique des stratégies du préfet de Mayotte, « pour répondre aux objectifs chiffrés de déplacements forcés de populations ».
 
Ceux qui ont eu la primeur de visionner « Aller simple pour Maoré », notamment le groupe CAAC-Comores, espèrent organiser des séances de projections, suivies de débats avec la réalisatrice et des militants anticolonialistes.
 
Pour l’instant la réalisatrice du film n’a pas réussi à obtenir une diffusion sur des chaînes de télévision, et n’a bénéficié d’aucune forme de subvention rapporte le CAAC.
 
El-Had Said Omar
100507/eso/hzkpresse/12h00
 
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