Mohamed Abdérémane Boina Foumou ? Un nom inconnu à première vue. Pourtant, l'homme est en réalité très connu aux Comores notamment dans le milieu culturel. Il est, en fait, surtout connu par son nom de plume et d'artiste, Mab Elhad.
Quelle personne s'intéressant à la littérature et la culture comoriennes osera affirmer qu'il n'a jamais entendu parler de Mab Elhad ? L'homme a une main fascinante du fait de sa polyvalence et un talent litteraire induscutable. Il est photographe, poète et artiste calligraphe. Sans hésitation, nous pensons même qu'il est un des poètes les plus populaires du pays. On le voit partout et réguliérement dans notre pays et ailleurs (France, Madagascar, La Réunion...) tantôt entrain d'exposer ses chefs d'oeuvre artistiques tantôt arborer son joli kandzu - boubou - d'ambassadeur de la poésie comorienne dans les différentes festivités culturelles et atéliers d'écriture. Ce poète "qui sait méler à merveilles les paradoxes", écrit ses poèmes en français, en shikomori et en anglais et a publié son premier recueil de poèmes, "Kaulu la mwando" , chez Komedit en 2004. D'ailleurs, certains extraits de poèmes de ce recueil figurent sur des billets de banque comoriens. Il est le seul poète comorien, à notre connaissance, qui a bénéficié de ce privilège.
Mab Elhad qui est aussi un des membres fondateurs du club Pohori / Kalam, association des poètes et écrivains comoriens et du club Poetiqu'Art ne ménage pas ses efforts pour promouvoir la culture comorienne en général et la poésie comorienne en particulier à travers ses différentes actions et ce malgré son emploi du temps très chargé et ses contraintes professionnelles et familiales. Il suffit de faire un petit tour sur le blog poètes - de - la - lune dont il est l'animateur ou de lire ici ou là ses articles pertinents sur la poésie comorienne comme "régards sur la poésie comorienne" pour s'en convaincre.
Mais notre homme n'est pas seulement un homme d'art et de culture. Ordonner les vers et jongler avec les rimes ne lui suffit certainement pas. Ou plutôt il s'est dit qu'il peut aussi veiller à l'ordre public de son pays. C'est pourquoi il a décidé d'embrasser le metier de gendarme. En effet, il est aussi un officier de la gendarmerie comorienne qu'il a intégrée dépuis une vingtaine d'années. Quand il enlève son koffia d'artiste et de poète, c'est, pour porter un képi ! Et là, le poète Mab Elhad devient le lieutenant Mohamed Abdérémane Boina. Un homme tant attaché à l'unité de notre pays et prêt à se sacrifier pour son pays. Il n'avait pas manqué de le rappeler dans son poème "Anjouan" publié sur plusieurs blogs et sites internet en février 2008 dans lequel il rendait un hommage émouvant aux honorables et vaillants militaires comoriens qui s'apprétaient à intervenir à Anjouan pour rétablir l'ordre constitutionnel.
Eh oui les deux activités sont bien conciliables contrairement à ce que l'on pourrait croire. Leur dénominateur commun n'est il pas incontestablement l'ordre ? Un homme d'art ne rime t-il pas un peu (excusez du peu) avec un homme d'armes ?
Natif de Moroni, "ce gendarme qui se gendarme contre la politique" et père de trois enfants a un diplôme de technicien agropastoral obtenu en France. Une fois rentré aux Comores Il a occupé le poste de chef du département des provix (produits avicoles) à la station avicole du Centre fédéral d’appui au développement rural (Cefader) de 1985 à 1987 avant d'intégrer les rangs de la gendarmerie nationale. Après avoir poursuivi plusieurs formations rélatives à son nouveau métier, notamment en recherche criminelle et lutte contre la drogue et obtenu les diplômes d’officier de police judiciaire (OPJ) et de qualification supérieure de la gendarmerie (DQSG), il s'y est vu confier différentes responsabilités : Directeur adjoint de la Brigade mixte Anti-drogue (Brimad), officier de commandement, responsable de l’Administration et du Fichier central de renseignements judiciaires....
Nous adressons nos chaleureuses félicitations poétiques et lunaires à notre frêre de plume Mab Elhad et souhaitons bon courage au nouveau prefet. Nous lui faisons entiérement confiance quant à sa capacité d'assumer avec dignité et éfficacité ses nouvelles fonctions compte tenu de l'humanisme et de la rigueur qu'il a toujours su concilier dans ses différentes activités et de l'expérience acquise tout au long de sa carrière professionnelle. D'autant plus qu'il est de ceux qui pensent à juste titre que “seuls les gendarmes peuvent garantir la paix et la sécurité populaire en marquant le temps et l’espace d’un pays ou d’une circonscription comme la nôtre’’.
Halidi Allaoui (HALIDI-BLOG-COMORES)