Agence comorienne de presse (HZK-Presse)
Moroni, mardi 25 novembre 2008 (HZK-Presse) – Le chef de l’Etat vient de recevoir une importante délégation de notables de Ngazidja, qui sont venus lui témoigner leur « soutien indéfectible », dans sa volonté affichée de réformer les institutions actuelles. Près de 200 personnes représentant les différentes régions de l’île, ont assisté hier lundi, en début d’après-midi, à une rencontre présentée comme « préparatoire » à un grand rassemblement populaire, prévu à une date ultérieure selon Ismael Abdou, chargé d’exprimer au président de la République les doléances des notables.
« C’est à notre propre initiative », que se tient cette rencontre de Beit-Salam, a tenu à préciser cet orateur originaire de Mtsangadjou dans la région de Dimani. Comme pour couper court aux rumeurs, ce dernier a choisi d’aller droit au but en mettant le président Sambi devant ses responsabilités.
« C’est nous qui vous avons porté à la magistrature suprême de ce pays », dit-il avant de lui rappeler que c’est lui-même qui leur a demandé de voter pour Mohamed Abdouloihabi, parmi les 17 candidats à la présidentielle de l’île de Ngazidja de juin 2007, en estimant qu’il fallait choisir l’homme avec lequel il pouvait s’entendre dans la marche des affaires de l’Etat, en mettant fin au conflit des compétences qui paralyse le fonctionnement normal des institutions.
« Permettez-nous de constater que vous vous êtes piégé vous-même et vous nous avez mis dans l’embarras », lance l’orateur à l’endroit du chef de l’Etat, entouré de son gouvernement et de son cabinet. Et Ismael Abdou de citer les grandes priorités qui pourraient permettre au président de « terminer en beauté » son mandat en réalisant les actions qu’attend la population, à savoir les infrastructures routières, l’énergie et l’eau.
Quant au projet de loi de citoyenneté économique qui fait tant de bruit, le notable de Dimani estime qu’il appartient au chef de l’Etat d’attribuer la nationalité comorienne à « tout investisseur sérieux et non un clochard », avec la faculté de la lui retirer « s’il ne remplit pas ses obligations ».
Sur la question de la révision constitutionnelle, ce représentant de la notabilité a affirmé « l’adhésion » de beaucoup de comoriens à cette idée, « sans que cela ne porte atteinte à l’unité nationale du pays, comme le font croire les détracteurs du régime », et d’appeler les mohéliens à la retenue à propos de la tournante.
Cette rencontre de Beit-Salam à laquelle était conviée la presse, a eu le mérite de clarifier un peu plus le débat, en permettant au président de l’Union de dévoiler son agenda, en annonçant son projet de référendum constitutionnel qui pourrait se dérouler simultanément avec les législatives de l’Union, en principe en avril 2009.
« Si je suis le président de tous les comoriens et non d’une île quelconque, cela suppose une clarification des niveaux de responsabilité qui me distingue des présidents des îles autonomes », martèle Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, en réponse aux doléances des notables.
Et le chef de l’Etat d’ajouter qu’il n’a « aucune arrière pensée visant à étouffer une île ou à privilégier une autre ». Revenant sur son discours prononcé le jour de la Ide Elfitr, le président Sambi estime « qu’un petit pays comme les Comores n’a pas les moyens de supporter la charge de quatre présidents, 38 ministres, 80 députés », et toute cette superstructure politique que nous reprochent nos partenaires, dont le Fonds monétaire international (FMI).
« C’est un des maux qui empêche le développement du pays », déplore-t-il, avant d’énumérer les trois grandes réformes constitutionnelles qu’il envisage de mettre en chantier. Il s’agit de réduire la superstructure politique, harmonier les mandats de nos élus pour assouplir le calendrier électoral pour « en finir avec les élections à répétition », et instaurer de nouvelles relations entre les pouvoirs législatif et exécutif, fondées sur le principe de la responsabilité du gouvernement devant le parlement (motion de censure) et la prérogative accordée au président de l’Union de dissoudre l’assemblée.
Le locataire de Beit-Salam se dit déterminé aussi à poursuivre son action de « moralisation des mœurs politiques » par une éducation citoyenne qui « mettra fin à la culture de l’impunité des gouvernants ». Il promet « une réduction drastique » de l’effectif de son gouvernement dans les jours à venir, et non un remaniement technique.
Au chapitre économique et social, le président Sambi ne désespère toujours pas de voir enfin se réaliser son « projet Habitat » qui fera l’objet en janvier prochain d’un « congrès mondial », où seront invités à participer de nombreux ingénieurs et architectes internationaux dont l’expertise servira à lancer ce vaste chantier destiné selon lui à éradiquer l’habitat insalubre dans l’archipel.
El-Had Said Omar
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