L’ancien Président des Comores, Ahmed Abdallah Abdérémane disait souvent «Dans les rapports entre nos deux pays, les Comores sont la viande et la France est le couteau »
A méditer dans ce pseudo affaire politico judiciaire.
J’espère que le peuple comorien saura au moins un jour le montant des honoraires que l’Etat Comorien a versé à Me VERGES pour un procès inutile. Et quand je pense que les fonctionnaires comoriens ne sont pas payés depuis plusieurs mois, j’ai envie de vomir.
En vérité la réponse à une demande d’extradition est plus politique que judiciaire. Que les autorités politiques françaises prennent leur responsabilité et que les autorités comoriennes défendent fermement et adroitement les intérêts de leur pays ! (voir notre point de vue du 29 mars 2008 en cliquant ICI)
Fort heureusement, le ridicule ne tue pas !
Mais pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui veulent continuer à suivre ce feuilleton ridicule et humiliant, ci-dessous deux articles.
HALIDI-BLOG-COMORES
1) SOURCE : Al-watwan N° 1087 du 06 juin 2008
Demande d’extradition de M.Bacar
“Ne trempez pas dans les magouilles de la France”
Affaire Mohamed Bacar
L'avocat général émet un avis négatif à l'extradition du colonel Bacar
L'avocat général de la cour d'appel de Saint-Denis a émis jeudi un avis défavorable à l'extradition de l'ex-président d'Anjouan, le colonel Mohammed Bacar, demandée à la France par l'Union des Comores. La cour d'appel rendra sa décision le 24 juin.
Jacques Vergès n’a pas mâché ses mots hier lors de l’examen par la chambre d’instruction de St Denis de la Réunion de la demande d’extradition
de M. Bacar et de ses 22 acolytes. La plaidoirie de l’avocat de l’Union des Comores poussera-t-elle les magistrats à donner un avis favorable
à cette demande d’extradition ? Rien n’est moins sûr. L’avocat général s’oppose fermement à un retour de Bacar aux Comores.
L’affaire est mise en délibéré au 24 juin prochain.
Homicides, viols, tortures, détournements de fonds, atteinte à l’unité des Comores. Les faits reprochés aux
23 Comoriens sont graves. Et pourtant, leur audition relève davantage de la comédie que de la tragédie”. Tour à tour ils sont appelés à la barre pour se voir notifiées les accusations dont ils font l’objet. L’examen de chaque cas commençant par une vérification de l’état civil de l’intéressé, c’est là que l’assistance est amenée à rire, sinon au
moins à sourire. Nom ? Prénom ? Nom et prénom du père, de la mère… Absoir Omar : lequel est le patronyme ?
Le président finit par en perdre son latin. Lieu de naissance ? - Fomboni, Mohéli. - C’est à Anjouan, ça ?
Passées ces nécessaires vérifications d’identité, l’interrogatoire est rapide, et les réponses stéréotypées.
- Qu’avez-vous à dire concernant les accusations dont vous faites l’objet dans le mandat d’arrêt international
: homicide, viols, … ?
- C’est la première fois que j’entends parler de ça. Ce ne sont que des mensonges.
- Acceptez vous d’être extradé aux Comores ?
- Non.
- Pourquoi ?
- Parce qu’il n’y a pas de justice là bas.
Et l’intéressé d’aller se rasseoir auprès de ses compatriotes, le sourire aux lèvres, le sentiment du devoir accompli.
Il faudra attendre 2 heures et le passage des 23 acolytes pour que soient étayées les accusations. Les témoignages
sordides de viols et de torture, rapportés par l’avocat de l’Union des Comores alourdissent l’ambiance.
Les viols auraient été commis “par volonté de torture, et non par pulsion sexuelle”.
Mais ces témoignages sont balayés d’un revers de main par l’avocat général : Ils ont été amenés trop tard (la veille de l’audience), et ne peuvent donc être pris en compte par la Chambre d’instruction. C’est le 1er d’une série d’arguments contre l’extradition des 23 hommes. Le principal étant le manque de preuve, l’absence d’articulation des faits qui ne sauraient mettre en cause la responsabilité pénale de Bacar et de ses hommes. Autrement dit, la justice comorienne n’a aucun élément précis contre eux.
“La France doit tenir sa parole”
Mais Me Vergès a d’autres flèches à son arc. Il rappelle qu’en décembre 2002 des mercenaires Français ont tenté un coup d’Etat à Mohéli. Arrêtés par l’armée Comorienne, ils ont été extradés à la demande de la France.
Avec promesse de réciprocité, faute d’accord d’extradition entre les deux pays. Et l’avocat de l’Union des Comores de demander que la France tienne sa parole en livrant Bacar aux autorités comoriennes.
Maître Vergès enfonce le clou en dénonçant “ l’attitude incohérente “ de Paris. Pour lui les politiques ne veulent pas assumer leur responsabilité en “ transférant la patate chaude “ aux magistrats. Me Vergès demande ainsi à la chambre d’instruction de seulement “ dire le droit et ne pas tremper dans les magouilles politiques
de la France’’. D’autant plus que si la chambre d’instruction donne un avis favorable à la demande d’extradition, le gouvernement français aura toute liberté d’accéder ou non à cette demande. A l’inverse, un avis défavorable
obligerait l’Etat français à refuser la demande de Moroni. Malgré tous ces arguments, la demande d’extradition aux Comores de l’ex président d’Anjouan et de ses compères a très peu de chances d’aboutir. L’OFPRA (Office français de Protection des Réfugiés et Apatrides) l’a d’ailleurs déjà déconseillée, et en coulisse Paris continue
à leur chercher un pays d’accueil. Le Bénin se dit prêt à les héberger, tout comme d’autres Etats du Golfe
Persique. La chambre d’instruction de la Réunion a mis son avis en délibéré. Elle se donne jusqu’au 24 juin prochain pour dire oui ou non à l’extradition vers les Comores.
Hakime Ali Said
2) SOURCE : CLICANOO.COM | Publié le 6 juin 2008
Bacar bien parti pour rester
COUR D’APPEL. L’avocat général a proposé hier à la chambre de l’instruction de prononcer un avis défavorable à la demande d’extradition du colonel Bacar et ses hommes. Pour l’Union des Comores, Me Vergès a demandé aux juges de « ne pas tremper dans les magouilles du gouvernement français » et de le laisser décider tout seul. Décision le 24 juin.
Il n’y avait hier soir
pas de sièges plus inconfortables que ceux des trois magistrats de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Saint-Denis. Sollicités pour examiner la légalité de la demande d’extradition
déposée par l’Union des Comores à l’encontre du colonel Bacar et sa vingtaine d’hommes, ils se sont retrouvés pris à partie dans le débat politico-diplomatique qui entoure la présence sur le sol
français de l’encombrant président déchu d’Anjouan. Si leur avis est défavorable, la procédure d’extradition sera renvoyée dans les cordes et Bacar échappera à un procès à charge à Moroni. Si
leur avis est favorable, ils renvoient la patate chaude au gouvernement français qui devra prendre seul la décision d’extrader Bacar, au risque de se froisser avec les Comores ou de vivre un
procès embarrassant compte tenu des liens ténus entre l’ex-président et la France.
Avec sa verve et son aisance coutumières, Me Jacques Vergès, venu représenter l’état comorien, a rapidement mis la pression sur les juges.
« Ne trempez pas dans les magouilles du gouvernement. Soyez une justice respectée et respectable et laissez ce gouvernement incohérent se dépêtrer de sa position impossible », lance le
ténor du barreau.
L’avocat fait référence
aux déclarations de Kouchner promettant de « remettre Bacar aux autorités comoriennes » et de l’autre côté au frein que met selon lui le ministère de la Justice à cette extradition.
« Le gouvernement tient une position impossible, certains ministres veulent cette extradition et d’autres ne la veulent pas. Faites que ce choix politique soit celui des politiques et pas
celui des magistrats. Ne servez pas d’alibi au gouvernement pour éviter de trancher ce dossier », conclut Jacques Vergès.
Qualifié après coup de « serviteur admirable ayant reçu une directive », l’avocat général François Basset devra commencer son
réquisitoire en se justifiant : « Je ne suis inféodé à aucune hiérarchie, les magistrats sont étrangers au débat politique et sont là pour dire le droit. » Et visiblement, en
matière de droit, il y avait beaucoup à dire sur les lacunes de la procédure d’extradition formulée par l’état comorien à l’encontre des 22 du clan Bacar. Confusion dans les identités des membres
de la garde rapprochée de Bacar, qualification hasardeuse et trop vague des faits reprochés « sans le moindre commencement de preuve », l’avocat général ne voit que trop de raisons de
donner un avis défavorable à la requête de l’Union des Comores. Sans compter que l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, qui a déjà accordé l’asile à trois des membres de
l’expédition mahoraise, s’est prononcé contre un renvoi de Bacar et des siens aux Comores, « où leur intégrité physique ne serait pas garantie. »
Pour les avocats de la défense, il n’y a plus alors qu’à dérouler la liste des points litigieux de la procédure. Et insister sur le fait que cette extradition est demandée dans un but politique, ce qui présente un obstacle en droit français.
Pour Me Marie Briot, il n’y a aucun doute que les infractions reprochées à Bacar, à savoir « atteinte à l’autorité de l’État et à l’unité nationale », ont une connotation politique. « D’ailleurs, le ministre des Affaires étrangères comoriennes l’a réaffirmé lors de son voyage ici : Sambi doit transformer sa victoire militaire en victoire politique par le procès de Bacar », pointe l’avocate.
La chambre rendra son arrêt le 24 juin prochain
Sébastien Gignoux