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  • : HALIDI-BLOG-COMORES, Blog des COMORES
  • : BLOG DES COMORES GERE DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013 PAR MARIAMA HALIDI
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A SAVOIR

QU'EST CE QUE LA LANGUE COMORIENNE ?

Pour répondre à cette question pertinente, nous vous proposons ci- dessous l'interview du grand linguiste et spécialiste de la langue comorienne, Mohamed-Ahmed Chamanga

 

 
INTERVIEW DE CHAMANGA PAR RFO EN 2004
 
 
 Le comorien est une langue composée de mots africains, de mots arabes voire parfois de mots portugais et anglais. D'où vient la langue comorienne ?

M.A.C : Le fonds lexical de la langue comorienne est essentiellement « africain » comme vous le dites, et plus précisément bantu. Les emprunts au portugais ou à l'anglais sont relativement faibles. Par contre, l'apport arabe est très important. Cela s'explique par la très forte islamisation des Comores, depuis la Grande Comore(Ngazidja) jusqu'à Mayotte (Maore) en passant par Mohéli (Mwali)et Anjouan (Ndzuwani). Malgré ces emprunts, le comorien (shikomor) reste, sur le plan de sa structure grammaticale, une langue bantu.

Qu'appelle t-on une langue bantu ?

M.A.C : Le bantu est une famille de langues, la plus importante d'Afrique. Les langues qui composent cette famille couvrent pratiquement toute la partie australe du continent noir.

Y a t-il encore aujourd'hui en Afrique ou à Madagascar des populations qui parlent une langue similaire au comorien ?

M.A.C : Bien sûr ! On trouve par exemple le swahili en Tanzanie, le lingala au Congo Démocratique, le kikongo au Congo, le zulu en Afrique du Sud, le shona au Zimbabwe-Mozambique, le tswana au Botswana, le kinyarwanda-kirundi au Rwanda-Burundi, etc. Comme ces langues appartiennent à la même famille, elles ont forcément beaucoup de points communs dans la structure des mots, leurs répartitions dans les phrases, les accords grammaticaux, etc. Elles ont aussi un minimum de vocabulaire commun.
Prenons par exemple le mot bantu ! Ce mot est attesté dans certaines langues, comme le lingala, et il signifie « hommes ». C'est le pluriel du mot muntu qui veut dire « homme » au singulier. Dans d'autres langues, ces mots se déclinent au pluriel en watu (swahili), wantru ou watru ou en encore wandru (shikomor) ; au singulier, nous avons respectivement mtu, muntru, mtru, mndru.
Prenons encore l'exemple de la phrase kinyarwanda suivante qui signifie : « Combien d'hommes ? » : Abantu bangahe ? Nous avons en comorien les équivalences suivantes :Wantru wangapvi ?Watru wangapvi ?Wandru wanga(pvi) ? et en swahili :watu wangapi ?

Ne pensez-vous pas qu'il y a beaucoup de ressemblance dans tout ça ?

M.A.C : A Madagascar, jusqu'au milieu du XXe siècle, il y avait quelques poches bantuphones sur la côte nord-ouest. Mais les langues africaines qui y étaient parlées, le swahili à Marodoka ou le makua à Maintirano, ont aujourd'hui disparu. Le malgache appartient à une autre famille de langues : les langues austronésiennes comme par exemple les langues indonésiennes.

Le comorien est souvent comparé au swahili, parfois on a même dit que le comorien en était dérivé ?

M.A.C: Selon les résultats des recherches des trois dernières décennies, il est prouvé que le comorien et le swahili sont génétiquement issus d'une même souche-mère, d'où leur très grande parenté. Mais les deux langues se seraient séparées aux environs du XIIème siècle. On peut donc dire que ce sont deux langues soeurs. Si la confusion a pu se maintenir jusqu'à une période pas très lointaine, c'était à cause de la très grande proximité des deux langues, mais aussi parce que les sultans des Comores parlaient swahili et beaucoup de correspondances et traités avec les pays voisins ou les puissances étrangères étaient rédigés en swahili qui étaient à l'époque la plus importante langue de communication et du commerce de cette région de l'océan indien occidental.
Par combien de personnes est parlée la langue comorienne?
M.A.C:On peut estimer que la langue comorienne est parlée aujourd'hui par un million de personnes environ : les 750 000 habitants de l'archipel des Comores plus la très importante diaspora comorienne, que l'on peut retrouver notamment à Madagascar, à Zanzibar ou encore en France.

Est-elle enseignée à l'école ? Si non pourquoi ?

M.A.C: Malheureusement, elle ne l'est pas. Pourquoi ? Parce que : Premièrement, la colonisation française, avec sa mission « civilisatrice », n'avait jamais reconnu au peuple dominé une quelconque culture ou civilisation et que les langues des dominées n'étaient pas des langues mais, avec un sens très péjoratif, des dialectes qui n'avaient ni vocabulaire développé ni grammaire.
Deuxièmement, le pouvoir très centralisateur de l'Etat français avait imposé le français comme la seule langue de l'administration partout. Cela était vrai dans les colonies, mais aussi en métropole. C'est ainsi qu'on a banni l'enseignement du breton en Bretagne, du basque au Pays Basque (Sud-Ouest de la France).
Troisièmement enfin, nous avons nous-mêmes fini par admettre que notre langue est pauvre et sans grammaire. Elle ne peut donc pas être enseigné. Il faut encore souligner qu'avec l'instabilité chronique des Comores indépendantes, aucune réflexion sérieuse n'a pu être menée sur la question. Pourtant, les pédagogues sont unanimes : pour permettre l'épanouissement des enfants, il est nécessaire que ces derniers puissent s'exprimer pleinement dans leur langue maternelle...

Y a t-il une ou des langues comoriennes ?

M.A.C:Nous avons la chance d'avoir une seule langue comorienne, depuis Ngazidja jusqu'à Maore. Mais comme toute langue, le comorien se décline en plusieurs dialectes qui en sont les variantes régionales : le shingazidja à la Grande Comore, le shimwali à Mohéli, le shindzuani à Anjouan et le shimaore à Mayotte.

Comment expliquer l'apparition de divers dialectes sur un territoire aussi exiguë que les Comores ?

M.A.C : Ce phénomène n'est pas spécifique au comorien. Toute langue est formée de plusieurs dialectes. La dialectalisation s'accentue lorsqu'il y a peu de communications et d'échanges entre les régions. A l'inverse, le déplacement d'une population qui parle un dialecte donné vers une autre région où l'on parle un autre dialecte peut également entraîner des changements dans les deux dialectes. Pour le cas des Comores, le facteur du peuplement par vagues successives au cours de l'histoire explique aussi le phénomène.
Les différences dialectales peuvent aussi s'observer à l'intérieur de chaque île. C'est ainsi, par exemple en Grande Comore, que la manière de parler des gens de Mbéni dans la région du Hamahamet diffère du parler des gens de Fumbuni dans la région du Mbadjini. Il en est de même à Anjouan entre les gens de Mutsamudu, sur la côte nord, et ceux du Nyumakele, dans le sud-est de l'île, ou encore, à Mayotte, entre Mamoudzou et Kani Bé ou Mwana-Trindri dans le sud, etc.

Un mot sur la langue mahoraise.

M.A.C:Le shimaore appartient au même sous-groupe dialectal que le shindzuani. C'est dire qu'il faut souvent écouter attentivement pour percevoir les différences entre ces deux dialectes. Le shimaore fait ainsi partie intégrante de la langue comorienne.

Le comorien s'enrichit-il ou s'appauvrit-il (avec le phénomène de créolisation de la langue) ?

M.A.C : Parler à l'heure actuelle de créolisation de la langue comorienne est quelque peu exagéré. Certes elle ingurgite aujourd'hui beaucoup de mots d'origine française. Mais cela reste « raisonnable ». Le comorien a emprunté énormément de vocabulaire d'origine arabe, environ entre 30 et 40 % du lexique, pourtant on ne parle pas de créole arabe, et cela à juste titre. En effet, ce qui fonde une langue, ce ne sont pas seulement les mots. Ce sont surtout sa structure grammaticale et sa syntaxe. De ce point de vue, le comorien ne ressemble ni à l'arabe ni au français.
On ne peut pas dire que le comorien s'appauvrit. Essentiellement oral, il répond parfaitement à nos besoins de communication. Il est toutefois évident qu'une langue écrite possède un stock lexical beaucoup plus étendu qu'une langue orale. Ne vous inquiétez pas pour le comorien. Si un jour, on décide de l'écrire, de l'enseigner et de l'utiliser dans l'administration, il ne pourra que s'enrichir. Il s'enrichira en se forgeant des mots nouveaux ou en empruntant d'autres ailleurs, comme cela se fait dans les langues dites de « grande civilisation ».

Où en est actuellement la recherche sur la langue comorienne ?

M.A.C: La recherche sur la langue comorienne avance ; trop lentement peut-être, mais elle avance. Nous avons aujourd'hui une meilleure connaissance sur elle qu'il y a vingt ans. Malheureusement, c'est un domaine qui intéresse peu de monde, aussi bien chez les nationaux que chez les chercheurs étrangers.

Pensez-vous qu'un jour tous les Comoriens parleront la même langue ? Et sur quoi se fonderait cette sédimentation en une seule langue « nationale » ?

Mohamed Ahmed-Chamanga : Nous parlons déjà la même langue. Ce qui nous manque, c'est une langue standard, comme en Tanzanie avec le swahili, à Madagascar avec le malgache, ou en encore au Zimbabwe avec le shona, etc. Pour arriver à ce stade, il faut qu'il y ait une réelle volonté politique, une prise de conscience chez les Comoriens de vouloir mieux apprivoiser leur propre culture et que soit mise en place une équipe de chercheurs qui se pencherait sur la question et qui proposerait cette langue standard qui serait utilisée dans tout l'archipel des Comores.

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CI-DESSOUS LES NEWS  RECENTES  DES COMORES

 

 

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A PROPOS DE OUANI

Ouani et ses grands hommes
 
 
L’être humain est insignifiant puisque le corbeau et beaucoup d’autres espèces d’arbres vivent plus longtemps que lui. De ce court séjour dans ce bas monde à la différence d’autres êtres vivants, l’homme peut marquer de son empreinte l’histoire.
A OUANI, ce genre d’homme malgré sa rareté, a existé et continu à exister jusqu’à nos jours. En ouvrant ce nouveau chapitre, quelques dignitaires en collaboration avec le comité de pilotage de la ville ont tenu à rendre hommage beaucoup d’hommes et de femmes qui ont fait du bien à cette ville.
En dehors de tout jugement, ils ont fait de leur mieux pour que Ouani devienne l’une des grandes villes les plus rayonnantes des Comores et Ouani l’est grâce à eux. Elle doit continuer à l’être pour nous et les générations à venir.
A titre posthume, nous tirons la révérence devant Saïd Toiha (Baco Moegné), Saïd Abdou Bacar Nomane, Saïd Abdou Sidi et Saïd Andria Zafi.
 
Le premier pour avoir créé la première école privée de la ville dans l’objectif de ne plus avoir un enfant de six à sept ans non scolarisé, le second qui a été le premier à être ministre et dont les louanges dépassent les frontières de la ville, le troisième a accompagné plusieurs années la jeunesse et le dernier a beaucoup contribué au niveau de l’enseignement primaire par son dévouement et son engagement à instruire ceux qui l’ont fait pour nous. Cette liste vient de s’ouvrir et n’est pas prête de se fermer ; beaucoup d’autres personnes disparues ou vivant tels que les enseignants apparaîtront à la prochaine édition.
Ansaly Soiffa Abdourrahamane
 
Article paru en 2003 dans le n° 0 de Jouwa, bulletin d’information de OUANI
 
 
 
 
LES ENFANTS DE LA VILLE DE OUANI
ET L’HISTOIRE   DES COMORES
 
 Beaucoup d’enfants de la ville de OUANI ont marqué et marqueront toujours l’histoire de leur pays : les îles Comores.
 
 En voici quelques uns dans différents domaines.
 La liste n’est pas exhaustive
 
 I) LITTERATURE
 
LITTERATURE ORALE
 
ABDEREMANE ABDALLAH dit BAHA PALA
 
Grand connaisseur du passé comorien décédé brusquement en 1988.
Actuellement, un projet de publication de sa biographie est en étude.
On trouve beaucoup de ses témoignages sur l’histoire des Comores dans le tome 2 de l’excellente thèse de SIDI Ainouddine sur la crise foncière à Anjouan soutenue à l’INALCO en 1994 
 
LITTERATURE ECRITE
 
Mohamed Ahmed-CHAMANGA
 
Grand linguiste des Comores
 
 Né à Ouani (Anjouan) en 1952, Mohamed Ahmed-Chamanga, diplômé de swahili et d'arabe, a fait des recherches linguistiques sur sa langue maternelle. Il enseigne la langue et la littérature comorienne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il est l'auteur d'une thèse, de plusieurs articles, ainsi que d'un recueil de contes de l'île d'Anjouan : Roi, femmes et djinns (CLIF, 1998). Président de l'Association Fraternité Anjouanaise, Mohamed Ahmed-Chamanga a fondé, en 1997, le journal Masiwa.
 Il enseigne actuellement la langue et la littérature comoriennes à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris (INALCO).
 
AINOUDINE SIDI
 
 Historien & grand spécialiste de l’histoire foncière des Comores 
 
 Né à OUANI, en 1956. Il a fait des études d’histoire à l’université de DAKAR (SENEGAL) et a préparé un doctorat d’études africaines à l’INALCO (PARIS)  Il est actuellement chercheur et Directeur du CNDRS (Centre National de Documentation et de Recherches Scientifiques) à MORONI.
 
 II) MUSIQUES & CHANTS
 
DHOIFFIR ABDEREMANE
 
Un des fondateurs de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Avec ses chansons axées sur la contestation sociale. Il fait partie des premiers artistes qui ont introduit aux années 60 une nouvelle forme de musique aux COMORES.
 
C’est un homme très discret mais plein de talents. On se souviendra toujours de ses productions à la salle AL CAMAR de MORONI.
 
FOUDHOYLA CHAFFI
 
 Une des premières femmes comoriennes à avoir fait partie d’un orchestre musical.
 Il s’agit là d’un engagement incontestable de la part d’une femme comorienne.
 Elle a commencé à jouer un rôle important dans la chanson à partir de 1975 comme chanteuse principale de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Sa voix d’or résonne toujours dans le cœur de tous ceux qui ont vécu dans notre pays de 1975 à 1978. On ne passait pas en effet, une seule journée sans entendre une de ses chansons sur l’égalité des sexes, l’unité des Comores, le changement des mentalités… à la radio nationale.
 
 III) POLITIQUE
 
Le sultan ABDALLAH III
 
 De mère ouanienne, il est l’un des grands sultans qui ont régné dans l’archipel des Comores au 18eme siècle et plus précisément sur l’île d’Anjouan.
 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED
 
La première femme ministre et élue député des COMORES
 
Né le 06 juillet 1952 à OUANI. Elle a enseigné pendant plusieurs années le français et l’histoire géographie dans différents collèges du pays avant d’être nommée secrétaire d’Etat à la condition féminine et à la population en 1991.
De 1991 à 1996 elle a assumé de hautes responsabilités politiques : Haut commissaire à la condition féminine, Ministres des affaires sociales, conseiller spécial du président de la république, secrétaire général adjoint du gouvernement, élue députée ….
Actuellement, elle est enseignante à l’IFERE et Présidente du FAWECOM.
 
Article publié sur le site de l'AOFFRAC (www.aoffrac.com)
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 12:59

 

 

L’ancien Président des Comores, Ahmed Abdallah Abdérémane disait souvent «Dans les rapports entre nos deux pays, les Comores sont la viande et la France est le couteau »

 

A méditer dans ce pseudo affaire politico judiciaire.

 

 J’espère que le peuple comorien saura au moins un jour  le montant des honoraires que l’Etat Comorien a versé à Me VERGES pour un procès inutile. Et quand je pense que les fonctionnaires comoriens ne sont pas payés depuis plusieurs mois, j’ai envie de vomir.

 

En vérité la réponse à une demande d’extradition est plus politique que judiciaire. Que les autorités politiques françaises prennent leur responsabilité et que les autorités comoriennes défendent fermement et adroitement les intérêts de leur pays ! (voir notre point de vue du 29 mars 2008 en cliquant ICI)

 

Fort heureusement, le ridicule ne tue pas !

 

Mais pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui veulent continuer à suivre ce feuilleton ridicule et humiliant, ci-dessous deux articles.

 

HALIDI-BLOG-COMORES

 

 

1) SOURCE :  Al-watwan N° 1087 du 06 juin 2008

 

Demande d’extradition de M.Bacar

“Ne trempez pas dans les magouilles de la France”

 

Affaire Mohamed Bacar

L'avocat général émet un avis négatif à l'extradition du colonel Bacar

 

L'avocat général de la cour d'appel de Saint-Denis a émis jeudi un avis défavorable à l'extradition de l'ex-président d'Anjouan, le colonel Mohammed Bacar, demandée à la France par l'Union des Comores. La cour d'appel rendra sa décision le 24 juin.

 

Jacques Vergès n’a pas mâché ses mots hier lors de l’examen par la chambre d’instruction de St Denis de la Réunion de la demande d’extradition

de M. Bacar et de ses 22 acolytes. La plaidoirie de l’avocat de l’Union des Comores poussera-t-elle les magistrats à donner un avis favorable

à cette demande d’extradition ? Rien n’est moins sûr. L’avocat général s’oppose fermement à un retour de Bacar aux Comores.

L’affaire est mise en délibéré au 24 juin prochain.

 

Homicides, viols, tortures, détournements de fonds, atteinte à l’unité des Comores. Les faits reprochés aux

23 Comoriens sont graves. Et pourtant, leur audition relève davantage de la comédie que de la tragédie”. Tour à tour ils sont appelés à la barre pour se voir notifiées les accusations dont ils font l’objet. L’examen de chaque cas commençant par une vérification de l’état civil de l’intéressé, c’est là que l’assistance est amenée à rire, sinon au

moins à sourire. Nom ? Prénom ? Nom et prénom du père, de la mère… Absoir Omar : lequel est le patronyme ?

Le président finit par en perdre son latin. Lieu de naissance ? - Fomboni, Mohéli. - C’est à Anjouan, ça ?

 

Passées ces nécessaires vérifications d’identité, l’interrogatoire est rapide, et les réponses stéréotypées.

- Qu’avez-vous à dire concernant les accusations dont vous faites l’objet dans le mandat d’arrêt international

: homicide, viols, … ?

- C’est la première fois que j’entends parler de ça. Ce ne sont que des mensonges.

- Acceptez vous d’être extradé aux Comores ?

- Non.

- Pourquoi ?

- Parce qu’il n’y a pas de justice là bas.

Et l’intéressé d’aller se rasseoir auprès de ses compatriotes, le sourire aux lèvres, le sentiment du devoir accompli.

Il faudra attendre 2 heures et le passage des 23 acolytes pour que soient étayées les accusations. Les témoignages

sordides de viols et de torture, rapportés par l’avocat de l’Union des Comores alourdissent l’ambiance.

Les viols auraient été commis “par volonté de torture, et non par pulsion sexuelle”.

Mais ces témoignages sont balayés d’un revers de main par l’avocat général : Ils ont été amenés trop tard (la veille de l’audience), et ne peuvent donc être pris en compte par la Chambre d’instruction. C’est le 1er d’une série d’arguments contre l’extradition des 23 hommes. Le principal étant le manque de preuve, l’absence d’articulation des faits qui ne sauraient mettre en cause la responsabilité pénale de Bacar et de ses hommes. Autrement dit, la justice comorienne n’a aucun élément précis contre eux.

 

“La France doit tenir sa parole”

 

Mais Me Vergès a d’autres flèches à son arc. Il rappelle qu’en décembre 2002 des mercenaires Français ont tenté un coup d’Etat à Mohéli. Arrêtés par l’armée Comorienne, ils ont été extradés à la demande de la France.

Avec promesse de réciprocité, faute d’accord d’extradition entre les deux pays. Et l’avocat de l’Union des Comores de demander que la France tienne sa parole en livrant Bacar aux autorités comoriennes.

 

Maître Vergès enfonce le clou en dénonçant “ l’attitude incohérente “ de Paris. Pour lui les politiques ne veulent pas assumer leur responsabilité en “ transférant la patate chaude “ aux magistrats. Me Vergès demande ainsi à la chambre d’instruction de seulement “ dire le droit et ne pas tremper dans les magouilles politiques

de la France’’. D’autant plus que si la chambre d’instruction donne un avis favorable à la demande d’extradition, le gouvernement français aura toute liberté d’accéder ou non à cette demande. A l’inverse, un avis défavorable

obligerait l’Etat français à refuser la demande de Moroni. Malgré tous ces arguments, la demande d’extradition aux Comores de l’ex président d’Anjouan et de ses compères a très peu de chances d’aboutir. L’OFPRA (Office français de Protection des Réfugiés et Apatrides) l’a d’ailleurs déjà déconseillée, et en coulisse Paris continue

à leur chercher un pays d’accueil. Le Bénin se dit prêt à les héberger, tout comme d’autres Etats du Golfe

Persique. La chambre d’instruction de la Réunion a mis son avis en délibéré. Elle se donne jusqu’au 24 juin prochain pour dire oui ou non à l’extradition vers les Comores.

 

Hakime Ali Said

 

2) SOURCE : CLICANOO.COM | Publié le 6 juin 2008

 

Bacar bien parti pour rester

COUR D’APPEL. L’avocat général a proposé hier à la chambre de l’instruction de prononcer un avis défavorable à la demande d’extradition du colonel Bacar et ses hommes. Pour l’Union des Comores, Me Vergès a demandé aux juges de « ne pas tremper dans les magouilles du gouvernement français » et de le laisser décider tout seul. Décision le 24 juin.

Il n’y avait hier soir pas de sièges plus inconfortables que ceux des trois magistrats de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Saint-Denis. Sollicités pour examiner la légalité de la demande d’extradition déposée par l’Union des Comores à l’encontre du colonel Bacar et sa vingtaine d’hommes, ils se sont retrouvés pris à partie dans le débat politico-diplomatique qui entoure la présence sur le sol français de l’encombrant président déchu d’Anjouan. Si leur avis est défavorable, la procédure d’extradition sera renvoyée dans les cordes et Bacar échappera à un procès à charge à Moroni. Si leur avis est favorable, ils renvoient la patate chaude au gouvernement français qui devra prendre seul la décision d’extrader Bacar, au risque de se froisser avec les Comores ou de vivre un procès embarrassant compte tenu des liens ténus entre l’ex-président et la France.

Avec sa verve et son aisance coutumières, Me Jacques Vergès, venu représenter l’état comorien, a rapidement mis la pression sur les juges. « Ne trempez pas dans les magouilles du gouvernement. Soyez une justice respectée et respectable et laissez ce gouvernement incohérent se dépêtrer de sa position impossible », lance le ténor du barreau.

L’avocat fait référence aux déclarations de Kouchner promettant de « remettre Bacar aux autorités comoriennes » et de l’autre côté au frein que met selon lui le ministère de la Justice à cette extradition. « Le gouvernement tient une position impossible, certains ministres veulent cette extradition et d’autres ne la veulent pas. Faites que ce choix politique soit celui des politiques et pas celui des magistrats. Ne servez pas d’alibi au gouvernement pour éviter de trancher ce dossier », conclut Jacques Vergès.

Qualifié après coup de « serviteur admirable ayant reçu une directive », l’avocat général François Basset devra commencer son réquisitoire en se justifiant : « Je ne suis inféodé à aucune hiérarchie, les magistrats sont étrangers au débat politique et sont là pour dire le droit. » Et visiblement, en matière de droit, il y avait beaucoup à dire sur les lacunes de la procédure d’extradition formulée par l’état comorien à l’encontre des 22 du clan Bacar. Confusion dans les identités des membres de la garde rapprochée de Bacar, qualification hasardeuse et trop vague des faits reprochés « sans le moindre commencement de preuve », l’avocat général ne voit que trop de raisons de donner un avis défavorable à la requête de l’Union des Comores. Sans compter que l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, qui a déjà accordé l’asile à trois des membres de l’expédition mahoraise, s’est prononcé contre un renvoi de Bacar et des siens aux Comores, « où leur intégrité physique ne serait pas garantie. »

Pour les avocats de la défense, il n’y a plus alors qu’à dérouler la liste des points litigieux de la procédure. Et insister sur le fait que cette extradition est demandée dans un but politique, ce qui présente un obstacle en droit français.

Pour Me Marie Briot, il n’y a aucun doute que les infractions reprochées à Bacar, à savoir « atteinte à l’autorité de l’État et à l’unité nationale », ont une connotation politique. « D’ailleurs, le ministre des Affaires étrangères comoriennes l’a réaffirmé lors de son voyage ici : Sambi doit transformer sa victoire militaire en victoire politique par le procès de Bacar », pointe l’avocate.

La chambre rendra son arrêt le 24 juin prochain

Sébastien Gignoux

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