Halidi Allaoui
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La politique est devenue chez nous l'art d'évacuer les débats de fond, de les repousser à plus tard pour n'aborder que les questions subsidiaires, annexes et finalement sans importance. Les législatives qui s'annoncent ont pourtant un rôle majeur à jouer, celui d'harmoniser les élections présidentielles de l'Union et des îles, dès l'installation des assemblées.
A un mois de ce scrutin capital, le débat est terne, presque grippé.
Les élections législatives des députés de l'Union et des conseillers des îles, dont les mandats sont arrivés à terme, ne posaient apparemment pas de problèmes de calendrier, mais de constitutionnalité. Les échéances prévues pour les renouveler ont été largement dépassées au point de plonger le pays dans une longue situation exceptionnelle, mais le but visé par la réforme de la constitution permettait certains écarts pour justement coordonner les dates et les tenir le même jour.
L'opposition qui n'était pas apparemment prête à affronter des élections législatives juste après le référendum constitutionnel, a opté pour le silence sur la période que s'est octroyée le président pour légiférer par ordonnance. Un sujet qui est pourtant de haute importance dans une grande démocratie, parce que la période est assortie de contraintes constitutionnelles clairement établies.
Les élus de la prochaine législature auront à se pencher, dès leur entrée en fonction, sur la loi portant harmonisation des élections présidentielles, puisque en janvier-février 2010, la constitution prévoit la convocation déjà des primaires à Mohéli. Les échéances légales en perspective se suivent, à commencer par l'élection présidentielle de l'Union en mai 2009, les élections présidentielles de Mohéli et Ngazidja en 2012, et enfin l'élection présidentielle de Ndzouwani en 2013.
La réforme constitutionnelle avait comme premier objectif, celui d'harmoniser les élections. Alors les choix qui s'offrent à la loi d'harmonisation sont politiques, à la merci de la majorité qui se dégagera. Si la mouvance présidentielle obtient la majorité, les élections présidentielles se tiendront à la date de la dernière élection en perspective, celle d'Anjouan prévue en 2013. En toute légalité. Sur cette option, le président de l'Union verra son mandat rallongé de trois ans et celui de Mohéli et de Ngazidja de deux ans. Une option que seul l'exécutif de Ngazidja pourrait rejeter par principe. Dans le cas contraire, l'opposition majoritaire peut choisir le statu quo pour permettre l'alternance mohélienne en 2010 avant de songer à une harmonisation des élections. Dans cette optique, elle peut trancher en faveur d'une réduction du mandat de Moussa Toybou, avec les risques politiques que l'on connait. Car c'est sur une question de calendrier d'élections, Anjouan se refusant à obéir au report décidé par Sambi pour des raisons de transparence, que le pouvoir Mohamed Bacar a coupé les ponts, jusqu'à provoquer des sanctions internationales et un débarquement militaire.
Une autre option, plus politicienne mais plus probable, risque de dominer le débat politique les prochains jours.
L'opposition nationale coutumière à ce genre de compromis, pourrait accepter le prolongement du mandat du président de l'Union d'une manière consensuelle, à la condition que la transition, sera chapeautée par un exécutif de l'Union représentatif des courants de l'assemblée nationale. Ce scénario s'est répété plus d'une fois et dans des circonstances presque similaires.
Le président Sambi qui n'est justement pas lié à aucun pacte de conglomérats de partis, ne verrait aucun inconvénient à terminer son mandat à la tête d'une coalition qui adhérera à son ambitieux programme de redressement économique. La formation de tous les gouvernements n'a, jusqu'ici, obéi qu'à ses propres choix. La paix de demain est peut être à ce prix.
Ahmed Ali Amir
Source : Al-watwan N° 1422 du 15 octobre 2009
Contorsions. Moussa Toybou, alter ego de Mohamed Bacar ?
Mohamed Bacar disposait d'une milice répondant au nom du Fga. M. Bacar portait le titre de président et il était extrêmement jaloux pour ne pas dire sourcilleux de son autonomie et de ses compétences, de surcroît légales.
Et Moussa Toyb ? Pur produit de Sambi, il accepte de porter le titre de gouverneur, sans la moindre transition normale lorsqu'on passe d'un régime à l'autre, ensuite le gouvernement de l'Union qui décide de tout dans l'Ile et enfin la Fga a été complètement démantelée et c'est l'And qui contrôle l'Ile. Alors de quelle volonté dispose Moussa Toyb pour imposer l'harmonisation en 2013 ? De quelles marges de manœuvres dispose-t-il pour rallonger le mandat du président Sambi de 4 à 7 ans ?
On attendait mieux de l'un de nos meilleures plumes. Laudateur, il ne l'a jamais été et le titre de son article “Paix” contraste profondément avec le contenu. En effet, sa conclusion frise l'appel à la guerre. Rien de moins sinon comment aux comoriens, et particulièrement à ceux de Mohéli dont échoit la tournante d'attendre jusqu'en 2013, eux qui se préparent pour mai 2010 ?
Comment convaincre ceux qui adhérent à l'alternance démocratique et pacifique que le président Sambi s'octroie, par un tour de passe-passe, un nouveau mandat de 3 ans ? Dans quel chapitre, dans quel article et dans quel alinéa de la constitution comorienne les députés et les conseillers sont – ils habilités à renouveler le mandat du président de l'Union ? Par quelle contorsion intellectuelle peut-on établir un parallèle entre harmonisation électorale et extension de mandat ?
I
l est vrai par ailleurs qu'on peut écourter un mandat, mais prolonger un mandat sans passer par les mandataires (le peuple souverain) cela relève de la magie. Gbagbo, en Côte d'Ivoire, a bénéficié de la guerre civile dans son pays. Certes M. Ahmed Ali Amir n'exclut pas la possibilité pour Moussa Toyb de provoquer une guerre civile si d'aventure le président Sambi ose toucher à son mandat.
Allons ! Allons ! Soyons sérieux même pour écrire des bêtises, si le président Sambi veut prolonger son mandat jusqu'en 2013 il n'a qu'un seul moyen : interroger la peuple souverain par voie référendaire. Il en a le droit, mais a-t-il le courage ?
Houmed Msaïdié
Réponse de la rédaction
La rédaction
Source : Al-watwan N° 1423 du 19 octobre 2009