Agence comorienne de Presse (HZK-Presse)
Comores /
Dialogue institutionnel :
Mohamed Hassanaly, leader politique de Mohéli
« Nous exigeons une transition sans Sambi »
Moroni, jeudi 6 mai 2010 (HZK-Presse) – Après la suspension du dialogue des institutions, Mohéli pose un certain nombre de conditions avant de revenir à la table de négociation. Mohamed Hassanaly, leader politique de Mohéli, et un des dirigeants de la Convergence nationale pour mai 2010, évoque ces conditions dans un entretien avec La Gazette et HZK-Presse, et parle de la Cour constitutionnelle en tant qu’ancien membre démissionnaire.
Question : Que faites vous après la suspension du dialogue institutionnel ?
Mohamed Hassanaly : D’abord, je tiens à préciser que ce n’est pas le gouvernement comorien qui est à l’origine de l’idée du dialogue. C’est après notre passage à Addis-Abeba que l’UA a dépêché un émissaire [Ramatane Lamamra, Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, ndlr] pour rencontrer les forces vives du pays. Après être venu à Mohéli, il a proposé l’idée de dialogue et nous l’avons bien accueilli parce qu’on veut la paix dans ce pays. Mais on avait demandé à la communauté internationale de bien réfléchir sur le format. Et la suite nous a surpris. La coordination de l’île et l’opposition sont écartées des discussions alors que c’est une question comorienne qui concerne Mohéli en premier. On découvre avec stupéfaction que le dialogue a pris une autre tournure. On demande aux exécutifs de venir aux discussions avec 4 personnes et pourtant, aucun texte ne prévoit qu’on doit suivre telle ou telle procédure pour résoudre la crise. Mais c’est par consensus comme on avait résolu la crise séparatiste d’Anjouan. Mais tout compte fait, le dialogue a commencé. Nous, on avait refusé au début d’y participer car on savait l’issue de cette rencontre.
Question : Maintenant que le dialogue a connu un clash, que proposez-vous comme conditions pour retourner à la table de négociation ?
M.H. : D’abord, on doit se mettre d’accord qu’après le 26 mai 2010, Sambi n’est plus président de l’Union des Comores. On exige cela car au regard de la loi, son mandat arrive à terme à cette date. Son prétexte d’harmonisation ne tient pas débout. L’harmonisation concerne uniquement les chefs des exécutifs des îles. Mais, on sait que le pays ne peut pas rester sans président. Donc les comoriens doivent se voir rapidement pour choisir quelqu’un d’autre pour diriger le navire. Cela, en attendant la préparation des élections présidentielles. Et ce n’est pas parce qu’on est contre Sambi. Mais désormais on n’a pas confiance en lui. Ensuite, on exige que l’opposition, surtout celle de Mohéli, soit intégrée dans les discussions. Et on doit choisir un membre de la communauté internationale pour diriger les travaux. Ni le gouvernement, ni l’opposition ne peuvent les diriger. Dans ces conditions, on va revenir car on est convaincu que seul le dialogue peut nous sortir de cette crise.
Question : Et comment réagissez-vous par rapport à la nouvelle proposition de Me Mzimba, un opposant qui propose d’autres dates?
M.H. : C’est une coalition de l’opposition. Et chaque parti a sa conception des choses. Donc, chacun est libre d’exprimer ses positions. Et si on a trouvé la personne qui doit diriger le pays à partir de mai 2010, on peut faire un gouvernement d’Union national et le calendrier le plus court possible. La transition doit déterminer cette date en fonction des réalités matérielles et financières. Et personne d’autre ne doit proposer de date.
Question : Ce jeudi, on attend les arrêts de la cour constitutionnelle sur le mandat de Sambi et la loi issue du congrès. En tant qu’ancien membre de cette juridiction qu’attendez-vous ?
M.H. : J’ai quitté la cour car je n’étais pas d’accord de la manière dont les décisions étaient prises dans l’institution. Depuis le référendum, j’ai décidé de jeter l’éponge. Si j’étais toujours dans la cour, j’allais exprimer mes points de vue. J’allais notifier au président Sambi qu’à partir du 26 mai 2010 à 00 heures, il n’est plus président. En deuxième lieu, j’allais rappeler que les députés et conseillers réunis en congrès ne peuvent pas prolonger de mandat. Le congrès n’était pas légal car le quorum n’était pas atteint. Toutes ces histoires sont anticonstitutionnelles.
Et vous croyez que ceux qui sont restés vont prendre une telle décision ?
M.H. : C’est une question de conscience. Ils ont une responsabilité pour l’avenir de ce pays. Chacun doit prendre ses responsabilités. En droit, ce sont des textes et chacun veut interpréter à sa manière. Il faut que ces sages prennent en compte le droit et les enjeux.
Propos recueillis par A.A. Mguéni
060510/aam/hzkpresse/6h00