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  • : HALIDI-BLOG-COMORES, Blog des COMORES
  • : BLOG DES COMORES GERE DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013 PAR MARIAMA HALIDI
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A SAVOIR

QU'EST CE QUE LA LANGUE COMORIENNE ?

Pour répondre à cette question pertinente, nous vous proposons ci- dessous l'interview du grand linguiste et spécialiste de la langue comorienne, Mohamed-Ahmed Chamanga

 

 
INTERVIEW DE CHAMANGA PAR RFO EN 2004
 
 
 Le comorien est une langue composée de mots africains, de mots arabes voire parfois de mots portugais et anglais. D'où vient la langue comorienne ?

M.A.C : Le fonds lexical de la langue comorienne est essentiellement « africain » comme vous le dites, et plus précisément bantu. Les emprunts au portugais ou à l'anglais sont relativement faibles. Par contre, l'apport arabe est très important. Cela s'explique par la très forte islamisation des Comores, depuis la Grande Comore(Ngazidja) jusqu'à Mayotte (Maore) en passant par Mohéli (Mwali)et Anjouan (Ndzuwani). Malgré ces emprunts, le comorien (shikomor) reste, sur le plan de sa structure grammaticale, une langue bantu.

Qu'appelle t-on une langue bantu ?

M.A.C : Le bantu est une famille de langues, la plus importante d'Afrique. Les langues qui composent cette famille couvrent pratiquement toute la partie australe du continent noir.

Y a t-il encore aujourd'hui en Afrique ou à Madagascar des populations qui parlent une langue similaire au comorien ?

M.A.C : Bien sûr ! On trouve par exemple le swahili en Tanzanie, le lingala au Congo Démocratique, le kikongo au Congo, le zulu en Afrique du Sud, le shona au Zimbabwe-Mozambique, le tswana au Botswana, le kinyarwanda-kirundi au Rwanda-Burundi, etc. Comme ces langues appartiennent à la même famille, elles ont forcément beaucoup de points communs dans la structure des mots, leurs répartitions dans les phrases, les accords grammaticaux, etc. Elles ont aussi un minimum de vocabulaire commun.
Prenons par exemple le mot bantu ! Ce mot est attesté dans certaines langues, comme le lingala, et il signifie « hommes ». C'est le pluriel du mot muntu qui veut dire « homme » au singulier. Dans d'autres langues, ces mots se déclinent au pluriel en watu (swahili), wantru ou watru ou en encore wandru (shikomor) ; au singulier, nous avons respectivement mtu, muntru, mtru, mndru.
Prenons encore l'exemple de la phrase kinyarwanda suivante qui signifie : « Combien d'hommes ? » : Abantu bangahe ? Nous avons en comorien les équivalences suivantes :Wantru wangapvi ?Watru wangapvi ?Wandru wanga(pvi) ? et en swahili :watu wangapi ?

Ne pensez-vous pas qu'il y a beaucoup de ressemblance dans tout ça ?

M.A.C : A Madagascar, jusqu'au milieu du XXe siècle, il y avait quelques poches bantuphones sur la côte nord-ouest. Mais les langues africaines qui y étaient parlées, le swahili à Marodoka ou le makua à Maintirano, ont aujourd'hui disparu. Le malgache appartient à une autre famille de langues : les langues austronésiennes comme par exemple les langues indonésiennes.

Le comorien est souvent comparé au swahili, parfois on a même dit que le comorien en était dérivé ?

M.A.C: Selon les résultats des recherches des trois dernières décennies, il est prouvé que le comorien et le swahili sont génétiquement issus d'une même souche-mère, d'où leur très grande parenté. Mais les deux langues se seraient séparées aux environs du XIIème siècle. On peut donc dire que ce sont deux langues soeurs. Si la confusion a pu se maintenir jusqu'à une période pas très lointaine, c'était à cause de la très grande proximité des deux langues, mais aussi parce que les sultans des Comores parlaient swahili et beaucoup de correspondances et traités avec les pays voisins ou les puissances étrangères étaient rédigés en swahili qui étaient à l'époque la plus importante langue de communication et du commerce de cette région de l'océan indien occidental.
Par combien de personnes est parlée la langue comorienne?
M.A.C:On peut estimer que la langue comorienne est parlée aujourd'hui par un million de personnes environ : les 750 000 habitants de l'archipel des Comores plus la très importante diaspora comorienne, que l'on peut retrouver notamment à Madagascar, à Zanzibar ou encore en France.

Est-elle enseignée à l'école ? Si non pourquoi ?

M.A.C: Malheureusement, elle ne l'est pas. Pourquoi ? Parce que : Premièrement, la colonisation française, avec sa mission « civilisatrice », n'avait jamais reconnu au peuple dominé une quelconque culture ou civilisation et que les langues des dominées n'étaient pas des langues mais, avec un sens très péjoratif, des dialectes qui n'avaient ni vocabulaire développé ni grammaire.
Deuxièmement, le pouvoir très centralisateur de l'Etat français avait imposé le français comme la seule langue de l'administration partout. Cela était vrai dans les colonies, mais aussi en métropole. C'est ainsi qu'on a banni l'enseignement du breton en Bretagne, du basque au Pays Basque (Sud-Ouest de la France).
Troisièmement enfin, nous avons nous-mêmes fini par admettre que notre langue est pauvre et sans grammaire. Elle ne peut donc pas être enseigné. Il faut encore souligner qu'avec l'instabilité chronique des Comores indépendantes, aucune réflexion sérieuse n'a pu être menée sur la question. Pourtant, les pédagogues sont unanimes : pour permettre l'épanouissement des enfants, il est nécessaire que ces derniers puissent s'exprimer pleinement dans leur langue maternelle...

Y a t-il une ou des langues comoriennes ?

M.A.C:Nous avons la chance d'avoir une seule langue comorienne, depuis Ngazidja jusqu'à Maore. Mais comme toute langue, le comorien se décline en plusieurs dialectes qui en sont les variantes régionales : le shingazidja à la Grande Comore, le shimwali à Mohéli, le shindzuani à Anjouan et le shimaore à Mayotte.

Comment expliquer l'apparition de divers dialectes sur un territoire aussi exiguë que les Comores ?

M.A.C : Ce phénomène n'est pas spécifique au comorien. Toute langue est formée de plusieurs dialectes. La dialectalisation s'accentue lorsqu'il y a peu de communications et d'échanges entre les régions. A l'inverse, le déplacement d'une population qui parle un dialecte donné vers une autre région où l'on parle un autre dialecte peut également entraîner des changements dans les deux dialectes. Pour le cas des Comores, le facteur du peuplement par vagues successives au cours de l'histoire explique aussi le phénomène.
Les différences dialectales peuvent aussi s'observer à l'intérieur de chaque île. C'est ainsi, par exemple en Grande Comore, que la manière de parler des gens de Mbéni dans la région du Hamahamet diffère du parler des gens de Fumbuni dans la région du Mbadjini. Il en est de même à Anjouan entre les gens de Mutsamudu, sur la côte nord, et ceux du Nyumakele, dans le sud-est de l'île, ou encore, à Mayotte, entre Mamoudzou et Kani Bé ou Mwana-Trindri dans le sud, etc.

Un mot sur la langue mahoraise.

M.A.C:Le shimaore appartient au même sous-groupe dialectal que le shindzuani. C'est dire qu'il faut souvent écouter attentivement pour percevoir les différences entre ces deux dialectes. Le shimaore fait ainsi partie intégrante de la langue comorienne.

Le comorien s'enrichit-il ou s'appauvrit-il (avec le phénomène de créolisation de la langue) ?

M.A.C : Parler à l'heure actuelle de créolisation de la langue comorienne est quelque peu exagéré. Certes elle ingurgite aujourd'hui beaucoup de mots d'origine française. Mais cela reste « raisonnable ». Le comorien a emprunté énormément de vocabulaire d'origine arabe, environ entre 30 et 40 % du lexique, pourtant on ne parle pas de créole arabe, et cela à juste titre. En effet, ce qui fonde une langue, ce ne sont pas seulement les mots. Ce sont surtout sa structure grammaticale et sa syntaxe. De ce point de vue, le comorien ne ressemble ni à l'arabe ni au français.
On ne peut pas dire que le comorien s'appauvrit. Essentiellement oral, il répond parfaitement à nos besoins de communication. Il est toutefois évident qu'une langue écrite possède un stock lexical beaucoup plus étendu qu'une langue orale. Ne vous inquiétez pas pour le comorien. Si un jour, on décide de l'écrire, de l'enseigner et de l'utiliser dans l'administration, il ne pourra que s'enrichir. Il s'enrichira en se forgeant des mots nouveaux ou en empruntant d'autres ailleurs, comme cela se fait dans les langues dites de « grande civilisation ».

Où en est actuellement la recherche sur la langue comorienne ?

M.A.C: La recherche sur la langue comorienne avance ; trop lentement peut-être, mais elle avance. Nous avons aujourd'hui une meilleure connaissance sur elle qu'il y a vingt ans. Malheureusement, c'est un domaine qui intéresse peu de monde, aussi bien chez les nationaux que chez les chercheurs étrangers.

Pensez-vous qu'un jour tous les Comoriens parleront la même langue ? Et sur quoi se fonderait cette sédimentation en une seule langue « nationale » ?

Mohamed Ahmed-Chamanga : Nous parlons déjà la même langue. Ce qui nous manque, c'est une langue standard, comme en Tanzanie avec le swahili, à Madagascar avec le malgache, ou en encore au Zimbabwe avec le shona, etc. Pour arriver à ce stade, il faut qu'il y ait une réelle volonté politique, une prise de conscience chez les Comoriens de vouloir mieux apprivoiser leur propre culture et que soit mise en place une équipe de chercheurs qui se pencherait sur la question et qui proposerait cette langue standard qui serait utilisée dans tout l'archipel des Comores.

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CI-DESSOUS LES NEWS  RECENTES  DES COMORES

 

 

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A PROPOS DE OUANI

Ouani et ses grands hommes
 
 
L’être humain est insignifiant puisque le corbeau et beaucoup d’autres espèces d’arbres vivent plus longtemps que lui. De ce court séjour dans ce bas monde à la différence d’autres êtres vivants, l’homme peut marquer de son empreinte l’histoire.
A OUANI, ce genre d’homme malgré sa rareté, a existé et continu à exister jusqu’à nos jours. En ouvrant ce nouveau chapitre, quelques dignitaires en collaboration avec le comité de pilotage de la ville ont tenu à rendre hommage beaucoup d’hommes et de femmes qui ont fait du bien à cette ville.
En dehors de tout jugement, ils ont fait de leur mieux pour que Ouani devienne l’une des grandes villes les plus rayonnantes des Comores et Ouani l’est grâce à eux. Elle doit continuer à l’être pour nous et les générations à venir.
A titre posthume, nous tirons la révérence devant Saïd Toiha (Baco Moegné), Saïd Abdou Bacar Nomane, Saïd Abdou Sidi et Saïd Andria Zafi.
 
Le premier pour avoir créé la première école privée de la ville dans l’objectif de ne plus avoir un enfant de six à sept ans non scolarisé, le second qui a été le premier à être ministre et dont les louanges dépassent les frontières de la ville, le troisième a accompagné plusieurs années la jeunesse et le dernier a beaucoup contribué au niveau de l’enseignement primaire par son dévouement et son engagement à instruire ceux qui l’ont fait pour nous. Cette liste vient de s’ouvrir et n’est pas prête de se fermer ; beaucoup d’autres personnes disparues ou vivant tels que les enseignants apparaîtront à la prochaine édition.
Ansaly Soiffa Abdourrahamane
 
Article paru en 2003 dans le n° 0 de Jouwa, bulletin d’information de OUANI
 
 
 
 
LES ENFANTS DE LA VILLE DE OUANI
ET L’HISTOIRE   DES COMORES
 
 Beaucoup d’enfants de la ville de OUANI ont marqué et marqueront toujours l’histoire de leur pays : les îles Comores.
 
 En voici quelques uns dans différents domaines.
 La liste n’est pas exhaustive
 
 I) LITTERATURE
 
LITTERATURE ORALE
 
ABDEREMANE ABDALLAH dit BAHA PALA
 
Grand connaisseur du passé comorien décédé brusquement en 1988.
Actuellement, un projet de publication de sa biographie est en étude.
On trouve beaucoup de ses témoignages sur l’histoire des Comores dans le tome 2 de l’excellente thèse de SIDI Ainouddine sur la crise foncière à Anjouan soutenue à l’INALCO en 1994 
 
LITTERATURE ECRITE
 
Mohamed Ahmed-CHAMANGA
 
Grand linguiste des Comores
 
 Né à Ouani (Anjouan) en 1952, Mohamed Ahmed-Chamanga, diplômé de swahili et d'arabe, a fait des recherches linguistiques sur sa langue maternelle. Il enseigne la langue et la littérature comorienne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il est l'auteur d'une thèse, de plusieurs articles, ainsi que d'un recueil de contes de l'île d'Anjouan : Roi, femmes et djinns (CLIF, 1998). Président de l'Association Fraternité Anjouanaise, Mohamed Ahmed-Chamanga a fondé, en 1997, le journal Masiwa.
 Il enseigne actuellement la langue et la littérature comoriennes à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris (INALCO).
 
AINOUDINE SIDI
 
 Historien & grand spécialiste de l’histoire foncière des Comores 
 
 Né à OUANI, en 1956. Il a fait des études d’histoire à l’université de DAKAR (SENEGAL) et a préparé un doctorat d’études africaines à l’INALCO (PARIS)  Il est actuellement chercheur et Directeur du CNDRS (Centre National de Documentation et de Recherches Scientifiques) à MORONI.
 
 II) MUSIQUES & CHANTS
 
DHOIFFIR ABDEREMANE
 
Un des fondateurs de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Avec ses chansons axées sur la contestation sociale. Il fait partie des premiers artistes qui ont introduit aux années 60 une nouvelle forme de musique aux COMORES.
 
C’est un homme très discret mais plein de talents. On se souviendra toujours de ses productions à la salle AL CAMAR de MORONI.
 
FOUDHOYLA CHAFFI
 
 Une des premières femmes comoriennes à avoir fait partie d’un orchestre musical.
 Il s’agit là d’un engagement incontestable de la part d’une femme comorienne.
 Elle a commencé à jouer un rôle important dans la chanson à partir de 1975 comme chanteuse principale de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Sa voix d’or résonne toujours dans le cœur de tous ceux qui ont vécu dans notre pays de 1975 à 1978. On ne passait pas en effet, une seule journée sans entendre une de ses chansons sur l’égalité des sexes, l’unité des Comores, le changement des mentalités… à la radio nationale.
 
 III) POLITIQUE
 
Le sultan ABDALLAH III
 
 De mère ouanienne, il est l’un des grands sultans qui ont régné dans l’archipel des Comores au 18eme siècle et plus précisément sur l’île d’Anjouan.
 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED
 
La première femme ministre et élue député des COMORES
 
Né le 06 juillet 1952 à OUANI. Elle a enseigné pendant plusieurs années le français et l’histoire géographie dans différents collèges du pays avant d’être nommée secrétaire d’Etat à la condition féminine et à la population en 1991.
De 1991 à 1996 elle a assumé de hautes responsabilités politiques : Haut commissaire à la condition féminine, Ministres des affaires sociales, conseiller spécial du président de la république, secrétaire général adjoint du gouvernement, élue députée ….
Actuellement, elle est enseignante à l’IFERE et Présidente du FAWECOM.
 
Article publié sur le site de l'AOFFRAC (www.aoffrac.com)
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

19 octobre 2009 1 19 /10 /octobre /2009 12:22

Vous trouverez ci-dessous une opinion très avisée d'Ahmed Ali amir, Rédacteur en chef du journal Alwatwan sur les prochaines éléctions légistatives et leur impact sur la durée du mandat de l'actuel Président de l'Union des Comores + la réaction du secrétaire Général du CRC, parti d'opposition + la réponse de la rédaction d'Alwatwan

Halidi Allaoui
HALIDI-BLOG-COMORES
Opinion. Elections législatives : la paix à tout prix / par Ahmed Ali Amir

La politique est devenue chez nous l'art d'évacuer les débats de fond, de les repousser à plus tard pour n'aborder que les questions subsidiaires, annexes et finalement sans importance. Les législatives qui s'annoncent ont pourtant un rôle majeur à jouer, celui d'harmoniser les élections présidentielles de l'Union et des îles, dès l'installation des assemblées.

A un mois de ce scrutin capital, le débat est terne, presque grippé.
Les élections législatives des députés de l'Union et des conseillers des îles, dont les mandats sont arrivés à terme, ne posaient apparemment pas de problèmes de calendrier, mais de constitutionnalité. Les échéances prévues pour les renouveler ont été largement dépassées au point de plonger le pays dans une longue situation exceptionnelle, mais le but visé par la réforme de la constitution permettait certains écarts pour justement coordonner les dates et les tenir le même jour.

L'opposition qui n'était pas apparemment prête à affronter des élections législatives juste après le référendum constitutionnel, a opté pour le silence sur la période que s'est octroyée le président pour légiférer par ordonnance. Un sujet qui est pourtant de haute importance dans une grande démocratie, parce que la période est assortie de contraintes constitutionnelles clairement établies.

Les élus de la prochaine législature auront à se pencher, dès leur entrée en fonction, sur la loi portant harmonisation des élections présidentielles, puisque en janvier-février 2010, la constitution prévoit la convocation déjà des primaires à Mohéli. Les échéances légales en perspective se suivent, à commencer par l'élection présidentielle de l'Union en mai 2009, les élections présidentielles de Mohéli et Ngazidja en 2012, et enfin l'élection présidentielle de Ndzouwani en 2013.

La réforme constitutionnelle avait comme premier objectif, celui d'harmoniser les élections. Alors les choix qui s'offrent à la loi d'harmonisation sont politiques, à la merci de la majorité qui se dégagera. Si la mouvance présidentielle obtient la majorité, les élections présidentielles se tiendront à la date de la dernière élection en perspective, celle d'Anjouan prévue en 2013. En toute légalité. Sur cette option, le président de l'Union verra son mandat rallongé de trois ans et celui de Mohéli et de Ngazidja de deux ans. Une option que seul l'exécutif de Ngazidja pourrait rejeter par principe. Dans le cas contraire, l'opposition majoritaire peut choisir le statu quo pour permettre l'alternance mohélienne en 2010 avant de songer à une harmonisation des élections. Dans cette optique, elle peut trancher en faveur d'une réduction du mandat de Moussa Toybou, avec les risques politiques que l'on connait. Car c'est sur une question de calendrier d'élections, Anjouan se refusant à obéir au report décidé par Sambi pour des raisons de transparence, que le pouvoir Mohamed Bacar a coupé les ponts, jusqu'à provoquer des sanctions internationales et un débarquement militaire.

Une autre option, plus politicienne mais plus probable, risque de dominer le débat politique les prochains jours.
L'opposition nationale coutumière à ce genre de compromis, pourrait accepter le prolongement du mandat du président de l'Union d'une manière consensuelle, à la condition que la transition, sera chapeautée par un exécutif de l'Union représentatif des courants de l'assemblée nationale. Ce scénario s'est répété plus d'une fois et dans des circonstances presque similaires.

Le président Sambi qui n'est justement pas lié à aucun pacte de conglomérats de partis, ne verrait aucun inconvénient à terminer son mandat à la tête d'une coalition qui adhérera à son ambitieux programme de redressement économique. La formation de tous les gouvernements n'a, jusqu'ici, obéi qu'à ses propres choix. La paix de demain est peut être à ce prix.

Ahmed Ali Amir
Source : Al-watwan N° 1422 du 15 octobre 2009


Droit de réponse accordé au secrétaire général de la Crc.

Contorsions. Moussa Toybou, alter ego de Mohamed Bacar ?

Voilà ce que le Rédacteur en chef d'Al watwan vient nous démontrer en affirmant que la tournante ne peut avoir lieu qu'en 2013 sinon Moussa Toyb risque de faire sécession. En journaliste avisé M. Ahmed Ali Amir devait établir des parallèles là où c'est irréfutable.
Mohamed Bacar disposait d'une milice répondant au nom du Fga. M. Bacar portait le titre de président et il était extrêmement jaloux pour ne pas dire sourcilleux de son autonomie et de ses compétences, de surcroît légales.

Et Moussa Toyb ? Pur produit de Sambi, il accepte de porter le titre de gouverneur, sans la moindre transition normale lorsqu'on passe d'un régime à l'autre, ensuite le gouvernement de l'Union qui décide de tout dans l'Ile et enfin la Fga a été complètement démantelée et c'est l'And qui contrôle l'Ile. Alors de quelle volonté dispose Moussa Toyb pour imposer l'harmonisation en 2013 ? De quelles marges de manœuvres dispose-t-il pour rallonger le mandat du président Sambi de 4 à 7 ans ?

On attendait mieux de l'un de nos meilleures plumes. Laudateur, il ne l'a jamais été et le titre de son article “Paix” contraste profondément avec le contenu. En effet, sa conclusion frise l'appel à la guerre. Rien de moins sinon comment aux comoriens, et particulièrement à ceux de Mohéli dont échoit la tournante d'attendre jusqu'en 2013, eux qui se préparent pour mai 2010 ?

Comment convaincre ceux qui adhérent à l'alternance démocratique et pacifique que le président Sambi s'octroie, par un tour de passe-passe, un nouveau mandat de 3 ans ? Dans quel chapitre, dans quel article et dans quel alinéa de la constitution comorienne les députés et les conseillers sont – ils habilités à renouveler le mandat du président de l'Union ? Par quelle contorsion intellectuelle peut-on établir un parallèle entre harmonisation électorale et extension de mandat ?
I
l est vrai par ailleurs qu'on peut écourter un mandat, mais prolonger un mandat sans passer par les mandataires (le peuple souverain) cela relève de la magie. Gbagbo, en Côte d'Ivoire, a bénéficié de la guerre civile dans son pays. Certes M. Ahmed Ali Amir n'exclut pas la possibilité pour Moussa Toyb de provoquer une guerre civile si d'aventure le président Sambi ose toucher à son mandat.

Allons ! Allons ! Soyons sérieux même pour écrire des bêtises, si le président Sambi veut prolonger son mandat jusqu'en 2013 il n'a qu'un seul moyen : interroger la peuple souverain par voie référendaire. Il en a le droit, mais a-t-il le courage ?

Houmed Msaïdié

Réponse de la rédaction

Nous prenons acte du droit de réponse de Houmed Msaidié. Nous constatons avec regret que Msaidié, choisit le ton polémique, discourant sur des sujets accessoires et occultant volontairement ou non, les vrais enjeux posés par le papier du journaliste Ahmed Ali Amir. Il a vite fait d'oublier que le président Sambi a déjà appelé le peuple par voie de référendum, pour modifier la constitution, et qu'à plusieurs reprises le président a clairement indiqué, que les futurs élus seront appelés en congrès pour harmoniser les élections, une fois les assemblées de l'Union et des conseils des îles installées. Référendum et Congrès sont les deux voies prévues par la constitution pour la modifier. Les batailles futures ne seront pas gagnées par des affirmations à l'emporte pièce, mais par une préparation de l'opinion. Ou bien l'opposition occulte cette perspective de convocation du congrès, et elle sera encore une fois, surprise par la tournure des événements, ou bien elle se prépare à gagner ces élections comme l'envisage d'ailleurs l'auteur du papier incriminé pour ''maintenir le statu quo et permettre Mohéli d'assurer l'alternance en 2010''. Etonnant tout de même que le leader de l'opposition ne pense pas une seule fois que cette alternative soit possible, mais préfère se placer dans une position défaitiste. Pourquoi, par exemple, n'envisage-t-il pas une opposition majoritaire dans les futurs parlements alors qu'Ahmed Ali Amir n'écarte pas cette hypothèse. Etonnant et inquiétant droit de réponse.

La rédaction

Source : Al-watwan N° 1423 du 19 octobre 2009




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19 septembre 2009 6 19 /09 /septembre /2009 22:03

Vous trouverez ci-dessous l'intervention du Collectif Komornet diffusée ce jour sur Internet concernant "l'affaire Adjmael Halidi" dont nous avons parlé le 17 septembre dernier :

On en parle (ces jours-ci) aux Comores.
Un jeune homme, poète de grand chemin, porté par un imaginaire d’insoumission subite, s’est autorisé il y a quelques longues semaines à réfléchir sur les contradictions mêlées d’une terre, la sienne, face à l’adversité coloniale. Nous nous vendons au plus offrant, aurait dit quelqu’un, y compris à celui-là même qui nous a défait. Traduction de ce charabia bien troussé, reconnaissons-
le, cette histoire parle d’un jeune homme se ramassant une giclée de mépris devant un bureau de consulat français aux Comores pour avoir écrit sur un petit trafic de visas…

Disons que le jeune homme, connu sous le nom d’Adjmaël Halidi, est sorti du sacro-saint piège des mots, en s’autorisant à enquêter sur des tranches de vie réelle, et en nommant la bêtise de manière bien déterminée dans un article que très peu de personnes ont parcouru, au demeurant. Il a signé un reportage dans le journal La gazette des Comores, dans lequel il relatait les hauts faits du consulat de France à Ndzuani, île comorienne devenu terreau de séparatisme ambiant. Le jeune homme s’en prenait aux amis du consul de France, qui contribuent à installer un réseau de magouilles & co. façon françafrique, en délivrant des visas à plus value sur le marché noir et en faisant croire que la France barbouzarde était bel et bien de retour dans les cuvettes de l’île. Ainsi le jeune homme écrivait-il en lettres bien noires sur page blanche :
Toujours en ce 1er jour de septembre. A Hombo. Une flopée de demandeurs de visas attend derrière le portail du consulat de France. Entre la peur et le pessimisme : le taux d’obtention de visas s’élève à 30% contrairement au début de l’année où il était à 99%. A l’ombre d’un arbre, à l’autre bout de la route, un monsieur examine des dossiers de demandes de visas, efface au correcteur un  passage et rajoute des choses. Et fait payer à chaque demandeur 1000 fc. En plus des 75 francs qu’il prend en échange d’un imprimé qui était censé être gratuit.  « Je rends seulement service à ces pauvres gens » dit-il dans un sourire. Encore dehors, un certain O, ancien secrétaire général du gouvernement de l’île, crie sur les gens, prend leur dossier, les soutire de l’argent, rentre au consulat et revient leur promettre monts et merveilles. « O est « un ami du consul ». Pour que votre dossier soit accepté, il faut
aller chez lui à Bambao Mtsanga. Moi je lui ai graissé la patte et donné mon dossier. Et j’ai eu le visa. » nous confie un jeune homme. Et il n’est pas le seul à nous mettre dans la confidence. D’ailleurs, depuis peu O est surnommé le Deuxième-consul-
de-France.
X, quinquagénaire, vit à Mayotte depuis 10 ans. Quand il a entendu que le consulat d’Anjouan a été rouvert, il est rentré au bercail demander un visa. Après maints refus,  il a été obligé de donner 300 euros à une personne qui connaît un monsieur de Mutsamudu qui est « un ami du consul ». Le dossier a été cette fois-ci accepté et le demandeur qui est en ce moment à  Mayotte a bénéficié d’un visa de 1 mois. L’intermédiaire qui vient de la région de Bambao M’truni refuse de donner le nom de son chef. Mais ce qui est sûr cet « ami du consul »est un businessman.

R. quant à lui est un jeune qui a un bel avenir. En plus des boites privées qu’il a montées, il collabore à de nombreuses presses écrites nord-américaines et radio du moyen orient. Lui aussi est un « ami du consul », dans les villages, il se fait passer pour un barbouze, sans même qu’il ait la nationalité française et récolte de l’argent et des dossiers de demandes de visas au nom du consul. Le consul dément tout implication dans ces histoires de trafic. (Voir interview). En tout cas , comme cette histoire d’école franco-comorienne Victor Hugo qui vient d’ouvrir à Mutsamudu et que les responsables disent qu’elle est administrée par le Consulat de France et que le consul dément et dit que c’est une école privée comme les autres et que lui en tant que Frederick de Souza mais pas comme consul embrasse l’initiative . Ce qui est sûr rien n’est clair. Mais « Il faut imaginer Sisyphe heureux » comme le demande
Camus. »

En signalant les faits par ce reportage, le jeune homme n’avait fait que confirmer ce que l’homme de la rue pressentait et racontait en réalité bien avant lui, ce que le Ministère des Affaires Etrangères à Moroni, et certains proches de Mohamed Said Mchangama, leader politique pourtant très proches des Français, laissaient entendre depuis un bon moment. Le site Holambe le claironnait semble-t-il sur l’une de ses pages, récemment : « Le consul de France à Anjouan est "rappelé" par son administration. Il devrait partir demain lundi 7 septembre après avoir été moins d'un an en poste. Depuis des mois, le bruit court qu'il vend des visas. Ces derniers mois, les aspirants au visa Schengen de la Grande-Comore et Mohéli, ayant un dossier "faible", partent le demander à Anjouan. Le pourcentage de visas accordés est étonnamment important comparé à la Grande-Comore. Les parents des heureux bénéficiaires parlent de sommes oscillant
entre 4000 et 6000 euros. ». Le jeune homme au final n’avait fait que reprendre cette rumeur que l’actuel directeur de l’Alliance française à Mutsamudu faisait courir dans des cercles plus restreints d’amis triés sur le volet. A savoir que la France cherchait à se refaire une santé sous nos tropiques, en l’utilisant, et lui, et ledit consul, pour tracer les plans tordus d’un avenir immédiat, qui ne disait pas encore son nom.
Le jeune homme, malgré lui, est donc tombé sur ce qu’on appelle une info à problèmes. Monsieur de Souza, consul de France à Ndzuani, débarqué tout récemment dans l’archipel, fait effectivement dans la prospective malheureuse, en alignant des coups de bâton en traître, à la manière d’une officine sous contrôle. Monsieur de Souza serait-il un agent déguisé ? Un militaire recasé ? Un sous-traitant de la Coloniale ? Ses patrons n’ont en tous cas pas apprécié que l’on devine la nature profonde de ses hauts faits et gestes en pays conquis. Alors, ils se sont énervés dans l’arrière-cour, tout en se demandant comment corriger l’impertinence d’un jeune homme, se jouant de la poésie en temps réel. Comme il est de coutume, lorsqu’un enfant de terre soumise s’agite en rébellion, une décision a vite été prise. Ce jeune poète, du nom d’Adjmaël Halidi, osant défier l’ordre ancien dans un journal, La Gazette des
Comores, qui tend d’ordinaire la main à l’ambassade de France, devait recevoir une juste punition. Une punition qui permette à son directeur de publication, Elhad Said Omar, de ne pas avoir à prendre sa défense en public pour délit d’opinion. Histoire d’éviter malaise et gêne. Il a donc été décidé qu’on mettrait le nom du jeune sur la liste des ingrats de la république et qu’on lui interdirait d’aller collaborer à Maore, Mayotte, dernière destination à la mode pour les créateurs, intellectuels et cadres comoriens, Maore où ce jeune avait déjà un contrat avec certaines associations œuvrant pour une coopération au chemin plus que balisé.
L’affaire n’a ému personne, il faut dire ce qui est, à tel point que le jeune a dû se retourner sur lui-même, avec une phrase de Césaire en guise de prière (« ma bouchesera la bouchedes malheursqui n'ont pointde bouche, ma voix, la libertéde cellesqui s'affaissentau cachotdu désespoir ») et une autre de Guevara en bandoulière (« tous les jours, il faut lutterpour que cet amourde l'humanitévivantese transformeen gestesconcrets, en gestesqui serventd'exempleet qui mobilisent. »). Façon de dire, j’écris, oui, mais pour qui, pour le peuple en souffrance, sans doute. Le consul de France à Ndzuani, ce fanfaron, qui ternit ( ?) l’argent du contribuable français, en cumulant les actes de barbouzerie en terre conquise, se sera entre-temps fendu d’un déroutant numéro en public, annonçant au jeune la mise en application de la sentence supposée par nous : « Vous m’avez trahi. Je ne veux plus parler avec vous ». Et toc !
Vous pourrez toujours rêver, mais vous n’irez plus à Maore, Mayotte, défendre les couleurs du slam à la prison de Majikavo. On en rigole ! On en rit ! A gorge déployée ! Drôle de théâtre en effet que ce pays, où l’on punit chaque parole prise de travers par la France coloniale à coup de gifles symboliques, sans que l’Etat comorien ne réagisse en ennemi, et sans que le citoyen n’ait la queue qui se dresse devant la bêtise. Des artistes qui se font taper sur les doigts, pour ce qui est de ces derniers mois, sans qu’il n’y ait la moindre vierge (nationale) effarouchée contre les réactions démesurées des autorités représentant la France aux Comores, il y a de quoi s’interroger. On se rappelle du cas du plasticien Seda à l’école française, du cas de notre camarade dramaturge Soeuf Elbadawi à l’Alliance française, et voilà qu’il va falloir rajouter le cas du poète Adjmaël Halidi sur une liste que l’on ne
souhaite pas voir exhaustive.
Quelle idée (aussi) de vouloir apprendre à une certaine France à bien se tenir dans nos îles ? Vous vous croyez où les « poètes » ? Dans un pays libre de droit ? Si ce n’est pas le cas, vous savez probablement que nous vivons sous un climat plus que malsain où le « Maître » use de toutes les armes imaginables pour écraser les voix discordantes. Si c’est le cas, vous avez tort de continuer à le croire, et la France coloniale, retenez bien cette phrase, n’en aura pas fini avec nous, avant de vous avoir mis en cabane pour longtemps, mes chéris. Donc faites un effort, s’il vous plaît, fermez-nous vos petites gueules, bien baveuses ! Si vous ne voulez pas avoir à subir situation plus grave. Car vous n’avez bien sûr encore rien vu à ce jour ! L’écrivain mahorais, puisqu’il faut appeler « chat » un chat, et qu’il y a des Mahorais et des Comoriens désormais dans ce paysage insulaire, l’écrivain mahorais Nassuf
djailani, dont se réclame aussi Adjmael Halidi, confiait ceci dans un texte, Roucoulement, paru chez Komedit : « Mourir d’envie de dire/ mais prostré à l’idée de heurter/ Mourir d’envie d’écrire/ mais rester interdit par la peur et l’angoisse de choquer ». Du mutisme et de l’interdit en pays déconstruit ! Paroles à méditer pour quiconque les soupèse sous ce maudit ciel gris d’archipel. On ne frappe pas chez le cousin français sans conséquences…

Collectif Komornet

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8 juillet 2009 3 08 /07 /juillet /2009 12:15

Ci-dessous un point de vue de mon cher ami Mister kavou publié sur son blog (http://kavou01.skyrock.com/) le 03 juillet 2009 suite au crash de l'A310 de Yemenia Airways que je m'approprie sans son autorisation expresse bien évidemment. (rires pour toi cher ami et une pensée sincère pour tous ces passagers qu'on a empêchés par la force à l'aeroport de Roissy de partir pour les Comores. C'est scandaleux et inacceptable aussi.) Je rajouterai juste que l'émotion doit céder la place au rationnel et au pragmatisme avant qu'il ne soit trop tard. C'est ce dont ont besoin, à mon avis, les victimes. 

Halidi Allaoui (HALIDI-BLOG-COMORES)




Un peuple sous bricolage ou une nation qui s'auto -mutile

Un peuple sous bricolage ou une nation qui s'auto -mutile
Le drame a frappé dans nos vies et nos coeurs mardi dernier avec le crash de l'airbus A310 de Yemenia airways. Le peuple comorien touché au plus profond par ce drame est partagé entre colère, résignation et recherche de reconfort pour surmonter cette lourde peine. Mes condoléances à tous les Comoriens car l'ampleur du drame ne peut se limiter aux seules victimes. Les dommages collatéraux sont autant importants que les vies brisées et les familles endeuillées devant vivre avec le drame tout au long de leurs vies.

Je laisse la justice déterminer les causes directes du drame et par respect des familles et du peuple comorien, je ne voudrais pas rajouter des allégations que je ne saurai apporter la preuve. Une chose m'interpelle et je n'ai pas cessé de le dénoncer: A quand cesserons-nous de bricoler nos vies? A quand chaque comorien aura conscience que nous ne serons pas un grand peuple si nous continuons à croire que ce sont les autres qui doivent prendre soin de nous? A quand nous Comoriens seront mieux organisés à l'interieur et à l'exterieur du pays pour imposer RESPECT-DIGNITE-SOLIDARITE?

Le crash de Yemenia tout le monde savait et s' y attendait? Qu'avons-nous fait pour reagir et anticiper ce drame? la responsabilité ne peut pas être limitée à nos dirigeants. Nous en tant que peuples quelles solutions avons-nous avancer pour changer les choses? Quelle sera l'émotion après une semaine, un mois, un semestre après ce drame? Nous avons des structures associatives et communautaires qui oeuvrent pour le respect, le droit et le bien-être des Comoriens réçus à l'Elysée - ont-elles évoqué les difficultés des transports vers les Comores? Avec le naufrage du bateau Samson et le permanent drame des kwassa kwassa, qu'est ce qui est fait pour stopper cela? Je ne répondrai à ces questions mais je vous invite à nous poser les bonnes questions sur notre façon d'agir en tant que Comorien.

Source : http://kavou01.skyrock.com/

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19 juin 2009 5 19 /06 /juin /2009 12:50
Source : Alwatwan du 19 juin 2009 n° 1344


France-Comores : la réponse appropriée
Tant que la France n'aura prouvé son intention claire de rouvrir des négociations sérieuses sur la question de Mayotte, les Comores n'ont aucune alternative que de revenir dans le circuit des Nations unies, le seul qui les protège des lobbyings et des pressions de toutes sortes. On ne peut rater la prochaine assemblée générale de l'Onu sous aucun prétexte.

L
e conseil des ministres de la France a adopté mercredi un projet de loi organique qui fera de Mayotte le cinquième département d'Outre-mer (Dom) français. Au même moment, au début de ce mois, la France manifeste son intention de relancer à tout prix les négociations dans le cadre bien précis du
groupe de travail de haut niveau (Gthn). Elle le fait connaître comme il se doit, au plus haut niveau et dans la plus parfaite règle de l'art, par une lettre circonstanciée du président Sarkozy adressé au président Sambi.

Ce cadre de travail fait miroiter au niveau de la communauté internationale et de l'opinion comorienne l'illusion de l'instauration des négociations bilatérales sérieuses entre les deux pays sur le litige territorial qui les divise depuis l'accession des Comores à l'indépendance en 1975.
Or dans la réalité, il n'en est rien. Absolument rien. Ces discussions sont strictement cadrées sur la coopération régionale et ne donnent que des réponses qui n'embarrassent, ni ne gênent le calendrier politique de la France, qui poursuit tranquillement l'ancrage de Mayotte dans la République française.

Des avancées diplomatiques mais c'est tout....

En 30 ans, Mayotte est passée de statut en statut, jusqu'à devenir le 101ème département français, en même temps que se poursuivent on ne sait où et avec qui des négociations entre les Comores et la France.

Et pourtant sur le plan diplomatique, des avancées significatives sont enregistrées.
Après 34 ans, malgré des rapports de forces qui nous sont défavorables,
la communauté internationale n'a pas lâché les Comores et continue à condamner la présence française dans l'île. Sambi, il faut le reconnaître, parle et plaide la cause de l'Unité des Comores sur toutes les tribunes du monde.

Cette constance dans le discours du président Sambi n'est malheureusement traduite que très partiellement dans les actes. Le ministère des Affaires extérieures enregistre à son actif, l'adoption de la récente
résolution de l'Union africaine et des déclarations de la Ligue de Etats arabes, des Etats du sahel, des pays non alignés, qui condamnent sans réserve la consultation des Mahorais sur la départementalisation.

La résolution de l'Ua a eu le mérite de réactiver le Comité des 7 chargé du dossier de Mayotte. Elle n'a pas encore donné lieu immédiatement, comme il le méritait, à un calendrier comorien de sa mise en oeuvre, dans l'objectif bien précis de réintroduire la question dans le circuit des délibérations de l'assemblée général des Nations unies.
Le Comité des 7 se doit en toute humilité de présenter son bilan. Le Gabon, qui le présidait, a jusqu'ici joué un rôle d'éclat, de déclarations et de gestes, mais n'a pas prouvé sa capacité à amorcer un début de discussions entre la France et les Comores sur le contentieux.
Revenir aujourd'hui sur des discussions dans le cadre du Gthn n'est pas une mauvaise idée en soi, si dans un autre cadre bien défini, les négociations sont ouvertes pour trouver une issue au litige territorial entre les deux pays.

Mais parce que la question de Mayotte est éminemment politique qu'elle ne peut être noyée au sein du Gthn dans un fatras de sujets auxiliaires qui ont trait aux transports entres les îles de l'archipel ou encore de la circulation des personnes et des biens, avec à la clé, l'exportation à Mayotte des
pommes de terre et des tomates produites dans les trois autres îles.

Tout sur l'assemblée générale de l'Onu!

Tant que la France n'aura prouvé son intention claire de rouvrir des négociations sérieuses sur la question de Mayotte, les Comores n'ont aucune alternative que de revenir dans le circuit des Nations unies, le seul qui les protège des lobbyings et des pressions de toutes sortes. On ne peut rater la prochaine assemblée générale de l'Onu sous aucun prétexte.

Parce que de son côté, la France agit et réussit. Toute sa stratégie pour imposer sa vision de l'avenir de l'archipel a abouti. Mayotte maintenue sous perfusion financière permanente devient une référence en matière de revenu par habitant. En face, les trois îles indépendantes déstabilisées en permanence par mercenaires interposés, minées de surcroît par une corruption et une gestion chaotique, pataugent encore dans la misère. Leurs dirigeants se décrédibilisent et leurs discours se déprécient.

En réussissant à nous imposer ses schémas, la France augure une nouvelle approche ces deux dernières années. Déstabiliser les Comores à l'intérieur en intimidant les patriotes. Les manifestations organisées aux Comores contre la politique coloniale de la France sont boycottées par des gros bras, recrutés parmi les anciens groupes paramilitaires privés. Des franco-comoriens sont interpellés pour choisir entre la cause française et comorienne, entre les deux nationalités. A partir de l'île d'Anjouan, les réseaux des anciens barbouzes sont réactivés pour on ne sait quel autre coup foireux.
Deux artistes, l'un interdit de cours à l'école française
, l'autre déprogrammée de l'alliance pour une performance artistique dénonçant la départementalisation de Mayotte, deux cas flagrant qui illustrent cette nouvelle forme de combat, inspirée des mêmes méthodes employées à Mayotte en 1974 pour courber l'échine des indépendantistes.

Et pendant ce temps, les Comores expérimentent la fameuse thèse du rôle positif de la colonisation en Afrique. A Shongo Dunda, le fameux Mchanboulou, qui s'est approprié les terres et les forêts, le symbole éhonté de l'exploitation des ressources des Comores, ce lui-même qui a extradé le dernier des sultans des Comores, redevient par le biais de simples discours révisionnistes, l'innocent Botaniste M. Humblot, sous des applaudissements salvateurs.
Il ne faut désormais ni se taire, ni se terrer. A tous ces enjeux, Il nous faut des réponses appropriées.
Ahmed Ali Amir
Al-watwan N° 1344 du 19 juin 2009
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3 juin 2009 3 03 /06 /juin /2009 15:31
Vous trouverez  ci-dessous, la réaction de l'écrivain Aboubacar Ben SAID SALIM suite à l'interdiction du comédien Soeuf Elbadaoui et O Mcezo de se produire à l'Alliance Franco comorienne
.
Alliance ou aliénation ?

(Photo archives/ Aboubacar Said Salim)

Malreaux a dû se retourner dans sa tombe et Charles Degaulle éternuer dans la sienne, lorsque la nouvelle race des gardiens de la culture française ou ce qu'il en reste, confond alliance et aliénation. Heureusement que Monsieur Gardon n'était pas le Ministre de l'intérieur de De gaulle car il aurait sans doute mis Sartre, ce Voltaire du 20 e siècle en prison !

Si mon français est encore bon, (je ne fréquente plus l'Alliance depuis belle lurette) il me semble qu'une alliance naît de la volonté de deux personnes, de deux équipes, de deux nations pour aller ensemble vers un objectif commun. Dans le cas d'espèce de la prétendue, Alliance Franco Comorienne, on pouvait comprendre jusque là, le 17 mai exactement, que la France et les Comores s'alliaient pour l'objectif de rehausser la culture de l'un et l'autre pays, de leur vouer un respect mutuel, de permettre des échanges d'égal á égal entre les cultures et les civilisations de ces deux pays prétendument amies.

Lorsque j'ai lu avec consternation sur la toile universelle que Soeuf Elbadaoui était interdit d'Alliance , ce Soeuf Elbadaoui qui se surnomme avec humour Elbadano á cause de son esprit critique qui lui fait souvent dire plutôt non que oui , plus non mais, que oui mais, Elbada que Gardon le gardien des valeurs des lieux , doit appeler désormais Elbad,( son deuxième surnom) « le mauvais » dans une contraction et une contamination entre la langue arabe et l'anglaise, j'ai trouvé que l'objet de la mauvaise querelle qu'on a cherché á Soeuf Elbadaoui était vraiment très déplacée dans le cadre d'une alliance Franco-Comorienne .

Il révélait tout simplement l'ignorance puante de la culture comorienne mais aussi de la française. En effet être interdit d'Alliance pour un
Gungu, un charivari de protestation en l'honneur de ce que la France protège le plus parmi les valeurs républicaines qu'elle nous a si bien inculquées, l'intégrité territoriale et l'unité nationale, elle qui dans l'histoire , a connu de douloureuses amputations et occupation de territoires , depuis les huns , les Goths , les Visigoths , les Ostrogoths, les Arabes, les Autrichiens les Allemands , sans compter la perte de l'empire, la pire étant celle du département français d'Algérie, la France donc, notre maitre á tous en matière de politique semble jeter sa première leçon de patriotisme aux orties.

Comment ce Gardon de l'Alliance peut il croire que nous ayons chanté impunément « Allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé..Contre nous de la tyrannie, l'étendard sanglant est levé.... » '.On aurait ainsi chanté la Marseillaise pendant plus d'un siècle, Sans qu'on n'ait quelque part ne serait ce qu'une parcelle, une toute parcelle de patriotisme ! Allons donc !

Malheureusement pour tous les Gardon et les inspirateurs de cette décision qui sent la médiocrité à vue de nez, on a réussi á blanchir les têtes des nègres et on n'y a pas perdu toute sa lessive, puisque apparemment la France des Gardon continue á laver encore plus blanc que OMO, la fameuse lessive de notre jeunesse.
En effet « chez ces gens là messieurs » ,un gungu c'est trop bantou , c' est forcément sauvage et violent puisqu'on y va pas en costume cravate mais déguisés ,noircis au charbon pour faire encore plus noir, plus nègre que nature.
Mais il ne faut pas s'y méprendre, le nègre du Comorien n'est pas le noir de l'homme Blanc, ou le AZZI de l'Arabe. Le nègre du Comorien est celui qui est immoral ou amoral, qui refuse les règles de la famille ou de la communauté (internationale) . C'est pour cela que Soeuf déguisé en nègre, dans ce jeu de rôles traditionnel représentait paradoxalement la France qui à l'occasion était le Mshendzi , l'homme immoral ou amoral.

Et c'est exactement l'image que la France a présenté en faisant fi de l'opinion du monde entier, et en écrasant avec une superbe inégalée plus faible qu'elle, en occupant avec une filouterie, une fourberie à peine déguisée en référendum l'île comorienne de Mayotte.
C'est exactement en Mshendzi que la France a agi vis-à-vis des Comores et le Gun gu n'a fait que le dire dans son langage de Gungu.

Le prochain gungu

Mais après tout puisque l'Alliance Franco comorienne n'a de comorien que l'adjectif, le financement étant assuré uniquement par la France, Gardon a raison de lancer des fatwa contre ceux qu'ils considèrent hérétiques vis-à-vis de la pensée officielle de la France. On ne peut pas trop lui en vouloir puisqu'il en vit et n'en meurt pas !
En revanche, je pense que le Gungu qui doit suivre doit être un gungu contre la classe politique comorienne toute entière, qui a tellement délaissé la culture, qu'en plus de 30 ans d'indépendance elle n'a réussi á construire, aucune maison des Jeunes, aucune maison des associations ou autre lieu assez vaste et assez adapté aux rencontre et activités culturelles des jeunes.

Voila une belle perspective de coopération Sino Comorienne !

En attendant, mes chers acteurs et entrepreneurs culturels, puisqu'on est entrain de bannir la citoyenneté comorienne de l'Alliance, bannissons á notre tour l'Alliance en tant que citoyens comoriens.

Réinvestissons culturellement nos bangwe, lesquels avec un peu d'imagination s'adapteraient bien aux expositions photographiques et autres jeux scéniques qui ont fait l'illusion et le prétexte d'une Alliance incontournable ! Dévêtissions nous momentanément de la langue française et habillons nous d'une langue pour nos spectateurs et spectatrices des bangwe.

Faisons de l'Alliance une vrai Alliance Franco Française, où on pourra afficher sans honte et sans gêne aucune que Mayotte est française et le restera á jamais, puisque telle est la volonté de ses dirigeants, et des dirigeants de ses dirigeants !

Aboubacar Ben SAID SALIM
Ecrivain
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16 avril 2009 4 16 /04 /avril /2009 12:54

Source : Alwatwan.net/16 avril 2009

Seda-en-chemise-blanche L’enseignant de Henry Matisse, Seda, a été “suspendu” de cette école française de Moroni pour avoir défendu la Nation comorienne. L’artiste a manifesté contre le référendum colonial français de départementalisation de la terre comorienne de Maore, défendant ainsi la constitution de son pays qui lui enseigne que les Comores sont composées de quatre îles, admises aux Nations Unies dans leurs frontières issues de la colonisation comme l’affirment clairement toutes les Nations civilisées du monde et le droit international. Un tel acte abusif n’aurait pu être commis dans un pays qui se respecte. Parce qu’alors c’est l’école qui risquerait d’être fermée.

L’école française Henry Matisse a suspendu notre Seda national des cours d’Arts plastiques qu’il dispensait au motif politique qu’il a pris part, en sa qualité d’artiste, au “Gungu” organisé contre la France pour “violation du droit international” dans le cadre des manifestations organisées contre le référendum français de départementalisation de l’île comorienne de Maore. La décision est illégale, honteuse, parce que Seda exprimait ses opinions en dehors de l’école et sur un sujet d’intérêt national et n’a commis aucune faute grave vis-à-vis de cet établissement.
Le suspendre et l’exclure de l’établissement pour ces raisons là est révoltant. Parce que l’école est par excellence le lieu du savoir, de l’apprentissage de la lecture, de l’écriture, des mathématiques mais aussi de la civilité, de la démocratie de la liberté d’expression. Et si l’école est française de surcroît, tenues par des responsables français, qui épousent et croient jusque là aux vertus de la République et aux principes qui la fondent, une telle décision ne peut que susciter émoi et même indignation.
Seda n’est pas n’importe qui. Artiste peintre, il la pratique comme discipline, comme activité de loisir, mais aussi comme métier. Artiste de talent, il est de ceux qui donnent vie à l’alliance franco-comorienne, par les nombreuses expositions de ses chefs d’œuvre. A l’extérieur, il porte haut le drapeau de son pays à coté des Modali, Napalo, Chakri, etc…
Décider de l’exclure de l’école uniquement pour des raisons politiques, est une violation flagrante du code du travail, en vigueur aux Comores et en France. Henri Matisse n’ignore pas que les prémices de la législation en la matière obligent la justification de la rupture du contrat de travail par l’employeur. Dans le code de travail français, on met fin à un service pour motif personnel, inhérent à la personne du salarié, ou pour motif économique. Ces deux cas ne sont pas évoqués ici pour l’artiste remercié.
Il faillait que cette rupture obéisse à des motifs réels et sérieux qui par ailleurs sont clairement indiqués ou exprimés de façon précise.
Le cas de Seda est révoltant. Parce que l’enseignant s’est engagé à dénoncer le référendum organisé à Mayotte, à s’opposer à la partition de son pays par une puissance coloniale. Et si en plus, comme l’on affirmé une responsable d’Henry Matisse, des parents d’élèves franco-comoriens s’associent sans rechigner à cette mesure, ou dans le pire des cas l’inspirent, ils commettent là un acte grave contre leur nation qui fera date.
Seda ne défend ni plus ni moins que la Nation comorienne. L’enseignant se conforme et défend la constitution de son pays qui lui enseigne que les Comores sont composées de quatre îles, admis aux Nations Unies dans leurs frontières d’avant et clairement affirmées par tous les pays et le droit international. Un tel acte abusif n’aurait pu être commis dans un pays qui se respecte. Parce qu’alors c’est l’école qui risquerait d’être fermée.

* Photo : L'artiste Seda, en chemise blanche

La rédaction

 

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31 mars 2009 2 31 /03 /mars /2009 19:54

Source : Alwatwan.net / 31 mars 2009

"Le seul langage que “propose” la France est celui du refus et de la rupture. La diplomatie qui permet aux Nations civilisés de régler leurs différends n’a donné, durant ces trente trois dernières années de conflit territorial ouvert, que la possibilité pour la France d’imposer ses intérêts et pour les Comores de perdre les siens. Inexorablement.
Ce référendum est un défi lancé à notre peuple. Une humiliation de trop. Un mépris.
Le gouvernement se doit de relever ce défi en usant le même langage que notre désormais adversaire."

En organisant le référendum sur la départementalisation de Mayotte, en violation des résolutions des Nations Unies qui condamnent toutes les consultations passées et ultérieures, la France commet un acte hostile aux Comores, un acte de guerre. Et maintenant? Peut-on entretenir des relations diplomatiques normales avec la France et contenter le peuple des sauts d’humeur de notre diplomatie?

La France a démontré à la face du monde ce dimanche 29 mars, qu’elle n’a rien à f… des résolutions des Nations unies et encore moins de l’Union africaine la concernant, du moment qu’elles mettent en péril ses propres intérêts.
Le différend qui oppose les deux pays depuis l’accession des Comores à l’indépendance en 1975, aurait pu trouver une issue en terrain diplomatique. Les Comores ont posé des nombreux actes licites, par des lettres, des mémorandums, des résolutions adoptées par les nations du monde. Les plus hautes autorités françaises et les secrétaires généraux des Nations unies ont été saisis pour engager ou parrainer des négociations entre les deux pays (Lire à ce propos nos deux dernières livraisons). Sur ce point, les Comores n’ont pas failli.

Par contre, la France, elle, a fermé toutes les portes de la négociation, la force étant son seul atout, la confrontation, sa seule voie. Pour elle, la négociation possible est celle qui déboucherait au reniement total et sans contrepartie par les Comores de son territoire. Sans aucune alternative possible. Elle dresse, depuis 1994, des frontières artificielles entre Mayotte et les trois îles, expulse les Comoriens qui s’y rendent sans visa, entraînant par ces tracasseries la mort de centaines et de centaines d’entre eux, péris en mer. Mayotte est placée sous une chape de plomb, ses habitants considérés de seconde zone et ce bout terre de “zone de non droit”.

Le seul langage que “propose” la France est celui du refus et de la rupture. La diplomatie qui permet aux Nations civilisées de régler leur différends sans violence n’a donné, durant ces trente trois dernières années de conflit territorial ouvert, que la possibilité pour la France d’imposer ses intérêts et pour les Comores de perdre les siens inexorablement.
Ce référendum, s’il n’a aucune conséquence juridique sur l’appartenance de Mayotte aux Comores, est un défi lancé à notre peuple. Une humiliation de plus. Un mépris.
Le gouvernement se doit de relever, en usant le même langage que notre désormais adversaire. A commencer d’abord par refuser l’expulsion de Mayotte des Comoriens des autres îles. Définitivement. A défaut de tirer les conclusions qui découlent du constat de ce référendum : la France n’est plus un pays ami.

Ahmed Ali Amir

 

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23 mars 2009 1 23 /03 /mars /2009 09:51
Vous trouverez ci- dessous deux points de vue opposés de deux députés français sur la départementalisation de l'île comorienne de Mayotte.

Il s'agit de  de Didier QUENTIN (Député UMP de Charente Maritime) et de Noel MAMERE (Député des Verts de la Gironde)

Source : Sudouest.com / lundi 23 mars 2009


POUR / Par Didier QUENTIN (Député UMP de la Charente Maritime)

La départementalisation est une réponse à l'attachement profond à la République d'une île qui a demandé protection à la France dès 1841 contre les « sultans batailleurs ». Les Mahorais se réfèrent à cette histoire vivante et nulle part on ne peut voir flotter autant de drapeaux tricolores. Entendre l'Union africaine parler de « néocolonalisme » ou d' « impérialisme » est une plaisanterie. Pour Mayotte, le référendum est l'assurance tous risques de rester des Français à part entière et je m'attends à un oui massif. Mais il est évident qu'il faudra ménager des transitions. Car en faisant de Mayotte le 101e département français, on renforce l'attractivité de ce « petit Eldorado » qui est à l'origine du courant d'immigration depuis les îles voisines, surtout Anjouan et Mohéli, et qui provoque des situations dramatiques de personnes qui traversent à leurs risques et périls. Le corollaire de la départementalisation est donc une coopération plus ambitieuse avec les Comores. C'est aussi en faire un accélérateur de réformes. Un peu oubliée durant un siècle et demi, Mayotte a connu depuis vingt ans des progrès spectaculaires (collèges, lycée, hôpital, routes) mais il reste beaucoup à faire pour développer le potentiel de l'île « hippocampe » à la riche biodiversité : tourisme, aquaculture, cultures vivrières. Chance pour les Mahorais, le changement de statut est aussi une chance pour la France : ainsi, dans ses rapports avec l'islam, Mayotte - avec ses cadis (juges musulmans) devenus médiateurs sociaux - peut être un laboratoire.

Didier Quentin



CONTRE / Noel MAMERE (Député Les Verts de la Gironde)

Départementaliser Mayotte est une mauvaise idée car cela pose un problème de droit international. La première erreur fut, lors de l'indépendance des Comores en 1974, de rattacher l'île à la France sous pression de lobbys qui avaient intérêt à se séparer de l'archipel alors que les Comoriens sont un même peuple, avec la même langue et la même religion (l'islam). L'immigration clandestine a aggravé cette situation artificielle. Mais peut-on parler de « clandestins » s'agissant de Comoriens qui se rapprochent de leurs familles ? En attendant, on compte par endroits 55 % de sans-papiers. Et les autorités sont coincées dans un engrenage de contrôles aux frontières et de répression indignes de la République. L'urgence est donc de voir ce qu'on fait avec ces sans-papiers entassés en centres de rétention, et nullement un référendum. Bien sûr, la réponse sera « oui » car ce « confetti de l'Empire » a déjà un niveau de vie supérieur à celui de ses voisins. Mais, pour réussir, il faudrait que la France dépense des millions d'euros. Je ne dis pas qu'il faut abandonner les Mahorais. Mais la logique plaide pour une « Union des Comores » garantie internationalement. C'est inenvisageable pour l'instant, mais il faut examiner de plus près le statut de ces « zones ultrapériphériques » de l'Union européenne. Je relève enfin la contradiction flagrante entre ce référendum et le rapport Balladur, qui suggère la réforme du département. Et songeons aux Antilles, où l'on vient de voir quelle est la difficile situation des DOM.


Noël maMère

Source : Sudouest.com/lundi 23 mars 2009

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22 mars 2009 7 22 /03 /mars /2009 11:19
Opinions...

 

MAYOTTE    

Plaidoyer pour la non départementalisation de Mayotte

Source : MALANGO-MAYOTTE / Dimanche 22 Mars 2009 - 08:28:35    
La pertinence autant que l'impertinence de ses propos sur son blog nous ont fait demander à Marcel Séjour de nous dire ce qu'il pense du projet de départementalisation de Mayotte. Lui même s'interroge sur la « légitimité » qu'il a à « parler au nom de Mayotte ». Arrivé à la soixantaine, Marcel Séjour est à Mayotte depuis 1993. C'est à dire qu'il aura passé plus d'années à Mayotte que certains mahorais expatriés à la Réunion ou en métropole qui s'exprimeront dimanche prochain par procuration. De plus, il a fait le choix de Mayotte en venant construire sa vie ici. Cela nous semble suffisant, en plus du fait qu'il est... français comme tous les électeurs qui vivent à Mayotte et voteront le 29 mars. Ce n'est pas un politique, ce n'est pas un décideur, mais un citoyen « lambda » qui s'interroge sur ce statut et les répercussions auxquelles il peut s'attendre dans sa vie quotidienne, mais aussi dans celle de ses voisins, de ses amis qui n'ont pas la même couleur mais qui partagent le même destin, les mêmes inquiétudes.
 
 
Depuis plus de quinze ans, Marcel Séjour témoigne de la réalité mahoraise au travers de ses toiles.
 

Il n'est pas un parent respectable qui ne souhaite pour ses enfants un avenir meilleur que celui vécu par les générations précédentes, c'est-à-dire une vie prospère et sécurisée. Lorsqu'on leur a demandé de choisir entre l'indépendance et le maintien dans la République les parents mahorais des années 70 se sont comportés comme tous les parents du monde : ils ont évalué ce qui leur semblait le plus prometteur, et, à choisir entre le mzungu puissant, dominateur et riche et le cousin bavard, dominateur et fauché, ils n'ont pas hésité. L'avenir de leurs enfants passerait par la France. Elle seule pouvait garantir les équipements collectifs, la stabilité sociale, la santé, et surtout l'éducation sans laquelle il n'est pas possible d'abandonner définitivement la précarité et sa sœur la servitude. Le choix fait par les anciens et surtout les anciennes de Mayotte était parfaitement justifié, raisonnable et légitime et il n'est assurément pas question, et à aucun moment, de le remettre en cause.

Mais la question qui va être posée aux habitants de Mayotte dimanche prochain n'est pas la même que celle qui fut posée en 1974 ; elle implique donc une réponse ou à tout le moins une réflexion différente et ceci pour deux raisons aussi fondamentales l'une que l'autre.

Les temps changent


En 1974 la France était la quatrième puissance de la planète ; aujourd'hui elle est la septième ; demain elle sera la neuvième puis la dixième puis la onzième et ainsi de suite ; dans un bref avenir elle ira, avec ses soixante petits millions d'habitants, grossir la masse informe des anonymes puissances dites « moyennes » , chose inconcevable par nos parents. C'est d'ailleurs tout l'Occident qui glisse de son piédestal de leader. La grande crise aidant, les nouveaux équilibres économiques et donc stratégiques sont en train de se réorganiser autour de puissances autrefois « émergentes ». En abandonnant l'Irak, en parlant à nouveau avec l'Iran, en avouant ne pas gagner la guerre en Afghanistan ni d'être en mesure d'y parvenir, les Etats-Unis de Barak Obama admettent que l'idée de l'Empire américain a pris fin, que l'Amérique ne dominera ni ne policera le monde et se contentera d'être une grande puissance parmi d'autres grandes puissances, à égalité peut-être, à couteaux tirés surement avec la Chine, l'Inde, le Brésil, la Russie ou l'Indonésie. Le déclin de la France et de toutes les nations européennes est donc inévitable, tout comme seront inévitables le recentrage des populations européennes sur le « territoire national » et la montée des radicalismes.

Dans ce monde nouveau quelle sera la meilleure place pour Mayotte ? Et comment y accéder ?

La deuxième grosse différence d'avec le référendum de 1974 c'est que la question alors posée était beaucoup plus dramatique que celle du 29 mars. En effet on demandait alors aux parents mahorais de choisir entre être français ou ne pas l'être. Si tu votes oui tu es français, si tu votes non tu ne l'es plus. Il s'agissait d'un dilemme, ce que la consultation du 29 mars n'est pas. Aujourd'hui les Mahorais n'ont pas le couteau sous la gorge, et quelle que soit leur réponse ils passeront d'un accommodement avec l'Etat à un autre accommodement avec le même Etat, pas d'une citoyenneté à une autre. Dire NON au département n'est pas quitter la République mais dialoguer avec elle. Bien sûr personne ne sera surpris si le OUI l'emporte mais le NON est prévu comme une possibilité par la République elle-même puisque la question est posée.

La conclusion qu'imposent ces différences fondamentales d'avec 1974 c'est que dire OUI au département n'est pas une obligation de survie, que ce n'est donc pas la seule réponse possible, qu'il existe une autre hypothèse de travail, une autre façon d'imaginer l'avenir de Mayotte, qui n'était pas envisageable du temps de nos parents et que ce n'est pas manquer de respect à l'égard des anciens mais bien au contraire les traiter avec tout le respect qui leur est dû que de chercher, aujourd'hui comme hier quelle réponse est porteuse des meilleurs espoirs pour les générations qui arrivent.

Qu'elle soit en faveur du OUI ou qu'elle soit en faveur du NON, l'argumentation peut être circonscrite à trois grands chapitres, lesquels correspondent aux trois principes fondateurs de la Nation française post révolutionnaire, à savoir Liberté, Égalité, Fraternité. Les Mahorais, les Mahoraises surtout, ne s'y sont pas trompés, qui ont pris le premier de nos grands principes, Liberté, comme justification nécessaire et totalement suffisante à la sécession de Mayotte. « Nous voulons être français pour être libres ». C'est donc par la Liberté que nous terminerons, lui donnant le mot de la fin.

Fraternité républicaine

Depuis que Ségolène l'a chanté dans un palais des sports le mot fraternité a tendance à faire sourire ; on parle ainsi désormais de solidarité nationale, voire de solidarité républicaine.

L'expression, vidée de toute sensiblerie, évoque une cohésion quasiment instantanée des français dans leur ensemble aussitôt qu'un des leurs est frappé par le sort, un élan irrésistible de solidarité engagé, encouragé, orchestré par les plus hautes instances du pays, garantes d'une efficacité sans faille, qui va venir en aide aux plus démunis avec l'argent que vont lui donner de bon cœur et avec le sourire ceux qui en ont plus qu'il ne leur est nécessaire ; la toute première conséquence d'un OUI au département sera de mettre en branle cette désormais fameuse « solidarité républicaine », celle qui consiste à répartir les richesses de façon un peu plus humainement satisfaisante, de prendre aux riches pour donner aux pauvres, d'ouvrir en grand les portes à ce qui n'est accessible qu'aux départements et aux seuls départements, c'est-à-dire les subventions et allocations d'un côté et les impôts et taxes de l'autre, Ce qui est donné et ce qui est repris. On nous donnera un peu plus. Sans doute. Et on nous prendra un peu plus. Sans aucun doute.

Tout consiste donc à savoir si nous y gagnerons ou non. Des experts très qualifiés nous expliquent que les subventions et allocations dépasseront très largement les impôts exigés, impôts que les Mahorais ne paieront pas puisque leurs revenus sont trop faibles. A quoi d'autres experts tout aussi qualifiés répondent que les impôts locaux, tels les ordures ménagères, ou la taxe foncière sont payables sitôt qu'on est locataire ou propriétaire, même si on n'a pas de revenu et que les allocations diverses seront largement érodées par un net accroissement du coût de la vie. Difficile de s'y retrouver.

La seule chose dont on soit absolument certain c'est que si Mayotte devient département elle vivra au rythme des autres départements. Il suffit donc d'étudier ce qui s'est fait en France depuis les dix dernières années pour deviner ce qui va très probablement arriver à Mayotte. Or on constate que le niveau de vie général des métropolitains n'a pas beaucoup augmenté mais qu'au contraire il a souvent baissé, que le pouvoir d'achat n'est plus ce qu'il était, que les allocations et subventions diverses sont en nette diminution et de plus en plus difficiles à obtenir pour un nombre de gens de plus en plus restreint, que les acquis sociaux partent les uns après les autres, que les inégalités sont de plus en plus criantes, que la précarité devient la règle générale et que chômage et délocalisation sont les deux flasques mamelles de la société qui s'annonce ; DES sociétés qui s'annoncent, doit-on dire car la France n'est pas la seule dans ce cas. Toutes les nations européennes sont concernées. Si tout cela se passe en France, si la crise y sévit, si la précarité s'installe, si le nombre des miséreux augmente, pour quelle raison Mayotte, département français, connaitrait-elle un sort différent ?

Sitôt devenue département Mayotte recevra plus d'argent !

Peut-être mais pas tout de suite et comme tous les autres départements elle n'en aura pas beaucoup parce que les temps sont durs n'est-ce pas, parce que c'est la crise, parce que les caisses sont vides, parce qu'on a déjà donné, parce que tout se traite à Paris et qu'il faut donc en référer à Paris, parce qu'il y a un nouveau ministre, comme vous le savez, qu'il ne connaît pas encore le dossier, comme vous vous en doutez mais il va l'étudier, très bientôt, faites-lui confiance, et il rendra ses conclusions très bientôt, prochainement même, parce qu'on ne peut pas aller trop vite voyons voyons, que certaines étapes doivent être atteintes avant d'autres, l'inverse est vrai aussi, parce qu'il faut laisser du temps au temps et ne pas mettre la charrue avant les bœufs, ah ! les beaux grands bœufs du grand Chirac ! et pour tout un tas d'autres raisons aussi bonnes les unes que les autres, raisons que les Français de métropole et de Mayotte ont déjà toutes entendues mille et une fois et il n'y a pas de raison pour que ça change puisque la crise est là, qu'elle est bien là et que nous nous en sortirons, ça c'est sur, nos dirigeants nous l'affirment mais ça va prendre du temps et pour s'en sortir il faudra se serrer les coudes, serrer les dents et probablement serrer aussi les fesses. Il n'est d'ailleurs pas besoin d'être département pour attendre les sous puisque notre bon vieil état providence a déjà prévu que le RMI, ou le RSA, ou ce qu'il s'appellera dans dix ans ne serait versé à Mayotte dans son intégralité que dans dix ans justement. Il n'est pas prévu par contre que la fiscalité ait besoin de dix ans pour se mettre au goût et à l'heure de l'hexagone. Bref, que du bonheur. Et Bruxelles fera aussi partie de la fête, qui insistera pour verser son obole aux tout frais départementalisés, soyez les bienvenus dans le cercle de l'Europe, nous vous attendions, enfin vous voilà, vous faut-il des routes, des ponts, une piste longue ? Ne vous inquiétez plus de rien nous nous occupons de tout.

C'est quoi ce délire ?

Par la maîtrise des rouages administratifs qu'elle suppose la départementalisation profitera d'abord, et presqu'exclusivement à ceux qui ont l'habitude du pouvoir politique ou/et économique, soit 80% des créoles catholiques et 10% des noirs musulmans, c'est-à-dire à peu près 15% de la population ; au grand maximum. Ça c'est de la démocratie qu'elle est bonne ! Et il n'y a aucune chance pour que ça s'arrange puisque dans le monde entier les richesses sont de plus en plus concentrées dans les mains de moins en moins de gens. Crise après crise, défaillance après défaillance la prospérité de la France ne se conjugue désormais plus qu'au passé.

Jamais plus la France ne redistribuera autant de richesses que celles dont elle disposait jusqu'à la fin des trente glorieuses.

Ce destin est non seulement inéluctable mais il est sans retour possible. Jamais on n'a vu un Empire s'écrouler puis revenir à sa gloire première. Le sort de l'Occident est donc scellé. L'Occident va tomber, ça on le sait. Quand ? Ca on ne sait pas. C'est Dieu qui sait. La chute de Rome a pris deux siècles ; celle du Pékin impérial n'a pris que quelques mois mais ce qu'on sait à Mayotte, et ce à quoi nos enfants devraient être préparés, c'est que suivre le Blanc là où il va n'est plus aussi rassurant qu'avant et nous avons le droit, ici, à Mayotte et petits comme nous sommes, d'essayer de doubler nos chances. Quel est l'intérêt de s'attacher pieds et poings liés au sort d'un géant qui s'effondre ? Ancrer aujourd'hui son destin à celui de la France c'est prendre en marche un train qui ralentit et va bientôt s'arrêter. En disant OUI au département Mayotte met tous ses œufs dans un seul panier ; celui du mzungu. C'est ça la sagesse mahoraise ? C'est ça que les anciens souhaitaient pour leurs enfants ?

Egalité républicaine.

La deuxième raison pour laquelle on conseille de voter OUI c'est que lorsque Mayotte sera enfin érigée au rang de département « pur et dur » rien ne distinguera plus les Français de Mayotte de ceux de métropole. C'est un argument essentiel des tenants du OUI que de souligner que Mayotte sera désormais l'égale de n'importe quel autre département républicain. Cette question de l'égalité est d'une grande importance pour les Français, beaucoup plus que pour les Anglais par exemple, et elle est considérable pour les Mahorais puisqu'en effet, si ces derniers demandent si souvent et avec tant d'insistance d'être traités en égal c'est bien parce qu'ils ont la certitude de n'avoir jamais été considérés comme tels, ni par les Comoriens ni par les wazungu. On aurait grand tort de ne voir là que caprice ou enfantillage puisque cette crainte de l'inégalité est constitutive de la psychologie mahoraise, que son installation remonte aux lointaines années de sujétion à leurs arrogants cousins, suivies des années de colonisation et de domination blanche, pas si lointaines que ça celles là, que cette crainte, qu'on appelle souvent « complexe d'infériorité » est devenue un archétype et que, comme tel, rien ne pourra plus le déloger de la psyché locale sauf à rompre avec le blanc, de façon définitive et pendant plusieurs générations. Nous n'en sommes pas encore là et il faut donc, pour les Mahorais, s'en accommoder. Etre traité de façon égale est une très bonne façon de faire taire cette crainte permanente et l'accès de Mayotte au rang de département « pur et dur » offre l'espoir, sinon la garantie d'être inscrit dans un espace républicain où le mot Egalité est un mot fondateur donc rassurant ; et si cela ne suffisait pas, sitôt que Mayotte sera département « pur et dur » les Mahorais auraient alors le droit d'exiger d'être traités en égal avec les métropolitains, ce que les Mahorais n'ont jamais fait jusque là et qui n'augure pas d'une harmonie apaisée entre les wazungu et les autochtones. Cet argument en faveur du OUI est un argument si fondamental qu'il ne peut absolument pas être écarté, et personne ne peut donner tort aux Mahorais, le métropolitain moins qu'aucun autre puisqu'il a, par sa longue domination et par l'usage intensif du vocable « égalité », créé et activement contribué à entretenir le terreau même des revendications qui s'annoncent.

Pour attirante et légitime qu'elle soit cette revendication d'égalité est pernicieuse pour deux raisons.

La première c'est qu'à force de réclamer l'égalité de traitement dans tous les domaines les Mahorais vont voir, voient déjà, peu à peu disparaître toutes les petites libertés qui façonnent leur vie depuis toujours sans pour autant avoir aucune chance de disposer de tous ces biens dont les « vrais » Français disposent. La justice cadiale, pour ne citer qu'elle, est devenue un archaïsme intempestif dont Mayotte doit se passer, reléguant l'enseignement de l'Islam au rang de coutume régionale et vaguement folklorique qu'on tolère mais dont on ne tient plus compte. On tolérera les Debba, on les encouragera même parce qu'il n'y a que des femmes, toutes pomponnées et parfumées et qui chantent bien en battant des mains et c'est si tellement authentique, si tellement vrai, si indubitablement folklorique qu'on les rassemblera bientôt dans un stade les jours d'escale de gros bateaux remplis de troisième âge cacochymes et libidineux, alors que dans les mêmes moments on demandera au Muezzin d'arrêter ses appels à la prière à quatre heures du matin parce que ce n'est pas républicain. Ce n'est plus d'égalité mais d'uniformisation qu'il faudra parler et lorsqu'il aura l'argent pour ce faire, ce qui n'est pas demain la veille, le Conseil Général fera venir à grands frais des plaques de faux marbre ou des dalles de grès reconstitué pour construire un centre piétonnier qui ressemblera à s'y méprendre aux plateaux piétonniers d'Angers de Valence ou de Trèves.

Désespérant.

En outre on ne saura jamais de quelle égalité on parle. Dieu a créé les hommes égaux entre eux mais, ainsi que le faisait remarquer Coluche, certains sont plus égaux que d'autres. Ainsi lorsque la pure et dure Mayotte sera l'égale de n'importe lequel des départements français de quel département sera-t-elle plus particulièrement l'égale ? Du Pas de Calais ou des Hauts de Seine ? Mamoudzou sera-t-elle l'égale de Neuilly ou celle de Gandrange ? Qui parierait sur Neuilly ?

La seconde raison de se méfier, plus insidieuse et plus destructrice c'est que celui qui passe son temps à réclamer l'égalité se maintient dans la position de demandeur, confirmant ainsi à son interlocuteur qu'il n'est pas son égal et les wazungu n'ont pas besoin de ça pour croire qu'ils sont supérieurs. Ils vont donc se trouver confortés dans leur position dominante, celle de ceux qui octroient, avec plus ou moins de bonne grâce, face à ceux qui quémandent, avec plus ou moins d'insistance. Si égalité il y a elle aura été accordée par le dominant, qui en attendra nécessairement de la gratitude. C'est pas gagné. D'un côté nous aurons les « je donne- t'es jamais content » et de l'autre les « je veux-y a jamais assez ». Déjà tendues et pas franchement satisfaisantes les relations entre les Mahorais et les wazungu vont devenir exécrables. On peut vivre avec, sans doute, mais on peut aussi essayer de ne pas envenimer les choses et même de tourner l'inégalité à notre profit. Ce qui est tout à fait possible.

Dans un couple, ou simplement dans n'importe quelle relation entre deux personnes celui qui a le vrai pouvoir c'est celui qui dispose du pouvoir de dire non. Celui qui dit oui acquiesce à une initiative qui vient de l'autre ; celui qui dit non impose qu'une autre initiative soit proposée. Si, comme tout le monde s'y attend, à Mamoudzou comme à Paris, Mayotte vote OUI elle n'aura plus qu'à attendre que le mzungu décide à quelle sauce et à quelle vitesse elle sera mangée. Le mzungu dira alors : » Bon, puisque vous avez dit OUI vous faites ce qu'on vous dit. » Si au contraire Mayotte votait NON la surprise serait totale et le mzungu n'imposerait plus mais demanderait. « Bon, nous sommes surpris mais c'est comme ça ; maintenant vous voulez quoi ? »

Alors, et alors seulement le Mahorais serait un peu plus l'égal du mzungu puisque son avis serait demandé !

Liberté républicaine

La troisième raison pour laquelle un OUI serait intéressant c'est qu'en ancrant de façon aussi irrévocable Mayotte dans la trame républicaine on la sépare, de façon tout aussi irrévocable de ses caractériels cousins et insolents voisins, et là encore l'argument n'est pas mince puisque ce fut très exactement le premier argument qui conduisit Mayotte, en 1974, à refuser l'indépendance. « Nous voulons être français parce que nous voulons être libres ! » Libres des Comoriens bien évidemment. Que peut-on bien trouver à y répondre ? Il n'existe pas cinquante façons de se libérer d'un despote ; on peut le maintenir à distance et ne plus rien avoir à faire avec lui ; on peut s'en différencier au point que ses prétentions deviennent ridicules et donc inaudibles. De ce fait, et par essence pourrait-on dire, l'accès au statut de département va avoir l'immense avantage de signifier aux Tartarins d'à côté qu'à partir de maintenant ils ne s'adressent plus à des descendants de leurs serfs mais à des Français libres et égaux en droit, que toute revendication sur Mayotte est assimilable à une insulte faite à un état souverain, que tout acte malveillant peut être considéré comme une agression, voire un casus belli et qu'ici on s'attend en toute logique à ce que le président du Conseil Général, s'il se déplace à Moroni, soit reçu avec les égards et la pompe dus à un ambassadeur. Avant c'étaient eux qui se la pétaient ; maintenant c'est Mayotte qui biche. Chacun son tour et c'est très bien comme ça. Les wazungu ont même un proverbe pour illustrer le phénomène, où l'on parle d'assiette au beurre qui passe pour tout le monde. Eh bien l'assiette au beurre, en ce moment, elle est devant Mayotte. A bon entendeur ! Le temps passé est bel et bien passé, une page est définitivement tournée, il n'est pas question de revenir là-dessus et jamais, vous entendez, JAMAIS Mayotte ne reviendra dans les Comores !

A quoi le Sage répond que dès qu'on parle d'avenir il ne faut jamais dire jamais ; à moins bien sur d'ajouter « Inch'Allah », ce que les plus dévots des défenseurs du OUI oublient toujours de faire.

« Il est très difficile de prévoir quoi que ce soit, et surtout l'avenir » disait Oscar Wilde et il avait bien raison. L'avenir est en effet plein de surprises et ce n'est pas être fou que d'envisager toutes les hypothèses possibles et préparer ainsi, pour ses enfants, un monde où ils pourront vivre libres et en paix. Nos anciens ont choisi la France parce qu'ils voulaient rester libres. Mayotte est française, elle restera donc libre. Le statut de département amènera des contraintes nouvelles mais ne fournira aucune garantie supplémentaire. L'Algérie était constituée de cinq, puis quatorze départements jusqu'aux accords d'Evian. A la suite desquels les quatorze départements ont disparu laissant deux millions de pieds noirs battant de l'aile et claquant du bec sans que leur détresse n'émeuvent quiconque ni ne change quoi que ce soit. Si, pour des raisons qui sont les siennes la France utilisait son droit du plus fort, et décidait d'abandonner Mayotte personne n'y pourrait rien et de plus la communauté internationale l'y encouragerait. Peut-être même trouverait-on sa décision « courageuse ». Ce que le dominant a fait il peut le défaire. Si, ce qu'à Dieu ne plaise, la Raison d'Etat voulait que soit sacrifié un petit peuple lointain et exogène alors le petit peuple lointain et exogène serait sans état d'âme sacrifié à la Raison d'Etat. Il n'y a aucun doute à avoir la dessus. La liberté si chère au cœur de nos mamans mahoraises dépend du bon vouloir du Prince et ne sera garantie que tant que le voudra le Prince.

Ayant proposé à Mayotte un choix possible entre le OUI et le NON, la République envisage donc chacune des réponses comme étant acceptable et c'est donc déjà un gage de liberté. Puisque la République veut vraiment que Mayotte soit libre alors elle acceptera que Mayotte puisse disposer d'une autonomie que la soumission aveugle et muette aux diktats républicains ne lui autorisera pas. Il ne s'agit pas pour Mayotte de changer brutalement de partenaires mais d'obtenir le droit d'en courtiser d'autres et le droit de chercher par elle-même, et ailleurs que dans les carnets d'adresses mzungu d'autres appuis, d'autres circuits, d'autres règles de fonctionnement que ceux qui lui seront inévitablement imposés par une départementalisation pure et dure. La liberté ne consiste pas à subir mais à chercher sa voie personnelle et à prendre soi même la direction de son propre avenir.

S'il n'est plus complètement avec le mzungu, l'avenir de Mayotte se trouve où ? Mais dans sa région voyons ! Placées où elles sont et avec leur histoire les Comores ne sont pas un Haïti en gestation mais ont naturellement vocation à devenir la Suisse de l'Océan Indien. Ou le Lichtenstein ; ou Monaco. Qu'on y songe, voila un ensemble de quatre îles dont aucune ne présente d'intérêt particulier. Les plages sont bien plus belles aux Seychelles et à Maurice, les sommets bien plus élevés et accessibles à la Réunion, les espaces bien plus vastes à Madagascar, la faune bien plus fascinante sur le continent tout proche. Les Comores ne disposent d'aucune ressource ni d'aucune richesse que l'on sache. C'est très exactement un endroit dont personne ne voudra jamais s'emparer et c'est déjà ça. Tout comme la Suisse dont personne n'a jamais voulu emprunter les montagnes. Et tout comme la Suisse aussi c'est un carrefour entre des vieilles civilisations, des cultures puissantes et des échanges en devenir, un point de passage entre l'Afrique et tous ses partenaires, Européens, Arabes, Indiens et bientôt –déjà—Chinois. Pendant et à mesure que l'Occident décline la nouvelle carte du monde verra s'installer un axe qui reliera la Chine et l'Afrique et tiendra nécessairement compte de l'Inde et de la péninsule arabique.

Ce n'est donc ni à Rambouillet ni à Marcoussis mais dans les Comores que se signeront les cessez le feu entre belligérants africains ou arabes.

C'est dans les Comores que se célèbreront leurs accordailles.

C'est dans les Comores que se scelleront leurs nouvelles alliances.

C'est dans les Comores que se signeront les contrats entre les nations africaines et leurs partenaires historiques ou à venir.

C'est dans les Comores que s'installeront les établissements bancaires dont se serviront les habitués de l'Océan Indien.

Et l'on voudrait que Mayotte n'en soit pas !!

Personne, et nous les signataires de ce plaidoyer moins que quiconque, personne ne désire que Mayotte rejoigne dès demain l'Etat comorien. Il n'est pas question d'appauvrir Mayotte ni d'envisager pour elle des conditions de fonctionnement plus aléatoires que celles qui régissent aujourd'hui son quotidien. Nul ici ne songe, non plus qu'à Paris, à demander à Mayotte de quitter la République.

Il est question d'œuvrer pour que Mayotte elle-même contribue activement à mettre en place une structure dans laquelle elle serait écoutée parce qu'elle aurait pris son sort entre ses propres mains.

Refuser le département ne changera rien nulle part dans l'immédiat et aucun châtiment ne tombera du Ciel ni de la République pour punir Mayotte d'avoir osé dire que le mot « département » ne convenait pas. Après le NON, le travail des hommes politiques consistera, comme à l'habitude, à obtenir le maximum de l'Etat pour ensuite le redistribuer à leur guise. Ils devront simplement se servir d'autres mots que « département » ou « zone ultra périphérique ».

« Impossible !! » trépigneront-ils.

Qu'en sait-on ? L'a-t-on jamais fait ? A-t-on même seulement essayé ? En a-t-on seulement discuté ? Bien sûr, un NON impliquerait nécessairement une certaine redistribution du pouvoir et quelques indignés et fébriles caciques trembleraient sur leurs ronds de cuir avant de prendre d'avec la politique locale une retraite glorieusement méritée. Mais le vide que créera leur départ ne sera d'aucune gène puisque c'est très exactement dans cet espace laissé vacant que pourra s'installer une jeunesse mahoraise pourvue enfin d'un but qui soit plus prometteur et plus stimulant que celui qui consiste à copier le maître en tous points de sa vie, à afficher ainsi des ambitions d'esclave et finir caissier ou agent de sécurité avec un bac plus cinq. C'est très exactement dans cet espace à construire que les jeunes de Mayotte et de la région pourront mettre au feu leurs idées, tester leurs audaces et canaliser leur ardeur.

Dire NON aurait en outre le dernier avantage de calmer à peu près tout le monde. Dernier mais pas le moindre.

Les wazungu pour commencer qui verraient, une fois la surprise passée et à l'exception de quelques joueurs de golf en colère, une bonne dose de pression disparaître de leurs effarouchées épaules. Sans doute seraient-ils toujours les Détenteurs Suprêmes du Savoir et du Pouvoir mais dépourvu désormais de toute urgence, leur enseignement aurait moins d'importance et, débarrassés de l'absolue et constitutionnelle obligation d'exiger de tout un chacun qu'il se comporte selon la norme, bon nombre d'entre eux se feraient plus discrets, ce qui ne sera pas dommage.

D'autres qui serraient surpris, stupéfaits, quasiment cloués sur place et soudainement calmés, ce sont les agités d'à côté qui se verraient brutalement privés d'un de leurs arguments majeurs pour continuer à traiter Mayotte comme une dépendance. Ce qu'elle n'est pas. Le choix du NON imposerait à tous que les actes de Maore valent largement les palabres de Ngazidja. Une fois la stupéfaction passée, et comme ils ne sont pas plus bêtes qu'ailleurs, ils traiteront Mayotte avec plus de respect, en partenaire, en égale, rassurés qu'ils seront qu' « attendre » est redevenu un verbe actif.

Et si, sans que cela lui coûte, dire NON permet à Mayotte de faire le calme autour d'elle, ma foi, ce sera tout bénéfice et tout à mettre au crédit de Mayotte qui aura prouvé qu'il n'est pas toujours besoin d'être riche pour être libre et que ses habitants pouvaient être aussi lucides que n'importe qui et politiquement plus mûrs que beaucoup.


Amine kam'gwavenze

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9 mars 2009 1 09 /03 /mars /2009 11:06

Vous trouverez ci-dessous une contribution d' Abdallah Mohamed (Photo, archives HALIDI-BLOG-COMORES), un des architectes de l'actuel système institutionnel des Comores, aux travaux de la conférence inter comorienne tenue à Moroni du 03 au 06 mars 2009. Bien évidemment il défend avec fougue "son bébé constitutionnel"et reste fidèle à ses convictions.
Comme on dit chez nous "mtru ka dza Mwana a rudi à mulatsa" (on ne met pas au monde un bébé pour le jeter)

HALIDI-BLOG-COMORES

 

 

 

 

 

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UNE REVISION DE LA CONSTITUTION DU 23 DECEMBRE 2001, EST- ELLE OPPORTUNE ?



On ne peut apprécier valablement l’opportunité ou l’inopportunité de la révision de la Constitution du 23 déc 2001 qu’à la lumière du contexte politique qui a prévalu dans le pays et qui a conduit à son adoption.


1 – LE CERCLE VICIEUX

Pendant des décennies, les Comores ont souffert de nombreux maux qui menaçaient, en permanence la cohésion nationale et entravaient, sérieusement, tout effort de développement. Cependant, les diagnostics établis par les gouvernants successifs, bien qu’expéditifs étaient véridiques, aboutissant toujours à une inadaptation des institutions, sans jamais relever une quelconque faute des hommes.


C’est ainsi que le pays se vit doté d’une nouvelle constitution en moyenne tous les quatre ans, sans que ces changements des textes fondamentaux apportent les solutions attendues.


En fait, il est apparu que chaque nouvelle constitution était taillée sur mesure, plus pour servir les intérêts du Président en place que pour répondre aux besoins réels de la nation. Il n’en demeure pas moins que cette valse s’est poursuivie pendant des décennies sans que rien ni personne ne parvienne à y mettre un terme.


Résignés, les comoriens se sont, peu à peu, désintéressés de la politique, l’abandonnant aux mains de politiciens peu scrupuleux qui la percevaient plus comme un moyen de s’enrichir que comme un outil de transformation de la société. Lentement mais sûrement, une crise de confiance s’instaura entre gouvernants et gouvernés. Les revendications insulaires se firent de plus en plus pressantes.


Cette crise s’aggrava au point que toute initiative prise par les premiers était suspectée de partial ou de favoritiste ou contestée par les seconds dans une sorte de boycott déguisé de l’action gouvernementale.


Le paradoxe est que les politiciens de tous bords ne semblaient pas prendre conscience de la gravité de la situation. Ils continuaient leur mascarade en s’amusant à dénoncer, sournoisement, la mauvaise gouvernance quand ils se trouvaient dans l’Opposition et à s’y appuyer comme système de gouvernement une fois au Pouvoir. Se méprenant sur le silence fataliste de la population, ils semblaient considérer que celle-ci s’y accommodait et, ne se rendaient toujours pas compte que le pays était au bord de l’implosion.


En effet, une bonne partie de la population des trois îles ne comprenait pas que, par le passé, le pays ait lutté, avec conviction, pour accéder à l’indépendance et qu’une fois celle-ci acquise, l’ordre fasse place au désordre, le pillage de l’Etat et les passes droits gagnent droit de cité, au grand bonheur des politiciens locaux.

Les anjouanais, eux, décidèrent d’exprimer, par des actes, leur réprobation. Ils refusèrent de continuer de lier leur destin à celui d’un pays qui allait, manifestement, à la dérive et proclamèrent l’indépendance de leur île en août 1997. Ainsi est née la crise séparatiste anjouanaise.


2 –DU SEPARATISME AU PACTE

De toutes les crises politiques que le pays a traversées, la crise séparatiste anjouanaise est, de loin, la plus profonde par son ampleur mais aussi par ses conséquences prévisibles tant pour le pays lui-même que pour toute la région. C’est pourquoi, les autorités comoriennes ont sollicité l’aide de la communauté internationale pour son règlement.

Dans un climat politique très acerbe, face à des anjouanais intransigeants et très déterminés, le dialogue inter-comorien n’a pu être amorcé que grâce à la pression de la communauté internationale très impliquée dans la recherche d’une solution qui préserve l’unité nationale et l’intégrité territoriale du pays.

C’est au terme d’un marathon diplomatique très onéreux, marqué par deux grandes conférences à Addis Abeba et à Antananarivo, plusieurs rencontres des parties comoriennes encore à Addis Abeba, Pretoria, et Fomboni, sans parler des nombreux déplacements de délégations de la communauté internationale aux Comores que les anjouanais ont, peu à peu infléchi leur position. Ils ont alors soumis des propositions allant dans le sens d’une réorganisation plus équitable du système politique du pays qui tienne, largement, compte de sa spécificité insulaire. Ces propositions se résument en deux points précis, à savoir :

  • une présidence tournante entre les îles ;

  • un partage du Pouvoir entre l’Etat et les îles ;

Elles reçurent l’adhésion des autres parties comoriennes ; d’où la signature de l’Accord-cadre de Fomboni du 17 février 2001.

Ce document paraphé par toutes les parties comoriennes ainsi que par l’Union africaine et l’Organisation Internationale de la francophonie, agissant es qualité de représentants de la communauté internationale et de garants de l’Accord-cadre, a effectivement institué un partage du pouvoir entre l’Etat et les îles dans le cadre d’une décentralisation accordant une large autonomie à ces dernières. Quant à la Présidence tournante, il fût convenu de l’inscrire directement dans la nouvelle Constitution qui allait être rédigée en conséquence.

Tant le contexte de son élaboration que les aspects consensuels et solennels de son contenu et des termes employés, font de l’Accord-cadre de Fomboni du 17 fév 2001, un véritable PACTE scellé entre les comoriens pour assurer la stabilité politique du pays et renforcer la cohésion nationale. Ce PACTE s’étend, logiquement, à la Constitution du 23 déc 2001 dont la rédaction a été largement inspirée par ledit Accord.


3– LE NOUVEAU DEPART : POSITIVER L’INSULARITE

La Constitution du 23 déc 2001consacre, comme convenu, le partage du pouvoir entre l’Union et les îles (préambule et art. 11) et la présidence tournante entre les îles (art. 13). Cette solution consensuelle crée, désormais un cadre nouveau mieux adapté à l’insularité du pays et propice à une participation effective de tous les comoriens, quelle que soit l’île d’origine, à l’effort collectif de son développement.

En effet, la présidence tournante assure la stabilité des institutions en ce sens que :

  • Elle met fin aux coups d’Etat à répétition grâce à la promotion d’une culture démocratique dans le renouvellement des institutions et du fait que les îles s’ érigent, spontanément, en gardiens des institutions parce qu’elles y trouvent leur compte ;

  • Elle renforce la cohésion nationale par une égalité de chance effective de tous les comoriens à accéder à la magistrature suprême du pays ;

  • Elle encourage une compétition entre les îles pour toujours mieux gérer les affaires du pays.

Avec le partage du pouvoir entre l’Union et les îles, l’insularité cesse d’être un handicap pour devenir un atout pour le développement du pays.

  • Le partage du pouvoir limite l’exode des îles vers Moroni ;

  • Il décongestionne l’administration centrale en incitant les cadres à se déployer dans les îles ;

  • Les îles deviennent des acteurs à part entière, du développement du pays.

En résumé, à la différence des Constitutions antérieures, systématiquement taillées sur mesure au profit des présidents en place, celle du 23 déc 2001 est une œuvre consensuelle et collective de tous les comoriens. Elle fait un véritable « management » de l’insularité que le pays n’a pas su gérer avec toute l’attention requise, par le passé.

La Constitution du 23 déc 2001 apporte ainsi des remèdes à de nombreux maux qui gangrénaient le pays depuis des décennies, lesquels maux monopolisaient l’attention des gouvernants et les empêchaient de s’atteler aux tâches réellement utiles au développement du pays.

La Constitution du 23 déc 2001 est conçue pour préparer le pays à relever, dans le long terme, un défi plus ambitieux : celui du développement dans un environnement insulaire. A cette fin, plusieurs phases sont au programme. On en est encore à la première. Dans celle-ci, il est nécessaire que chaque île puisse diriger le pays sous le régime de cette Constitution, dans le respect de la tournante. Comme l’a fait l’île de la Grande comore avant l’île d’Anjouan, celle-ci doit donc assurer la présidence pendant quatre ans puis la céder à l’île sœur de Moheli en 2010 pour quatre ans. Cela facilitera autant l’évaluation prévue en 2014. Il s’agit de veiller à l’équilibre entre les îles dans l’esprit du PACTE. Du succès de cette première phase dépend la suite du programme.

Il est vrai, on le dit, que la politique n’est pas une science exacte… Mais seulement quand elle est politicienne ; pas quand elle est au service d’un idéal comme le notre. Dans le cas d’espèce, une révision constitutionnelle ne peut pas être improvisée. Le Président de l’Union doit avoir de bonnes raisons pour vouloir changer la Constitution du 23 déc 2001 et ce sont ces raisons que nous sommes en droit de connaître.

En tout état de cause, et pour les raisons que nous venons de montrer une révision de cette Constitution, maintenant, ne nous semble pas opportune.


4– L’INOPPORTUNITE DE LA REVISION CONSTITUTIONNELLE ENVISAGEE

Il résulte de tout ce qui précède que la Constitution du 23 oct 2001 a beaucoup apporté au pays. La stabilité des institutions et la cohésion nationale apparentes sont encore fragiles, leur pérennisation interpelle tous les comoriens. Cela signifie que le dialogue et la concertation doivent prévaloir en ce moment où chaque comorien devrait faire des sacrifices encore plus grandes, dans un élan patriotique.

Nous rappelons que, outre les mécanismes prévus pour le règlement des conflits entre les institutions, cette Constitution renvoie à des lois organiques la solution à un certain nombre de questions importantes. On ne peut donc pas justifier son abandon brutal sans même l’avoir évaluée, sous le faux prétexte qu’elle paralyse l’action gouvernementale, pour adopter une autre imposée, de surcroit, par un Président en fonction. On ne peut pas comprendre, non plus que le Président de l’Union demande aux comoriens d’approuver un projet dont le contenu parait dangereux politiquement et anticonstitutionnel, juridiquement.

Sur le plan politique, l’avant projet est dangereux :

  • Ce n’est une correction des dysfonctionnements mais plutôt un rejet pur et simple de l’expérience en cours ;

  • Il signifie la rupture du PACTE en ce sens qu’elle porte atteinte à des points fondamentaux de la réconciliation nationale ;

  • Il force le pays à renouer avec les vieux démons des constitutions taillés sur mesure pour servir des intérêts des présidents en place ;

  • Il expose le pays aux risques de voir ressusciter des maux que la Constitution du 23 déc 2001 avait réussi à remédier.

Sur le plan juridique, il est inconstitutionnel et, son maintien risque de placer son auteur au dessus des lois du pays :

  • Il est en violation flagrante avec l’article 37 de la Constitution en vigueur. En effet, bien que l’art. 37, alinéa 2 de la Constitution stipule qu’  « aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte (…) à l’autonomie des îles », l’avant projet (art. 5) s’est permis de retirer aux îles toutes les compétences qui leur sont dévolues par la Constitution en vigueur pour les remettre à l’Union et de ce fait, il porte atteinte à l’autonomie des îles.

  • Il viole aussi l’article 13 de la Constitution en vigueur en ce sens qu’il est une voie détournée dont la finalité est d’entraver la tournante en permettant au Président actuel de se maintenir indéfiniment au Pouvoir. En effet, la combinaison des art. 7, 8,17 et 18 de l’avant projet fait apparaître que le mandat du Président de l’Union passe de 4 à 5 ans mais que celui-ci ne quittera ses fonctions qu’en même temps que les présidents des îles. Comme le mandat du Président de l’île d’Anjouan arrive à terme seulement en 2013, c’est à cette date que tous les exécutifs, y compris celui de l’Union, seront renouvelés, du moins en théorie. Or comme le calendrier des élections est proposé par l’exécutif de l’Union et soumis au vote de l’assemblée de l’Union, on peut penser qu’avec le jeu de la dissolution et les grandes possibilités du président de l’Union d’avoir une majorité au sein de la nouvelle assemblée élue, l’examen de ce calendrier risque d’être retardé indéfiniment. La première phrase de l’art. 17 de l’avant projet conforte cette hypothèse.

  • l’avant projet manque d’objectivité. La première phrase de l’art. 17 ainsi libellée : « la présente loi s’applique au Président de l’Union actuellement en fonction… » rend le contenu de l’avant projet subjectif et suspect car le président de l’Union n’a pas fait preuve d’humilité ni d’abnégation. On peut penser qu’il n’a initié la révision que pour en profiter personnellement et que dans le cas contraire il ne l’aurait peut-être jamais fait.

Chef de la Délégation d’Anjouan
ABDALLAH MOHAMED

        Mars 2009

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