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  • : HALIDI-BLOG-COMORES, Blog des COMORES
  • : BLOG DES COMORES GERE DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013 PAR MARIAMA HALIDI
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A SAVOIR

QU'EST CE QUE LA LANGUE COMORIENNE ?

Pour répondre à cette question pertinente, nous vous proposons ci- dessous l'interview du grand linguiste et spécialiste de la langue comorienne, Mohamed-Ahmed Chamanga

 

 
INTERVIEW DE CHAMANGA PAR RFO EN 2004
 
 
 Le comorien est une langue composée de mots africains, de mots arabes voire parfois de mots portugais et anglais. D'où vient la langue comorienne ?

M.A.C : Le fonds lexical de la langue comorienne est essentiellement « africain » comme vous le dites, et plus précisément bantu. Les emprunts au portugais ou à l'anglais sont relativement faibles. Par contre, l'apport arabe est très important. Cela s'explique par la très forte islamisation des Comores, depuis la Grande Comore(Ngazidja) jusqu'à Mayotte (Maore) en passant par Mohéli (Mwali)et Anjouan (Ndzuwani). Malgré ces emprunts, le comorien (shikomor) reste, sur le plan de sa structure grammaticale, une langue bantu.

Qu'appelle t-on une langue bantu ?

M.A.C : Le bantu est une famille de langues, la plus importante d'Afrique. Les langues qui composent cette famille couvrent pratiquement toute la partie australe du continent noir.

Y a t-il encore aujourd'hui en Afrique ou à Madagascar des populations qui parlent une langue similaire au comorien ?

M.A.C : Bien sûr ! On trouve par exemple le swahili en Tanzanie, le lingala au Congo Démocratique, le kikongo au Congo, le zulu en Afrique du Sud, le shona au Zimbabwe-Mozambique, le tswana au Botswana, le kinyarwanda-kirundi au Rwanda-Burundi, etc. Comme ces langues appartiennent à la même famille, elles ont forcément beaucoup de points communs dans la structure des mots, leurs répartitions dans les phrases, les accords grammaticaux, etc. Elles ont aussi un minimum de vocabulaire commun.
Prenons par exemple le mot bantu ! Ce mot est attesté dans certaines langues, comme le lingala, et il signifie « hommes ». C'est le pluriel du mot muntu qui veut dire « homme » au singulier. Dans d'autres langues, ces mots se déclinent au pluriel en watu (swahili), wantru ou watru ou en encore wandru (shikomor) ; au singulier, nous avons respectivement mtu, muntru, mtru, mndru.
Prenons encore l'exemple de la phrase kinyarwanda suivante qui signifie : « Combien d'hommes ? » : Abantu bangahe ? Nous avons en comorien les équivalences suivantes :Wantru wangapvi ?Watru wangapvi ?Wandru wanga(pvi) ? et en swahili :watu wangapi ?

Ne pensez-vous pas qu'il y a beaucoup de ressemblance dans tout ça ?

M.A.C : A Madagascar, jusqu'au milieu du XXe siècle, il y avait quelques poches bantuphones sur la côte nord-ouest. Mais les langues africaines qui y étaient parlées, le swahili à Marodoka ou le makua à Maintirano, ont aujourd'hui disparu. Le malgache appartient à une autre famille de langues : les langues austronésiennes comme par exemple les langues indonésiennes.

Le comorien est souvent comparé au swahili, parfois on a même dit que le comorien en était dérivé ?

M.A.C: Selon les résultats des recherches des trois dernières décennies, il est prouvé que le comorien et le swahili sont génétiquement issus d'une même souche-mère, d'où leur très grande parenté. Mais les deux langues se seraient séparées aux environs du XIIème siècle. On peut donc dire que ce sont deux langues soeurs. Si la confusion a pu se maintenir jusqu'à une période pas très lointaine, c'était à cause de la très grande proximité des deux langues, mais aussi parce que les sultans des Comores parlaient swahili et beaucoup de correspondances et traités avec les pays voisins ou les puissances étrangères étaient rédigés en swahili qui étaient à l'époque la plus importante langue de communication et du commerce de cette région de l'océan indien occidental.
Par combien de personnes est parlée la langue comorienne?
M.A.C:On peut estimer que la langue comorienne est parlée aujourd'hui par un million de personnes environ : les 750 000 habitants de l'archipel des Comores plus la très importante diaspora comorienne, que l'on peut retrouver notamment à Madagascar, à Zanzibar ou encore en France.

Est-elle enseignée à l'école ? Si non pourquoi ?

M.A.C: Malheureusement, elle ne l'est pas. Pourquoi ? Parce que : Premièrement, la colonisation française, avec sa mission « civilisatrice », n'avait jamais reconnu au peuple dominé une quelconque culture ou civilisation et que les langues des dominées n'étaient pas des langues mais, avec un sens très péjoratif, des dialectes qui n'avaient ni vocabulaire développé ni grammaire.
Deuxièmement, le pouvoir très centralisateur de l'Etat français avait imposé le français comme la seule langue de l'administration partout. Cela était vrai dans les colonies, mais aussi en métropole. C'est ainsi qu'on a banni l'enseignement du breton en Bretagne, du basque au Pays Basque (Sud-Ouest de la France).
Troisièmement enfin, nous avons nous-mêmes fini par admettre que notre langue est pauvre et sans grammaire. Elle ne peut donc pas être enseigné. Il faut encore souligner qu'avec l'instabilité chronique des Comores indépendantes, aucune réflexion sérieuse n'a pu être menée sur la question. Pourtant, les pédagogues sont unanimes : pour permettre l'épanouissement des enfants, il est nécessaire que ces derniers puissent s'exprimer pleinement dans leur langue maternelle...

Y a t-il une ou des langues comoriennes ?

M.A.C:Nous avons la chance d'avoir une seule langue comorienne, depuis Ngazidja jusqu'à Maore. Mais comme toute langue, le comorien se décline en plusieurs dialectes qui en sont les variantes régionales : le shingazidja à la Grande Comore, le shimwali à Mohéli, le shindzuani à Anjouan et le shimaore à Mayotte.

Comment expliquer l'apparition de divers dialectes sur un territoire aussi exiguë que les Comores ?

M.A.C : Ce phénomène n'est pas spécifique au comorien. Toute langue est formée de plusieurs dialectes. La dialectalisation s'accentue lorsqu'il y a peu de communications et d'échanges entre les régions. A l'inverse, le déplacement d'une population qui parle un dialecte donné vers une autre région où l'on parle un autre dialecte peut également entraîner des changements dans les deux dialectes. Pour le cas des Comores, le facteur du peuplement par vagues successives au cours de l'histoire explique aussi le phénomène.
Les différences dialectales peuvent aussi s'observer à l'intérieur de chaque île. C'est ainsi, par exemple en Grande Comore, que la manière de parler des gens de Mbéni dans la région du Hamahamet diffère du parler des gens de Fumbuni dans la région du Mbadjini. Il en est de même à Anjouan entre les gens de Mutsamudu, sur la côte nord, et ceux du Nyumakele, dans le sud-est de l'île, ou encore, à Mayotte, entre Mamoudzou et Kani Bé ou Mwana-Trindri dans le sud, etc.

Un mot sur la langue mahoraise.

M.A.C:Le shimaore appartient au même sous-groupe dialectal que le shindzuani. C'est dire qu'il faut souvent écouter attentivement pour percevoir les différences entre ces deux dialectes. Le shimaore fait ainsi partie intégrante de la langue comorienne.

Le comorien s'enrichit-il ou s'appauvrit-il (avec le phénomène de créolisation de la langue) ?

M.A.C : Parler à l'heure actuelle de créolisation de la langue comorienne est quelque peu exagéré. Certes elle ingurgite aujourd'hui beaucoup de mots d'origine française. Mais cela reste « raisonnable ». Le comorien a emprunté énormément de vocabulaire d'origine arabe, environ entre 30 et 40 % du lexique, pourtant on ne parle pas de créole arabe, et cela à juste titre. En effet, ce qui fonde une langue, ce ne sont pas seulement les mots. Ce sont surtout sa structure grammaticale et sa syntaxe. De ce point de vue, le comorien ne ressemble ni à l'arabe ni au français.
On ne peut pas dire que le comorien s'appauvrit. Essentiellement oral, il répond parfaitement à nos besoins de communication. Il est toutefois évident qu'une langue écrite possède un stock lexical beaucoup plus étendu qu'une langue orale. Ne vous inquiétez pas pour le comorien. Si un jour, on décide de l'écrire, de l'enseigner et de l'utiliser dans l'administration, il ne pourra que s'enrichir. Il s'enrichira en se forgeant des mots nouveaux ou en empruntant d'autres ailleurs, comme cela se fait dans les langues dites de « grande civilisation ».

Où en est actuellement la recherche sur la langue comorienne ?

M.A.C: La recherche sur la langue comorienne avance ; trop lentement peut-être, mais elle avance. Nous avons aujourd'hui une meilleure connaissance sur elle qu'il y a vingt ans. Malheureusement, c'est un domaine qui intéresse peu de monde, aussi bien chez les nationaux que chez les chercheurs étrangers.

Pensez-vous qu'un jour tous les Comoriens parleront la même langue ? Et sur quoi se fonderait cette sédimentation en une seule langue « nationale » ?

Mohamed Ahmed-Chamanga : Nous parlons déjà la même langue. Ce qui nous manque, c'est une langue standard, comme en Tanzanie avec le swahili, à Madagascar avec le malgache, ou en encore au Zimbabwe avec le shona, etc. Pour arriver à ce stade, il faut qu'il y ait une réelle volonté politique, une prise de conscience chez les Comoriens de vouloir mieux apprivoiser leur propre culture et que soit mise en place une équipe de chercheurs qui se pencherait sur la question et qui proposerait cette langue standard qui serait utilisée dans tout l'archipel des Comores.

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CI-DESSOUS LES NEWS  RECENTES  DES COMORES

 

 

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A PROPOS DE OUANI

Ouani et ses grands hommes
 
 
L’être humain est insignifiant puisque le corbeau et beaucoup d’autres espèces d’arbres vivent plus longtemps que lui. De ce court séjour dans ce bas monde à la différence d’autres êtres vivants, l’homme peut marquer de son empreinte l’histoire.
A OUANI, ce genre d’homme malgré sa rareté, a existé et continu à exister jusqu’à nos jours. En ouvrant ce nouveau chapitre, quelques dignitaires en collaboration avec le comité de pilotage de la ville ont tenu à rendre hommage beaucoup d’hommes et de femmes qui ont fait du bien à cette ville.
En dehors de tout jugement, ils ont fait de leur mieux pour que Ouani devienne l’une des grandes villes les plus rayonnantes des Comores et Ouani l’est grâce à eux. Elle doit continuer à l’être pour nous et les générations à venir.
A titre posthume, nous tirons la révérence devant Saïd Toiha (Baco Moegné), Saïd Abdou Bacar Nomane, Saïd Abdou Sidi et Saïd Andria Zafi.
 
Le premier pour avoir créé la première école privée de la ville dans l’objectif de ne plus avoir un enfant de six à sept ans non scolarisé, le second qui a été le premier à être ministre et dont les louanges dépassent les frontières de la ville, le troisième a accompagné plusieurs années la jeunesse et le dernier a beaucoup contribué au niveau de l’enseignement primaire par son dévouement et son engagement à instruire ceux qui l’ont fait pour nous. Cette liste vient de s’ouvrir et n’est pas prête de se fermer ; beaucoup d’autres personnes disparues ou vivant tels que les enseignants apparaîtront à la prochaine édition.
Ansaly Soiffa Abdourrahamane
 
Article paru en 2003 dans le n° 0 de Jouwa, bulletin d’information de OUANI
 
 
 
 
LES ENFANTS DE LA VILLE DE OUANI
ET L’HISTOIRE   DES COMORES
 
 Beaucoup d’enfants de la ville de OUANI ont marqué et marqueront toujours l’histoire de leur pays : les îles Comores.
 
 En voici quelques uns dans différents domaines.
 La liste n’est pas exhaustive
 
 I) LITTERATURE
 
LITTERATURE ORALE
 
ABDEREMANE ABDALLAH dit BAHA PALA
 
Grand connaisseur du passé comorien décédé brusquement en 1988.
Actuellement, un projet de publication de sa biographie est en étude.
On trouve beaucoup de ses témoignages sur l’histoire des Comores dans le tome 2 de l’excellente thèse de SIDI Ainouddine sur la crise foncière à Anjouan soutenue à l’INALCO en 1994 
 
LITTERATURE ECRITE
 
Mohamed Ahmed-CHAMANGA
 
Grand linguiste des Comores
 
 Né à Ouani (Anjouan) en 1952, Mohamed Ahmed-Chamanga, diplômé de swahili et d'arabe, a fait des recherches linguistiques sur sa langue maternelle. Il enseigne la langue et la littérature comorienne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il est l'auteur d'une thèse, de plusieurs articles, ainsi que d'un recueil de contes de l'île d'Anjouan : Roi, femmes et djinns (CLIF, 1998). Président de l'Association Fraternité Anjouanaise, Mohamed Ahmed-Chamanga a fondé, en 1997, le journal Masiwa.
 Il enseigne actuellement la langue et la littérature comoriennes à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris (INALCO).
 
AINOUDINE SIDI
 
 Historien & grand spécialiste de l’histoire foncière des Comores 
 
 Né à OUANI, en 1956. Il a fait des études d’histoire à l’université de DAKAR (SENEGAL) et a préparé un doctorat d’études africaines à l’INALCO (PARIS)  Il est actuellement chercheur et Directeur du CNDRS (Centre National de Documentation et de Recherches Scientifiques) à MORONI.
 
 II) MUSIQUES & CHANTS
 
DHOIFFIR ABDEREMANE
 
Un des fondateurs de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Avec ses chansons axées sur la contestation sociale. Il fait partie des premiers artistes qui ont introduit aux années 60 une nouvelle forme de musique aux COMORES.
 
C’est un homme très discret mais plein de talents. On se souviendra toujours de ses productions à la salle AL CAMAR de MORONI.
 
FOUDHOYLA CHAFFI
 
 Une des premières femmes comoriennes à avoir fait partie d’un orchestre musical.
 Il s’agit là d’un engagement incontestable de la part d’une femme comorienne.
 Elle a commencé à jouer un rôle important dans la chanson à partir de 1975 comme chanteuse principale de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Sa voix d’or résonne toujours dans le cœur de tous ceux qui ont vécu dans notre pays de 1975 à 1978. On ne passait pas en effet, une seule journée sans entendre une de ses chansons sur l’égalité des sexes, l’unité des Comores, le changement des mentalités… à la radio nationale.
 
 III) POLITIQUE
 
Le sultan ABDALLAH III
 
 De mère ouanienne, il est l’un des grands sultans qui ont régné dans l’archipel des Comores au 18eme siècle et plus précisément sur l’île d’Anjouan.
 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED
 
La première femme ministre et élue député des COMORES
 
Né le 06 juillet 1952 à OUANI. Elle a enseigné pendant plusieurs années le français et l’histoire géographie dans différents collèges du pays avant d’être nommée secrétaire d’Etat à la condition féminine et à la population en 1991.
De 1991 à 1996 elle a assumé de hautes responsabilités politiques : Haut commissaire à la condition féminine, Ministres des affaires sociales, conseiller spécial du président de la république, secrétaire général adjoint du gouvernement, élue députée ….
Actuellement, elle est enseignante à l’IFERE et Présidente du FAWECOM.
 
Article publié sur le site de l'AOFFRAC (www.aoffrac.com)
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

11 février 2009 3 11 /02 /février /2009 21:33

Source : Alwatwan.net / 11 février 2009

‘‘L’Oua attend de la France qui a donné au monde l’exemple d’une décolonisation pacifique et dont les concepts politiques ont été forgés dans le creuset du plus pur esprit cartésien qu’elle reconnaisse l’évidence, encore une fois la logique. Il n’est en effet pas logique et l’Oua ne saurait l’admettre qu’un pays qui, 130 ans durant a accepté d’administrer l’Archipel des Comores comprenant la Grande-Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte comme entité, refuse au moment de l’indépendance de ce pays la réalité de la situation pour soutenir une campagne visant à démembrer un Etat indépendant, souverain et qui plus est, membre de l’Oua et de l’Onu’’. Martin Bongo, premier président du Comité ad hoc des 7.

Les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Union Africaine, réunis le 2 janvier dernier à Addis-Abeba, ont décidé de réactiver le ‘‘Comité ad hoc des 7’’ sur l’île comorienne de Mayotte. Un élan de solidarité largement exprimé par l’ensemble des pays membres de l’Union africaine en faveur des Comores qui se sentent, à travers ce geste louable, ‘‘réconfortées,’’ selon un diplomate comorien qui estime qu’il est temps que la diplomatie comorienne ‘‘sorte de sa léthargie, affûte ses armes en vue d’assurer le suivi de la décision prise à Addis Abeba’’.
Selon le diplomate, les Comores doivent sans délai ‘‘saisir les autres organisations telles que la Ligue des Etats arabes, l’Organisation de la conférence islamique et les pays des Non Alignés qui ont toujours soutenu notre pays tout en mettant l’accent sur l’Organisation continentale qui s’est investie dès les premières heures pour mettre en place la structure (le Comité des sept) chargé du dossier de l’île comorienne de Mayotte’’.
Pour rappel, le Comité ad hoc des sept de l’organisation de l’Unité africaine (Oua) présidé par la République du Gabon, a vu le jour à l’issue de la résolution 453, prise lors de la 26ème session du Conseil des ministres d’Addis-Abeba au milieu des années 1970.
Les pays membres, sont l’Algérie, le Cameroun, les Comores, le Gabon, Madagascar, le Mozambique et le Sénégal. Pour les concepteurs, il s’agit de mettre en place une ‘‘structure appropriée d’actions’’.

Une mauvaise cause

Son rôle consiste à ‘‘formuler des propositions de sortie de crise, entrer en contact avec les parties concernées, mener une médiation entre la France et les Comores pour aboutir à une solution durable et effective au contentieux qui oppose les deux parties’’.’’ Selon le secrétaire général de l’Oua de l’époque, Eteki Mboumoi, la mission du comité consiste à ‘‘tracer une stratégie, harceler l’ennemi et suivre de près’’ l’évolution du dossier de l’île comorienne de Mayotte.
L’ancien secrétaire général qualifiait ce comité ad hoc des sept ‘‘d’équipe stratégique, donc l’arme militante du secrétariat et de l’Oua pour suivre de près l’affaire de Mayotte’’. Lors de la réunion du Comité organisé à Moroni en 1977, Eteki Mboumoi avait affirmé que l’action de l’Oua ‘‘en faveur des Comores et sur la revendication naturelle, légitime pour recouvrer l’île comorienne de Mayotte ne devait pas se limiter à l’action de ce comité des 7’’. Les résolutions de l’Oua sur la question ont demandaient instamment à tous les Etats membres d’œuvrer ‘‘individuellement, bilatéralement ou collectivement, pour développer notre revendication, nos pressions sur la France, agir dans le cadre africain comme dans le cadre international’’ et développer davantage les initiatives ‘‘afin que la France se persuade qu’elle soutient une mauvaise cause’’ (Citations de mémoire). Dans sa réunion de Libreville, le Comité ad hoc des sept avait suggéré ‘‘des initiatives et une prise de position réaffirmant la solidarité de l’Oua avec l’Etat comorien et sa détermination de libérer l’île comorienne de Mayotte’’.
Lors de leur rencontre de Moroni, les membres du Comité de sept, avait toutefois rappelé qu’en définitive la solution réelle, les buts, les motivations réelles de la solution dépendent principalement des Comoriens eux-mêmes : ‘‘Comme nous le faisons, nous pouvons apporter cet appui diplomatique, politique, stratégique. Mais nous pensons qu’il appartient aux Comoriens eux-mêmes de sensibiliser les compatriotes de Mayotte sur la nécessité de ressentir l’unité. C’est de cette sensibilisation que les Mahorais pourront comprendre qu’en dehors de l’unité, il n’y a pas de salut’’.

La solution passe par les Comores

Le président du comité ad hoc des sept, Martin Bongo avait déclaré que l’Oua attendait de la France ‘‘qui a donné au monde l’exemple d’une décolonisation pacifique et dont les concepts politiques ont été forgés dans le creuset du plus pur esprit cartésien qu’elle reconnaisse l’évidence, encore une fois la logique. Il n’est en effet pas logique et l’Oua ne saurait l’admettre qu’un pays qui, 130 ans durant a accepté d’administrer l’Archipel des Comores comprenant la Grande-Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte comme entité, refuse au moment de l’indépendance de ce pays la réalité de la situation pour soutenir une campagne visant à démembrer un Etat indépendant, souverain et qui plus est, membre de l’Oua et de l’Onu’’.
Le Comité des sept de l’Oua chargé de l’île comorienne de Mayotte avait initié un travail remarquable. Il avait battu campagne auprès des instances internationales notamment l’Organisation des Nations unies, les Pays non Alignés, l’Organisation de la Conférence Islamique et la Ligue des Etats arabes en vue de ‘‘ramener la France à la raison’’. Les multiples résolutions condamnant cette puissance en lui demandant de se retirer de l’île comorienne de Mayotte sont pour la plupart à mettre à l’actif de cette structure. Il a été reçu à Matignon (bureau du premier ministre en France) pour débattre avec Jacques Chirac, alors premier Ministre, de la question de l’île comorienne de Mayotte. De même, il est intervenu au débat sur la question de l’île de Mayotte aux Nations Unies.
De l’avis de plusieurs diplomates, la partie comorienne a manifesté une certaine légèreté par rapport au dossier notamment en croyant pendant longtemps, naïvement qu’en adoptant la voie de la seule négociation directement avec la France, le dossier allait avancer en faveur des Comores.
Autrement exactement le contraire de ce qu’on est obligé de constater trente trois ans plus tard. La voie de la négociation bilatérale n’a rien apporté.

M. Y. Kaiva
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1 février 2009 7 01 /02 /février /2009 12:36

Source : Alwatwan / 01 février 2009

Le projet de décision soumis par les Comores sur la question de Mayotte a été adopté à l’Unanimité par les ministres africaines des affaires étrangères. Une note verbale préparée par les autorités françaises adressée à toutes les ambassades africaines pour plaider la position française sur l’appartenance de Mayotte à la France n’a obtenu aucune adhésion africaine. Malgré une campagne française, menée avec de gros moyens de pression, aucun pays africain n'a manifesté une quelconque opposition pour contrecarrer la décision. Au contraire, l’unanimité s’est dégagée sur la question de Mayotte démontrant ce que le journal Al-Watwan ne cesse de plaider, ‘’le processus de départementalisation de Mayotte n’est pas irréversible, il suffit d’y croire et d’engage le combat’’.



DECISION SUR L’ILE COMORIENNE DE MAYOTTE ex.cl/draft.38(xiV)


Le Conseil exécutif,
1. PREND NOTE du rapport du Gouvernement de l’Union des Comores sur la situation dans l’Ile comorienne de Mayotte;

2. RAPPELLE toutes les résolutions antérieures de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) sur l’Ile comorienne de Mayotte. RAPPELLE EGALEMENT que le Peuple comorien, lors du referendum du 22 décembre 1974, a exprimé sa volonté d’accéder à l’indépendance dans l’unité politique et l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores;

3. CONSIDERE que les référendums organisés les 8 février 1976 et 11 avril 1976 par l’ancienne puissance coloniale dans l’Ile comorienne de Mayotte constituent une violation grave de l’intégrité territoriale des Comores. CONSIDERE EGALEMENT que l’inscription de l’Ile comorienne de Mayotte dans la Constitution de la République française est contraire au droit international;

4. CONDAMNE l’organisation, le 29 mars 2009, d’un référendum sur la départementalisation de l’Ile comorienne de Mayotte et EXIGE l’arrêt immédiat de ce processus;

5. REAFFIRME l’appartenance de l’Ile comorienne de Mayotte à l’Union des Comores;

6. DEMANDE l’instauration immédiate d’un dialogue entre l’Union des Comores et la France en vue de définir ensemble les modalités du retour de Mayotte dans l’Union des Comores; et

7. DECIDE de réactiver le Comité ad hoc des sept sur l’Ile comorienne de Mayotte.

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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 14:57

Agence comorienne de presse (HZK-Presse)

 

Moroni, lundi 26 janvier 2009 (HZK-Presse) – C’est devant la presse nationale que le Comité Maore est monté au créneau, samedi 24 janvier dernier, pour demander au président de la république et à son gouvernement de ne pas organiser un référendum constitutionnel au même moment que la consultation que la France prévoit d’organiser à Mayotte le 29 mars prochain.

 

« Cette concomitance de calendrier entre les deux référendums nous semble très dangereux car cela risque de démobiliser l’opinion comorienne et contribuer au fait accompli de la France, déterminée à consacrer définitivement la partition de notre pays », déclare d’emblée Dr Mbaé Toyb, le président du Comité Maore, un collectif de la société civile comorienne qui milite depuis 2005 en faveur du retour de Mayotte dans l’ensemble comorien.

 

Au cours de cette conférence de presse à laquelle ont assisté de nombreuses personnalités politiques, dont l’ancien premier ministre Ali Mroudjaé, les anciens ministres des affaires étrangères Dr Touhtar Charif et Said Mohamed Sagaf, les défenseurs de la souveraineté comorienne sur la quatrième île de l’archipel maintenue sous administration de l’ancienne puissance coloniale, tiennent à prendre la population à témoin, sur ce qu’ils considèrent comme une « grave menace qui se précise de jour en jour » contre l’unité nationale et l’intégrité territoriale du pays.

 

Ils déplorent surtout « l’immobilisme des autorités comoriennes » dont le discours « manque de fermeté et de lisibilité », à en croire Idriss Mohamed, un des principaux animateurs du Comité. Le processus de départementalisation engagé par Paris, constitue selon lui « un acte gravissime qui doit interpeller le gouvernement et particulièrement le président de la république et son ministre des relations extérieures », car en ne prenant immédiatement aucune mesure de nature à infléchir la position des autorités françaises, cela rendra encore plus difficile toute nouvelle négociation éventuelle avec la France sur un retour de Mayotte dans son giron naturel, expliquent les conférenciers.

 

Mais à la question de savoir s’il est matériellement possible d’empêcher la future consultation des mahorais, M. Idriss estime qu’il suffit que le gouvernement du président Sambi accepte de prendre une série de mesures, telle que l’interdiction des reconduites à la frontières, la saisine des instances internationales, etc. Certes, la récente déclaration du chef de l’Etat selon laquelle il ne signera aucun nouvel accord avec la France « aussi longtemps que des comoriens continueront à périr en mer en voulant se rendre à Mayotte », a été saluée par le Comité Maoré comme un engagement et « un signal fort », mais l’opinion attend des actions concrètes qui vont dans le sens d’une « interdiction immédiate des déplacements forcés de populations entre Mayotte et ses trois îles sœurs », qualifiés de « violations du droit international », selon Oukacha Jaffar, membre de bureau du collectif.

 

Ce dernier estime qu’au stade actuel de l’évolution du contentieux franco-comorien sur la quatrième île de l’archipel, le fameux GTHM [Groupe de travail de haut niveau] « n’a plus sa raison d’être » car la partie française manquerait de sincérité en réduisant les discussions à « de simples échanges sur la vente à Mayotte de tomates et pommes de terre produits à Anjouan » pendant qu’elle est entrain de rendre irréversible la départementalisation d’une partie du territoire comorien.

 

Dans un document publié le 12 novembre dernier, et intitulé « mémorandum contre la départementalisation de l’île comorienne de Mayotte, pour la préservation des relations d’amitié entre les Comores et la France », remis à l’ambassadeur de France à Moroni à l’issue de la « Journée nationale Maore », les auteurs déclaraient « qu’il suffira d’une reconnaissance formelle et solennelle [par la France] de la vocation de Mayotte à réintégrer l’Etat comorien dans un avenir à définir pour ouvrir toutes les portes ».

 

Le Comité Maore appelle à un « large front uni » de toutes les forces vives du pays « pour stopper l’organisation de la consultation française à Mayotte le 29 mars 2009 », et fait porter une « lourde responsabilité » à tous ceux qui se rendront « complices par leur passivité ». Tout comme il envisage de traduire Edouard Balladur devant le Tribunal pénal international pour avoir instauré en 1994 « le visa criminel », à l’origine de milliers d’hommes, femmes et enfants comoriens morts dans le bras de mer séparant Mayotte d’Anjouan en utilisant des kwasa-kwasa.  

 

El-Had Said Omar

260109/eso/hzkpresse/6h00

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23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 13:52

Source : Alwatwan.net / 23 janvier 2009

 [b]Les autorités françaises signataires de décret s’appuient exclusivement et grossièrement sur les initiatives internes et les lois de la République française, défiant et passant outre les résolutions des Nations unies, aussi bien celles affirmant l’appartenance de Mayotte aux Comores que celles nombreuses condamnant la présence française dans l’île. Elles renient définitivement la promesse faite par la France devant le concert des nations de la planète d’ouvrir des négociations pour la réintégration de Mayotte dans le giron comorien. Elles défient toutes les résolutions condamnant les consultations passées et ultérieures organisées à Mayotte par la France, depuis l’accession des Comores à l’indépendance. Elles optent pour le droit du plus fort.

Toutefois, contrairement à l’idée que cette option de la force brutale essaie de faire croire, cette départementalisation sauvage ne changera pas d’un iota le statut de Mayotte : celui de la décolonisation inachevée de l’archipel des Comores. La France ne peut ignorer que l’île de Mayotte ne ressemble ni à Saint-Pierre et Miquelon, ni à la Réunion, ou à la nouvelle Calédonie. C’est une île à la fois comorienne, africaine, musulmane, dont le statut relève du droit public international, et non aux tripatouillages du droit français.[/b]

Le décret n° 2009-67 du 20 janvier 2009, signé par le président de la République française, Nicolas Sarkozy, décide de consulter les électeurs de Mayotte en application des articles 72-4 et 73. Il les appelle à approuver ou rejeter la transformation de Mayotte en 101ème département français. Publié le lendemain dans le journal officiel n°0017 du 21 janvier 2009 (page 1313 texte n° 2), le décret a été contresigné par François Fillon, premier ministre, Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer et des collectivités territoriales, Yves Jégo, secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer.
Ce décret s’appuie exclusivement et grossièrement sur les initiatives internes et les lois de la République française, défiant et passant outre les résolutions des Nations unies, aussi bien celles affirmant l’appartenance de Mayotte aux Comores que celles nombreuses condamnant la présence française dans l’île.
Ce décret renie irrémédiablement la promesse faite par la France d’ouvrir des négociations pour la réintégration de Mayotte dans le giron comorien mais aussi défie toutes les résolutions condamnant les consultations passées et ultérieures organisées à Mayotte par la France, depuis l’accession des Comores à l’indépendance. Le président français évoque dans ce décret, la proposition de son gouvernement de tenir la consultation, les articles 72-4 et 73 de la constitution, le code général des collectivités territoriales, le code électoral français, mais aussi la résolution en date du 18 avril 2008 du conseil général de Mayotte portant sur la modification du statut de Mayotte et son accession au régime de département et région d’outre-mer défini à l’article 73 de la Constitution française. Une résolution que la France sait illégale et rendue nulle et non avenue par l’Onu.

Rouleau compresseur

Par ce décret les électeurs de Mayotte seront consultés le 29 mars 2009 et auront à répondre par ‘‘oui[/i]’’ ou par ‘‘[i]non[/i]’’ à la question suivante : ‘‘[i]approuvez-vous la transformation de Mayotte en une collectivité unique appelée ‘Département’, régie par l’article 73 de la Constitution, exerçant les compétences dévolues aux départements et aux régions d’outre-mer?’’.
Si les Mahorais répondent favorablement à ce nouveau statut de département, l’île comorienne, deviendra, pour la France et pour la constitution française seulement, une collectivité unique exerçant à la fois les compétences du département et de la région. Le gouvernement français produira par la suite deux projets de loi, organique et ordinaire, pour adoption par le parlement, ouvrant une période qui permettra le changement de statut de l’île dès 2011.
Il s’ensuivra des changements profonds que les élus de Mayotte préfèrent taire, dans le domaine de la fiscalité et des prestations sociales, promis comme étant progressifs pour ne pas bouleverser semble-t-il les fragiles équilibres économiques et sociaux. Mais le rouleau compresseur a été lancé depuis fort longtemps. La France décide d’écarter la justice des cadis, interdire la polygamie, accélérant une marche forcée vers des modes de vie et des modèles de gestion, qui risquent de diluer l’identité mahoraise dans un environnement culturel, politique, social et administratif catastrophique.

La France ne peut ignorer que l’île de Mayotte ne ressemble ni à Saint-Pierre et Miquelon, ni à la Réunion, ou à la Nouvelle Calédonie. C’est une île à la fois comorienne, africaine, musulmane, dont le statut relève du droit public international, et non aux tripatouillages du droit français. Trente trois ans après l’accession des Comores à l’indépendance, la France est toujours placée au banc des accusés, ne comptant son repos que grâce à la complicité des régimes qu’elle a placés à Moroni et qui lui doivent en retour allégeance et silence sur la question de la souveraineté des Comores sur Mayotte.

Contrairement aux idées répandues, la départementalisation en marche ne changera pas d’un iota le statut de Mayotte, celui de décolonisation inachevée de l’archipel des Comores. L’article 53 de la constitution française de 1958, affirmait que ‘‘nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n’est valable sans le consentement des populations intéressées’’ et, justement, les Comores on fait le choix de l’indépendance. Mayotte admise par la France d’abord, depuis plus d’un siècle et demi de colonisation, comme une des quatre îles des Comores, entériné par la suite par l’Onu, comme une entité des Comores indépendantes, ne peut prétendre 33 ans après à un autre statut fut-il imposée par la force par la même puissance coloniale.

Ahmed Ali

 

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21 janvier 2009 3 21 /01 /janvier /2009 11:21
Source : Malango mayotte

L
e secrétaire départemental de l'UMP, Ali Souf, a accusé dimanche 18 janvier sur RFO les professeurs de pousser leurs élèves à voter « non » lors de la prochaine consultation des Mahorais.
Au cours d'une réunion de son parti, dimanche 18 janvier, organisée en vue de la consultation des Mahorais sur le statut de l'île le 29 mars prochain, Ali Souf, ancien président de l'association des maires de Mayotte et secrétaire départemental de l'UMP, a accusé au micro de RFO les enseignants de militer, au sein de leurs classes, en faveur du « non » au Pacte pour la départementalisation.
« Que je sache, les enseignants sont là pour enseigner, pas pour faire de la politique », a déclaré l'instituteur de formation, affirmant ses craintes quant à leurs prises de position devant les élèves, jeunes électeurs. « Ils les poussent à voter contre le département », a-t-il dit en substance.
Ces propos ont été qualifiés de « honteux et xénophobes » par un élu de Mayotte qui a tenu à garder l'anonymat. La plupart des enseignants du second degré sont, à Mayotte, d'origine métropolitaine. Mais « eux aussi ont le droit de s'exprimer », pense cet élu.
« C'est une manière de se défausser d'une éventuelle surprise le 29 mars, en pointant du doigt les futurs éventuels responsables », juge pour sa part un élu municipal. Selon lui, nombre de jeunes ne seraient pas favorables au « oui », « mais cela n'a rien à voir avec les professeurs », estime-t-il.
Plusieurs témoignages de parents ou de frères et sœurs de lycéens attestent que certains enseignants évoquent en cours la future consultation et « poussent les jeunes électeurs à réfléchir ». « Au final, le discours qu'ils retiennent, c'est que le département n'est pas une bonne chose », indiquait mardi 20 janvier la sœur d'une étudiante en Terminale.
Les déclarations d'Ali Souf ne sont pas un cas isolé. Un climat de méfiance s'est installé entre certains Mahorais partisans du « oui » et une partie de métropolitains - parmi lesquels des enseignants - qui ne cachent pas leur opposition à la départementalisation.
Ainsi, les craintes quant à un vote massif des wazungu (Blancs) en défaveur du département sont nombreuses parmi les partisans du « oui ». D'autres pointent du doigt les Franco-Comoriens installés sur l'île, qu'ils décrivent comme étant des partisans du « non ». « On se sent observé », confiait l'un d'eux récemment. « On nous fait comprendre qu'on n'a pas à voter parce que les Mahorais sont persuadés que nous sommes contre. »
Certaines voix réclament ouvertement la restriction du corps électoral, à l'image de ce qui s'est fait en Nouvelle-Calédonie, en prévision de la consultation de la population sur son indépendance « Les Blancs sont majoritairement contre ce statut, alors que la plupart ne sont que de passage, il nous semble donc logique qu'ils ne puissent pas se prononcer sur cette question », indique un partisan de la restriction du corps électoral.
Lors de sa visite à Mayotte les 8 et 9 janvier, Yves Jégo avait balayé d'un revers de main cette hypothèse. « Savez-vous reconnaître un vrai Mahorais d'un faux ? » avait-il demandé au journaliste qui lui avait posé la question, englobant dans le terme « Mahorais » toutes les communautés vivant sur l'île. « Ceux qui voteront sont ceux qui sont inscrits sur les listes. Que je sache, les élus qui représentent Mayotte aujourd'hui ne se plaignent pas de l'électorat qui les a élu en 2008 », avait ajouté le secrétaire d'Etat à l'Outremer.

Tous pour le « oui »
Tous les partis politiques de Mayotte font partie du Comité de campagne pour le « oui » au Pacte pour la départementalisation, a-t-on pu noter mardi 20 janvier au cours d'une réunion de ce comité au Conseil général. Présidé par Martial Henry, le Comité a depuis cette réunion quatre vice-présidents : Zena Meresse, Moinaecha Ali Combo, Zoubert Adinani et Ibrahim Bacar. Abdou Saïd Chanfi et Mounirou Ahmed ont été nommés coordinateurs. « L'objectif est de faire une campagne commune », a indiqué M. Henry, qui a demandé à « laisser de côté nos petites rivalités » politiciennes le temps de la campagne.

RC
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16 janvier 2009 5 16 /01 /janvier /2009 13:48
Mayotte : M Oili réitère ses critiques à l’égard du Pacte pour la départementalisation
Photo: Saïd Omar Oili et Yves Jégo, lors de la première visite du secrétaire d'Etat à Mayotte en mars 2008. Crédit photo : RC/Malango

S
RC
Source: Malango Mayotte
d Omar Oili a une nouvelle fois remis en cause le Pacte pour la départementalisation de Mayotte présenté par le gouvernement le 16 décembre, et défendu par Yves Jégo lors de sa visite dans l'île, les 8 et 9 janvier.
Après avoir proposé un certain nombre d'amendements au texte présenté par le gouvernement français le 16 décembre, Saïd Omar Oili a, dans un entretien accordé à l'AFP, réitéré ses critiques à l'égard du Pacte pour la départementalisation.
Selon le président du nouvel élan pour Mayotte (Néma) cité par l'AFP, le "oui" à la départementalisation devrait l'emporter au référendum "par ignorance" de la feuille de route du gouvernement, notamment pour les prestations sociales et les impôts. "Aucun élu n'ose aller expliquer aux Mahorais le contenu de ce document parce que si on expliquait ce qui est vraiment marqué dans le pacte gouvernemental, ce serait le non qui l'emporterait", a-t-il déclaré à l'AFP, ajoutant : "On souhaite tous que le oui l'emporte mais on souhaite aussi qu'il y ait au moins une explication, pour que les gens puissent aller voter en leur âme et conscience".
L'ancien président du Conseil général (2004-2008) affirme publiquement depuis quelques jours que le Pacte est de la poudre aux yeux. « On prend les gens pour des imbéciles », a-t-il lancé récemment. « Encore une fois, toute la classe politique se satisfait d'une coquille vide qui a pour nom le département, mais personne ne se soucie de ce qu'elle contient ». Sa critique porte notamment sur le calendrier des prestations sociales, qui atteindront le niveau métropolitain dans 25 ou 30 ans selon le Pacte. « C'est beaucoup trop long. C'est oublier qu'à Mayotte, beaucoup de gens attendent ces prestations ». Selon M Oili, « il pourrait y avoir une explosion sociale d'ici quelques années », peut-être même avant que Mayotte ne devienne officiellement un département, en avril 2011.
Il pense par ailleurs que la formulation retenue pour la consultation du 29 mars est trop compliquée et sujette à "interprétations".
Lors de sa visite à Mayotte, le secrétaire d'Etat à l'Outremer, Yves Jégo, avait critiqué ceux qui n'adhèrent pas au Pacte et s'en était pris sans le nommer à M. Oili, lorsqu'il avait affirmé que « ceux qui disent (que le processus est trop lent, ndlr) n'ont rien fait quand ils étaient au pouvoir ! »
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12 janvier 2009 1 12 /01 /janvier /2009 16:06

Source : Alwatwan.net/12 janvier 2009
 

Contre-la-consultation-de-M [b]Il manque cruellement une feuille de route de la campagne comorienne pour contrer le projet français. Pourtant, contrairement à la France, les Comores ont toutes les raisons et tous les atouts pour démonter tout l’argumentaire français qui s’appuie sur le silence du droit et sur des ‘‘éléments d’histoire’’ confectionnés de toutes pièces.
La constitution française reconnaît la primauté sur le droit interne des décisions du conseil de sécurité et des délibérations des assemblées générales l’Onu. Pas une fois, le monde n’a mis en doute la comorianneté de Mayotte, au contraire. Notre campagne contre la consultation de Mayotte doit se mener d’abord en France, par l’entremise de la diaspora comorienne, pour gagner à nous l’opinion française, qui n’entend qu’un seul discours, celui officiel qui tronque l’histoire et maintient une chape de plomb sur les résolutions de l’Onu.[/b]

Une conviction profonde. Le processus de départementalisation de Mayotte n’est pas irréversible. Il suffit d’y croire et d’engager le combat. La France, elle, y croit et dépêche à Mayotte le secrétaire d’Etat à l’outre-mer Yves Jégo pour battre une campagne d’explication du gouvernement sur la “feuille de route” du projet de départementalisation de Mayotte.
C’est la feuille de route de la campagne comorienne pour contrer le projet français qui fait cruellement défaut. Et pourtant les Comores, contrairement à la France ont toutes les raisons et tous les atouts pour démonter tout l’argumentaire français qui s’appuie sur le silence du droit et sur des éléments d’histoire bâtis de toutes pièces.
La première raison et non la moindre est la conviction profonde que le droit internationale ne peut être profané éternellement par aucune puissance au monde, encore moins par la France, génitrice de la déclaration universelle des droits de l’homme, la seule nation qui utilise à outrance les mécanismes de paix et de sécurité des Nations unies dans la conduite de ses relations internationales et la mise en oeuvre de sa diplomatie.
Mayotte est comorienne, admise au sein des Nations unies comme une des quatre îles qui composent la nation Comorienne. Les consultations passées et ultérieures de la population mahoraise sont déclarées nul et non avenues par la communauté internationale.

Se battre en France

La constitution française, comme toutes les constitutions des Nations membres de l’Onu, reconnaît la primauté sur le droit interne des décisions du conseil de sécurité et des délibérations des assemblées générales des Nations unies. Pas une fois, les Nations du monde n’ont mis en doute la comorianneté de l’île de Mayotte mais au contraire, ont demandé à la France de trouver une solution pacifique pour réintégrer l’île dans son giron naturel.
Notre campagne contre la consultation de Mayotte doit se mener d’abord en France, par l’entremise de la diaspora comorienne, pour gagner à nous l’opinion française, qui n’entend qu’un seul discours, celui officiel qui tronque l’histoire et maintient une chape de plomb sur les résolutions de l’Onu. La France officielle est incapable de soutenir dans son pays un débat d’une telle ampleur et ne peut affronter à visage découvert une opinion publique encline à se ranger du coté du droit et non de la force.
Mais notre discours doit également se diriger vers la population de Mayotte, à laquelle les élus mentent froidement pour défendre un statut aux conséquences incalculables pour l’avenir. Dès 2011, Mayotte sera mis au pas, vidé de son âme africaine, de ses moeurs, de ses racines culturelles et religieuses.
L’île sera brutalement propulsée dans le tournis de modes de vie qui pousseront les Mahorais à fuir leur île pour créer en métropole des poches communautaires pour préserver leur identité. Le paradoxe de la départementalisation, c’est qu’elle apportera peut-être de l’argent dans l’île, mais entraînera la population mahoraise dans des abîmes insondables, par un déracinement culturel et historique certaine. C’est vers cette population que la campagne d’information devra être dirigée, avec doigté.
Quand le président Sambi a lancé la campagne pour la libération d’Anjouan par la force, peu de gens étaient convaincus de la démarche, dans son entourage immédiat comme dans les milieux diplomatiques.

Quand nous avons été fermes...

Sa forte conviction, et à force d’asséner le même discours dans le concert des Nations, il a entraîné dans son sillage, les organisations jusqu’à là hostiles comme, l’Ua, l’Onu, la LEA, mais aussi des Nations opposées au recours à la force comme la France, mais également des pays puissants comme les Etats-Unis, jusqu’à là indifférents à nos conflits internes.
Le pays est parvenu à mobiliser les fonds, auprès des bailleurs publics et privés pour mener une opération militaire, la plus coûteuse. Et bien c’est la même conviction qui doit animer le gouvernement comorien, les partis politiques, les organisations de la société civile et le peuple tout entier pour contrer cette énième consultation illégale à Mayotte. A condition, que cette campagne politique s’accompagne de la mise en œuvre des mécanismes de résolution des conflits territoriaux du conseil de sécurité des Nations unies. A condition que le mémorandum adressé à la France le 12 novembre dernier soit suivi à la lettre dans ses principes et que la feuille de route qui le sous-tend soit respectée.
Le processus de départementalisation de Mayotte n’est pas irréversible.

* Photo : Manifestation à Moroni contre la départementalisation de Mayotte (archive)

Ahmed Ali Amir
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10 janvier 2009 6 10 /01 /janvier /2009 16:57

Soure : MALANGO / vendredi 09 janvier 2009

Yves Jégo a ouvert la campagne d'explication sur le Pacte sur la départementalisation vendredi 9 janvier, à Mtsamboro, au nord de Mayotte. Il a rappelé que la départementalisation, « ce ne sont pas que des avantages ».

 

 


 
 

Après les interventions du maire et du conseiller général de Mtsamboro, qui ont tous deux mis l'accent sur l'importance de la jeunesse - ils ont réclamé un nouveau collège et des infrastructures sportives -, Yves Jégo a expliqué à près de 300 personnes venues l'écouter au centre du village les tenants et les aboutissants du Pacte sur la départementalisation. « Je vous le dis ici : le président de la République et le gouvernement veulent que si les Mahorais veulent le département, ils le deviennent à 100%. Mais cette départementalisation, pour ne pas bouleverser l'économie et les habitudes, doit se faire de façon progressive et adaptée. »


Le secrétaire d'Etat a ainsi rappelé que les prestations sociales rattraperaient progressivement celles de la France métropolitaine –« nous ne voulons pas mettre à genou les entreprises » a-t-il dit -, que la justice cadiale devrait disparaître – « il n'y aura qu'une justice, celle de la République » -, que l'égalité hommes/femmes serait instituée – « pour se marier, les femmes devront avoir 18 ans ». « Nous voulons respecter la tradition mais nous devons nous ouvrir au monde », a-t-il déclaré. Il a également réaffirmé que la départementalisation impliquerait l'arrivée d'un certain nombre d'impôts.

« Je sais que certains disent : 'cela ne va pas assez vite'. Mais ceux qui disent ça n'ont rien fait quand ils étaient au pouvoir ! » a-t-il lancé à l'adresse de Saïd Omar Oili, dont le parti a critiqué récemment le Pacte - même s'il n'est pas le seul : certains syndicats dénoncent « l'inégalité sociale » du Pacte.


M. Jégo a enfin affirmé la « fermeté » du gouvernement au sujet de l'immigration. Il a cependant annoncé à l'audience que rien ne serait possible sans la coopération. « Je sais que c'est difficile de passer d'une période d'affrontement à une période de coopération. Mais nous y sommes arrivés en France, après dix siècles de luttes sanglantes contre l'Allemagne. Nous devons avoir l'espoir que les quatre soeurs pourront se retrouver à la table de la famille un jour », a-t-il affirmé, évoquant « une forme d'union » à inventer.

Quelques heures plus tard au cours d'une conférence de presse, il a indiqué espérer trouver un accord avec l'Union des Comores « dans le premier semestre 2009 ». « Il faut inventer une structure pour tourner la page de ces trente dernières année mais il faut que l'Union des Comores arrête de revendiquer Mayotte. Il faut faire cet effort. »

Quel que soit le choix des Mahorais le 29 mars, il a toutefois rappelé à Mtsamboro que « Mayotte est une terre française et restera une terre française ».

RC

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10 janvier 2009 6 10 /01 /janvier /2009 16:46

Source : malango / vendredi 09 janvier 2009

Départementalisation de Mayotte : Yves Jégo dévoile la question de la consultation
Le secrétaire d'Etat à l'Outremer a dévoilé vendredi 9 janvier la question qui sera posée aux Mahorais le 29 mars prochain, lors de la consultation sur le statut de Mayotte.

Au cours d'une conférence de presse tenue quelques minutes avant son départ de l'île, vendredi 9 janvier, Yves Jégo a indiqué que la question qui sera posée aux Mahorais le 29 mars, validée jeudi soir par le Conseil d'Etat, sera : « Approuvez-vous la transformation de Mayotte en une collectivité unique appelée département régi par l'article 73 de la Constitution et exerçant les compétences dévolues aux départements et aux régions d'outre-mer ? »
« C'est une question simple, comme le souhaitait le président (du Conseil général Ahmed Attoumani Douchina, ndlr), qui a l'avantage d'en comporter deux », a estimé M. Jégo. Les Mahorais auront en effet à se prononcer sur le statut de l'île en même temps que sur le fait que le territoire ne comptera qu'une assemblée unique, et non deux comme dans les quatre autres Départements et région d'outremer (DROM).

Cette question correspond au souhait des élus mahorais, notamment du Comité de suivi sur la départementalisation, qui réclamaient depuis plusieurs mois que la question soit « simple et claire » et que les électeurs puissent y répondre par « oui » ou par « non ». Ils demandaient également à ce qu'elle ne soit pas accolée à un texte.
L'intitulé de la question confirme ce que l'on savait déjà depuis la publication du Pacte sur la départementalisation le 16 décembre dernier : si les Mahorais votent pour en mars, l'île qui deviendra un département en 2011, sera régie par une assemblée unique.
Yves Jégo en a profité pour se prononcer en faveur de ce système dans les DOM. « Personnellement, je suis favorable à : une île, une collectivité, une assemblée. Une région plus un département, ce n'est pas dans l'air du temps », a-t-il affirmé, faisant référence aux propositions de la commission Balladur.

« Je crois qu'il faut éviter l'effet mille feuille sur des territoires restreints comme les territoires ultramarins », a-t-il renchéri. Il a cependant reconnu « qu'il faut faire preuve de souplesse » et que « cela ne pourra se faire qu'après une consultation des populations ». Si les Martiniquais semblent favorables à cette évolution, le secrétaire d'Etat a indiqué que les Guyanais et les Guadeloupéens y réfléchissaient. « Les Réunionnais, eux, sont contre ».
Sur ce point, a-t-il conclu, « Mayotte peut faire école. Si les Mahorais choisissent le département, elle pourrait devenir le modèle des DOM du XXIème siècle », notamment en matière de mode d'élection, « avec pourquoi pas un peu de cantonale actuelle et un peu de proportionnelle ».

La campagne financée par l'Etat

Yves Jégo a indiqué vendredi 9 janvier que la campagne des partis politiques en vue de la consultation des Mahorais serait financée par l'Etat. Celui-ci « restera neutre », a-t-il rappelé. « Après, les partis seront libres ». Dans quelques jours, les services de l'Etat enverront dans les boîtes postales de tous les électeurs deux brochures d'explication : une de 4 pages résumant le Pacte sur la départementalisation, et traduite en shimaore ; une autre de 28 pages reprenant le Pacte dans son intégralité, en français. M. jégo a en outre assuré qu'un débat sur la départementalisation aurait lieu au Parlement français en février prochain.
RC
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18 décembre 2008 4 18 /12 /décembre /2008 13:15
LU POUR VOUS

Source : libération.fr

Mayotte : le centre de rétention, une zone de non-droit

MAYOTTE, correspondance RÉMI CARAYOL

Des dizaines d’hommes entassés dans une pièce dont la grille est fermée à double tour. Et qui crient, refusant d’être ainsi filmés - certains sont torse nu. A quelques mètres, tout près des poubelles où se trouvent les restes du repas, des femmes et des enfants sont couchés sur des matelas de fortune. Des gamins crient, d’autres pleurent. Certains dorment. Derrière les toilettes, un jeune homme qui a fui la promiscuité s’est assoupi à même le sol.

Les images du film que Libération s’est procuré, tourné en octobre par un agent de la Police aux frontières (PAF) de Mayotte au sein du centre de rétention administrative (CRA) de Pamandzi, sont édifiantes. Ce jour-là, il y avait 202 retenus dans le CRA, qui n’est habilité à n’en recevoir que 60…


«Inadmissibles».

«Ce film montre ce que nous vivons au quotidien»,
indique un agent de la PAF qui, après avoir vu les images, a accepté de nous répondre de manière anonyme. Selon lui, «il est très fréquent que le nombre de retenus dépasse les 150, voire les 200». «Le record cette année est de 240», assure-t-il. Quant aux conditions d’accueil, «elles sont inadmissibles. […] Il n’y a que 60 matelas - et encore depuis peu. Les douches sont visibles depuis la salle des hommes. Il n’y a pas de toilettes réservées aux femmes et aux enfants.»


Un autre agent de la PAF de Mayotte va plus loin. «Les conditions de rétention des sans-papiers sont indignes, dit-il. Les gens sont traités comme des animaux. Et nous, on a la pression de la hiérarchie pour faire notre boulot sans rien dire. L’objectif, c’est de répondre aux attentes du ministère.» Si cet agent a accepté de nous parler, c’est d’abord parce qu’il n’a «pas fait ce boulot pour traiter ainsi les gens. Ce que je vois à Mayotte, je ne l’ai vu nulle part ailleurs». C’est aussi «parce que s’il y a un accident un jour, c’est nous, les lampistes, qui payerons, alors que la hiérarchie est parfaitement au courant de ce qui se passe ici. Par exemple, on est obligé de fermer à clé la salle des hommes pour éviter qu’ils s’échappent par le toit. Nous ne sommes que 5 agents, nous ne pouvons donc tous les surveiller. Mais s’il y a un incendie, ils seront bloqués… Nous sommes dans l’illégalité !»


Le CRA de Mayotte détient le record national de reconduites à la frontière avec 16 000 refoulés en 2007 - un sommet qui devrait être égalé en 2008. Des chiffres faramineux s’expliquant par la proximité historique, géographique et culturelle des Mahorais avec les Comores, d’où viennent la majorité des immigrés (lire page suivante).

Malgré les travaux en cours afin d’améliorer les conditions d’accueil - une pièce pour la restauration, des toilettes pour femmes et un coin enfants sont prévus, Flore Adrien, présidente du groupe local de la Cimade, dénonce elle aussi ces conditions d’accueil «indécentes». Surtout, affirme-t-elle, «le droit des personnes n’est pas respecté : des mineurs isolés sont expulsés, des Français qui n’ont pas le temps de montrer leurs papiers ou des Comoriens présents depuis vingt ans sur le territoire aussi…»

En décembre 2006, le syndicat Unsa police Mayotte avait déjà dénoncé «la surpopulation et le "toujours plus" [engendrant] des tensions que le personnel du CRA ne peut plus supporter». «Allons-nous attendre un incident grave pour agir ?» interrogeait le syndicat dans un tract, qui rappelait que «pour satisfaire aux lois de la République, nous respectons les textes en vigueur, mais il faut aussi que l’administration respecte les règles qu’elle a elle-même édictées».


Avertissements.

 Le 15 avril, la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) avait jugé ce CRA «indigne de la République». «Les conditions de vie […] portent gravement atteinte à la dignité des mineurs retenus», notait également la commission. «Malgré ces avertissements, la direction n’a rien changé», déplore l’un de nos informateurs. «Certes il y a des travaux pour améliorer l’accueil, mais la logique de traiter ces personnes comme des chiffres reste la même. Et les moyens ne suivent pas.»

Yvon Carratero, le directeur de la Police aux frontières cité dans un rapport de la commission des lois du Sénat publié début décembre, affirme que le CRA, «qui accueillait naguère 200 personnes», en accueille désormais «50 à 80, grâce à une meilleure organisation des modalités d’éloignement». Le film, tourné après la rencontre du fonctionnaire avec les sénateurs, prouve le contraire. «Rien n’a changé», certifie l’un de nos deux informateurs.

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