UNION DES COMORES
Ile Autonome de Mwali
Coordination
des Forces Vives
dans l'Ile Autonome de Mwali
Fomboni, le 02 juin
2010
A
Monsieur Jean PING, Président de la Commission de l'Union Africaine
Et
Monsieur Abdou DIOUF, Secrétaire Général de l'Organisation Internationale de la Francophonie
Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire Général,
Au nom de la Coordination des Forces Vives dans l'Ile Autonome de Mwali et à mon nom personnel, je voudrais vous adresser les remerciements de toute la population de la petite île des Comores,
pour les efforts inlassables que vos organisations déploient depuis le déclenchement de la crise séparatiste dans l'Ile d'Anjouan jusqu'à leur concrétisation par la signature par toutes les
parties comoriennes, en présence de la communauté internationale, de l'Accord cadre pour la Réconciliation Nationale aux Comores le 17 février 2001 à Fomboni.
Votre engagement
personnel en tant garants de l'application dudit accord ainsi que votre accompagnement dans la mise en place du nouveau cadre institutionnel répondant aux aspirations légitimes des populations
des îles des Comores, a été déterminant parce qu'il a permis entre autres, l'organisation des élections des Chefs des Exécutifs de l'Union et des Iles Autonomes comme celles des Assemblées tant
au niveau national qu' au niveau insulaire, par deux fois.
Aussi, la mise en
place des autres institutions à l'exemple de la Cour Constitutionnelle ainsi que l'accompagnement de celle-ci dans son fonctionnement technique et administratif, sont autant d'actes déterminants
qui prouvent encore une fois que les organisations dont vous avez la charge de présider, sont déterminés à ne rien laisser au hasard afin d'aider les comoriens à vivre dans un état de droit et
dans la paix.
Grâce à ces efforts,
les Comores, depuis 2002, ont réintégré la communauté des nations et le cap vers la promotion de l'état de droit, le respect des principes démocratiques pour la bonne gouvernance ainsi que la
consolidation de l'unité nationale et la sauvegarde de l'intégrité territoriale, sont désormais ancrés dans les mœurs politiques dans l'Union des Comores.
Monsieur le Président de la Commission de l'Union Africaine,
Monsieur le
Secrétaire Général de la Francophonie,
La population de
l'Ile Autonome de Mwali n'a ménagé aucun effort dès le début du processus dit de Fomboni pour la recherche d'une solution juste, équitable et durable devant permettre aux Iles de l'archipel des
Comores de gérer leurs affaires propres sans entraves, mais aussi de consolider la cohésion et la solidarité nationales, pour apporter sa très modeste contribution à l'enclenchement d'un sursaut
national dans un nouveau cadre institutionnel qui mettrait de côté nos divisions.
Ce sursaut national
tant souhaité par nous pousserait à converger en vers l'idéal commun des comoriens qu'est le développement socio-économique équilibré de nos îles pour l'épanouissement des comoriens.
En apposant sa
signature au bas de l'accord de Fomboni du 17 février 2001 ainsi que de l'accord de Beït-Salam de décembre 2003, les autorités de Mwali ont, avant toute chose, privilégié l'intérêt supérieur de
la nation parce que telle a toujours été la conviction de la population de Mwali en dépit du mépris souvent ostensiblement affiché par ceux qui ont eu à présider les Comores jusqu'à nos
jours.
La mise en place des
nouvelles institutions issues du nouveau cadre institutionnel, lui-même inspiré de l'accord cadre pour la Réconciliation Nationale aux Comores, n'a pas toujours été facile. D'embûches en heurts,
l'Union des Comores a fini par triomphé, du moins dans les apparences.
Dans un premier temps, ce fut le débat sur l'organisations des législatives; ensuite, ce fut celui d'adoption des lois organiques relatives aux compétences partagées entre l'Union et les Iles
Autonomes et enfin leur mise en vigueur.
Promulguées,
lesdites lois organiques ne seront jamais appliquées; pire, les autorités nationales ont fini par les mettre de côté pour imposer d'autres mécanismes en violation de l'esprit et de la lettre du
processus de Réconciliation Nationale, enterrant du coup le principe cher aux comoriens, à savoir l'autonomie des Iles de l'archipel.
Dans l'Ile Autonome
de Mwali, cela s'est traduit par la révocation par les autorités nationales des responsables locaux, nommés conformément à la législation par l'autorité légale de l'Ile. Ce sont les forces de
l'ordre obéissant non à la loi mais à des diktats des autorités nationales, qui ont exécuté manu militari ce coup de force dans l'Ile Autonome de Mwali.
Ces mesures
illégales ont eu pour conséquence directe, l'arrêt immédiat du début des réalisations socio-économiques dans l'Ile de Mwali, au détriment de sa population qui appréciait cette nouvelle
gouvernance qui tenait compte des intérêts de la population et non de ceux qui la gouvernent.
Les autorités
légales, les forces politiques et la société civile dans l'Ile de Mwali ont alerté les autorités nationales et la communauté internationale des conséquences graves pouvant découler de ce mépris
persistant à l'égard des populations qui ont pourtant fait des choix délibérés, clairs et conformes à leurs aspirations légitimes pour une vie meilleure.
Depuis, la
population de Mwali s'est rendu à l'évidence: l'un des principes phares du processus de Fomboni est enterré. L'autonomie des Iles, base du nouveau cadre institutionnel, est désormais
morte.
Monsieur le
Président de la Commission de l'Union Africaine,
Monsieur le
Secrétaire Général de la Francophonie,
L'accord de Fomboni,
comme vous le savez, constitue le ciment sans lequel l'Union des Comores composée des Iles Autonomes tel que stipulé dans l'article premier de la constitution du 23 décembre 2001, serait un
nouveau "machin".
Cet Accord
ciment comporte deux éléments essentiels constituants le fondement du contrat entre les îles de l'archipel: il s'agit de l'autonomie large accordée aux Entités insulaires et bien sûr de la
Présidence tournante entre elles tous les quatre ans.
L'histoire récente
de notre pays nous enseigne qu'à chaque fois qu'une solution juste et équitable est trouvée pour que les Comores soient un Etat moderne en harmonie avec les aspirations légitimes du pays réel,
certains qui, après avoir profité du système et même de l'état d'esprit d'apaisement qui accompagnât cette période généralement transitoire, font tout pour mettre fin à cela et le pays refait un
retard difficilement rattrapable avec comme conséquence immédiate le réveil des vieux démons tel le séparatisme, le repli sur soi et le chauvinisme qui engendrent des conflits inter
populations.
Alors, après avoir
détruit systématiquement l'autonomie dans une vitesse inouïe, l'ancien Président de l'Union Ahmed Abdallah Mohamed Sambi s'est attaqué au second élément constitutif du nouveau cadre
institutionnel agréé par toutes les parties comoriennes et garantis par vos deux organisations. Le faisant, l'ancien Président de l'Union est conscient du fait seules les deux grandes îles ont
exercé leur droit. Il s'agit, et vous l'avez deviné, de la Présidence tournante tous les quatre ans.
Vous conviendrez
avec moi, j'en suis certain, que si le stratagème évoqué est éloquent, il est très facile de démontrer que les auteurs nous ont pris pour des bons à rien.
Oui, Monsieur le
Président de la Commission et Monsieur le Secrétaire Général, l'ancien Président de l'Union a, dans un premier temps, pour mieux cacher ses desseins, quelques jours après son investiture, pris
l'engagement de ne pas toucher à la constitution du 23 décembre 2001 parce que, je le cite "les problèmes comoriens sont des problèmes économiques et non constitutionnels" et que par conséquent
"il faudra laisser les Mohéliens exercer leur tour" avant de tirer toutes leçons du nouveau cadre institutionnel.
Dans un second
temps, il s'est attaqué à l'autonomie des îles et aux institutions républicaines. L'ancienne Assemblée de l'Union en a fait les frais.
Ensuite, quelques
mois avant la fin de son mandat, il proposa une réforme constitutionnelle non concertée dont l'unique objectif est de torpiller les dispositions constitutionnelles pour se succéder à lui-même de
la manière la plus vile qui soit, c'est-à-dire sans passer par les urnes.
Il est quand même
curieux et vous pouvez le constater comme nous, qu'un Président de l'Union originaire d'Anjouan puisse justifier le prolongement de son mandat sous le prétexte mensonger que son prédécesseur de
la Grande Comores aurait exercé les mêmes fonctions sept ans!
Soit, mais
oublie-t-il que les trois années d'avant l'adoption du nouveau cadre institutionnel, le régime putschiste ne gérait que les deux autres îles (Grande Comores et Mohéli), Anjouan ayant déclaré son
"indépendance" et que même après la mise en place des institutions l'ancien régime n'a jamais pu imposer même les symboles de l'Union à Anjouan?
Cédant à la pression
de la communauté internationale et de l'opinion publique, l'ancien Président de l'Union accepta l'organisation d'un dialogue avec les forces vives nationales afin de débattre de l'opportunité de
modifier la constitution quelques mois avant la fin de son mandat et avant que l'Ile de Mwali ait exercé à son tour, dans les mêmes conditions que les deux autres îles, son droit consacré par la
constitution, celui d'organiser les primaires à Mwali pour l'élection du Président de l'Union.
Vos organisations
furent témoins du refus des autorités de l'Union à se propulser vers l'avenir si l'objectif affiché pour cette modification était véritablement de gagner en efficacité.
Dire que
l'harmonisation des mandats et des scrutins serait une autre manière de renflouer les caisses de l'Etat sans que l'on présente une étude comparative des scrutins organisés déjà, c'est quelque
part improviser sur un sujet qui semblait pourtant faire l'unanimité de la classe politique et de la société civile. D'ailleurs, cette dernière a présenté une proposition d'harmonisation qui
conservait à la fois les mandats en cours et permettait aux institutions républicaines de respecter le droit.
Ensuite, créer le
doute, permettre à ce qu'aujourd'hui dans notre continent il soit possible de terminer un mandat électif mais jouer au jeu dangereux de prolongation en prolongation alors qu'on commence enfin à
imposer le respect de l'alternance politique en Afrique, ça n'est pas rendre service ni au continent, ni à la démocratie et à l'état de droit. D'ailleurs, il serait intéressant que nos Chefs
d'Etat et de Gouvernement, lors du prochain Sommet de l'Union Africaine, prennent une résolution pour l'autoriser ou l'interdire. Une chose est sûre, si cela se réalise aux Comores sous un
silence coupable de la communauté internationale, la promotion de la démocratie si chère aux organisations que vous présidez prendra un coup sérieux.
La Coordination des
Forces Vives dans l'Ile Autonome de Mwali et d'autres forces politiques au niveau national ont alerté la communauté internationale sur cet autre aspect qui risquait déjà de porter atteinte à
l'unité et à la concorde nationale.
En effet, c'est une
mascarade d'un référendum jamais organisé dans notre pays et jusqu'ici jamais vécue, un 17 mai 2009. A Mwali, ce fut tout simplement un déni de démocratie et non un scrutin régulier alors que le
destin de l'Union des Comores, le processus de Fomboni et la Réconciliation Nationale si fragile, allaient être mis à mal.
Cette
indifférence affichée par les anciennes autorités de l'Union, ne pouvait tromper personne puisque l'objectif maintes fois exprimé par l'ancien Président de l'Union fut clair : rester au pouvoir
par un coup de force inédit après la fin de son mandat constitutionnel.
Il
est vrai que notre pays a connu plusieurs formes de coup d'Etat mais celle qui fut méthodiquement imaginée et mise en pratique par les anciennes autorités de l'Union, constitue un véritable chef
d'œuvre. Sinon, comment comprendre que comme par magie, l'on puisse trouver, sans scrupule, en droit ou en politique, un procédé par lequel un mandat électif qui a pris fin, se proroge tandis
qu'au même moment d'autres, qui ne sont pas arrivés à leur terme, se rétrécissent tout bonnement?
Tout ceci n'aurait
pas été si grave dès lors que l'unité du pays, l'intégrité du territoire, la paix civile ainsi que la concorde nationale n'étaient pas menacées. Elles le sont parce que la population de Mwali ne
transigera jamais sur ses droits acquis. Advienne qui pourra, mais elle est déterminée à défendre sa dignité et son appartenance à cette nation que certains veulent s'en approprier seuls le droit
d'en être issu.
Oui, la paix civile
et la concorde nationale sont en jeu. Pourquoi depuis l'indépendance, certains responsables politiques de ce pays ont-t-ils le droit exclusif d'exercer, et de quelle manière, certaines
responsabilités liées à notre destin commun tandis que d'autres n'ont que le devoir de défendre nos valeurs communes?
D'autant que les
Forces politiques dans l'Ile Autonome de Mwali ont toujours su défendre ces valeurs malgré la présence des forces extrémistes dans l'île qui n'ont jamais cessé de cultiver le séparatisme. La
victoire de la raison sur l'aventure nous a permis de rester comoriens, de le réclamer haut et fort et de s'enorgueillir.
Monsieur le
Président de la Commission,
Monsieur le
Secrétaire Général,
Lorsque l'ancien
Président de l'Union a volontairement attendu le moment qui lui convienne pour renouveler le parlement national et les conseils des îles dont le mandat a expiré presque une année avant, tout en
croyant que les résultats lui seraient favorables pour réaliser son coup de force, la population de Mwali a compris que le moment était suffisamment grave et s'est interdite de céder aux
provocations aussi bien verbales que dans les faits.
Les
élections législatives furent une occasion rêvée des anciennes autorités pour user de toute forme de corruption comme l'achat de conscience dans le seul but de contourner le droit pour ravir à
l'Ile de Mwali son droit constitutionnel.
Cependant, les
résultats ont montré que les Mwaliens sont déterminés à barrer la route à la dictature annoncée: pour les élections locales, 7 élus sur 9 et pour les élections nationales 3 sur 4 élus
appartiennent à ce qu'on appelle aujourd'hui à Mwali "les vrais Mwaliens". Une très large majorité des Mwaliens donc a dit "non" à la prorogation du mandat de l'ancien Président de
l'Union.
Qu'au niveau
national, une majorité d'élus des deux grandes îles décident de l'avenir d'un pays à système fédéral, cela prouve combien l'exercice de se considérer membre à part entière d'une nation constituée
d'Entités autonomes, est difficile. Et de toute façon, raisonner en nombre dans ce cas précis où notre destin commun est mis en jeu, serait chose aisée. Notre divorce avec l'île comorienne de
Mayotte est passé par là.
Monsieur le
Président de la Commission,
Monsieur le
Secrétaire Général,
Le 03 mars 2010 et
le 10 mars 2010, par communiqués respectivement, vous avez vite réagi suite à la décision honteuse du Congrès des élus d'exclure l'Ile de Mwali de l'Union des Comores avec un mépris inégalé
jusqu'alors; et le 01 mars 2010 date à laquelle ledit Congrès a pris cette décision, restera dans les annales de l'histoire des Comores et dans la conscience de la population de Mwali comme un
jour noir.
Malgré ce choc
psychologique qui consterna toute une population qui s'apprêtait pourtant avec assurance, et contre les ennemis du peuple comorien, à effacer dans sa mémoire trente cinq ans d'humiliation de tout
genre, elle a apprécié vos prises de positions ainsi que celles des autres organisations et pays amis des Comores.
Aussi, nous nous
sommes conformés à la législation en vigueur en dépit du sentiment que nous avons tous de nous sentir seuls et abandonnés par nos frères et sœurs qui avaient la charge de conduire les affaires de
l'Etat sans partialité et dans l'équité. Nous croyions fort que la communauté internationale resterait au côté des victimes de cet hégémonisme qui n'a nullement pas besoin d'être démontré.
Nous avons saisi la
Cour Constitutionnelle sans beaucoup d'espoir, il est vrai. Simultanément, nous avons fini par accepter de nous asseoir sur la table de négociations pour trouver un compromis dans le seul
objectif de sauver notre pays d'une énième aventure qui porterait atteinte à ce qui nous est très cher: l'unité nationale. Quel autre sujet puisse être débattu à cette occasion dans un dialogue
où avaient part les Exécutifs de l'Union et des Iles Autonomes que celui de doter le plus rapidement possible l'Union des Comores d'un interlocuteur légal et légitime pour pallier à toute
éventualité ? Malheureusement les anciennes autorités nationales ont fait de ce forum le lieu où ils allaient encore une fois jouer sur notre destin pour l'intérêt d'une personne et nous le
regrettons fortement.
Entre temps, la Cour
Constitutionnelle a tranché.
En effet, par
l'Arrêt N°10-05/CC du 08 mai 2010, la Cour Constitutionnelle "déclare qu'à compter du 26 mai 2010 à 00h, s'ouvre une période intérimaire...". Elle suspend même des dispositions constitutionnelles
liées aux fonctions du Président de l'Union notamment, celles relatives à la dissolution de l'Assemblée de l'Union, au changement du Gouvernement et de la composition actuelle de la Cour
Constitutionnelle et aux mesures exceptionnelles. La Cour a placé l'Etat comorien dans une situation où les mécanismes de son fonctionnement doivent obéir à une démarche consensuelle.
Et pourtant,
l'ancien Président de l'Union, dans son entreprise destructrice de toute tentative d'arriver à un compromis pour la gestion même de la période intérimaire déclarée par la Cour, a mis en place un
Gouvernement illégitime qui continue comme si de rien n'était, à gérer l'Etat sans même se soucier des conséquences de ses actions.
Monsieur le
Président de la Commission,
Monsieur le
Secrétaire Général,
La délégation du
Chef de l'Exécutif de l'Ile Autonome de Mwali au dialogue inter comorien ouvert à Moroni le 25 mai dernier comme la communauté internationale, fut témoin des manipulations de l'ancien Président
de l'Union qui porte seul la responsabilité de l'échec.
Après que la
délégation de l'Union ait proposé l'organisation des élections harmonisées et consensuelles en juillet 2010 et que toutes les autres délégations aient accepté cette proposition en signant un
engagement officiel, elle a fini par se rétracter avant de proposer une autre période, novembre 2010.
Notre délégation a
beaucoup hésité avant de décider sans beaucoup de convictions d'ailleurs à ce que les élections consensuelles et harmonisées soient organisées en novembre 2010. C'était sans compter avec la
volonté manifeste de l'ancien Président de l'Union à rester au pouvoir jusqu'aux dates qui lui conviendraient.
En vérité, l'ancien
Président de l'Union, a décidé de mettre toute son énergie pour détruire tout le processus de Fomboni afin de justifier son maintien au pouvoir.
Peine perdue car la
population de Mwali l'a compris depuis fort longtemps.
En effet, la
Présidence tournante comme l'autonomie des îles, sont deux éléments fondateurs et indissociables du pacte entre les îles de l'archipel. Si l'autonomie devrait permettre aux Entités insulaires de
gérer sans entrave leurs propres affaires, la Présidence tournante fut conçue pour répondre à un besoin maintes fois exprimé par les populations des îles, celui de prendre part à la gestion du
pays.
Puisque la situation
économique, financière et sociale dans laquelle se trouvent les Comores, est une conséquence directe de la gestion de trente cinq ans d'indépendance, la responsabilité bien que partagée dans une
certaine mesure, incombe à ceux qui ont eu l'honneur d'assumer la magistrature suprême du pays tout au long de la période des Comores indépendantes.
En effet, il fut
constaté lors de la Conférence internationale sur les Comores en 1997 à Addis Abeba que durant cette période des Comores indépendantes, certains dirigeants ont profité de l'Etat pour mener une
vie aisée loin de celle que mène la majorité de nos concitoyens.
Aussi, certaines
parties du territoire ont bénéficié des politiques mises en place par les autorités d'alors, ce qui a créé un déséquilibre palpable et des inégalités criantes entre les différentes parties du
territoire national.
Pour y remédier, les
parties comoriennes ont pris l'engagement de créer toutes les conditions nécessaires à l'épanouissement des régions et à la promotion de la démocratie.
Il est vrai
que l'Union des Comores a des véritables difficultés pour s'imposer partout comme il se doit, mais il n'en demeure pas moins qu'en 2002, un Président originaire de la Grande Comores a plus ou
moins accompli sa mission et de 2006 à 2010, c'est un originaire d'Anjouan qui a pris le relais.
Depuis fort
longtemps l'équilibre des pouvoirs entre les îles était devenu réalité. Toutefois, depuis la fin de la législature passée avec à la tête un originaire de Mwali, les autorités nationales de fait
ont tout simplement abandonné ce principe. Aujourd'hui, pendant qu'un originaire de la Grande Comores préside l'Assemblée de l'Union, qu'un autre préside la Cour Constitutionnelle, l'ancien
Président de l'Union, originaire d'Anjouan, refuse de céder la place à un ressortissant de l'Ile Autonome de Mwali.
L'on pourra tout
nous expliquer sauf que la population de Mwali est lassée d'être toujours la cible privilégiée de ceux qui considèrent que la gestion des affaires de l'Etat comorien serait un privilège de droits
divins.
Aujourd'hui, il nous
semble curieux qu'avant même que le tour soit complété par l'exercice de la magistrature suprême par un originaire de Mwali, les anciennes autorités nationales ont entrepris d'ores et déjà et
dans l'opacité totale, une politique de bradage du patrimoine national.
Monsieur le Président de la Commission,
Monsieur le
Secrétaire Général,
Toutes les
entreprises nationales sont aujourd'hui, au mieux bradées, au pire, elles sont détruites. C'est le cas de la prestigieuse Société Comorienne des Hydrocarbures ou encore de la Société comorienne
des télécommunications.
Une augmentation
vertigineuse de la masse salariale aussi bien au niveau des entreprises publiques qu'au niveau de la fonction publique, font craindre une faillite certaine de l'Etat en tant que garant de la
stabilité sociale.
Il n'est pas certain
que certaines pratiques observées depuis longtemps dans les administrations de recouvrement des taxes douanières et impôts directs dans certaines parties du territoire national, qui consistent à
défier les services publics de recouvrement, ont changé; pire, nous sommes persuadés qu'elles risquent de s'accentuer lorsque l'Ile de Mwali aura enfin eu son droit constitutionnel de présider à
la destinée du pays après tant de débats et d'exercices.
Les provocations, le mépris et même les injures faites à l'endroit des comoriens originaires de la petite île, nous inquiètent et nous obligent d'ores et déjà à chercher une
protection.
Par
exemple, et contrairement à ce qui se passe sur les autres parties du territoire, il est interdit dans l'Ile Autonome de Mwali, de manifester même si l'on a toutes les autorisations légales; sous
les ordres des autorités nationales de fait, les forces de sécurité violent les domiciles des personnes dont la seule reproche qu'on leur faite est d'avoir manifesté leur colère et demandé que
l'équité soit observée partout.
Dans la capitale
fédérale, les originaires de Mwali sont constamment menacés par des milices pro-gouvernementales contre lesquelles aucune mesure même de dissuasion n'a jamais été prise.
Les organes de propagande des autorités de fait (Radio et Télévisions nationales) diffusent à la queue-leu-leu, jours et nuits, des provocations tout en désinformant la réalité de ce qui se passe
dans l'Ile Autonome de Mwali.
Comment des
dirigeants censés représentés le pays à l'extérieur, ont la double nationalité, comorienne et française par exemple, se permettent-t-ils de donner des leçons de patriotisme à ceux qui sont restés
comoriens et réclament le droit de l'être? Quel moral ont certains dirigeants de fait du pays qui n'ont pas hésité de mettre en vente la nationalité comorienne, mais qui osent nous regarder en
face et nous donner de leçons de patriotisme?
Monsieur le
Président de la Commission,
Monsieur le
Secrétaire Général,
La Présidence
tournante à son tour comme l'autonomie des îles, a perdu son sens et son intérêt ou en tous les cas il est détourné de son véritable objectif.
Pour préserver
l'unité de notre pays, mais surtout la cohésion et la solidarité des populations de nos îles, la population de l'Ile Autonome de Mwali n'a plus les moyens d'imposer par la force son droit d'être
comorien. En 2002 et 2006, les populations de la Grande Comores et d'Anjouan, n'ont livré aucun combat, n'ont pris part à aucun autre dialogue, n'ont subi aucune pression de quelque nature que ce
soit, pour bénéficier de leur droit d'organiser au moment convenu les primaires pour la présidence de l'Union.
Elle refuse donc de
passer cet examen où les notes de toute façon sont connues: accepter le diktat. Non. Il n'en est plus question.
Si l'ancien
Président de l'Union qui a fomenté un coup de force contre les institutions républicaines, estime qu'il est dans son droit de ravir à l'Ile de Mwali son droit et que la Communauté internationale
est prête à l'accompagner dans cette aventure aux conséquences dramatiques, l'Ile de Mwali est prête pour une refonte totale de l'Union des Comores et pour la mise en place d'une Confédération
comorienne.
Celle-ci nous
permettrait d'éviter au pays et au peuple comorien d'autres rudes épreuves à l'issue desquelles des familles entières disparaîtraient ou seraient disloquées. Une telle nouvelle forme de l'Etat
comorien aurait l'avantage de permettre aux Entités de se forger un avenir conforme aux aspirations de leur population tout en sauvegardant l'unité du pays. Elle permettrait surtout à ceux qui
doutent de la volonté et de la capacité des Mwaliens à se frayer d'autres options pour le développement socio-économique de l'Ile d'être rassurés.
Monsieur le
Président de la Commission,
Monsieur le
Secrétaire Général,
La population de Mwali a, à
l'instar des populations des autres îles, cru aux principes directeurs de l'Accord de Fomboni. Elle a tout donné pour que l'Ile d'Anjouan retrouve la place qui est la sienne dans la famille
comorienne. Elle a toujours répondu présente lorsque l'unité du pays est menacée pour apporter sa très modeste contribution dans le but d'être considérée dignement avec ses spécificités. Elle n'a
rien à se reprocher contrairement à certaines autres.
La seule raison qui
pourrait la ramener à la table des négociations serait l'engagement clair et sans condition des autorités nationales de fait et sous l'observation des autres institutions républicaines (Cour
Constitutionnelle, Assemblée de l'Union et Institution militaire) ainsi qu'en présence de la communauté internationale, à mettre toutes les cartes sur la table parce que les autorités de fait ne
sont plus ni légales ni légitimes, pour que les comoriens retrouvent la sérénité requise en vue d'organiser le plus vite l'alternance démocratique conformément à notre législation en
vigueur.
Un mandat électif
fini doit, sans aucune condition, être renouvelée par l'organisation d'élections libres, démocratiques et transparentes. Comme l'a décidé la Cour Constitutionnelle, seule une démarche
consensuelle sur la gestion de la période intérimaire pourra aider les Comores à retrouver la normalité constitutionnelle.
L'Ile de Mwali, sa
population, ses élus, son Exécutif, ses Forces Vives, ne reconnaissent plus l'autorité politique des autorités nationales de fait à Mwali. Ensemble, ils continueront à combattre la dictature
jusqu'à ce que justice soit rendue.
En tous les cas,
nous sommes convaincus que l'ancien Président de l'Union ne cherche qu'à rester et demeurer aux commandes du pays quelque soit le prix. Voilà pourquoi, nous pensons qu'une autre démarche qui
préserverait l'unité du pays laissant le libre choix aux Entités d'un Nouvel Etat Comorien débarrassé de toute possibilité qui permette à une quelconque Entité d'imposer sa vision
institutionnelle et de prendre en otage les autres Entités pour une quelconque aventure, sauverait les Comores d'une aventure aux conséquences désastreuses.
La population de
Mwali refuse de toujours servir de laboratoire d'étude de faisabilité des institutions comoriennes.
Le combat pour la
dignité et le respect de la population de Mwali dans l'Union des Comores, est une lutte que nous avons tous engagée et que nous mènerons sans complaisance et sans concession.
Veuillez croire, Monsieur le Président de la Commission de l'Union Africaine, Monsieur le Secrétaire Général de la Francophonie, en l'assurance de notre Très Haute Considération.
Le Président de la Coordination.
Ali
Hassanaly