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  • : HALIDI-BLOG-COMORES, Blog des COMORES
  • : BLOG DES COMORES GERE DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013 PAR MARIAMA HALIDI
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A SAVOIR

QU'EST CE QUE LA LANGUE COMORIENNE ?

Pour répondre à cette question pertinente, nous vous proposons ci- dessous l'interview du grand linguiste et spécialiste de la langue comorienne, Mohamed-Ahmed Chamanga

 

 
INTERVIEW DE CHAMANGA PAR RFO EN 2004
 
 
 Le comorien est une langue composée de mots africains, de mots arabes voire parfois de mots portugais et anglais. D'où vient la langue comorienne ?

M.A.C : Le fonds lexical de la langue comorienne est essentiellement « africain » comme vous le dites, et plus précisément bantu. Les emprunts au portugais ou à l'anglais sont relativement faibles. Par contre, l'apport arabe est très important. Cela s'explique par la très forte islamisation des Comores, depuis la Grande Comore(Ngazidja) jusqu'à Mayotte (Maore) en passant par Mohéli (Mwali)et Anjouan (Ndzuwani). Malgré ces emprunts, le comorien (shikomor) reste, sur le plan de sa structure grammaticale, une langue bantu.

Qu'appelle t-on une langue bantu ?

M.A.C : Le bantu est une famille de langues, la plus importante d'Afrique. Les langues qui composent cette famille couvrent pratiquement toute la partie australe du continent noir.

Y a t-il encore aujourd'hui en Afrique ou à Madagascar des populations qui parlent une langue similaire au comorien ?

M.A.C : Bien sûr ! On trouve par exemple le swahili en Tanzanie, le lingala au Congo Démocratique, le kikongo au Congo, le zulu en Afrique du Sud, le shona au Zimbabwe-Mozambique, le tswana au Botswana, le kinyarwanda-kirundi au Rwanda-Burundi, etc. Comme ces langues appartiennent à la même famille, elles ont forcément beaucoup de points communs dans la structure des mots, leurs répartitions dans les phrases, les accords grammaticaux, etc. Elles ont aussi un minimum de vocabulaire commun.
Prenons par exemple le mot bantu ! Ce mot est attesté dans certaines langues, comme le lingala, et il signifie « hommes ». C'est le pluriel du mot muntu qui veut dire « homme » au singulier. Dans d'autres langues, ces mots se déclinent au pluriel en watu (swahili), wantru ou watru ou en encore wandru (shikomor) ; au singulier, nous avons respectivement mtu, muntru, mtru, mndru.
Prenons encore l'exemple de la phrase kinyarwanda suivante qui signifie : « Combien d'hommes ? » : Abantu bangahe ? Nous avons en comorien les équivalences suivantes :Wantru wangapvi ?Watru wangapvi ?Wandru wanga(pvi) ? et en swahili :watu wangapi ?

Ne pensez-vous pas qu'il y a beaucoup de ressemblance dans tout ça ?

M.A.C : A Madagascar, jusqu'au milieu du XXe siècle, il y avait quelques poches bantuphones sur la côte nord-ouest. Mais les langues africaines qui y étaient parlées, le swahili à Marodoka ou le makua à Maintirano, ont aujourd'hui disparu. Le malgache appartient à une autre famille de langues : les langues austronésiennes comme par exemple les langues indonésiennes.

Le comorien est souvent comparé au swahili, parfois on a même dit que le comorien en était dérivé ?

M.A.C: Selon les résultats des recherches des trois dernières décennies, il est prouvé que le comorien et le swahili sont génétiquement issus d'une même souche-mère, d'où leur très grande parenté. Mais les deux langues se seraient séparées aux environs du XIIème siècle. On peut donc dire que ce sont deux langues soeurs. Si la confusion a pu se maintenir jusqu'à une période pas très lointaine, c'était à cause de la très grande proximité des deux langues, mais aussi parce que les sultans des Comores parlaient swahili et beaucoup de correspondances et traités avec les pays voisins ou les puissances étrangères étaient rédigés en swahili qui étaient à l'époque la plus importante langue de communication et du commerce de cette région de l'océan indien occidental.
Par combien de personnes est parlée la langue comorienne?
M.A.C:On peut estimer que la langue comorienne est parlée aujourd'hui par un million de personnes environ : les 750 000 habitants de l'archipel des Comores plus la très importante diaspora comorienne, que l'on peut retrouver notamment à Madagascar, à Zanzibar ou encore en France.

Est-elle enseignée à l'école ? Si non pourquoi ?

M.A.C: Malheureusement, elle ne l'est pas. Pourquoi ? Parce que : Premièrement, la colonisation française, avec sa mission « civilisatrice », n'avait jamais reconnu au peuple dominé une quelconque culture ou civilisation et que les langues des dominées n'étaient pas des langues mais, avec un sens très péjoratif, des dialectes qui n'avaient ni vocabulaire développé ni grammaire.
Deuxièmement, le pouvoir très centralisateur de l'Etat français avait imposé le français comme la seule langue de l'administration partout. Cela était vrai dans les colonies, mais aussi en métropole. C'est ainsi qu'on a banni l'enseignement du breton en Bretagne, du basque au Pays Basque (Sud-Ouest de la France).
Troisièmement enfin, nous avons nous-mêmes fini par admettre que notre langue est pauvre et sans grammaire. Elle ne peut donc pas être enseigné. Il faut encore souligner qu'avec l'instabilité chronique des Comores indépendantes, aucune réflexion sérieuse n'a pu être menée sur la question. Pourtant, les pédagogues sont unanimes : pour permettre l'épanouissement des enfants, il est nécessaire que ces derniers puissent s'exprimer pleinement dans leur langue maternelle...

Y a t-il une ou des langues comoriennes ?

M.A.C:Nous avons la chance d'avoir une seule langue comorienne, depuis Ngazidja jusqu'à Maore. Mais comme toute langue, le comorien se décline en plusieurs dialectes qui en sont les variantes régionales : le shingazidja à la Grande Comore, le shimwali à Mohéli, le shindzuani à Anjouan et le shimaore à Mayotte.

Comment expliquer l'apparition de divers dialectes sur un territoire aussi exiguë que les Comores ?

M.A.C : Ce phénomène n'est pas spécifique au comorien. Toute langue est formée de plusieurs dialectes. La dialectalisation s'accentue lorsqu'il y a peu de communications et d'échanges entre les régions. A l'inverse, le déplacement d'une population qui parle un dialecte donné vers une autre région où l'on parle un autre dialecte peut également entraîner des changements dans les deux dialectes. Pour le cas des Comores, le facteur du peuplement par vagues successives au cours de l'histoire explique aussi le phénomène.
Les différences dialectales peuvent aussi s'observer à l'intérieur de chaque île. C'est ainsi, par exemple en Grande Comore, que la manière de parler des gens de Mbéni dans la région du Hamahamet diffère du parler des gens de Fumbuni dans la région du Mbadjini. Il en est de même à Anjouan entre les gens de Mutsamudu, sur la côte nord, et ceux du Nyumakele, dans le sud-est de l'île, ou encore, à Mayotte, entre Mamoudzou et Kani Bé ou Mwana-Trindri dans le sud, etc.

Un mot sur la langue mahoraise.

M.A.C:Le shimaore appartient au même sous-groupe dialectal que le shindzuani. C'est dire qu'il faut souvent écouter attentivement pour percevoir les différences entre ces deux dialectes. Le shimaore fait ainsi partie intégrante de la langue comorienne.

Le comorien s'enrichit-il ou s'appauvrit-il (avec le phénomène de créolisation de la langue) ?

M.A.C : Parler à l'heure actuelle de créolisation de la langue comorienne est quelque peu exagéré. Certes elle ingurgite aujourd'hui beaucoup de mots d'origine française. Mais cela reste « raisonnable ». Le comorien a emprunté énormément de vocabulaire d'origine arabe, environ entre 30 et 40 % du lexique, pourtant on ne parle pas de créole arabe, et cela à juste titre. En effet, ce qui fonde une langue, ce ne sont pas seulement les mots. Ce sont surtout sa structure grammaticale et sa syntaxe. De ce point de vue, le comorien ne ressemble ni à l'arabe ni au français.
On ne peut pas dire que le comorien s'appauvrit. Essentiellement oral, il répond parfaitement à nos besoins de communication. Il est toutefois évident qu'une langue écrite possède un stock lexical beaucoup plus étendu qu'une langue orale. Ne vous inquiétez pas pour le comorien. Si un jour, on décide de l'écrire, de l'enseigner et de l'utiliser dans l'administration, il ne pourra que s'enrichir. Il s'enrichira en se forgeant des mots nouveaux ou en empruntant d'autres ailleurs, comme cela se fait dans les langues dites de « grande civilisation ».

Où en est actuellement la recherche sur la langue comorienne ?

M.A.C: La recherche sur la langue comorienne avance ; trop lentement peut-être, mais elle avance. Nous avons aujourd'hui une meilleure connaissance sur elle qu'il y a vingt ans. Malheureusement, c'est un domaine qui intéresse peu de monde, aussi bien chez les nationaux que chez les chercheurs étrangers.

Pensez-vous qu'un jour tous les Comoriens parleront la même langue ? Et sur quoi se fonderait cette sédimentation en une seule langue « nationale » ?

Mohamed Ahmed-Chamanga : Nous parlons déjà la même langue. Ce qui nous manque, c'est une langue standard, comme en Tanzanie avec le swahili, à Madagascar avec le malgache, ou en encore au Zimbabwe avec le shona, etc. Pour arriver à ce stade, il faut qu'il y ait une réelle volonté politique, une prise de conscience chez les Comoriens de vouloir mieux apprivoiser leur propre culture et que soit mise en place une équipe de chercheurs qui se pencherait sur la question et qui proposerait cette langue standard qui serait utilisée dans tout l'archipel des Comores.

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CI-DESSOUS LES NEWS  RECENTES  DES COMORES

 

 

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A PROPOS DE OUANI

Ouani et ses grands hommes
 
 
L’être humain est insignifiant puisque le corbeau et beaucoup d’autres espèces d’arbres vivent plus longtemps que lui. De ce court séjour dans ce bas monde à la différence d’autres êtres vivants, l’homme peut marquer de son empreinte l’histoire.
A OUANI, ce genre d’homme malgré sa rareté, a existé et continu à exister jusqu’à nos jours. En ouvrant ce nouveau chapitre, quelques dignitaires en collaboration avec le comité de pilotage de la ville ont tenu à rendre hommage beaucoup d’hommes et de femmes qui ont fait du bien à cette ville.
En dehors de tout jugement, ils ont fait de leur mieux pour que Ouani devienne l’une des grandes villes les plus rayonnantes des Comores et Ouani l’est grâce à eux. Elle doit continuer à l’être pour nous et les générations à venir.
A titre posthume, nous tirons la révérence devant Saïd Toiha (Baco Moegné), Saïd Abdou Bacar Nomane, Saïd Abdou Sidi et Saïd Andria Zafi.
 
Le premier pour avoir créé la première école privée de la ville dans l’objectif de ne plus avoir un enfant de six à sept ans non scolarisé, le second qui a été le premier à être ministre et dont les louanges dépassent les frontières de la ville, le troisième a accompagné plusieurs années la jeunesse et le dernier a beaucoup contribué au niveau de l’enseignement primaire par son dévouement et son engagement à instruire ceux qui l’ont fait pour nous. Cette liste vient de s’ouvrir et n’est pas prête de se fermer ; beaucoup d’autres personnes disparues ou vivant tels que les enseignants apparaîtront à la prochaine édition.
Ansaly Soiffa Abdourrahamane
 
Article paru en 2003 dans le n° 0 de Jouwa, bulletin d’information de OUANI
 
 
 
 
LES ENFANTS DE LA VILLE DE OUANI
ET L’HISTOIRE   DES COMORES
 
 Beaucoup d’enfants de la ville de OUANI ont marqué et marqueront toujours l’histoire de leur pays : les îles Comores.
 
 En voici quelques uns dans différents domaines.
 La liste n’est pas exhaustive
 
 I) LITTERATURE
 
LITTERATURE ORALE
 
ABDEREMANE ABDALLAH dit BAHA PALA
 
Grand connaisseur du passé comorien décédé brusquement en 1988.
Actuellement, un projet de publication de sa biographie est en étude.
On trouve beaucoup de ses témoignages sur l’histoire des Comores dans le tome 2 de l’excellente thèse de SIDI Ainouddine sur la crise foncière à Anjouan soutenue à l’INALCO en 1994 
 
LITTERATURE ECRITE
 
Mohamed Ahmed-CHAMANGA
 
Grand linguiste des Comores
 
 Né à Ouani (Anjouan) en 1952, Mohamed Ahmed-Chamanga, diplômé de swahili et d'arabe, a fait des recherches linguistiques sur sa langue maternelle. Il enseigne la langue et la littérature comorienne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il est l'auteur d'une thèse, de plusieurs articles, ainsi que d'un recueil de contes de l'île d'Anjouan : Roi, femmes et djinns (CLIF, 1998). Président de l'Association Fraternité Anjouanaise, Mohamed Ahmed-Chamanga a fondé, en 1997, le journal Masiwa.
 Il enseigne actuellement la langue et la littérature comoriennes à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris (INALCO).
 
AINOUDINE SIDI
 
 Historien & grand spécialiste de l’histoire foncière des Comores 
 
 Né à OUANI, en 1956. Il a fait des études d’histoire à l’université de DAKAR (SENEGAL) et a préparé un doctorat d’études africaines à l’INALCO (PARIS)  Il est actuellement chercheur et Directeur du CNDRS (Centre National de Documentation et de Recherches Scientifiques) à MORONI.
 
 II) MUSIQUES & CHANTS
 
DHOIFFIR ABDEREMANE
 
Un des fondateurs de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Avec ses chansons axées sur la contestation sociale. Il fait partie des premiers artistes qui ont introduit aux années 60 une nouvelle forme de musique aux COMORES.
 
C’est un homme très discret mais plein de talents. On se souviendra toujours de ses productions à la salle AL CAMAR de MORONI.
 
FOUDHOYLA CHAFFI
 
 Une des premières femmes comoriennes à avoir fait partie d’un orchestre musical.
 Il s’agit là d’un engagement incontestable de la part d’une femme comorienne.
 Elle a commencé à jouer un rôle important dans la chanson à partir de 1975 comme chanteuse principale de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Sa voix d’or résonne toujours dans le cœur de tous ceux qui ont vécu dans notre pays de 1975 à 1978. On ne passait pas en effet, une seule journée sans entendre une de ses chansons sur l’égalité des sexes, l’unité des Comores, le changement des mentalités… à la radio nationale.
 
 III) POLITIQUE
 
Le sultan ABDALLAH III
 
 De mère ouanienne, il est l’un des grands sultans qui ont régné dans l’archipel des Comores au 18eme siècle et plus précisément sur l’île d’Anjouan.
 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED
 
La première femme ministre et élue député des COMORES
 
Né le 06 juillet 1952 à OUANI. Elle a enseigné pendant plusieurs années le français et l’histoire géographie dans différents collèges du pays avant d’être nommée secrétaire d’Etat à la condition féminine et à la population en 1991.
De 1991 à 1996 elle a assumé de hautes responsabilités politiques : Haut commissaire à la condition féminine, Ministres des affaires sociales, conseiller spécial du président de la république, secrétaire général adjoint du gouvernement, élue députée ….
Actuellement, elle est enseignante à l’IFERE et Présidente du FAWECOM.
 
Article publié sur le site de l'AOFFRAC (www.aoffrac.com)
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

16 mars 2009 1 16 /03 /mars /2009 01:27


  Nous vous proposons ci-dessous une vidéo qui  présente le M’rengé.

 

Le M’rengé est la boxe locale aux Comores. En réalité, c’est plus que de la boxe. Il s’agit, en fait, d’une fête très populaire, surtout à Ndzuwani, Maoré et Mwali,  qui est organisée la nuit pendant le mois de ramadan. Différentes localités y participent. Durant au moins cinq heures, l’on assiste à un mélange de combat et de danse de Mgodro. Les localités s’affrontent, deux à deux, par le biais de leurs boxeurs – danseurs utilisant les points nus comme dans le moraingy du nord de Madagascar . Et la foule s’extasie. Deux arbitres interviennent régulièrement pour séparer les combattants.

Jusqu’à récemment le combat était rythmé par le son des « Ngoma » - tambours.

 

L’origine du M’rengé remonterait bien avant la période coloniale française et la proximité de Madagascar, le pays du moraingy, a favorisé son encrage aux Comores.

 

 Maintenant, vous pouvez cliquer sur la vidéo ci-dessous pour vous régaler !


 




Halidi Allaoui (HALIDI-BLOG-COMORES)


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14 mars 2009 6 14 /03 /mars /2009 12:52

Source : Alwatwan.net/13 mars 2009

De l’avis de beaucoup, le ton entre les deux camps risque de monter d’un cran au fur et à mesure que la date fatidique va s’approcher. Bizarrement, toutefois, la population de l’île semble renvoyer dos à dos les deux camps et ne s’emballe que timidement et avec un certain détachement à cette actualité politique que les acteurs voudraient, eux, essentielle. Un partisan du référendum a déclaré : “ceux qui disent se battre aujourd’hui pour Mohéli sont ceux-là même qui, par calcul électoraliste, avaient remis pour quatre ans à Anjouan le tour qui revenait logiquement et de droit à Mohéli en 2006”.

Une fois la conférence terminée, les deux camps essaient d’occuper le terrain à Mohéli. Les partisans du non à toute forme de révision constitutionnelle ont été les premiers à ouvrir la danse en début d’après midi du lundi 9 mars. En effet, contre toute attente, la Communauté avait donné comme mot d’ordre aux siens d’aller accueillir en héros à l’aéroport les membres de sa délégation qui revenait de la capitale fédérale à bord du vol régulier de Comores Aviation assurant la ligne Moroni-Dzaoudzi via Bandarsalame.

Accomplir avec succès la mission que les Mohéliens

Pour l’occasion, un groupe musical a été engagé et embarqué dans un camion pour mettre l’ambiance afin de rallier les derniers hésitants qui devaient s’associer aux militants purs et durs, à une marche jusqu’à la Place de l’Indépendance de Fomboni. Mais la météo a découragé plus d’un et surtout la population se demandait crédule sur le bien fondé de l’accueil triomphal. Ce qui n’a pas empêché Hamada Madi Boléro de prendre la parole pour faire part à l’assistance qu’ils ont “accompli avec succès la mission que les Mohéliens leur avaient confiée”. Reste au président de la République d’appliquer ou non les recommandations de la conférence, a-t-il ajouté.
En début de matinée du lendemain, la réponse du berger à la bergère a été donnée sur cette même Place de l’Indépendance par les partisans de Sambi qui sont venus de Moroni comme le ministre Said Attoumane, le directeur général de l’Onicor et plusieurs hauts fonctionnaires originaires de l’île et exerçant dans la capitale fédérale, mais surtout des notables et des jeunes emmenés par bus entiers.
Plusieurs allocutions ont été prononcées. Mais celui de Soilihi Mohamed, un des héros du 6 juillet 1975 et – pour la petite histoire – oncle de Boléro, connu pour la force de ses convictions et son franc parler. Alors que les autres orateurs avaient visiblement du mal à assurer leur mission du jour, Basoilihi n’est pas allé pas quatre chemins en “affirmant qu’il y aura bien référendum sur la révision constitutionnelle et la tournante aura bien lieu en 2011 et non 2010”. Pour lui, “ceux qui disent se battre aujourd’hui pour Mohéli sont ceux-là même qui, par calcul électoraliste, avaient remis pour quatre ans à Anjouan le tour qui revenait logiquement et de droit à Mohéli en 2006”. Alors nous aussi, nous allons offrir à Sambi, une année seulement”. Une logique à la limite de la provocation, selon les partisans de l’autre camp, mais qui a le mérite d’être clair.
Il est que les deux rassemblements auraient quelque part quelque chose d’illogique s’il ne s’agissait pas de la politique et il est fort à parier que le ton entre les deux camps va certainement monter d’un cran. Mais bizarrement la population semble renvoyer dos à dos les deux camps et ne s’emballe que timidement et avec un certain détachement à cette actualité politique que les acteurs voudraient essentielle.

Nassur Riziki

 

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14 mars 2009 6 14 /03 /mars /2009 12:41

Source  : Alwatwan.net/13 mars 2009

accueil-des-delegation-a-Ou S’unir pour réussir et faire face à la crise, tels est le slogan des femmes entrepreneuses des pays et région du sud-ouest de l’Océan indien (Maurice, Madagascar, Seychelles, Rodrigue, les Comores et la Réunion). Le quatrième forum des femmes entrepreneuses de la zone de l’océan indien se tient du 12 au 15 mars à Ndzuani. A cette occasion, une délégation de femmes entrepreneuses de la région, composée de dix-huit personnes se trouve actuellement aux Comores. Ces femmes regroupées en association intitulée “Entreprendre au Féminin de l’Océan indien (Efoi)” ont été reçue par les associations des femmes entrepreneuses de l’Union des Comores, l’Efoi Comores et l’Initiative Femme Comores (Ifemco).

Un cocktail dînatoire a été organisé pour l’occasion au restaurant le Jardin de la Paix à Moroni. Cette cérémonie de bienvenue a été marquée par la présence de Sitou Rahada Mohamed (ancien ministre), de Moina Fatima Djalim, ministre de l’Education de Ngazidja, de Sitti Soifiat Tadjidine (commissaire au plan) et de plusieurs représentantes des associations de femmes entrepreneuses comoriennes.
Dans son mot de bienvenue, Hissan Guy a dit que ce quatrième forum de l’Océan indien constituait une “occasion pour nous femmes entrepreneuses de renforcer notre partenariat”. “Etant dans une zone qualifiée de fragile, a-t-elle déclaré, notre intérêt est de nous unir pour faire face à la crise car les échanges que nous entreprenons nous permettent d’exister et de faire entendre notre voix”. Enfin, elle a appelé “toutes les femmes qui veulent entreprendre à formaliser leurs activités”.
Le commissaire chargé des programmes régionaux pour les femmes chefs d’entreprise mondiale, Aline Wong, a souligné, pour sa part, que ce quatrième forum devait aider à renforcer le portail.

Les moyens de produire pour augmenter le pouvoir d’achat

“Ce site web que nous avons créé facilitera les échanges régionaux et c’est la qualité des échanges qui appelle le soutien des bailleurs de fonds”. Selon elle, “il faut donner aux femmes les moyens de produire pour augmenter le pouvoir d’achat des ménages, aider une femme c’est aider une famille”.
Le regroupement des femmes entrepreneuses comoriennes ou régionales existe depuis les années 1999. Jusqu’en 2005, les activités programmées ne se déroulaient pas comme prévues. Ce n’est qu’en 2006 avec le premier forum tenu à Tamatave que l’ensemble des activités de l’association a pris son envol. Selon Hissan Guy : “l’Ifemco s’est donnée comme priorité de se procurer un local et faire en sorte que les gens sachent où s’orienter quand on veut recourir à ses services”.
Rosy Félix originaire de l’île Maurice, présente affirme que “ce forum permet la consolidation du réseau. Chaque pays est différent et cela est une opportunité à exploiter”. Pour Ginette Anaudin, “le site web, permet à la femme entrepreneuse de s’épanouir et de s’affirmer sur le marché qu’elle veut conquérir”.

Mariata Moussa

 

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13 mars 2009 5 13 /03 /mars /2009 10:29
 
Moroni, jeudi 12 mars 2009 (HZK-Presse) Une série de décrets présidentiels portant fixation des cadres organiques des ministères et de la présidence de l'Union des Comores est rendue publique depuis le 7 mars dernier. La décision vise notamment à réduire l'effectif des fonctionnaires et agents affectés aux différents départements ministériels et ce, pour se conformer aux recommandations des partenaires et institutions financières internationales. Cette mesure vient à cet effet compléter un autre décret antérieur daté du 13 juillet 2008 relatif à l'organisation générale de l'administration et aux missions des services des différents ministères.

Désormais, des 2457 fonctionnaires et agents en service au sein de l'administration de l'Union des Comores (Présidence, services rattachés, ministères...), seuls 1730 sont retenus après sélection pour servir l'administration et les services ministériels de l'Union des Comores. Il ne tient pas compte des effectifs relevant de la compétence des Exécutifs des îles autonomes de Ngazidja, Ndzouani et Mwali.
Pour M. Mohamed Djaffar Abasse, secrétaire général au ministère de la fonction publique, l'administration pesait lourdement ces dernières années quant à la masse salariale avec 1827 fonctionnaires émargeant au sein des services ministériels rattachés à l'administration centrale. La liste s'est réajustée de 630 agents hors Fop dont certains ont été incorporés dans les mêmes services tantôt en qualité de conseillers, agents, chargés de mission...ou autres.

C'est dans ce contexte et conformément aux souhaits des partenaires financiers du pays, que le président de la république s'est résolu, à travers une série de décrets signés en ce début mois de mars, à assainir l'appareil de l'Etat fédéral et à fixer enfin les cadres organiques des ministères et de la présidence de l'Union.
Toutefois souligne le secrétaire général, « des recommandations ont été formulées à l'endroit de certaines institutions, notamment l'Assemblée de l'Union, la Cour constitutionnelle, pour s'inscrire dans cette même dynamique visant à réduire l'effectif des agents de l'Etat, dans l'intérêt d'harmoniser ses services ».

Cette mesure, dira le secrétaire général, « a été prise sur la base du projet de loi finances. D'où l'impérieuse nécessité imposé à chaque département ministériel de se limiter à un effectif de 2 à 4 conseillers pour chaque ministre, suivant les compétences attribuées à ce dernier ». Encore faut-il qu'ils soient des fonctionnaires répondant à un profil universitaire avéré d'au moins bac + 4 avec une expérience professionnelle de 5 ans dans le service.
Au-delà de ces critères chaque département ministériel est censé être géré par un secrétariat général et des inspections généraux selon toujours les compétences définies dans le cadre organique. La volonté de l'Union, assure-t-on, reste dictée par l'obligation de parvenir à une administration plus efficace, fonctionnant avec des moyens à la hauteur des capacités financières de l'Etat encore très limitées par rapport aux besoins de tous les secteurs de notre développement.

Vrai ou faux, toujours est-il que l'on s'interroge encore sur le fait que le projet de loi de finances n'a été ni discuté ni adopté, lors de la session budgétaire du parlement de l'Union de décembre dernier au titre de l'année 2009 en cours !
Et comme nul n'est en mesure de nous donner le chiffre exact de la masse salariale qui continue de varier d'un mois à l'autre, et dont le pourcentage par rapport au budget est estimé à 65%, il est difficile de prévoir les incidences de l'application de ces nouveaux décrets, qui devraient s'accompagner des mêmes dispositions au niveau des exécutifs des îles, pour espérer atteindre la rationalisation souhaitée, et convaincre l'opinion de leur pertinence.
A. Nabahane
Agence comorienne de Presse (HZK-Presse)
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12 mars 2009 4 12 /03 /mars /2009 22:59

Discours de Monsieur  Abdallah Mohamed chef de la délégation de l’opposition d’Anjouan à la réunion plénière du 7/03/09.

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(Photo : Abdallah Mohamed lors de la signature des accords de Fomboni en 2000)


Monsieur le Président du Dialogue Inter Comorien,

Messieurs les Représentants de la Communauté Internationale ici présents,

Cher collègues participants au Dialogue Inter Comorien,

Honorables invités,

Mesdames, Messieurs,


A la question de savoir si le Président de l’Union quittera ses fonctions au terme de son mandat c'est-à-dire en 2010, conformément à la tournante, les représentants du gouvernement sont restés évasifs au sein de la Commission chargée de l’examen de l’Avant projet de loi portant révision de la constitution de 2001.


Mais leur comportement observé tout au long des deux jours qu’ont durée nos travaux, nous a convaincus de la détermination du pouvoir d’organiser dans les meilleurs délais un referendum pour la révision de la Constitution aux fins de permettre au Président de l’Union de se maintenir au pouvoir au delà de 2010.


Les raisons avancées n’ont pas été convaincantes, en tout cas, elles ne justifient pas son maintien au pouvoir au-delà de 2010.


Avant d’examiner l’avant-projet il était nécessaire que la Commission ait des informations fraîches sur la Constitution en vigueur, le contexte politique qui a conduit à son adoption, sa démarche et les objectifs qui lui ont été assignés.


Nous nous sommes chargés de cette tâche, sans parti pris, étant donné que nous avions eu le privilège de participer aux travaux de son élaboration en 2010 et que nous voulions mettre à la disposition de la Commission toutes les informations utiles pour lui permettre de travailler en toute sérénité (voir ICI).


Que ne fut notre surprise de nous voir reprocher d’inventer des choses qui ne figuraient dans aucun document légal et dont la véracité ne pouvait pas être prouvée.


Pourtant, nous réaffirmons qu’il était convenu d’évaluer cette Constitution en 2014 c'est-à-dire après que chaque île aurait dirigé le pays sous le régime de cette Constitution. C’est la logique.


Il y a eu pire. Les représentants du Gouvernement ont contesté au Délégué de l’Assemblée de l’Union sa qualité de représentant de cette institution au sein de la Commission tout simplement parce que ce dernier a eu l’audace d’exprimer des positions qui se rapprochent de celles défendues par les parties de l’Opposition sur certains points de l’ordre du jour.


En d’autres termes quand la position du Délégué de l’Assemblée Nationale rejoint celle des représentants du Gouvernement c’est normal. Dans le cas contraire c’est anormal.

C’est tout simplement scandaleux.


La bonne gouvernance commence par là : elle doit être impulsée à partir du sommet. Ce sont les Gouvernements qui doivent donner le bon exemple.


En ce moment précis, nous ne voudrions pas être Mohélien, pour rien au monde. Nous comprenons la frustration des Mohéliens et leur sentiment d’impuissance devant une injustice.

Nous le partageons.


Croyez nous, nous avons tout tenté pour éviter cela, hélas !

De cette auguste institution, symbole de la démocratie aux Comores, nous lançons un appel désespéré au Président de l’Union pour qu’il renonce à la prolongation de son mandat et permette à la tournante de tourner en 2010. J’espère de tout mon cœur que notre appel sera entendu.


Notre première pensée était de faire une grève de la faim, à compter de ce jour et jusqu’à ce que notre appel soit entendu par le Président de l’Union. Mais, on risque de nous laisser mourir donc nous renonçons.


Je vous remercie.




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12 mars 2009 4 12 /03 /mars /2009 21:43

Source : Malango-Mayotte 12/03/2009

La préfecture de Mayotte a été condamnée par le Tribunal de première instance de Mamoudzou, mercredi 11 mars, pour voie de fait. Elle a été reconnue coupable d’avoir expulsé un mineur isolé et d’avoir falsifié son âge. Une pratique courante, affirment les associations, condamnée pour la première fois par un tribunal civil.

C'est une première : s'il était arrivé que la préfecture de Mayotte soit, dans le cadre de la lutte contre l'immigration clandestine, sanctionnée par le Tribunal administratif de Mamoudzou, jamais elle ne l'avait été par le Tribunal de première instance (TPI). Et pour cause : jamais la justice civile n'avait été saisie d'une telle affaire. C'est désormais le cas : la préfecture a été condamnée par le TPI mercredi 11 mars, pour avoir falsifié l'âge d'un jeune mineur considéré comme étant en situation irrégulière, dans le but de le reconduire à la frontière ; et pour lui avoir refusé son retour.

Selon la juge des référés, Thérèse Rix-Geay, l'APRF (arrêté préfectoral de reconduite à la frontière) touchant le jeune Ousseni B. pris le 13 février 2009, « est constitutif d'une voie de fait ». De même, le refus du préfet d'autoriser son retour à Mayotte malgré le retrait de l'APRF constitue une deuxième « voie de fait ». La présidente enjoint donc le préfet, dans son jugement, « de ne pas s'opposer au retour » du garçon, sans pour autant lui imposer une astreinte (lire ci-contre).

L'affaire remonte au 13 février. Ce jour-là, Ousseni, 14 ans, se rend au collège de Kaweni, où il est scolarisé en classe de 5ème. Né à Anjouan, il séjourne sur le territoire mahorais depuis l'âge de 5 ans et y a fait toute sa scolarité. Il vit avec son père, Comorien en situation régulière à Mayotte, et ses frères et sœurs - sa mère, en situation irrégulière, est également à Mayotte.

Lors de son arrestation à 7h45, Ousseni affirme qu'il est mineur - son extrait d'acte de naissance qui précise qu'il est né en 1994 et son carnet de scolarité le prouvent. A 10 heures, le principal du collège envoie un fax à la Police aux frontières (PAF) indiquant qu'il est scolarisé et n'est pas majeur. Prévenu sur le tard, son père, Abdou, tente de le retrouver mais se fait balader du commissariat à la préfecture, et de la préfecture au Centre de rétention administrative (CRA). Il n'aura pas le temps de faire sortir son enfant, qui sera reconduit à la frontière vers 12 heures. Depuis, Ousseni est à Anjouan, « livré à lui-même » selon son avocate, Me Fatima Ousseni, et « le préfet refuse de le laisser revenir ».

Car les ennuis du garçon ne s'arrêtent pas là. Son père et l'association Cimade ont tenté de le faire revenir. Mais alors que la préfecture a, dans un premier temps, reconnu sa faute dans un courrier et accepté son retour, elle s'est ensuite rétractée, prétextant que l'extrait d'acte de naissance du jeune garçon serait un faux. Une allégation critiquée par l'avocate - elle a stigmatisé à l'audience du 9 mars « la volonté du préfet de tronquer la réalité » et s'est interrogée sur la mise en avant tardive (le 27 février) d'un tel argument - et rejetée par la présidente : « L'état de faux n'est pas avéré », conclut-elle.

Au-delà de cette dernière péripétie, c'est une pratique qualifiée de « récurrente » par les militants associatifs que ce jugement met à mal. En effet, il ressort de la procédure que la PAF a changé l'âge du jeune garçon. Sur son APRF, il est inscrit comme étant né en 1990, et non en 1994, « alors qu'aucune vérification n'a été faite », dénonce Me Ousseni. Rendu majeur par cette falsification, il a ainsi pu être reconduit à la frontière - or selon la législation, un mineur isolé ne peut être refoulé du territoire.

Ce type de pratique n'est pas nouveau, affirment plusieurs associations dont la Cimade, qui intervient au CRA, et le Réseau Education sans frontières de l'île de Mayotte (Resfim). Le proviseur du lycée de Kahani, certains médias et des autorités indépendantes dont la Défenseure des enfants l'ont également dénoncée ces dernières années.

« Jusqu'à quand ? », s'est interrogé Fatima Ousseni lors du procès. « Jusqu'à quand ces pratiques vont-elles être maintenues ? Jusqu'à quand le préfet va-t-il considérer qu'il est au-dessus de la réglementation ? Certes, des chiffres doivent être atteints, mais les chiffres n'ont jamais justifié le déni de la loi. »

RC

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12 mars 2009 4 12 /03 /mars /2009 16:01
 

Paris, jeudi 12 mars 2009 (HZK-Presse) – La Table Ronde organisée par l’Association des Amis de l’Université des Comores et la revue Tarehi le 7 mars 2009 a tenu ses promesses en termes de contenu et de débats. L’objectif de cette Table Ronde organisée par des chercheurs comoriens à la Mairie du 15e arrondissement de Paris n’était pas de faire une contre-conférence ou un pendant à celle organisée un peu avant à Moroni.

Il ne s’agissait pas non plus de faire des propositions au gouvernement actuel. Les organisateurs ont précisé dès le départ et au fil des questions qu’ils ne faisaient que leur travail qui est d’analyser, chercher et éclairer leurs compatriotes sur un texte fondamental qui est la Constitution du 23 décembre 2001, constitution susceptible de modifications dans un proche avenir.

La matinée a été consacrée aux événements qui ont conduit à la mise en place de la Constitution de l’Union des Comores. Mme Kamlati Bacar s’est attachée à retracer l’histoire constitutionnelle des Comores depuis 1975 jusqu’à nos jours. Cette enseignante en Lettres-Histoire a dénombré près de cinq constitutions pendant cette période, ce qui traduit bien l’instabilité institutionnelle du pays.

M. Saïd Abasse Ahamed, doctorant en sciences politiques à l’Université Paris 1, a montré que la crise séparatiste qu’a vécue l’archipel depuis 1997 n’est pas un événement exceptionnel propre aux Comores, mais que d’autres pays, notamment en Afrique, se sont trouvés confrontés à des crises de même type. Partout, une partie de la population considérant, à tort ou à raison, qu’elle est mise à l’écart, demande à pouvoir participer à la gestion des affaires de l’Etat.

Il a noté que l’appel à des instances extérieures est le résultat de l’incapacité de la classe politique comorienne à trouver des solutions pour régler leurs problèmes en interne. Pour le chercheur, spécialiste de la notion de « négociation » qui a enseigné au Congo, la solution trouvée est certes coûteuse mais elle a le mérite d’avoir permis de mettre fin au conflit.

Enfin, pour M. Kamal Saïd, doctorant à l’Université Paris 1, les institutions actuelles doivent être réformées car elles relèvent d’un droit étranger au peuple comorien. Pour ce jeune chercheur, qui a commencé ses études à l’Université des Comores, la Constitution comorienne doit refléter les spécificités de la population.

La première partie de l’après-midi a été consacrée à l’analyse de la Constitution de l’Union. M. Elarif Saïd Hassane, docteur en sciences politiques de l’Université Paris 1 et Conseiller à l’Ambassade des Comores à Paris a décrit avec minutie les institutions actuelles et a qualifié le système actuel de « régime présidentiel avec une séparation rigide du pouvoir ». Il a conclu que dans un tel cas s’il n’y a pas d’entente entre les divers organes, soit l’un domine tous les autres, soit ils se bloquent tous mutuellement.

Moncef Saïd Ibrahim, juriste, s’est attaché à décrire la pratique de cette constitution à travers les décisions ou les non-décisions de la Cour constitutionnelle et l’assistance a pu saisir à travers cette intervention l’impuissance de celle-ci.

L’autre partie de l’après-midi a été consacrée à la possibilité de réformer la Constitution actuelle. Pour M. Kambi Abdellatuf, doctorant en gestion à l’Université Saint-Quentin en Yvelines, les aspects économiques ont trop souvent été oubliés au moment des réformes institutionnelles, alors que souvent ils sont à l’origine des crises. Il faut, selon lui, penser à l’économique quand on veut modifier le caractère de l’Etat.

M. Saïd Mohamed Saïd Hassane, docteur en Droit de l’Université d’Orléans et Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche, a procédé à une analyse détaillée du projet de réforme de la Constitution proposé par le Président Sambi. Pour lui, ce projet modifie la nature du régime politique et la forme de l’Etat. Le régime politique actuel, décrit comme un régime présidentiel, céderait la place à un régime de type parlementaire alors que les îles autonomes passeront du statut d’entités fédérées à celui de collectivités territoriales.

La Table Ronde s’est terminée par la communication de M. Halidi Allaoui, juriste qui s’est interrogé sur la forme d’Etat la mieux adaptée. Halidi Allaoui a fait quelques propositions de réforme, en ayant en tête uniquement le souci de « l’unité réelle et sincère du pays ». Pour cela, il récuse la notion de « citoyenneté de l’île », en affirmant qu’elle est par ailleurs contraire aux dispositions de la Constitution de l’Union et préconise la représentation du pouvoir central dans les îles par les vice-présidents et la délocalisation de leurs ministères.

Il a notamment insisté sur la nécessité d’un pouvoir exécutif fort et solidaire avec la participation des chefs de l’exécutif des entités insulaires. Il a aussi proposé que tous les membres de la Cour constitutionnelle soient des juristes et des diplômés en sciences politiques ayant une certaine expérience et recrutés sur concours, pour favoriser l’indépendance de celle-ci.


Cette Table Ronde a été une réussite, de par la qualité des communications mais aussi par les interventions des personnalités de la diaspora présentes dans l’Assemblée et qui ont enrichi la réflexion par leurs connaissances et leur expérience.

Les organisateurs se sont engagés à publier la somme des interventions dans un numéro spécial de la revue Tarehi qui paraîtra avant la fin de l’année.

Mahmoud Ibrahime (Correspondant à Paris)
120309/mi/hzkpresse/12h00
Article paru également dans Alwatwan n°1273 du 12 mars 2009
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11 mars 2009 3 11 /03 /mars /2009 23:02

Source : Alwatwan.net/11 mars 2009

Briser-le-silence Le vice président de l’Union, Idi Nadhoim, a dénoncé la violence sous toutes ses formes : “les différentes formes d’agressions basées sur le genre sont couvertes de silence. Cette situation dramatique interpelle tout un chacun, famille, communauté, société civile et autorité pour enrayer ce fléau en brisant le tabou culturel et social au bénéfice de la justice”. Célébrer la femme “c’est parler de condition humaine, c’est dénoncer les attitudes et les silences convenus et entretenus pour étouffer une voix, écraser une personnalité et marginaliser une nature”. La célébration de la journée de la femme a été une occasion d’appeler toutes et tous à “Briser le silence” : “C’est le premier pas à faire pour lutter contre les maltraitances faites contre les jeunes filles”.

La journée internationale de la femme a été célébrée lundi 9 mars au foyer des femmes de Moroni en présence de nombreuses femmes. Au cours de la cérémonie des vidéos de témoignage, des sketches, des chansons et des poèmes dénonçant la violence à l’encontre des jeunes filles ont été présentés. Briser le silence est le premier pas à faire pour lutter contre les maltraitances faites contre les jeunes filles, entendait-on dire ici et là. Le thème retenu cette année au niveau international “Femmes et hommes unis pour mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles” est retranscris, au niveau national par le mot d’ordre “Stop aux agressions des mineurs et aux violences faites aux femmes”.
Dans son mot de bienvenue, la directrice à la vice présidence chargée de la santé et de la promotion du genre, Halima Abdoulkarim, a témoigné l’intérêt de la lutte pour l’égalité des sexes et le combat contre la violence perpétrée aux femmes et aux jeunes filles. “Au-delà des actes de violence, la domination d’une personne envers une autre constitue une autre forme de violence”, a-t-elle lancé avant de révéler que les cas enregistrés au tribunal de Moroni pour l’année 2008 dépassaient la centaine et que ce chiffre était en augmentation.

“Trop de crimes impunis”

Zainaba Ibrahim alias Mama Hayria a dénoncé les différentes formes de violences faites aux femmes et aux jeunes filles et a appelé la justice à avoir la main lourde contre les auteurs de ces crimes, pour faire respecter les droits de l’homme, conformément à la déclaration universelle des droits de l’homme.
Dans son message, le représentant résident du système des Nations unies aux Comores, Opia Mensah, a rappelé qu’une campagne a été lancée appelant les peuples et les gouvernements du monde entier à s’unir pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles et que cette campagne se poursuivra jusqu’en 2015, date butoir pour la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement. Le diplomate onusien a parlé de lien entre la violence faite aux femmes et la propagation du Vih/sida : “Dans certains pays, pas moins d’une femme battue sur trois est contrainte à avoir des relations sexuelles ou est victime d’une autre forme de violence à un moment ou à un autre de sa vie”. Opia Mensah déplore que “bien trop souvent, ces crimes demeurent impunis et leurs auteurs libres à un moment où aucun pays, aucune culture ni aucune femme, jeune ou âgée, n’est soit à l’abri de ce fléau”.

“Des étapes ont été franchies, mais...”

Selon lui, à l’échelon local aussi, des hommes enseignent à d’autres hommes qu’il “existe une autre voie et que les ‘vrais hommes’ ne battent pas les femmes”.
Au nom du président de Ngazidja, Ahamada Hamadi, directeur de cabinet, a déclaré que célébrer la femme “c’est parler de condition humaine, c’est dénoncer les attitudes et les silences convenues et entretenues pour étouffer une voix, écraser une personnalité et marginaliser une nature”.
Pour sa part, le vice président de l’Union, Idi Nadhoim, qui parlait au nom de son collègue, Ikililou en charge de la Santé et de la Promotion du genre, a dénoncé la violence sous toutes ses formes, tout en déplorant les actes révélés dans notre pays et perpétrés aux femmes et aux enfants sans distinction de sexe et quelque soient les milieux sociaux : “Les différentes formes d’agressions basées sur le genre sont couvertes de silence. Cette situation dramatique interpelle tout un chacun, famille, communauté, société civile et autorité pour enrayer ce fléau en brisant le tabou culturel et social au bénéfice de la justice”.
Selon le vice président, “certains progrès” ont été enregistrés au cours de ces dernières années à l’issue des efforts déployés dans la lutte contre ce fléau. Parmi eux, figurent la ratification de la convention contre toutes les formes de discrimination à l’endroit des femmes et celle relative aux droits de l’enfant, la mise en place, en partenariat avec l’Unicef, des cellules d’écoute pour les enfants victimes de violence et le code de la famille en vigueur qui vise le respect de la culture et des traditions ainsi que l’équité et la stabilité dans la cellule familiale. “Nous sommes convaincus que des étapes ont été franchies, même si nous savons qu’il reste beaucoup à faire”, a conclut Idi Nadhoim.

Abouhariat Said Abdallah

 

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10 mars 2009 2 10 /03 /mars /2009 23:18

 

Rapport du dialogue inter comorien

 

UNION DES COMORES
Unité – Solidarité – Développement


3 – 7 Mars 2009


REMERCIEMENTS

Au terme du dialogue inter comorien, le Bureau tient à exprimer sa profonde reconnaissance à tous les acteurs : autorités, participants, facilitateurs, personnel technique et de soutien dont la volonté et les efforts ont permis le déroulement des travaux dans une atmosphère de sérénité et d’ouverture.

Au nom de tous les acteurs du Dialogue, le Bureau rend hommage à SEM Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, Président de l’Union des Comores pour avoir pris l’initiative de la tenue de ce forum de cette concertation. Cette étape cruciale de la vie de notre pays a permis aux différentes délégations comoriennes de mettre de côté les querelles partisanes au profit de l’intérêt supérieur de la Nation.

Nous saluons également l’engagement sans faille de la Communauté internationale notamment les Nations Unies, la Ligue des Etats Arabes, l’OIF ainsi que les missions diplomatiques accréditées aux Comores. En effet, la Communauté internationale, sous la coordination de l’UA n’a jamais cessé de s’investir pour accompagner les Comores dans le long processus de réconciliation nationale et d’instauration d’un Etat de droit.

A ce titre, le Bureau adresse ses vifs remerciements à SEM Francisco Madeira, Envoyé Spécial de la commission de l’UA, pour son indéfectible disponibilité, ainsi qu’au PNUD à travers le Représentant Résident, Monsieur OPIA Mensah Kumha pour sa contribution en ressources humaines et financières.

Par ailleurs, le Bureau félicite les bureaux et des membres des différentes commissions pour le travail fourni et les résultats obtenus. Leur engagement justifie la nécessité de la tenue de ce Dialogue qui a pour finalité la mise en place des mécanismes nécessaires à la Bonne Gouvernance.

Partant des TDR de ce Dialogue inter comorien, le Bureau met à la Disposition des Autorités les recommandations issues de ces assises qui sans doute inspireront les Acteurs concernés à consolider la réconciliation nationale et la marche des Comores vers le développement durable.

INTRODUCTION

Les assises du Dialogue inter- comorien se sont tenues du mardi 03mars au samedi 7 mars 09 selon le calendrier suivant :

Dates Activités

Mardi 03 mars Ouverture officielle
Mise en place du Bureau du Dialogue
Début des allocutions des Entités représentées
Mercredi 04 Fin des allocutions des Entités représentées
Exposés thématiques sur la Gouvernance, le fonctionnement des Institutions et sur les textes constitutionnels
Constitution des commissions et mise en place des Bureaux

Jeudi 05 mars Travaux en commissions
Vendredi 06 Poursuite des travaux en commission
Plénière pour la commission gouvernance et fonctionnement des Institutions
Samedi 07 Plénière pour la commission Textes constitutionnels dont l’avant projet proposé par le gouvernement
Clôture des travaux

Rappel des TDR


Ce rapport s’articule autour de quatre parties essentielles :
L’objectif principal du Dialogue inter – comorien est de contribuer à l’amélioration du fonctionnement des Instituions afin de favoriser la paix et le bien être dans le pays.
La méthodologie du travail a consisté à mener un débat franc et ouvert de façon à ce que tout le monde puisse s’exprime. Les résultats obtenus sont des recommandations pratiques et applicables.
Ce rapport s’articule autour de trois parties essentielles

1. Introduction au Dialogue
Ouverture
1.1.1 Discours de SEM Francisco Madeira
1.1.2 Discours de SEM le Président de la République
1.1.3 La mise en place du Bureau du Dialogue
1.2 Les interventions des différentes entités
1.2.1. Les Instituions
1.2.2. Les partis politiques
1.2.3. La Société Civile
1.3. Séminaire
1.3.1. Gouvernance
1.3.2. Fonctionnement des Institutions
1.3.3. Textes constitutionnels


2. Déroulement des travaux en commissions
2.1. Gouvernance
2.2. Fonctionnement des Institutions
2.3. Les textes constitutionnels notamment l’avant projet proposé par le gouvernement

ANNEXES
I. Termes de référence du Dialogue
II. Calendrier de travail
III. Discours d’ouverture
Discours de M. Madeira
Discours de SEM le Président de l’Union
IV. Les interventions des entités
V. Les exposés thématiques
Textes constitutionnels
Gouvernance
Fonctionnement des Institutions
VI. Liste des participants
VII. Liste nominative des commissions


1. Introduction au Dialogue

1.1 Ouverture

1.1.1 Discours de SEM Francisco Madeira

L`ouverture officielle est faite par SEM Francisco Madeira, Envoyé Spécial de la commission de l’UA et le Vice président Idi Nadhoim, représentant le Président de la République, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi.
Monsieur Francisco Madeira a mis en exergue les efforts déployés par la Communauté internationale sous l’égide de l’UA depuis 1997. Ces efforts ont permis, grâce à l’engagement des Comoriens de mettre en place l’Union des Comores, un Etat fédéral respectant les principes fondamentaux de la tournante de la Présidence de l’Union entre les Iles et l’autonomie de celles –ci sur la base des Accords de Fomboni et de Beitisalam.
Monsieur l’Envoyé Spécial a également souligné que ce Dialogue a comme objectif de permettre aux comoriens de chercher des solutions définitives aux problèmes récurrents de compétences en apportant les arrangements et les réajustements nécessaires, en vue de rendre effectif le fonctionnement des institutions. Enfin, il exhorte les participants à dépoussiérer la constitution et lever tous les blocages de gouvernance.

1.1.2 Discours de SEM le Président de la République

Le vice président Idi a lu les message de SEM Mohamed Abdallah Sambi, Président de l’Union des Comores. Rappelant les engagements pris par au sommet de l’UA à Addis Abbeba ainsi que devant la 63 eme session de l’Assemblée Générale de l’ONU, SEM Mohamed Abdallah Sambi, Président de l’Union des Comores a réaffirmé son attachement à la tenue de du Dialogue inter comorien et s’est félicite enfin que ces assises aient lieu.
Evoquant l’avant projet de loi référendaire portant révision de la Constitution de l’Union des Comores du 23 décembre 2001, proposé par le gouvernement, il a tenu à assurer les participants au Dialogue de la haute importance que lui même et son gouvernement accordent aux propositions et recommandations de ces assises.
Et pour terminer, il a invité tous ceux et touts celles qui participent au Dialogue de joindre leurs efforts et ceux du gouvernement afin de mener à bien les réformes institutionnelles dont le pays a besoin.
L`envoyé spécial de l`Union africaine et le Président de l’Union des Comores se félicitent de la tenue de ces assises et souhaitent plein succès á ce moment historique pour notre pays.

1.1.3. La mise en place du Bureau du Dialogue
Le Bureau du Dialogue inter comorien est composé de 9 personnes :

Postes Noms et Prénoms Entité représentée


Président M. Abdallah Halifa Président de l’Union
Vice Président M. Oukacha Gouvernement de l’Union
Vice Président M. Député Souef Assemblée de l’Union
Vice Président M. Ministre Kamarizamane Gouvernement de Ngazidja
Vice Président M. Ancien Ministre Biarithi Gouvernement de Moili
Vice Président Chamsindine Youssouf Gouvernement de Ndzouani
Rapporteur Général Mme Amina CHEIKH Société Civile
Rapporteur Assistant M. Djaé Ahamada Partis mouvance Sambi
Rapporteur Assistant M. Ali Mohamed Abdallah Partis Opposition

1.2 Les interventions des différentes entités


1.2.1 Les Instituions
1. Gouvernement de l’Union : Directeur de cabinet de la Présidence de l’Union, Ministre de la Défense, M. Mohamed Dossar
2. Assemblée de l’Union : député Souef,
3. Gouvernement de Ndzouani : Mohamed Said, ministre de l’intérieur ,
4. Gouvernement de l’Ile Autonome de Ngazidja : Saïd Ahmed Saïd Toihir
5. Gouvernement de Ile Autonome de Moili : Mohamed Djabir

1.2.2. Les partis politiques
1. Partis mouvance : Djaé Ahamada,
2. Opposition Nationale : Houmadi Msaidié
3. Opposition Anjouan : M. Mahamoud Boina
4. Front Démocratique : le S.G du FD, M. Mohamed Ismaël
5. Forces vives et gouvernement de Moili : M. Hamada Madi Boléro,
1.2.3. La Société Civile
1. FECOSC : M. Salim Soulaimana
2. Diaspora : Farid Soilihi
1.2.4. Autre : M. le Député Sidi,

Toutes les interventions ont souligné le dysfonctionnement des institutions. Mais aussi le nécessité de réviser la loi fondamentale du 23 décembre 2001. La non application des lois, l`absence de dialogue et le climat de méfiance, conduisent nos institutions vers un conflit permanent et stérile, engendrant ainsi une instabilité politique.
C`est pour quoi ce dialogue est perçu par tous comme moment historique pour la stabilité politique et l`unité nationale de notre pays. On soulignera aussi que les intervenants se sont prononcés pour le strict respect de la présidence tournante et de l`autonomie des îles. La gouvernance, le fonctionnement des institutions et les textes constitutionnels sont les trois thèmes qui ont dominé le contenu des différentes déclarations. Ce sont tous des instruments incontournables pour un développement durable.
Les communications des uns et des autres seront annexées au rapport final de ces assises. A la suite des différentes interventions, il en ressort ce qui suit :

1.3 Séminaire


Après un bref rappel des thèmes de l`ordre du jour, l`expert de l`Union africaine, le Nigérien Alhada Alkache, passe la parole aux experts. Les experts nationaux et internationaux, ont procédé á un exposé introductif afin de familiariser les participants avec les thèmes retenus et susciter les échanges.

Thèmes Intervenants
Textes constitutionnels Samia Abdoulmadjid
Abdoul Kader Ahmed
Gouvernance Maoulida Djoubeire
Patrick Gavigan
Fonctionnement des Institutions Aboubacar Said Salim
Damir Ben Ali
Alhada Alkache

Points forts

La bonne gouvernance constitue le défi du développement ;
La gouvernance politique englobe la gouvernance économique et sociale, contribue au bon fonctionnement des Institutions, à la gestion des conflits, à la stabilité politique. Elle est la base des règles de Droits et de la sécurisation des transactions ;
Le bon fonctionnement des Institutions est soumis à la dépersonnalisation des acteurs politiques et aux mutations des habitudes coutumières et traditionnelles ;


Problématique

1. Textes constitutionnels

- Quelles modalités de révision adopter ou adapter ?
- Faut - il vraiment modifier et que faut - il modifier ?
- Pourquoi modifier et à quel moment ?
- Quelles sont les sources de financement des Iles ?

2. Gouvernance

- Comment identifier et susciter les actions et les acteurs de la bonne gouvernance ?
- Comment restaurer la confiance entre les politiques, les citoyens et les Pouvoirs ?
- Quelles sont les repères pour l’application e la Constitution de 2001 ;

3. Fonctionnement des Institutions


- Comment consacrer le réseau de normes et de règles juridiques dans les partages des compétences entre l’Union et les Iles, le partage des ressources financières et dans l’application des lois organiques ;
- Quelle place donner aux pratiques coutumières dans la gestion des recrutements administratifs, politiques, dans la lutte contre la corruption et dans la viabilité des partis politiques ?
- Quel mécanisme de concertation établir entre les différents paliers des acteurs politiques et sociaux ?

3. Déroulement des travaux en commissions

Trois commissions ont été mises en place dont les membres de bureau sont les suivants :

Commission Président Secrétaire Rapporteur
Gouvernance Nourdine Attoumane Ladhibati Kambi Said Ahmed Said Toihir
Fonctionnement des Institutions Ahmed Abdérémane
Youssouf Ali Mchangama Mohamed Boina
Textes constitutionnels dont l’avant projet proposé par le gouvernement. Dr. Mouhtar Ahmed Charif Dr. Mouhtar Ahmed Charif M. Kamariddine Abdou
Mr. Abdou Djabir

3.1 Gouvernance

3.1.1 Gouvernance institutionnelle

3.1.2 Gouvernance Sociale

Situation Recommandations

Schéma institutionnel incomplet Création de : cour des comptes, conseil supérieur de la magistrature, cour suprême, haute cour de la justice, conseil économique et social (redéploiement des agents)
Absence d’un texte régissant nombre, traitement des membres et fonctionnement des superstructures Elaboration d’une loi qui fixe le nombre, salaire, et indemnités des superstructures
Inexistence d’une structure de médiation et de dialogue entre les institutions Création d’un organe permanent indépendant pour servir de médiateur de la République « Haute autorité de médiation » (prévoir un détachement de fonctionnaires)
Inexistence d’un organe de contrôle de la bonne gouvernance Création d’un observatoire de la bonne gouvernance(ONG)
Pléthore des superstructures Réduction du nombre des ministres, des conseillers (pdce et ministère) et du personnel des ambassades et des consulats
Manque de précision sur les compétences partagées Précision claire dans un texte de loi des compétences, attributions et prérogatives respectives de l’Union et des Iles

n° Situation Recommandation

Multiplication des conflits sociaux Création d’un partenariat social entre les syndicats, les opérateurs économiques et le es gouvernements en renforçant le dialogue social (tripartite)
Irrégularité des salaires
Evolution des carrières
Sécurisation et régularisation mensuelle des salaires
dégeler les titularisations et les avancements
Faible représentation des femmes dans les centres de décision Respect de l’équité de genre
dans les instances de décision

3.1.3. gouvernance financière / économique

N° SITUTION RECOMMENDATION
Absence d’orthodoxie dans l’exécution du budget,
et non-respect des règles et procédures, Application de la loi et
des mécanismes en vigueur
Absence de transparence dans la gestion des fonds
Publics
Création de la cour des comptes ;
Renforcement des mécanismes
De contrôle de l’Assemblée ; arrêt
Des prélèvements à la source ;
Publication des comptes publics
Budgétiser les dons et les aides
Respect des procédures des marchés publics notamment les appel d’offres
Absence de contrôle sur l’exercice des professions libérales Elaboration d’un texte te juridique en la matière
Non respect des mécanismes de partage des recettes Respect du mécanisme de partage des recettes conformément aux textes en vigueur
Inexistence d’un plan de développement économique
Cohérent Mise à jour du document (DSCRP)
Corruption et détournement des deniers publics Auditer les sociétés d’Etat et les administrations financières et publiques par des organismes agrées ;
poursuivre les auteurs,
récupérer les biens, et moraliser la gestion des affaires
Absence d’une fiscalité adaptée Elaboration d’une nouvelle politique
Fiscale ambitieuse, adaptée, et de contrôle
Multiplication des caisses de perception dans tous
Les départements Centralisation des recettes au Trésor public
Disfonctionnement des conseils d’administration
Dans les sociétés d’Etat La mie en place et le renouvellement regulier
Des conseils d’Administration

3.1.4 Gouvernance administrative

N° SITUATION RECOMMANDATIONS
Incohérence entre le schéma institutionnel et la fonction publique Harmonisation de la FOP avec le schéma institutionnel (suppression de la DG FOP)
Existence de doublons entre l’Union et les îles Maitriser le circuit de recrutement en créant un fichier unique qui centralise les informations
Problème de capacités des ressources humaines, et d’absence de civisme, et de moralité Respect du profil, du mécanisme de recrutement (concours supervisé par la HAFOP) ; élaboration d’un cadre organique fiable ; enquête de moralité avant tout recrutement ; renforcement des capacités des agents publics par la formation continue
Non-respect des heures normales de travail Exiger le respect des heures de travail
Non-respect du principe de la hiérarchie Respect des mécanismes de sanctions des agents
Absence d’information et de communication intra- et inter-institutions Favoriser la publication et la large diffusion des informations
Problème de collecte des données et des informations Mise en place de la gouvernance électronique

3.1.5 Gouvernance démocratique, judiciaire et juridique

N° SITUATION RECOMMANDATION
Appareil judiciaire et juridique incomplet Création de la cour suprême, et la doter
D’un personnel adéquat ; renforcer les capacités
insuffisance des magistrats existants encourager la formation de nouveaux magistrats
Impunité des hautes personnalités Mise en place de la haute cour de justice
Non respect de la loi sur l’organisation de la Justice Application ou révision de la loi portant réorganisation
de la justice
Impunité des magistrats Mise en place du conseil supérieur de la magistrature
Multiplication des pseudo-partis Réglementer la création des partis politiques
Election municipale Conseils municipales supervisé par
Les autorités de l’île
Absence des assemblées (en fin de mandat) Procéder rapidement aux élections des assemblées des îles et de l’Union

3.1. Fonctionnement des Institutions
Rapport de la commission: Fonctionnement des Institutions

N SITUATION RECOMMANDATION ORGANE DE MISE EN OEUVRE TEMPS DE MISE EN OEUVRE OBSERVATION

SUR LE PLAN POLITIQUE ET ADMINISTRATIF

1 Manque de dialogue et de communication entre les institutions du centre et de la périphérie 1. Mise en place d`un organe de suivi de dialogue entre les institutions
2. Etablir dans l agenda du Président de la république un cadre officiel de rencontre avec les chefs des différentes institutions
Forum National Pour le Dialogue Politique et Social
(F.N.P.D.P.S ) - Définition des missions,
- Critères de désignation
- Et le format de ce forum S`inspirer des textes régissant le CNDP du Niger (voir M. ALCACHE)
2 La notion de civisme et de patriotisme n est pas considérée 1. Trouver des moyens éducatifs pour le renforcement du patriotisme et du civisme chez les comoriens Ministère de l`éducation nationale Rentrée scolaire 2010-2011 Confection d` un manuel d`éducation citoyenne spécifique aux Comores
3 Manque de précision des missions des institutions 1. préciser les missions des institutions existantes Organes législatifs A court terme Fixer une fois pour toute le nombre de ministères, la nomenclature de certains ministères clefs
4 Abus de pouvoir et d autorité 1. Sanctions par un tribunal compétent Conseil Supérieur de la Fonction Publique ou Commission Administrative Paritaire Déjà opérationnel Envisager la création d`une médiation nationale
5 Inapplication des textes de loi 1. Faire appliquer les lois existantes Les pouvoirs exécutifs Le plus tôt possible Lutter contre l`impunité
6 Absence d`une compréhension commune des objectifs et des limites de la décentralisation comme facteur de développement 1. Appropriation de cette nouvelle stratégie de développement Les organes exécutifs et délibératifs du centre et de la périphérie Le plus tôt possible
7 Partage de competence 1. Application des textes sur le partage de compétence Les organes exécutifs en concertation avec le Forum National Pour le Dialogue Politique et Social, si nécessaire
progressivement

N SITUATION RECOMMANDATION ORGANE DE MISE EN OEUVRE TEMPS DE MISE EN OEUVRE OBSERVATION

8 Gestion des ressources financières et humaines au niveau de la FOP 1- Application de la loi n◦ 05-001 ? /AU fixant quote-part des recettes publiques a partager entre le centre et la périphérie
2- harmonisation de la fonction publique afin de faciliter le redéploiement des ressources humaines et la gestion de carrière des fonctionnaires de l`Etat
3- méritocratie
4- Application des A.P.Ps résultant des séminaires organisés par PNUD
5- relancer les emplois du secteur privé et organiser les municipalités afin de redéployer le surplus des fonctionnaires et alléger la masse salariale de la FOP
6- création d`un environnement économique qui profite au développement du pays
7- la formation professionnelle appropriée Les exécutifs du centre et de la périphérie A court terme
9 La sécurité intérieure et la défense 1- Reformuler la loi de façon a avoir une armée, une et indivisible pour le pays Les organes exécutifs et délibératifs du centre et de la périphérie A court terme
10 Rapport entre pouvoir exécutif et législatif 1- Application de la loi sur l`autonomie administrative et financière des assemblées de l`union et des îles Exécutif de l`union A très court terme L`AUC doit créer les conditions requises pour une application de certaines clauses de ladite loi

SUR LE PLAN SOCIO-CULTUREL

11 Confusion du pouvoir avec son détenteur institutionnel
1- Les lois écrites doivent être appliquées Différentes institutions concernées A court terme
12 Irresponsabilité des agents de la fonction publique et laxisme 1- Recrutement des fonctionnaires de la fonction publique conformément a la loi Ministère de la FOP A court terme
13 Gabegie financière de l`état 1- Respect des normes comptable de l`Etat et sanctions pénales en cas d`abus La cour des comptes et les autorités judiciaires compétentes Apres création de cour des comptes
14 Ignorance des lois des institutions de l`Etat 1- Vulgarisation , large diffusion a travers les medias et presses publics et privés et traduction en SHIKOMORI de ces lois, Ministère de l`information A court terme
15 Népotisme, abus de pouvoir, et clientélisme politique 1- des lois sévères doivent sanctionner ces attitudes comme étant des délits La justice A court terme
16 Développement des partis régionalistes au détriment des partis politiques nationaux 1- fixation des critères et définitions des missions et rôles des partis politiques a l`échelle nationale
Gouvernement de l`Union Court terme

Les recommandations formulées lors de la restitution plénière du 6/03/09 à 17 heures
- Pour des raisons de précision remplacer les termes « périphérie » par « île autonome » et « centre » par « Union des Comores »
- Créer les conditions pratiques qui permettront aux ministres des îles autonomes et ceux des ministres de l’Union des Comores de même département ministériel d’harmoniser et affiner en commun leur décision.
- Le problème du quote-part doit être également soulevé, et examiner de façon à avoir des suggestions pratiques.


3.3. Les textes constitutionnels notamment l’avant projet proposé par le gouvernement

Commission n°3 : les textes constitutionnels

Mandat de la commission

Contribuer à l’amélioration et à l’harmonisation du fonctionnement des institutions en identifiant les points précis des faiblesses et obstacles et en formulant des solutions

La commission a procédé à la désignation, de son bureau par consensus composé ainsi qu’il suit : président : docteur Moukhtare Ahmed Charif mouvance; VP : Ali Hassanaly opposition ; Rapporteurs : Kamariddine Abdou (mouvance )et Abdou Djabir (Opposition nationale).
Apres la mise en place du bureau il a été demandé au gouvernement de faire un exposé de l’avant projet de révision ; présentation faite par Mr Nidhoiml Attoumane

Deux points ont été retenus comme canevas de travail à savoir :
Débat général sur les textes constitutionnels et examen de l’avant projet de révision.
A la suite du débat général il a été rappelé le contexte historique d’élaboration et d’adoption de la constitution de 2001 ainsi que ses forces et faiblesses.

En ce qui concerne les forces, il a notamment été relevé que la constitution de 2001 a contribué à la stabilité et la cohésion nationale. Elle apparaît comme un pacte entre les Comoriens et leur a permis de sortir d’une double crise institutionnelle et séparatiste.

En ce qui concerne les faiblesses. Il a été constaté que la constitution a engendré des dysfonctionnements liés aux conflits de compétences, la multiplicité des organes, la multiplication des échéances électorales, le non-parachèvement des institutions, les difficultés d’applications des textes notamment les lois organiques et le coût élevé des dépenses de fonctionnent des institutions
Selon le représentant de l’opposition de Ndzouani, l’idée de base, était de l’expérimenter puis de l’évaluer et y apporter les aménagements nécessaires après que toutes les Iles aient dirigé le pays sous le régime de ce texte. Pour le représentant du gouvernement cette affirmation’ ne figure dans aucun document juridique.

Suite aux échanges entre les membres de la commission, il s’est dégagé un consensus sur :
La nécessité et le principe de réviser la constitution de 2001 et réformer les institutions. Néanmoins pour les uns il s’agit de le faire tout de suite et pour les autres après 2014.

S’agissant de l’examen de l’avant projet la question s’est posé de savoir s’il fallait examiner le projet article par article ou procéder à l’examen des points essentiels. La deuxième méthode a été retenue consistant à débattre sur deux points relatifs à la question de la tournante et l’autonomie des Iles. En ce qui concerne la tournante :

Les débats ont porté sur l’article 8, 17 du projet de révision et 37 de la constitution en vigueur. Pour le gouvernement il s’agit d’harmoniser les échéances électorales y compris présidentielles entraînant ainsi une prolongation du mandat présidentiel d’une année. Si l’idée d’harmonisation des mandats et du regroupement des élections est acceptée par tous, des divergences sont apparues quant à la méthode et au calendrier.
Les discussions qui s’en sont suivies révèlent des divergences d’opinions qui n’ont pas permis d’aboutir à un consensus.
Pour les uns, aucune prolongation après 2010 n’est acceptable /pour les raisons suivantes :
- remise en cause de la tournante
- le principe notamment celui de la non rétroactivité de la loi;
- oui pour une harmonisation en 2014 en vertu du respect de la tournante

Pour les autres, oui pour l’harmonisation en 2011 dans le respect de la tournante tout en faisant remarquer que s’il est vrai que le principe de non-rétroactivité de la loi est admis, il y’a lieu d’indiquer également qu’à moins que la loi n’en dispose autrement.

Par rapport au problème d’harmonisation des élections, la société civile a préconisé un schéma d’harmonisation approuvé par les partis d’opposition, le gouvernement de Ngazidja, l’Assemblée de l’Union, à savoir : Organisation en 2010 de l’élection du président de l’Union issu de Mohéli, mettre en place à Ngazidja et à Mohéli après 2012 des pouvoirs de transition jusqu’en 2014, et le même pouvoir de transition à Anjouan après 2013.

Cependant, le gouvernement de l’Union, le gouvernement de l’île d’Anjouan et la mouvance présidentielle ont émis des réserves quant à la représentativité de la délégation de l’Assemblée de l’Union.

En ce qui concerne l’harmonisation des élections législatives en 2009 un consensus s’est dégagé

En l’absence de consensus les représentants du gouvernement ont pris acte et se sont engagés à transmettre fidèlement toutes les propositions formulées en indiquant nommément la position des différentes entités. Ainsi des documents de propositions ont été remis au présidium et seront annexés au rapport de la commission.

En ce qui concerne l’autonomie, des propositions écrites ont été remises au présidium et seront annexées au rapport.

S’agissant du retrait de la délégation de Mohéli il a été demandé à cette délégation qui l’a accepté de transmettre à la commission une déclaration écrite expliquant les raisons de son retrait des travaux du dialogue.
A la suite de la médiation de la communauté internationale et du président du dialogue , la délégation de Mohéli a accepté de réintégrer le dialogue mais en participant seulement en plénière tout en acceptant que le rapporteur Abdou Djabir reprenne sa place au sein de la commission.


Conclusion


Le Dialogue inter comorien fut un rendez-vous citoyen pour les différents interlocuteurs qu’il est désormais nécessaire de prendre en compte dans la problématique de gestion de crise.
Il est important de noter le rôle joué par la coopération internationale dans la réussite de ce dialogue.

Les rapports des commissions ont été présentés en plénière et enrichis par un débat profond, parfois contradictoire mais constructif. Il en ressort notamment:

Gouvernance : Non-application des lois, manque de transparence et surdimentions des missions diplomatiques ;
Absence de réceptivité : modalités de révision de la Constitution, climat de méfiance qui nuit aux relations entre les différentes instituions ;
Manque de stabilité : conflit de compétence, cadre institutionnel budgétivore et non efficient, exacerbation du chauvinisme ;
Objectifs de développement : crise mondiale, PPTE, aggravation de la masse salariale ;
Deux positions sur la nécessité de réviser la Constitution et sur la prolongation du mandat du Président de l’Union et le raccourcissement de celui des Présidents des Iles.
La question de Mayotte épine dans la stabilité nationale : renforcement des initiatives internationales par plus d’engagement des autorités nationales et des citoyens
L`objectif du Dialogue est atteint. Les travaux vont certainement contribuer á l`amélioration et á l`harmonisation du fonctionnement des institutions. Et surtout que des recommandations capitales ont été avancées.
Conformément aux termes de références du Dialogue inter comorien, ce rapport se veut être une contribution à l’harmonisation du fonctionnement des Institutions en identifiant les points précis de faiblesse et d’obstacle à la mise en œuvre de la bonne gouvernance et en formulant des solutions et des modalités pratiques.
La prise en compte du processus de Réconciliation Nationale favorisera sans aucun doute la mise en œuvre des recommandations.
Faut – il rappeler pour terminer l’interdépendance entre les objectifs de paix, de développement et l’existence d’un Etat de droit ?

 

 

 

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9 mars 2009 1 09 /03 /mars /2009 11:06

Vous trouverez ci-dessous une contribution d' Abdallah Mohamed (Photo, archives HALIDI-BLOG-COMORES), un des architectes de l'actuel système institutionnel des Comores, aux travaux de la conférence inter comorienne tenue à Moroni du 03 au 06 mars 2009. Bien évidemment il défend avec fougue "son bébé constitutionnel"et reste fidèle à ses convictions.
Comme on dit chez nous "mtru ka dza Mwana a rudi à mulatsa" (on ne met pas au monde un bébé pour le jeter)

HALIDI-BLOG-COMORES

 

 

 

 

 

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UNE REVISION DE LA CONSTITUTION DU 23 DECEMBRE 2001, EST- ELLE OPPORTUNE ?



On ne peut apprécier valablement l’opportunité ou l’inopportunité de la révision de la Constitution du 23 déc 2001 qu’à la lumière du contexte politique qui a prévalu dans le pays et qui a conduit à son adoption.


1 – LE CERCLE VICIEUX

Pendant des décennies, les Comores ont souffert de nombreux maux qui menaçaient, en permanence la cohésion nationale et entravaient, sérieusement, tout effort de développement. Cependant, les diagnostics établis par les gouvernants successifs, bien qu’expéditifs étaient véridiques, aboutissant toujours à une inadaptation des institutions, sans jamais relever une quelconque faute des hommes.


C’est ainsi que le pays se vit doté d’une nouvelle constitution en moyenne tous les quatre ans, sans que ces changements des textes fondamentaux apportent les solutions attendues.


En fait, il est apparu que chaque nouvelle constitution était taillée sur mesure, plus pour servir les intérêts du Président en place que pour répondre aux besoins réels de la nation. Il n’en demeure pas moins que cette valse s’est poursuivie pendant des décennies sans que rien ni personne ne parvienne à y mettre un terme.


Résignés, les comoriens se sont, peu à peu, désintéressés de la politique, l’abandonnant aux mains de politiciens peu scrupuleux qui la percevaient plus comme un moyen de s’enrichir que comme un outil de transformation de la société. Lentement mais sûrement, une crise de confiance s’instaura entre gouvernants et gouvernés. Les revendications insulaires se firent de plus en plus pressantes.


Cette crise s’aggrava au point que toute initiative prise par les premiers était suspectée de partial ou de favoritiste ou contestée par les seconds dans une sorte de boycott déguisé de l’action gouvernementale.


Le paradoxe est que les politiciens de tous bords ne semblaient pas prendre conscience de la gravité de la situation. Ils continuaient leur mascarade en s’amusant à dénoncer, sournoisement, la mauvaise gouvernance quand ils se trouvaient dans l’Opposition et à s’y appuyer comme système de gouvernement une fois au Pouvoir. Se méprenant sur le silence fataliste de la population, ils semblaient considérer que celle-ci s’y accommodait et, ne se rendaient toujours pas compte que le pays était au bord de l’implosion.


En effet, une bonne partie de la population des trois îles ne comprenait pas que, par le passé, le pays ait lutté, avec conviction, pour accéder à l’indépendance et qu’une fois celle-ci acquise, l’ordre fasse place au désordre, le pillage de l’Etat et les passes droits gagnent droit de cité, au grand bonheur des politiciens locaux.

Les anjouanais, eux, décidèrent d’exprimer, par des actes, leur réprobation. Ils refusèrent de continuer de lier leur destin à celui d’un pays qui allait, manifestement, à la dérive et proclamèrent l’indépendance de leur île en août 1997. Ainsi est née la crise séparatiste anjouanaise.


2 –DU SEPARATISME AU PACTE

De toutes les crises politiques que le pays a traversées, la crise séparatiste anjouanaise est, de loin, la plus profonde par son ampleur mais aussi par ses conséquences prévisibles tant pour le pays lui-même que pour toute la région. C’est pourquoi, les autorités comoriennes ont sollicité l’aide de la communauté internationale pour son règlement.

Dans un climat politique très acerbe, face à des anjouanais intransigeants et très déterminés, le dialogue inter-comorien n’a pu être amorcé que grâce à la pression de la communauté internationale très impliquée dans la recherche d’une solution qui préserve l’unité nationale et l’intégrité territoriale du pays.

C’est au terme d’un marathon diplomatique très onéreux, marqué par deux grandes conférences à Addis Abeba et à Antananarivo, plusieurs rencontres des parties comoriennes encore à Addis Abeba, Pretoria, et Fomboni, sans parler des nombreux déplacements de délégations de la communauté internationale aux Comores que les anjouanais ont, peu à peu infléchi leur position. Ils ont alors soumis des propositions allant dans le sens d’une réorganisation plus équitable du système politique du pays qui tienne, largement, compte de sa spécificité insulaire. Ces propositions se résument en deux points précis, à savoir :

  • une présidence tournante entre les îles ;

  • un partage du Pouvoir entre l’Etat et les îles ;

Elles reçurent l’adhésion des autres parties comoriennes ; d’où la signature de l’Accord-cadre de Fomboni du 17 février 2001.

Ce document paraphé par toutes les parties comoriennes ainsi que par l’Union africaine et l’Organisation Internationale de la francophonie, agissant es qualité de représentants de la communauté internationale et de garants de l’Accord-cadre, a effectivement institué un partage du pouvoir entre l’Etat et les îles dans le cadre d’une décentralisation accordant une large autonomie à ces dernières. Quant à la Présidence tournante, il fût convenu de l’inscrire directement dans la nouvelle Constitution qui allait être rédigée en conséquence.

Tant le contexte de son élaboration que les aspects consensuels et solennels de son contenu et des termes employés, font de l’Accord-cadre de Fomboni du 17 fév 2001, un véritable PACTE scellé entre les comoriens pour assurer la stabilité politique du pays et renforcer la cohésion nationale. Ce PACTE s’étend, logiquement, à la Constitution du 23 déc 2001 dont la rédaction a été largement inspirée par ledit Accord.


3– LE NOUVEAU DEPART : POSITIVER L’INSULARITE

La Constitution du 23 déc 2001consacre, comme convenu, le partage du pouvoir entre l’Union et les îles (préambule et art. 11) et la présidence tournante entre les îles (art. 13). Cette solution consensuelle crée, désormais un cadre nouveau mieux adapté à l’insularité du pays et propice à une participation effective de tous les comoriens, quelle que soit l’île d’origine, à l’effort collectif de son développement.

En effet, la présidence tournante assure la stabilité des institutions en ce sens que :

  • Elle met fin aux coups d’Etat à répétition grâce à la promotion d’une culture démocratique dans le renouvellement des institutions et du fait que les îles s’ érigent, spontanément, en gardiens des institutions parce qu’elles y trouvent leur compte ;

  • Elle renforce la cohésion nationale par une égalité de chance effective de tous les comoriens à accéder à la magistrature suprême du pays ;

  • Elle encourage une compétition entre les îles pour toujours mieux gérer les affaires du pays.

Avec le partage du pouvoir entre l’Union et les îles, l’insularité cesse d’être un handicap pour devenir un atout pour le développement du pays.

  • Le partage du pouvoir limite l’exode des îles vers Moroni ;

  • Il décongestionne l’administration centrale en incitant les cadres à se déployer dans les îles ;

  • Les îles deviennent des acteurs à part entière, du développement du pays.

En résumé, à la différence des Constitutions antérieures, systématiquement taillées sur mesure au profit des présidents en place, celle du 23 déc 2001 est une œuvre consensuelle et collective de tous les comoriens. Elle fait un véritable « management » de l’insularité que le pays n’a pas su gérer avec toute l’attention requise, par le passé.

La Constitution du 23 déc 2001 apporte ainsi des remèdes à de nombreux maux qui gangrénaient le pays depuis des décennies, lesquels maux monopolisaient l’attention des gouvernants et les empêchaient de s’atteler aux tâches réellement utiles au développement du pays.

La Constitution du 23 déc 2001 est conçue pour préparer le pays à relever, dans le long terme, un défi plus ambitieux : celui du développement dans un environnement insulaire. A cette fin, plusieurs phases sont au programme. On en est encore à la première. Dans celle-ci, il est nécessaire que chaque île puisse diriger le pays sous le régime de cette Constitution, dans le respect de la tournante. Comme l’a fait l’île de la Grande comore avant l’île d’Anjouan, celle-ci doit donc assurer la présidence pendant quatre ans puis la céder à l’île sœur de Moheli en 2010 pour quatre ans. Cela facilitera autant l’évaluation prévue en 2014. Il s’agit de veiller à l’équilibre entre les îles dans l’esprit du PACTE. Du succès de cette première phase dépend la suite du programme.

Il est vrai, on le dit, que la politique n’est pas une science exacte… Mais seulement quand elle est politicienne ; pas quand elle est au service d’un idéal comme le notre. Dans le cas d’espèce, une révision constitutionnelle ne peut pas être improvisée. Le Président de l’Union doit avoir de bonnes raisons pour vouloir changer la Constitution du 23 déc 2001 et ce sont ces raisons que nous sommes en droit de connaître.

En tout état de cause, et pour les raisons que nous venons de montrer une révision de cette Constitution, maintenant, ne nous semble pas opportune.


4– L’INOPPORTUNITE DE LA REVISION CONSTITUTIONNELLE ENVISAGEE

Il résulte de tout ce qui précède que la Constitution du 23 oct 2001 a beaucoup apporté au pays. La stabilité des institutions et la cohésion nationale apparentes sont encore fragiles, leur pérennisation interpelle tous les comoriens. Cela signifie que le dialogue et la concertation doivent prévaloir en ce moment où chaque comorien devrait faire des sacrifices encore plus grandes, dans un élan patriotique.

Nous rappelons que, outre les mécanismes prévus pour le règlement des conflits entre les institutions, cette Constitution renvoie à des lois organiques la solution à un certain nombre de questions importantes. On ne peut donc pas justifier son abandon brutal sans même l’avoir évaluée, sous le faux prétexte qu’elle paralyse l’action gouvernementale, pour adopter une autre imposée, de surcroit, par un Président en fonction. On ne peut pas comprendre, non plus que le Président de l’Union demande aux comoriens d’approuver un projet dont le contenu parait dangereux politiquement et anticonstitutionnel, juridiquement.

Sur le plan politique, l’avant projet est dangereux :

  • Ce n’est une correction des dysfonctionnements mais plutôt un rejet pur et simple de l’expérience en cours ;

  • Il signifie la rupture du PACTE en ce sens qu’elle porte atteinte à des points fondamentaux de la réconciliation nationale ;

  • Il force le pays à renouer avec les vieux démons des constitutions taillés sur mesure pour servir des intérêts des présidents en place ;

  • Il expose le pays aux risques de voir ressusciter des maux que la Constitution du 23 déc 2001 avait réussi à remédier.

Sur le plan juridique, il est inconstitutionnel et, son maintien risque de placer son auteur au dessus des lois du pays :

  • Il est en violation flagrante avec l’article 37 de la Constitution en vigueur. En effet, bien que l’art. 37, alinéa 2 de la Constitution stipule qu’  « aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte (…) à l’autonomie des îles », l’avant projet (art. 5) s’est permis de retirer aux îles toutes les compétences qui leur sont dévolues par la Constitution en vigueur pour les remettre à l’Union et de ce fait, il porte atteinte à l’autonomie des îles.

  • Il viole aussi l’article 13 de la Constitution en vigueur en ce sens qu’il est une voie détournée dont la finalité est d’entraver la tournante en permettant au Président actuel de se maintenir indéfiniment au Pouvoir. En effet, la combinaison des art. 7, 8,17 et 18 de l’avant projet fait apparaître que le mandat du Président de l’Union passe de 4 à 5 ans mais que celui-ci ne quittera ses fonctions qu’en même temps que les présidents des îles. Comme le mandat du Président de l’île d’Anjouan arrive à terme seulement en 2013, c’est à cette date que tous les exécutifs, y compris celui de l’Union, seront renouvelés, du moins en théorie. Or comme le calendrier des élections est proposé par l’exécutif de l’Union et soumis au vote de l’assemblée de l’Union, on peut penser qu’avec le jeu de la dissolution et les grandes possibilités du président de l’Union d’avoir une majorité au sein de la nouvelle assemblée élue, l’examen de ce calendrier risque d’être retardé indéfiniment. La première phrase de l’art. 17 de l’avant projet conforte cette hypothèse.

  • l’avant projet manque d’objectivité. La première phrase de l’art. 17 ainsi libellée : « la présente loi s’applique au Président de l’Union actuellement en fonction… » rend le contenu de l’avant projet subjectif et suspect car le président de l’Union n’a pas fait preuve d’humilité ni d’abnégation. On peut penser qu’il n’a initié la révision que pour en profiter personnellement et que dans le cas contraire il ne l’aurait peut-être jamais fait.

Chef de la Délégation d’Anjouan
ABDALLAH MOHAMED

        Mars 2009

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