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  • : HALIDI-BLOG-COMORES, Blog des COMORES
  • : BLOG DES COMORES GERE DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013 PAR MARIAMA HALIDI
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A SAVOIR

QU'EST CE QUE LA LANGUE COMORIENNE ?

Pour répondre à cette question pertinente, nous vous proposons ci- dessous l'interview du grand linguiste et spécialiste de la langue comorienne, Mohamed-Ahmed Chamanga

 

 
INTERVIEW DE CHAMANGA PAR RFO EN 2004
 
 
 Le comorien est une langue composée de mots africains, de mots arabes voire parfois de mots portugais et anglais. D'où vient la langue comorienne ?

M.A.C : Le fonds lexical de la langue comorienne est essentiellement « africain » comme vous le dites, et plus précisément bantu. Les emprunts au portugais ou à l'anglais sont relativement faibles. Par contre, l'apport arabe est très important. Cela s'explique par la très forte islamisation des Comores, depuis la Grande Comore(Ngazidja) jusqu'à Mayotte (Maore) en passant par Mohéli (Mwali)et Anjouan (Ndzuwani). Malgré ces emprunts, le comorien (shikomor) reste, sur le plan de sa structure grammaticale, une langue bantu.

Qu'appelle t-on une langue bantu ?

M.A.C : Le bantu est une famille de langues, la plus importante d'Afrique. Les langues qui composent cette famille couvrent pratiquement toute la partie australe du continent noir.

Y a t-il encore aujourd'hui en Afrique ou à Madagascar des populations qui parlent une langue similaire au comorien ?

M.A.C : Bien sûr ! On trouve par exemple le swahili en Tanzanie, le lingala au Congo Démocratique, le kikongo au Congo, le zulu en Afrique du Sud, le shona au Zimbabwe-Mozambique, le tswana au Botswana, le kinyarwanda-kirundi au Rwanda-Burundi, etc. Comme ces langues appartiennent à la même famille, elles ont forcément beaucoup de points communs dans la structure des mots, leurs répartitions dans les phrases, les accords grammaticaux, etc. Elles ont aussi un minimum de vocabulaire commun.
Prenons par exemple le mot bantu ! Ce mot est attesté dans certaines langues, comme le lingala, et il signifie « hommes ». C'est le pluriel du mot muntu qui veut dire « homme » au singulier. Dans d'autres langues, ces mots se déclinent au pluriel en watu (swahili), wantru ou watru ou en encore wandru (shikomor) ; au singulier, nous avons respectivement mtu, muntru, mtru, mndru.
Prenons encore l'exemple de la phrase kinyarwanda suivante qui signifie : « Combien d'hommes ? » : Abantu bangahe ? Nous avons en comorien les équivalences suivantes :Wantru wangapvi ?Watru wangapvi ?Wandru wanga(pvi) ? et en swahili :watu wangapi ?

Ne pensez-vous pas qu'il y a beaucoup de ressemblance dans tout ça ?

M.A.C : A Madagascar, jusqu'au milieu du XXe siècle, il y avait quelques poches bantuphones sur la côte nord-ouest. Mais les langues africaines qui y étaient parlées, le swahili à Marodoka ou le makua à Maintirano, ont aujourd'hui disparu. Le malgache appartient à une autre famille de langues : les langues austronésiennes comme par exemple les langues indonésiennes.

Le comorien est souvent comparé au swahili, parfois on a même dit que le comorien en était dérivé ?

M.A.C: Selon les résultats des recherches des trois dernières décennies, il est prouvé que le comorien et le swahili sont génétiquement issus d'une même souche-mère, d'où leur très grande parenté. Mais les deux langues se seraient séparées aux environs du XIIème siècle. On peut donc dire que ce sont deux langues soeurs. Si la confusion a pu se maintenir jusqu'à une période pas très lointaine, c'était à cause de la très grande proximité des deux langues, mais aussi parce que les sultans des Comores parlaient swahili et beaucoup de correspondances et traités avec les pays voisins ou les puissances étrangères étaient rédigés en swahili qui étaient à l'époque la plus importante langue de communication et du commerce de cette région de l'océan indien occidental.
Par combien de personnes est parlée la langue comorienne?
M.A.C:On peut estimer que la langue comorienne est parlée aujourd'hui par un million de personnes environ : les 750 000 habitants de l'archipel des Comores plus la très importante diaspora comorienne, que l'on peut retrouver notamment à Madagascar, à Zanzibar ou encore en France.

Est-elle enseignée à l'école ? Si non pourquoi ?

M.A.C: Malheureusement, elle ne l'est pas. Pourquoi ? Parce que : Premièrement, la colonisation française, avec sa mission « civilisatrice », n'avait jamais reconnu au peuple dominé une quelconque culture ou civilisation et que les langues des dominées n'étaient pas des langues mais, avec un sens très péjoratif, des dialectes qui n'avaient ni vocabulaire développé ni grammaire.
Deuxièmement, le pouvoir très centralisateur de l'Etat français avait imposé le français comme la seule langue de l'administration partout. Cela était vrai dans les colonies, mais aussi en métropole. C'est ainsi qu'on a banni l'enseignement du breton en Bretagne, du basque au Pays Basque (Sud-Ouest de la France).
Troisièmement enfin, nous avons nous-mêmes fini par admettre que notre langue est pauvre et sans grammaire. Elle ne peut donc pas être enseigné. Il faut encore souligner qu'avec l'instabilité chronique des Comores indépendantes, aucune réflexion sérieuse n'a pu être menée sur la question. Pourtant, les pédagogues sont unanimes : pour permettre l'épanouissement des enfants, il est nécessaire que ces derniers puissent s'exprimer pleinement dans leur langue maternelle...

Y a t-il une ou des langues comoriennes ?

M.A.C:Nous avons la chance d'avoir une seule langue comorienne, depuis Ngazidja jusqu'à Maore. Mais comme toute langue, le comorien se décline en plusieurs dialectes qui en sont les variantes régionales : le shingazidja à la Grande Comore, le shimwali à Mohéli, le shindzuani à Anjouan et le shimaore à Mayotte.

Comment expliquer l'apparition de divers dialectes sur un territoire aussi exiguë que les Comores ?

M.A.C : Ce phénomène n'est pas spécifique au comorien. Toute langue est formée de plusieurs dialectes. La dialectalisation s'accentue lorsqu'il y a peu de communications et d'échanges entre les régions. A l'inverse, le déplacement d'une population qui parle un dialecte donné vers une autre région où l'on parle un autre dialecte peut également entraîner des changements dans les deux dialectes. Pour le cas des Comores, le facteur du peuplement par vagues successives au cours de l'histoire explique aussi le phénomène.
Les différences dialectales peuvent aussi s'observer à l'intérieur de chaque île. C'est ainsi, par exemple en Grande Comore, que la manière de parler des gens de Mbéni dans la région du Hamahamet diffère du parler des gens de Fumbuni dans la région du Mbadjini. Il en est de même à Anjouan entre les gens de Mutsamudu, sur la côte nord, et ceux du Nyumakele, dans le sud-est de l'île, ou encore, à Mayotte, entre Mamoudzou et Kani Bé ou Mwana-Trindri dans le sud, etc.

Un mot sur la langue mahoraise.

M.A.C:Le shimaore appartient au même sous-groupe dialectal que le shindzuani. C'est dire qu'il faut souvent écouter attentivement pour percevoir les différences entre ces deux dialectes. Le shimaore fait ainsi partie intégrante de la langue comorienne.

Le comorien s'enrichit-il ou s'appauvrit-il (avec le phénomène de créolisation de la langue) ?

M.A.C : Parler à l'heure actuelle de créolisation de la langue comorienne est quelque peu exagéré. Certes elle ingurgite aujourd'hui beaucoup de mots d'origine française. Mais cela reste « raisonnable ». Le comorien a emprunté énormément de vocabulaire d'origine arabe, environ entre 30 et 40 % du lexique, pourtant on ne parle pas de créole arabe, et cela à juste titre. En effet, ce qui fonde une langue, ce ne sont pas seulement les mots. Ce sont surtout sa structure grammaticale et sa syntaxe. De ce point de vue, le comorien ne ressemble ni à l'arabe ni au français.
On ne peut pas dire que le comorien s'appauvrit. Essentiellement oral, il répond parfaitement à nos besoins de communication. Il est toutefois évident qu'une langue écrite possède un stock lexical beaucoup plus étendu qu'une langue orale. Ne vous inquiétez pas pour le comorien. Si un jour, on décide de l'écrire, de l'enseigner et de l'utiliser dans l'administration, il ne pourra que s'enrichir. Il s'enrichira en se forgeant des mots nouveaux ou en empruntant d'autres ailleurs, comme cela se fait dans les langues dites de « grande civilisation ».

Où en est actuellement la recherche sur la langue comorienne ?

M.A.C: La recherche sur la langue comorienne avance ; trop lentement peut-être, mais elle avance. Nous avons aujourd'hui une meilleure connaissance sur elle qu'il y a vingt ans. Malheureusement, c'est un domaine qui intéresse peu de monde, aussi bien chez les nationaux que chez les chercheurs étrangers.

Pensez-vous qu'un jour tous les Comoriens parleront la même langue ? Et sur quoi se fonderait cette sédimentation en une seule langue « nationale » ?

Mohamed Ahmed-Chamanga : Nous parlons déjà la même langue. Ce qui nous manque, c'est une langue standard, comme en Tanzanie avec le swahili, à Madagascar avec le malgache, ou en encore au Zimbabwe avec le shona, etc. Pour arriver à ce stade, il faut qu'il y ait une réelle volonté politique, une prise de conscience chez les Comoriens de vouloir mieux apprivoiser leur propre culture et que soit mise en place une équipe de chercheurs qui se pencherait sur la question et qui proposerait cette langue standard qui serait utilisée dans tout l'archipel des Comores.

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CI-DESSOUS LES NEWS  RECENTES  DES COMORES

 

 

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A PROPOS DE OUANI

Ouani et ses grands hommes
 
 
L’être humain est insignifiant puisque le corbeau et beaucoup d’autres espèces d’arbres vivent plus longtemps que lui. De ce court séjour dans ce bas monde à la différence d’autres êtres vivants, l’homme peut marquer de son empreinte l’histoire.
A OUANI, ce genre d’homme malgré sa rareté, a existé et continu à exister jusqu’à nos jours. En ouvrant ce nouveau chapitre, quelques dignitaires en collaboration avec le comité de pilotage de la ville ont tenu à rendre hommage beaucoup d’hommes et de femmes qui ont fait du bien à cette ville.
En dehors de tout jugement, ils ont fait de leur mieux pour que Ouani devienne l’une des grandes villes les plus rayonnantes des Comores et Ouani l’est grâce à eux. Elle doit continuer à l’être pour nous et les générations à venir.
A titre posthume, nous tirons la révérence devant Saïd Toiha (Baco Moegné), Saïd Abdou Bacar Nomane, Saïd Abdou Sidi et Saïd Andria Zafi.
 
Le premier pour avoir créé la première école privée de la ville dans l’objectif de ne plus avoir un enfant de six à sept ans non scolarisé, le second qui a été le premier à être ministre et dont les louanges dépassent les frontières de la ville, le troisième a accompagné plusieurs années la jeunesse et le dernier a beaucoup contribué au niveau de l’enseignement primaire par son dévouement et son engagement à instruire ceux qui l’ont fait pour nous. Cette liste vient de s’ouvrir et n’est pas prête de se fermer ; beaucoup d’autres personnes disparues ou vivant tels que les enseignants apparaîtront à la prochaine édition.
Ansaly Soiffa Abdourrahamane
 
Article paru en 2003 dans le n° 0 de Jouwa, bulletin d’information de OUANI
 
 
 
 
LES ENFANTS DE LA VILLE DE OUANI
ET L’HISTOIRE   DES COMORES
 
 Beaucoup d’enfants de la ville de OUANI ont marqué et marqueront toujours l’histoire de leur pays : les îles Comores.
 
 En voici quelques uns dans différents domaines.
 La liste n’est pas exhaustive
 
 I) LITTERATURE
 
LITTERATURE ORALE
 
ABDEREMANE ABDALLAH dit BAHA PALA
 
Grand connaisseur du passé comorien décédé brusquement en 1988.
Actuellement, un projet de publication de sa biographie est en étude.
On trouve beaucoup de ses témoignages sur l’histoire des Comores dans le tome 2 de l’excellente thèse de SIDI Ainouddine sur la crise foncière à Anjouan soutenue à l’INALCO en 1994 
 
LITTERATURE ECRITE
 
Mohamed Ahmed-CHAMANGA
 
Grand linguiste des Comores
 
 Né à Ouani (Anjouan) en 1952, Mohamed Ahmed-Chamanga, diplômé de swahili et d'arabe, a fait des recherches linguistiques sur sa langue maternelle. Il enseigne la langue et la littérature comorienne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il est l'auteur d'une thèse, de plusieurs articles, ainsi que d'un recueil de contes de l'île d'Anjouan : Roi, femmes et djinns (CLIF, 1998). Président de l'Association Fraternité Anjouanaise, Mohamed Ahmed-Chamanga a fondé, en 1997, le journal Masiwa.
 Il enseigne actuellement la langue et la littérature comoriennes à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris (INALCO).
 
AINOUDINE SIDI
 
 Historien & grand spécialiste de l’histoire foncière des Comores 
 
 Né à OUANI, en 1956. Il a fait des études d’histoire à l’université de DAKAR (SENEGAL) et a préparé un doctorat d’études africaines à l’INALCO (PARIS)  Il est actuellement chercheur et Directeur du CNDRS (Centre National de Documentation et de Recherches Scientifiques) à MORONI.
 
 II) MUSIQUES & CHANTS
 
DHOIFFIR ABDEREMANE
 
Un des fondateurs de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Avec ses chansons axées sur la contestation sociale. Il fait partie des premiers artistes qui ont introduit aux années 60 une nouvelle forme de musique aux COMORES.
 
C’est un homme très discret mais plein de talents. On se souviendra toujours de ses productions à la salle AL CAMAR de MORONI.
 
FOUDHOYLA CHAFFI
 
 Une des premières femmes comoriennes à avoir fait partie d’un orchestre musical.
 Il s’agit là d’un engagement incontestable de la part d’une femme comorienne.
 Elle a commencé à jouer un rôle important dans la chanson à partir de 1975 comme chanteuse principale de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Sa voix d’or résonne toujours dans le cœur de tous ceux qui ont vécu dans notre pays de 1975 à 1978. On ne passait pas en effet, une seule journée sans entendre une de ses chansons sur l’égalité des sexes, l’unité des Comores, le changement des mentalités… à la radio nationale.
 
 III) POLITIQUE
 
Le sultan ABDALLAH III
 
 De mère ouanienne, il est l’un des grands sultans qui ont régné dans l’archipel des Comores au 18eme siècle et plus précisément sur l’île d’Anjouan.
 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED
 
La première femme ministre et élue député des COMORES
 
Né le 06 juillet 1952 à OUANI. Elle a enseigné pendant plusieurs années le français et l’histoire géographie dans différents collèges du pays avant d’être nommée secrétaire d’Etat à la condition féminine et à la population en 1991.
De 1991 à 1996 elle a assumé de hautes responsabilités politiques : Haut commissaire à la condition féminine, Ministres des affaires sociales, conseiller spécial du président de la république, secrétaire général adjoint du gouvernement, élue députée ….
Actuellement, elle est enseignante à l’IFERE et Présidente du FAWECOM.
 
Article publié sur le site de l'AOFFRAC (www.aoffrac.com)
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

24 mars 2009 2 24 /03 /mars /2009 21:23

Communiqué du GISTI du 23 mars 2009

Départementalisation de Mayotte, frontière coloniale et guerre aux migrantsCommuniqué du GISTI du 23 mars 2009

Le 29 mars prochain, les électeurs mahorais sont appelés à se prononcer au cours d'une consultation sur la départementalisation de l'île de Mayotte (une des quatre îles de l'archipel des Comores, les trois autres étant rattachées à l'Union des Comores). Alors que l'Outre-mer fait la une de l'actualité depuis plusieurs semaines, et qu'ont été annoncés des états généraux chargés de réfléchir à d'éventuelles évolutions institutionnelles, la classe politique locale et métropolitaine est quasi-unanime à se réjouir de la victoire annoncée du « oui ».
La perspective d'une départementalisation de Mayotte est pourtant l'objet de l'opprobre d'une partie des organisations internationales [1] qui ne font, en cela, que placer leurs pas dans ceux de l'ONU : entre 1976 et 1994, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté une vingtaine de résolutions réaffirmant la « souveraineté de la République fédérale islamique des Comores sur l'île de Mayotte ». En effet, en droit international, la partition de l'archipel des Comores, opérée en 1975-1976 au moment d'une tardive « décolonisation », est illégale : les référendums d'autodétermination devaient s'effectuer dans le cadre des frontières coloniales.

La partition de l'archipel et le séparatisme de Mayotte ont des conséquences meurtrières. Depuis 1995 et l'instauration du « visa Balladur », les côtes de l'île de Mayotte sont de plus en plus militarisées afin d'empêcher la circulation des habitants des autres îles. Ces derniers sont de fait interdits de séjour sur une partie de ce qu'ils considèrent être leur sol, sur lequel ils ont, bien souvent, des attaches nombreuses. Afin d'empêcher ces migrations ancestrales, depuis cinq ans, les effectifs de la police et de la gendarmerie ont été presque triplés et richement dotés : trois radars et quatre vedettes surveillent la circulation des frêles barques qui transportent les migrants [2]. La force des liens familiaux et économiques est cependant telle que ni les refus de visa, ni les poursuites en mer, ne peuvent empêcher les échanges. Les soixante-dix kilomètres qui séparent l'île d'Anjouan de celle de Mayotte sont ainsi devenus un des principaux cimetières marins de la planète : entre 3 000 et 6 000 personnes y auraient perdu la vie depuis 1995.

Pour les Comoriens présents sur le sol mahorais, l'accès à un droit au séjour est extrêmement rare même lorsqu'ils résident sur place depuis bien longtemps. Ils sont victimes d'une politique du chiffre particulièrement inhumaine en Outre-mer. Chaque année depuis 2006, au mépris de toutes les règles de droit, plus de 16000 personnes (comoriennes pour la plupart) dont plus de 2000 mineurs ont été expulsées après avoir été traquées et enfermées dans des conditions indignes.
Le processus de départementalisation n'est porteur ni de l'égalité des droits sur les sols métropolitains et mahorais ni de l'abolition de la législation et des pratiques d'exception dont sont victimes, aussi bien les Mahorais en certains domaines (en particulier les droits et minima sociaux) que les migrants. Le «
Pacte pour la départementalisation » est particulièrement clair sur ces points et prévoit notamment que « les règles de droit de l'entrée, de l'éloignement et du séjour sur le territoire national, spécifiques à Mayotte, ne sauraient être affectées par la départementalisation ».
Yves Jego, secrétaire d'État à l'Outre-mer, répète depuis plusieurs mois que la départementalisation de Mayotte devra avoir pour contrepartie «
davantage de fermeté dans la lutte contre l'immigration clandestine », tandis que le préfet de l'île, Denis Robin, en appelle au « civisme » des Mahorais, en leur affirmant que « l'efficacité de [la politique actuelle] ne peut reposer uniquement sur l'Etat. Les Mahorais doivent apporter leur concours à cette politique par une attitude civique et responsable ».
Le Pacte parle « d'inventer un nouvel avenir qui inscrira pleinement Mayotte dans sa géographie ». Comment y parvenir sans l'abolition du visa Balladur, sans le respect du droit à la circulation au sein de l'archipel des Comores et des droits fondamentaux de tous ? A défaut, la départementalisation ne sera qu'une nouvelle étape dans la guerre faite à toute une partie de la population de Mayotte, indûment considérée comme « étrangère ».

Paris, 23 mars 2009
Notes
[1] Le 9 février dernier, l'Union africaine a affirmé avec force qu'elle « condamne l'organisation, le 29 mars 2009, d'un référendum sur la départementalisation de l'île comorienne de Mayotte et exige l'arrêt immédiat de ce processus » ; elle a également rappelé que « l'inscription de l'île comorienne de Mayotte dans la Constitution de la République française est contraire au droit international ». Dans un rapport du 25 février dernier consacré à Mayotte et aux Comores, le bureau de l'ONU chargé de la coordination des affaires humanitaires (l'OCHA) rappelait à nouveau que « toute tentative visant à détruire partiellement ou totalement l'unité nationale et l'intégrité territoriale d'un pays est incompatible avec les buts et les principes de la Charte des Nations Unies ».

[2] Rapport d'information présenté par la commission des lois à l'assemblée nationale le 18 février 2009 sur les perspectives de départementalisation de Mayotte, pp. 25 à 30
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24 mars 2009 2 24 /03 /mars /2009 20:52
 LE PRESIDENT SAMBI REÇOIT LE PRESIDENT TANZANIEN JAKAYA MRISHO KIKWETE EN VISITE OFFICIELLE AUX COMORES


Le Président de la République Unie de Tanzanie est arrivé Moroni


Il était 14 heures, heure des Comores, lorsque son avion a atterri à l’aéroport International Prince Said Ibrahim de Hahaya. Le Président de la République Unie de Tanzanie entame ainsi une visite officielle de 3 jours en Union des Comores, et répond à l’invitation du Président AHMED ABDALLAH MOHAMED SAMBI qui l’a convié à pour prendre part au premier anniversaire de la libération de l’Ile d’Anjouan dont la réussite doit beaucoup à celui qui à l’époque, assurait la présidence de l’Union Africaine.

La libération de l’Ile d’Anjouan a également réussi grâce à l’armée tanzanienne qui a fourni les principaux éléments du contingent que l’Union Africaine a engagée au cours de l’opération « Démocratie aux Comores » qui a mis fin à la rébellion anjouanaise. Le Président KIKWETE et le Président SAMBI auront une rencontre en tête à tête au Palais présidentiel de Beit-Salam mardi à 16 heures avant de participer ensemble, à un rassemblement populaire au Palais du Peuple
.

 


Source : beitsalam.km  / mardi 24 mars 2009

Allocution du Président SAMBI du 23 mars 2009 : « nous n’oublierons jamais que vous nous avez apporté la paix et la stabilité dans notre pays »

Après les louanges à Allah, les salutations au Prophète Muhammad et à ses compagnons et les invocations à l’assistance, l
e Président de la République a prononcé en langue nationale l’allocution dont voici la traduction :


Excellence Monsieur le Président de l République amie de Tanzanie ;
Distingués Membre de la délégation tanzanienne ;
Honorables Ulémas ;
 Mesdames et Messieurs ;
Honorable assistance.


En pareil jour, je ne dois livrer que deux messages, l’un à l’adresse de mon frère Jakaya Mrisho KIKWETE, Président de la République Unie de Tanzanie et à sa délégation et le second à l’adresse de la population comorienne.

Excellence Monsieur le Président,

Je voudrais, en mon nom personnel et au nom de tous les comoriens d’hier, d’aujourd’hui et de demain, vous dire que nous ne vous oublierons jamais.

A aucun moment, nous n’oublierons cette époque où notre pays a failli se disloquer et où vous nous avez apporté, aux Comores, la paix et la sécurité.

 L’Histoire écrira en encre d’or sur des pages en argent que l’Etat comorien, victime de ses ennemis, a failli disparaître mais que des amis ont décidé de l’aider à renaître.

Ce pays est aujourd’hui heureux de vivre et son président peut parler en son nom à l’extérieur.

Aujourd’hui, après la paix, les comoriens attendent de la Tanzanie de l’aide économique car elle en a les moyens et l’expérience.

Nos deux gouvernements se sont rencontrés et j’espère que les programmes qu’ils ont élaborés seront appliqués.

Monsieur le Président, le message que je vous livre se lit sur tous les visages de tous les comoriens : merci, « shukran, msotra, ahsante sana »

Je voudrais ensuite m’adresser aux comoriens.

Mes chers compatriotes, dotés d’intelligence, capables d’observer et de comprendre le langage dans lequel Dieu parle à ses créatures : la visite de hautes personnalités dans notre pays est un message que Dieu vous envoie.

En effet depuis l’accession de notre pays à l’indépendance, c’est la troisième fois qu’il est honoré par une visite officielle d’un Chef d’Etat : celle du Président français, François Mitterrand et, il y a peu de temps seulement, celle du Président iranien.

Aujourd’hui, c’est un ami, un frère et un voisin qui est venu nous rendre visite.

Si le Président Yasser Arafat est venu dans notre pays c’est en tant leader d’un mouvement de libération. Si le Président Thabo MBEKI d’Afrique du Sud est venu dans notre pays c’est dans le cadre d’une visite de travail.

Ainsi, aujourd’hui, l’accueil, en un court laps de temps deux Chef d’Etat, est la preuve que les Comores ont une bonne odeur à l’extérieur et c’est le signe que la paix, la sécurité et la stabilité, qui sont notre plus grande richesse, s’installent dans notre pays.

Nous devons alors nous réjouir de constater que des frères dont les tanzaniens, sont aujourd’hui disposés nous aider.

Je voudrais à ce stade de mon propos, dire au Président de la Tanzanie qu’il est des nôtres, un ami, un frère, un voisin.

Avant de terminer, je voudrais renouveler nos remerciements à l’Union Africaine qui a donné l’aval au Président tanzanien pour qu’il vienne aider à la libération de l’île d’Anjouan.

Avant de céder la parole à mon frère, je voudrais le remercier d’avoir été, récemment encore, à Addis-Abeba, parmi les dirigeants africains qui ont condamné le référendum organisé à Mayotte.

 Au nom de tous les comoriens nous remercions l’Union Africaine et tous les pays membre de notre organisation continentale, qui ne nous abandonnent jamais quand on veut amputer notre pays d’une partie de son territoire, Mayotte.

 Merci, merci et merci

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24 mars 2009 2 24 /03 /mars /2009 09:41

LU POUR VOUS

Source : JDD.fr/Lundi 23 Mars 2009


Par Marianne ENAULT

leJDD.fr


Les électeurs de Mayotte sont invités à se prononcer dimanche sur la transformation de leur collectivité départementale en DOM. La victoire du "oui" semble acquise. Mais pour élus de gauche et associations, ce rattachement n'a rien d'évident. Réunis lundi, ils ont appelé le gouvernement à mettre fin à l'illégalité que constitue la présence française à Mayotte au regard du droit international.

C'est dans la plus grande discrétion que Mayotte devrait devenir le 101e département français dimanche. Conviés aux urnes, les 71 122 électeurs répondront à la question suivante: "Approuvez-vous la transformation de Mayotte en collectivité unique, appelée département, régie par l'article 73 de la Constitution, exerçant les compétences dévolues aux départements et régions?" Mayotte viendrait ainsi rejoindre les rangs des DOM: Guadeloupe, Martinique, Réunion et Guyane. Depuis 1974, l'île de Mayotte, située dans l'archipel des Comores, au nord-ouest de Madagascar, dans l'océan indien, est une collectivité départementale d'outre-mer. A cette date, la France organise aux Comores un référendum sur l'indépendance, qui concerne les quatre îles qui composent l'archipel: Grande Comore, Mohéli, Anjouan et Mayotte. Le projet initial prévoit une proclamation globale des résultats du référendum programmé en décembre 1974. Mais Paris procède finalement au décompte des suffrages île par île. Résultat: seule Mayotte reste dans le giron français, les Mahorais [habitants de Mayotte, ndlr] s'étant prononcés à 64% en ce sens. Les trois consultations qui ont suivi - deux en 1976 et une en 2000 - ont à chaque fois confirmé le souhait des Mahorais de rester français.

Seul problème, la présence française à Mayotte constitue une violation du droit international. Par la résolution 3385 du 12 novembre 1975, les Nations unies réaffirment "la nécessité de respecter l'unité et l'intégrité territoriale de l'archipel des Comores, composées des îles d'Anjouan, de la Grande-Comore, de Mayotte et de Mohéli" et par là-même font de la présence française un état de fait illégal. C'est donc au nom de cette illégalité, qu'associations et élus de gauche s'opposent aujourd'hui au référendum. Réunis lundi à Paris, plusieurs d'entre eux, tous signataires d'un "Mémorandum sur le contentieux franco-comorien", ont appelé la France à revoir sa politique dans l'Océan indien.

Dans l'Hexagone comme aux Comores, pas de débat

Ils dénoncent notamment l'absence de débat, dans l'Hexagone comme à Mayotte. "La Constitution prévoit d'organiser un référendum en France sur toute nouvelle adhésion à l'Union européenne... Mais les Français ne vont même pas se prononcer sur l'extension de leur territoire. C'est incroyable!", relève Mabadi Ahmedali, représentant du collectif des associations comoriennes en France. A l'Assemblée nationale comme au Sénat, le sujet a été évacué lors d'une "discussion en catimini", témoigne témoigne la sénatrice communiste de Seine-Saint-Denis, Eliane Assassi, tout juste de retour d'une mission aux Comores. "Les Français vont découvrir que la France s'agrandit lors du JT de 20 heures", commente, sceptique, Jean-Louis Le Moing, membre du comité exécutif du Parti communiste, qui a également participé à cette mission. A Mayotte, le débat est quasi-inexistant, voire "cadenassé" estime Jean-Louis Le Moing. Elus et associations rapportent que la question du référendum a été mal traduite en arabe ou en shimaoré, le dialecte local. D'autres évoquent des listes électorales suspectes. Sur l'île, la parole est donnée aux tenants du "oui", les partisans du "non", eux, sont "presque réduits à la clandestinité", témoigne Eliane Assassi. Dans ces conditions, le "oui" est donné largement gagnant.

Mais celles-ci suffisent-elles à expliquer la probable victoire du oui? Ce lundi, lors de la conférence de presse, un homme se lève et lance: "Vous ne voulez voir qu'une seule réalité. Mayotte est française depuis 1841. Nous voulons rester Français. Tant que je serais vivant, Mayotte sera française." Le caractère illégal de la présence française à Mayotte n'en fait pas moins une présence désirée pour certains Mahorais, qui ont bien conscience de la différence de niveau de vie avec leurs voisins comoriens. Pour expliquer cette attitude, les élus communistes évoquent "les fausses promesses" de Paris, comme l'application des mesures sociales en vigueur dans l'Hexagone (Smic, Revenu minimum de solidarité, etc). "Ils s'imaginent qu'ils vivront mieux parce qu'on leur jettera des miettes. On leur fait miroiter des aides. Mais ils auront en fait des sous-produits des droits sociaux", analyse Odile Biyidi, présidente de Survie, une association qui milite contre les réseaux de la Françafrique. Et d'ajouter: "Si la France aidait l'ensemble des Comores, il n'y aurait pas de préférence à rester Français." Le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Yves Jégo, l'a d'ailleurs lui-même reconnu, lors d'un voyage sur place en septembre 2008: "Pourquoi cacher qu'un alignement immédiat sur les autres départements ne sera pas possible à court terme, notamment pour des raisons d'équilibre social?"

"La colonisation de consommation"

Car pour ces associations, la France "entretient" le déséquilibre avec le reste des Comores afin de justifier sa présence à Mayotte. "On aide Mayotte à hauteur de 400 millions d'euros chaque année quand le budget annuel des Comores n'est que de 60 millions d'euros", relève ainsi Odile Biyidi. Pour le collectif des associations comoriennes en France, on insiste sur "la grande misère des Comores, on les présente comme un trou noir". A cet argument économique, s'ajoute celui de la stabilité. De nombreux coups d'Etat, appuyés par des mercenaires français dont le célèbre Bob Denard, ont en effet secoué l'histoire de l'archipel. Pour ces associations, la France y trouve son intérêt. "La France s'est évertuée à créer de l'instabilité dans la partie indépendante des Comores. Elle veut ainsi montrer aux Mahorais qu'ils auraient tort de sortir de la France", analyse Mamadi Ahmedali.

Les élus de gauche et les associations réunis lundi dénoncent "la politique de puissance" d'une France prête à tout "pour rester la France des trois Océans", une "France qui bafoue le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes" et qui pratique "la colonisation de consommation" tournée vers l'Hexagone au détriment du développement de ces régions. Les auteurs du Mémorandum réclament donc l'annulation du référendum, le retour de Mayotte sous souveraineté des Comores et une aide - française et européenne - au développement de tout l'archipel. Pour Jean-Louis Le Moing, "tout n'est pas joué". Et de conclure: "Même si le oui l'emporte, l'histoire n'est pas finie. Les citoyens français doivent se mêler de cette affaire."

 

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23 mars 2009 1 23 /03 /mars /2009 09:51
Vous trouverez ci- dessous deux points de vue opposés de deux députés français sur la départementalisation de l'île comorienne de Mayotte.

Il s'agit de  de Didier QUENTIN (Député UMP de Charente Maritime) et de Noel MAMERE (Député des Verts de la Gironde)

Source : Sudouest.com / lundi 23 mars 2009


POUR / Par Didier QUENTIN (Député UMP de la Charente Maritime)

La départementalisation est une réponse à l'attachement profond à la République d'une île qui a demandé protection à la France dès 1841 contre les « sultans batailleurs ». Les Mahorais se réfèrent à cette histoire vivante et nulle part on ne peut voir flotter autant de drapeaux tricolores. Entendre l'Union africaine parler de « néocolonalisme » ou d' « impérialisme » est une plaisanterie. Pour Mayotte, le référendum est l'assurance tous risques de rester des Français à part entière et je m'attends à un oui massif. Mais il est évident qu'il faudra ménager des transitions. Car en faisant de Mayotte le 101e département français, on renforce l'attractivité de ce « petit Eldorado » qui est à l'origine du courant d'immigration depuis les îles voisines, surtout Anjouan et Mohéli, et qui provoque des situations dramatiques de personnes qui traversent à leurs risques et périls. Le corollaire de la départementalisation est donc une coopération plus ambitieuse avec les Comores. C'est aussi en faire un accélérateur de réformes. Un peu oubliée durant un siècle et demi, Mayotte a connu depuis vingt ans des progrès spectaculaires (collèges, lycée, hôpital, routes) mais il reste beaucoup à faire pour développer le potentiel de l'île « hippocampe » à la riche biodiversité : tourisme, aquaculture, cultures vivrières. Chance pour les Mahorais, le changement de statut est aussi une chance pour la France : ainsi, dans ses rapports avec l'islam, Mayotte - avec ses cadis (juges musulmans) devenus médiateurs sociaux - peut être un laboratoire.

Didier Quentin



CONTRE / Noel MAMERE (Député Les Verts de la Gironde)

Départementaliser Mayotte est une mauvaise idée car cela pose un problème de droit international. La première erreur fut, lors de l'indépendance des Comores en 1974, de rattacher l'île à la France sous pression de lobbys qui avaient intérêt à se séparer de l'archipel alors que les Comoriens sont un même peuple, avec la même langue et la même religion (l'islam). L'immigration clandestine a aggravé cette situation artificielle. Mais peut-on parler de « clandestins » s'agissant de Comoriens qui se rapprochent de leurs familles ? En attendant, on compte par endroits 55 % de sans-papiers. Et les autorités sont coincées dans un engrenage de contrôles aux frontières et de répression indignes de la République. L'urgence est donc de voir ce qu'on fait avec ces sans-papiers entassés en centres de rétention, et nullement un référendum. Bien sûr, la réponse sera « oui » car ce « confetti de l'Empire » a déjà un niveau de vie supérieur à celui de ses voisins. Mais, pour réussir, il faudrait que la France dépense des millions d'euros. Je ne dis pas qu'il faut abandonner les Mahorais. Mais la logique plaide pour une « Union des Comores » garantie internationalement. C'est inenvisageable pour l'instant, mais il faut examiner de plus près le statut de ces « zones ultrapériphériques » de l'Union européenne. Je relève enfin la contradiction flagrante entre ce référendum et le rapport Balladur, qui suggère la réforme du département. Et songeons aux Antilles, où l'on vient de voir quelle est la difficile situation des DOM.


Noël maMère

Source : Sudouest.com/lundi 23 mars 2009

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22 mars 2009 7 22 /03 /mars /2009 11:19
Opinions...

 

MAYOTTE    

Plaidoyer pour la non départementalisation de Mayotte

Source : MALANGO-MAYOTTE / Dimanche 22 Mars 2009 - 08:28:35    
La pertinence autant que l'impertinence de ses propos sur son blog nous ont fait demander à Marcel Séjour de nous dire ce qu'il pense du projet de départementalisation de Mayotte. Lui même s'interroge sur la « légitimité » qu'il a à « parler au nom de Mayotte ». Arrivé à la soixantaine, Marcel Séjour est à Mayotte depuis 1993. C'est à dire qu'il aura passé plus d'années à Mayotte que certains mahorais expatriés à la Réunion ou en métropole qui s'exprimeront dimanche prochain par procuration. De plus, il a fait le choix de Mayotte en venant construire sa vie ici. Cela nous semble suffisant, en plus du fait qu'il est... français comme tous les électeurs qui vivent à Mayotte et voteront le 29 mars. Ce n'est pas un politique, ce n'est pas un décideur, mais un citoyen « lambda » qui s'interroge sur ce statut et les répercussions auxquelles il peut s'attendre dans sa vie quotidienne, mais aussi dans celle de ses voisins, de ses amis qui n'ont pas la même couleur mais qui partagent le même destin, les mêmes inquiétudes.
 
 
Depuis plus de quinze ans, Marcel Séjour témoigne de la réalité mahoraise au travers de ses toiles.
 

Il n'est pas un parent respectable qui ne souhaite pour ses enfants un avenir meilleur que celui vécu par les générations précédentes, c'est-à-dire une vie prospère et sécurisée. Lorsqu'on leur a demandé de choisir entre l'indépendance et le maintien dans la République les parents mahorais des années 70 se sont comportés comme tous les parents du monde : ils ont évalué ce qui leur semblait le plus prometteur, et, à choisir entre le mzungu puissant, dominateur et riche et le cousin bavard, dominateur et fauché, ils n'ont pas hésité. L'avenir de leurs enfants passerait par la France. Elle seule pouvait garantir les équipements collectifs, la stabilité sociale, la santé, et surtout l'éducation sans laquelle il n'est pas possible d'abandonner définitivement la précarité et sa sœur la servitude. Le choix fait par les anciens et surtout les anciennes de Mayotte était parfaitement justifié, raisonnable et légitime et il n'est assurément pas question, et à aucun moment, de le remettre en cause.

Mais la question qui va être posée aux habitants de Mayotte dimanche prochain n'est pas la même que celle qui fut posée en 1974 ; elle implique donc une réponse ou à tout le moins une réflexion différente et ceci pour deux raisons aussi fondamentales l'une que l'autre.

Les temps changent


En 1974 la France était la quatrième puissance de la planète ; aujourd'hui elle est la septième ; demain elle sera la neuvième puis la dixième puis la onzième et ainsi de suite ; dans un bref avenir elle ira, avec ses soixante petits millions d'habitants, grossir la masse informe des anonymes puissances dites « moyennes » , chose inconcevable par nos parents. C'est d'ailleurs tout l'Occident qui glisse de son piédestal de leader. La grande crise aidant, les nouveaux équilibres économiques et donc stratégiques sont en train de se réorganiser autour de puissances autrefois « émergentes ». En abandonnant l'Irak, en parlant à nouveau avec l'Iran, en avouant ne pas gagner la guerre en Afghanistan ni d'être en mesure d'y parvenir, les Etats-Unis de Barak Obama admettent que l'idée de l'Empire américain a pris fin, que l'Amérique ne dominera ni ne policera le monde et se contentera d'être une grande puissance parmi d'autres grandes puissances, à égalité peut-être, à couteaux tirés surement avec la Chine, l'Inde, le Brésil, la Russie ou l'Indonésie. Le déclin de la France et de toutes les nations européennes est donc inévitable, tout comme seront inévitables le recentrage des populations européennes sur le « territoire national » et la montée des radicalismes.

Dans ce monde nouveau quelle sera la meilleure place pour Mayotte ? Et comment y accéder ?

La deuxième grosse différence d'avec le référendum de 1974 c'est que la question alors posée était beaucoup plus dramatique que celle du 29 mars. En effet on demandait alors aux parents mahorais de choisir entre être français ou ne pas l'être. Si tu votes oui tu es français, si tu votes non tu ne l'es plus. Il s'agissait d'un dilemme, ce que la consultation du 29 mars n'est pas. Aujourd'hui les Mahorais n'ont pas le couteau sous la gorge, et quelle que soit leur réponse ils passeront d'un accommodement avec l'Etat à un autre accommodement avec le même Etat, pas d'une citoyenneté à une autre. Dire NON au département n'est pas quitter la République mais dialoguer avec elle. Bien sûr personne ne sera surpris si le OUI l'emporte mais le NON est prévu comme une possibilité par la République elle-même puisque la question est posée.

La conclusion qu'imposent ces différences fondamentales d'avec 1974 c'est que dire OUI au département n'est pas une obligation de survie, que ce n'est donc pas la seule réponse possible, qu'il existe une autre hypothèse de travail, une autre façon d'imaginer l'avenir de Mayotte, qui n'était pas envisageable du temps de nos parents et que ce n'est pas manquer de respect à l'égard des anciens mais bien au contraire les traiter avec tout le respect qui leur est dû que de chercher, aujourd'hui comme hier quelle réponse est porteuse des meilleurs espoirs pour les générations qui arrivent.

Qu'elle soit en faveur du OUI ou qu'elle soit en faveur du NON, l'argumentation peut être circonscrite à trois grands chapitres, lesquels correspondent aux trois principes fondateurs de la Nation française post révolutionnaire, à savoir Liberté, Égalité, Fraternité. Les Mahorais, les Mahoraises surtout, ne s'y sont pas trompés, qui ont pris le premier de nos grands principes, Liberté, comme justification nécessaire et totalement suffisante à la sécession de Mayotte. « Nous voulons être français pour être libres ». C'est donc par la Liberté que nous terminerons, lui donnant le mot de la fin.

Fraternité républicaine

Depuis que Ségolène l'a chanté dans un palais des sports le mot fraternité a tendance à faire sourire ; on parle ainsi désormais de solidarité nationale, voire de solidarité républicaine.

L'expression, vidée de toute sensiblerie, évoque une cohésion quasiment instantanée des français dans leur ensemble aussitôt qu'un des leurs est frappé par le sort, un élan irrésistible de solidarité engagé, encouragé, orchestré par les plus hautes instances du pays, garantes d'une efficacité sans faille, qui va venir en aide aux plus démunis avec l'argent que vont lui donner de bon cœur et avec le sourire ceux qui en ont plus qu'il ne leur est nécessaire ; la toute première conséquence d'un OUI au département sera de mettre en branle cette désormais fameuse « solidarité républicaine », celle qui consiste à répartir les richesses de façon un peu plus humainement satisfaisante, de prendre aux riches pour donner aux pauvres, d'ouvrir en grand les portes à ce qui n'est accessible qu'aux départements et aux seuls départements, c'est-à-dire les subventions et allocations d'un côté et les impôts et taxes de l'autre, Ce qui est donné et ce qui est repris. On nous donnera un peu plus. Sans doute. Et on nous prendra un peu plus. Sans aucun doute.

Tout consiste donc à savoir si nous y gagnerons ou non. Des experts très qualifiés nous expliquent que les subventions et allocations dépasseront très largement les impôts exigés, impôts que les Mahorais ne paieront pas puisque leurs revenus sont trop faibles. A quoi d'autres experts tout aussi qualifiés répondent que les impôts locaux, tels les ordures ménagères, ou la taxe foncière sont payables sitôt qu'on est locataire ou propriétaire, même si on n'a pas de revenu et que les allocations diverses seront largement érodées par un net accroissement du coût de la vie. Difficile de s'y retrouver.

La seule chose dont on soit absolument certain c'est que si Mayotte devient département elle vivra au rythme des autres départements. Il suffit donc d'étudier ce qui s'est fait en France depuis les dix dernières années pour deviner ce qui va très probablement arriver à Mayotte. Or on constate que le niveau de vie général des métropolitains n'a pas beaucoup augmenté mais qu'au contraire il a souvent baissé, que le pouvoir d'achat n'est plus ce qu'il était, que les allocations et subventions diverses sont en nette diminution et de plus en plus difficiles à obtenir pour un nombre de gens de plus en plus restreint, que les acquis sociaux partent les uns après les autres, que les inégalités sont de plus en plus criantes, que la précarité devient la règle générale et que chômage et délocalisation sont les deux flasques mamelles de la société qui s'annonce ; DES sociétés qui s'annoncent, doit-on dire car la France n'est pas la seule dans ce cas. Toutes les nations européennes sont concernées. Si tout cela se passe en France, si la crise y sévit, si la précarité s'installe, si le nombre des miséreux augmente, pour quelle raison Mayotte, département français, connaitrait-elle un sort différent ?

Sitôt devenue département Mayotte recevra plus d'argent !

Peut-être mais pas tout de suite et comme tous les autres départements elle n'en aura pas beaucoup parce que les temps sont durs n'est-ce pas, parce que c'est la crise, parce que les caisses sont vides, parce qu'on a déjà donné, parce que tout se traite à Paris et qu'il faut donc en référer à Paris, parce qu'il y a un nouveau ministre, comme vous le savez, qu'il ne connaît pas encore le dossier, comme vous vous en doutez mais il va l'étudier, très bientôt, faites-lui confiance, et il rendra ses conclusions très bientôt, prochainement même, parce qu'on ne peut pas aller trop vite voyons voyons, que certaines étapes doivent être atteintes avant d'autres, l'inverse est vrai aussi, parce qu'il faut laisser du temps au temps et ne pas mettre la charrue avant les bœufs, ah ! les beaux grands bœufs du grand Chirac ! et pour tout un tas d'autres raisons aussi bonnes les unes que les autres, raisons que les Français de métropole et de Mayotte ont déjà toutes entendues mille et une fois et il n'y a pas de raison pour que ça change puisque la crise est là, qu'elle est bien là et que nous nous en sortirons, ça c'est sur, nos dirigeants nous l'affirment mais ça va prendre du temps et pour s'en sortir il faudra se serrer les coudes, serrer les dents et probablement serrer aussi les fesses. Il n'est d'ailleurs pas besoin d'être département pour attendre les sous puisque notre bon vieil état providence a déjà prévu que le RMI, ou le RSA, ou ce qu'il s'appellera dans dix ans ne serait versé à Mayotte dans son intégralité que dans dix ans justement. Il n'est pas prévu par contre que la fiscalité ait besoin de dix ans pour se mettre au goût et à l'heure de l'hexagone. Bref, que du bonheur. Et Bruxelles fera aussi partie de la fête, qui insistera pour verser son obole aux tout frais départementalisés, soyez les bienvenus dans le cercle de l'Europe, nous vous attendions, enfin vous voilà, vous faut-il des routes, des ponts, une piste longue ? Ne vous inquiétez plus de rien nous nous occupons de tout.

C'est quoi ce délire ?

Par la maîtrise des rouages administratifs qu'elle suppose la départementalisation profitera d'abord, et presqu'exclusivement à ceux qui ont l'habitude du pouvoir politique ou/et économique, soit 80% des créoles catholiques et 10% des noirs musulmans, c'est-à-dire à peu près 15% de la population ; au grand maximum. Ça c'est de la démocratie qu'elle est bonne ! Et il n'y a aucune chance pour que ça s'arrange puisque dans le monde entier les richesses sont de plus en plus concentrées dans les mains de moins en moins de gens. Crise après crise, défaillance après défaillance la prospérité de la France ne se conjugue désormais plus qu'au passé.

Jamais plus la France ne redistribuera autant de richesses que celles dont elle disposait jusqu'à la fin des trente glorieuses.

Ce destin est non seulement inéluctable mais il est sans retour possible. Jamais on n'a vu un Empire s'écrouler puis revenir à sa gloire première. Le sort de l'Occident est donc scellé. L'Occident va tomber, ça on le sait. Quand ? Ca on ne sait pas. C'est Dieu qui sait. La chute de Rome a pris deux siècles ; celle du Pékin impérial n'a pris que quelques mois mais ce qu'on sait à Mayotte, et ce à quoi nos enfants devraient être préparés, c'est que suivre le Blanc là où il va n'est plus aussi rassurant qu'avant et nous avons le droit, ici, à Mayotte et petits comme nous sommes, d'essayer de doubler nos chances. Quel est l'intérêt de s'attacher pieds et poings liés au sort d'un géant qui s'effondre ? Ancrer aujourd'hui son destin à celui de la France c'est prendre en marche un train qui ralentit et va bientôt s'arrêter. En disant OUI au département Mayotte met tous ses œufs dans un seul panier ; celui du mzungu. C'est ça la sagesse mahoraise ? C'est ça que les anciens souhaitaient pour leurs enfants ?

Egalité républicaine.

La deuxième raison pour laquelle on conseille de voter OUI c'est que lorsque Mayotte sera enfin érigée au rang de département « pur et dur » rien ne distinguera plus les Français de Mayotte de ceux de métropole. C'est un argument essentiel des tenants du OUI que de souligner que Mayotte sera désormais l'égale de n'importe quel autre département républicain. Cette question de l'égalité est d'une grande importance pour les Français, beaucoup plus que pour les Anglais par exemple, et elle est considérable pour les Mahorais puisqu'en effet, si ces derniers demandent si souvent et avec tant d'insistance d'être traités en égal c'est bien parce qu'ils ont la certitude de n'avoir jamais été considérés comme tels, ni par les Comoriens ni par les wazungu. On aurait grand tort de ne voir là que caprice ou enfantillage puisque cette crainte de l'inégalité est constitutive de la psychologie mahoraise, que son installation remonte aux lointaines années de sujétion à leurs arrogants cousins, suivies des années de colonisation et de domination blanche, pas si lointaines que ça celles là, que cette crainte, qu'on appelle souvent « complexe d'infériorité » est devenue un archétype et que, comme tel, rien ne pourra plus le déloger de la psyché locale sauf à rompre avec le blanc, de façon définitive et pendant plusieurs générations. Nous n'en sommes pas encore là et il faut donc, pour les Mahorais, s'en accommoder. Etre traité de façon égale est une très bonne façon de faire taire cette crainte permanente et l'accès de Mayotte au rang de département « pur et dur » offre l'espoir, sinon la garantie d'être inscrit dans un espace républicain où le mot Egalité est un mot fondateur donc rassurant ; et si cela ne suffisait pas, sitôt que Mayotte sera département « pur et dur » les Mahorais auraient alors le droit d'exiger d'être traités en égal avec les métropolitains, ce que les Mahorais n'ont jamais fait jusque là et qui n'augure pas d'une harmonie apaisée entre les wazungu et les autochtones. Cet argument en faveur du OUI est un argument si fondamental qu'il ne peut absolument pas être écarté, et personne ne peut donner tort aux Mahorais, le métropolitain moins qu'aucun autre puisqu'il a, par sa longue domination et par l'usage intensif du vocable « égalité », créé et activement contribué à entretenir le terreau même des revendications qui s'annoncent.

Pour attirante et légitime qu'elle soit cette revendication d'égalité est pernicieuse pour deux raisons.

La première c'est qu'à force de réclamer l'égalité de traitement dans tous les domaines les Mahorais vont voir, voient déjà, peu à peu disparaître toutes les petites libertés qui façonnent leur vie depuis toujours sans pour autant avoir aucune chance de disposer de tous ces biens dont les « vrais » Français disposent. La justice cadiale, pour ne citer qu'elle, est devenue un archaïsme intempestif dont Mayotte doit se passer, reléguant l'enseignement de l'Islam au rang de coutume régionale et vaguement folklorique qu'on tolère mais dont on ne tient plus compte. On tolérera les Debba, on les encouragera même parce qu'il n'y a que des femmes, toutes pomponnées et parfumées et qui chantent bien en battant des mains et c'est si tellement authentique, si tellement vrai, si indubitablement folklorique qu'on les rassemblera bientôt dans un stade les jours d'escale de gros bateaux remplis de troisième âge cacochymes et libidineux, alors que dans les mêmes moments on demandera au Muezzin d'arrêter ses appels à la prière à quatre heures du matin parce que ce n'est pas républicain. Ce n'est plus d'égalité mais d'uniformisation qu'il faudra parler et lorsqu'il aura l'argent pour ce faire, ce qui n'est pas demain la veille, le Conseil Général fera venir à grands frais des plaques de faux marbre ou des dalles de grès reconstitué pour construire un centre piétonnier qui ressemblera à s'y méprendre aux plateaux piétonniers d'Angers de Valence ou de Trèves.

Désespérant.

En outre on ne saura jamais de quelle égalité on parle. Dieu a créé les hommes égaux entre eux mais, ainsi que le faisait remarquer Coluche, certains sont plus égaux que d'autres. Ainsi lorsque la pure et dure Mayotte sera l'égale de n'importe lequel des départements français de quel département sera-t-elle plus particulièrement l'égale ? Du Pas de Calais ou des Hauts de Seine ? Mamoudzou sera-t-elle l'égale de Neuilly ou celle de Gandrange ? Qui parierait sur Neuilly ?

La seconde raison de se méfier, plus insidieuse et plus destructrice c'est que celui qui passe son temps à réclamer l'égalité se maintient dans la position de demandeur, confirmant ainsi à son interlocuteur qu'il n'est pas son égal et les wazungu n'ont pas besoin de ça pour croire qu'ils sont supérieurs. Ils vont donc se trouver confortés dans leur position dominante, celle de ceux qui octroient, avec plus ou moins de bonne grâce, face à ceux qui quémandent, avec plus ou moins d'insistance. Si égalité il y a elle aura été accordée par le dominant, qui en attendra nécessairement de la gratitude. C'est pas gagné. D'un côté nous aurons les « je donne- t'es jamais content » et de l'autre les « je veux-y a jamais assez ». Déjà tendues et pas franchement satisfaisantes les relations entre les Mahorais et les wazungu vont devenir exécrables. On peut vivre avec, sans doute, mais on peut aussi essayer de ne pas envenimer les choses et même de tourner l'inégalité à notre profit. Ce qui est tout à fait possible.

Dans un couple, ou simplement dans n'importe quelle relation entre deux personnes celui qui a le vrai pouvoir c'est celui qui dispose du pouvoir de dire non. Celui qui dit oui acquiesce à une initiative qui vient de l'autre ; celui qui dit non impose qu'une autre initiative soit proposée. Si, comme tout le monde s'y attend, à Mamoudzou comme à Paris, Mayotte vote OUI elle n'aura plus qu'à attendre que le mzungu décide à quelle sauce et à quelle vitesse elle sera mangée. Le mzungu dira alors : » Bon, puisque vous avez dit OUI vous faites ce qu'on vous dit. » Si au contraire Mayotte votait NON la surprise serait totale et le mzungu n'imposerait plus mais demanderait. « Bon, nous sommes surpris mais c'est comme ça ; maintenant vous voulez quoi ? »

Alors, et alors seulement le Mahorais serait un peu plus l'égal du mzungu puisque son avis serait demandé !

Liberté républicaine

La troisième raison pour laquelle un OUI serait intéressant c'est qu'en ancrant de façon aussi irrévocable Mayotte dans la trame républicaine on la sépare, de façon tout aussi irrévocable de ses caractériels cousins et insolents voisins, et là encore l'argument n'est pas mince puisque ce fut très exactement le premier argument qui conduisit Mayotte, en 1974, à refuser l'indépendance. « Nous voulons être français parce que nous voulons être libres ! » Libres des Comoriens bien évidemment. Que peut-on bien trouver à y répondre ? Il n'existe pas cinquante façons de se libérer d'un despote ; on peut le maintenir à distance et ne plus rien avoir à faire avec lui ; on peut s'en différencier au point que ses prétentions deviennent ridicules et donc inaudibles. De ce fait, et par essence pourrait-on dire, l'accès au statut de département va avoir l'immense avantage de signifier aux Tartarins d'à côté qu'à partir de maintenant ils ne s'adressent plus à des descendants de leurs serfs mais à des Français libres et égaux en droit, que toute revendication sur Mayotte est assimilable à une insulte faite à un état souverain, que tout acte malveillant peut être considéré comme une agression, voire un casus belli et qu'ici on s'attend en toute logique à ce que le président du Conseil Général, s'il se déplace à Moroni, soit reçu avec les égards et la pompe dus à un ambassadeur. Avant c'étaient eux qui se la pétaient ; maintenant c'est Mayotte qui biche. Chacun son tour et c'est très bien comme ça. Les wazungu ont même un proverbe pour illustrer le phénomène, où l'on parle d'assiette au beurre qui passe pour tout le monde. Eh bien l'assiette au beurre, en ce moment, elle est devant Mayotte. A bon entendeur ! Le temps passé est bel et bien passé, une page est définitivement tournée, il n'est pas question de revenir là-dessus et jamais, vous entendez, JAMAIS Mayotte ne reviendra dans les Comores !

A quoi le Sage répond que dès qu'on parle d'avenir il ne faut jamais dire jamais ; à moins bien sur d'ajouter « Inch'Allah », ce que les plus dévots des défenseurs du OUI oublient toujours de faire.

« Il est très difficile de prévoir quoi que ce soit, et surtout l'avenir » disait Oscar Wilde et il avait bien raison. L'avenir est en effet plein de surprises et ce n'est pas être fou que d'envisager toutes les hypothèses possibles et préparer ainsi, pour ses enfants, un monde où ils pourront vivre libres et en paix. Nos anciens ont choisi la France parce qu'ils voulaient rester libres. Mayotte est française, elle restera donc libre. Le statut de département amènera des contraintes nouvelles mais ne fournira aucune garantie supplémentaire. L'Algérie était constituée de cinq, puis quatorze départements jusqu'aux accords d'Evian. A la suite desquels les quatorze départements ont disparu laissant deux millions de pieds noirs battant de l'aile et claquant du bec sans que leur détresse n'émeuvent quiconque ni ne change quoi que ce soit. Si, pour des raisons qui sont les siennes la France utilisait son droit du plus fort, et décidait d'abandonner Mayotte personne n'y pourrait rien et de plus la communauté internationale l'y encouragerait. Peut-être même trouverait-on sa décision « courageuse ». Ce que le dominant a fait il peut le défaire. Si, ce qu'à Dieu ne plaise, la Raison d'Etat voulait que soit sacrifié un petit peuple lointain et exogène alors le petit peuple lointain et exogène serait sans état d'âme sacrifié à la Raison d'Etat. Il n'y a aucun doute à avoir la dessus. La liberté si chère au cœur de nos mamans mahoraises dépend du bon vouloir du Prince et ne sera garantie que tant que le voudra le Prince.

Ayant proposé à Mayotte un choix possible entre le OUI et le NON, la République envisage donc chacune des réponses comme étant acceptable et c'est donc déjà un gage de liberté. Puisque la République veut vraiment que Mayotte soit libre alors elle acceptera que Mayotte puisse disposer d'une autonomie que la soumission aveugle et muette aux diktats républicains ne lui autorisera pas. Il ne s'agit pas pour Mayotte de changer brutalement de partenaires mais d'obtenir le droit d'en courtiser d'autres et le droit de chercher par elle-même, et ailleurs que dans les carnets d'adresses mzungu d'autres appuis, d'autres circuits, d'autres règles de fonctionnement que ceux qui lui seront inévitablement imposés par une départementalisation pure et dure. La liberté ne consiste pas à subir mais à chercher sa voie personnelle et à prendre soi même la direction de son propre avenir.

S'il n'est plus complètement avec le mzungu, l'avenir de Mayotte se trouve où ? Mais dans sa région voyons ! Placées où elles sont et avec leur histoire les Comores ne sont pas un Haïti en gestation mais ont naturellement vocation à devenir la Suisse de l'Océan Indien. Ou le Lichtenstein ; ou Monaco. Qu'on y songe, voila un ensemble de quatre îles dont aucune ne présente d'intérêt particulier. Les plages sont bien plus belles aux Seychelles et à Maurice, les sommets bien plus élevés et accessibles à la Réunion, les espaces bien plus vastes à Madagascar, la faune bien plus fascinante sur le continent tout proche. Les Comores ne disposent d'aucune ressource ni d'aucune richesse que l'on sache. C'est très exactement un endroit dont personne ne voudra jamais s'emparer et c'est déjà ça. Tout comme la Suisse dont personne n'a jamais voulu emprunter les montagnes. Et tout comme la Suisse aussi c'est un carrefour entre des vieilles civilisations, des cultures puissantes et des échanges en devenir, un point de passage entre l'Afrique et tous ses partenaires, Européens, Arabes, Indiens et bientôt –déjà—Chinois. Pendant et à mesure que l'Occident décline la nouvelle carte du monde verra s'installer un axe qui reliera la Chine et l'Afrique et tiendra nécessairement compte de l'Inde et de la péninsule arabique.

Ce n'est donc ni à Rambouillet ni à Marcoussis mais dans les Comores que se signeront les cessez le feu entre belligérants africains ou arabes.

C'est dans les Comores que se célèbreront leurs accordailles.

C'est dans les Comores que se scelleront leurs nouvelles alliances.

C'est dans les Comores que se signeront les contrats entre les nations africaines et leurs partenaires historiques ou à venir.

C'est dans les Comores que s'installeront les établissements bancaires dont se serviront les habitués de l'Océan Indien.

Et l'on voudrait que Mayotte n'en soit pas !!

Personne, et nous les signataires de ce plaidoyer moins que quiconque, personne ne désire que Mayotte rejoigne dès demain l'Etat comorien. Il n'est pas question d'appauvrir Mayotte ni d'envisager pour elle des conditions de fonctionnement plus aléatoires que celles qui régissent aujourd'hui son quotidien. Nul ici ne songe, non plus qu'à Paris, à demander à Mayotte de quitter la République.

Il est question d'œuvrer pour que Mayotte elle-même contribue activement à mettre en place une structure dans laquelle elle serait écoutée parce qu'elle aurait pris son sort entre ses propres mains.

Refuser le département ne changera rien nulle part dans l'immédiat et aucun châtiment ne tombera du Ciel ni de la République pour punir Mayotte d'avoir osé dire que le mot « département » ne convenait pas. Après le NON, le travail des hommes politiques consistera, comme à l'habitude, à obtenir le maximum de l'Etat pour ensuite le redistribuer à leur guise. Ils devront simplement se servir d'autres mots que « département » ou « zone ultra périphérique ».

« Impossible !! » trépigneront-ils.

Qu'en sait-on ? L'a-t-on jamais fait ? A-t-on même seulement essayé ? En a-t-on seulement discuté ? Bien sûr, un NON impliquerait nécessairement une certaine redistribution du pouvoir et quelques indignés et fébriles caciques trembleraient sur leurs ronds de cuir avant de prendre d'avec la politique locale une retraite glorieusement méritée. Mais le vide que créera leur départ ne sera d'aucune gène puisque c'est très exactement dans cet espace laissé vacant que pourra s'installer une jeunesse mahoraise pourvue enfin d'un but qui soit plus prometteur et plus stimulant que celui qui consiste à copier le maître en tous points de sa vie, à afficher ainsi des ambitions d'esclave et finir caissier ou agent de sécurité avec un bac plus cinq. C'est très exactement dans cet espace à construire que les jeunes de Mayotte et de la région pourront mettre au feu leurs idées, tester leurs audaces et canaliser leur ardeur.

Dire NON aurait en outre le dernier avantage de calmer à peu près tout le monde. Dernier mais pas le moindre.

Les wazungu pour commencer qui verraient, une fois la surprise passée et à l'exception de quelques joueurs de golf en colère, une bonne dose de pression disparaître de leurs effarouchées épaules. Sans doute seraient-ils toujours les Détenteurs Suprêmes du Savoir et du Pouvoir mais dépourvu désormais de toute urgence, leur enseignement aurait moins d'importance et, débarrassés de l'absolue et constitutionnelle obligation d'exiger de tout un chacun qu'il se comporte selon la norme, bon nombre d'entre eux se feraient plus discrets, ce qui ne sera pas dommage.

D'autres qui serraient surpris, stupéfaits, quasiment cloués sur place et soudainement calmés, ce sont les agités d'à côté qui se verraient brutalement privés d'un de leurs arguments majeurs pour continuer à traiter Mayotte comme une dépendance. Ce qu'elle n'est pas. Le choix du NON imposerait à tous que les actes de Maore valent largement les palabres de Ngazidja. Une fois la stupéfaction passée, et comme ils ne sont pas plus bêtes qu'ailleurs, ils traiteront Mayotte avec plus de respect, en partenaire, en égale, rassurés qu'ils seront qu' « attendre » est redevenu un verbe actif.

Et si, sans que cela lui coûte, dire NON permet à Mayotte de faire le calme autour d'elle, ma foi, ce sera tout bénéfice et tout à mettre au crédit de Mayotte qui aura prouvé qu'il n'est pas toujours besoin d'être riche pour être libre et que ses habitants pouvaient être aussi lucides que n'importe qui et politiquement plus mûrs que beaucoup.


Amine kam'gwavenze

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22 mars 2009 7 22 /03 /mars /2009 10:37

"Je dois prendre des décisions importantes dans les jours qui viennent et choisir la meilleure solution pour notre pays"

LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE S’EST ADRESSE A LA NATION CE SAMEDI SOIR :"Je dois prendre des décisions importantes dans les jours qui viennent et choisir la meilleure solution pour notre pays"
Le Président de l'Union des Comores, Son Excellence Monsieur AHMED ABDALLAH MOHAMED SAMBI s'est adressé à la Nation en langue nationale, samedi soir, 21 mars, 2009.
Après les Louanges à Allah et les salutations à son Prophète Muhammad, le Chef de l'Etat a livré à la Nation, le message suivant :


Comoriennes et Comoriens des quatre îles, de l'intérieur du pays et de la diaspora,

Que Dieu vous protège et vous accorde ses bienfaits ici-bas et dans l'au-delà.
J'ai souhaité, une fois encore, m'entretenir aujourd'hui avec vous, comme j'ai pris l'habitude de le faire, à chaque moment important de la vie de la Nation.

Aujourd'hui, je sais que vous attendez avec impatience, la suite que j'entends donner au référendum sur la réforme de nos institutions.
Je suis conscient de votre attente et du doute de certains d'entre vous, à propos de la date de cette consultation.
Je voudrais vous assurer que nous irons inéluctablement vers les changements importants dont dépendent l'évolution et la vie de notre pays pour les années à venir.
Toutefois, je dois vous demander de patienter encore et de m'en laisser le temps nécessaire.
Cette patience, je vous l'ai demandé lorsque j'ai appelé à la libération de l'Ile d'Anjouan alors que certain n'y croyaient pas, que d'autre encore manifestaient leur impatience et que d'autre enfin, les détracteurs et les rebelles eux-mêmes, disaient qu'on tardait à agir, se demandant en raillant, si on y allait à dos de chameau.
La population s'impatientait alors. Mais j'ai pris le temps qu'il fallait pour réussir cette opération. Vous n'avez pas regretté votre patience et votre confiance en moi
Aujourd'hui, il y a une similitude des situations. Je ne souhaite pas que les changements projetés échouent. C'est pourquoi, je souhaiterais prendre le temps d'examiner les propositions émises concernant
l'avant projet que je soumis à tous.
En effet, des propositions pertinentes, que j'ai acceptées, ont été suggérés pour améliorer cet avant projet. Ainsi, si les changements sont inéluctables, ils doivent intervenir en temps et en heure.

Je sais que vous attendez de moi que je vous dise le sort de l'avant projet et que je vous annonce la date du référendum. Toutefois, compte tenu des responsabilités qui sont les miennes, je souhaite que la réforme de nos institutions intervienne dans un climat apaisé, afin qu'elle apporte de vrais solutions à nos problèmes. C'est pourquoi, je vous demande de patienter encore.

Je vous demande d'autant plus cette patience, que nous allons accueillir, dans les jours qui viennent, une honorable délégation en provenance de la Tanzanie, conduite par le Président de ce pays frère.
En effet, je ne souhaite pas que notre politique intérieur interfère avec ce grand événement.
J'invite ainsi les comoriennes et les comoriens, à faire honneur à nos hôtes tanzaniens, avec qui nous partageons la culture, l'amitié et des valeurs de paix et de bon voisinage et qui ont aidé à recouvrer l'intégrité de notre pays.
Je vous demande donc d'accueillir d'abord nos hôtes avec toute la dignité requise et de leur réserver un accueil mérité, un accueil à la comorienne.
Je vous demanderais ensuite, de me donner le temps de terminer les consultations que j'ai entamées, car le sujet du référendum est d'importance.
Je sais que la majorité des comoriens désirent les changements que j'ai proposés et que d'autres encore souhaitent le maintien du statu quo. Mais, comme je l'ai dit, je n'ai pas fini mes consultations.
En effet j'ai invité les Présidents des Iles à venir me rencontrer lundi afin que je puisse les écouter, une fois encore, et recueillir leur avis.
Mes chers compatriotes,
Je reste convaincu que le référendum reste la meilleure voie pour modifier notre constitution.

Je sais que la constitution me donne le droit d'en prendre l'initiative et je sais également que je le regretterais toute ma vie si je ne le faisais pas, sachant que la réforme de nos institutions est une des solutions à nos problèmes.
Je vous demande donc de m'accordez la même confiance, le même soutien et les mêmes prières que vous m'avez accordés lors du débarquement d'Anjouan car cette fois, comme à l'époque, il s'agit de trouver des remèdes aux maux dont souffre notre pays.
Mais sachez qu'il y ceux qui ne souhaitent que du bien pour ce pays.

Pour ma part, j'ai toujours suivi la voie légale. Si je ne le fais pas et que ceux qui en ont la compétence, me le disent je me conforme à la légalité. C'est ainsi que je me suis toujours
soumis aux arrêts de la Cour Constitutionnelle.
Certains me dénient le droit de modifier la constitution. Je vous dis que cela n'est pas exact.
Lisez l'article 3 de la Constitution : "La souveraineté appartient au peuple qui l'exerce, dans chaque île et dans l'ensemble de l'Union, par ses représentants élus ou par la voie du référendum. Aucun groupement ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice".
Cela signifie que le vrai pouvoir appartient au peuple et que lui seul peut trancher sur les changements, par voie référendaire.
L'article 37 de la Constitution dispose par ailleurs que "L'initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au Président de l'Union et au moins un tiers des membres de l'Assemblée de l'Union. Pour être adopté, le projet ou la proposition de révision doit être approuvé par les deux tiers du nombre total des membres de l'Assemblée de l'Union ainsi que par les deux tiers du nombre total des membres des Assemblées des Iles ou par référendum".
Ainsi, je ne comprends pas ceux qui me disent que je ne respecte pas la constitution.
Certes le même article dispose qu'"Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu'il est porté atteinte à l'unité du territoire et à l'intangibilité des frontières internationalement reconnues de l'Union ainsi qu'à l'autonomie des îles".
Toutefois les changements que je propose ne concernent pas ces sujets.
Je voudrais ainsi vous rassurer tous, notamment les gens instruits : je ne fais que suivre la légalité pour faire de notre pays, un pays de démocratie non régi par la force ou les armes, ni par d'autre voie que celle acceptée par le peuple. Par contre le refus du référendum n'est pas légal.

Citoyens de l'intérieure et de la diaspora,

L'idée de la révision constitutionnelle m'est venue après la libération de l'Ile d'Anjouan.
Cette constitution n'était pas faite dans l'intérêt du pays et porte en elle de nombreux dysfonctionnement dont l'existence de quatre présidents, quatre parlements, quatre gouvernements et quatre constitutions.
La preuve est désormais faite, notamment par les incessants conflits de compétences entre les gouvernements des îles et celui de l'Union.

Au nom de la Nation, du pays, de l'Islam, pouvons-nous nous permettre de tenir tous les ans des élections qui nécessitent du temps, de l'énergie et de grands moyens financiers ?
Nous avons voté en 2006 pour les présidentielles de l'Union, en 2007 pour les Présidents de Mwali et de Ngazidja, en 2008 pour le Président de Ndzouani. En 2009 nous devons élire l'Assemblée de l'Union et, à nouveau, en 2010, le Président de l'Union pour revenir à Ngazidja et Mwali en 2012, à Ndzouani en 2013 et renouer avec l'élection du président de l'Union en 2014. Nous ne devons pas ainsi fermer les yeux.

Voilà une des raisons qui justifient la révision de notre constitution. Si quelqu'un a d'autres propositions pour résoudre le problème de la multiplicité de nos institutions et de la fréquence de nos élections, qu'il les fasse.

Lors de la
conférence intercomorienne et après, un seul sujet a semblé préoccuper les gens : le mandat de l'actuel Président de l'Union.
J'ai en effet proposé l'harmonisation à cinq ans, de l'ensemble des mandats, permettant ainsi de ne tenir que deux élections en 5 ans.
On m'a alors prêté l'intention de vouloir prolonger mon mandat comme cela se pratique dans d'autres pays du monde. Je vous prends à témoin que telle n'est pas mon intention. Si tel était le cas, pourquoi ne vous aurais-je pas demandé la possibilité de renouveler mon mandat ?
Que l'harmonisation des mandats à cinq ans me donne une année de plus, je n'en disconviens pas. Mais je suis tout aussi disposé à retenir le mandat de 4 ans pour vous prouver que ce n'est pas la prolongation de mon mandat qui me préoccupe. Otez donc de vos idées, que je souhaite avoir un an de plus car, sincèrement, je cherche une solution aux problèmes qui se posent à notre pays pour qui je suis prêt à verser mon sang afin qu'il vive mieux.
Dès lors, j'invite les autres à penser d'abord aux intérêts du pays avant les leurs.

Mes chers compatriotes,

Je dois prendre des décisions importantes dans les jours qui viennent et choisir la meilleure solution pour notre pays :
► Retirer le projet de révision constitutionnelle ? Ce n'est pas une solution.
► Tenir les élections du Président de l'Union en 2010, en même temps que celle des Présidents des îles et laisser ainsi la présidence tournante aller à Mwali ?
► Ou décider de tenir ces mêmes élections en en 2011, 2012 ou 2013 ?
En tous les cas, il me faudra prendre une décision pour harmoniser les mandats et réduire la fréquence et le coût des élections. Mes consultations des jours à venir, me permettront de prendre la décision adéquate. La vie des comoriens dépend de ces réformes.
Je ne suis pas de ceux qui considèrent la politique comme l'art du mensonge et de l'hypocrisie.

Mes chers compatriotes,

Un autre défi nous attend : la France souhaite faire du territoire comorien de Mayotte un département français.
C'est une initiative que nous devons condamner. Je sais que vous êtes derrière moi sur ce sujet et que la communauté internationale est avec nous.
Toutefois nous devons revendiquer dans la paix.
L'Union Africaine a condamné le référendum français à Mayotte. D'autres organisations et de hautes personnalités prendront position dans les jours qui viennent.
Nous devons, pour notre part, parler à la France, le langage qu'elle comprend : celle du droit et de la civilisation.
Je voudrais ainsi dire aux français une chose que je ne leur ai dite : faites d'abord un référendum en France sur le sujet.
En effet, Mayotte est comorienne et l'a toujours été. D'ailleurs, la capitale des Comores s'y trouvait.
Les Mahorais ne seront jamais des français à part entière. Ils auront leurs papiers mais resteront toujours des comoriens
.
La question « souhaitez vous que Mayotte devienne française » doit être posée au peuple libre de France, pas aux Mahorais sous la colonisation et qui, par conséquent, ne sont pas libres.
Je le dis par la voix de la sagesse et de la paix, qui constituent notre bravoure et notre patriotisme car Mayotte française, cela n'a aucune signification pour nous. Ainsi nous savons d'avance les résultats du référendum : ils sont nuls et non avenus.

Mayotte française ? Si ce référendum se tenait en France, je suis certain que le peuple français ne l'accepterait pas.
Comoriens de l'intérieur et de la diaspora,

J'ai voulu m'entretenir avec vous sur ces défis. Nous avons pu ensemble libérer l'île d'Anjouan. Nous devons nous unir pour affronter le défi de la réforme de nos institutions et celui de la libération totale de notre pays. Je sais de quoi je parle.

Mes chers compatriotes,

J'ai de l'affection pour vous et je sais que c'est réciproque. Je vous demande alors de me faire confiance.
Ce pays a des ennemis puissant à l'extérieur que nous ne devons pas laisser faire si nous voulons nous en sortir, renforcer notre unité et éviter l'éclatement de notre pays.
Pour terminer, je voudrais vous redire toute ma fierté pour l'accueil chaleureux et l'hospitalité généreuse que vous réservez à nos hôtes étrangers. Cela honore notre pays et lui donne une bonne image.

Je vous en remercie.

Que la Paix et la bénédiction de Dieu soient sur vous.

Source : Beit-Salam
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22 mars 2009 7 22 /03 /mars /2009 10:29

Source : MALANGO-MAYOTTE 21/03/09

 Au cours d’une mission de trois jours dans l’archipel des Comores, dont un à Mayotte, deux cadres du Parti communiste français ont réaffirmé l’opposition de leur parti à la départementalisation de Mayotte et ont appelé la France à changer sa stratégie dans la région.

 

«Notre conviction profonde, à l’issue de cette mission, est que la départementalisation [de Mayotte, ndlr] n’est pas la bonne voie », a estimé Jean-Louis Lemoing, membre du Comité exécutif du Parti communiste français (PCF), samedi 21 mars lors d’une conférence de presse tenue à Dzaoudzi en présence de Youssouf Moussa, figure historique du Front démocratique.

M. Lemoing et Eliane Assassi ont passé deux jours à Moroni, où ils ont rencontré « le président [Sambi, ndlr] et des représentants de la société civile », et un à Mayotte, où ils ont écouté des militants associatifs et visité le Centre de rétention administrative (lire ci-contre) après avoir été hués à leur arrivée vendredi 20 mars.

A l’issue de leur mission, les deux membres de la mission diligentée par le PCF dans l’archipel dans le cadre de la départementalisation de Mayotte en sont arrivés à la conclusion que l’évolution statutaire de l’île telle que proposée par le gouvernement français « aboutira à une catastrophe », tant au regard de ce qu’il se passe actuellement dans les DOM français qu’en raison de la « situation géopolitique particulière » de l’archipel des Comores.

« Ce processus n’est pas la voie royale vers la stabilisation de la zone, ni une garantie pour son développement. Il faut un processus de développement englobant l’ensemble des quatre îles des Comores », a déclaré M. Lemoing. S’il ne s’est pas prononcé en faveur du retour de Mayotte dans le giron comorien, il a avancé l’idée « d’une nouvelle voie à inventer », affirmant que « la France à un devoir envers l’ensemble du peuple comorien ».

Accusés par les pouvoirs médiatique et politique mahorais d’ignorer le choix des Mahorais, les deux communistes ont tenu à préciser qu’ils prennent en compte dans leur réflexion « la spécificité mahoraise ». « Personne ne demande à la France de s’en aller », a indiqué M. Lemoing, « pas même les Comores ».

Il a également affirmé que le PCF reconnaîtrait le choix des électeurs le 29 mars - « nous respecterons la voix du peuple » -, tout en notant « l’absence de débat démocratique » sur ce sujet, tant en France hexagonale qu’à Mayotte. « Les Français ne sont pas saisis de la question. Ils n’ont pas les clés pour intervenir en tant que citoyens. Ils apprendront, sans doute par un spot le dimanche soir, que la France compte un nouveau département. » C’est pour remédier à ce déficit d’information « que nous sommes venus dans l’archipel », a-t-il ajouté.

« On méprise les citoyens français », a pour sa part dénoncé la sénatrice de Seine-Saint-Denis, Eliane Assassi. « Et c’est le même chose à Mayotte. Il est où le débat ? Quelle possibilité donne-t-on aux partisans du « non » pour s’exprimer ? Encore une fois, on ne donne pas les clés aux Mahorais. » Selon elle, « le gouvernement français créé une poudrière » à Mayotte, car ses habitants « seront considérés comme des Français de seconde zone ».

De retour en France hexagonale, les deux communistes ont prévu d’organiser une conférence de presse et des rencontres publiques afin de sensibiliser l‘opinion française sur ce sujet. Eliane Assassi envisage en outre d’interpeller le gouvernement au Sénat et de demander aux députés européens d’agir de leur côté.

RC

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21 mars 2009 6 21 /03 /mars /2009 00:25

Je vous propose ci-dessous un reportage intéressant en shikomori sur la question de la départementalisation du térritoire comorien de Mayotte envisagée par l'Etat français diffusé récemment par France O

 

Voir ICI  

 

Halidi Allaoui (HALIDI-BLOG-COMORES) 21/03/2009

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20 mars 2009 5 20 /03 /mars /2009 13:18
Energie : L’Etat doit à la Ma-Mwe 3 milliards de francs
Moroni, vendredi 20 mars 2009 (HZK-Presse) – Face à la situation critique que traverse la société d'Etat d'eau et d'électricité (Ma-Mwe), la direction rejette en bloc toutes les accusations et toute responsabilité, et se défend en indexant les autorités de tutelle d'avoir mis le dossier de l'énergie en veilleuse.

L'absence d'une politique nationale dans le domaine ne fait qu'empirer la situation, dit-on, mais le directeur général de l'entreprise appelle au respect au moins la convention signée en avril 2008 entre sa société, le ministère des finances, celui en charge de l'énergie et la société des hydrocarbures.
Elle prévoit, précise le directeur Salim Ali Soilihi (photo), le versement de 10 millions de nos francs aux hydrocarbures chaque semaine sur une durée de 6 mois. Au bout de 20 semaines, le ministère des finances n'a plus honoré ses obligations stipulées dans la convention, suite au choc pétrolier de juillet dernier.
Autant dire que s'il y a « sabotage » [allusion faite par le président Sambi dans un récent discours, ndlr] 
en matière de politique énergétique, les responsabilités sont partagées entre les décideurs, nous confie un connaisseur du domaine, placé aux hydrocarbures. Mais en réalité la Ma-Mwe roule à perte depuis belle lurette si l'on évalue le prix de revient et la vente du KWh à la clientèle. L'Etat doit supporter la différence, c'est ainsi que sa facture est évaluée à 3 milliards de nos francs.
Cette facturation, insiste le directeur général de la Mamwe, « est relative à la créance impayée de l'ex-hôtel Galawa aujourd'hui vendue, celle de l'hôtel Itsandra, l'éclairage public, l'administration de l'Etat », ce qui donne à croire que l'établissement court à sa faillite (Voir l'interview du Minstre de tutelle de novembre dernier ICI). Depuis son installation, M. Salim dit n'avoir jamais touché aucun rond de cette dette.
En défendant son personnel technique, notamment ses capacités confirmées, le directeur général dit en clair qu'il ne cherche pas à mettre en cause les techniciens de la boite, mais « des interventions d'experts s'avèrent parfois nécessaires pour diagnostiquer les installations, évaluer les besoins avant de prendre toute décision ».
C'est le cas actuellement avec la crise de la centrale de Voidjou où un expert est attendu incessamment pour aider à redémarrer deux groupes en attente. « Sous peu, la situation pourrait s'améliorer afin d'en assurer en moyenne les 9000 Kwh » correspondant à la demande, promet le patron de l'établissement public.

Très irrité par rapport à notre enquête dont il ne conteste pas les faits relatés, M. Salim Ali Soilihi cherchera à défendre ses techniciens, tout en livrant ses perspectives de sortie de crise, pour réussir selon lui « un processus de redressement » engagé depuis 17 mois qu'il est à la tête de l'entreprise. Et le directeur général de trancher : « il n'y a pas photo, pour offrir en permanence de l'électricité à notre clientèle, il faut réviser au moins quatre groupes électrogènes pour revenir à une situation normale ».
A sa nomination il aurait trouvé seuls deux groupes opérationnels, ayant subi une révision dans la période du comité de gestion dont il faisait partie. Reconnaissant les faiblesses de l'établissement qui depuis un temps fonctionne à perte, par rapport aux services fournis en matière de production, le directeur général dit avoir mis les bouchées doubles pour faire réviser en 2008 trois groupes sur financement propre de l'établissement et l'appui technique et financier complémentaire de l'Etat de Sharja.

Depuis lors des missions techniques se sont succédées à tour de rôle dont l'académie maritime d'Egypte, Maroc, Sharja, La Chine mais hélas les résultats se font encore entendre exceptée la Chine qui vient d'offrir dernièrement un lot de matériel pour le réseau hydraulique et quelques apports de Sharja.

Interrogé sur la somme permettant la révision de l'ensemble des groupes, le directeur avance le chiffre de 1,200 millions de francs au terme de chaque année. Pourtant la question de la facturation serait à ses yeux définitivement résolue, juste après la mission technique de la société sénégalaise intervenue dans le service commercial. « Le taux d'anomalie a nettement baissé », assure le directeur, avec 95% de facturation fiable. Ce qui motive le service de recouvrement assurant jusqu'à 52% de la facturation en moyenne chaque mois.

Le reste serait partagé entre l'Etat, les impayés, l'éclairage public et les fraudeurs avec la complicité de certains agents de l'établissement. D'où la « tolérance zéro » affichée par le conseil de discipline de l'établissement, souligne le directeur général quitte à sanctionner tout acte de trafic, d'indiscipline, de détournement de bien de la Mamwe.

Mais la décision revient souvent à la direction faute d'un conseil d'administration. Un conseil de discipline est mis en place, se défend le directeur général. Soit mais la direction devrait jouer l'interface pour exécuter les missions ordonnées par le conseil d'administration ou de discipline. Hélas, le directeur joue encore à la fois le rôle de juge et partie. Vrai ou faux le client réclame de l'électricité en temps réel.
A. Nabahane


A noter qu'un nouveau directeur général de la MAMWE en la personne Mlanao Henri Alphonse est nommé le 20 mars 2009 en remplacement de Salim Ali Soilihi.
HALIDI BLOG-COMORES 21 mars 2009/ 01h00

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18 mars 2009 3 18 /03 /mars /2009 22:52

À propos de la consultation populaire programmée le 29 mars 2009 — 3 —Mayotte : Conséquences de la violation du droit international

 
Dans la dernière partie de sa tribune libre (voir la précédente ICI) le professeur André Oraison rappelle que l'État comorien incluant l'île de Mayotte a été admis à l'ONU à l'unanimité le 12 novembre 1975. C'est ce qui explique pourquoi l'Assemblée générale des Nations Unies rejette « toutes autres consultations qui pourraient être organisées ultérieurement en territoire comorien de Mayotte par la France », ce qui annonce par avance la condamnation de la consultation populaire du 29 mars prochain.

E
n méconnaissant à l'occasion de l'accession des Comores à la pleine souveraineté le principe bien établi de l'indivisibilité des entités coloniales promues à l'indépendance, la France a manifestement violé le droit international public. Voulu par les États du Tiers Monde au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le droit international coutumier de la décolonisation exige en effet que les peuples dépendants exercent leur droit à l'autodétermination dans le cadre des frontières — même "arbitraires" — dessinées par les colonisateurs. L'objectif est de prévenir d'éventuelles manœuvres des Puissances européennes parfois désireuses de soustraire au mouvement de décolonisation telle ou telle fraction d'un pays colonial.

Le Gouvernement de Moroni soutient par ailleurs que le principe de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation l'emporte au moins dans les faits sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. C'est parce que la France avait l'intention évidente de balkaniser l'archipel au lendemain du scrutin de libre disposition du 22 décembre 1974 que les dirigeants comoriens ont proclamé unilatéralement l'indépendance de leur pays, le 6 juillet 1975, à l'initiative d'Ahmed Abdallah. Celui-ci avait d'ailleurs prophétisé la veille de ce jour historique : « L'indépendance des Comores se fera avec ou sans la France ».

L'admission aux Nations Unies en 1975 d'un État comorien incluant l'île de Mayotte

C'est bien sur la base d'une règle coutumière internationale à portée universelle liant tous les États — y compris les anciennes Puissances coloniales (dont la France) — que les Nations Unies considèrent les Comores comme une entité étatique unique, composée nommément des îles d'Anjouan, de la Grande Comore, de Mayotte et de Mohéli. L'admission en leur sein le 12 novembre 1975 d'un État souverain composé de quatre îles confirme cette approche « globaliste ». L'admission du nouvel État a de surcroît été votée à l'unanimité par l'Assemblée générale de l'ONU par une Résolution 3385 (XXX), la France ne participant pas au vote. Au sein du Conseil de Sécurité qui avait délibéré sur cette question le 17 octobre 1975, il convient d'observer que le Gouvernement de Paris n'avait pas empêché la prise d'une recommandation favorable en exerçant son droit de veto. Il s'était contenté de s'abstenir lors du vote.
Les Comores entrent bien à l'ONU en 1975 en tant qu'entité étatique composée des îles d'Anjouan, de la Grande Comore, de Mayotte et de Mohéli conformément aux résolutions 3161 (XXVIII) et 3291 (XXIX), votées respectivement à l'unanimité par l'organe plénier des Nations unies les 14 décembre 1973 et 13 décembre 1974. La sécession des "îles de la Lune" étant acquise avec le scrutin du 22 décembre 1974, le Gouvernement de Moroni est dès lors en droit de considérer la loi française du 31 décembre 1975 comme une ingérence inacceptable de la France dans les affaires intérieures des Comores indépendantes.

La condamnation par l'ONU de toute consultation populaire organisée à Mayotte après 1975

La France a d'abord été contrainte d'utiliser le 6 février 1976 son droit de veto au Conseil de sécurité en invoquant paradoxalement le principe de libre détermination des peuples à l'encontre d'un projet de résolution demandant, par 11 voix et 3 abstentions (États-Unis, Grande-Bretagne, Italie), l'annulation de la consultation prévue à Mayotte le 8 février suivant et le respect de l'intégrité territoriale de l'État comorien.
Mais le Gouvernement de Paris ne peut empêcher le vote de l'importante Résolution 31/4 — adoptée le 21 octobre 1976 par 102 voix contre une seule (celle de la France) et 28 abstentions — dans laquelle l'Assemblée générale de l'Organisation mondiale déclare que l'occupation par la France de l'île de Mayotte « constitue une atteinte flagrante à l'unité nationale de l'État comorien ». De surcroît, l'organe plénier des Nations unies « condamne les référendums du 8 février et du 11 avril 1976 organisés dans l'île comorienne de Mayotte par le Gouvernement français et les considère comme nuls et non avenus » dans la mesure où ils ne respectent pas le principe traditionnel de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation.
L'Assemblée générale des Nations Unies rejette enfin et surtout « toutes autres consultations qui pourraient être organisées ultérieurement en territoire comorien de Mayotte par la France ». Toujours d'actualité en ce début de XXIe siècle, cette philippique onusienne est très importante. C'est en effet une condamnation par anticipation de la dernière consultation des populations mahoraises survenue le 2 juillet 2000 et — bien sûr — de la prochaine consultation programmée à Mayotte le dimanche 29 mars 2009.
Dans ce contexte, la prochaine consultation populaire organisée à Mayotte est déjà considérée comme une nouvelle manœuvre du Gouvernement de Paris dirigée contre le peuple comorien et ses dirigeants qui revendiquent inlassablement Mayotte depuis son accession à l'indépendance, le 6 juillet 1975, en invoquant une des règles les plus fondamentales du droit international positif. Cette consultation risque en conséquence de détériorer gravement et durablement les relations déjà tendues entre la France et les Comores. Interviewé par "Le Monde", le Président Ahmed ABDALLAH n'avait-il pas lancé le jeudi 15 octobre 1981 un avertissement solennel aux dirigeants français à propos du statut de Mayotte ? Il déclarait en effet sous une forme imagée : « Quand une fille qui s'appelle les Comores aime un homme qui s'appelle la France et que cet homme ne l'aime pas, elle peut soit se suicider, soit chercher un autre homme ».
La consultation prévue à Mayotte le 29 mars 2009 provoque déjà des remous et va continuer à provoquer de nouvelles et virulentes critiques émanant non seulement du Gouvernement de Moroni mais aussi des organisations internationales à vocation universelle comme les Nations Unies ou à vocation régionale comme l'Union Africaine et la Ligue des États Arabes qui sont toujours favorables au retour de Mayotte dans l'État comorien sans consultation préalable — faut-il le souligner ? — de sa population.

Réflexion terminale : L'aggravation prévisible du différend franco-comorien

En dernière analyse, il nous apparaît déjà bien difficile de contester les propos — au premier abord choquants, mais exacts sur le plan juridique — du député communiste Jean-Paul Lecocq (PCF) lorsqu'il déclarait récemment au Parlement lors du débat consacré à la prochaine consultation des Mahorais sur l'avenir statutaire de leur île : « Au regard du droit international, Mayotte n'est pas un territoire français d'Outre-mer. C'est une terre comorienne illégalement occupée par une Puissance étrangère » (1).

Il est certain en outre que la départementalisation de « l'île au parfum envoûtant d'ylang-ylang » qui résultera vraisemblablement du scrutin du 29 mars prochain ne mettra pas un terme au combat de "David contre Goliath". Le contentieux franco-comorien sur Mayotte perdurera et même s'amplifiera — on peut le craindre — car il est d'ores et déjà exclu que l'État comorien puisse renoncer à un territoire vital pour sa survie, un territoire qu'il a toujours revendiqué avec force depuis son accession à l'indépendance en 1975. (Fin)

André Oraison
Professeur des Universités
Source :
Témoignages - mercredi 18 mars 2009

(1) Voir Giachino (L.), “À six semaine du référendum sur la départementalisation. Le Parlement débat de Mayotte", "Le Quotidien de La Réunion", mardi 17 février 2009, p. 21.

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