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  • : HALIDI-BLOG-COMORES, Blog des COMORES
  • : BLOG DES COMORES GERE DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013 PAR MARIAMA HALIDI
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A SAVOIR

QU'EST CE QUE LA LANGUE COMORIENNE ?

Pour répondre à cette question pertinente, nous vous proposons ci- dessous l'interview du grand linguiste et spécialiste de la langue comorienne, Mohamed-Ahmed Chamanga

 

 
INTERVIEW DE CHAMANGA PAR RFO EN 2004
 
 
 Le comorien est une langue composée de mots africains, de mots arabes voire parfois de mots portugais et anglais. D'où vient la langue comorienne ?

M.A.C : Le fonds lexical de la langue comorienne est essentiellement « africain » comme vous le dites, et plus précisément bantu. Les emprunts au portugais ou à l'anglais sont relativement faibles. Par contre, l'apport arabe est très important. Cela s'explique par la très forte islamisation des Comores, depuis la Grande Comore(Ngazidja) jusqu'à Mayotte (Maore) en passant par Mohéli (Mwali)et Anjouan (Ndzuwani). Malgré ces emprunts, le comorien (shikomor) reste, sur le plan de sa structure grammaticale, une langue bantu.

Qu'appelle t-on une langue bantu ?

M.A.C : Le bantu est une famille de langues, la plus importante d'Afrique. Les langues qui composent cette famille couvrent pratiquement toute la partie australe du continent noir.

Y a t-il encore aujourd'hui en Afrique ou à Madagascar des populations qui parlent une langue similaire au comorien ?

M.A.C : Bien sûr ! On trouve par exemple le swahili en Tanzanie, le lingala au Congo Démocratique, le kikongo au Congo, le zulu en Afrique du Sud, le shona au Zimbabwe-Mozambique, le tswana au Botswana, le kinyarwanda-kirundi au Rwanda-Burundi, etc. Comme ces langues appartiennent à la même famille, elles ont forcément beaucoup de points communs dans la structure des mots, leurs répartitions dans les phrases, les accords grammaticaux, etc. Elles ont aussi un minimum de vocabulaire commun.
Prenons par exemple le mot bantu ! Ce mot est attesté dans certaines langues, comme le lingala, et il signifie « hommes ». C'est le pluriel du mot muntu qui veut dire « homme » au singulier. Dans d'autres langues, ces mots se déclinent au pluriel en watu (swahili), wantru ou watru ou en encore wandru (shikomor) ; au singulier, nous avons respectivement mtu, muntru, mtru, mndru.
Prenons encore l'exemple de la phrase kinyarwanda suivante qui signifie : « Combien d'hommes ? » : Abantu bangahe ? Nous avons en comorien les équivalences suivantes :Wantru wangapvi ?Watru wangapvi ?Wandru wanga(pvi) ? et en swahili :watu wangapi ?

Ne pensez-vous pas qu'il y a beaucoup de ressemblance dans tout ça ?

M.A.C : A Madagascar, jusqu'au milieu du XXe siècle, il y avait quelques poches bantuphones sur la côte nord-ouest. Mais les langues africaines qui y étaient parlées, le swahili à Marodoka ou le makua à Maintirano, ont aujourd'hui disparu. Le malgache appartient à une autre famille de langues : les langues austronésiennes comme par exemple les langues indonésiennes.

Le comorien est souvent comparé au swahili, parfois on a même dit que le comorien en était dérivé ?

M.A.C: Selon les résultats des recherches des trois dernières décennies, il est prouvé que le comorien et le swahili sont génétiquement issus d'une même souche-mère, d'où leur très grande parenté. Mais les deux langues se seraient séparées aux environs du XIIème siècle. On peut donc dire que ce sont deux langues soeurs. Si la confusion a pu se maintenir jusqu'à une période pas très lointaine, c'était à cause de la très grande proximité des deux langues, mais aussi parce que les sultans des Comores parlaient swahili et beaucoup de correspondances et traités avec les pays voisins ou les puissances étrangères étaient rédigés en swahili qui étaient à l'époque la plus importante langue de communication et du commerce de cette région de l'océan indien occidental.
Par combien de personnes est parlée la langue comorienne?
M.A.C:On peut estimer que la langue comorienne est parlée aujourd'hui par un million de personnes environ : les 750 000 habitants de l'archipel des Comores plus la très importante diaspora comorienne, que l'on peut retrouver notamment à Madagascar, à Zanzibar ou encore en France.

Est-elle enseignée à l'école ? Si non pourquoi ?

M.A.C: Malheureusement, elle ne l'est pas. Pourquoi ? Parce que : Premièrement, la colonisation française, avec sa mission « civilisatrice », n'avait jamais reconnu au peuple dominé une quelconque culture ou civilisation et que les langues des dominées n'étaient pas des langues mais, avec un sens très péjoratif, des dialectes qui n'avaient ni vocabulaire développé ni grammaire.
Deuxièmement, le pouvoir très centralisateur de l'Etat français avait imposé le français comme la seule langue de l'administration partout. Cela était vrai dans les colonies, mais aussi en métropole. C'est ainsi qu'on a banni l'enseignement du breton en Bretagne, du basque au Pays Basque (Sud-Ouest de la France).
Troisièmement enfin, nous avons nous-mêmes fini par admettre que notre langue est pauvre et sans grammaire. Elle ne peut donc pas être enseigné. Il faut encore souligner qu'avec l'instabilité chronique des Comores indépendantes, aucune réflexion sérieuse n'a pu être menée sur la question. Pourtant, les pédagogues sont unanimes : pour permettre l'épanouissement des enfants, il est nécessaire que ces derniers puissent s'exprimer pleinement dans leur langue maternelle...

Y a t-il une ou des langues comoriennes ?

M.A.C:Nous avons la chance d'avoir une seule langue comorienne, depuis Ngazidja jusqu'à Maore. Mais comme toute langue, le comorien se décline en plusieurs dialectes qui en sont les variantes régionales : le shingazidja à la Grande Comore, le shimwali à Mohéli, le shindzuani à Anjouan et le shimaore à Mayotte.

Comment expliquer l'apparition de divers dialectes sur un territoire aussi exiguë que les Comores ?

M.A.C : Ce phénomène n'est pas spécifique au comorien. Toute langue est formée de plusieurs dialectes. La dialectalisation s'accentue lorsqu'il y a peu de communications et d'échanges entre les régions. A l'inverse, le déplacement d'une population qui parle un dialecte donné vers une autre région où l'on parle un autre dialecte peut également entraîner des changements dans les deux dialectes. Pour le cas des Comores, le facteur du peuplement par vagues successives au cours de l'histoire explique aussi le phénomène.
Les différences dialectales peuvent aussi s'observer à l'intérieur de chaque île. C'est ainsi, par exemple en Grande Comore, que la manière de parler des gens de Mbéni dans la région du Hamahamet diffère du parler des gens de Fumbuni dans la région du Mbadjini. Il en est de même à Anjouan entre les gens de Mutsamudu, sur la côte nord, et ceux du Nyumakele, dans le sud-est de l'île, ou encore, à Mayotte, entre Mamoudzou et Kani Bé ou Mwana-Trindri dans le sud, etc.

Un mot sur la langue mahoraise.

M.A.C:Le shimaore appartient au même sous-groupe dialectal que le shindzuani. C'est dire qu'il faut souvent écouter attentivement pour percevoir les différences entre ces deux dialectes. Le shimaore fait ainsi partie intégrante de la langue comorienne.

Le comorien s'enrichit-il ou s'appauvrit-il (avec le phénomène de créolisation de la langue) ?

M.A.C : Parler à l'heure actuelle de créolisation de la langue comorienne est quelque peu exagéré. Certes elle ingurgite aujourd'hui beaucoup de mots d'origine française. Mais cela reste « raisonnable ». Le comorien a emprunté énormément de vocabulaire d'origine arabe, environ entre 30 et 40 % du lexique, pourtant on ne parle pas de créole arabe, et cela à juste titre. En effet, ce qui fonde une langue, ce ne sont pas seulement les mots. Ce sont surtout sa structure grammaticale et sa syntaxe. De ce point de vue, le comorien ne ressemble ni à l'arabe ni au français.
On ne peut pas dire que le comorien s'appauvrit. Essentiellement oral, il répond parfaitement à nos besoins de communication. Il est toutefois évident qu'une langue écrite possède un stock lexical beaucoup plus étendu qu'une langue orale. Ne vous inquiétez pas pour le comorien. Si un jour, on décide de l'écrire, de l'enseigner et de l'utiliser dans l'administration, il ne pourra que s'enrichir. Il s'enrichira en se forgeant des mots nouveaux ou en empruntant d'autres ailleurs, comme cela se fait dans les langues dites de « grande civilisation ».

Où en est actuellement la recherche sur la langue comorienne ?

M.A.C: La recherche sur la langue comorienne avance ; trop lentement peut-être, mais elle avance. Nous avons aujourd'hui une meilleure connaissance sur elle qu'il y a vingt ans. Malheureusement, c'est un domaine qui intéresse peu de monde, aussi bien chez les nationaux que chez les chercheurs étrangers.

Pensez-vous qu'un jour tous les Comoriens parleront la même langue ? Et sur quoi se fonderait cette sédimentation en une seule langue « nationale » ?

Mohamed Ahmed-Chamanga : Nous parlons déjà la même langue. Ce qui nous manque, c'est une langue standard, comme en Tanzanie avec le swahili, à Madagascar avec le malgache, ou en encore au Zimbabwe avec le shona, etc. Pour arriver à ce stade, il faut qu'il y ait une réelle volonté politique, une prise de conscience chez les Comoriens de vouloir mieux apprivoiser leur propre culture et que soit mise en place une équipe de chercheurs qui se pencherait sur la question et qui proposerait cette langue standard qui serait utilisée dans tout l'archipel des Comores.

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CI-DESSOUS LES NEWS  RECENTES  DES COMORES

 

 

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A PROPOS DE OUANI

Ouani et ses grands hommes
 
 
L’être humain est insignifiant puisque le corbeau et beaucoup d’autres espèces d’arbres vivent plus longtemps que lui. De ce court séjour dans ce bas monde à la différence d’autres êtres vivants, l’homme peut marquer de son empreinte l’histoire.
A OUANI, ce genre d’homme malgré sa rareté, a existé et continu à exister jusqu’à nos jours. En ouvrant ce nouveau chapitre, quelques dignitaires en collaboration avec le comité de pilotage de la ville ont tenu à rendre hommage beaucoup d’hommes et de femmes qui ont fait du bien à cette ville.
En dehors de tout jugement, ils ont fait de leur mieux pour que Ouani devienne l’une des grandes villes les plus rayonnantes des Comores et Ouani l’est grâce à eux. Elle doit continuer à l’être pour nous et les générations à venir.
A titre posthume, nous tirons la révérence devant Saïd Toiha (Baco Moegné), Saïd Abdou Bacar Nomane, Saïd Abdou Sidi et Saïd Andria Zafi.
 
Le premier pour avoir créé la première école privée de la ville dans l’objectif de ne plus avoir un enfant de six à sept ans non scolarisé, le second qui a été le premier à être ministre et dont les louanges dépassent les frontières de la ville, le troisième a accompagné plusieurs années la jeunesse et le dernier a beaucoup contribué au niveau de l’enseignement primaire par son dévouement et son engagement à instruire ceux qui l’ont fait pour nous. Cette liste vient de s’ouvrir et n’est pas prête de se fermer ; beaucoup d’autres personnes disparues ou vivant tels que les enseignants apparaîtront à la prochaine édition.
Ansaly Soiffa Abdourrahamane
 
Article paru en 2003 dans le n° 0 de Jouwa, bulletin d’information de OUANI
 
 
 
 
LES ENFANTS DE LA VILLE DE OUANI
ET L’HISTOIRE   DES COMORES
 
 Beaucoup d’enfants de la ville de OUANI ont marqué et marqueront toujours l’histoire de leur pays : les îles Comores.
 
 En voici quelques uns dans différents domaines.
 La liste n’est pas exhaustive
 
 I) LITTERATURE
 
LITTERATURE ORALE
 
ABDEREMANE ABDALLAH dit BAHA PALA
 
Grand connaisseur du passé comorien décédé brusquement en 1988.
Actuellement, un projet de publication de sa biographie est en étude.
On trouve beaucoup de ses témoignages sur l’histoire des Comores dans le tome 2 de l’excellente thèse de SIDI Ainouddine sur la crise foncière à Anjouan soutenue à l’INALCO en 1994 
 
LITTERATURE ECRITE
 
Mohamed Ahmed-CHAMANGA
 
Grand linguiste des Comores
 
 Né à Ouani (Anjouan) en 1952, Mohamed Ahmed-Chamanga, diplômé de swahili et d'arabe, a fait des recherches linguistiques sur sa langue maternelle. Il enseigne la langue et la littérature comorienne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il est l'auteur d'une thèse, de plusieurs articles, ainsi que d'un recueil de contes de l'île d'Anjouan : Roi, femmes et djinns (CLIF, 1998). Président de l'Association Fraternité Anjouanaise, Mohamed Ahmed-Chamanga a fondé, en 1997, le journal Masiwa.
 Il enseigne actuellement la langue et la littérature comoriennes à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris (INALCO).
 
AINOUDINE SIDI
 
 Historien & grand spécialiste de l’histoire foncière des Comores 
 
 Né à OUANI, en 1956. Il a fait des études d’histoire à l’université de DAKAR (SENEGAL) et a préparé un doctorat d’études africaines à l’INALCO (PARIS)  Il est actuellement chercheur et Directeur du CNDRS (Centre National de Documentation et de Recherches Scientifiques) à MORONI.
 
 II) MUSIQUES & CHANTS
 
DHOIFFIR ABDEREMANE
 
Un des fondateurs de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Avec ses chansons axées sur la contestation sociale. Il fait partie des premiers artistes qui ont introduit aux années 60 une nouvelle forme de musique aux COMORES.
 
C’est un homme très discret mais plein de talents. On se souviendra toujours de ses productions à la salle AL CAMAR de MORONI.
 
FOUDHOYLA CHAFFI
 
 Une des premières femmes comoriennes à avoir fait partie d’un orchestre musical.
 Il s’agit là d’un engagement incontestable de la part d’une femme comorienne.
 Elle a commencé à jouer un rôle important dans la chanson à partir de 1975 comme chanteuse principale de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Sa voix d’or résonne toujours dans le cœur de tous ceux qui ont vécu dans notre pays de 1975 à 1978. On ne passait pas en effet, une seule journée sans entendre une de ses chansons sur l’égalité des sexes, l’unité des Comores, le changement des mentalités… à la radio nationale.
 
 III) POLITIQUE
 
Le sultan ABDALLAH III
 
 De mère ouanienne, il est l’un des grands sultans qui ont régné dans l’archipel des Comores au 18eme siècle et plus précisément sur l’île d’Anjouan.
 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED
 
La première femme ministre et élue député des COMORES
 
Né le 06 juillet 1952 à OUANI. Elle a enseigné pendant plusieurs années le français et l’histoire géographie dans différents collèges du pays avant d’être nommée secrétaire d’Etat à la condition féminine et à la population en 1991.
De 1991 à 1996 elle a assumé de hautes responsabilités politiques : Haut commissaire à la condition féminine, Ministres des affaires sociales, conseiller spécial du président de la république, secrétaire général adjoint du gouvernement, élue députée ….
Actuellement, elle est enseignante à l’IFERE et Présidente du FAWECOM.
 
Article publié sur le site de l'AOFFRAC (www.aoffrac.com)
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

16 avril 2009 4 16 /04 /avril /2009 12:26
Bashar Kiwan serait-il arrêté à Dubaï ?
Moroni, mercredi 15 avril 2009 (HZK-Presse) – Depuis quelques jours une rumeur insistante circulant à Moroni fait état de l'arrestation de Bashar Kiwan, à Dubaï (Emirat arabes unis). Une information ni confirmée, ni démentie par la société Comoro Gulf Holding (CGH) dont il est le puissant Président directeur général. Toujours est-il que selon plusieurs sources concordantes aussi bien aux Comores que dans certaines capitales des pays du Golfe où l'homme d'affaires est connu, notamment au Koweït et aux EAU, l'interpellation de Bashar Kiwan se confirme.

Une interpellation pour une affaire commerciale l'opposant à un certain Talal Alkhoury a eu lieu la semaine dernière, avec interdiction de quitter le territoire émirati avant ce mercredi 15 avril, jour fixé par la justice de ce pays pour rendre sa décision après l'avoir entendu.

Le patron de CGH, qui s'est activement engagé dans un vaste programme d'investissement économique dans notre pays, notamment dans le domaine hôtelier et touristique, aurait ainsi des démêlées judiciaires avec un important homme d'affaires du Golfe, Talal Alkhoury, qui aurait investi l'équivalent de 34 millions de dollars [soit 12 milliards fc] dans l'un des huit projets de CGH, celui de l'installation aux Comores d'une société privée de téléphonie mobile.
Si le gouvernement comorien a déjà accordé à la CGH (depuis 2007) la licence d'exploitation, le nouvel opérateur n'est toujours pas installé à ce jour, et le principal actionnaire semble commencer à s'impatienter, d'autant qu'il soupçonne Bashar Kiwan d'avoir rétrocédé ladite licence d'exploitation à un autre opérateur.
Le staff de CGH, visiblement gêné par cette mauvaise publicité qui risque de ternir son image auprès de l'opinion publique, tente de minimiser l'affaire en gardant un silence plutôt inhabituel. Rappelons que Bashar Kiwan est le promoteur principal de la CGH, qui est à l'initiative des projets de village touristique du Lac Salé, de la réhabilitation de l'hôtel Itsandra, de la Banque Fédérale du commerce (BFC) dont l'agrément a été suspendu depuis fin 2008 par la Banque centrale pour non-conformité à certaines conditions, et le journal Albalad.

Cet homme d'affaires franco-syrien qui connait bien les Comores depuis l'époque de l'ancien président Mohamed Taki Abdoulkarim (1996-1998), s'est trouvé l'année dernière au centre d'une polémique au sujet de l'adoption controversée d'une « loi de citoyenneté économique » initiée par son groupe et défendu par le gouvernement, dans le but de générer 200 millions de dollars de fonds d'investissement direct en provenance de pays du Golfe.
El-Had Said Omar
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16 avril 2009 4 16 /04 /avril /2009 12:01

Dans son adresse à la nation d'hier soir (mercredi 15 avril 2009), le président de l'Union des Comores, Monsieur Ahmed AbdallahSambi a annoncé la date du 17 mai 2009 pour la tenue du référendum de révision de la constitution de 2001. La campagne référendaire se déroulera du 26 avril au 15 mai 2009.

Pour l'harmonisation des élections, le président a décidé de soumettre cette question aux « députés qui seront élus par la suite, à en fixer la date. Cela respecte la volonté des uns et des autres », a-t-il dit.

Le chef de l'Etat demande à ceux qui refusent ces changements de faire usage de la démocratie en faisant campagne contre le projet de loi référendaire.
Nous publions ci-dessous l'intégralité de son discours selon la transcription de Beit-Salam.



Le Président de la République s'est adressé à la Nation.

Discours à la Nation de Son Excellence MonsieurAHMED ABDALLAH MOHAMED SAMBI, Président de l'Union des Comores

Après les louanges à Allah et les salutations au Prophète, à sa famille et à ses compagnons ; le Président de la République s'est adressé à la Nation en ces termes :
Honorables Comoriennes et comoriens, de l'Intérieur du pays et de la diaspora : que Dieu vous protège.

Comme je vous l'ai promis, je voudrais vous entretenir aujourd'hui d'un sujet important qui concerne aussi bien l'avenir de notre pays que son présent.
Je souhaiterais auparavant, vous rappeler une chose que vous ne devez jamais perdre de vue : lorsque vous m'avez élu, vous m'avez donné la mission de rechercher et de préserver les intérêts du pays et, comme le médecin, trouver les remèdes adéquats contre les maux qui frappent notre pays.

Comme j'ai eu l'occasion de l'évoquer à plusieurs reprises dans mes discours, notamment après la libération de l'Ile d'Anjouan, j'ai fait le constat du dysfonctionnement de nos institutions et des conflits de compétences qui opposent en permanence, le Président de l'Union à ceux des îles autonomes.

Comme mon prédécesseur qui ne parvenait pas à s'entendre avec les présidents des îles, l'incompréhension s'est installée entre moi et les autorités insulaires.
J'avais espéré trouver une meilleure issue mais j'ai fini par comprendre que ces conflits n'étaient pas dus aux personnes mais à la nature séparatiste de certaines dispositions de notre constitution.

Quand j'ai acquis la conviction que ces conflits persisteront tant que les racines du séparatisme ne seront pas arrachées de ce pays, j'ai alors jugé indispensable de faire réviser cette constitution, du moment que notre texte fondamentale, approuvé par le peuple, m'en donne le droit.
J'estime en effet que la révision de notre constitution qui instaure quatre Gouvernements, quatre parlements et quatre constitutions, demeure une des solutions à apporter aux problèmes de notre pays capable de le faire progresser.
C'est pourquoi j'ai pris l'initiative de demander aux Comoriens, par la voie du référendum, la révision de notre constitution.

La multiplicité des scrutins constitue par ailleurs une source de grandes dépenses d'énergie et d'argent, qui pourraient être utilisés à meilleur escient, dans les domaines cruciaux de l'eau, de l'électricité, de l'éducation ou de la santé.
En effet, alors que j'ai été élu en 2006, les Présidents des îles de Ngazidja et de Mwali ont été élus à leur tour en 2007 et celui de Ndzouani l'a été en 2008. Les élections législatives devront avoir lieu en 2009 et en 2010, à nouveau, l'élection du Président de l'Union. Si nous devons revenir aux élections des présidents de Ngazidja et de Mwali en 2012, à celles du Président de Ndzouani en 2013 pour revenir aux présidentielles de l'Union en 2010, je comprends comme tout homme doué d'intelligence peut s'en rend compte, au vu de ce calendrier, qu'il y a en perspectives de nombreuses occasion de divisions dans notre pays.
J'ai alors pris l'initiative de la révision de certaines dispositions de notre Loi fondamentale comme celle-ci m'y autorise.
En effet, nous sommes en démocratie où c'est le peuple qui choisit ses gouvernants et exerce sa souveraineté par la voie du référendum ou par l'intermédiaire de ses représentants.
Permettez-moi de vous faire lecture de l'article 3 de la constitution ; je cite « La souveraineté appartient au peuple qui l'exerce, dans chaque île et dans l'ensemble de l'Union, par ses représentants élus ou par la voie du référendum. Aucun groupement ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice »
L'article 37 stipule par ailleurs, je cite : « l'initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au Président de l'Union et au moins un tiers des membres de l'Assemblée de l'Union. Pour être adopté, le projet ou la proposition de révision doit être approuvé par les deux tiers du nombre total des membres de l'Assemblée de l'Union ainsi que par les deux tiers du nombre total des membres des Assemblées des Iles ou par référendum... »
C'est le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Personne d'autre, fut-il président ou Chef de l'Etat ne peut s'attribuer cette souveraineté, à cette différence prêt, que le Président de l'Union ou le tiers de l'Assemblée de l'Union ont seuls l'initiative de la révision. Mais pas la décision de son adoption n'appartient qu'au peuple s'il le décide en majorité par la voie du référendum ou par les deux tiers du congrès des assemblées qui le représentent.
Ainsi, c'est en me basant sur la Constitution que je vous demande officiellement aujourd'hui cette révision, conformément aux articles 3 et 37 qui donnent toute sa légalité à mon initiative.
Mais comme vous le savez, depuis que j'ai annoncé cette initiative, beaucoup de choses ont été dites.
Pour ma part, j'ai pris le soin de publier un avant-projet, par respect pour les citoyens comoriens et, comme vous en avez été témoins, j'ai fait appel aux présidents des îles en premier.
J'ai ensuite appelé toute la population pour recueillir les avis de tous. Le dialogue inter-comorien, appuyé par la communauté internationale, a enfin émis de nombreuses propositions.
Avant de boucler le projet à soumettre au référendum, j'ai à nouveau convié les présidents des îles pour recueillir leurs avis en vue d'un consensus et afin de préserver la paix et le calme dans le pays. Je leur ai ainsi donné l'occasion de me soumettre leurs propositions.
J'ai enfin souhaité les rencontrer une autre fois à Beit-Salam, en présence des deux Vice-présidents, après lecture du communiqué qu'ils ont publié à l'issue de leur rencontre d'Anjouan.

Permettez-moi de vous faire l'écho de nos entretiens. Le Président Moussa Toyb a expliqué qu'il souhaitait aller jusqu'au bout de son mandat, en 2013 et proposé que les autres mandats soient prorogés jusqu'à cette date. Le Président Mohamed Ali Said tout en affirmant sa volonté de terminer son mandat, rejetait, quant à lui, toute prolongation de mandat du Président de l'Union. Le Président Abdouloihabi souhaitait pour sa part terminer son mandat. Il a néanmoins proposé que la question de l'harmonisation des mandats soit discutée et tranchée par les députés. Le Président de Mwali a alors accepté l'idée de soumettre le calendrier des élections au congrès des députés.
S'adressant au Président Moussa Toybou, pour lui demander s'il consentirait à écourter son mandat, le Président de Mwali a eu cette réponse : « dans l'intérêt du pays, je suis prêt à sacrifier un an de mon mandat pour que les élections puissent avoir lieu en 2012 ». Le Vice-président a alors avancé comme date des élections, fin 2011 avec prise de fonction des présidents, début 2012.

En résumé, j'ai senti qu'un compromis était trouvé sur la nécessité de réviser certaines dispositions de la constitution et pour harmoniser les mandats. Il ne restait plus qu'à retenir une date pour la tenue des élections.
Il était convenu au cours de cette rencontre que les présidents des îles allaient se retrouver mais malheureusement, samedi, c'est un constat d'échec des discussions qui a été annoncé.
J'ai alors estimé qu'il était temps que je tire les conclusions en vertu des pouvoirs que vous m'avez conférés.
Entre-temps, j'ai reçu ce matin, une correspondance signée par les Président de Ngazidja et le Président de Mwali m'annonçant qu'ils étaient disposés à harmoniser leurs mandats au mien pour que l'élection du Président de l'Union puisse avoir lieu en 2010.
J'étais heureux que cette proposition que j'avais déjà faite pour écarter l'idée qui m'était prêtée de vouloir prolonger mon mandat, ait obtenu leur sage adhésion.
Mais c'est avec regret que j'ai reçu par la suite une correspondance du Président Moussa Toybou, me faisant part de sa volonté et de son droit de terminer son mandat en 2013.
J'aurais aimé qu'il accepte la proposition faite mais force est de constater que le consensus entre les Présidents des îles, que j'ai appelé de mes tous vœux, n'a pas été ainsi trouvé.
Il me revient alors de décider, en tenant compte de l'intérêt supérieur de la Nation.
Je vous informe ainsi que j'ai retenu la date du 17 mai 2009 pour la tenue du référendum de révision de notre constitution, la campagne référendaire devant se dérouler du 26 avril au 15 mai.
Chaque comorien pourra se prononcer en toute conscience par oui ou par non sur les propositions qui lui seront soumises.
Sur les points de divergences, j'ai décidé, après réflexion et consultation, de soumettre la question de l'harmonisation aux députés qui seront élus par la suite, à en fixer la date. Cela respecte la volonté des uns et des autres.
Pour ma part, je ne souhaite aucunement prolonger mon mandat et je ne souhaite pas qu'une question de date divise la Nation.
A ceux qui ne sont pas pour cette révision, je leur demande pourquoi ils veulent me priver de mon droit d'initiative. Pourquoi voudraient-ils imposer une autre voie que celle de la démocratie ? Je demande ainsi, à ceux qui s'opposent à ces changements, de les refuser non par les menaces et les intimidations qui seraient un fâcheux précédent mais par les voies démocratiques.

Comoriennes et Comoriens,

Nous avons rendez-vous avec notre Histoire. Notre pays a aujourd'hui besoin de paix et de calmes, conditions essentielles de notre développement car favorables aux investissements.
Aucune personne, aucune autorité, aucun parti et aucun groupement ne peut s'arroger le droit de nous imposer sa volonté au détriment de la volonté de la majorité de notre peuple qui seule, fera la Loi et décidera de la révision constitutionnelle.
Ce n'est le propriétaire d'une radio ou d'une télévision qui doit imposer ses volontés au peuple.
Pour leur part, les élus du peuple qui, à l'heure actuelle, nous sont inconnus, seront appelé le moment venu, à trancher sur la question de l'harmonisation des mandat et du calendrier des élections, afin d'éviter les querelles et les divisions entre les îles et au sein de toute la Nation.
Je félicite nos frères Abdouloihabi et Ali Said pour leur adhésion à une harmonisation des élections en 2010. J'aurais souhaité que le Frère Moussa Toybou se joigne à eux. Toutefois l'absence de consensus m'oblige à trancher.
Je souhaite que personne n'ait recourt aux intimidations et aux menaces et que seule la démocratie et la volonté du peuple appelé à trancher, prévalent.
Les changements doivent intervenir suivant les voies démocratiques.
Pour terminer, j'exprime ma sympathie à tous ceux qui sont victimes des dégâts dus aux intempéries en espérant pouvoir, avec l'aide de Dieu, les venir en aide.

Comoriennes et comoriens,

Votre destin est entre vos mains. Le 17 mai c'est la majorité d'entre vous qui décidera. Par la suite les élus nationaux et insulaires décideront de la date des élections.

Je vous remercie.
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8 avril 2009 3 08 /04 /avril /2009 23:17

Source : Alwatwan.net / 06 avril 2009

Mahamoud Said, “Il faut un observatoire du foncier”

Mahamoud-Said Mahamoud Said est l’auteur de “Foncier et société aux Comores, le temps des refondations”. Il propose de bâtir “une politique de sécurisation foncière à partir des innovations locales” qui se rapprocherait, selon lui, de “la gestion patrimoniale”. Mahamoud conclut que “les pratiques de résolutions des conflits locaux offrent une palette de solutions riches, dont la propriété privée, en rapprochant le légitime et le légal”. Il met en évidence “une intensification du lien socio-foncier” considérée comme “premier facteur de cohésion sociale aux Comores” et se penche sur “l’amélioration de la capacité de l’Etat à protéger la propriété privée”. Une thèse qui tombe à point nommé, avec la résurgence des conflits fonciers qui ont éclaté en une semaine à Maluzini en Grande-comore, Barakani à Anjouan et Hoani à Mohéli.

Entre Ikoni et Moroni à Ngazidja, Barakani et Wani à Anjouan, Hoani à Mohéli, des litiges fonciers entre deux personnes se généralisent et se transforment en affrontements villageois. Pourquoi ce lien si fort entre propriété privée et communauté villageoise?

Divers modes d’appropriation du foncier coexistent chez nous malgré la prétention de l’Etat de faire de la domanialité et de la propriété privée des régimes “souverains”. Il s’agit de modes d’appropriation domaniale, communautaire (uso wayezi et réserves), familiale (manyahuli et waqf), et individuelle (milk et propriété privée).
La propriété privée, pose problèmes aux Comores. La population récuse le droit de disposer, d’aliéner (l’un des attributs de la propriété privée).
Un propriétaire foncier peut jouir de plusieurs droits : d’accès à la terre, d’extraction des ressources, d’exploitation, d’exclusion. Mais, il n’a pas le droit d’aliéner la terre. Celle-ci est toujours rattachée à la communauté (familiale, villageoise ou régionale). Dans les sociétés communautaristes (comme c’est le cas des Comores), la distinction entre le privé et le public n’est jamais nette. En plus du privé et du public, la population distingue l’interne (ce qui est commun à une communauté), l’externe (commun à plusieurs communautés) et l’interne-externe (commun à deux communautés). Ce qui peut apparaître comme relevant de l’appropriation domaniale ou du privé est souvent perçu par la population comme un bien interne ou interne-externe. Tout cela explique le lien entre propriété privée et communauté villageoise.

Peut-on connaître la genèse des conflits fonciers latents qui opposent les villes ou villages?

Il y a des causes profondes. Elles sont liées à la complexité de la notion de foncier qui est mal appréhendée par les autorités étatiques. Ces dernières appréhendent souvent le foncier en termes d’espace fini, oubliant les ressources. Elles ont une vision réduite de l’espace (représentation géographique avec des limites précises), à un moment où les Comoriens ont, en plus de cette représentation géographique, deux autres visions : topocentrique (espace avec des contours plus ou moins flous) et odologique (espace perçu en termes d’itinéraire, de cheminement, de piste ou de route). Les autorités parlent de “vente de terre” oubliant que le refus du droit d’aliéner constitue une contrainte majeure à toute marchandisation de la terre.
La vision partielle que les autorités ont du foncier a biaisé la politique de redistribution des terres de l’époque coloniale et donné l’illusion à l’Etat qu’il était possible de faire disparaître le système foncier traditionnel et de généraliser des nouveaux supposés être plus “modernes”. Les procédures utilisées pour la redistribution des terres ont engendré des mécontentements dans les villages et des inégalités foncières criantes à l’intérieur des îles. Cela a provoqué des mouvements migratoires des villages lésés vers des régions de l’archipel supposées offrir de meilleures possibilités d’accès à la terre. Avec la croissance démographique, les migrants sont perçus comme une menace dans les régions d’accueil. Ces effets pervers de la redistribution des terres alimentent les tensions foncières actuelles d’où la fréquence des conflits entre les villages ou villes.

Comment se présente la question foncière aux Comores et ses particularités premières?

Le foncier occupe une place centrale dans nos systèmes de production et est source de différenciation sociologique aux enjeux multiples, locaux, nationaux et internationaux. Il cristallise de multiples contradictions : pluralité de droits (traditionnel, musulman, moderne) et de représentations de l’espace, diversité d’acteurs sur les mêmes espaces, etc. Les textes officiels actuels datent, pour la plupart, de l’époque coloniale. En décalage avec les réalités vécues, ces textes ne contribuent guère à la sécurisation foncière. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les personnes détenant d’un titre de propriété privée sensé garantir durablement leurs droits sont les plus insécurisées.
Les services compétents en matière foncière vivotent, faute de moyens. Une bonne partie de la documentation relative aux titres de propriété n’existe plus pour avoir été brûlée sous Ali Swalihi. La procédure légale pour immatriculer un terrain (publicité large, délai minimum) n’est pas toujours respectée ce qui donne à certains demandeurs une opportunité pour accroître abusivement l’étendue de leurs terres. Une part importante des terres immatriculées sous la colonisation a été revendue ou rétrocédée aux paysans sans que les cessions se soient accompagnées d’un transfert de titres de propriété. A ce jour encore, de nombreuses ventes de terres en propriété privée ne sont pas connues des services compétents.
Du fait de la complexité de la question foncière, l’Etat a toujours reporté la question de la réforme foncière, pourtant « exigée » par les institutions de Breton Wood dans le cadre des programmes de relance de l’économie et de gestion viable des terres.

Qu’en est-il de la gestion patrimoniale (Gp) et des conflits qui naissent au sein même des familles…

La démarche de Gp vise à articuler les objectifs de différents acteurs d’un même milieu naturel grâce à une action de médiation. Les accords sont déclinés en scénarios de gestion de l’espace et des ressources ou de schémas d’aménagement avant d’être formalisés dans un cadre de contrat durablement garanti par des structures foncières locales et supra-locales. Le médiateur met les acteurs à égalité afin de favoriser la négociation des accords et des scénarios de gestion. La Gp permet, à travers la mise en place de structures foncières au niveau local, de mieux contrôler les transactions foncières ainsi que les héritages de terres. Elle est ainsi à même de résoudre tant de conflits socio-fonciers dont ceux qui naissent au sein même des familles (héritages ou vente de terres contestés par les parents notamment).

Il y a aussi la question de la délimitation des villages et communes qui est, souvent, source de conflits graves et parfois de drames…

… Ces conflits font partie de la vie quotidienne même s’ils restent latents et ne ressurgissent que par moments. Ils se manifestent de diverses manières : vols et destruction de biens, violences physique et verbale se manifestant parfois sur des espaces inattendus (terrain de foot, écoles…). La destruction par abattage d’arbres d’autrui est très courante ce qui constitue une limite à la gestion durable des terres. En se référant au droit musulman, le Comorien considère qu’abattre un ou des arbre(s) est synonyme de mettre fin à un droit de “propriété”.
Pour aller au-delà de la question, je dois dire que le problème de délimitation des villages et communes est si complexe que les autorités politiques actuellement impliquées dans le processus de communalisation ont, volontairement, laissé de côté la question du découpage territorial au risque de mettre en place des autorités sans territoire. Ce n’est que depuis 2008 qu’à Ngazidja, la question du découpage territorial est prise au sérieux par le gouvernement soutenu par l’Union Européenne à travers le Programme de coopération décentralisée. Ce programme et le gouvernement de Ngazidja ont co-financé des études sur la question du territoire en relation avec les communes. L’une de leurs conclusions porte sur la nécessité de faire un découpage territorial englobant plusieurs villages. Cette option en phase avec la coexistence des conceptions toponymique, odologique et géographique de l’espace, a l’avantage d’atténuer les conflits intervillageois.

Quelles sont les solutions que vous préconisez pour prévenir et stopper ces conflits?

Les conflits fonciers existeront toujours. Les solutions devront plutôt atténuer et réduire les conflits. Comment faire? Une solution nous est proposée par les Comoriens eux-mêmes. Comme j’ai pu le montrer, les conflits fonciers existent aux Comores depuis plusieurs siècles. Et pourtant, on ne peut pas parler de situation foncière chaotique dans notre pays. Parce qu’à juste titre, les Comoriens mettent en œuvre des mécanismes de régulation qui fonctionnent plus ou moins bien. A nous de les étudier et de les valoriser.
Les conflits fonciers aux Comores, c’est comme notre volcan : le Karthala. Il est là depuis très longtemps. Les risques de l’éruption sont permanents. Il se montre quelquefois menaçant et il rentre parfois en éruption. Afin de prévenir les risques et de sécuriser la population, il faut un observatoire du Karthala. De la même façon, pour prévenir la transformation des conflits fonciers en situation de guerre civile généralisée, mais aussi pour promouvoir le développement économique, il faut un observatoire du foncier. Celui-ci permettra de connaître les pratiques et comportements des acteurs, de capitaliser les connaissances acquises et de les valoriser au cours de la formulation des solutions.

Les observations faites et les études réalisées ne peuvent-elles pas aider à trouver des solutions?

Des observations, il y en a eu à travers des études régulièrement menées par divers chercheurs avec souvent l’appui des bailleurs de fonds. A la lecture de leurs travaux, je comprends que le traitement de la question foncière aux Comores peut passer par l’institutionnalisation de la Gp. Cette dernière a le mérite de prendre en compte la diversité des situations, y compris la propriété privée et la domanialité. Cela implique de refonder le droit foncier aux Comores.
C’est plutôt facile à dire qu’à faire, je le reconnais. Il n’empêche que maintenant que nous avons une université nationale, on peut espérer que les enseignants chercheurs et étudiants inscrits en master sauront se montrer imaginatifs et relever progressivement le défi en proposant aux autorités de nouveaux outils pour la formulation d’une politique foncière qui soit à la hauteur des enjeux actuels et à venir.
Pour ma part, je propose les solutions qui suivent et dont la mise en œuvre implique des préalables politiques (restauration de l’autorité de l’Etat, mobilisation effective des équipes gouvernementales, apurement de certaines situations confuses : cas des grandes propriétés privées ou domaines de l’Etat actuellement squattés).

Pouvez-vous être plus précis?

… Il s’agirait de valider la pertinence de la Gp, à travers des ateliers et campagnes de sensibilisation, auprès des acteurs, services domaines, communautés villageoises, grands propriétaires terriens, cultivateurs, éleveurs, métayers, associations environnementales etc. Il s’agit d’améliorer le cadre institutionnel par la mise en place d’une commission interministérielle chargée des questions foncières, d’un Observatoire du foncier dans le cadre du Cndrs et de l’Université, d’une haute autorité foncière au niveau des îles, commissions villageoises et/ou communales chargées de la gestion du foncier au niveau local. Il faut également améliorer le cadre juridique. Plusieurs textes sont nécessaires pour donner une base légale à cette Gp. Ils devraient être élaborés à partir des études antérieurement réalisées et validées au cours des débats. Les plus importants des ces textes viseraient à l’apurement des situations foncières actuellement confuses, la révision de la procédure de délivrance de titres fonciers, l’organisation de la circulation de l’information et des documents fonciers entre les différentes structures de l’État et celles du nouveau dispositif, la reconnaissance du dispositif institutionnel proposé, la délimitation des territoires villageois et/ou communaux. Il faut surtout renforcer les capacités techniques des structures impliquées dans la gestion du foncier par la formation du personnel, et le déploiement des moyens techniques.

Propos recueillis par AAA
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8 avril 2009 3 08 /04 /avril /2009 23:02

Source : Alwatwan.net / 08 avril 2009

Nutritionniste-Bakri Le restaurant Le Select accueille, en entrée libre, le docteur Mohamed Bakri Assoumani, nutritionniste et docteur en sciences et techniques alimentaires pour tenir une conférence le jeudi 9 avril à 19 h sur le thème “Comment se nourrir aux Comores”.

Parrainée par Mohamed Said Abdallah Mchangama, ancien président de l’assemblée nationale, la conférence est le deuxième du genre, après la prestation de Saleh Djimbanao, Graphiste spécialiste d’Effets spéciaux et Lauréat du Academic Award 2004 aux Usa.

Considérée comme la 2ème soirée “Talents Comoriens’’, la conférence tentera de porter un éclairage sur les raisons de la montée du diabète, de la fréquence des maladies cardiovasculaires, du surpoids, des effets de la sédentarisation, mais aussi de la qualité de l’eau à la Mamwe et dans nos citernes.

Le conférencier, scientifique de renommée mondiale, a obtenu le Prix scientifique Parmentier 89, pour sa capacité d’innovation. Chercheur nutritionniste diplômé de l’Institut de recherche pour le développement (Ird), il est l’auteur de nombreuses publications, de brevets et développement de techniques novatrices, notamment de méthodes multienzymatique, pour optimiser les traitements thermiques, des techniques d’investigation exclusive. Il a dirigé de nombreux travaux internationaux reconnus, réalisés sur le développement de techniques uniques, essentielles à l’industrie agro-alimentaire, l’industrie pharmaceutique et la chimie.

Ses études par exemple concernent l’association d’une enzyme et d’un traitement thermique à faible température en place d’un traitement à haute température qui permet à la fois, une économie d’énergie et l’obtention d’un produit de meilleure qualité biologique.

Bakri aide à l’établissement de partenariats avec des laboratoires privés et des universités en Europe et Amérique du Nord et offre son assistance dans l’élaboration d’une communication scientifique adaptée à l’export (en Anglais). Il a participé à l’élaboration de plus de quarante produits alimentaires en France et dans le monde, comme Air Liquide, Monsanto, Quest International, Marigot Group Ltd, Celtic Sea Minerals, Biocon Espanola, Sanders, Progal, Scpa, Noblia Chocolaterie…

Le docteur Bakri veille sur les dernières avancées et opportunités de création, la production industrielle suivant des techniques d’élaboration douces. Il travaille également pour la production sans effets secondaires de produits transformés industriels, par l’optimisation des traitements thermiques, la minimisation de la formation de produits cancérigènes, l’optimisation dans la valeur biologique des nutriments.
Les technologies douces, leur rayon et méthode, parce qu’elles répondent aux attentes des consommateurs, qui exigent des produits sains, qui ne contiennent pas de composants toxiques, et qui respectent des normes environnementales. Tenir une conférence sur ce thème dans un restaurant prisé de la capitale, qui propose des menus élaborés est un pari honorable du restaurant.

Dr Bakri a traduit et mis en ligne sur le net une étude sur “comment se nourrir au mois ramadan”, qui propose des menus simples pour être en forme durant le mois de jeun et qui démontre que l’alimentation affectionnée aux Comores comme les fritures ne maintiennent pas le corps en forme mais au contraire...

Les deniers articles de vulgarisation sur l’alimentation et la santé de Bakri sont, pêle-mêle, Faut-il condamner les céréales pour petit-déjeuner? Ce que signifie vraiment manger varié et équilibré, Histoire d’un mythe des temps modernes, les calories, Anatomie du petit-déjeuner idéal, ou encore Mythes et réalités du fameux paradoxe français alimentaire.
Pour la petite histoire ou la grande, le docteur Bakri est le père d’Arnaud Assoumani, médaille d’or aux jeux paralympiques et recordman du monde de saut en hauteur, chevalier de la Légion d’Honneur à 23 ans, élève de Sciences Po Paris.

Ahmed Ali Amir
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7 avril 2009 2 07 /04 /avril /2009 15:49
Moroni, lundi 06 avril 2009 (HZK-Presse) – Constitué d'un tribunal de première instance, d'une cour d'appel et de plusieurs chambres dont la chambre administrative, celle des enfants et bien d'autres, l'appareil judiciaire fonctionne malgré son architecture incomplète, tel un rouleau compresseur : l'absence d'une juridiction de cassation, autrement dit la cour suprême en dernier recours pour le justiciable en dit long.

Suspendus de leurs fonctions en qualité de magistrats prés du tribunal de première instance de Moroni par un décret daté du 16 décembre 2007 (n°07-192/PR) suite à l'affaire qui avait défrayé la chronique durant plus de deux ans, et opposant la BIC à la société Nicom, l'un d'entre eux, en l'occurrence le doyen de la cour d'appel se bat entre la vie et la mort sur un lit d'hôpital, et l'autre s'emploie de tous ses efforts à obtenir que la chambre administrative siège pour statuer sur leur cas.

Informé du cas précis par un magistrat de siège, La Gazette des Comores s'est rendue à l'hôpital El-Maarouf pour s'enquérir de son état : dans son lit d'hôpital, le magistrat en question partage sa chambre avec quatre patients et est assisté de son neveu. Il semble avoir perdu une part de sa dignité et sa personnalité incarnée des années durant (1982-2007) juste trois mois avant son admission à la retraite.

Loin de faire le jugement d'un procès qui n'a jamais eu lieu par défaut de convocation de la chambre administrative, le magistrat garde encore intactes sa conscience et sa lucidité malgré son état physique dégradé. Il s'agit en effet du juge Halifa Mohamed, 65 ans, jeté dans les oubliettes comme d'autres avant lui qui ont fini par perdre leur dignité. Il ne sera probablement ni le premier, ni le denier à connaitre ce triste sort, dit-on dans les milieux judiciaires, avec inquiétude. Avant lui, l'on évoque pudiquement le souvenir d'autres magistrats de renom, dont Abdou Rakib, Nadhoiri, Laboira, etc., marginalisés ou devenus des laissés pour compte.

Saisi de l'affaire par le second magistrat impliqué dans l'affaire Bic-Nicom, la présidente du tribunal de première instance de Moroni avance en substance la nécessité de la nomination d'un commissaire des lois. Pour elle, la convocation de la chambre administrative en dépend. Dans son courrier en date du 21 mai 2008 adressé au ministère public, la présidente explique entre autres que le dit commissaire a pour mission précise de « conclure dans les affaires administratives pendantes devant le tribunal ». Vrai ou faux, elle ordonnera à cet effet, la suspension des audiences de la chambre administrative.
En réponse, le directeur général des affaires judiciaires réagira par rapport à la procédure judiciaire en indiquant à la présidente du tribunal dans un courrier du 23 juin 2008 en ces termes et ce pour dénoncer sur ordre de son supérieur hiérarchique : « les nécessités de service nous obligent à maintenir le statut quo et donc à faire fonctionner la chambre administrative ». Autant comprendre que le ministère public représenté par la direction générale des affaires judicaires invite la présidente du tribunal à rapporter sa décision.
C'est dire combien il est important que le justiciable, quel que soit son statut social ou sa catégorie professionnelle, ait droit à une justice équitable y compris celui de puiser toutes les voies de cours possibles pour sa défense. Le conseiller à la cour qu'est le juge Zaidou Ahamada se dit convaincu que l'appareil judiciaire est mis dans un verrou. Dans sa requête adressée à la présidente du tribunal de première instance de Moroni, il s'insurge contre « l'illégalité » de la procédure de limogeage dont ils sont l'objet, et attendre de pouvoir faire annuler par le tribunal de première instance de Moroni, statuant en matière administrative le fameux décret présidentiel du 16 décembre 2007.

En un mot, le conseiller Zaidou Ahamada comme son collègue Halifa Mohamed se sentent abandonnés par leur collègues et commencent à perdre patience, en tant que justiciable, après avoir été eux-mêmes des juges. Pour le conseiller à la cour, aucun texte ne justifie la présence d'un commissaire du gouvernement à la chambre administrative. Il dénonce en substance « l'ordonnance de suspension des audiences » signée par la présidente.
C'est dans ce contexte précis que la présidente du tribunal de première instance adressera un courrier en date du 1er août 2008 au conseiller à la cour pour lui indiquer que la chambre administrative du tribunal de première instance de Moroni reste toujours compétente mais dépend de la loi organique 05-016/AU du 20 décembre 2005.
En réaction, Zaidou Ahamada restera catégorique et invoque des lois en vigueur, à savoir les lois du 23 septembre 1987 et du 10 décembre 1988 synthétisées par la loi organique 05- 018/AU du 31 décembre 2005. Pour lui aucune disposition de texte visé par l'ordonnance ne confère au président du tribunal de première instance le pouvoir de suspendre les audiences d'une quelconque chambre.
Ceci étant justifié et appuyé par le directeur général des affaires administratives qui dans son courrier adressé au premier président prés la cour d'appel le 06 septembre 2008 souligne sa surprise suite à la décision de la présidente du TPI à bloquer le fonctionnement de la chambre administrative. (A suivre...)
A. Nabahane
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6 avril 2009 1 06 /04 /avril /2009 23:14

Corsairfly desservira Mayotte à l'année à compter du 8 mai

 

En juin 2007, Corsairfly lance ses premiers vols réguliers à destination de Mayotte.  En 2008, la compagnie élargit sa période de desserte, sur la période estivale, d'une part, et d'autre part, sur le mois de décembre.

 

Au regard de l'excellent niveau de remplissage, soit 85%, Corsairfly met en place dés le 8 mai sur une desserte annuelle de l'Ile aux Parfums.

 

A cette occasion, Corsairfly propose un tarif promotionnel de

 

749 Euros TTC A/R

Au départ de Paris-Orly Sud

 

Ce tarif est éligible pour tout billet acheté entre le 6 et le 30 avril, pour tout voyage réalisé entre le 9 mai et le 6 juin ou le 19 septembre et le 13 mars 2010.

 

Les rotations seront opérées en Airbus A330-200, bi-classes, chaque vendredi en vol direct.

 

Paris-Orly Sud 19.45 / 07.50 Dzaoudzi

Dzaoudzi  09.25 / 22.55 Paris-Orly Sud

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3 avril 2009 5 03 /04 /avril /2009 09:11
 
Le Comité Maoré présidé par Idrisse Mohamed, une organisation de la société civile comorienne qui mène un combat acharné pour une vraie unité des Comores et le retour de Mayotte dans son giron naturel, l'Union des Comores s'oppose à l'arrivée du Secrétaire d'Etat français chargé de la Coopération, Monsieur Alain JOYANDET en représailles à l'organisation d'un pseudo reférendum sur la départementalisation de l'île comorienne de Mayotte le dimanche dernier. Selon l'agence Pana, dans une depêche diffusée hier, il « appelle toutes les couches de la population à se rassembler samedi à la Place de l'Indépendance pour protester contre la visite du Secrétaire d'Etat français aux Comores ».

En principe, Monsieur JOYANDET est censé être à Moroni demain pour participer au
conseil des ministres de la commission de l'Océan Indien (COI) qui aura lieu du 03 au 04 avril 2009.

De plus, l'Agence APA cite une lettre du Comité Maoré adressée au Secrétaire général de la COI dans laquelle il demande que « Mayotte ne puisse plus participer à aucune forme de manifestations de la COI » et que la question de Mayotte soit inscrite à l'ordre du jour du Conseil des Ministres.

Nous regrettons que de telles initiatives courageuses et honorables ne soient pas prises par le gouvernement de l'Union des Comores.  Car il ne faut pas perdre de vue que le Comité Maoré n'a aucun pouvoir pour se faire écouter par la COI. espérons que la population comorienne l'écoutera !

Halidi Allaoui (HALIDI-BLOG-COMORES)
 
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2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 10:19

Source : Alwatwan.net / 01 avril 2009

Barakani, le village natal de l’ex-rebelle Mohamed Bacar, voisin de la ville de Wani, a été encore une fois le théâtre d’affrontements. Le problème foncier est à l’origine de ce drame qui frappe des familles entières. Il suffit d’une étincelle pour que les deux voisins se déclarent la guerre. Déjà meurtris par des anciennes querelles causées par des problèmes de parcelles de terrain, à d’abord Seleya, zone forestière, puis aujourd’hui à Marsatra, une sorte de limite entre Wani et Barakani.

Cette fois-ci des maisons en pailles et en tôles ont été détruites par des jeunes Waniens qui disent que les personnes résidentes occupent ces parcelles illégalement. Sur place, le décor laisse supposer la violence des attaques. Tout a été ravagé dans a zone.
Ahmed Mohamed Charif se déclarant propriétaire des lieux, a tenté de récupérer les terrains à plusieurs reprises pendant le régime Bacar. Il a essuyé un non-recevoir des autorités. Après la chute de Bacar, il a relancé les démarches, qui se sont faits plus insistantes ce dernier mois.

Un mois avant, une maison a été détruite par la personne qui s’en réclame mais a été reconstruite le lendemain même par les occupants. Les “ultimatums et les menaces ne pouvant rien”, selon lui, il a passé à l’acte, ordonnant la destruction des habitations par des jeunes de son village.

La crise dégénère, se généralise, les Barakaniens d’un coté, les Waniens de l’autre. A Wani, le mouvement se radicalise à tel point qu’un individu qui habite une parcelle, même à titre gracieux, est sommé de l’abandonner ou de la louer. Les démarches entreprises pour apaiser les tensions n’ont pas, à ce jour, abouti.

Mounira Ahmed

 

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2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 10:07
Paris, mercredi 01 avril 2009 (HZK-Presse) – Sur scène des jeunes filles de toutes origines défilent comme de vrais mannequins. Ce ne sont que des étudiantes et la présentatrice rappelle leurs formations, comme pour démentir les présupposés sur les femmes qui font ce métier. Nous sommes à Bobigny, en région parisienne, mi mars.

Sur scène des robes de soirées. Ensemble noir, strié de petites flammes, porté avec une petite veste couleur diamant. Courte robe bleue dont le bas a été dessiné pour faciliter les mouvements sur une piste de tango. Noir encore, bustier et mini-jupe de soie portés avec des collants. Des diamants paraissent incrustés dans cette simple robe noire et brillent sur la tête du mannequin. Rouge de soirée dévoilant de longs bras.

Les modèles sont nombreux, les types très divers, les yeux sont émerveillés. Les clins d’œil aux vêtements de l’archipel des Comores sont là. Pourtant, il n’y a que trois modèles qui renvoient directement aux habits des Comores : un ensemble brodé de fils d’or fait d’un tissu du fameux lesso qu’on trouve quasiment sur toutes les femmes de l’archipel ; un manteau confectionné avec un tissu chiromani de couleur bleue avec une cagoule pour jouer au Petit Chaperon… bleu ; et la traditionnelle saluva portée par toutes les comoriennes, et plus particulièrement à Anjouan. La dominante reste quand même les tenues de cérémonie et de soirée.

Sous la musique d’un célèbre groupe anjouanais, Mme Latufa Saïd Omar (A gauche sur la photo ci-dessus avec le micro), présentait ses créations à un parterre de femmes et d’hommes des réseaux de militants de la cause féminine et du développement dans les pays du tiers monde. Quelques heures auparavant, on parlait de système d’irrigation dans le désert sahélien et d’expérience de production en communauté en Amérique du Sud. Ce n’était pas la première fois qu’elle montrait ses robes, pourtant les occasions sont rares pour cette femme engagée et travailleuse, mais discrète dans sa propre communauté.

Pendant qu’on préparait la mariée pour le bouquet final, Latufa est entrée sur scène, sur la plante des pieds. Et, la voix hésitante, elle a remercié et remercié tout le monde. Rare cas où personne dans son entourage et au-delà n’est oublié.

Latufa est née à Mutsamudu (Anjouan) et vit à Paris depuis plus de quinze ans. C’est une militante de la cause des femmes et de l’unité des Comores depuis longtemps. Avec son mari, Abdouroihamane Saïd Omar (à propos du quel on pourrait dire que derrière les réussites d’une femme, il y a la compréhension et le soutien d’un mari), elle fait partie de ces Anjouanais qui ont refusé de suivre la folie séparatiste et qui ne craignaient pas d’afficher clairement leurs positions unionistes, notamment au sein de l’association Umodja des Femmes comoriennes et Femmes Solidaires (Union des Femmes françaises).

Le parcours de Latufa est le reflet d’une certaine persévérance. Elle a suivi sa formation de styliste à Paris de 1997 à 2001, année où elle a obtenu son diplôme. Ce fut une formation à la fois théorique et pratique, avec de nombreux stages. Après 2001, elle a continué à se perfectionner avec des missions dans les grandes maisons parisiennes. Elle a ainsi été retoucheuse chez Paule Ka, finisseuse et couturière polyvalente chez Dior, préparatrice de modèles chez Chanel… Et récemment encore, elle a travaillé en tant que couturière à domicile dans la confection de robes de soirées et de lingeries chez Sabia Rosa entre 2004 et 2005, puis en tant que contrôleuse et coupeuse de cuir chez Hermès entre 2006 et 2008.

Aujourd’hui, Latufa a créé sa propre ligne de prêt-à-porter féminin qui associe audacieusement des matières diverses (raphia, perles, paillettes, strass, dentelles, cuir…) et des tissus comoriens, africains et européens.

Il ne manque que le « déclic » commercial pour que cette activité générée et soutenue par la passion ne devienne une activité commerciale. Latufa voudrait commercialiser ses créations, mais c’est encore difficile pour cette artiste qui est loin des réseaux commerciaux.

Mahmoud Ibrahime, Correspondant, Paris
010409/mi/hzkpresse/600
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31 mars 2009 2 31 /03 /mars /2009 23:56

Chers visiteurs du blog

 

Nous vous proposons  ci-dessous les notes de lecture du jeune (par l’âge) et grand (par le talent) écrivain-poète comorien Adjmael Halidi consacrées à notre recueil de poèmes « Cris d’ici et d’ailleurs ». Cet article est paru dans Ya  Mkobe, la revue scientifique du CNDRS (Centre National de documentation et de recherche scientifique des Comores) dont nous remercions le directeur de publication de nous avoir autorisé à le diffuser sur notre blog pour vous.

 

Adjmael Halidi (photo), né le 12 juin 1986 à Tsembehou sur l’île d’Anjouan aux Comores,  est l’auteur de plusieurs poèmes publiés sur internet et d’un recueil de nouvelles « Au rythme des alizés » publié aux éditions de la lune en 2006.

 

Un grand poète lunaire qui parle et commente le recueil d'un autre poète lunaire mais novice avec des mots aussi profonds ! sans commentaires. 

 

Bonne lecture.

 

Halidi Allaoui (HALIDI-BLOG-COMORES)

 

 



Confession intime, confession universelle

 

Notes de lecture sur le recueil de poèmes « Cris d’ici et d’ailleurs » de Halidi Allaoui. Moroni : Komédit, 2008, 72 p.

Par Adjmael Halidi

Auteur du recueil de nouvelles

 « Au rythme des alizés »2006 les éditions de la lune

 

 Entre la Mélancolie et la Prière, une petite voix s'élève et nous fait vivre, tel un rêve éveillé, ce laps de temps qui sépare et résume toute la vie de l'Homme. Cet Homme qui né de l'angoisse, de la mélancolie, et qui survit de prières, d'espoir. Le poète, ici, espère se confesser ; pense exprimer sa tristesse, son ras le bol, et, sa confiance à la vie à voix basse. Ironie du sort ! Il se trahit lui-même. Quand il intitule son recueil Cris d'ici et d'ailleurs, le poète Halidi Allaoui met tout le monde dans la confidence ; ses cris diaprés, puisque trempés dans l'encre de toutes les vies de ce monde, du nord au sud, de l'est à l'ouest, ont pris le large, quitté le jeune gosier du poète malgré lui, rien que pour consoler l'autre , l'alter ego, histoire de lui permettre d'y croire car il n'est pas le seul à vivre pareil cas : Cris d'ici et d'ailleurs révèle un secret sans âge : la vie est un étendard qui porte toutes les couleurs , hormis la rose ; mais elle mérite tout de même d'être vécue .

 

 Au travers du premier vers de ce premier recueil riche en poésie et philosophie résonne d'ores et déjà l'esprit, le thème majeur , de l'œuvre poétique de Halidi Allaoui : la Nostalgie : cette frustration que donne l'absence de la chose aimée , ou tout simplement l'angoisse de vivre les souvenirs du royaume d'enfance loin du pays natal ,en somme , comme l'affirme le poète lui-même , la nostalgie est « Une douleur aiguë /Qui imite le vent /(et) déchire (le) cœur » ; surtout quand ce pays « essence » est pris d'assaut par « des preneurs d'otages » . « Je scrute la lune des îles » dit-il. Scruter, pour le jeune poète, ce n'est point le simple fait de chercher à savoir de quels maux souffre son archipel de sultans batailleurs ; même s'il s'écrie « l'ignorance ronge l'esprit », à chaque moment où il manque d'informations sur la situation politique et sociale de ses îles. Scruter, pour ce jeune exilé, c'est un devoir, un dur labeur qui consiste à trouver une solution adéquate aux problèmes centenaires des îles de la Lune, pour qu'enfin il puisse fuir cet asile exempté de minarets, de cocotiers, de véranda pour les contes, de boutres ancestraux. Cet asile vécu comme un calvaire, puisque « l'été l'automne l'hiver et le printemps /N'égalent pas (les) kashkazi et kusi » de ses îles, n'en parlons plus de ces matins dont « le soleil n'offre pas de câlins » que tous les jours il doit supporter à l'étranger. En effet, le poète vit à Rouen, en France. Mais là-bas, même si à plusieurs kilomètres de son pays d'origine, rien n'arrive à l'empêcher de toujours porter ses origines dans son cœur, comme auparavant, telle une mère, ce même pays lui a « intimement abrité dans (son) corps ». « Au large de cet océan houleux / Rien ne saura nous délier », promet-il. Surtout, c'est pendant les crépuscules, à chaque lever de la lune, emblème incontesté de l'Union des Comores, après une longue attente du « vent du soir », au moment où « (son) océan chante » que ses souvenirs ô combien !meilleurs se réveillent de leur triste tombeau, qui n'est autre que le cœur du jeune Halidi, « Point de tombeaux que nos cœurs ». Bien évidemment, le poète, ici, est « un aveugle qui voit », car même si martyr de l'espace et du temps, aveuglé par l'écart, la distance, les kilomètres qui le séparent de son vrai pays, il arrive toujours à voir, à fouiller, à scruter « la lune des îles ». Cette lune que pour nous est à tout le monde, mais que pour le poète n'appartient qu'aux originaires des îles de la Lune. Et qu'à chaque fois qu'il y aura cette lune tout en haut dans le ciel, le regard du Comorien partout où il sera rivé vers ses îles. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle cette lune a toutes les raisons de rappeler au poète son archipel aux mille et une légendes. Ce qui veut dire que même si l'errance de Halidi ne prend pas toujours fin, Ouani, Moroni, Saint-Denis, Rouen... le gîte du poète sera toujours Ouani, sera toujours les îles d'Al Kamar. Rouen n'est qu'une ville adoptive pour notre poète de l'ombre, comme il se qualifie lui-même. Bien sûr qu' Halidi espère n'être qu'un simple visiteur dans Rouen. Cette cité perçue par Halidi Allaoui comme une marâtre, puisqu'en dépit du bonheur qu'elle procure, elle ne peut remplacer la mère biologique, qu'elle soit pauvre ou riche. Pour le poète, Rouen le retient et le sépare de ses îles, donc Rouen est torturante. « Hélas ! Rouen torture ses visiteurs », explique le poète. Autrement dit, le poète prie avec ferveur, surtout dans le poème Destin où il implore tous les dieux de cette terre, d'Allah (Mungu) au dieu des poètes Orphée, par le truchement de Prévert qui l'incarne selon poète, à Mahomet (Mtrume), pour qu'enfin son exil prenne fin ; que le bonheur qu'il est parti chercher à Rouen atteigne aussi les Comores ; que son vrai pays devienne vivable et que ses enfants ne le fuient plus. Lisez le poète à travers ces vers pleins d'anaphores et d'espoir et vous comprendrez :

 

« Peut-être nous aurons pitié de toi
Peut-être nous exploiterons tes moyens
Peut-être nous deviendrons tes citoyens
Peut-être nous ne serons plus des oies »

 

Vivre, un vrai parcours du combattant

 

La question fondamentale de ce recueil, et il ne faut jamais oublier de le souligner qu'elle est existentielle, même si le décor, telle une scène de théâtre, est surréaliste, reste toujours : comment vivre ? En effet, même si le poète croule dans la souffrance, même si les jours du poète sont sombres, des mots comme « minuit », « nuits », « obscurité morose », « aveugle », « soir » démontrent cette obscurité du quotidien du poète , même si le poète « a encore la mort dans l'âme » , et, même s'il a parfois « ras le bol» , il garde toujours espoir . Quand il confie « Las de ce monde, je voulais mourir en silence », il nous rassure qu'il va bien, et, que la feuille blanche adoucit sa peine, lui sert d'antidépresseur. Tout en silence, le poète écrit tout ce qui lui passe par la tête. Ce qui veut dire que même si le bonheur est loin, il y croit toujours :

 

« Nuits d'insomnie incessantes
Attente infructueuse avec d'autres
Tout son espoir reposant sur l'éternité »

 

D'ailleurs, dès le tout début du recueil, Halidi l'a crié haut et fort : « Que puis-je faire d'autre ? /Espérer, espérer... »

 

En effet, le poète Halidi, ne saurait mener ce combat tout seul. Il aurait failli à sa mission. La mission de persévérer, de survivre. Des gens qu'il a connus à 20 ans le soutient. La plupart d'entre eux sont des lémures : Prévert, Bachelard, Molière, Rimbaud, Fanon, Soyinka, Labou Tansi, Abou. Ces derniers, de par leur vécu, l'aident à assumer sa « comorianité » : le fait d'être né français du bout du monde (Comores postcoloniales), de devenir Comorien (Comores indépendantes) et de devenir français métropolitain (le poète a la nationalité française et vit en France). Difficile de se révolter contre la Franç'Afrique (poème L'Humanité, p.49) quand on a comme ancêtres les gaulois. Discrètement, il se révolte contre la puissance mère : il parle d'Anjouan et de Mohéli de 1997. Du séparatisme et du rattachement à la France.

 

« Les feuilles malgré elles
Ont choisi de se faire écraser
A sa droite il n'y a qu'une porte blanche
Au-dessus de sa tête
Se trouve un plafond tricolore
Qui baise un tissu vert »

 

La femme, un être omniprésent

 

Le thème de la femme est omniprésent dans Cris d'ici et d'ailleurs .D'ailleurs, si on veuille bien croire au poète Halidi, la femme est sa muse, « femme de mes idées ». Elle est aussi la personne qui le pousse à ne pas baisser les bras, « femme d'espoir ». La femme est tout pour le poète. Mais de quelle femme l'auteur parle ici ? Sûrement cette « Rose du bonheur », cette « Maman », cette « femme verset » n'est autre que ses îles. «Elle »la bien-aimée c'est certainement son pays, les Comores. Ce pays qui le manque à mourir. Enfin, Halidi Allaoui, à travers ce tout premier recueil de poèmes ,sorti chez Komédit (première maison d'édition comorienne) , prie et espère que son pays sera un jour épargné de ses tyrans, de ses mauvais enfants, de ses agitateurs qui font à ce que la population comorienne ait des « espoirs laminés ».

 

                                                                                  Adjmaël Halidi

                                                                                      www.adjmael-halidi.com

 

Source : la revue Ya Mkobe n° 16-17 / 2008


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