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  • : HALIDI-BLOG-COMORES, Blog des COMORES
  • : BLOG DES COMORES GERE DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013 PAR MARIAMA HALIDI
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A SAVOIR

QU'EST CE QUE LA LANGUE COMORIENNE ?

Pour répondre à cette question pertinente, nous vous proposons ci- dessous l'interview du grand linguiste et spécialiste de la langue comorienne, Mohamed-Ahmed Chamanga

 

 
INTERVIEW DE CHAMANGA PAR RFO EN 2004
 
 
 Le comorien est une langue composée de mots africains, de mots arabes voire parfois de mots portugais et anglais. D'où vient la langue comorienne ?

M.A.C : Le fonds lexical de la langue comorienne est essentiellement « africain » comme vous le dites, et plus précisément bantu. Les emprunts au portugais ou à l'anglais sont relativement faibles. Par contre, l'apport arabe est très important. Cela s'explique par la très forte islamisation des Comores, depuis la Grande Comore(Ngazidja) jusqu'à Mayotte (Maore) en passant par Mohéli (Mwali)et Anjouan (Ndzuwani). Malgré ces emprunts, le comorien (shikomor) reste, sur le plan de sa structure grammaticale, une langue bantu.

Qu'appelle t-on une langue bantu ?

M.A.C : Le bantu est une famille de langues, la plus importante d'Afrique. Les langues qui composent cette famille couvrent pratiquement toute la partie australe du continent noir.

Y a t-il encore aujourd'hui en Afrique ou à Madagascar des populations qui parlent une langue similaire au comorien ?

M.A.C : Bien sûr ! On trouve par exemple le swahili en Tanzanie, le lingala au Congo Démocratique, le kikongo au Congo, le zulu en Afrique du Sud, le shona au Zimbabwe-Mozambique, le tswana au Botswana, le kinyarwanda-kirundi au Rwanda-Burundi, etc. Comme ces langues appartiennent à la même famille, elles ont forcément beaucoup de points communs dans la structure des mots, leurs répartitions dans les phrases, les accords grammaticaux, etc. Elles ont aussi un minimum de vocabulaire commun.
Prenons par exemple le mot bantu ! Ce mot est attesté dans certaines langues, comme le lingala, et il signifie « hommes ». C'est le pluriel du mot muntu qui veut dire « homme » au singulier. Dans d'autres langues, ces mots se déclinent au pluriel en watu (swahili), wantru ou watru ou en encore wandru (shikomor) ; au singulier, nous avons respectivement mtu, muntru, mtru, mndru.
Prenons encore l'exemple de la phrase kinyarwanda suivante qui signifie : « Combien d'hommes ? » : Abantu bangahe ? Nous avons en comorien les équivalences suivantes :Wantru wangapvi ?Watru wangapvi ?Wandru wanga(pvi) ? et en swahili :watu wangapi ?

Ne pensez-vous pas qu'il y a beaucoup de ressemblance dans tout ça ?

M.A.C : A Madagascar, jusqu'au milieu du XXe siècle, il y avait quelques poches bantuphones sur la côte nord-ouest. Mais les langues africaines qui y étaient parlées, le swahili à Marodoka ou le makua à Maintirano, ont aujourd'hui disparu. Le malgache appartient à une autre famille de langues : les langues austronésiennes comme par exemple les langues indonésiennes.

Le comorien est souvent comparé au swahili, parfois on a même dit que le comorien en était dérivé ?

M.A.C: Selon les résultats des recherches des trois dernières décennies, il est prouvé que le comorien et le swahili sont génétiquement issus d'une même souche-mère, d'où leur très grande parenté. Mais les deux langues se seraient séparées aux environs du XIIème siècle. On peut donc dire que ce sont deux langues soeurs. Si la confusion a pu se maintenir jusqu'à une période pas très lointaine, c'était à cause de la très grande proximité des deux langues, mais aussi parce que les sultans des Comores parlaient swahili et beaucoup de correspondances et traités avec les pays voisins ou les puissances étrangères étaient rédigés en swahili qui étaient à l'époque la plus importante langue de communication et du commerce de cette région de l'océan indien occidental.
Par combien de personnes est parlée la langue comorienne?
M.A.C:On peut estimer que la langue comorienne est parlée aujourd'hui par un million de personnes environ : les 750 000 habitants de l'archipel des Comores plus la très importante diaspora comorienne, que l'on peut retrouver notamment à Madagascar, à Zanzibar ou encore en France.

Est-elle enseignée à l'école ? Si non pourquoi ?

M.A.C: Malheureusement, elle ne l'est pas. Pourquoi ? Parce que : Premièrement, la colonisation française, avec sa mission « civilisatrice », n'avait jamais reconnu au peuple dominé une quelconque culture ou civilisation et que les langues des dominées n'étaient pas des langues mais, avec un sens très péjoratif, des dialectes qui n'avaient ni vocabulaire développé ni grammaire.
Deuxièmement, le pouvoir très centralisateur de l'Etat français avait imposé le français comme la seule langue de l'administration partout. Cela était vrai dans les colonies, mais aussi en métropole. C'est ainsi qu'on a banni l'enseignement du breton en Bretagne, du basque au Pays Basque (Sud-Ouest de la France).
Troisièmement enfin, nous avons nous-mêmes fini par admettre que notre langue est pauvre et sans grammaire. Elle ne peut donc pas être enseigné. Il faut encore souligner qu'avec l'instabilité chronique des Comores indépendantes, aucune réflexion sérieuse n'a pu être menée sur la question. Pourtant, les pédagogues sont unanimes : pour permettre l'épanouissement des enfants, il est nécessaire que ces derniers puissent s'exprimer pleinement dans leur langue maternelle...

Y a t-il une ou des langues comoriennes ?

M.A.C:Nous avons la chance d'avoir une seule langue comorienne, depuis Ngazidja jusqu'à Maore. Mais comme toute langue, le comorien se décline en plusieurs dialectes qui en sont les variantes régionales : le shingazidja à la Grande Comore, le shimwali à Mohéli, le shindzuani à Anjouan et le shimaore à Mayotte.

Comment expliquer l'apparition de divers dialectes sur un territoire aussi exiguë que les Comores ?

M.A.C : Ce phénomène n'est pas spécifique au comorien. Toute langue est formée de plusieurs dialectes. La dialectalisation s'accentue lorsqu'il y a peu de communications et d'échanges entre les régions. A l'inverse, le déplacement d'une population qui parle un dialecte donné vers une autre région où l'on parle un autre dialecte peut également entraîner des changements dans les deux dialectes. Pour le cas des Comores, le facteur du peuplement par vagues successives au cours de l'histoire explique aussi le phénomène.
Les différences dialectales peuvent aussi s'observer à l'intérieur de chaque île. C'est ainsi, par exemple en Grande Comore, que la manière de parler des gens de Mbéni dans la région du Hamahamet diffère du parler des gens de Fumbuni dans la région du Mbadjini. Il en est de même à Anjouan entre les gens de Mutsamudu, sur la côte nord, et ceux du Nyumakele, dans le sud-est de l'île, ou encore, à Mayotte, entre Mamoudzou et Kani Bé ou Mwana-Trindri dans le sud, etc.

Un mot sur la langue mahoraise.

M.A.C:Le shimaore appartient au même sous-groupe dialectal que le shindzuani. C'est dire qu'il faut souvent écouter attentivement pour percevoir les différences entre ces deux dialectes. Le shimaore fait ainsi partie intégrante de la langue comorienne.

Le comorien s'enrichit-il ou s'appauvrit-il (avec le phénomène de créolisation de la langue) ?

M.A.C : Parler à l'heure actuelle de créolisation de la langue comorienne est quelque peu exagéré. Certes elle ingurgite aujourd'hui beaucoup de mots d'origine française. Mais cela reste « raisonnable ». Le comorien a emprunté énormément de vocabulaire d'origine arabe, environ entre 30 et 40 % du lexique, pourtant on ne parle pas de créole arabe, et cela à juste titre. En effet, ce qui fonde une langue, ce ne sont pas seulement les mots. Ce sont surtout sa structure grammaticale et sa syntaxe. De ce point de vue, le comorien ne ressemble ni à l'arabe ni au français.
On ne peut pas dire que le comorien s'appauvrit. Essentiellement oral, il répond parfaitement à nos besoins de communication. Il est toutefois évident qu'une langue écrite possède un stock lexical beaucoup plus étendu qu'une langue orale. Ne vous inquiétez pas pour le comorien. Si un jour, on décide de l'écrire, de l'enseigner et de l'utiliser dans l'administration, il ne pourra que s'enrichir. Il s'enrichira en se forgeant des mots nouveaux ou en empruntant d'autres ailleurs, comme cela se fait dans les langues dites de « grande civilisation ».

Où en est actuellement la recherche sur la langue comorienne ?

M.A.C: La recherche sur la langue comorienne avance ; trop lentement peut-être, mais elle avance. Nous avons aujourd'hui une meilleure connaissance sur elle qu'il y a vingt ans. Malheureusement, c'est un domaine qui intéresse peu de monde, aussi bien chez les nationaux que chez les chercheurs étrangers.

Pensez-vous qu'un jour tous les Comoriens parleront la même langue ? Et sur quoi se fonderait cette sédimentation en une seule langue « nationale » ?

Mohamed Ahmed-Chamanga : Nous parlons déjà la même langue. Ce qui nous manque, c'est une langue standard, comme en Tanzanie avec le swahili, à Madagascar avec le malgache, ou en encore au Zimbabwe avec le shona, etc. Pour arriver à ce stade, il faut qu'il y ait une réelle volonté politique, une prise de conscience chez les Comoriens de vouloir mieux apprivoiser leur propre culture et que soit mise en place une équipe de chercheurs qui se pencherait sur la question et qui proposerait cette langue standard qui serait utilisée dans tout l'archipel des Comores.

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CI-DESSOUS LES NEWS  RECENTES  DES COMORES

 

 

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A PROPOS DE OUANI

Ouani et ses grands hommes
 
 
L’être humain est insignifiant puisque le corbeau et beaucoup d’autres espèces d’arbres vivent plus longtemps que lui. De ce court séjour dans ce bas monde à la différence d’autres êtres vivants, l’homme peut marquer de son empreinte l’histoire.
A OUANI, ce genre d’homme malgré sa rareté, a existé et continu à exister jusqu’à nos jours. En ouvrant ce nouveau chapitre, quelques dignitaires en collaboration avec le comité de pilotage de la ville ont tenu à rendre hommage beaucoup d’hommes et de femmes qui ont fait du bien à cette ville.
En dehors de tout jugement, ils ont fait de leur mieux pour que Ouani devienne l’une des grandes villes les plus rayonnantes des Comores et Ouani l’est grâce à eux. Elle doit continuer à l’être pour nous et les générations à venir.
A titre posthume, nous tirons la révérence devant Saïd Toiha (Baco Moegné), Saïd Abdou Bacar Nomane, Saïd Abdou Sidi et Saïd Andria Zafi.
 
Le premier pour avoir créé la première école privée de la ville dans l’objectif de ne plus avoir un enfant de six à sept ans non scolarisé, le second qui a été le premier à être ministre et dont les louanges dépassent les frontières de la ville, le troisième a accompagné plusieurs années la jeunesse et le dernier a beaucoup contribué au niveau de l’enseignement primaire par son dévouement et son engagement à instruire ceux qui l’ont fait pour nous. Cette liste vient de s’ouvrir et n’est pas prête de se fermer ; beaucoup d’autres personnes disparues ou vivant tels que les enseignants apparaîtront à la prochaine édition.
Ansaly Soiffa Abdourrahamane
 
Article paru en 2003 dans le n° 0 de Jouwa, bulletin d’information de OUANI
 
 
 
 
LES ENFANTS DE LA VILLE DE OUANI
ET L’HISTOIRE   DES COMORES
 
 Beaucoup d’enfants de la ville de OUANI ont marqué et marqueront toujours l’histoire de leur pays : les îles Comores.
 
 En voici quelques uns dans différents domaines.
 La liste n’est pas exhaustive
 
 I) LITTERATURE
 
LITTERATURE ORALE
 
ABDEREMANE ABDALLAH dit BAHA PALA
 
Grand connaisseur du passé comorien décédé brusquement en 1988.
Actuellement, un projet de publication de sa biographie est en étude.
On trouve beaucoup de ses témoignages sur l’histoire des Comores dans le tome 2 de l’excellente thèse de SIDI Ainouddine sur la crise foncière à Anjouan soutenue à l’INALCO en 1994 
 
LITTERATURE ECRITE
 
Mohamed Ahmed-CHAMANGA
 
Grand linguiste des Comores
 
 Né à Ouani (Anjouan) en 1952, Mohamed Ahmed-Chamanga, diplômé de swahili et d'arabe, a fait des recherches linguistiques sur sa langue maternelle. Il enseigne la langue et la littérature comorienne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il est l'auteur d'une thèse, de plusieurs articles, ainsi que d'un recueil de contes de l'île d'Anjouan : Roi, femmes et djinns (CLIF, 1998). Président de l'Association Fraternité Anjouanaise, Mohamed Ahmed-Chamanga a fondé, en 1997, le journal Masiwa.
 Il enseigne actuellement la langue et la littérature comoriennes à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris (INALCO).
 
AINOUDINE SIDI
 
 Historien & grand spécialiste de l’histoire foncière des Comores 
 
 Né à OUANI, en 1956. Il a fait des études d’histoire à l’université de DAKAR (SENEGAL) et a préparé un doctorat d’études africaines à l’INALCO (PARIS)  Il est actuellement chercheur et Directeur du CNDRS (Centre National de Documentation et de Recherches Scientifiques) à MORONI.
 
 II) MUSIQUES & CHANTS
 
DHOIFFIR ABDEREMANE
 
Un des fondateurs de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Avec ses chansons axées sur la contestation sociale. Il fait partie des premiers artistes qui ont introduit aux années 60 une nouvelle forme de musique aux COMORES.
 
C’est un homme très discret mais plein de talents. On se souviendra toujours de ses productions à la salle AL CAMAR de MORONI.
 
FOUDHOYLA CHAFFI
 
 Une des premières femmes comoriennes à avoir fait partie d’un orchestre musical.
 Il s’agit là d’un engagement incontestable de la part d’une femme comorienne.
 Elle a commencé à jouer un rôle important dans la chanson à partir de 1975 comme chanteuse principale de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Sa voix d’or résonne toujours dans le cœur de tous ceux qui ont vécu dans notre pays de 1975 à 1978. On ne passait pas en effet, une seule journée sans entendre une de ses chansons sur l’égalité des sexes, l’unité des Comores, le changement des mentalités… à la radio nationale.
 
 III) POLITIQUE
 
Le sultan ABDALLAH III
 
 De mère ouanienne, il est l’un des grands sultans qui ont régné dans l’archipel des Comores au 18eme siècle et plus précisément sur l’île d’Anjouan.
 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED
 
La première femme ministre et élue député des COMORES
 
Né le 06 juillet 1952 à OUANI. Elle a enseigné pendant plusieurs années le français et l’histoire géographie dans différents collèges du pays avant d’être nommée secrétaire d’Etat à la condition féminine et à la population en 1991.
De 1991 à 1996 elle a assumé de hautes responsabilités politiques : Haut commissaire à la condition féminine, Ministres des affaires sociales, conseiller spécial du président de la république, secrétaire général adjoint du gouvernement, élue députée ….
Actuellement, elle est enseignante à l’IFERE et Présidente du FAWECOM.
 
Article publié sur le site de l'AOFFRAC (www.aoffrac.com)
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 09:19
Source : Al-watwan N° 1705 du lundi 21 février 2011
COMORES / Mayotte : Refuser les expulsions, le seul langage que comprend la France
 

Par Ahmed Ali Amir

Rédacteur en chef du journal Al-Watwan

 

Mayotte est un sujet complexe, tout le monde le reconnait. Le maillon faible de la question a toujours été, depuis 1975, la complaisance de l’Etat comorien devant les agissements de l’ancienne puissance coloniale. L’Etat comorien ne s’agite qu’à l’approche d’une assemblée générale de l’Onu, pour rassurer l’opinion nationale de l’inscription de la question à l’ordre du jour. Les Assemblées passent et le litige est toujours remis à l’Ag suivante, souvent à la demande des Comores, pendant que le statut de l’île de Mayotte n’a cessé d’évoluer, jusqu’à se transformer en département français.

 

Une étape importante risque encore une fois d’être franchie, celle de transformer Mayotte en région ultrapériphérique, impliquant, cette fois-ci, l’adhésion de l’Europe à la cause néocoloniale, alors que plus d’une vingtaine des pays européens avaient voté la première résolution admettant les Comores au sein des Nations unies et condamnant le référendum français dans l’île et toutes les consultations ultérieures. Le temps a passé, les générations qui sont aux commandes en Afrique et en Europe aussi.

Les Comores n’ont toujours pas de feuille de route connue et aucun kopeck n’est mobilisé pour la cause. Si avec le Ministre Fahamile discours a changé, devenu plus incisif, les déclarations plus claires sur les questions sous-jacentes comme le visa Balladur et les  expulsions,  les décisions courageuses tardent à être prises comme celle de refuser les expulsions qui nous rendent complices de déplacement forcé de populations.

Absence de décisions courageuses 

 

Ce mois-ci, quelques chose est en train de changer à Mayotte. Définitivement peut être. A l’appel de nombreuses associations, une grande manifestation est prévue à Mayotte le mercredi 23 février en mémoire aux milliers des victimes en mer. Il s’agit pour la plupart de français de souche vivant à Mayotte, membres des associations. La manifestation risque de n’être qu’une affaire de blancs, écœurés et révoltés par les drames humanitaires qui se déroulent sous leurs yeux et dont est seul responsable l’Etat français.  

 Personne ne peut dénombrer les accidents de Kwasas chaque année, comme personne

n’a de chiffres exacts du nombre des victimes. Le recensement réalisé en 2002 par un collectif d’associations présentes à Anjouan, chiffrait à 17 accidents et 407 victimes, dont 183 morts ou disparus, 224 rescapés entre juillet 2000 et février 2002.

Depuis, les chiffres pris en compte ne sont relevés que sur les accidents enregistrés près des côtes mahoraises.

 

Silence coupable


En juin 2010, le bilan de la préfecture de Mayotte, dénombre 126 Kwassas interceptés au premier semestre, avec au total 3201 passagers. Triomphalement, la préfecture explique que “ces résultats ont été rendus possibles grâce à l’action conjuguée de la police aux frontières (Paf), de la gendarmerie, de la gendarmerie maritime, des douanes et de la marine nationale’’.

Les contrôles quotidiens effectués par les forces de sécurité sur le territoire de Mayotte ont permis l’interpellation de 7321 Comoriens des trois îles, déclarés “en situation irrégulière“ sur le sol comorien, durant le 2ème trimestre 2010, soit un total de 12.321 personnes. En six mois, la France s’est rendue coupable d’interpellations et de déplacements de 10.010 personnes. Le silence et l’inaction des Comores rendent possible une telle politique. Mayotte couverte de radar, seule la côte sud de l’île en est exemptée. Cet itinéraire particulièrement risqué provoque des naufrages en série. A Kani-Kéli un naufrage avait tué neuf personnes dont cinq bébés. Les Comoriens des quatre îles n’avaient pourtant jamais eu de contrainte pour se rendre à Mayotte.

Depuis l’instauration d’un visa obligatoire, le fameux visa Balladur, du nom de son instigateur, les Comoriens des trois autres îles de l’archipel, empruntent la voie maritime, pour entrer incognito à Mayotte. On dénombre des milliers de comoriens qui ont péri en mer dont de nombreux bébés et des femmes enceintes. Désormais près de 26 000 expulsions sont programmées tous les ans dans des conditions inhumaines, par “la politique du chiffre“ proclamée par le gouvernement français.



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25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 09:12

Agence comorienne de Presse (HZK-Presse)

 

Mutsamudu, lundi 21 Février 2011 (HZK-Presse) Les fortes pluies et le vent furieux qui ont marqué le climat à Anjouan ces derniers temps n’ont pas cessé de faire des dégâts au niveau des infrastructures routières, mais surtout des victimes parmi les habitants de l’île. En l’espace de quelques jours, trois personnes ont péri sous les intempéries.

 

Il y a deux semaines en  effet, dans les environs du quartier Mbuyuju à Ouani, un enfant d’une dizaine d’années était emporté par les eaux impétueuses d’une rivière en crue, alors qu’il s’amusait avec un camarade. Son corps sera retrouvé inerte à cinq cent mètres plus loin de l’endroit où il s’amusait. Son père, informé peu après du sort de sa progéniture, sera pris d’un violent malaise et admis aux urgences. Le même scénario s’est répété six jours plus tard, cette fois à Bazimini.

 

Ici, c’est Abdel, un enfant de six ans, qui a été trainé et tué par le torrent. Son cadavre ne sera retrouvé que le lendemain à Ouani, soit à quelques sept kilomètres de l’endroit où l’accident s’est produit ! Mais la malédiction des fortes précipitations accompagnées des vents fous ne s’arrêtera pas avec ce drame. Jeudi dernier, en milieu de journée, Mohamed Nyélé, un pêcheur qui tentait une manœuvre désespérée de rejoindre la rive de Mjihari (un quartier riverain de Mutsamudu) a été renversé dans sa barque par les vagues et resté depuis introuvable.

 

Il faut dire que les pluies de l’actuelle saison de la mousson [Kash-kazi, qui s’étale entre novembre et avril] à Anjouan sont particulières. Au point de précipiter les climatologues dans des spéculations déroutantes pour le citoyen lambda, car quelque peu contradictoire avec les préceptes climatologiques véhiculés d’ordinaire par les mêmes scientifiques.

 

Ainsi, au cours d’une récente émission télévisée de la Radio Télévision de Ndzouani -RTN-, un de ces « visionnaires » du climat expliquait que « les fortes précipitations sont dues à l’intense déforestation ». Ce qui ramène une femme qui suivait l’émission à se poser la question suivante : « Mais qu’impute-t-on au juste à la déforestation ? Tantôt elle est la cause de la sécheresse, tantôt celle des pluies qui tombent en trombes ! C’est tout de même bizarre ! »

 

Fidel Adami (Correspondant à Anjouan)

210211/fa/hzkpresse/6h00

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25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 09:05

 

Source : Al-watwan N° 1707 du jeudi 24 février 2011

 

 

 

A l’appel du gouvernement de l’Union, de l’assemblée nationale, d’association de la société civile et d’hommes politiques de tout bord et d’autorités religieuses, une foule nombreuse a manifesté, hier mercredi à la place de l’indépendance à Moroni, en mémoire aux victimes en mer de la traversée Anjouan, Mayotte et, à cette occasion, ont affiché leur indignation vis-à-vis du “Visa Balladur”. Une manifestation pour la même cause a eu lieu ce même jour dans l’après-midi à Mayotte et en France avec le soutien de plusieurs associations humanitaires internationales.

“Après l’institution en 1995 à Mayotte du “visa Balladur”, rappelle Me Ali Abdou El-Aniou de l’association des juristes qui a qualifié le visa Balladur de “Visa ya nyafati” (visa de la mort), on estime à plus de 18.000, le nombre de personnes qui ont perdu la vie dans le bras de mer entre Ndzuwani et Maore”. A tel point que ce bras de mer de 70 km est considéré aujourd’hui comme le plus grand cimetière marin du monde.

Au cours de son allocution le vice-président de l’assemblée, député Djaé Ahamada, a tenu à préciser qu’”il n’est pas besoin de rappeler que plus de 20 résolutions ont été votées par l’Onu, réaffirmant, toutes, la souveraineté de l’État comorien sur Mayotte et demandant à la France de se retirer de cette île”. Il a rappelé la résolution N° 31/4 du 21 octobre 1976 “qui condamne énergiquement la présence de la France à Mayotte, qui constitue une violation de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la République indépendante des Comores”.

“Et pourtant, continue ce représentant du peuple, la France a démontré qu’elle peut impunément fouler au pied le droit international, persuadé qu’il a mis à genoux les gouvernements comoriens successifs, par les aides budgétaires, les pressions politiques, les coups d’Etat, les déstabilisations à partir de Mayotte”. Le député faisait allusion au “référendum” sur la départementalisation de Mayotte, qui a lieu le 29 mars 2009. Une opération qui, on le rappelle, est condamnée par les Nations unies, l’Union africaine, la Ligue des États arabes et déclaré comme “nul et non avenu”.

 

De façon réfléchie et intelligente

 

Le vice-président Djaé Ahamada a, par ailleurs, affirmé son souhait de voir le gouvernement comorien “refuser à jamais que des Comoriens soient expulsés d’une terre comorienne“. Pour sa part, Djanfar Ahmed Mansoib, ministre de la Justice assurant l’intérim de son collègue des Relations extérieures, Fahmi Saïd Ibrahim – depuis quelques temps à la pointe du combat pour l’abrogation du visa Balladur et pour le retour de Mayotte – a soutenu que la question mahoraise à toujours mobilisé les gouvernements des Comores successifs.

Mais “il n’ ya pas assez de patriotisme dans le pays, nous devons enseigner l’éducation civique et privilégier les intérêts supérieurs de la nation. Souvent, reconnait le ministre, c’est l’intérêt particulier qui prime”.

 

Le Comité Maore salut un début de prise de conscience à Maore


 

La cérémonie a été clôturée par l’intervention d’Idriss Mohamed, principal animateur du Comité Maore, qui a commencé par affirmer que “la population mahoraise a pris conscience qu’elle a été dupée par la France mais ne veut pas pour autant, abandonnée les bénéfices économiques de l’aide française”. Idriss rejette, encore une fois, tout recours à la violence, “chaque chose à son temps, il faut se battre de façon réfléchie et intelligente”, professe-t-il. Il s’est ainsi inspiré des révolutions dans le monde arabe pour montrer que ce qu’on croît impossible aujourd’hui ne le sera probablement pas demain, “ces expériences devront nous faire comprendre qu’aucun despote ne peut résister à un soulèvement populaire”.

Il a ainsi, insisté qu’”il ne faut dorénavant rien céder à la France car aucune aide ne peut valoir les pertes humaines que nous subissons en mer chaque année”.

 

La manifestation a été définitivement close par une prière (douan) en la mémoire de tous ces milliers de victimes qui disparaissent en mer. “Que leurs âmes reposent en paix”.

 

Toyb Ahmed


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21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 15:58

le 21 février 1997 : le racisme, l’intolérance et la haine ont tué ce jour là un jeune qui n’avait pour défense que ses bras ouverts à la vie. Quel gâchis et quelle honte ! Il s'appelait Ibrahim Ali. Ne l'oublions pas. Ibrahim1.jpg

 

Cliquez ICI pour voir notre  article de février 2007 et qui a été publié dans le journal Kashkazi (Numéro 61 mars 2007).

 

Halidi Allaoui

HALIDI-BLOG-COMORES  

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17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 20:01

 

Agence comorienne de Presse (HZK-Presse)

 

 

Moroni, jeudi 17 Février 2011 (HZK-Presse) Le vent de révolution qui souffle dans le monde arabe a gagné Moroni. Ici, ce n’est pas la politique qui a révolté les gens mais plutôt la destruction programmée du Foyer des Femmes situé à la Place de l’Indépendance. La colère des manifestants a emporté sur son passage le maire de Moroni qui est sommé de partir.

 

Le parvis du Foyer des Femmes de Moroni a ressemblé ces deux derniers jours, à la place Tahrir symbole de la révolte égyptienne. Des dizaines de femmes, des jeunes et des vieux se sont amassés dans cet endroit pour contester. Le mardi dans l’après-midi, dans un acte symbolique, un jeune est monté dans une des 4x4 de la gendarmerie qui est venue les arrêter pour exposer quelques décisions.

 

« Nous allons rester ici jusqu’à l’arrivée des autorités politiques pour qu’ils comprennent notre mécontentement », martèle ce jeune devant quelques centaines de personnes. Ce discours est tenu quelques heures avant la célébration du Maoulid du gouvernement qui était organisé justement dans ce Foyer. Mais pour comprendre cette fronde, il faut reculer quelques jours auparavant.

 

Depuis des semaines, les habitants de Moroni assistent, impuissants à un ballet de techniciens, architectes et ingénieurs en BTP qui se succèdent entre la faculté Imam Chanfii et la place Badjanani. Jusque là, personne, en tout cas les riverains, ne sait ce qu’il se trame dans ce tronçon du littoral du centre-ville, si ce n’est que des rumeurs. Il fallait attendre une rencontre avec un des ingénieurs arabes qui est affecté à ce chantier pour comprendre.

 

Celui-ci a expliqué à une des femmes de Moroni, que « le projet en question vise à construire un port de plaisance pour recevoir les touristes ». Et à la grande surprise, « le Foyer des Femmes sera rasé », à en croire ce technicien. La gente féminine n’a pas croisé les bras. Une première rencontre avec les autorités a échoué et il s’est engagé donc un bras de fer, « une révolution ».

 

Une réunion est organisée au Foyer Casm et les avis ont convergé sur « une action pour manifester l’indignation contre fait qu’un tel projet soit conçu et mis en œuvre dans une totale opacité et sans que la ville en soit consultée, sur les tenants et les aboutissants de ce port et surtout l’idée de raser le Foyer des Femmes, un des symboles de la ville ». Le premier contact entre la population et les employés qui préparaient la pose de première pierre du lendemain par le chef de l’Etat, s’est soldée par une altercation que la gendarmerie a vite matée. On constate tout de même un technicien étranger qui a l’arcade blessé.

 

C’est à ce moment que les habitants de la capitale, particulièrement ceux des quartiers Badjanani et Mtsangani, ont improvisé un sit-in pour interpeller l’opinion et les autorités. Un premier haut placé du régime explique que « le gouvernement a tant promis et il n’a pas réalisé. Cette fois, le gouvernement a voulu faire une surprise ». Quelque temps après, une autre autorité vient déclarer que « le foyer allait être rasé mais avec le consentement des femmes de Moroni ».

 

Mais loin de s’affaiblir, le mouvement s’est reconstitué encore hier matin. Après une rencontre avec le gouvernement, le ministre des finances annonce que « c’est le pays qui a perdu car les investisseurs ont décidé de suspendre les travaux et la pose de la première pierre ». Et le ministre de l’économie d’assurer en exhibant la maquette «qu’il n’a jamais été question de démolir le foyer ».

 

C’est en cet instant que les habitants de la ville découvrent le projet. Il s’agit d’un port, d’un hôtel, d’un terminal, bref tout ce qu’on avait déjà vu dans le projet mort né de la Corniche du groupe Comoro Gulf Holding, d’autant plus que le responsable n’est autre que le même Ahmed Jaroudi, un ancien proche de l’homme d’affaires franco-syrien Bashar Kiwan.

 

Mais bizarrement, malgré les affirmations du gouvernement, le Foyer n’existe pas sur la maquette. A la place, on a prévu une piste pour hélicoptères. A la fin, le gouvernement s’engage à fournir « un écrit qui certifie que le foyer ne sera pas démoli ». Mais les habitants de Moroni exige aussi une étude d’impact « pour comprendre les avantages et les inconvénients de ce projet ». En attendant, les travaux sont suspendus.

 

A.A. Mguéni

170211/aam/hzkpresse/9h00

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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 20:35
Centre de soins MdM à Mayotte

 

 

MAYOTTE :
Suite à une saisine appuyée par Médecins du Monde, le tribunal de la Sécurité sociale de Mayotte reconnaît que la France ne respecte pas la Convention Internationale des Droits de l’Enfant

 

En mars 2010, Médecins du Monde a accompagné le dépôt d’un recours en justice de la mère en situation irrégulière d’un enfant suivi par l’association, pour faire valoir son droit à la santé et donc à une couverture médicale. Le Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale (TASS) de Mayotte vient de rendre son jugement. Pour la première fois, un tribunal demande l’affiliation directe d’un mineur à une caisse de Sécurité sociale. Surtout, le TASS reconnaît que la France ne respecte pas la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE).

 

A Mayotte, l’Aide médicale d’Etat (AME) n’existant pas, aucune couverture maladie ne garantit l’accès aux soins des enfants de personnes en situation irrégulière ou des mineurs isolés non pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE).

Dans ce contexte, MdM constate de nombreux retards de recours aux soins, aggravés par les arrestations et la peur du déplacement des personnes sans papiers, et pouvant avoir de réels dangers sur la santé des mineurs. Sur les huit premiers mois de l’année 2010, 2790 consultations pédiatriques ont été effectuées par MdM à Mayotte. Un retard de l’accès aux soins a été enregistré pour 40% de ces consultations. 82% des enfants et adolescents n’avaient pas de protection sociale.
 

 

Afin de permettre, à Mayotte, l’accès aux soins des enfants de personnes sans papiers – normalement garanti par les articles 3-1 et 24 de la CIDE que la France a signé, Médecins du Monde s’est engagé depuis plusieurs mois dans un processus d’actions juridiques à Mayotte.

Suite à des rapports, notamment de la Défenseure des enfants et de la HALDE, et compte tenu des analyses juridiques toutes concordantes confirmant le non respect du droit à la santé des mineurs, du fait de l’absence de couverture maladie, MdM a demandé à la Caisse de Sécurité sociale de Mayotte l’affiliation directe de plusieurs des enfants soignés par l’association.

 

Face au refus de la Caisse de Sécurité sociale de Mayotte de procéder à ces affiliations, une procédure contentieuse a été engagée auprès du Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale de Mamoudzou.
Dans son jugement du 17 décembre 2010, ce tribunal reconnait que le droit de la santé en vigueur à Mayotte est contraire à la CIDE. Le tribunal demande donc à la Caisse de Sécurité sociale de Mayotte de procéder à l’affiliation directe de l’enfant, afin que son droit à la santé soit garanti.
 

En conséquence de ce jugement, à Mayotte, tout mineur doit être inscrit à la Caisse de Sécurité sociale pour pouvoir accéder aux soins nécessaires à sa santé.
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Le 1er mars 2011, Mayotte, collectivité d’outre-mer française, deviendra département d’outre-mer. Cette évolution administrative implique que le droit français devra s’appliquer de la même manière que dans les autres départements français. Cette départementalisation doit être l’occasion pour la France de se mettre rapidement en conformité avec ses obligations issues de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) en créant un réel accès aux soins aux mineurs de Mayotte et en rendant leur droit à la santé effectif.

D’ici là, tous les mineurs doivent être affiliés à la Caisse de Sécurité sociale de Mayotte en application du jugement du TASS du 17 décembre 2010.

 

Source : http://www.medecinsdumonde.org/fr/Presse/Communiques-de-presse/France/Mayotte-un-tribunal-reconnait-que-la-France-ne-respecte-pas-la-Convention-Internationale-des-Droits-de-l-Enfant

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 13:06

 

Moroni, mercredi 09 Février 2011 (HZK-Presse) D’abord le Mrengué peut se configurer dans la culture. C’est une discipline très ancienne et tout le monde aimait se régaler dans ce sport de combat typiquement insulaire, afin de mesurer ses techniques proches des arts martiaux.

 

Avant les années 90 le Mrengué se jouait avec des instruments traditionnels (Ngoma), et on tapait aussi dans un bidon vide et les chanteurs réchauffaient l’ambiance. C’était surtout en période du mois sacré de ramadan après la prière de la nuit. Cela se passait dans une place publique où tout le monde se regroupait, boxeurs, spectateurs et musiciens. Les matchs ou les rounds vont de catégorie en catégorie, sous la surveillance d’un ou de deux arbitres, jeunes contre jeunes, adultes contre adultes, mais souvent avec les films karaté on ne pouvait pas identifier qui était plus jeune que l’autre et chacun désignait lui-même son adversaire. Le spectacle est généralement gratuit à Domoni, durant tout le mois de ramadan.

 

Au début des années 90, tout a changé, le Mregué a changé de décor et d’instrument. On a rénové le jeu à Domoni est ensuite dans tout l’archipel. Cette fois-ci ce sont des orchestres qui jouent comme dans un concert de musique avec des instruments électriques, spectateurs et spectatrices autour des boxeurs, avec une grande place réservée aux boxeurs contrairement à l’ancienne époque, où tout était très serré. Les chansons que proposent les orchestres parlent de la boxe comme par exemple « Ntsoma tsi bwé » ou encore « ahou rema, mremé ».

 

L’idée est venue d’un ancien artisan qui a joué un grand rôle d’arbitrage dans les Mrengué. Said Ali Mahamoud nous a quitté en 2007, son frère Badagnassi est toujours resté fidèle au jeu, très connu par son talent d’animateur de soirées Mrengué, on peut le féliciter car il a fait presque le tour de l’archipel en accompagnant les orchestres de Domoni assurant la promotion du Mrengué rénové.

 

L’orchestre Mahabou fut le premier à intégrer le Mrengué avec les instruments électriques, et a réussi à se faire connaitre dans l’archipel. L’on se rappelle de leur répertoire qui a fait un tabac dans les années 90, comme « Djarada ya Hassandzé » ou encore « fleur d’amour ». Il a su imposer son style, autant que le groupe Assmin Band sachant que ce dernier était plutôt typiquement Toirab et Wadaha.

 

Ainsi le Mrengué continue à prendre du goût et devenir un produit qui fait voyager les orchestres même à Mayotte. Des musiciens anjouanais comme le cas de Boul-Boul, ancien claviste dans Mahabou a profité pour s’installer quelques temps à Mayotte. De son passage là bas, il a pu apporter son talent, dont on lui rend hommage, car c’est en imitant son style que beaucoup de groupes de Mayotte ont avancé en matière de Mrengué, tels « Tama Music » groupe leader de Mayotte, et Mbiwou. Tama Music actuellement très connu dans l’archipel mais aussi en métropole, c’est grâce à des Domoniens comme Boul-Boul, Wirdane Soula et d’autres artistes. Jusqu’alors Tama music reprend les mêmes chansons des orchestres de Domoni afin de garder le style. Rappelons que le Mrengué musical c’est du Wadaha accéléré.

 

En revenant au Mrengué traditionnel, il semble menacé de disparition, mais pas tellement. En 2005, en période de ramadan, des anciens boxeurs qui se souviennent des meilleurs moments passés, ont décidé de reprendre le jeu à l’ancienne. Tout à été programmé, les gens étaient là pour venir voir le traditionnel Mrengué. L’annonce a été faite dans les medias, pour l’organiser sur une route nationale, fermée pour l’occasion. Un conducteur non averti foncera droit vers les spectateurs faisant quelques blessés. En 2009, toujours en période de ramadan, une nouvelle édition est organisée mais cette fois sur la place de Pangahari (place publique), plus sécurisant et c’est en plein centre ville.

 

Naouir-Eddine Papamwegne

090211/nep/hzkpresse/21h00

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 09:29


 

 
   
 
 
 

Source : HZK Presse du 07/02/2011

 

Gestion des sociétés d’Etat: Quand la politique est au chevet

de tout à Anjouan

 
Au cours d’une conférence de presse tenue lundi au siège d’EDA (Electricité d’Anjouan), Ali Ben Ali, le directeur général (photo), a donné sa version de l’antagonisme qui le lie à son employé, Saïdomar Mirhane, le directeur de la production de la même société.
 
Au cours d’une conférence de presse tenue lundi au siège d’EDA (Electricité d’Anjouan), Ali Ben Ali, le directeur général de cette société publique, a donné sa version de l’antagonisme qui le lie à son employé, Saïdomar Mirhane, le directeur de la production de la même société.

« Certaines gens, qui ne savent pas la vérité, racontent que je m’emploie, depuis la fin des élections, à tirer dans les pattes des éventuels prétendants au poste que j’occupe. Mais puisqu’on y est, citons nommément les gens : il s’agit en l’occurrence de Saïdomar Mirhane, le directeur de la production de cette boîte. Je l’ai mis à la disposition du Commissariat à l’Energie car c’est de là qu’il arrive, mais si j’avais le pouvoir de le licencier, je l’aurais fait !

Ce n’est toutefois pas à cause de tout ce qui se dit dans la rue, mais plutôt à cause du fait qu’il a abandonné son poste depuis un temps. Je m’appuie sur notre législation interne qui dit que lorsqu’un employé abandonne son poste trois jours de suite sans aucune justification, il est licencié. Cela fait un bon moment qu’il ne travaille plus; et il a dit à des agents d’ici qu’il attend juste que l’heure arrive et qu’on lui remette les clés », a-t-il raconté aux journalistes, après avoir été interrogé sur le sujet.

Saïdomar Mirhane, frère d’Oumbad Mirhane, le conseiller spécial du président de la République, n’a en effet jamais tout à fait pu avaler son éviction de la tête d’EDA, qu’il a eu à diriger à l’époque du colonel Mohamed Bacar. Notons en plus qu’un audit, diligenté au lendemain de la chute de ce dernier, par l’exécutif insulaire transitoire, avait fustigé sa gestion exécrable de la société durant cette période. Mais il a, au cours des dernières élections, retourné sa veste du côté de la mouvance Sambiste, soutenant avec ferveur les candidats Ikililou et Anissi.

Face donc à un rival qui vient de perdre la face (Ali Ben Ali était du camp du gouverneur sortant, Moussa Toybou), l’homme s’octroie aisément le droit de déclarer qu’il « attend les clés de la direction ». Mais l’actuel patron de l’établissement, qui n’est apparemment pas du genre à se laisser faire, ripostera en disant qu’ « il ira donc les attendre à la maison », car « tant que je serai le premier responsable de cette société, aucun rond ne sera versé à l’employé qui ne travaille pas ! »

Mais Ali Ben Ali avait surtout appelé la presse pour exposer le bilan des réalisations de l’année écoulée, et annoncer ses projets d’avenir. Il a alors fait savoir que l’opération d’extension du réseau électrique à travers toute l’île se poursuit merveilleusement, avec, à ce jour, avec 75 villages sur 87 branchés au réseau, et que dans les 12 autres localités qui restent, les travaux se poursuivent.

Rappelons que cette opération d’envergure a été lancée au milieu de l’année 2009, grâce à une subvention de l’Etat d’un montant de 600 millions de francs. Pour cette année, la société envisage, outre le parachèvement de ce projet, d’équiper les agences régionales en matériel et personnel technique qualifié, dans un souci de décentralisation technique efficace.

Fidel Adami (Correspondant à Anjouan)

 

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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 16:37

Nous vous proposons ci-dessous une vidéo de Sounga,  une des chansons des années 70 bien connue à OUANI - un chef d'oeuvre de l'artiste et poète Dhoiffiri Abdouroihamane, le fondateur de l'orchestre joujou des Comores. C'est une nouvelle version - du zouk - interpretée ici par Pepsy, un chanteur célèbre de joujou qui continue son bout de chemin avec la nouvelle génération. Sa voix doit certainement parler aux fidèles auditeurs de la Radio Comores des années 80 - 90.

 

Nous préférons la version originale. Mais bon. En tout cas les  paroles enivrent.

 

Dédicace à qui de droit.

 

 


 
Halidi Allaoui
HALIDI-BLOG-COMORES
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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 14:14

 

 Agence comorienne de Presse (HZK-Presse)

 

Source : HZK-Presse du   février 2011

 

 

Contrairement à ce qui s’était passé lors du premier passage de J. Martin à Mayotte, cette fois, il s’est trouvé des gens qui connaissent bien l’histoire de l’archipel pour répondre à sa volonté de reconstruire l’histoire de la région.

 

Anachronismes et contre-vérités

Ces propos ont choqué un grand nombre d’enseignants mais ne sont intervenus que ceux qui avaient des connaissances suffisantes sur l’histoire des Comores en général, et de Mayotte en particulier. Ainsi, après la prise de parole de Daniel Martial-Henry pour faire des rappels sur la généalogie de sa famille, Mohamed Nabhane, professeur agrégé d’arabe a interpellé Jean Martin sur les nombreuses inexactitudes et contre-vérités historiques.

Pour lui, il s’agit encore une fois de faire appel à l’autorité, à l’expert pour accréditer une version officielle de l’histoire de l’archipel, comme on a fait appel au linguiste F. Laroussi pour établir que le shimaore est une langue distincte du shikomori, il y a quelques mois. Seulement, il y a des cas où l’appel à l’autorité est fallacieux : lorsque l’expert se prononce sur un sujet autre que celui pour lequel il est qualifié. Or quand M. Martin aborde le 20e siècle comorien, il sort de sa période historique (18e et 19e siècles) pour parler de la période contemporaine pour laquelle, il n’a quasiment pas fait de recherche.

Isabelle Mohamed a pris la parole pour affirmer que si les propos de J. Martin étaient un peu plus mesurés en conférence que dans le livre, il n’en demeurait pas moins qu’encore une fois l’historien avait oublié son métier, en multipliant les anachronismes (ndr : erreur consistant à juger le passé avec ce qu’on sait aujourd’hui, la faute la plus grave pour un historien) et en multipliant les contre-vérités.

Elle a dénoncé la volonté de présenter au public les Anjouanais comme des envahisseurs de l’extérieur venant spolier les Mahorais, rappelant que si Mohamed Ahmed avait acheté des terres à Mayotte c’était parce qu’homme de pouvoir et d’argent il avait eu les moyens et les connaissances pour le faire mais que l’assistance devait savoir que, comorien polygame, il avait une femme mahoraise, que les terrains étaient au nom de cette femme, que les enfants de ce lit en étaient a priori héritiers et qu’il s’agissait donc d’un fonctionnement de classe ou de caste.

La nation comorienne

L’auteur de ces lignes, historien de formation a d’abord montré sa perplexité car les précédentes recherches de J. Martin sont en total opposition avec ses affirmations d’aujourd’hui. Le dernier livre est loin d’être un livre d’histoire, c’est en fait un livre de commande. Pour lui, J. Martin fait fi de toute méthode historique et ne cite jamais ses sources, à partir du moment où il aborde le 20e siècle. Ainsi, l’historien développe une nouvelle thèse sur la mort de Zakia Madi, elle se serait noyée, aveuglée par les grenades de la garde comorienne alors que, jusque-là, dans la thèse en cours dans l’île (rappelée par Daniel Martial Henry qui a affirmé que c’est son père qui a fait l’autopsie), celle qui est désignée comme la « martyr du MPM » aurait été tuée par les éclats de grenade.

Or, J. Martin ne présente aucune archive pour appuyer sa thèse. Le correspondant de la Gazette lui a donc suggéré un rapport qui se trouve dans les archives françaises et qui bat en brèche les deux thèses présentées. Il est également revenu sur l’affirmation de J. Martin selon laquelle la nation comorienne n’a jamais existé et n’existe pas. Pour lui, même en gardant la définition européenne et française de « nation », J. Martin confond « nation » et « Etat ».

En effet, dans l’histoire européenne, on a eu des nations sans Etats (ainsi l’Allemagne et l’Italie ne recouvrent leur unité nationale et ne forment des Etats qu’en 1870) et l’absence d’Etat, dans le sens occidental, ne veut pas dire qu’il n’y a pas de nation. Et puis, est-ce que le monde entier, notamment l’Afrique, doit se plier à la définition française de la nation, est-ce que les Africains ne pouvaient pas avoir d’autres manières de s’organiser politiquement ?

Le droit des peuples

Pour répondre à l’idée, développée par J. Martin du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » qui doit, selon l’historien, prévaloir sur l’intangibilité des frontières issues de la colonisation (selon l’ONU), l’avocate Fatima Ousseni, a rappelé le cas des habitants de l’île de Sainte-Marie qui au moment de l’indépendance avaient affirmé leur volonté de rester français. Pourquoi, pour ce cas là, la France a refusé de prendre en compte le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ? » a-t-elle demandé.

A toutes ces interrogations, Jean Martin n’a eu que quelques mots de réponse, confirmant par le silence les insuffisances du travail présenté et une volonté d’imposer un point de vue colonialiste de l’histoire des Comores en général et de Mayotte en particulier.

 

Pour voir la 1ère partie cliquez ICI

 

Mahmoud Ibrahime (Correspondant à Mayotte)

 

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