Nouvelle affaire de malversation à la SCH : Le président de la Commission de gestion
incarcéré
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Moroni, lundi 19 mars 2007 (HZK-Presse) – Salim Ben Ali, président de la commission de gestion de la Société comorienne des
hydrocarbures (SCH), est déféré ce matin au parquet de Moroni, après avoir été placé depuis vendredi en garde à vue à la brigade de recherche de la gendarmerie pour une affaire de
malversation.
Il s’agit d’une « nouvelle affaire » de la SCH venant s’ajouter aux autres dossiers en cours d’instruction depuis juillet 2006 et dans lesquels sont déjà inculpés deux anciens dirigeants de l’entreprise, Abdou Soefo et Mohamed Moussa Moindjié, ainsi que plusieurs personnalités de l’ancien régime du colonel Azali Assoumani.
Si M. Moindjié écroué le 23 août 2006, bénéficie avec une dizaine d’autres prévenus d’une liberté provisoire, ce n’est pas le cas de M. Soefo,
réincarcéré à nouveau pour non respect du contrôle judiciaire.
Nommé par décret du président de l’Union du 5 août dernier, M. Ben Ali était choisi pour diriger une structure provisoire de cinq membres, « chargée de l’organisation et du fonctionnement de la SCH en attendant la nomination d’un nouveau directeur », avec pour délicate mission d’assainir la situation financière de l’entreprise et régler les litiges en suspense. Mais très vite il lui est reproché de s’ériger de fait en véritable patron de la boîte, osant prendre de grandes décisions dont celle relative au contrat Nestair, une société malgache spécialisée dans les produits pétroliers, qui est à l’origine de son inculpation. Signé le 15 février dernier, ce protocole d’accord autorise Nestair à disposer sur le dépôt de Moroni d’au moins 300 m³ de produits pétroliers facturés au coût de revient. Nestair avait déjà obtenu auprès des autorités comoriennes le droit de vendre sur le marché local du gasoil, sur la base d’un contrat de bail de trois ans, conclu en octobre dernier avec le ministre des finances de l’Union. Le contrat stipule « la mise à disposition d’un espace de stockage logistique d’hydrocarbures d’une capacité de 500m3 dans les dépôts et terminaux d’importation de la SCH ». Il est aussi précisé à l’article 8 que « les produits pétroliers importés par Nestair et achetés par SCH et Ma-Mwe ne sont pas assujettis aux taxes et coût de stockage ». Nestair consent par ailleurs à la SCH un prêt de 23 millions fc, pour la mise aux normes de certaines cuves, « un montant dérisoire », comparé à la trésorerie de la SCH qui fait une recette de 30 à 40 millions fc par jour. Depuis quelques jours Nestair est opérationnelle, et approvisionne trois stations services de capitale, en utilisant les camions citernes de SCH, avec des bons de livraison portant l’entête « SCH » et sur lesquels est portée la mention manuscrite « Nestair », confirme à HZK-Presse Andjibou Ali Said, directeur de la SCH pour la succursale de Ngazidja. Ce dernier affirmait à HZK-Presse avoir « tenté d’empêcher cette opération de blanchiment », qui aurait consisté à faire fonctionner au sein de la société « deux caisses parallèles », l’une pour les recouvrements de la SCH et l’autre réservée aux recettes de Nestair. Interpellé à son tour et placé également en détention provisoire, le représentant de Nestair, le malgache Ravelson Sole Dolare, a été aussi déféré ce matin devant le procureur de la république, Azad Mzé. Il doit répondre aux questions des enquêteurs après qu’une perquisition à son domicile ait permis à la police judiciaire de mettre la main sur une vingtaine de millions de francs comoriens en billets de banque et chèques, apprend HZK-Presse de source judiciaire. Réagissant sur cette affaire, Kamar Ezamane Mohamed, ancien député et ancien co-dirigeant de la SCH, dénonçait dans une lettre au président de l’Union, publiée dans La Tribune des Comores (n°14 du 20 février), cette concurrence portant atteinte « aux intérêts et au patrimoine nationaux », qu’il qualifie de « crime économique ». La SCH jouit depuis 1981 d’un monopole d’Etat dans un secteur toujours considéré comme stratégique. Le contrat Nestair serait à ses yeux « contraire à la loi portant réglementation des sociétés à capitaux publics » promulguée le 7 février dernier par le président Sambi, et prévoyant l’accord préalable du conseil d’administration. Une précédente « convention de livraison de gasoil sur site à Mohéli » avait été signée en juillet 2006 avec la société Indo Africa maritime service, basée à Dar-Es-Salam (Tanzanie), autorisée à vendre du gasoil à « un prix préférentiel aux armateurs et industriels de la place » [l’opération a cessé après deux livraisons]. En 2003 un contrat tripartite était signé entre SCH, Total et MPS [Madagascar petrole service, filiale de Total] pour une assistance technique facturée à 1 million de dollars par an, mais dont la clause des quatre interventions trimestrielles prévues n’est jamais respectée selon un rapport de la commission de contrôle. A cela s’ajoute un surcoût de 30.000 euros que la SCH doit supporter pour chacune des 8 cargaisons commandées durant l’année, à titre de frais de remorquage entre Mayotte et Moroni, pour assurer la sécurité du pétrolier lors du dépotage. Créée en 1981 la SCH réalise un chiffre d’affaires de 12 milliards fc, et contribue au budget de l’Etat à hauteur de 4 milliards fc, soit près de 350 millions fc par mois. La SCH est placée sous la double tutelle du ministère des finances. Elle emploie un personnel de 130 agents fin 2006, contre 116 l’année précédente, soit une augmentation de 12%.
Source : El-Had Said Omar - 190307/eso/hzkpresse/7h30
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