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  • : HALIDI-BLOG-COMORES, Blog des COMORES
  • : BLOG DES COMORES GERE DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013 PAR MARIAMA HALIDI
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A SAVOIR

QU'EST CE QUE LA LANGUE COMORIENNE ?

Pour répondre à cette question pertinente, nous vous proposons ci- dessous l'interview du grand linguiste et spécialiste de la langue comorienne, Mohamed-Ahmed Chamanga

 

 
INTERVIEW DE CHAMANGA PAR RFO EN 2004
 
 
 Le comorien est une langue composée de mots africains, de mots arabes voire parfois de mots portugais et anglais. D'où vient la langue comorienne ?

M.A.C : Le fonds lexical de la langue comorienne est essentiellement « africain » comme vous le dites, et plus précisément bantu. Les emprunts au portugais ou à l'anglais sont relativement faibles. Par contre, l'apport arabe est très important. Cela s'explique par la très forte islamisation des Comores, depuis la Grande Comore(Ngazidja) jusqu'à Mayotte (Maore) en passant par Mohéli (Mwali)et Anjouan (Ndzuwani). Malgré ces emprunts, le comorien (shikomor) reste, sur le plan de sa structure grammaticale, une langue bantu.

Qu'appelle t-on une langue bantu ?

M.A.C : Le bantu est une famille de langues, la plus importante d'Afrique. Les langues qui composent cette famille couvrent pratiquement toute la partie australe du continent noir.

Y a t-il encore aujourd'hui en Afrique ou à Madagascar des populations qui parlent une langue similaire au comorien ?

M.A.C : Bien sûr ! On trouve par exemple le swahili en Tanzanie, le lingala au Congo Démocratique, le kikongo au Congo, le zulu en Afrique du Sud, le shona au Zimbabwe-Mozambique, le tswana au Botswana, le kinyarwanda-kirundi au Rwanda-Burundi, etc. Comme ces langues appartiennent à la même famille, elles ont forcément beaucoup de points communs dans la structure des mots, leurs répartitions dans les phrases, les accords grammaticaux, etc. Elles ont aussi un minimum de vocabulaire commun.
Prenons par exemple le mot bantu ! Ce mot est attesté dans certaines langues, comme le lingala, et il signifie « hommes ». C'est le pluriel du mot muntu qui veut dire « homme » au singulier. Dans d'autres langues, ces mots se déclinent au pluriel en watu (swahili), wantru ou watru ou en encore wandru (shikomor) ; au singulier, nous avons respectivement mtu, muntru, mtru, mndru.
Prenons encore l'exemple de la phrase kinyarwanda suivante qui signifie : « Combien d'hommes ? » : Abantu bangahe ? Nous avons en comorien les équivalences suivantes :Wantru wangapvi ?Watru wangapvi ?Wandru wanga(pvi) ? et en swahili :watu wangapi ?

Ne pensez-vous pas qu'il y a beaucoup de ressemblance dans tout ça ?

M.A.C : A Madagascar, jusqu'au milieu du XXe siècle, il y avait quelques poches bantuphones sur la côte nord-ouest. Mais les langues africaines qui y étaient parlées, le swahili à Marodoka ou le makua à Maintirano, ont aujourd'hui disparu. Le malgache appartient à une autre famille de langues : les langues austronésiennes comme par exemple les langues indonésiennes.

Le comorien est souvent comparé au swahili, parfois on a même dit que le comorien en était dérivé ?

M.A.C: Selon les résultats des recherches des trois dernières décennies, il est prouvé que le comorien et le swahili sont génétiquement issus d'une même souche-mère, d'où leur très grande parenté. Mais les deux langues se seraient séparées aux environs du XIIème siècle. On peut donc dire que ce sont deux langues soeurs. Si la confusion a pu se maintenir jusqu'à une période pas très lointaine, c'était à cause de la très grande proximité des deux langues, mais aussi parce que les sultans des Comores parlaient swahili et beaucoup de correspondances et traités avec les pays voisins ou les puissances étrangères étaient rédigés en swahili qui étaient à l'époque la plus importante langue de communication et du commerce de cette région de l'océan indien occidental.
Par combien de personnes est parlée la langue comorienne?
M.A.C:On peut estimer que la langue comorienne est parlée aujourd'hui par un million de personnes environ : les 750 000 habitants de l'archipel des Comores plus la très importante diaspora comorienne, que l'on peut retrouver notamment à Madagascar, à Zanzibar ou encore en France.

Est-elle enseignée à l'école ? Si non pourquoi ?

M.A.C: Malheureusement, elle ne l'est pas. Pourquoi ? Parce que : Premièrement, la colonisation française, avec sa mission « civilisatrice », n'avait jamais reconnu au peuple dominé une quelconque culture ou civilisation et que les langues des dominées n'étaient pas des langues mais, avec un sens très péjoratif, des dialectes qui n'avaient ni vocabulaire développé ni grammaire.
Deuxièmement, le pouvoir très centralisateur de l'Etat français avait imposé le français comme la seule langue de l'administration partout. Cela était vrai dans les colonies, mais aussi en métropole. C'est ainsi qu'on a banni l'enseignement du breton en Bretagne, du basque au Pays Basque (Sud-Ouest de la France).
Troisièmement enfin, nous avons nous-mêmes fini par admettre que notre langue est pauvre et sans grammaire. Elle ne peut donc pas être enseigné. Il faut encore souligner qu'avec l'instabilité chronique des Comores indépendantes, aucune réflexion sérieuse n'a pu être menée sur la question. Pourtant, les pédagogues sont unanimes : pour permettre l'épanouissement des enfants, il est nécessaire que ces derniers puissent s'exprimer pleinement dans leur langue maternelle...

Y a t-il une ou des langues comoriennes ?

M.A.C:Nous avons la chance d'avoir une seule langue comorienne, depuis Ngazidja jusqu'à Maore. Mais comme toute langue, le comorien se décline en plusieurs dialectes qui en sont les variantes régionales : le shingazidja à la Grande Comore, le shimwali à Mohéli, le shindzuani à Anjouan et le shimaore à Mayotte.

Comment expliquer l'apparition de divers dialectes sur un territoire aussi exiguë que les Comores ?

M.A.C : Ce phénomène n'est pas spécifique au comorien. Toute langue est formée de plusieurs dialectes. La dialectalisation s'accentue lorsqu'il y a peu de communications et d'échanges entre les régions. A l'inverse, le déplacement d'une population qui parle un dialecte donné vers une autre région où l'on parle un autre dialecte peut également entraîner des changements dans les deux dialectes. Pour le cas des Comores, le facteur du peuplement par vagues successives au cours de l'histoire explique aussi le phénomène.
Les différences dialectales peuvent aussi s'observer à l'intérieur de chaque île. C'est ainsi, par exemple en Grande Comore, que la manière de parler des gens de Mbéni dans la région du Hamahamet diffère du parler des gens de Fumbuni dans la région du Mbadjini. Il en est de même à Anjouan entre les gens de Mutsamudu, sur la côte nord, et ceux du Nyumakele, dans le sud-est de l'île, ou encore, à Mayotte, entre Mamoudzou et Kani Bé ou Mwana-Trindri dans le sud, etc.

Un mot sur la langue mahoraise.

M.A.C:Le shimaore appartient au même sous-groupe dialectal que le shindzuani. C'est dire qu'il faut souvent écouter attentivement pour percevoir les différences entre ces deux dialectes. Le shimaore fait ainsi partie intégrante de la langue comorienne.

Le comorien s'enrichit-il ou s'appauvrit-il (avec le phénomène de créolisation de la langue) ?

M.A.C : Parler à l'heure actuelle de créolisation de la langue comorienne est quelque peu exagéré. Certes elle ingurgite aujourd'hui beaucoup de mots d'origine française. Mais cela reste « raisonnable ». Le comorien a emprunté énormément de vocabulaire d'origine arabe, environ entre 30 et 40 % du lexique, pourtant on ne parle pas de créole arabe, et cela à juste titre. En effet, ce qui fonde une langue, ce ne sont pas seulement les mots. Ce sont surtout sa structure grammaticale et sa syntaxe. De ce point de vue, le comorien ne ressemble ni à l'arabe ni au français.
On ne peut pas dire que le comorien s'appauvrit. Essentiellement oral, il répond parfaitement à nos besoins de communication. Il est toutefois évident qu'une langue écrite possède un stock lexical beaucoup plus étendu qu'une langue orale. Ne vous inquiétez pas pour le comorien. Si un jour, on décide de l'écrire, de l'enseigner et de l'utiliser dans l'administration, il ne pourra que s'enrichir. Il s'enrichira en se forgeant des mots nouveaux ou en empruntant d'autres ailleurs, comme cela se fait dans les langues dites de « grande civilisation ».

Où en est actuellement la recherche sur la langue comorienne ?

M.A.C: La recherche sur la langue comorienne avance ; trop lentement peut-être, mais elle avance. Nous avons aujourd'hui une meilleure connaissance sur elle qu'il y a vingt ans. Malheureusement, c'est un domaine qui intéresse peu de monde, aussi bien chez les nationaux que chez les chercheurs étrangers.

Pensez-vous qu'un jour tous les Comoriens parleront la même langue ? Et sur quoi se fonderait cette sédimentation en une seule langue « nationale » ?

Mohamed Ahmed-Chamanga : Nous parlons déjà la même langue. Ce qui nous manque, c'est une langue standard, comme en Tanzanie avec le swahili, à Madagascar avec le malgache, ou en encore au Zimbabwe avec le shona, etc. Pour arriver à ce stade, il faut qu'il y ait une réelle volonté politique, une prise de conscience chez les Comoriens de vouloir mieux apprivoiser leur propre culture et que soit mise en place une équipe de chercheurs qui se pencherait sur la question et qui proposerait cette langue standard qui serait utilisée dans tout l'archipel des Comores.

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CI-DESSOUS LES NEWS  RECENTES  DES COMORES

 

 

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A PROPOS DE OUANI

Ouani et ses grands hommes
 
 
L’être humain est insignifiant puisque le corbeau et beaucoup d’autres espèces d’arbres vivent plus longtemps que lui. De ce court séjour dans ce bas monde à la différence d’autres êtres vivants, l’homme peut marquer de son empreinte l’histoire.
A OUANI, ce genre d’homme malgré sa rareté, a existé et continu à exister jusqu’à nos jours. En ouvrant ce nouveau chapitre, quelques dignitaires en collaboration avec le comité de pilotage de la ville ont tenu à rendre hommage beaucoup d’hommes et de femmes qui ont fait du bien à cette ville.
En dehors de tout jugement, ils ont fait de leur mieux pour que Ouani devienne l’une des grandes villes les plus rayonnantes des Comores et Ouani l’est grâce à eux. Elle doit continuer à l’être pour nous et les générations à venir.
A titre posthume, nous tirons la révérence devant Saïd Toiha (Baco Moegné), Saïd Abdou Bacar Nomane, Saïd Abdou Sidi et Saïd Andria Zafi.
 
Le premier pour avoir créé la première école privée de la ville dans l’objectif de ne plus avoir un enfant de six à sept ans non scolarisé, le second qui a été le premier à être ministre et dont les louanges dépassent les frontières de la ville, le troisième a accompagné plusieurs années la jeunesse et le dernier a beaucoup contribué au niveau de l’enseignement primaire par son dévouement et son engagement à instruire ceux qui l’ont fait pour nous. Cette liste vient de s’ouvrir et n’est pas prête de se fermer ; beaucoup d’autres personnes disparues ou vivant tels que les enseignants apparaîtront à la prochaine édition.
Ansaly Soiffa Abdourrahamane
 
Article paru en 2003 dans le n° 0 de Jouwa, bulletin d’information de OUANI
 
 
 
 
LES ENFANTS DE LA VILLE DE OUANI
ET L’HISTOIRE   DES COMORES
 
 Beaucoup d’enfants de la ville de OUANI ont marqué et marqueront toujours l’histoire de leur pays : les îles Comores.
 
 En voici quelques uns dans différents domaines.
 La liste n’est pas exhaustive
 
 I) LITTERATURE
 
LITTERATURE ORALE
 
ABDEREMANE ABDALLAH dit BAHA PALA
 
Grand connaisseur du passé comorien décédé brusquement en 1988.
Actuellement, un projet de publication de sa biographie est en étude.
On trouve beaucoup de ses témoignages sur l’histoire des Comores dans le tome 2 de l’excellente thèse de SIDI Ainouddine sur la crise foncière à Anjouan soutenue à l’INALCO en 1994 
 
LITTERATURE ECRITE
 
Mohamed Ahmed-CHAMANGA
 
Grand linguiste des Comores
 
 Né à Ouani (Anjouan) en 1952, Mohamed Ahmed-Chamanga, diplômé de swahili et d'arabe, a fait des recherches linguistiques sur sa langue maternelle. Il enseigne la langue et la littérature comorienne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il est l'auteur d'une thèse, de plusieurs articles, ainsi que d'un recueil de contes de l'île d'Anjouan : Roi, femmes et djinns (CLIF, 1998). Président de l'Association Fraternité Anjouanaise, Mohamed Ahmed-Chamanga a fondé, en 1997, le journal Masiwa.
 Il enseigne actuellement la langue et la littérature comoriennes à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris (INALCO).
 
AINOUDINE SIDI
 
 Historien & grand spécialiste de l’histoire foncière des Comores 
 
 Né à OUANI, en 1956. Il a fait des études d’histoire à l’université de DAKAR (SENEGAL) et a préparé un doctorat d’études africaines à l’INALCO (PARIS)  Il est actuellement chercheur et Directeur du CNDRS (Centre National de Documentation et de Recherches Scientifiques) à MORONI.
 
 II) MUSIQUES & CHANTS
 
DHOIFFIR ABDEREMANE
 
Un des fondateurs de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Avec ses chansons axées sur la contestation sociale. Il fait partie des premiers artistes qui ont introduit aux années 60 une nouvelle forme de musique aux COMORES.
 
C’est un homme très discret mais plein de talents. On se souviendra toujours de ses productions à la salle AL CAMAR de MORONI.
 
FOUDHOYLA CHAFFI
 
 Une des premières femmes comoriennes à avoir fait partie d’un orchestre musical.
 Il s’agit là d’un engagement incontestable de la part d’une femme comorienne.
 Elle a commencé à jouer un rôle important dans la chanson à partir de 1975 comme chanteuse principale de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Sa voix d’or résonne toujours dans le cœur de tous ceux qui ont vécu dans notre pays de 1975 à 1978. On ne passait pas en effet, une seule journée sans entendre une de ses chansons sur l’égalité des sexes, l’unité des Comores, le changement des mentalités… à la radio nationale.
 
 III) POLITIQUE
 
Le sultan ABDALLAH III
 
 De mère ouanienne, il est l’un des grands sultans qui ont régné dans l’archipel des Comores au 18eme siècle et plus précisément sur l’île d’Anjouan.
 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED
 
La première femme ministre et élue député des COMORES
 
Né le 06 juillet 1952 à OUANI. Elle a enseigné pendant plusieurs années le français et l’histoire géographie dans différents collèges du pays avant d’être nommée secrétaire d’Etat à la condition féminine et à la population en 1991.
De 1991 à 1996 elle a assumé de hautes responsabilités politiques : Haut commissaire à la condition féminine, Ministres des affaires sociales, conseiller spécial du président de la république, secrétaire général adjoint du gouvernement, élue députée ….
Actuellement, elle est enseignante à l’IFERE et Présidente du FAWECOM.
 
Article publié sur le site de l'AOFFRAC (www.aoffrac.com)
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

2 août 2008 6 02 /08 /août /2008 00:11

Agence comorienne de presse (HZK-Presse)


Moroni, mardi 29 juillet 2008 (HZK-Presse)
– Le cameraman de RFO-Mayotte à Moroni s’est vu confisquer deux cassettes contenant des reportages destinés à être diffusés sur la chaîne française de l’outremer émettant à partir de Mayotte. Cela s’est produit ce mardi matin, à l’aéroport international prince Said Ibrahim, lorsque le journaliste Ibrahim Youssouf s’est présenté, comme il a l’habitude de le faire, au sein de l’aérogare pour confier ses reportages à un passager prenant le vol régulier à destination de Dzaoudzi, qui le remettra sur place à un représentant de RFO-Mayotte.

 

C’est à ce moment là qu’un agent de la Direction nationale de la sûreté du territoire (DNST) est intervenu pour saisir les deux cassettes. « Quand j’ai demandé à l’agent de la DNST pourquoi il a confisqué mes reportages, il m’a répondu que c’est un ordre venant d’en haut », nous a déclaré le journaliste, qui est aussi photographe correspondant de l’AFP à Moroni.

 

Et lorsqu’il a tenté d’obtenir une explication auprès du directeur de la DNST, Abou Achiraf, qu’il a joint par téléphone, le journaliste n’en saura pas davantage. Ils seront préalablement visionnés par les services de la police nationale, avant toute restitution, lui aurait-on signifié.

 

Mais selon le photographe reporter, qui est aussi accrédité au journal gouvernemental Al-Watwan, la confiscation de ces documents audiovisuels « pourrait avoir un lien avec l’actualité brûlante de ces derniers jours, notamment le rejet par l’assemblée nationale du projet de loi de citoyenneté économique, et la crise énergétique », qui s’amplifie dans le pays suite à la pénurie des hydrocarbures.      

 

El-Had Said Omar

290708/eso/hzkpresse/12h00

 

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1 août 2008 5 01 /08 /août /2008 23:58

Agence comorienne de presse (HZK-Presse)

 

Moroni, lundi 28 juillet 2008 (HZK-Presse) – Nous parlons depuis quelques semaines de la « citoyenneté économique », c’est-à-dire de la possibilité pour l’Etat de vendre la nationalité comorienne et obtenir des fonds pour investir, notamment dans un des projets phares du candidat Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, l’habitat.

 

Le Président de l’Union avait décidé de s’en remettre aux représentants du peuple et, dans cet objectif, un projet de loi a été transmis par le gouvernement à l’Assemblée de l’Union. Les députés se sont prononcés d’une manière claire sur ce projet. Ils ne veulent pas donner la nationalité comorienne à 4000 familles originaires des Emirats Arabes Unis (Voir ICI).

 

On pourrait croire que les représentants du peuple s’étant prononcés, l’affaire est classée une bonne fois pour toutes. Ce serait mal connaître les intentions du Président et surtout des gens qui l’entourent, qui dans cette deuxième partie du mandat, tiennent à montrer qu’ils n’ont pas fait des promesses en l’air. Il faudrait même se demander si le Président lui-même ne s’est pas trop engagé auprès de dirigeants arabes pour pouvoir reculer.

 

Le gouvernement a peu évoqué ce projet de loi, alors qu’ayant mis à la tête de la Radio et Télévision nationale, ainsi qu’à la direction d’Al-Watwan, deux militants qui ont été très actifs pendant sa campagne électorale, le Président de l’Union possède les moyens de faire prévaloir son point de vue en toutes circonstances. Mais, c’est par un simple communiqué daté du 16 juillet 2008 que le gouvernement explique aux Comoriens l’origine et les objectifs du projet de loi.

 

C’est un communiqué des plus sibyllins, qui n’est signé ni par le Ministre chargé des relations avec le Parlement, ni par le porte parole du Gouvernement, ni même par le Ministre d’Etat et non moins Directeur de Cabinet du Président qui, en cette qualité, a dû, au moins, le viser (Voir ICI).

 

Bien qu’il dénonce au début de ce communiqué les pratiques des prédécesseurs, le gouvernement actuel aurait déjà, avant même la présentation du projet de loi à l’Assemblée, accordé des passeports et donc donné la nationalité à « vingt-cinq agents apatrides du Ministère de l’Intérieur » si on en croit le Général Nasser Al Nuaimi, Directeur de cabinet du Ministre de l’Intérieur des Emirats, cité par le Gulf News du 22 juillet 2008.

 

Que nous apprend-on dans ce communiqué ? D’abord que le Président Sambi a négocié avec l’émir du Koweït et qu’il a l’intention de naturaliser « 4000 familles des Emirats Arabes Unis » pour environ 28 milliards de francs comoriens. Pourquoi le Président discute-t-il avec le Koweit pour des gens qui vivent aux Emirats ? Pourquoi des citoyens des Emirats veulent avoir la nationalité comorienne ?

 

En réalité le gouvernement cherche à cacher ce que tout le monde a appris depuis : ce sont des familles qui vivent aux Emirats, parfois depuis des siècles, mais dont on ne veut pas accorder la nationalité de leur pays. Pourquoi ? Parce que chaque pays a ses propres complications dans ses textes constitutionnels. Sauf que par leurs pratiques ancestrales les Emirats contreviennent à plusieurs textes de l’ONU et s’opposent par exemple à l’application chez eux de l’article 7 de la Convention relative aux droits de l’enfant qui prévoit que tout enfant doit avoir une nationalité à sa naissance.

 

Mais au lieu d’agir sur les émirs pour qu’ils mettent en adéquation leurs lois et les principes les plus élémentaires de l’humanité ou même les principes islamiques de justice et d’égalité en intégrant leurs propres citoyens, quelles que soient leurs origines familiales, le Président Sambi et ses conseillers préfèrent, au nom du fait que la planète soit devenu un village, que ce soit les Comoriens qui changent les leurs.

 

De plus, il faut rappeler que 4000 familles, cela veut dire (si on prend une moyenne – très basse- de cinq enfants par famille, famille supposée monogame) qu’on naturaliserait, au bas mot, près de 28 000 personnes d’un coup.

 

Ensuite, pour nous rassurer, on nous apprend que ces familles « ne cherchent pas à s’installer en permanence aux Comores ». Toute est dans la nuance, pour ne pas dire dans l’hypocrisie. Une fois que l’Etat Comorien aura naturalisé une famille arabe, la logique (et la loi) veut que les membres de cette famille (au sens large : les femmes du bénéficiaire et leurs enfants) deviennent des citoyens comoriens et par conséquent, ils peuvent s’installer où ils veulent, voter et se faire élire, comme tout citoyen comorien, sauf qu’ils auront plus de moyens financiers.

 

Supposons que ces émirs, rassurés que ces gens aient enfin une nationalité décident de les chasser de leur pays, ce qui n’est pas inimaginable. Où iraient tous ces gens avec leurs familles ? Certains peuvent penser qu’on aura qu’à revenir en arrière, mais, à moins d’avoir un gouvernement raciste, nous ne pourrons pas revenir en arrière. Certains textes internationaux et notre propre Code de la nationalité en son article 3 nous l’interdisent, sauf dans des cas particuliers où un individu peut-être déchu de sa nationalité.

 

Le comble de l’hypocrisie c’est quand le gouvernement cherche à faire croire que nous devons accepter ces naturalisations au nom « de notre sens de l’hospitalité ». Quelle est donc cette étrange hospitalité comorienne qui demande à celui qu’on accueille de verser d’abord 7 000 000 de francs et si possible de ne jamais mettre les pieds chez nous ? Cela n’a rien à voir avec l’hospitalité comorienne. Cela s’appelle l’attrait du gain, de l’argent.

 

C’est cette cupidité qui fait qu’on accepte de transformer ses concitoyens en « clandestins » parce que la puissance coloniale qui occupe une partie du territoire verse de temps en temps quelques subsides à travers des accords de coopération. Cette cupidité qui se moque des principes et de la morale, le Président de l’Union, l’a en quelque sorte avoué aux quelques notables qu’il a reçus récemment dans les appartements de l’Ambassadeur des Comores à Paris, en leur apprenant qu’il avait proposé aux Français de leur louer l’île de Mayotte.

 

Enfin, le communiqué du 16 juillet annonce dès le premier paragraphe la suite des réjouissances, ce que pourrait être la démarche du Président de la République après le rejet du projet de loi. En effet, on nous apprend, d’une manière vague et imprécise que « le code de la nationalité donne le droit au gouvernement d’accorder la nationalité comorienne à des étrangers ». Pourquoi alors faire une nouvelle loi ? Souci de transparence ? Si le sujet n’était pas aussi grave, on pourrait fermer les portes et en rire.

 

Dans de nombreux domaines, en particulier en ce qui concerne la souveraineté de l’Etat comorien, l’Assemblée de l’Union et les associations de la société civile ne cessent de demander plus de transparence au gouvernement, et ce dernier n’a que le mépris comme seule réponse. Et je ne parle même pas de la demande légitime, plusieurs fois exprimée par les partis d’opposition, à ce que les sommes rapportées de l’extérieur par le Président pour le projet habitat soient effectivement budgétisées. Si la transparence était un souci pour ce gouvernement, nous l’aurions remarqué.

 

En fait, le gouvernement évoque l’alinéa 5 de l’article 31 du code de la nationalité qui dit : « Peut-être naturalisé, sans condition de stage : (…) 5° - l’étranger qui a rendu des services exceptionnels aux Comores ou celui dont la naturalisation présente pour les Comores un intérêt exceptionnel. » Le communiqué du gouvernement donne l’impression que les conseillers du Président ont interprété cet article comme une autorisation, pour ce dernier, de faire ce qu’il veut en matière de naturalisation, or la répétition du mot « exceptionnel » dans cet alinéa a un sens pour le Législateur.

 

Il s’agit de la naturalisation exceptionnelle d’un individu qui a rendu ou pourrait rendre de grands services à l’Etat, il ne s’agit nullement de la naturalisation de 30 000 personnes d’un coup parce qu’ils peuvent débourser des sommes colossales, sinon le caractère exceptionnel se perd. Mais, l’expérience des détournements de la loi auxquels nous avons assisté ces derniers temps, nous laisse présager de la suite.

 

Ainsi, le communiqué du 16 juillet 2008 présente bien des incohérences, des ambiguïtés, des dissimulations qui justifient à elles seules la méfiance dont ont témoigné les représentants de la nation en rejetant le projet de loi du Président. Maintenant, comme récemment dans toutes les affaires qui ont entouré la Cour Constitutionnelle, il est certain que le cabinet du Président trouvera les arguments nécessaires pour fouler aux pieds les lois, les principes et surtout les décisions des parlementaires. Jusqu’à quand ?

 

Mahmoud Ibrahime (Docteur en Histoire, auteur de Saïd Mohamed Cheikh (1904-1970). Parcours d’un conservateur, KomEdit, 2008)

280708/mi/hzkpresse/18h00

 

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1 août 2008 5 01 /08 /août /2008 23:30

Agence comorienne de presse (HZK-Presse)

 

Moroni, jeudi 24 juillet 2008 (HZK-Presse) – Rappeur prodige, certes. Fin manipulateur de rimes conscients, sûrement. La preuve, la voix de ce jeune rimbaldien du rap comorien – qui aime bien vivre dans l’ombre tel un poète maudit du 19ème siècle- a une longue portée.  Mayotte, Tanzanie, Moroni, Sarcelle, Plan Dao, ces textes crus qui osent parler de la misère et des déviances des jeunes dans les quartiers, émeuvent et décrassent un large auditoire. Génie à l’état pur, reste le moins qu’on puisse dire de lui, puisque au jour d’aujourd’hui personne n’avance le contraire.

 

Six heures du matin. Zone rouge. Ainsi, sont baptisés les quartiers Sans-fil et Oasis par AYSD. D’ailleurs, dans ces quartiers, on voue à ce jeune rappeur, qui n’a que 30 ans, une vénération digne d’un parrain d’une mafia sicilienne. Si dans la plupart des quartiers de Moroni, après l’aube, les chaînes stéréo émettent des versets de Coran, dans la Zone Rouge d’aucuns se réveillent au rythme des morceaux de AYSD. 

 

« C’est toujours la même musique, donc çà sera toujours la même danse. A chaque lever de soleil, tu  as toujours l’impression que c’est la première matinée de ta vie », nous a-t-il lancé, le jeune rappeur, dès qu’il nous a vu, pour essayer de savoir si nous aussi nous avons remarqué que le mal-être collectif perdure dans ce pays qu’il voit comme « un paradis en enfer ». Cheveux tressés, une de ses deux filles dans les bras, et, sa femme, Queen Hoo, auprès de lui. « J’ai connu le rap à la fin des années 80. Et tout de suite, je suis devenu fanatique. En 1995, avec des potes de mon quartier Irougoudjani, on s’est constitué en groupe. Lyrical Mafia, était son nom. Et « Tout est gourré » fut notre premier tube. » 

 

En effet, au travers de toutes ses chansons AYSD dénonce la mauvaise gouvernance. Surtout, il revendique la dignité de tout un chacun. Dans les bidonvilles de Caltex et Oasis où il vit, la misère crève les yeux. D’ailleurs, selon lui, « si dans ces quartiers les jeunes se sont retournés vers la drogue et le sexe, c’est seulement pour oublier ce qu’ils vivent ». « Bordel », une des chassons qui cartonne en ce moment, ne parle que de cette délinquance tolérée.

 

« Comme tout le monde, j’ai pris la barque de l’espoir en 2001 pour Mayotte. Dieu merci, j’ai eu la chance que de milliers de gens n’ont pas eu. Paix à leurs âmes. Mais là-bas, je ne suis resté que 9 mois. Je m’étais interdit de voler ou de braquer des maisons comme mes d’autres le font là-bas pour pouvoir survivre », nous a-t-il confié. Toutefois, s’il y a un rappeur qui a fait parler de lui dans l’île Hippocampe, qui était au top, c’est sûrement AYSD.

 

Dans toutes les fêtes, dans tous les concerts, de la Grande-Terre et de Petite-Terre, le jeune AYSD mettait le feu. Dans les rues, surtout celles de Kavani, Mamoudzou, où il habitait, les bambins fredonnaient à longueur de journée les refrains de ses chansons. Il a appartenu un temps au célèbre groupe de rap de Kavani, Garde Impérial.

 

Entre 2005 et 2006, il est parti deux fois en Afrique continentale. Et de Tanzanie l’Ouganda, en passant par le Burundi, il a pu découvrir la vraie culture Hip-hop et s’aguerrir auprès de grands noms de la culture rap de ces pays non francophones. D’ailleurs, il y a peu, une de ses  chansons « Vungudza mwendo » a été parmi les meilleurs tubes du hit-parade tanzanien.

 

« Mon rap est une rafale de mitrailleuse contre ces politiques. Et une eau bénite pour les jeunes. J’essaie à l’aide de mes rimes de conscientiser les uns et responsabiliser les autres.  Le fait qu’ils m’en veulent ne me fait ni chaud ni froid. Je suis un artiste et je fais mon boulot », a conclu Azad Ali Moustakim alias AYSD, dans l’entretien qu’il nous a accordé.

 

En tout cas, AYSD persiste et signe dans sa voie. Et tant que les choses n’auront pas changé dans le pays, sa voix se refuse de tarir. Et nous, nous l’engageons de milles feux, car des artistes engagés aux Comores, il n’y en a pas beaucoup, comme on en a connu par le passé à l’exemple de Boule, Abou Chihabi et autres.

 

Adjmaël Halidi

240708/ah/hzkpresse/6h00

 

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1 août 2008 5 01 /08 /août /2008 23:23

Agence comorienne de presse (HZK-Presse)

 

 

 

Moroni, jeudi 24 juillet 2008 (HZK-Presse) Quoi de plus vitaux dans la vie que l’eau et l’énergie ? Et plus particulièrement l’eau pour Ngazidja, l’île la moins arrosée de l’archipel, y compris Moroni, la principale agglomération urbaine du pays, et de surcroît la capitale nationale fédérale avec ses 40.000 habitants.

 

Cela fait déjà des années que les résidents du quartier de la Coulée de lave, comme le reste de la périphérie de la capitale, n’arrivent plus à se procurer de l’eau potable du réseau de distribution de la société d’eau et d’électricité Ma-Mwe. « On a l’habitude de ne voir couler l’eau de robinet une ou deux fois par jour, surtout aux environs de 22h00, mais des fois, on peut faire plusieurs jours, voire même une semaine sans qu’aucune goutte ne coule dans l’ensemble du quartier », nous explique Abdoulbassur, un jeune du quartier de la coulée. Il arrive qu’une partie, du même quartier, fasse des semaines sans que coule la moindre gouttelette des bornes fontaines publiques comme privées.

 

Généralement, « c’est très souvent en début de matinée que l’eau coule chez nous, mais c’est très rare de voir le précieux liquide dans le reste de la journée », nous fait comprendre un autre jeune de Pangadjou, à l’est de la ville. Dans le quartier de Hadoudja, depuis lundi aucun signe d’eau. C’est le même constat dans de nombreux autres quartiers, où la fréquence de l’approvisionnement tend à se réduire de manière drastique.

 

Le centre ville qui, jusqu’ici était relativement épargné, en cette période de crise, connaît à son tour la même situation critique. Ceux qui ont des véhicules ramènent des bidons et jerricanes en dehors de la ville afin de pouvoir s’offrir quelques litres d’eau potable, et nombreux sont ceux qui se contente de faire bouillir l’eau de citernes.

 

En effet, il s’avère que l’eau de citerne restée longtemps non renouvelée, n’ait pas été assez entretenue dans des conditions de salubrité et d’hygiène adéquates à Moroni où, personne n’avait prévu d’en faire usage quotidiennement, pour se désaltérer ou répondre à d’autres besoins domestiques.

 

« On s’en servait juste pour le lavage du linge, mais voilà qu’aujourd’hui nous sommes obligés de la boire et de s’en servir pour cuire la nourriture », avoue miss Z de Hadoudja. Paradoxalement cette question très grave ne semble pas préoccuper les autorités compétentes, devant les risques de maladies qui peuvent en découler, surtout en cette période de festivités coutumières.

 

Dans les régions reculées, on se contente de l’eau de pluie à défaut de celle des puits, difficilement exploitable, qui assouvie pleinement les besoins et dont, contrairement à Moroni, on prend bien soin de conserver dans de bonnes conditions d’hygiène dans des citernes couvertes.

 

« Il est très rare de voir les gens en souffrir, même s’il peut arriver parfois un tarissement de plusieurs citernes surtout pendant la période de sécheresse et coïncidant avec les festivités de grands mariages », nous explique un homme de la région de Dimani, qui ajoute que dans le contexte de la solidarité communautaire « on se serre les coudes », comme on a coutume de dire.

 

A ce rythme il est fort probablement que dans quelques semaines de nombreux foyers auront complètement épuisé leurs dernières réserves d’eau. Il ne leur restera plus qu’à recourir aux citernes villageoises. « A cause des festivités coutumières abondantes en cette phase de l’année, explique Abdou Mmadi de Mbéni, on gaspille énormément d’eau pour les festins, les madjliss et autres activités, oubliant que seules les citernes nous permettent de boire et se laver ».

 

Comment comprendre que chacun est muni d’un téléphone mobile alors que le coût de son entretien et son usage quotidien dépasse son pouvoir d’achat, d’autant qu’on arrive difficilement à charger les batteries, faute d’électricité à la maison. « Preuve de notre absurdité à privilégier la frime et le superficiel, au détriment de l’un des besoins vitaux de l’homme qu’est l’eau » selon un consommateur averti.

 

Al-hamdi Abdillah Hamdi

240708/aah/hzkpresse/10h00

 

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30 juillet 2008 3 30 /07 /juillet /2008 21:18

CULTURE : « TERRE NOIRE. Lettres des Comores » de Jean Marc  TURINE 

Un livre poignant  et intimiste plein de questionnement et d’étonnement.

 Notes de lecture :

Voici un livre dont la publication ne doit pas passer inaperçue pour tous les Comoriens, tous ceux qui s’intéressent  aux  Comores et tous ceux qui aiment la belle écriture. Il s’agit de Terre Noire, lettres des Comores de Jean Marc Turine *(photo ci-dessous) édité il y a quelques mois aux éditions Metropolis en Suisse.

 L’auteur  relate dans ce livre ses trois voyages effectués aux Comores au début des années 80 (huit mois en tant que coopérant), en 1998 (deux mois comme journaliste pour France Culture)  et en 2006 (pour réaliser des émissions pour la RTBF).

 Le 30 novembre 1980, il débarque pour la première fois aux Comores. C’est son premier voyage en dehors de l’Europe. Jeune coopérant belge faisant partie de « ces quelques chômeurs  que la France et la Belgique sauvent des affres d’une dépression » comme il le dit lui même (p.22), il doit enseigner la philosophie au lycée de Domoni. 

 Dès son arrivée à Domoni, il se sent chez lui. Domoni devient sa vraie ville pour huit mois. Il l’affirme avec force « aujourd’hui c’est le 30 novembre 1980, il est deux heures trente du matin. Je suis à Domoni, la ville du président et ma ville pour huit mois… » (p.18). Au même moment, il comprend qu’il ne peut pas être un coopérant comme les autres : «  La nuit est chaude, tropicale, lourde et la communauté blanche fête le départ d’un des siens. Depuis le début de l’après-midi, les pluies et les vents s’abattent sur l’île avec un acharnement systématique, dévastateur mais naturel. Qu’importent les paillotes emportées (…), la fête a lieu, j’en suis, je ne sais pas où je suis.» Mais en réalité, Domoni deviendra définitivement sa ville.

 Un peu plus loin, il confie qu’il a même du mal à préserver la condition première du coopérant « la neutralité ou l’objectivité blanche. Statut bâtard, hypocrite, de l’ignorance intellectuelle ! » (p.40)

Du coup, il fait son choix.  En vérité, c’est un coup de foudre ! Il trouve une ville, Domoni, il a une vraie famille, celle de Maenrouf, Attoumane et  Adia dont il deviendra tout simplement « le papa blanc ». La découverte des îles, « Anjouan la belle », la Grande Comore, « l’île qui se laisse découvrir comme un visage dont les yeux parfois caressants, parfois horrifiés, parfois stupéfiés se soumettent à la demande » (p.51), d’un pays et  d’un peuple, « les comoriens dont la faute est d’être simplement très pauvres(…) des comoriens  négligés par  un ordre mondial qui ne considère que son nombril économique et qui supportent les conséquences d’une colonisation  qui a laissé le pays exsangue» (p.53) le transforme. Il devient un muzungu comorianisé.[1] Il ouvre les yeux sur tout et écoute avec attention : la pauvreté « sur des enfants au ventre bâillonné…sur des corps prématurément vieillis » (p.20) ou encore « j’observe une intolérable pauvreté » (p.73) sur ses amis  rencontrés à Moroni  en 1998 comme Seseko. « Je le regarde attentivement » écrit-il (p.81) » sur  les villes « j’ouvre  les yeux sur la ville de Moroni. J’écoute les battements de son cœur, les froissement de ses jupes, ses pas traînants dans un désœuvrement  collectif » (p.83)…Vingt quatre ans après, de retour à Anjouan, il ne change pas, il continue à ouvrir ses yeux sur tout !

 Il se comporte  vraiment en Comorien. Malgré la « chaleur qui monte et est écrasante » et « sous un soleil en pleine forme », il marche beaucoup dans tous les sens et « sans fatigue » : « sur le bord de la route », « sur les escaliers de la banque et du bureau central de la poste où il rencontre les mêmes mendiants aux corps tordus, aux mêmes emplacements et observe la même indifférence à leur égard», « dans le dédale des ruelles étroites et poussiéreuses»…Car il veut « se fondre dans la foule des marcheurs (…) pour être semblable à elle » (p.73).

 Il fréquente les Comoriens et leurs lieux comme  le café du port qui deviendra son lieu privilégié d’observation et de repos ! Un endroit non fréquenté par les quelques Européens vivant à Moroni. Il se fait aussi beaucoup d’amis de toutes les classes sociales surtout en 1998 et en 2006. Il adopte les moeurs des Comoriens. Cela est très visible quand il relate ceci : « Chez Tony, il y a du monde. Un repas est offert après la lecture d’une page du coran. Je fais la connaissance de sa femme, Anrfati, qui est enceinte. La rencontre est chaleureuse et simple. Je mange du mataba, je bois du jus de mangue et du tamarin. Nous mangeons avec les doigts, assis sur une natte posée sur le sol. (…) Mon groupe d’amis, je l’ai trouvé là. Je les verrai tous les jours. »

 Quand on se sent vraiment Comorien, on ne peut pas rester insensible à l’extrême pauvreté de ce pays – un crime - et ménager leurs différents responsables. Jean Marc Turine le prouve dans son œuvre. On retrouve en effet quasiment dans toutes les pages les termes « pauvreté, misère et faim» soit expressément soit implicitement.

 Il fustige aussi en permanence et avec les mots appropriés les responsables : « toute la sauvagerie coloniale d’hier et toute la négligence du pouvoir actuel qui s’inscrivent sur ces corps prématurément vieillis à l’âge indéterminable, gravées » (p.20) ou encore « ce président qui ne s’occupe guère des affaires de l’Etat, il utilise la politique pour la prospérité de ses capitaux, de ses commerces » (p.35).

 Ce passage parlant mérite aussi d’être cité : « Moroni n’est certes pas Kigali ni Alger (…). Pas de bandes armées fanatiques qui massacrent aveuglément. (…). Aux Comores, on ne fréquente pas la famine qui sévit au Soudan. Mais cela change t-il quelque chose au crime ? Un crime commis depuis des années et resté impuni. Car laisser la faim s’installer  est criminel comme est criminel l’indifférence face à l’absence d’accès aux soins les plus élémentaires.

Où es-tu communauté internationale ?
Derrière quel baobab te planques-tu ?
Tu n’as rien à dire, France ?
Rien.
En apparence. » (p.55) 

 Jean Marc Turine ne manque pas enfin de révéler quelques informations qui mériteraient d’être exploitées. L’on peut citer par exemple ce passage où il évoque ce Français chez qui il loge en 1998 lequel a « une double mission : l’une officielle, dans la coopération, l’autre officieuse, plus directement politique et en liaison avec les services de l’Ambassade » qui lui explique  « qu’il organise de nombreuses réunions avec des membres de l’opposition. Sa mission devient plus claire : fédérer l’opposition et créer un moment favorable pour déstabiliser Taki »

 Mais au delà du récit intimiste que certains peuvent juger parfois un peu provoquant et exagéré (pourtant, à notre avis, il ne l’est pas !), de la description profonde de notre pays et de ce que Jean Marc Turine dit vouloir offrir à travers son œuvre à savoir « le témoignage qui sort de l’ombre et de l’oubli, même de façon partielle et subjective, un pays parmi les plus pauvres de la planète, rencontré sans préméditation et dont les habitants me sont chers. J’ai essayé de les accompagner dans les dimensions les plus simples, donc véritable, de la vie », le lecteur de « Terre Noire, lettres des Comores » est surtout frappé par la beauté stylistique de l’écriture adoptée. Trois écritures différentes ! On y trouve, en effet, une fusion de la narration et de l’information. Mais le lecteur est aussi séduit par ce mélange régulier de poésie et de philosophie cadencé par plein de questionnement, d’étonnement et d’ironie. Cela se ressent plus dans le deuxième texte « Terre Noire (1998) ». Il suffit de relire le passage précité de la page 55 pour s’en convaincre.

Le lecteur se régale aussi grâce à ces jeux de mots permanents, les analogies et autres figures de styles qui sont très visibles tout au long de la lecture. Il y a ici ou là des comparaisons, des belles métaphores, des clichés et personnifications… ou encore des allégories et des anaphores.

 Lisez par exemple ces quelques belles lignes consacrées à la femme comorienne plein  d’anaphores. A juste titre d’ailleurs ! Peut-on décrire la femme comorienne avec un autre style ?

 « Les femmes élèvent les enfants, les femmes cuisinent et  ramassent le bois avec les enfants, les femmes font la cueillette de l’ylang-ylang avec les jeunes filles, les femmes ramassent le sable sur les plages pour le transporter dans des paniers jusqu’à la route où les hommes viendront le charger, plus tard, en camion, les femmes font les lessives, les femmes font les lessives, les femmes vendent les fruits et les légumes sur les marchés. Les femmes font beaucoup trop d’enfants (…) » (p.43)

 Dès fois tous ces jeux de mots sont mélangés dans un seul paragraphe. Ce qui accentue la beauté du récit et de l’écriture.

 C’est le cas, quand Jean Marc Turine décrit l’île de la Grande Comore comme suit :

 «  Un corps ? Une île ?

Elle est attirante la terre noire de la Grande Comore. Et fière. Noire de lave qu’aucune larme, aucune sueur, aucun baiser n’ont pu attendrir. (…) Le bleu qui l’entoure est comme du fard sur des paupières.
L’île se laisse découvrir comme un visage dont les yeux parfois caressants, parfois horrifiés, parfois stupéfiés se soumettent à la demande : prends-moi et laisse moi te prendre. (…)
Alors pourquoi la faim ? Pourquoi la misère ? Pourquoi cette préoccupation, ce mal obsédant subi au quotidien ? Pourquoi ce tourment ? » (p.50 – 51)

Ou encore ce mélange de lettres frappant qui caractérise le troisième texte « Adia, Adia d’Anjouan » (p.177 et s.). Car le livre lui-même est déjà une lettre poignante adressée à ses lecteurs. Et pourtant l’auteur juge utile d’y insérer aussi quelques lettres des ses amis et de « sa fille Adia ». Peut être, c’est une façon pour lui de mieux interpeller le lecteur.

S’il est vrai qu’on trouve  aussi dans le livre des petites erreurs et confusions sur les dates (la date de l’indépendance des Comores est 1975 et non 1974…) et noms des personnes et lieux (pour parler du Président Ahmed Abdallah, tantôt c’est Ahmed Abdallah, tantôt c’est Mohamed Abdallah…Ajaho ??? Chididini ???. A Anjouan, à notre connaissance, il n’y a pas de village qui s’appelle « Iconi… » (p.227) – des erreurs que beaucoup de Comoriens peuvent aussi commettre vu l’ignorance de leur pays dont ils font preuve. Mais, ce livre a le mérite d’être un très bon livre  bien écrit qui capte et interpelle son lecteur du début à la fin.

 Espérons que beaucoup de comoriens, et plus particulièrement Mohamed Bacar Dossar, un des meilleurs amis de l’auteur dont on parle beaucoup et loue « la rigueur, le sérieux et l’honnêteté intellectuelle » dans le livre – devenu actuellement la clef de voûte du pouvoir -  liront « Terre Noire. Lettre des Comores ».

 Que Jean Marc Turine me permette d’emprunter ses mots pour parler aussi à son œuvre laquelle m’a parlé tout au long de sa lecture et à travers elle mon pays natal en ces termes : « Je te caresse de mon regard, je te donne à toi-même ton corps parce que je te regarde  avec tendresse !

Saint Gratien le 28 juillet 2008

Informations générales:

ISBN: 978-2-88340-176-1

 

256 pages

 

Format: 13x21

 

Prix: 31 CHF

 

Prix: 20 EURO 

 

 

 

 *Jean Marc Turine vit et travaille à Bruxelles. Il est romancier, cinéaste, essayiste et a été aussi enseignant

1 Cette appellation m’appartient et j’assume son usage. Elle signifie tout simplement un blanc ou européen devenu un vrai comorien ou encore « peau blanche, cœur comorien »


Halidi Allaoui (HALIDI-BLOG-COMORES)

 

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30 juillet 2008 3 30 /07 /juillet /2008 10:56
Moroni, Comores – A l'appel de plusieurs syndicats, près de 600 manifestants sont descendus lundi dans la rue à Moroni pour réclamer des conditions de vie décentes et appeler le gouvernement à réagir contre la vie chère et la montée des prix des denrées de première nécessité.
Les manifestants, partis de la Place Karthala, dans le sud de la ville, se sont arrêtés Place de l'Indépendance où les responsables syndicaux se sont adressés à la foule, dénonçant la pénurie de carburant qui dure depuis des semaines, le silence du ministère des Finances face à la montée des prix et les arriérés de six mois de salaires.
"Nous voici à la seconde manifestation pour les mêmes raisons en moins de deux mois, a déclaré Chabane Mohamed, chef du Syndicat des enseignants du secondaire, qui a dit espérer que le gouvernement donnera un signal fort avant la fin de la semaine pour ne pas compromettre les examens scolaires.

Les enseignants ont déjà menacé de ne pas prendre part aux examens du Baccalauréat prévus du 5 au 8 août et ceux du Brevet élémentaire à partir du 15 août si leurs arriérés de salaires ne sont pas versés avant ces dates.

"Les propos désobligeants, désagréables et méprisants que le chef de l'Etat a tenus récemment à Mdé sont incompatibles avec ses devoirs", a souligné le chef syndicaliste, qui a dit ne pouvoir tolérer que le président ait osé déclarer publiquement n'avoir aucun souci pour les salaires des agents de l'Etat.
Avant son départ pour les Etats-Unis la semaine dernière, le président comorien, Ahmed Abdallah Sambi avait déclaré que l'argent du pays ne pourrait pas servir à payer des salaires de fonctionnaires.

Certains manifestants avaient porté un faux cercueil pour symboliser, selon l'un des porteurs, "la mort du pays" que le gouvernement est accusé de tuer. Pour d'autres, le faux cercueil serait celui du régime de M. Sambi.

Moroni - 28/07/2008 Pana

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28 juillet 2008 1 28 /07 /juillet /2008 18:13

 

LU POUR VOUS :

 

Source : Le Canard enchainé mercredi 23 juillet 2008 page 4

 

DISTRAITS, LES POMPIERS ?

 

(…) L’actuelle traque aux personnes en situation irrégulière peut donner lieu à des situations cocasses. Assane, ressortissante comorienne qui vit à Thouars depuis 2007, vient d’être sommée par le service des étrangers de la Préfecture des Deux-Sèvres de quitter le territoire français et de rejoindre…Mayotte.

 

Seulement voilà ! Sous protectorat français depuis 1843, l’île de Mayotte a choisi, en 1975, de rester française.

Explication de la préfecture, en attendant que le Tribunal administratif statue sur le cas peu commun : «  Ce n’est pas juridiquement une explication. Juste une obligation. Juste une obligation de quitter le territoire métropolitain. »

 

Assane, qui vivait à Mayotte en toute légalité, ne bénéficiait d’une autorisation de séjour en métropole que jusqu’au 25 août 2007. Aux yeux de la loi, elle est donc obligée de quitter la France (métropolitaine) pour aller en France (A Mayotte) si elle veut pouvoir revenir légalement en France avec un titre de séjour.

 

Limpide non ?

Jean-Yves Viollier

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27 juillet 2008 7 27 /07 /juillet /2008 23:56

 MORONI - Les députés comoriens ont rejeté jeudi un projet de loi visant à accorder la nationalité comorienne à 4.000 familles habitant aux Emirats, au Koweït et en Arabie saoudite mais considérées officiellement comme apatrides, a-t-on appris vendredi de sources parlementaires.
Le gouvernement avait appelé les députés à voter le projet de loi accordant la citoyenneté comorienne à ces personnes contre des avantages financiers.
"Il s'agit d'un programme visant à attirer des investisseurs étrangers dans le domaine de l'immobilier" selon le communiqué officiel du gouvernement publié au moment du dépôt du projet de loi (voir ICI).
"La naturalisation par exemple de 4.000 familles des Emirats arabes unis (rapportera) environ 100 millions de dollars américains" aux Comores explique le communiqué.

Selon le gouvernement comorien, ce projet "a été initié suite à des rencontres au plus haut niveau entre l'émir du Koweit et le président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi".
Le texte, qui aurait permis d'accorder la nationalité comorienne à ces familles "sans obligation de résidence habituelle aux Comores", a été rejeté tard jeudi soir lors d'une séance houleuse à l'Assemblée, convoquée spécialement en session extraordinaire.

L'opposition comorienne a vigoureusement protesté contre le projet, estimant qu'il équivalait à "une mise aux enchères de notre nationalité".
L'un des vice-présidents du Parlement, le député Ibrahim Mohamed Sidi, a dénoncé la "gourmandise" du gouvernement prêt à "vendre la citoyenneté comorienne aux pays du Golfe" qui veulent "se débarrasser de ces familles encombrantes".

Plusieurs députés ont de leur côté affirmé que ces familles, en majorité des nomades "bidun" (sans nationalité), se trouveraient en situation irrégulière dans leurs propres pays.En revanche, pour le rapporteur du projet, Assoumani Yousouf Mondoha, le texte était un "programme de citoyenneté économique visant à naturaliser des personnes majeures ayant la qualité d'investisseurs" et aurait permis à l'archipel comorien de recevoir près de 200 millions de dollars (127,5 millions d'euros).
Les trois pays concernes sont parmi les trois principaux partenaires économiques et alliés politiques des Comores depuis l'arrivée de M. Sambi au pouvoir en 2006.
Les Comores - composées des îles de Grande-Comores, Anjouan et Mohéli - sont un archipel très pauvre de l'océan Indien, où les fonctionnaires totalisent cinq mois d'arriérés de salaires en 2008 et où les pénuries de carburant et d'électricité sont récurrentes.

Un islamiste modéré, Ahmed Abdallah Sambi, est à la tête des Comores depuis mai 2006. M. Sambi est également un guide religieux islamiste modéré formé en Arabie saoudite, au Soudan et en Iran.
Le gouvernement comorien, ministre des Affaires islamiques en tête, a opéré ces dernières semaines un durcissement des mesures pour "la sauvegarde des bonnes moeurs", pour les mettre en adéquation avec les "valeurs" de l'islam, suscitant l'inquiétude de milieux intellectuels et de femmes.

AFP / 25 juillet 2008 21h09
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24 juillet 2008 4 24 /07 /juillet /2008 12:01
 
 

APA-Cotonou (Bénin) 23/07/2008 De nombreux Béninois s’interrogent sur les motifs de la décision du gouvernement du président Yayi Boni d’accorder l’asile à l’ex-président déchu d’Ajouan, Mohamed Bacar (voir ICI un autre article dans ce sens publié le 25 juin 2008).

Quatre jours seulement après l’arrivée à Cotonou du président déchu d’Anjouan (voir ICI), les Béninois se demandent si les autorités politiques béninoises ont transformé le pays en terre d’asile pour les hors-la-loi du continent africain.

« Nous ne comprenons pas pourquoi nos autorités politiques acceptent d’héberger sur notre territoire des ennemis de la démocratie africaine », se sont-ils demandé, à travers un micro trottoir, réalisé par APA, dans la capitale économique béninoise.

Pour le sociologue Jaurès Sètondji de l’Université de Cotonou, les Béninois jouissent actuellement d’une liberté démocratique chèrement acquise après plusieurs années de lutte et de sacrifices.

« Pour quelles raisons nos autorités acceptent de protéger les éléments qui ont l’intension d’empêcher leurs pays de jouir des mêmes avantages de la démocratie que le Bénin», s’est-il inquiété.

Selon le mécanicien garagiste, Firmin Koudjinnahoui, avec cette volonté manifeste des dirigeants béninois, le pays est en train de se forger une malheureuse tradition de paradis pour anciens rebelles et citoyens en difficulté avec leur Etat.

« Bien avant Bacar, plusieurs hommes politiques déclarés personna non grata dans leur pays, notamment, l’actuel président centrafricain, François Bozizé, Ibrahim Coulibaly de la Côte d’Ivoire, Goukouny Weddeye ancien rebelle tchadien qui est devenu président par la suite, l’actuel président tchadien Idriss Déby et plusieurs hommes politiques congolais, avaient bénéficié de l’hospitalité béninoise », a-t-il rappelé.

Pour ces Béninois, les autorités gouvernementales doivent des explications au peuple sur l’asile qu’ils ont accordé à Mohamed Bacar.

« Le gouvernement du président Yayi Boni a toujours prôné, depuis près de deux ans, la gouvernance concertée en toute chose. Mais pourquoi n’a-t-il pas averti le peuple de l’arrivée de l’ex-président d’Anjouan ? », s’est-il interrogé avant de marteler : « Nous voulons tout simplement des explications !».

Débarqué du pouvoir par une opération militaire de l’Union africaine, en mars dernier, Mohamed Bacar s’était enfui à Mayotte avant d’être transféré à La Réunion d’où il a été expulsé samedi dernier pour Cotonou au Bénin.

MT/aft/APA
23-07-2008
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24 juillet 2008 4 24 /07 /juillet /2008 09:43

Agence comorienne de presse (HZK-Presse)

 

Moroni, mercredi 23 juillet 2008 (HZK-Presse)Le bras de mer séparant Anjouan de Mayotte a encore été le théâtre d’un dramatique naufrage de kwasa-kwasa, survenu ce mercredi, à l’aube entre 5h et 6h00. Le bilan encore provisoire, fourni par la préfecture de Mayotte fait état de six morts et de six rescapés vivants dont des enfants, alors que les recherches se poursuivaient encore, pour tenter de retrouver d’éventuels survivants, sur une trentaine de passagers supposés avoir embarqué à bord du kwasa-kwasa.

 

L’accident s’est produit non loin de la plage de Papani en Petite terre, un endroit particulièrement réputé pour accueillir les embarcations de fortune en provenance d’Anjouan, transportant des familles y compris des enfants en bas âge. A en croire la directrice de cabinet de la préfecture de Mayotte, Florence Bezard, citée par l’Afp, le drame serait provoqué par « les conditions météo [qui] sont mauvaises, avec une forte houle », en cette période de Kussi [appelé l'hiver austral]. L’on évoque aussi l’hypothèse d’une surcharge du navire.

 

Comme d’habitude, en pareille circonstance, les forces françaises de la gendarmerie mobile, de la police des frontières et du secours en mer, ont été déployées dans la zone du drame, avec cinq vedettes et deux avions, pour tenter de retrouver des survivants. Chaque année, depuis l’instauration du visa, en 1994, par l’ancien Premier ministre français Edouard Balladur, on déplore une dizaine de naufrages occasionnant la mort de plusieurs dizaines de comoriens, désirant se rendre à Mayotte par la voie maritime au moyen de ces petits bateaux de pêche de fabrication artisanale.

 

En 2007, deux graves accidents avaient endeuillé de nombreuses familles, entre juillet et août, totalisant le chiffre macabre de 17 morts et 19 autres portés disparus. Un problème qui est loin d’être résolu, même si depuis l’année dernière, les gouvernements français et comorien ont entamé des discussions dites de « haut niveau » devant aboutir à un règlement négocié de la question de la régulation du flux migratoire entre Mayotte et ses trois autres îles sœurs de l’archipel.

 

Ce que Paris appelle « l'immigration de clandestins vers Mayotte », a fait l’objet à Moroni d’un deuxième round consacré à « la circulation des personnes et des biens entre les quatre îles de l’archipel », qui se poursuivra en septembre prochain à Mayotte, avant la conclusion d’un « traité bilatéral » qui sera signé début 2009 entre le président Ahmed Abdallah Sambi et son homologue Sarkozy.

 

« Il n’y aurait pas de question tabou, y compris la suppression du visa Balladur », nous confiait un participant à la rencontre de Moroni. Quant au statut politique et l’avenir institutionnel de Mayotte, au centre du contentieux territorial entre la France et les Comores, c’est une autre paire de manche.

 

El-Had S. Omar

230708/eso/hzkpresse/18h00

 

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