Sœur Colette a quitté « définitivement » les Comores ce mercredi 21 octobre. « Cette religieuse française âgée de 80 ans, n’a plus, aujourd’hui, la force physique et morale, pour continuer sa mission et la congrégation Saint Thomas de Villeneuve (France), dont elle relève, a décidé de la rapatrier ». Voilà le motif officiel de son départ.
Qui ne connaît pas ou n’a pas entendu parler de Sœur Colette a ux Comores et surtout à Ngazidja ? Cette petite et grande dame religieuse qui courrait dans tous les sens et partout avec son foulard blanc sur la tête ! Petite par la taille mais grande par tout ce qu’elle a fait pour les Comores et les comoriens. Elle a 80 ans dont 44 ans passés dans notre pays au milieu des plus démunis. Elle a beaucoup offert aux Comoriens ; les soins, l’éducation, le soutien moral… L’histoire d’amour incroyable entre sœur Colette, une religieuse chrétienne et les comoriens et les Comores, un peuple et un pays musulmans, est forte et digne d’un conte de fée. Elle est arrivée aux Comores, une colonie française, en 1965 pour enseigner à l’école de la mission catholique fréquentée par beaucoup de comoriens dont des personnalités politiques. En 1975, Les Comores deviennent indépendantes et un conflit politique et diplomatique oppose les nouvelles autorités comoriennes aux autorités françaises. Plusieurs Français installés dans le pays dont les membres de la mission catholique quittent les Comores. Sœur Colette, elle, décide de rester. Elle se trouve de facto « la dame à tout faire de la mission catholique » : enseignante, infirmière, administrateur…. tout en continuant de pratiquer librement sa réligion sans prosélytisme à l’église catholique de Moroni ni s’immiscer dans la vie politique locale. Bref, les comoriens ont eu affaire à une grande dame utile et respectueuse ! Elle a enseigné beaucoup de choses aux Comores : le calcul, le français…la broderie, la cuisine mais surtout être au service d’autrui, la générosité et le respect des humains. Elle se dévoue et se bat pour les Comoriens surtout les plus défavorisés, les enfants et les vulnérables. Et tout cela « elle l’a fait avec le cœur » comme l’a bien souligné un Ministre du gouvernement de l’Union des Comores En guise de reconnaissance, le pays entier a tenu à juste titre à lui rendre l’hommage qu’elle mérite. Les pots « d’adieu » auxquels des autorités, des dignitaires religieux, des notables du pays ainsi que des simples citoyens qu’elle a aidés ont participé se sont multipliés ces derniers jours un peu partout .
Elle a même été élevée par le chef de l’état Comorien au rang d'Officier de l'Ordre du Croissant Vert des Comores Comme beaucoup de comoriens, nous pensons fortement que sœur Colette est une grande dame de l’Humanité et « part mais elle restera toujours dans nos cœurs ». Et comme notre Président, nous ne lui dirons pas « adieu mais plutôt au revoir et à bientôt » Vous trouverez ci-dessous le discours prononcée par le Président de la République à l’occasion de la décoration de Sœur Colette |
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.Allocution de Son Excellence Monsieur AHMED ABDALLAH MOHAMED SAMBI, Président de l'Union des Comores à l'occasion de la décoration de Sœur Colette
AYME
Palais De Beit-Salam, le mardi 20 octobre 2009
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Honorable Assistance,
Nous sommes réunis ici pour nous acquitter d'un devoir de reconnaissance envers Sœur Colette Aymé que les Comoriens appellent affectueusement « Mdzadze », ce terme qui chez nous désigne à la fois
la mère, la nourrice et la protectrice de ses enfants.
Soeur Colette,
Lorsque vous avez débarqué en terre comorienne le 16 août 1965, alors que j'avais personnellement 7 ans, vous réalisiez le rêve que avez toujours eu, de vous mettre au service des plus
nécessiteux.
Depuis cette date, vous avez servi dans l'éducation des enfants comoriens dont plusieurs aujourd'hui occupent des responsabilités dans ce pays.
Depuis cette époque, vous vous êtes consacrées aux enfants malnutris, aux brûlés et aux malades les plus démunis. Depuis, que de soins vous avez prodigués de vos mains, que de blessures vous avez
calmées, que de cœurs vous avez soulagés !
Durant toute cette période, vous avez su gagner le cœur de chaque comorienne et de chaque comorien, ainsi que l'amitié de tous nos Amis.
Plus de quatre décennies plus tard, vous vous efforciez de servir encore, malgré l'âge et la maladie et en dépit du besoin que vous avez vous-même d'être soignée à votre tour. Aujourd'hui, alors
que vous vous apprêtez à quitter votre seconde patrie, je me sens le devoir de vous vous exprimer, au nom de toute la Nation, toute notre reconnaissance et vous dire, chère sœur, que vous pouvez
partir très satisfaite, parce que votre mission ici a été accomplie. Nous garderons en nous, le souvenir d'une personne de conviction et de principe, celle d'une religieuse qui a toujours eu un
sens très élevé de son devoir, mais aussi et surtout le souvenir d'une grande Dame, franche, attentionnée, sincère, courtoise et disponible avec tout le monde, une grande Dame très respectueuse
des valeurs des autres.
Sachez qu'en partant, Chère Sœur, vous laissez derrière vous, une œuvre riche, multiple et pérenne qui, nous en sommes convaincus, se poursuivra.
Sœur Colette,
Il est très difficile, dans nos traditions, de dire adieu à une personne dont on a de l'affection, lorsqu'elle s'en va. Dans les mœurs de chez nous, l'on considère que l'Ami qui vous quitte ne
fait que s'absenter physiquement et que sa mémoire, elle, reste à jamais en votre compagnie.
Aussi, ne vous dirons-nous pas adieu, mais plutôt au revoir et à bientôt !
En effet, nous savons que partout où la destinée vous conduira, votre cœur battra au rythme des cœurs des enfants comoriens, avec la même vivacité et le même amour, que pendant votre long et oh !
combien fructueux séjour aux Comores.
Je vous souhaite, au nom de tous les Comoriennes et Comoriens, et au nom de tous les Amis ici réunis, un excellent retour auprès des vôtres, les Sœurs de la Congrégation de Saint Thomas de
Villeneuve et , pour la vie qui continue, une santé toujours prospère, et beaucoup de bonheur.
Sœur Colette Aymé,
Au nom du peuple comorien et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Officier de l'Ordre du Croissant Vert des Comores.
Je vous remercie.
Source : Beit Salam
Halidi Allaoui (HALIDI-BLOG-COMORES)