Ministre de la fonction publique, Fouad Mhadji ( mohélien ) :
« Le mandat de Sambi est d'office de 5 ans »
Moroni, samedi 20 février 2010 (HZK-Presse) – A un moment où l'actualité politique bouillonne, le gouvernement ne manque pas d'expliquer la démarche suivie par le président Sambi. A quelques jours du congrès qui doit déterminer la date des élections présidentielles et des gouverneurs des îles, et une semaine après la célébration du 9ème anniversaire des accords de Fomboni, Fouad Mhadji, ministre de la fonction publique monte au créneau. Cet homme politique originaire de Mohéli, île qui doit hériter de la présidence tournante en 2010, nous interprète la révision constitutionnelle de mai dernier. Lire ci-après l'interview qu'il a accordée à La Gazette et HZK-Presse.
Question : L'opposition et les mohéliens se sont mobilisés en masse le 17 février dernier pour commémorer les accords de Fomboni. Que pensez-vous de cette mobilisation ?
Fouad Mhadji : Je tiens à préciser aux organisateurs et à tous les participants à cette rencontre que les temps sont révolus. D'abord après l'accord cadre de Mohéli, nous avons eu à élaborer une constitution en décembre 2001. Laquelle constitution a été révisée le 17 mai 2009. Donc, je ne sais pas le sens de cette mobilisation d'autant plus que c'est la constitution qui prime. Cette constitution a permis de mettre en place l'assemblée nationale. Et ce qui me blesse le plus dans cette mobilisation, j'ai l'impression que cette constitution de 2001 révisée en 2009 est considérée comme un self-service dans un restaurant anglais pour l'opposition, dans se sens qu'on se sert de ce qu'on veut et on rejette ce qu'on déteste. C'est avec cette constitution notamment en son article 20 qu'ont eu lieu les élections des députés et des conseillers des îles. Mais l'article qui suit, personne ne s'intéresse, le fameux article 21 qui dit que « à titre transitoire et en vue d'harmoniser les échéances électorales, les députés et les conseillers réunis en congrès déterminent la date des élections des exécutifs de l'Union et des îles ». Cet article, personne ne veut en entendre parler. Excusez-moi, mais la constitution comorienne n'est pas un thon qu'on consomme en jetant le reste comme les nageoires.
Question : Par rapport à la nouvelle constitution, on fait beaucoup d'interprétation. D'après vous, le mandat de Sambi est de 4 ou 5 ans ?
F.M. : Conformément à la constitution, le mandat de Sambi est d'office de 5 ans. Mais démocrate qu'il est et c'est ce que les autres refusent, il a laissé entendre que ce sont les élus qui vont déterminer la dates des élections. En posant la question de la prolongation, déjà on fausse par rapport aux réalités qu'on a vécues. Nous sommes un pays et le jour où l'ambassadeur de France, Christian Job a dit que notre souveraineté est incomplète parce que même pour organiser une élection on a besoin d'une aide extérieure, tous les patriotes se sont fâchés. Pourtant, c'est une vérité. Un si petit pays comme le notre ne peut perdre son temps chaque année en organisant des élections. L'objectif de cette révision est l'harmonisation des élections. Si l'opposition n'avait pas opté pour la politique du serpent, elle aurait trouvé la solution depuis puisque c'était clair que ce sont les élus qui devraient décider. Donc elle n'avait qu'à fournir ses efforts pour avoir la majorité parlementaire. Mais d'abord ils ont refusé la loi référendaire. Puis après ils se sont présentés comme candidats et ils ne sont pas élus. Au lieu de faire leur mea culpa, ils continuent la politique du serpent.
Question : Le fait que Sambi reste au pouvoir après mai 2010, ne met pas en péril la tournante de Mohéli ?
F.M. : Au contraire. Je lance un défi à ceux qui croient aimer Mohéli plus que nous qui sommes dans le gouvernement central et en particulier Fouad Mhadji. Contrairement aux autres, le mandat du futur président sera de 5 ans, il sera assisté d'un vice-président et une des devises de notre constitution à savoir la solidarité est bien prise en considération ici. L'aide extérieure, stipule la constitution, ne sera pas partagée en fonction du nombre de la population mais le principe de la solidarité va agir. Cela veut dire que si un pays ami nous aide par exemple dans le domaine de l'énergie, nous savons que Mohéli avec 3 mégas on peut résoudre un problème énergétique, on peut laisser tout ce montant dans le développement de l'île. Donc je ne comprends pas. Des gens peut-être sont pressés. Il y a ceux qui voient une opportunité. Mais dire que l'autre n'aime pas Mohéli parce qu'il ne soutient pas la tournante, non c'est le contraire. Nous soutenons la tournante et ils doivent savoir qu'ils ne seront pas les seuls à être candidats. Pourquoi pas nous ? Mais nous voulons qu'avec l'avènement d'un mohélien comme chef de l'Etat, nous mettions fin aux problèmes de crise permanente de compétence et qu'on s'atèle au développement du pays. L'opposition craint Sambi car il a une politique d'ouverture, de nouveaux capitaux sont attendus, incessamment nous irons à Doha, les grands travaux des infrastructures vont commencer car on est au niveau des appels d'offre. C'est ce que l'opposition craint. Donc la mobilisation du 17 février dévoile qu'il y a des personnes qui pensent toujours au putsch et aux gouvernements de transition alors que cette époque est révolue.
Question : Justement des gens voient des ressemblances avec ce qui s'est passé au Niger...
F.M. : Je ne pense pas que cette ressemblance est appropriée. Au Niger, le problème était clairement posé. Le président a voulu prolonger son mandat. Ici, il s'agit d'une harmonisation des échéances électorales. Je crois qu'en posant le débat que harmonisation est égale à prolongation, là on fausse le débat. Constitutionnellement, le mandat de Sambi finit en 2010, Abdouloihabi et Mohamed Ali Saïd en 2012 et Moussa Toyb en 2013. Maintenant, il faut les rassembler. Donc le choix est simple. Les uns vont perdre et d'autres vont gagner. Avec la révision constitutionnelle, que les constitutionnalistes disent qu'il y ait ou pas rétroactivité de la loi mais c'est clair que le mandat de Sambi est d'office de 5 ans.
Question : Donc le principe de la non-rétroactivité ne s'applique pas ?
F.M. : Absolument pas, c'est le choix du peuple.
Propos recueillis par A.A. Mguéni
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