Abdou Djabir (Photo
archives)
Notre destin commun, où en est-on ?
Enfin, l'accord si attendu sur la tournante de 2010 et sur la gestion de la période intérimaire est signé. Nous avons de justesse échappé aux démons du séparatisme et peut-être de la guerre
civile avec l'assassinat du lieutenant-colonel Combo. Nous avons tous eu peur.
Cet acte ignoble continuera à hanter nos esprits, jusqu'à ce que le ou les coupables soient traduits en justice et condamnés. Il est important que cela soit fait avant que des candidats
présidentiables sollicitent le vote des familles endeuillées d'Anjouan, de la Grande-Comore et de Mohéli.
L'accord signé sur la tournante n'est pas définitif puisqu'il doit être validé par le congrès des élus. Par conséquent, notre pays commun des Comores, n'est pas encore préservé des démons de la
division, du séparatisme, des manipulations d'intérêts et des affrontements, héritage ancestral des sultans du 18ème siècle.
Déjà, des voix s'élèvent pour dire que le président Sambi n'aurait pas du signer cet accord, et qu'il l'a fait parce qu'il est exceptionnel, providentiel pour ne pas dire irremplaçable. On ne
quitte pas le pouvoir comme ça, nous dit-on, surtout lorsque son enracinement culturel est africain (sic). Comme si l'Afrique n'était que cela.
Donc des élections libres et démocratiques ne sont pas garanties en novembre décembre, bien que le projet de loi sur le nouveau code électoral qui
faisait une entorse à la liberté des candidatures fut retiré du débat en plénière de l'Assemblée.
Il est donc important que la communauté internationale persiste dans son rôle de médiateur et qu'elle aille au-delà, en assurant la sécurité des élections comme en 2006, et en ayant la haute main
sur la gestion du calendrier électoral par le biais du comité de suivi. C'est le seul moyen de prévenir la corruption des électeurs, les intimidations, les trucages des listes électorales, des
bulletins et des résultats.
Mes chers compatriotes,
Vous comme moi, nous aimons notre pays, parce qu'il est unique par la tranquillité de la vie, la solidarité, la beauté de la nature et la chaleur des
relations humaines. L'agriculture, la pêche et le tourisme attendent que les Comoriens se mettent enfin au travail pour la création des richesses et pour lutter contre la pauvreté.
Vous comme moi, nous voulons la paix sociale, la stabilité politique, le développement et la démocratie. Nous voulons une vie meilleure, et que nos
enfants cessent de braver le cimetière marin vers Mayotte comme seule perspective d'avenir.
Vous comme moi, nous voulons comme héritage pour nos enfants, non pas les ravages de l'égoïsme insulaire et de la corruption, mais des preuves en ce qui concerne notre amour pour les générations
futures et pour la nation à construire.
Vous comme moi, nous avons l'âme en peine, et nous souffrons qu'après 35 ans d'indépendance, le spectre de l'instabilité politique et du séparatisme
continue à compromettre le destin commun des Comoriens. Cette instabilité est engendrée entre autre, par le mépris des dirigeants à l'égard des institutions et des règles de gouvernance,
convenues d'un commun accord. L'aide de la communauté internationale, l'instruction et l'intelligence des Comoriens tournent dans le vide du pouvoir personnalisé, clanique, et la
mégalomanie des hommes qui veulent conserver le pouvoir par la force et la corruption, contre la constitution et contre les décisions de justice.
Malgré tout, je crois profondément jusqu'à preuve du contraire, au destin commun des Comoriens. Une sorte d'obsession m'habite depuis des années : servir
notre pays commun des Comores, avec une équipe de réformateurs soudés autour d'un projet de société, animés par la volonté d'écrire une nouvelle page dans l'histoire des Comores. En effet, nous
devons réapprendre à vivre ensemble, à dépasser la peur de l'autre, la méfiance réciproque, les rancœurs héritées de l'histoire commune et l'échec d'une gestion publique mal
assumée.
Je confirme donc mes intentions d'être candidat aux prochaines élections présidentielles, dont le calendrier définitif sera confirmé en fin juillet 2010.
Ce sera une candidature de rupture, et en cas de victoire, une gestion publique de rupture, que j'assumerai contre vents et marées, avec l'aide de mon équipe. En effet, il s'agit tout simplement
de changer les choses, de gouverner autrement pour vivre mieux : tel sera mon engagement sur l'avenir des Comores de demain.
Abdou DJABIR
Député à l'Assemblée des Comores et futur candidat aux élections présidentielles