Vous trouverez ci-dessous le discours du Président de l’Union des Comores, Monsieur Ikililou Dhoinine prononcé hier au Quai d’Orsay dans le cadre d’une visite de travail de cinq jours qu’il effectue depuis le 19 juin 2013 en France.
Coopération bilatérale : Comores / France : Discours du Président de l’Union des Comores au Quai d’Orsay le 20 juin 2013
« votre pays, la France, Membre Permanant du Conseil de Sécurité de l'ONU, n'a
jamais accepté l'application intégrale de la Résolution N° 33-85 de l'Assemblée Générale de l'ONU, relative à l'admission de l'archipel des Comores composé de Mayotte, Anjouan, Mohéli et
Grande-Comores, à l'indépendance. »
Madame la
Ministre et Représentante personnelle du Président de la République,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais d'abord vous remercier de l'accueil chaleureux qui nous a été réservé depuis que ma délégation et moi-même, avons foulé le sol de votre beau pays, la
France.
Ensuite, je voudrais vous rassurer de ma disponibilité et ma détermination à faire de cette visite en terre
française, l'acte numéro 1 de la refonte de nos relations bilatérales.
Les Comores, en dépit des crises de tout genre qu'elles ont traversées depuis leur accession à l'indépendance le 6 juillet 1975, sont déterminées à faire en sorte
qu'avec la France, partenaire historique et privilégié, le bon sens, l'objectivité et le pragmatisme, leur permettent d'affronter ensemble les défis auxquels le monde mais encore la région
Sud-ouest de l'océan indien, sont confrontés.
Entre deux pays amis qui partagent les mêmes valeurs universelles de droit, il est inconcevable qu'un
différend territorial pourtant né au mépris du droit international et de toute autre considération humaine, puisse constituer une atrophie de leur relation.
Le moment est donc venu pour qu'ensemble, Comoriens et Français, trouvions une solution juste et équitable pour mettre fin à cette situation inconfortable pour nous
deux pays.
Madame la Représentante du Président de la République Française,
En acceptant avec un très grand intérêt l'invitation qui m'a été faite par Son Excellence François HOLLANDE, Président de la République Française, j'ai pensé à ces dizaines de comoriens qui périssent quotidiennement en mer lors de la traversée dangereuse du bras de mer entre Anjouan et
Mayotte.
Aussi, j'ai pris en compte tout le parcours que mon pays a fait depuis 38 ans d'indépendance
inachevée, des années durant lesquelles le Peuple Comorien est sorti meurtri et traumatisé par des déstabilisations avec des fins tragiques, les assassinats des deux de nos
Présidents.
A chaque fois, les Comoriens se sont retrouvés dans la nécessité d'imaginer un nouveau cadre institutionnel, complexe, pouvant répondre au mieux, à leurs légitimes
aspirations.
Toutefois, au même moment, Madame la ministre, votre pays, la France, Membre Permanant du Conseil de
Sécurité de l'ONU, n'a jamais accepté l'application intégrale de la Résolution N° 33-85 de l'Assemblée Générale de l'ONU, relative à l'admission de l'archipel des Comores composé de Mayotte,
Anjouan, Mohéli et Grande-Comores, à l'indépendance.
Cela aussi, en acceptant cette invitation, je l'ai pris en compte.
Et enfin, j'ai pensé à notre communauté linguistique et culturelle, la Francophonie, ce formidable instrument qui nous unit tous autour d'une langue, d'une culture
et autour des valeurs communes et universelles de paix, de concorde et de solidarité auxquelles le Peuple Comorien est attaché profondément.
C'est pour tous ces éléments que les Comores sont disposées, comme vous le savez, à travailler en bonne
intelligence, avec votre pays, pour mettre fin aux anomalies historiques dès lors que nous nous mettons enfin d'accord sur l'essentiel : travailler pour le bien-être des habitants des
quatre îles de l'archipel des Comores. Un objectif noble et conforme surtout à nos prescriptions religieuses, d'un Islam Sunnite que nous ont léguées nos parents.
Avec le Président François HOLLANDE, je suis presque certain, que nous partageons cette même vision humaniste, celle de considérer le monde, les hommes qui le
peuplent, ainsi que les conditions dans lesquelles ils vivent comme notre seule source d'inspiration.
C'est ainsi qu'ensemble nous allons porter Haut l'idée que nous nous faisons de la vie des hommes ici-bas et pour laquelle nous avons été choisis par nos
Peuples.
Une coopération bénéfique donc pour nos deux pays. Celle-ci passe par l'éducation de nos enfants, la santé de la population, les conditions minimales pour une vie
decente...
Cette coopération ne se fera pas sans l'implication effective de nos populations respectives et notamment, d'origine comorienne mais vivant en France et
vice-versa.
En vérité, c'est lorsque nous restaurions toute la confiance requise entre deux pays amis qui se respectent, que nous mettrions fin aux souffrances et aux douleurs
qui sont souvent les sources des réactions parfois déplacées que nous constatons chaque instant.
J'ose espérer, et personnellement je ne ménagerai aucun effort, qu'à la fin de cette visite de travail en
France, les pendules seront réglées définitivement à la même heure de départ.
Je le dis d'autant que votre pays à l'instar de toute la Communauté internationale, se bat chaque jour dans tous les forums internationaux pour que soient respectés
les libertés et les droits humains.
En décidant de porter secours aux Autorités légales maliennes pour la sauvegarde de l'intégrité territoriale de ce pays frère, la France a su, encore une fois,
démontré qu'elle reste toujours ce Grand Pays des Grands Hommes où les droits des Peuples sont sacrés.
Aujourd'hui, l'Union des Comores, Membre de la Ligue des Etats Arabes, exprime à votre pays, toute sa reconnaissance du soutien et de l'appui que vus apportez au
Monde Arabe afin que prennent fin les souffrances des populations des pays en crise comme en Palestine, en Irak, en Syrie, au Liban...
Je voudrais enfin, avant de terminer mon propos, louer les efforts inlassables fournis par nos deux délégations, leurs responsables de deux côtés, pour cette refonte
de notre relation bilatérale et les encourager à poursuivre ce travail inlassable nécessaire pour que vive l'amitié et la coopération entre les Comores et la France.
Je vous remercie et vous souhaite tous bon appétit.
Dr Ikililou Dhoinine
Président de l’Union des Comores
Halidi Allaoui (HALIDI-BLOG-COMORES)