Agence comorienne de Presse (HZK-Presse)
Comores / Interview
Fouad Ben Mohadji, ministre de l’Education nationale :
« Aller aux élections dans la division c’est réduire notre chance de gagner »
Moroni, mardi 24 août 2010 (HZK-Presse) – A deux mois et demi des primaires, le débat fait encore rage au sein de la mouvance sur le choix de son candidat à la prochaine élection présidentielle. Entre Ikililou Dhoinine désigné par le chef de l’Etat, et Elarif Oukacha qui s’est déclaré aussi candidat, rien n’est encore clair tant les divergences sont loin d’être aplanies au sein du régime, malgré la volonté de cohésion affichée. Et le clivage entre Orange et Baobab ne fait que se creuser comme le reconnait implicitement le ministre Fouad Ben Mohadji, dans l’interview exclusive qu’il vient d’accorder à La Gazette et HZK-Presse.
Question : Depuis la désignation du Vice Président Ikililou Dhoinine comme dauphin du président Sambi vous avez toujours gardé le silence alors que certains membres de la mouvance ont exprimé leur point de vue. Quelle est votre position par rapport à ce choix du président ?
Fouad Ben Mohadji : D’abord, je voudrai faire la remarque suivante : je ne suis pas leader d’un quelconque parti politique. J’ai des partisans. J’ai toujours milité et continue à militer pour le régime Sambi. Toute force, toute tendance politique qui œuvre dans ce sens m’appartient. Donc, je ne pourrai pas exclusivement ou individuellement m’exprimer d’autant plus que le chef, après cet aveu, est parti à l’extérieur laissant qu’il allait donner une suite aux autres postes restants. Donc, la sagesse m’obligeait de garder le silence sachant aussi qu’il est d’or.
Question : Le secrétaire général de la présidence, Mohamed Elarif Oukacha vient de se déclarer candidat malgré la décision du président Sambi. Vous-même vous êtes cité comme probable candidat. Qu’en est-il exactement ?
F.B.M. : Ces présidentielles sont décisives pour l’avenir de ce pays. Il ne s’agit pas d’une seule volonté politique, mais le réalisme politique doit toujours l’emporter. Avec Sambi une politique d’ouverture s’est amorcée. Des grandes réalisations ont été faites et une lueur d’espoir se dessine à l’horizon. Pour répondre à cette question qui m’a toujours été posée relative à mon éventuelle candidature, je signe et persiste que j’appartiens à une Mouvance, multiforme soit-elle, et le dernier mot appartient à cette dernière. Le choix a été fait. Je pense qu’aller aux élections d’une manière dispersée c’est réduire notre chance de réussir voire transformer notre victoire ou notre chance à une peau de chagrin.
Question : Des sources dignes de foi laissent entendre que vous êtes le Vice président du candidat Ikililou Dhoinine pour l’île de Mohéli. Est-ce vrai ?
F.B.M. : Vous les journalistes vous détenez des secrets des tréfonds. La modestie me gène un peu, mais si votre information est fondée, je suis preneur pour l’intérêt de la mouvance et sa continuité. Mais aussi une dynamique de rassemblement et de cohésion surtout en cette période où une certaine chasse aux sorcières contre le mouvement Orange semble se développer. Il serait ingrat de vouloir ignorer le rôle et l’apport du mouvement Orange au régime Sambi.
Question : Dans une interview accordée à nos confrères du journal Albalad, Sitti Kassim, qui est la commissaire en charge de la solidarité et la promotion du genre a déclaré que « Oukacha n’était pas des nôtres », indiquant que ce dernier n’est pas un militant de la première heure. Partagez vous cet avis ?
F.B.M. : Tout d’abord, je ne suis pas de cet avis. Sa volonté d’être candidat n’est pas un rejet de la Mouvance présidentielle. Nous savons que dans cette Mouvance, il y a des militants du 1er rang, du 2ème voire de 3ème groupe. Pourtant, chacun à sa façon, a défendu et défend le régime. Les moments les plus difficiles, lors de la crise d’Anjouan et celle de Mohéli, Oukacha a apporté son concours.
Question : Avec la récente crise à Mohéli et ses conséquences, pensez-vous que la Mouvance présidentielle a une chance de gagner les prochaines élections ?
F.B.M. : Je voudrai tout d’abord faire savoir que l’unique richesse de notre pays a été la paix et la sécurité sociale qui, malheureusement, suite à cette mécompréhension sur la tournante reste sérieusement menacée. L’assassinat du chef de corps de l’armée en est la preuve. Pour ce que vous appelez « crise mohélienne », je reste persuadé que la mouvance présidentielle a défendu et défend cette cause plus que quiconque. Avec l’harmonisation, le mandat de 4 ans passe à 5 ans avec un vice-président dans chaque île. C’est à l’enfant mohélien que reviendront les retombées politiques mais surtout économiques de l’œuvre de son excellence Ahmed Abdallah Mohamed Sambi. S’agissant des chances de notre victoire, je reste persuadé qu’au delà de l’émotion des uns et des autres, la population de Mohéli saura faire son choix.
Propos recueillis par Faissoili Abdou
240810/fa/hzkpresse/14h00