Source : Alwatwan.net 12 avril 2013
En seulement trois années d’activités, la direction générale de l’Agence nationale pour la promotion de l’investissement (Anpi) se réjouit des résultats
obtenus en matière d’amélioration du climat des affaires. Cet organe, chargé de “vendre“ les opportunités d’investissement aux Comores, dispose désormais d’antennes au niveau de chaque île. Bien
qu’il se dise satisfait de l’environnement actuel des affaires, son patron, Daoud Saïdali Toihir, regrette que les choses ne bougent pas au rythme qu’il faudrait. Interview.
Que peut-on retenir de ces trois années d’activités de l’Anpi?
En trois ans, le pays a commencé à mettre en place les bases pour promouvoir l’Investissement. Nous avons beaucoup avancé dans la facilitation de la création
d’entreprise. Il faut maintenant créer les conditions d’un environnement plus attractif pour les affaires. C’est ce que nous sommes en train de faire avec les réformes que nous mettons en
place.
Plus concrètement, quelles sont les avancées que votre agence a enregistrées?
Auparavant, il fallait dix-sept étapes pour créer une entreprise. Elles sont deux actuellement. Nous avons réduit sensiblement les démarches administratives. Avec
le système de guichet unique, nous avons regroupé en un seul point toutes les démarches pour créer une entreprise. C’est beaucoup plus opérationnel à Ndzuwani, où dans un seul point vous pouvez
créer votre entreprise. A Moroni, nous avons des facilitateurs.
Pourtant, les Comores végètent toujours au 158ème rang du Doing Business…
Je ne dirais pas cela. En trois années, nous avons gagné cinq places et dans les dix-neuf pays du Comesa, nous sommes le premier pays le plus
réformateur.
Qu’est-ce qui pénalise alors l’environnement des affaires aux Comores?
Il y a d’abord les lourdeurs et la complexité de notre administration. Je ne dis pas que l’administration comorienne bloque l’investissement, plutôt elle ne
favorise pas l’investissement. A titre d’exemple, c’est toute une difficulté pour payer les impôts. C’est plus pénible pour le secteur foncier où l’immatriculation des domaines est un processus
aussi long que couteux.
Sur ce, qu’elle est la proposition de l’Anpi?
Nous avons soumis une note en conseil des ministres pour exiger l’introduction d’un délai à toute l’administration pour délivrer un document. Passé ce délai,
l’administration doit justifier le retard.
L’Organisation patronale des Comores (Opaco) est devenue très discrète. N’est-ce pas un danger pour le secteur privé en général?
Ma plus grande crainte est le démantèlement du secteur privé. Il n’y a presque pas d’organisations qui défendent le secteur privé et qui puissent servir de
contre-pouvoir. Les hommes d’affaires comoriens jouent en solo.
Que faut-il faire pour y remédier?
Je crois qu’il ne suffit pas de créer une entreprise, encore faut-il la développer et la pérenniser. Malheureusement, l’Etat n’a pas encore une vraie politique pour
appuyer le secteur privé. Le Document de stratégie pour la croissance et la réduction de la pauvreté (Dscrp) a, certes, identifié les secteurs porteurs. Mais il n’y a pas de politique pour
développer ces secteurs. Par exemple, de quel type de tourisme avons-nous besoin ou encore qu’est-ce que nous allons développer dans l’agriculture?
Quelle est la stratégie de l’Anpi pour le secteur privé comorien?
Nous voulons donner confiance et crédibilité aux investisseurs nationaux ainsi qu’aux membres de la diaspora. Leurs réussites serviront à encourager les
investisseurs internationaux, assurés de rencontrer des partenaires motivés. Nous sommes un pays insulaire, nous avons les contraintes liées aux transports aérien et maritime, mais aussi à
l’électricité. Il faut maintenant pouvoir transformer ces contraintes en opportunités.
Depuis quelques années, des sociétés étrangères s’installent aux Comores. Quels sont vos rapports?
A mes yeux, il n’y a pas encore d’investisseurs étrangers aux Comores.
Et Moroni Terminal, Hss, Semlex et sa filiale locale Lsc,….
Il y a un problème autour de ces sociétés étrangères qui s’installent par des conventions spéciales. Je crois qu’il faudrait impliquer l’Anpi pour assurer un suivi.
Semlex serait en train de réaliser des investissements, mais nous n’en savons rien. Pour Moroni Terminal, nous avons été associés au début dans les démarches, mais au moment de la signature de la
convention, nous avons été écartés. Je crois que l’Etat doit prendre les leçons du passé notamment avec Cgh.
Que comptez-vous donc faire pour booster l’investissement?
Nous comptons organiser une conférence cette année, peut-être au mois de septembre, avec des hommes d’affaires du Golfe. Ce sera un événement national qui aura lieu
à Moroni. L’idée est de promouvoir les partenariats entre les hommes d’affaires comoriens et ceux des pays arabes. Nous avons déjà l’appui de la Banque islamique de développement et l’Apix,
l’agence chargée de promouvoir l’investissement au Sénégal.
Souvent, on n’arrive pas à distinguer le rôle de l’Anpi de celui de l’Union des chambres de commerce. Pourquoi cela?
En effet. Je reconnais qu’il y a parfois des chevauchements. Il faut qu’on arrive à différencier les tâches de l’Union des chambres de celles de l’Anpi. Il faut
clarifier la mission de chacun afin de pouvoir identifier ce qui n’est pas pris en charge par les deux structures.
Propos recueillis par Toyb Ahmed