Source : Alwatwan n° 1726 du mardi 29 mars 2011
"Je viens même de recevoir un message de Amr Moussa (secrétaire générale de Ligue des états arabes, ndlr) qui a réaffirmé la fermeté du soutien de la Lea à notre pays."
L'ambassade de France auprès de l'Union des Comores vient de décider la suspension de la délivrance de
visas à tous les types de passeports. Comment percevez-vous cette décision unilatérale?
La France est un pays souverain et peut donc prendre toutes les décisions qu'elle veut en rapport avec cette souveraineté...
Le communiqué explique que cette décision a été motivée par le refus du gouvernement comorien de signer, après rencontre, un projet
d'accord entre les deux pays qui devait comporter “le résultat de ces discussions constructives” pour reprendre les termes du communiqué.
Je suis étonné par ce communiqué! C'est vrai qu'il y a eu une rencontre durant laquelle ils ont fait leurs propositions et nous leur avons remis un document. Manifestement, leur rapport possède
des éléments qui n'ont pas été discutés durant la rencontre et sur le fond, la question n'était pas résolue.
Que veut la France pour les Comores?
Je pense que l'ambassadeur de France qui est en poste à Moroni ne veut pas que les Comoriens émettent des avis. Leur rapport n'a pas pris en compte les exigences comoriennes pour résoudre la
question.
Quelles sont donc les mesures qui sont prises pour répondre aux récentes dispositions françaises comme le rappel de l'ambassadeur des
Comores à Paris?
Aucune mesure n'a fait l'objet de décisions. J'attends le conseil des ministres au cours duquel nous allons étudier en toute sérénité cette situation. Mais nous avons la ferme conviction que
l'Onu ne s'était pas trompée en 1976 en affirmant que Mayotte est comorienne...
La suspension de visas aux Comoriens concerne, en quelque sorte, les pays européens même si les communiqués annoncent seulement le
territoire français puisque la France représente aussi l'Union européenne aux Comores. Comment appréciez-vous ces décisions?
C'est désolant ! Il est assez curieux de voir que nos amis utilisent le litige mahorais pour empêcher les Comoriens de se rendre en Europe. Je ne suis pas certain que cela honore la France. Mais
de notre côté, nous allons continuer à défendre les Comores dans le respect des lois internationales.
Ces derniers temps, les comoriens ou certains d'eux sont indexés “d'anti-français” en voulant défendre les Comores. Quel est votre avis
sur ces attaques?
Je voudrais rappeler à juste titre ce qu'a dit samedi le président Sambi. “Nous ne sommes pas anti-français... Nous aimons la France et sa culture mais avons des divergences avec les autorités
françaises par rapport à l'île comorienne de Mayotte”. Et nous le disons... de nombreuses personnalités françaises Martin Aubry, François Hollande et Le Pen ont-elles aussi dénoncé ce qui s'y
passe et elles n'ont pas été qualifiées “d'anti-français”, que je sache! Les fonctionnaires français de l'ambassade tentent de nous créer un complexe mais moi, je n'en développe aucun...
Vous venez d'organiser samedi dernier la Journée de solidarité contre l'occupation par la France de l'île comorienne de Mayotte. Est-ce
que cette manifestation s'est déroulée comme vous voudriez?
C'était une réunion très importante. Il est vrai que nous aurions voulu l'organiser de la meilleure des manières. Dans l'ensemble, elle a été une réussite mais nous ferons mieux la prochaine
fois.
Est-ce que la communauté internationale a eu écho de cette rencontre où les Comores ont cherché la solidarité de la population et du
monde entier contre ce qui se passe à Mayotte?
Je pense que oui... Je viens même de recevoir un message de Amr Moussa (secrétaire générale de Ligue des états arabes, ndlr) qui a réaffirmé la fermeté du soutien de la Lea à notre pays.
Plusieurs pays nous ont écrits pour apporter et confirmer leur appui. Je suis ainsi fier d'avoir initié cette réunion mais c'était aussi mon devoir. Celui que les Comoriens attendent d'un
ministre des Relations extérieures.
Plusieurs recommandations ont été faites à l'issu de la réunion. Le secrétariat d'Etat pour le retour de Mayotte proposé dans la
résolution de l'Assemblée sera-t-il mis sur pied?
Ce n'est pas de mon ressort mais plutôt de celui du chef de l'Etat. Il reviendra au président Sambi ou président élu Ikililou d'apprécier et décider la création de ce département qui sera chargé
de défendre le retour de l'île comorienne de Mayotte dans son giron naturel et légitime.
D'autres pays qui ont un problème de souveraineté territoriale ont une politique qui consiste à sillonner les pays frères et amis pour
renouveler les soutiens. Qu'en est-il des Comores?
C'est ce que nous tentons de faire aussi. J'ai déjà fait l'Afrique de l'Est et reviens d'une tournée en Europe où j'ai même organisé une rencontre avec la presse pour expliquer la situation. Nous
continuons ce marathon pour demander le soutien de tous les pays épris de justice.
Propos recueillis par
Irchad Ousseine Djoubeire