Comoriennes et Comoriens
Mes chers compatriotes,
Assalam Alaïkoum Oiroihmatoullahi Oibarakatouh.
Ce jour du 26 mai 2007, marque une année depuis que vous m'avez investi de la charge de la Magistrature Suprême de notre pays. Cette date anniversaire est la concrétisation de votre volonté, vous, peuple comorien, de me voir présider à la destinée des Comores.
En ce moment mémorable, marquant ce premier anniversaire, j'éprouve un immense plaisir de partager avec vous, la joie qui m'anime, à l'occasion de cet anniversaire.
Je voudrais saisir également cette opportunité pour vous exprimer toute ma reconnaissance et mes remerciements les plus fraternels, pour votre soutien indéfectible et votre solidarité, en faveur de la politique de développement que j'ai mise en œuvre au service de notre pays.
Permettez-moi, avant toute chose, de réaffirmer toute ma confiance à Allah le TOUT-PUISSANT, et de lui exprimer humblement mes remerciements les plus sincères pour sa bénédiction et sa protection dans la noble cause de la lutte que je continue de mener contre le désespoir, la pauvreté et le chômage.
Comme je l'ai toujours mentionné dans mes discours, mon souhait est de devenir le meilleur serviteur de mon peuple, le constructeur de ce pays, Père du développement et de la modernisation des Comores.
Grâce à votre appui, à votre sens de responsabilité, à votre patriotisme et à votre détermination, nous parviendrons à construire un pays fort et solide. Le développement de ce pays n'est pas l'affaire d'une seule personne, mais de chacun de nous tous.
Mes Chers compatriotes,
Mon rêve de toujours servir fidèlement mon peuple reste ma préoccupation majeure et je suis bien déterminé à aller de l'avant, et quels que soient le prix et les obstacles de toute nature, nous allons triompher dans ce combat pour le bien-être de notre nation.
Un an après, il convient de jeter un regard sur le chemin parcouru et également de nous projeter sur l'avenir. Globalement, le pays se porte beaucoup mieux. Tous les indicateurs montrent que nous sommes entrain de sortir du gouffre dans lequel nous étions plongés. Ces derniers mois ont été marqués par le retour de la confiance et de l'investissement. Notre pays a gagné en crédibilité, au delà des espoirs les plus optimistes.
Nous avons hérité d'une situation financière dégradée marquée par l'accumulation des arriérés des salaires des agents de l'Etat. Les mesures d'assainissement des finances publiques ont permis au Gouvernement, depuis le mois de septembre 2006, de mettre en place un mécanisme de sécurisation des salaires, grâce auquel les agents de l'Etat perçoivent leurs salaires régulièrement à la fin du mois.
Les mesures de redressement des finances publiques ont porté des fruits au-delà de nos espérances, car comme vous avez pu le suivre, nos partenaires financiers ont reconnu la volonté du gouvernement d'assainir les finances de l'Etat. C'est pourquoi le Fonds Monétaire International (FMI) s'est montré disposé à aller, très prochainement, vers la signature d'un Programme.
Ce dernier ouvre la voie à l'admission des Comores à l'Initiative des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE) conduisant à la réduction du poids de la dette extérieure, estimée à plus de 108 milliards de francs comoriens. Vous savez qu'un tel Programme est soutenu financièrement par cette institution, à hauteur de 4,5 milliards de francs comoriens sur trois ans.
Il est aussi et surtout un signal fort donné aux autres partenaires financiers et marque le retour de la confiance.
Des contacts ont été établis avec le Club de Paris, qui a donné son accord pour un rééchelonnement de notre dette vis-à-vis de la France et de l'Italie, et l'organisation prochaine d'une réunion de tous nos créanciers bilatéraux.
Le dialogue rompu avec la plupart de nos créanciers a été renoué. C'est ainsi que le Fonds Koweitien, le Fonds Abu Dhabi, le Fonds Saoudien, la Banque Islamique de Développement (BID) et l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) se montrent disposés à reconsidérer notre dette envers eux et à nous sortir des listes noires dans lesquelles nous étions relégués.
Un plan de rééchelonnement a d'ores et déjà été négocié avec la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA), le 15 mars dernier.
Par cet accord, la BADEA nous accorde l'apurement de nos arriérés dont le montant s'élève à 10,5 milliards de francs comoriens sur une période de 17 ans, avec un allègement conséquent au cours de la période 2007-2009. Le Fonds Koweitien nous a également accordé un rééchelonnement de l'ensemble de notre dette qui s'élève à 9,8 milliards de francs comoriens sur 40 ans, avec un délai de grâce de 16 ans, au taux de 1%.
La Banque Africaine de Développement (BAD) a pour la première fois dépêché une mission d'administrateurs à Moroni, qui a remis un rapport très favorable à notre pays.
C'est pourquoi, à la suite de son Assemblée Annuelle qui s'est tenue à Shanghai, au cours de ce mois de mai, nous avons reçu l'assurance que l'admission des Comores, comme un pays post conflit, sera examinée lors du prochain Conseil d'Administration de la BAD. Ce qui nous permettra de mettre en application un dispositif de remboursement des arriérés de la dette des Comores envers cette institution, qui s'élèvent à 11,8 milliards de nos francs, et nous autorisera l'accès à de nouveaux crédits.
La diminution du service de la dette envers nos créanciers se traduira par une plus grande disponibilité de nos recettes pour soutenir, en particulier, les secteurs sociaux que sont la Santé et l'Education.
La reprise du dialogue avec nos partenaires et l'effacement des Comores des listes des pays non solvables nous permettront d'accéder à de nouveaux crédits afin de relancer l'investissement public et engager un programme de grands travaux. Un tel programme soutiendra la croissance économique.
Nos partenaires de premier plan tels que la France, la République Populaire de Chine, l'Union Européenne, la Banque Mondiale et le Système des Nations Unies n'ont pas manqué de nous apporter leur appui.
Ainsi la France nous a accordé un appui budgétaire de 750 millions de francs comoriens et a commencé à concrétiser ses engagements pris lors de la Conférence de Maurice, par la signature du Document Cadre de Partenariat de plus de 43 milliards de francs comoriens, pour la période 2006 – 2010.
Nous avons signé avec la République Populaire de Chine un accord portant sur un don de 30 millions de Yuans correspondant à 1,5 milliard de francs comoriens. J'ai décidé de consacrer la totalité de ce don aux secteurs Eau et Electricité.
Ce même pays nous a accordé l'ouverture d'une ligne de crédit de 12 milliards de francs comoriens qui sont consacrés au branchement des Comores sur le câble de fibre optique sous marin, passant dans le canal de Mozambique. Ce qui nous permettra de rentrer de plein pied dans le monde des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication.
L'Union Européenne nous a accordé un appui de 1,9 milliard de francs pour le paiement d'arriérés de salaire des agents du secteur éducatif. L'Union Européenne continue aussi à nous apporter un appui à travers les programmes du Fonds Européen de Développement. Le dixième FED qui couvrira la période 2008 – 2013 sera financé à hauteur de 18 milliards de nos francs.
La Banque Mondiale, nous a accordé un don de deux milliards de francs comoriens dans le cadre du FADC qui ne tardera pas à être décaissé. Enfin, le Système des Nations Unies nous apporte un appui, dans le cadre de ses Programmes, de l'ordre de 4 milliards de nos francs, pour les années 2007 et 2008.
Mes chers compatriotes
Sur le plan de la relance de notre économie par l'arrivée d'investisseurs crédibles, il convient de noter la reprise du port de Moroni par l'entreprise Al Marwan porteur d'un projet de près de 4 milliards de nos francs. Un tiers de l'investissement est déjà arrivé à Moroni. Le reste est attendu dans les prochaines semaines.
Le système bancaire comorien va connaître un nouvel essor par l'ouverture prochaine de la Banque Fédérale des Comores, par des investisseurs koweitiens conduits par le Cheik Sabah Al-Jaber Moubarak et, d'une succursale de la Banque tanzanienne EXIM. L'arrivée de ces deux nouveaux opérateurs va diversifier l'offre de crédit et stimuler l'investissement.
La Banque de Développement des Comores (BDC) a reçu un appui financier de l'Agence Française de Développement d'un montant d'un million d'euros. L'augmentation significative de l'offre de crédit accompagnée d'une politique d'encouragement des Petites et Moyennes entreprises, à travers un code des investissements très favorable à l'initiative privée, devrait contribuer à développer l'auto-emploi et à résorber le chômage.
Des perspectives nouvelles s'ouvrent dans les secteurs porteurs de notre économie que sont l'agriculture, la pêche et le tourisme.
Dans le cadre du Programme National de Développement Humain Durable (PNDHD), le Fonds International de Développement Agricole, associé au Fonds pour l'Environnement Mondial, vient d'accorder un don de près de 1,8 milliard de francs comoriens pour le secteur agricole comorien. Ce montant vient s'ajouter au don de 1,37 milliard de francs comoriens du Projet de Renforcement et de Diversification des Filières Agricoles aux Comores (PREDIVAC) mobilisé au profit du même secteur par l'Agence Française de Développement.
L'Autorité Arabe pour l'Investissement dans le secteur agricole a accordé un crédit de 2 milliards de francs comoriens pour appuyer la filière vanille. L'ensemble de ces investissements contribuera à la relance du secteur qui revêt une importance majeure dans notre économie.
De nouveaux investisseurs arabes et russes s'intéressent au secteur de la pêche dont nous savons que les potentialités restent sous exploitées.
Le projet de bateaux de pêche iranien est en cours de concrétisation, je peux vous assurer que le premier bateau mouillera bientôt l'ancre dans les eaux comoriennes. Trois techniciens comoriens sont en instance de départ en formation en Iran.
Le secteur du tourisme va connaître un grand essor avec la réouverture prochaine de l'hôtel Galawa – Maloudja. Nos frères koweitiens se sont engagés à agrandir l'hôtel Itsandra qui doit passer de 24 à 50 chambres, sur la base d'un investissement estimé à 5 milliards de francs comoriens et à construire le village touristique cinq étoiles "Jannal-kamariyou" au lac salé dans le Nord de la Grande Comore. Le 9 mai dernier, nous avons procédé avec nos partenaires Koweitiens au lancement de ce projet de 57 milliards de francs comoriens et qui devra générer près de 5000 emplois.
Grâce à l'appui généreux de Sa Majesté le Roi d'Arabie Saoudite, qui nous a accordé un don de 1,9 milliards de francs comorien, le projet Habitat est passé du rêve à la réalité. Les usines de production des briques sont en cours de construction dans chaque île. L'usine de la Grande Comore est achevée, nous venons, aujourd'hui de produire la première brique, celle de Mohéli est à mi-parcours et celle d'Anjouan connaît un grand retard. Je profite de l'occasion pour remercier l'Armée Nationale de Développement (AND) pour sa contribution très appréciable à ces travaux.
Je saisis cette occasion pour vous annoncer qu'à compter du 6 juillet prochain, toute importation d'engins des Travaux Publics sera exonérée des taxes douanières.
Cette mesure vise à encourager nos entreprises à s'équiper des engins indispensables aux futurs travaux que nous voulons entreprendre.
Egalement dans ce domaine des infrastructures, et afin de lancer des Travaux de Haute Intensité de Main d'œuvre, l'Emirat d'Abu Dhabi a répondu favorablement à ma requête portant sur des engins des Travaux Publics nommés D8.
Le secteur du transport n'est pas oublié; nous sommes à la recherche de nouveaux partenaires pour le développement du transport aérien.
Dans le domaine du transport maritime, l'Afrique du Sud, nous a accordé un don de plus d'un milliard de francs pour la construction de petits ports de liaison entre les îles. Un tiers de ce don est déjà versé à la Banque Centrale des Comores. Ces ports permettront de relier les îles à partir des points les plus proches, par exemple de Chindrini, en Grande Comore, à Domoni et Mohéli ou de Bimbini, à Anjouan, à Itsamia, dans l'île de Mohéli.
Au cours de mon dernier séjour au Koweït, nous avons signé un Protocole d'Accord avec la Société KGLP, en vue de l'étude et de la construction d'un port en eau profonde, aux Comores.
Alors que tous les pays de la région ont lancé des prospections pétrolières dont certaines ont donné des résultats probants, notre pays a accusé un retard important sur cette question. Nous avons donc décidé de saisir l'opportunité des recherches que mène la compagnie GX Technologie, dans notre région, pour évaluer également le potentiel de notre pays.
Dans le domaine social, nos frères iraniens ont très rapidement concrétisé des projets sociaux que tous les comoriens, notamment les plus défavorisés, ne manqueront pas d'apprécier.
Il s'agit de la clinique médicale ouverte à Mirontsi, à Anjouan, par le croissant rouge iranien et qui connaît une grande affluence et du centre de formation des personnes démunies ou handicapées de la fondation caritative EMDAD, à la Grande Comore. Ce centre, qui vient de démarrer un premier cycle de formation au bénéfice de 215 personnes venant des trois îles, dispense des formations dans les domaines de la couture, de l'électricité, de la menuiserie et de l'informatique. Le croissant rouge iranien est disposé à ouvrir également des cliniques médicales à la Grande Comore et à Mohéli.
Mes chers compatriotes
La diplomatie a été marquée par l'admission des Comores dans le club des pays démocratiques qui s'est traduite par un retour de la confiance. C'est ainsi que les relations avec certains pays se sont intensifiées, c'est le cas des Etats-Unis d'Amérique et de la Belgique.
La ligue des Etats Arabes a souhaité venir ouvrir un bureau permanent à Moroni. Nos ambassadeurs à Paris et à Washington ont été admis à présenter leurs Lettres de Créance tandis que de nombreux pays amis tels que l'Arabie Séoudite, le Koweït, la Belgique, et la Corée ont accrédité des Ambassadeurs dans notre pays.
Dans le domaine de la coopération on peut noter les travaux engagés dans le cadre des commissions mixtes avec Madagascar, les Etats-Unis, le Maroc et d'autres pays, ce qui constitue la meilleure preuve de la vitalité retrouvée de notre coopération.
Mes chers compatiotes
Après ce bref tour d'horizon de nos relations internationales, il convient d'aborder rapidement la situation sur le plan intérieur dans le cadre de la politique nationale. Les événements du 2 mai 2007 à Anjouan ont démontré que la consolidation de l'Unité Nationale n'est pas achevée. Le régime précédent a toléré une situation inacceptable d'absence de l'Union dans l'île d'Anjouan et s'est accommodé à un système à deux vitesses avec Anjouan d'une part et les deux autres îles d'autre part.
En s'opposant au déploiement de l'AND à Anjouan, au contrôle des frontières par l'Union, en s'attaquant aux antennes de la Radio nationale et en continuant à maintenir une force qui s'apparente à une milice, les autorités d'Anjouan bafouent les lois et les principes fondateurs de la République.
C'est pourquoi vous devez réfuter le discours paradoxal des opportunistes politiques qui veulent vous tromper en vous disant que mon action pour consolider l'Unité Nationale et rendre à l'Union la place qui lui revient à Anjouan porte atteinte aux acquis de la réconciliation nationale.
Je peux vous dire, chers compatriotes, que les anjouanais de 2007 ne sont pas ceux de 1997. Aujoud'hui, dans leur grande majorité, ils rejettent le séparatisme. La population d'Anjouan est prise en otage par une poignée de gens qui ne pense qu'à se maintenir au pouvoir par tous les moyens, afin de continuer à s'arroger des privilèges exorbitants.
J'ai choisi la voie de la négociation pour ne pas engager notre pays dans un conflit armé fratricide. Cette voie pacifique passe par la tenue d'élections libres et transparentes. Le Gouvernement a déployé des efforts louables pour réunir les conditions matérielles nécessaires à la tenue de ces élections.
Je remercie nos partenaires que sont le PNUD, la France, l'Union Européenne et la Ligue des Etats Arabes pour leur contribution au financement des élections. Je reste cependant inquiet quant aux conditions sécuritaires dans lesquelles elles pourraient se dérouler à Anjouan. C'est pourquoi, je saisis cette occasion pour réitérer mes remerciements à la communauté internationale, à l'Union Africaine et plus particulièrement à l'Afrique du Sud pour les efforts qu'ils déploient.
Je leur lance également un appel pour qu'ils renforcent et accélèrent leur action, en vue de la sécurisation de la campagne électorale et des scrutins des 10 et 24 juin prochains.
Je lance un appel à tous les comoriens et à toutes les comoriennes de faire preuve de civisme pour que ces élections se déroulent dans des conditions acceptables. Je vous demande, notamment de refuser la corruption qui vous ôte votre liberté de choix, votre dignité et qui, de plus, est illégale. Ce n'est pas celui qui dispose de plus d'argent qui doit gagner mais celui qui répond le plus à vos aspirations pour un meilleur avenir. J'ai confiance en votre maturité politique.
Après ces élections, nous devrons nous atteler encore plus à la tâche du redressement économique et consolider les acquis de cette première année. Notre pays a plus que jamais besoin de votre patriotisme, de votre dévouement, et de vos efforts.
Notre action s'articulera autour des grands axes suivants:
- Assainir les finances de l'Etat et concrétiser le dialogue engagé avec nos partenaires internationaux;
- Rendre effectif les investissements et démarrer les travaux des chantiers dans le domaine des infrastructures;
- Attirer des nouveaux investisseurs, poursuivre et consolider la politique d'ouverture;
- Promouvoir l'auto-emploi et lutter contre le chômage;
- Consolider l'Unité Nationale et renforcer la stabilité du pays;
- Appuyer les secteurs sociaux et la solidarité envers les plus démunis;
Ces grandes lignes s'inscrivent dans la ligne de l'action engagée au cours de l'année écoulée. Je suis convaincu, chers compatriotes, qu'ensemble nous relèverons le défi de la pauvreté et du sous-développement pour un meilleur avenir, pour que Vive les Comores.
Je vous remercie.