Je voudrais mettre les choses au clair sur la question qui oppose l'Alliance Franco comorienne de Moroni à Soeuf Elbadawi, puisque j'ai l'impression que tout le monde tire à boulet dans l'air sans chercher à savoir ce qu'il en est dans la réalité.
Je commencerai par la grande surprise qui m'a animé en lisant l'article de votre rédacteur en chef Monsieur Ahmed Ali Amir dont le professionnalisme m'a toujours impressionné, et qui, dans votre livraison du 2 juin 2009 dans son article intitulé « Art et culture : un enjeu de sauvegarde de l'intégrité du pays » a quelque part viré de bord. Je ne pensais pas que l'acharnement de Monsieur Ahmed Ali Amir allait un jour lui faire perdre les pédales au point de faire fi de 2 grandes règles les plus fondamentales du traitement de l'information qui sont : 1- l'impartialité et de 2- la recherche de l'information à la source. Quoi que l'article en question avait plutôt des allures de prise de position que d'informer, comment peut on fonder une position dans l'unilatérale sans la moindre objectivité.
Je me demande déjà si votre journaliste a cherché à jeter un œil sur la réponse que le Comité de direction a fait transmettre à Monsieur Soeuf Albadawi par le Directeur de l'Alliance. J'estime que c'est le minimum et je tiens à le faire partager à vos lecteurs. Nos propos ont été les suivants :
" Suite aux nombreuses collaborations entre l'Alliance franco-comorienne de Moroni et votre Compagnie O Mcezo, vous avez à nouveau sollicité l'Alliance et souhaitez être accueilli pour une résidence de travail du 21 juin au 3 juillet.
Vous avez par ailleurs, le 14 mars dernier, été l'instigateur d'une manifestation politique violente qui a suscité une importante polémique à Moroni. En vertu des statuts communs à toutes les Alliances françaises du monde, qui stipulent que : « les Alliances françaises sont étrangères à toute préoccupation politique, religieuse ou raciale », le comité de l'Alliance franco comorienne ne souhaite pas, dans l'immédiat, que notre établissement culturel soit associé à cette polémique, ce que ne manquerait pas de provoquer un accueil de votre compagnie en résidence.
Concernant la présentation de votre travail à la fin du mois de septembre, il conviendra de prendre à nouveau contact avec l'Alliance-franco comorienne de Moroni. "
Voilà la position du comité directeur de l'Alliance franco-comorienne de Moroni.
Loin de ce que vous avez affirmé dans vos colonnes, cette position est bien celle du comité. Il a fait l'objet de discutions très acharnées dans deux réunions successives. Et en ma qualité de président de ce comité, je l'assume sans ambages.
Sachez que l'Alliance franco-comorienne regroupe en son sein des comoriens mais aussi des expatriés de toutes origines qui n'ont pas accueilli avec autant d'enthousiasme et de sérieux le goungou de Soeuf comme vous l'affirmez dans votre prise de position. La xénophobie qui est ressorti dans l'incarnation du personnage blanc trainé ligoté ne pouvait que choquer les diverses sensibilités. C'est en respect à tous ceux là que le comité a dû se positionner. Au-delà du symbolique vous savez pertinemment que la rhétorique fait jaillir des interprétations multiples et qu'aucun symbole ne peut recueillir l'unanimité. En fonction du bord où vous vous placez les compréhensions peuvent diverger. L'évènement a effectivement créé une polémique que l'on ne peut nier et que le comité ne voudrait pas introduire dans ces murs en respect à ses statuts. Que vous n'en soyez pas d'accord ça peut se comprendre. En tout cas il est malheureux de constater les propos extrémistes qui tendent à faire oublier tout ce que l'Alliance a produit dans la musique, dans le théâtre, dans la photographie et l'éducation, par les efforts de ses membres et sa direction.
Que l'Alliance soit le seul cadre d'expression culturel dans le pays, à qui faut-il s'en prendre ?
Que les 2200 membres et 450 étudiants boycottent l'Alliances ? Au détriment de qui ?
Là sont de vraies questions queles personnalités qui supportent Soeuf doivent approfondir avant de se lancer dans des propos extrémistes et racistes.
Enfin, je voudrais passer sur ces propos choquants qui ressortent de votre prise de position affirmant que « grâce aux subsides qu'ils leur donnent (aux membres du comité), il (le directeur) mène du bout de l'index les comoriens de son comité de gestion ». Ces propos apparaissent en moi comme une insulte. Ceux qui me connaissent se demandent certainement à combien peut s'élever le pactole qui me ferait courber l'échine pour tergiverser sur mon intégrité et mes sentiments sur l'unité de mon pays. En vous renseignant de peut, on vous aurait informé que les statuts de l'Alliance stipulent clairement en son article 8 : « Les membres du comité de direction ne peuvent recevoir aucune rétribution en raison des fonctions qui leur sont confiées »
Et en son article 6 il est même précisé que « Les salariés et les prestataires de services de l'Alliance Française ne peuvent être membre du Comité de Direction. ».
Pendant qu'on parle de sous, je me demande si Soeuf n'est pas entrain de défendre son commerce en jouant sur le patriotisme. Il est vrai que l'Alliance ne perçoit que quelques miettes de la France en guise de subvention comme le disent certains. Mais de toute façon Elbadawi, lui, n'y va pas de la petite cuillère. Figurez vous que son seul spectacle Moroni Blues a fait exploser le budget de l'Alliance tout récemment avec une prise en charge dépassant trois millions deux cent mille francs comorien (3 200 000 FC), dont le cachet qui s'est élevé à 1 722 000 FC.
Je veux bien qu'on me cite un seul artiste comorien qui a empoché autant pour un seul spectacle.
Mais que Soeuf se calme, l'Alliance Franco-comorienne de Moroni ne lui a pas fermé les portes comme il prétend (voir le communiqué de O Mcezo en cliquant ICI). Qu'il prenne le temps de méditer notre réponse, et rendez vous en septembre si vous le voulez bien.
Aboubakar CHEIKH
Président du Comité de Direction de l'Alliance Franco-comorienne de Moroni
Réponse d'Al-watwan.
Monsieur le “président” du Comité de gestion qui travaille bénévolement à l'alliance française et, surtout, juste pour le seul intérêt de la culture devait savoir qu'un journaliste et qui plus est un rédacteur en chef peut avoir des positions sur un évènement comme tout autre citoyen. Exactement comme Monsieur le “président” peut, aujourd'hui, raconter librement que le gungu est un acte xénophobe.
En ce qui concerne les 3,2 millions qui “explosent le budget de l'alliance” “juste” pour un spectacle culturel, les artistes apprécieront ce que ce grand défenseur de la culture pense de la valeur de leur création.
Pour ses interrogations-attaques par rapport aux autorités de son propre pays depuis la présidence du comité de gestion de l'alliance française, on lui laisse la responsabilité.