Source : HZK-Presse: 28/04/2009 |
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Pas moins de deux cent personnes ont bravé la nuit et le mauvais temps pour assister samedi soir au Palais du peuple à la fête du livre, célébrée sous l’égide
du Président de la république Ahmed Abdallah Sambi. Présidé par le Ministre de l’éducation Kamaliddine Afraitane, la cérémonie a été honorée par la présence des ministres de l’île autonome
de Ngazidja, comme ceux de l’Union ainsi que par les représentants du corps diplomatique. Par ailleurs des animations musicales ont été assurées par le célèbre jazzman comorien Maalesh,
pendant que Soumette acteur de talent et son compère Sultan ont joué une compilation de poèmes dont « Disque de lune », extrait de Kaulu la mwando de MAB Elhad, complété par un autre texte
de Salim Hatubou. Kalam d’or, un hommage à la plume comorienne ! M. Afraitane a fait un bref aperçu historique de cette journée qui remonte à 1995, à la suite de la conférence générale de l’Unesco. Il a insisté sur la nécessité d’encourager la lecture en soulignant que « beaucoup écrire est le plus souvent pour le plaisir, mais cela procure une certaine notoriété ». Et le ministre d’ajouter « cette soirée est placée sous le signe de la reconnaissance ; la plume a ses fonctions multidimensionnelles reconnues. » C’est ainsi que le Kalam d’or sera l’expression d’une fierté nationale et une opportunité pour lui donner ses lettres de noblesse et primer les plus méritants. Il insistera par ailleurs sur le rôle majeur que joue le livre, pour véhiculer les connaissances et son influence sur les lecteurs. Pour l’ancien professeur, la lecture est « une perche tendue, une fenêtre ouverte vers le monde ». Et si comme il a tenu à le faire remarquer, « le livre constitue une marchandise, sa notion didactique contribue à rendre le monde meilleur et lutter contre l’ignorance ». Il rappellera le rôle joué par les Clac (Clubs de Lecture et d’Action Sociale) pour dire que « son impulsion contribue au rayonnement en faveur de la lecture et l’écriture dans notre pays » avant de louer l’apport de l’O.I.F en faveur des Comores. Le Ministre Afraitane, reconnaîtra que la scène culturelle comorienne n’est pas assez honorée. Sinon comment comprendre qu’à ce jour, les auteurs comoriens ne figurent pas sur les programmes scolaires, hormis depuis peu les romanciers Toihiri et Aboubacar Said Salim ? Comment comprendre que nos auteurs et artistes sont souvent invités et gratifiés à l’extérieur, alors qu’ils sont ignorés dans leur pays ? « Honorer les maîtres de la plume est le gage d’un intérêt manifeste » qu’attend marquer son ministère. Il faut rappeler que dans sa première édition en 2007, le Kalam d’or a eu pour lauréats les romanciers Mohamed Toihiri, Aboubacar Said Salim et le poète Saindoune Ben Ali. Et le Ministre de conclure : « La nuit du Kalam d’Or constituât une grandeur pour soutenir les autres sources de création et c’est aussi une gratification et du baume au cœur » pour les auteurs et les créateurs bien sûr, à en croire le Ministre. A son tour, le romancier et poète Aboubacar Said Salim a tenu à évoquer la première association comorienne de l’écriture, en l’occurrence l’autre Kalam, créée en 1995 chez Mounir Bourhane. Il a exprimé le vœu de « voir les autorités poursuivre cet effort à l’endroit de la littérature, et qu’elle soit un réseau servant à honorer les talents sans mkarakara ». Donc très heureux de constater que cela ne soit pas « un coup d’épée dans l’eau » ; au nom de tous « ceux qui sont un peu zinzin », paraphrasant le chateur Maalesh. Le professeur Abou a exprimé aussi le souhait de voir un jour une œuvre comorienne au cinéma. Le grand poète cédera le pas à l’autre poète en herbe et lauréat du concours de poésie comorienne 2008, en la personne de Melle Sitti Amina Alfeine qui a fait partager avec le public son « Ode à la lecture », un texte qui louait les vertus du livre. La convention de Florence un acte sine qua non à la lecture Représentant le jury, composé des Dr Moussa Said, Mbaraka Abdallah Charif et de la Directrice de la Culture au niveau de l’Union, Mme Hassane Wahida Aboubacar, le Dr Mbaraka Abdallah, doyen de la Faculté de lettres et des sciences humaines, a exprimé sa joie et trouvé dommage les intempéries qui ont empêché une participation massive à l’événement. Il fait deux constats essentiels : « les collégiens ne lisent pas ou très peu, d’où leurs lacunes. Le meilleur cadeau que l’on puisse donner à un enfant c’est lui offrir un livre et ce, dès le primaire ». Il a par ailleurs reconnu que l’une des causes de la démotivation à la lecture est « la cherté du livre », mais en réalité « le manque de fréquentation des bibliothèques villageoises » y est aussi pour quelque chose. Il a tenu à rappeler l’offre Libyenne de livres en faveur de la bibliothèque universitaire et a sensibilisé les parents sur la nécessité de redoubler d’efforts en faveur de la lecture. Rappelant les efforts de l’ex-ministre de l’éducation nationale en faveur de la signature de la convention de Florence, le doyen de la Fac de lettres a exhorté les autorités à faire le suivi pour la valorisation des écrits. Au secours du CNDRS ! C’est avec émotion que le Dr Damir ben Ali saluera les grands talents, leur ardeur au travail et précisera que « mon travail est surtout de faire et faire écrire » dira-t-il. Selon lui le manque de lecture est lié au fait que « bon nombre de lecteurs ne trouvent pas de livres qui leur parlent de leur identité et de leur environnement ». Il déplore l’état d’abandon dans lequel se trouve la bibliothèque du CNDRS faute de moyens financiers et surtout de volonté politique, car « l’Université de La Réunion se propose de numériser la documentation du CNDRS et ses archives mais par manque de décision rien n’a été fait. Il suffirait d’une simple signature et d’un sceau pour sauvegarder tous ces chefs d’œuvres de notre patrimoine ». Mais comme l’a si bien illustré en guise de conclusion notre Maalesh national, il faut être un peu zinzin pour comprendre ces choses-là. Haled A.Boina Trois diplômes d’honneurs ont été tout d’abord remises à titre posthume à: - Cheikh Ahmed Affendi : écrivain et poètes, né en 1882 à Mutsamudu, prof de philologie et juriste émérite a introduit aux Comores le Moulid, et la danse du kandza ainsi que le Tari. - Cheikh Kaambi Mohamed Zaki Elmaceli : 1897-1977 traducteur et l’un des propagateurs du soufisme aux Comores, est l’auteur d’une œuvre intitulé « Hidayatti ahibba attawussouf » -Prince Said Housseine : né en 1889, fils u Sultan Said Ali, il s’était engagé dans la première guerre mondiale. Le Dr Sultan Chuzur a traduit l’une de ses œuvres. Et pour les Kalam 2009: Le Kalam d’or est décerné à Damir Ben Ali né à Moroni, Chevalier de l’ordre du mérite ; fondateur du CNDRS, récipiendaire du trophée JCI Comores 2007; distingué pour l’ensemble de ses œuvres. Kalam d’Argent : décerné au linguiste et chercheur Ahmed Chamanga, né à Ouani Anjouan, fondateur de la première maison d’Édition comorienne en France, récipiendaire du Trophée JCI 2007 (auteur de plusieurs livres sur la langue comorienne et il a fait publier de nombreux auteurs comoriens. Kalam de Bronze : décerné au conteur et le plus publié des auteurs comoriens Salim Hatubou, né en 1972 à Hahaya. |