Source : Alwatwan.net / 08 mai 2009
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Quelles dispositions avez-vous prises pour assurer la sécurisation du scrutin référendaire du 17 mai prochain ?
Les dispositions sont de plusieurs niveaux. Il y a surtout l’aspect logistique, c’est-à-dire l’alimentation des militaires qui seront déployés dans les différentes régions de l’archipel, mais aussi le carburant et les moyens de communication. Ensuite, nous allons désigner des commandants de secteurs à Anjouan et Mohéli pour coordonner l’ensemble des opérations sur le terrain. Je dois m’assurer que les incidents susceptibles de survenir ici ou là seront réglés et maîtrisés sans que l’on soit obligé de remonter jusqu’à mon niveau pour demander des consignes ou autres.
A Mohéli, plus que dans les deux autres îles, le risque d’affrontements est très élevé avec l’appel au boycott des principaux barons de l’île. Allez-vous déployer un dispositif sécuritaire particulier sur l’île ?
Absolument. Nous avons commencé à renforcer nos éléments sur place. Le reste relève de la routine et de mes responsabilités habituelles. J’ai effectué ce qu’on appelle « la tournée des popotes » sur les îles pour expliquer le comportement que doivent avoir les militaires par rapport au scrutin référendaire du 17 mai. Vous savez qu’à Mohéli, on est allé jusqu’à publier un tract à mon endroit, mais cela fait partie des risques du métier. J’ai coutume de dire que « l’on n’est pas là pour s’aimer, mais pour travailler ».
Un an après le débarquement militaire sur Anjouan, peut-on dire que l’Etat maîtrise actuellement la situation sur l’île et que la stabilité est enfin revenue ?
Il est difficile, en termes de sécurité, de dire qu’on a le contrôle d’un territoire; il y a toujours des risques. C’est le cas de l’Irak avec les Américains ou encore de l’Afghanistan. Cependant, une chose est sûre ; chaque jour qui passe, nous améliorons les conditions de travail de nos militaires pour qu’ils puissent mieux assurer leur mission. Reste à savoir si les impacts se font sentir sur le terrain, j’ose dire que oui.
On assiste à Anjouan à certaines dérives de l’armée ; on parle notamment de cas de tortures, des arrestations arbitraires,…En êtes vous au courant ?
Dérives ? Je crois que c’est trop dire, plutôt des excès. Je suis effectivement au courant de certains cas de tortures et le militaire qui en est l’auteur est aujourd’hui « radié des contrôles » comme on dit, c’est-à-dire il ne fait plus partie de l’armée. Si vous avez connaissance d’autres cas de tortures, renseignez-nous et nous allons sévir. Ce travail-là, nous devons le faire ensemble. Notre objectif est d’établir des relations correctes et saines entre la population et l’armée nationale. Il ne faut surtout pas que le militaire s’imagine au-dessus de la loi. Nous sommes au service de la nation. Comme on le dit souvent, il ne s’agit pas d’être craint parce qu’on a une arme, mais parce qu’on est juste et on travaille bien.
Peut-on savoir comment allez-vous déployer les nouvelles recrues de l’armée sur l’ensemble du territoire ?
C’est une question trop technique. Notre objectif global est de renforcer, au niveau des unités, les effectifs de l’armée. Pour vous donner un ordre d’idées, quand j’étais encore à Anjouan aux années 90, il n’y avait que quelque cinquante militaires. Nous avions, jusqu’à ce dernier recrutement, à peu près le même effectif. Actuellement, nous avons une compagnie à Ongoni-Marahani et environ 150 militaires à Mohéli, soit l’effectif normal d’une compagnie. Il faut dire aussi que nous avons un engagement international, vis-à-vis notamment de la Brigade Easbrig qui doit être constituée. Nous allons recevoir des formateurs, en juin prochain, pour renforcer les capacités de l’armée nationale.
Parmi les militaires qui ont été faits prisonniers au plus fort du débarquement militaire, une partie a été relâchée. Pourquoi cette libération et quel est le sort des autres détenus restés en prison ?
Je suis mal placé pour répondre à cette question. Une information a été ouverte à ce sujet ; c’est le juge Ali Mohamed Djounaid qui a décidé de libérer certains militaires à partir de considérations juridiques qu’il connait mieux que moi. Encore faut-il dire que ces militaires-là sont soumis à des contraintes : l’obligation de rester en Grande Comore et de pointer à la justice. Effectivement, une partie n’est pas encore « relâchée ». Il y a des justifications à cela. Le juge a estimé qu’ils ont des armes en leur possession ou connaissent des personnes qui cachent encore des armes.
Vous avez souvent parlé de spécialisation de l’armée nationale, notamment la naissance d’un embryon de marine. Où en est le projet ?
Nous avançons. J’ai l’habitude de me hâter lentement. Sous peu, nous aurons un embryon de marine. Et la ferme de Sangani sera bientôt opérationnelle. Actuellement, cette ferme génère des bénéfices. Dans un peu de temps, je vais me rendre à La Réunion à l’invitation du commandant de Faizol. Je vais en profiter pour demander la formation d’une compagnie de maintien de l’ordre et la valorisation de la ferme de Sangani.
Propos recueillis par Mohamed Inoussa