Comores / Diaspora
Thoueibat Djoumbe, membre de l’association Lang-Ylang :
« Et pourquoi pas aux Comores »
Paris, jeudi 23 avril 2009 (HZK-Presse) – En marge des activités
qu’entreprend son association, Thoueibat Djoumbe a accordé à La Gazette et HZK-Presse une interview pour expliquer les objectifs poursuivis et les résultats attendus dans le cadre du projet « Une
école, un espoir », destiné à améliorer les conditions d’études de 1600 écoliers comoriens de familles au revenus modestes. Une œuvre charitable à première vue, mais qui cache en réalité une
grande ambition d’un collectif de plusieurs ONG et institutions de servir l’épanouissement moral, civique et intellectuel de la jeunesse de l’archipel.
Question : En quoi consiste le projet développé par votre association cette année ?
Thoueibat Djoumbe - Il s'agit d'un projet d'entraide en direction des Comores. Intitulé « Une Ecole, Un Espoir », ce projet consiste à apporter des
fournitures scolaires (cartables garnis : cahiers, trousses complètes, ardoises, etc.) aux écoliers de quatre écoles primaires des îles indépendantes des Comores (Ouani à Anjouan, Hoani à Mohéli, Samba M'bodoni et Tsidjé à la Grande-Comore). Il touche environ 1600 élèves que nous espérons pouvoir suivre
au cours de leur scolarité. La troupe devrait partir aux Comores, si Dieu le veut, en octobre pour la distribution des cartables. Par différentes activités, les jeunes de l’association seraient
amenés à échanger et surtout à redécouvrir le pays.
Question : Pourquoi un tel projet ? Qu'est-ce qui vous motive ?
T.D. : Après avoir été très longtemps bénévoles dans différentes associations comme ATD Quart Monde pour Nourdine [Nourdine Moussa Ali, co-fondateur de l’association Lang-Ylang] ou plus
modestement, AfriCaraïbes, France Espoir et d'autres pour moi, des associations qui aident les enfants dans leur scolarité en France, nous pensions chacun : « et pourquoi pas aux Comores ?». De
là, Nourdine a été déçu de constater l'absence d'intervention de grandes associations telles qu'Education sans Frontières aux Comores, il a alors créé Lang-Ylang avec une amie et nous.
De plus, comme beaucoup de jeunes Français d'origine étrangère, nous voulions absolument rencontrer notre pays, les Comores, les découvrir autrement que par le prisme du anda et du statut de «
Je-Viens », et permettre à des plus jeunes avec les mêmes interrogations de faire ce parcours initiatique avec nous.
Pour finir, Nourdine est passionné de théâtre et moi de littérature. Avec comme idée motrice celle de militer pour un nationalisme salvateur auprès des jeunes d'origine comorienne, toutes îles
confondues, on ne pouvait que construire ce projet. Selon tous les membres de l'association, surtout les jeunes, si nous voulions aider les enfants aux Comores, nous ne pouvions que travailler
autour de l'amélioration de l'accès à l'instruction. Sans argent, sans subventions, mais avec beaucoup d'ambition, de foi en Dieu, et de volontarisme, nous avons démarché, démarché et démarché.
Au final, des associations comoriennes comme ComoresMag qui nous suit depuis le début, World 4Com, ComAttitude, des Ong comme l'Unicef des Comores, la FaweCom, et les écoles citées ont petit à
petit adhérer à ce projet.
Au vu du potentiel artistique des membres de l'association, l'idée de monter un spectacle, pour financer une grande partie du projet, est apparue comme une évidence. Le chemin s'annonçait sinueux
mais l'une des phrases préférées de Nourdine est « Ngaridjo wadi », alors, on s'accroche.
Question : J'ai l'impression que cela fait longtemps que vous en parlez, où en êtes-vous ? De quelle aide avez-vous encore
besoin en France et aux Comores ?
T.D. : En effet, cela fait près de 4 ans que nous sommes sur ce projet. Nous en sommes aujourd'hui à l'étape finale, présenter le spectacle [La pièce de théâtre Hari-Hari, lire La Gazette n°962 du 22 avril] et financer une partie du projet par les fonds qu'il génèrerait.
Actuellement, nous avons quelques cahiers offerts par l'entreprise Clairefontaine, l'un de nos partenaires, mais il nous en manque encore énormément. Avec l'aide des associations du village de
Samba Mbodoni et de la région de Dimani, nous avons pu envoyer du mobilier scolaire (pupitres, chaises, tableaux pour près d'une quinzaine de classe donc 2 écoles en rénovation) et 7 cartons de
400 stylos par conteneur. Les associations se sont chargées de l'envoi du conteneur, avec l’appui de l'Ambassade des Comores en France, de Mme Sittou Mohamed à la Fawecom, et du représentant
du village de Samba, Mr Ahamada Hamidou nous permettre espérons obtenir l'indulgence de l'Etat Comorien quant à l'exonération des droits de douane. Nous démarchons les compagnies aériennes
desservant les Comores afin qu’elles-deviennent partenaires et soutiennent notre action par un geste commercial sur les billets du voyage aux Comores.
Question : La pièce de théâtre qui doit permettre de financer une partie de ce projet a été très appréciée lors
de sa représentation à Paris, comment construit-on un tel succès quand on n’est pas des professionnels ?
T.D. : D'abord, on mise sur les bons chevaux et à ce niveau, les jeunes de la troupe (Neymat, Djellan, Sonia, Nadjma, Sara...) sont excellents, avec un sens aigu de la dérision, très créatifs et
pleins de bonne volonté. Monter un spectacle d'1h40 sans interruption, sans ennuyer un spectateur souvent peu averti avec pour visée principale, donner du plaisir à ceux qui font la démarche de
nous faire confiance, était un vrai challenge.
Plus qu'une pièce de théâtre, c'est un show. On a ainsi écrit la trame de la pièce et on a laissé les jeunes improviser. Il fallait du rire, des pleurs, il fallait des danses. Il fallait que ce
spectacle soit comorien, mais puisse parler aux autres communautés, qu'il fasse rire tout en interrogeant le spectateur. D'où l'idée d'une sorte de tragi-comédie musicale.
Nous voulions seulement offrir un spectacle comorien fait par des franco-comoriens, sur des thèmes comoriens et universels comme le rêve de l'Eldorado. La pièce a été vue par un public très varié
à Paris comme à Marseille, des mamans comoriennes, des jeunes franco-comoriens, des enfants, des non-comoriens, des intellectuels et des notables, et au vu des différents commentaires, nous avons
réussi notre pari.
Question : Vous avez l'intention d'aller jouer ailleurs dans les semaines à venir...
T.D. : Nous accueillons toutes les propositions à partir du moment où les organisateurs font preuve de sérieux et mettent en place une vraie logistique en vue de nous aider dans la réalisation de
ce projet. Pour le moment, nous avions trois dates le 22 mars à Paris, le 18 avril à Marseille et le 26 mai, de nouveau à Paris. Nous avons encore eu quelques propositions dont deux en Région
parisienne, une à Lyon mais les jeunes sont en pleine période d'examens et le spectacle prend beaucoup de temps, alors on repousse à la rentrée de septembre. L'idéal, et c'est ce que nous
espérons, serait de pouvoir jouer aux Comores, à l'Alliance franco-comorienne par exemple. Ce serait formidable pour les jeunes qui rêvent de jouer sur leurs terres.
Pour finir, qu'il s'agisse des membres du bureau (Kala, Laïlat...) ou ceux de la troupe, l'association entière se donne beaucoup et ce sur la base du volontariat, parce que nous croyons tous aux
bienfaits de cette action solidaire. Alors nous restons ouverts à toute proposition de collaboration et l’on peut nous contacte par le biais de l'adresse mail de l'association: Lang.ylang@gmail.com
Propos recueillis par Mahmoud Ibrahime, Correspondant à Paris
230409/mi/hzkpresse/13h00