Source : Alwatwan.net / 11 février 2009
‘‘L’Oua attend de la France qui a donné au monde l’exemple d’une décolonisation pacifique et dont
les concepts politiques ont été forgés dans le creuset du plus pur esprit cartésien qu’elle reconnaisse l’évidence, encore une fois la logique. Il n’est en effet pas logique et l’Oua ne saurait
l’admettre qu’un pays qui, 130 ans durant a accepté d’administrer l’Archipel des Comores comprenant la Grande-Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte comme entité, refuse au moment de l’indépendance de
ce pays la réalité de la situation pour soutenir une campagne visant à démembrer un Etat indépendant, souverain et qui plus est, membre de l’Oua et de l’Onu’’. Martin Bongo, premier président du
Comité ad hoc des 7.Les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Union Africaine, réunis le 2 janvier dernier à Addis-Abeba, ont décidé de réactiver le ‘‘Comité ad hoc des 7’’ sur l’île comorienne de Mayotte. Un élan de solidarité largement exprimé par l’ensemble des pays membres de l’Union africaine en faveur des Comores qui se sentent, à travers ce geste louable, ‘‘réconfortées,’’ selon un diplomate comorien qui estime qu’il est temps que la diplomatie comorienne ‘‘sorte de sa léthargie, affûte ses armes en vue d’assurer le suivi de la décision prise à Addis Abeba’’.
Selon le diplomate, les Comores doivent sans délai ‘‘saisir les autres organisations telles que la Ligue des Etats arabes, l’Organisation de la conférence islamique et les pays des Non Alignés qui ont toujours soutenu notre pays tout en mettant l’accent sur l’Organisation continentale qui s’est investie dès les premières heures pour mettre en place la structure (le Comité des sept) chargé du dossier de l’île comorienne de Mayotte’’.
Pour rappel, le Comité ad hoc des sept de l’organisation de l’Unité africaine (Oua) présidé par la République du Gabon, a vu le jour à l’issue de la résolution 453, prise lors de la 26ème session du Conseil des ministres d’Addis-Abeba au milieu des années 1970.
Les pays membres, sont l’Algérie, le Cameroun, les Comores, le Gabon, Madagascar, le Mozambique et le Sénégal. Pour les concepteurs, il s’agit de mettre en place une ‘‘structure appropriée d’actions’’.
Une mauvaise cause
Son rôle consiste à ‘‘formuler des propositions de sortie de crise, entrer en contact avec les parties concernées, mener une médiation entre la France et les Comores pour aboutir à une solution durable et effective au contentieux qui oppose les deux parties’’.’’ Selon le secrétaire général de l’Oua de l’époque, Eteki Mboumoi, la mission du comité consiste à ‘‘tracer une stratégie, harceler l’ennemi et suivre de près’’ l’évolution du dossier de l’île comorienne de Mayotte.
L’ancien secrétaire général qualifiait ce comité ad hoc des sept ‘‘d’équipe stratégique, donc l’arme militante du secrétariat et de l’Oua pour suivre de près l’affaire de Mayotte’’. Lors de la réunion du Comité organisé à Moroni en 1977, Eteki Mboumoi avait affirmé que l’action de l’Oua ‘‘en faveur des Comores et sur la revendication naturelle, légitime pour recouvrer l’île comorienne de Mayotte ne devait pas se limiter à l’action de ce comité des 7’’. Les résolutions de l’Oua sur la question ont demandaient instamment à tous les Etats membres d’œuvrer ‘‘individuellement, bilatéralement ou collectivement, pour développer notre revendication, nos pressions sur la France, agir dans le cadre africain comme dans le cadre international’’ et développer davantage les initiatives ‘‘afin que la France se persuade qu’elle soutient une mauvaise cause’’ (Citations de mémoire). Dans sa réunion de Libreville, le Comité ad hoc des sept avait suggéré ‘‘des initiatives et une prise de position réaffirmant la solidarité de l’Oua avec l’Etat comorien et sa détermination de libérer l’île comorienne de Mayotte’’.
Lors de leur rencontre de Moroni, les membres du Comité de sept, avait toutefois rappelé qu’en définitive la solution réelle, les buts, les motivations réelles de la solution dépendent principalement des Comoriens eux-mêmes : ‘‘Comme nous le faisons, nous pouvons apporter cet appui diplomatique, politique, stratégique. Mais nous pensons qu’il appartient aux Comoriens eux-mêmes de sensibiliser les compatriotes de Mayotte sur la nécessité de ressentir l’unité. C’est de cette sensibilisation que les Mahorais pourront comprendre qu’en dehors de l’unité, il n’y a pas de salut’’.
La solution passe par les Comores
Le président du comité ad hoc des sept, Martin Bongo avait déclaré que l’Oua attendait de la France ‘‘qui a donné au monde l’exemple d’une décolonisation pacifique et dont les concepts politiques ont été forgés dans le creuset du plus pur esprit cartésien qu’elle reconnaisse l’évidence, encore une fois la logique. Il n’est en effet pas logique et l’Oua ne saurait l’admettre qu’un pays qui, 130 ans durant a accepté d’administrer l’Archipel des Comores comprenant la Grande-Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte comme entité, refuse au moment de l’indépendance de ce pays la réalité de la situation pour soutenir une campagne visant à démembrer un Etat indépendant, souverain et qui plus est, membre de l’Oua et de l’Onu’’.
Le Comité des sept de l’Oua chargé de l’île comorienne de Mayotte avait initié un travail remarquable. Il avait battu campagne auprès des instances internationales notamment l’Organisation des Nations unies, les Pays non Alignés, l’Organisation de la Conférence Islamique et la Ligue des Etats arabes en vue de ‘‘ramener la France à la raison’’. Les multiples résolutions condamnant cette puissance en lui demandant de se retirer de l’île comorienne de Mayotte sont pour la plupart à mettre à l’actif de cette structure. Il a été reçu à Matignon (bureau du premier ministre en France) pour débattre avec Jacques Chirac, alors premier Ministre, de la question de l’île comorienne de Mayotte. De même, il est intervenu au débat sur la question de l’île de Mayotte aux Nations Unies.
De l’avis de plusieurs diplomates, la partie comorienne a manifesté une certaine légèreté par rapport au dossier notamment en croyant pendant longtemps, naïvement qu’en adoptant la voie de la seule négociation directement avec la France, le dossier allait avancer en faveur des Comores.
Autrement exactement le contraire de ce qu’on est obligé de constater trente trois ans plus tard. La voie de la négociation bilatérale n’a rien apporté.
M. Y. Kaiva