Agence comorienne de presse (HZK-Presse)
Comores / Politique & institutions
Moroni, jeudi 15 janvier 2009 (HZK-Presse) – La Commission Mohélienne pour l’Unité Nationale (Comuna) née de la volonté partagée du gouvernement insulaire, des partis politiques
et de la société civile mohélienne, a mis en place un comité technique et de suivi pour sillonner les chancelleries accréditées aux Comores et
rencontrer dans la foulée les Mohéliens résidant à Ngazidja ainsi que les organisations internationales partenaires, notamment celles ayant signé l’accord cadre de Fomboni du 17 février 2001,
« gage de la réconciliation nationale » pour les interpeller au sujet du projet de révision de la loi fondamentale annoncé par le président de la république.
La structure est composée de l’ancien ministre et ambassadeur Ali Hassanali, en qualité de président alors que l’ancien premier ministre sous le régime Azali, Hamada Madi Bolero assure la fonction de secrétaire général et l’ancien premier ministre Bianrifi Tarmidi comme porte-parole. Le ministre des transports du gouvernement insulaire Abdallah Said Sarouma (alias Chabouhane) accompagne la mission pour témoigner la solidarité du gouvernement de Mohamed Ali Said avec la Comuna.
La mission du comité dira le secrétaire général est triple : rassembler les Mohéliens résidant à l’intérieur comme de l’extérieur du pays pour se constituer en « front commun », imaginer des actions diplomatiques et de terrain pour barrer la route au Président Sambi accusé de vouloir voler aux mohéliens leur mandat présidentiel en 2010.
Déplorant « l’absence d’une large concertation et l’incohérence du discours du chef de l’Etat » qui aurait écarté les parties comoriennes signataires des accords de Fomboni au sujet de la révision constitutionnelle, l’ancien premier ministre Hamada Madi Bolero accuse le président de l’Union de « jouer à la triche ».
Reconnaissant les prérogatives du Président de la république en matière de révision constitutionnelle, M. Boléro qui se targue d’être l’un des artisans du « nouvel ensemble comorien », dira toutefois que la période choisie « n’est pas opportune », à quelques mois de la fin de son mandat. « Et si Ahmed Abdallah Mohamed Sambi était sincèrement soucieux de la continuité de l’Etat pourquoi veut-il proroger son mandat ? » d’une année, s’interroge-t-il.
« L’ancien régime lui a légué des institutions dont il lui incombait l’obligation d’assurer le fonctionnement régulier au nom de la continuité de l’Etat », dit-il. Les Mohéliens ne sont donc pas prêts à subir sur « les échecs politiques et les promesses non tenues » de Sambi pour lui accorder une journée de plus à l’expiration de son mandat. « En mai 2010, un Mohélien doit succéder à l’anjouanais après le tour de Ngazidja », martèle l’ancien dignitaire du régime Azali, de retour au pays après un exile en France de plus de deux ans, échappant à des poursuites judiciaires.
Il s’agit selon lui d’un « impératif conforme aux accords du 17 février 2001 » qui ont doté le pays d’une nouvelle constitution et des institutions adoptées par tous les comoriens, sous le sceau de la communauté internationale. L’ancien premier ministre estime qu’il n’appartient pas au président Sambi de changer d’un iota la loi fondamentale, surtout dans les conditions actuelles après l’adoption controversée de la loi sur la citoyenneté économique.
Interrogé sur les raisons d’associer la communauté internationale sur une question d’ordre interne qui peut se résoudre par le dialogue entre comoriens, Hamada Madi répondra que c’est ainsi que le président a agi pour résoudre le contentieux électoral d’Anjouan lors des présidentielles des îles de 2007, en impliquant la communauté internationale jusqu’à l’intervention militaire du 25 mars 2008.
Mais à en croire Binrifi Tarmidi, le Président Sambi aurait d’autres « motivations inavouées », ayant selon lui raté l’opportunité qui lui a été laissée à son arrivée au pouvoir d’exploiter les acquis de la conférence des bailleurs de fonds de Maurice (tenue en décembre 2005), en faisant bénéficier le pays des 200 millions de dollars accordés par les amis des Comores.
Il fera comprendre que Sambi risque de terminer son mandat en 2010 « sans avoir répondu aux aspirations légitimes des comoriens » qui l’on élu en 2006. Rappelant les étapes du processus de réconciliation nationale et le rôle qu’a joué Mohéli dans la résolution de la crise séparatiste anjouanaise, Bolero fait observer que « le cycle des crises politiques aux Comores ne dure que 7 à 9 ans ».
Pour ce dernier, « Sambi veut faire croire à l’opinion que ce cycle est définitivement terminé, alors que le pays n’est pas à l’abri d’autres conflits internes ». C’est au regard de l’expérience acquise des différentes crises politiques et institutionnelles de 1972 à 2001, que la Comuna entend prévenir la communauté internationale du danger, en effectuant une tournée marathon des chancelleries (France, Chine, Libye, UA, UE, Madagascar….) et des organisations signataires des accords de Fomboni, Addis-Abeba, Paris, Pretoria, etc…
Par ce ballet diplomatique, Mohéli cherche-t-elle à jouer la carte d’une internationalisation de la crise, comme en 1997 avec Anjouan ? Telle est la question que se posent de nombreux observateurs à Moroni.
A. Nabahane
150109/an/hzkpresse/15h00