Agence comorienne de presse (HZK-Presse)
Comores / Economie & finances
Moroni, mercredi 14 janvier 2009 (HZK-Presse) – Comme nous l’écrivions précédemment, le Fonds monétaire international (FMI) a décaissé 5,3 millions de dollars, soit 1,8 milliards de francs comoriens, au titre de sa contribution à l’aide budgétaire accordée à l’Union des Comores. Pour rappel, cette contribution du FMI entre dans le cadre du suivi du programme soutenu par le Fonds au titre de l’aide d’urgence post-conflit (AUPC) et contribuer à combler le déficit budgétaire de l’année 2008 estimé à 6,7 milliards de Fc, soit ¼ du budget général de l’Etat.
Au cours d’un entretien que le directeur général du budget nous a accordé la semaine dernière, ce dernier insistait beaucoup sur le fait que pour réussir le programme du FMI deux indicateurs ont été vivement recommandés aux autorités comoriennes de l’Union et des îles autonomes. Ils sont à la fois d’ordre quantitatif et structurel.
Ce qui signifie que le respect du mémorandum de politique économique et financier signé le 2 décembre dernier entre les autorités comoriennes et la mission du Fmi, oblige nos gouvernements (central et insulaires), à tout mettre en œuvre pour en assurer la stricte application, car tout écart risque de ramener encore le pays à la case départ. Faut-il rappeler aussi que la loi de finances 2009 n’est toujours pas adoptée, alors qu’elle fait partie des conditionnalités du FMI.
Dans ce même ordre d’idée, l’on parle d’indicateurs quantitatifs justement pour mettre l’accent sur le suivi du cadre budgétaire en planchant sur les recettes et les dépenses publiques dans l’intervalle couvrant les mois d’octobre 2008 à mars 2009. Le décaissement de l’aide budgétaire exceptionnelle du Fmi deux semaines seulement après l’approbation du programme par son conseil d’administration a permis à l’Etat de liquider aussi vite deux mois d’arriérés de salaires à l’ensemble des 12.000 fonctionnaires et agents de l’Etat (certains services n’auraient perçu qu’un seul mois).
Force est de constater que les objectifs assignés par le fonds monétaire aux autorités comoriennes dans son mémorandum viseraient à compresser la masse salariale à commencer par la réduction des superstructures politiques. Pour l’autorité de l’Union des Comores, ramener les portefeuilles ministérielles de quinze à dix, toutes les superstructures de l’Etat (Présidence, Assemblée nationale, Cour Constitutionnelle, Ambassades) sont selon les arguments avancés épargnés. Et c’est ici justement que les enjeux budgétaires imposent au ministère des finances et du budget une exécution rigoureuse du programme.
En campant sur leurs positions, les îles autonomes de Ngazidja et Moili semblent fonder leurs arguments sur des « prérogatives purement politiques et non budgétaires », regrette-t-on dans les milieux financiers proches du dossier. S’il faut tendre la main aux amis des Comores pour que le programme de suivi soit exécuté et espérer une hypothétique remise partielle ou totale de la dette, notamment intérieure avec l’objectif de résorber les arriérés de salaires, on est en droit d’interroger le directeur général du budget de l’Union sur l’affectation des recettes publiques de la deuxième moitié de 2008. Mais aussi au ministre des finances de Ngazidja qui doit préciser le chapitre budgétaire dont il entend imputer les 28% de réduction des dépenses ?
La réponse pourrait convaincre ceux qui ont la mémoire courte pour dire que les dépenses sont programmées aux chapitres « fonctionnement, transfert et dette extérieure ». Mais en réalité rien ne justifie les 16,328 de milliards prévus dans le TOFE (Tableau des Opérations Financières consolidées de l’Etat).
Certes les financements extérieurs auraient prévu une aide estimée à 6,360 milliards mais ceci indique que les recettes propres de l’Etat ont été couvertes en grande partie vers la fin de l’année et pour combien ? Toutes ces interrogations attendent encore des réponses à la mesure des recommandations du FMI et des autres partenaires extérieurs disposés à accompagner les Comores à réussir son programme, à condition que l’Etat tienne ses engagements en termes de moralisation et d’assainissement des finances publiques, par une gestion plus rigoureuse et transparente, un pari qui n’est pas gagné d’avance, à moins de trois mois de l’évaluation du programme.
L’autre indicateur qui s’impose est relatif à la structure budgétaire. Il consiste en la présentation trimestrielle des états budgétaires consolidés par les quatre ministres des finances (Union et îles) aux services du Fmi. Dans ce même ordre d’idée, il est prévu de tenir au moins des réunions mensuelles du comité budgétaire pour transmettre les comptes rendus aux services du Fonds monétaire, et d’organiser des réunions de la commission de suivi des prix des produits pétroliers. L’informatisation du fichier solde de la fonction publique et le contrôle des dépenses salariales sont aussi exigés. Toute une batterie de mesures qui indiquent que le pays est observé à la loupe et condamné à jouer la transparence.
Aucun argument ni politique, ni institutionnel ne saurait justifier ou excuser un nouvel échec, surtout à l’approche d’un référendum constitutionnel qui coûtera à l’Etat l’équivalent de 400 à 500 millions de nos francs. Le FMI attend des Comores une obligation de résultat. D’où l’impératif de surseoir les conflits politiques et réussir le programme par le suivi de l’aide d’urgence post-conflit pour l’intérêt général, en amorçant la croissance économique et la réduction de la pauvreté.
A. Nabahane
140109/an/hzkpresse/15h00