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السَّلاَمُ عَلَيْكُمْ وَرَحْمَةُ اللهِ وَبَرَكَاتُهُ
Moi, Said Ali Mohamed, natif de Bimbini à Anjouan (Union des Comores), ancien responsable politique, et résidant actuellement en France ;
► Parce que les avidités de pouvoir, durant ces vingt dernières années, n'ont rien apporté à notre peuple que mélancolie, haine et soif de vengeance ;
► Parce que les conflits de compétence qui entredéchirent nos dirigeants n'augurent rien de bon, et que les surenchères politiques, les menaces et intimidations qui sont relayées, sans discernement, par les médias, n'engendreront que des situations encore plus regrettables que celles que nous avons connues jusqu'à présent ;
► Parce que quarante ans durant, j'ai oeuvré avec d'autres pour l'unité, la liberté et la prospérité de mon pays et que je refuse de voir périr ce pourquoi je me suis battu toutes ces années ;
Je ne peux résister à l'envie de saisir l'opportunité des échanges de voeux, pour attirer votre attention, à vous, responsables politiques comoriens, les dirigeants comme les opposants, les hommes comme les femmes, les anciens comme les jeunes, sur les dangers qui guettent notre pays, en ce début d'année nouvelle et contre lesquels, nous devons unir nos forces si nous voulons les surmonter :
► A commencer notamment par le référendum que le gouvernement français entend organiser, le 29 mars 2009, dans l'île comorienne de Mayotte pour ancrer irréversiblement cette partie de notre territoire national au sien, en tant que 101ème département ;
► Suivi par l'obstination du Président Sambi à vouloir modifier seul, la constitution sans concertation avec quiconque ;
► Ou encore la loi dite de citoyenneté économique, votée dans des conditions équivoques, qui, pourtant, peut s'avérer une formidable opportunité pour ouvrir notre pays aux investisseurs extérieurs autant qu'elle peut, aussi, se révéler compromettante.
Ces trois points constituent, à mon avis, trois enjeux majeurs, qui peuvent menacer à terme, peut-être plus cruellement encore, l'unité, la paix et la stabilité de notre pays, si nous n'y prenons pas garde.
Si, face à la puissante France, un pays membre permanent du Conseil de Sécurité, nous ne pouvons rien qui puisse l'empêcher d'assouvir ses vils desseins de partitionner notre minuscule Etat alors qu'elle a la responsabilité historique de l'unir et l'accompagner vers un développement harmonieux ; Ne pourrions-nous pas, pour le moins, nous unir pour manifester notre colère et notre désespoir à la face du monde qui nous observe ?
Si, face à la détermination du Président Sambi de modifier la constitution à sa convenance, nous ne pouvons rien qui puisse le raisonner ; Ne pourrions-nous pas, pour le moins, nous retrouver, nous, responsables politiques et représentants de la société civile, dans le cadre d'un dialogue national, pour repenser les institutions de notre pays de manière à empêcher Sambi d'imposer son diktat ? Car, s'il est vrai que celui-ci prétexte la lourdeur des institutions pour ménager la constitution à son profit, il n'en est pas moins que celle-ci est inadaptée au contexte de notre pays et qu'elle nécessite des aménagements, d'une manière ou d'une autre.
Si, face au sous-développement de notre pays et à la misère qui accable nos populations, nous ne nous sentons pas en mesure de repousser ceux qui prétendent vouloir nous aider, ne pourrions-nous pas pour autant saisir, ensemble, l'opportunité de la loi sur la citoyenneté économique pour poser les conditions d'une véritable ouverture de notre pays à l'investissement étranger pour un développement réel et durable ?
Pour toutes ces raisons, j'appelle tous les responsables politiques de mon pays, le pouvoir et l'opposition, à taire leurs querelles stériles et à cesser leurs coups bas, pour asseoir, ensemble, les bases d'un sursaut national.
J'appelle son Excellence, le Président de l'Union des Comores, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, à donner le bon exemple, en convoquant sans délai, conformément à son engagement devant les Chefs d'Etat de l'Union africaine, le 1er février 2008, une conférence inter-comorienne, pour que nous puissions ensemble réfléchir à l'avenir de notre pays, son développement, ses institutions, la consolidation de son unité nationale, la défense de son intégrité territoriale et la viabilité de ses relations internationales. Et je prends l'engagement de lui apporter tout mon concours à cet effet.
Mes chers compatriotes,
Les disparitions en mer, mépris, humiliations et maltraitances dont les ressortissants de Ngazidja, Mwali et Ndzuani font l'objet à Mayotte et l'indifférence dont fait preuve notre gouvernement face à cette situation ;
Cette déclaration compromettante, signée le 9 décembre 2007, par notre ministre des finances, Mohamed Ali Soilihi, au nom du gouvernement comorien, avec Monsieur Louis Michel, Commissaire européen en charge du développement et dans laquelle je relève notamment ce paragraphe :
« Situé au nord du canal de Mozambique, l'archipel des Comores comprend quatre îles dont trois: Grande Comore (Ngazidja), Anjouan (Ndzouani) et Mohéli (Mwali), qui couvrent 1 861 km2, constituent l'Union des Comores; l'île de Mayotte (Maoré) est restée française à l'indépendance ».
(Extrait document de stratégie pays et programme indicatif national pour la période 2008-2013)
Sont autant pour moi des motifs réels de préoccupation qui doivent interpeller la conscience de tout un chacun.
Mes chers compatriotes,
Le salut de notre pays ne peut venir que de nous-mêmes, par une prise de conscience collective de l'ampleur des menaces qui pèsent sur notre destin commun et de la nécessité de nous rassembler pour réfléchir aux voies et moyens de les surmonter.
À l'aube de cette année 2009, comprenez que je ne puisse formuler à votre endroit, autres voeux que celles de vous voir privilégier les voies du dialogue pour sortir le pays de l'impasse.
Il est, en effet, des moments où, dans la vie d'un peuple, les intérêts collectifs doivent primer sur les intérêts individuels, où, les gens doivent pouvoir se poser et réfléchir –mesurer le chemin parcouru et celui qui reste à parcourir - mettre de côté ce qui divise pour ne considérer que ce qui unit - prendre exemple sur l'histoire pour bâtir l'avenir.
Ce moment est arrivé ; nous devons le saisir.
Qu'ALLAH TOUT puissant vous bénisse tous.
Said Ali Mohamed
Ancien Premier ministre