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Vous êtes actuellement au 3e gouvernement depuis votre élection en juin 2007, pourquoi des changements aussi rapides ?
Effectivement. Mon premier gouvernement a eu une durée de vie de 7 mois, le deuxième est allé jusqu'à 9 mois et le troisième a été nommé le 13 novembre. Mais je ne considère pas que ces changements soient aussi rapides, ou je n'en ai pas l'impression. Ils sont justifiés par les circonstances des moments et par la nécessité de l'action à mener par le gouvernement. Le premier a été constitué après mon investiture, lorsque j'ai eu à le changer, nous étions en plein débat sur le débarquement (ndlr : à Anjouan :) et sur les orientations de Ngazidja par rapport aux rapports institutionnels avec l'Union. Il fallait une équipe qui puisse s'adapter aux débats du jour. Voilà pourquoi j'avais choisi une équipe très technique, vous l'avez bien constaté. Depuis le mois de mai dernier, j'avais décidé d'opérer un revirement dans nos relations avec le gouvernement de l'Union. Et ceci après avoir fait un bilan qui m'a permis de comprendre que sa position tenait très peu compte de l'implication des îles dans la vie de nos institutions.
Vous avez donc privilégié un gouvernement de combat contre l'Union...
Il faut choisir, puisque mon premier gouvernement était un gouvernement de conciliation. Toutes les démarches qu'on a faites pendant 7 mois ont été des démarches de main tendue. Nous avons été à l'origine de l'unique conférence des présidents qui a abouti au décret présidentiel permettant aux iles autonomes de participer à la gestion des sociétés d'Etat. Je peux vous dire que c'est le seul acte posé pendant toutes ces démarches de conciliation.
Nous avons été traités de godillots, de mollasses, de soumis par la population de Ngazidja qui avait déjà pris l'habitude de la bagarre, mais ce que nous avions mis en avant c'est le souci de sérénité. Tout cela n'a rien payé, et pire, on a subi des mépris considérables. D'où notre changement d'attitude.
Croyez-vous que ce choix de l'affrontement sera-t-il payant ?
Ce n'est pas une guerre. C'est un rapport de force qui doit être soutenu, et il y a beaucoup d'exemples pour illustrer que la politique de main tendue n'a pas payé. Même des tentatives d'humiliation ont été organisées en direction des autorités de Ngazidja, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. Cela nous amène à dire qu'il fallait absolument changer d'attitude quelque soient les conséquences.
Pensez-vous que les engagements de début décembre, pris par les autorités de l'Union, sont le fruit de cette nouvelle approche ?
Je ne peux pas conclure, mais je sais que les premières retrouvailles depuis le débarquement ont été occasionnées à la suite des échauffourées entre les commerçants ambulants et les autorités de l'île. Il y a eu des comportements très partisans de part et d'autre, notamment du côté de l'Union. Le ministre des affaires étrangères s'était rendu au commissariat de police pour exiger la libération des commerçants retenus parce qu'ils étaient anjouanais. Je rappelle qu'il y avait des grands-comoriens et des mohéliens parmi les détenus. On sentait le risque d'insularisation et de débordement et on a été obligés de déballer tous les débats. En ce qui concerne les engagements du 2 décembre à partir du dossier FMI, rien n'a été fait jusqu'à présent. La reprise immédiate prévue du système du mécanisme de partage de recettes n'a toujours pas été faite depuis le 2 décembre.
Vous avez été élu sous les couleurs du président Sambi avec qui vous aviez une bonne entente, qu'est ce qui a changé depuis?
Il est vrai j'étais le directeur de Cabinet du président Sambi, donc le premier collaborateur. Mais il ne s'agit pas d'être l'ami d'un tel pour que les choses aillent d'elles-mêmes. Certes, le fait d'être à ce poste m'avait donné confiance pour briguer la présidence de Ngazidja. J'avais compris que les problèmes qui tenaient au transfert des compétences avaient des considérations personnelles, et j'avais la conviction qu'entre moi et le président ça allait forcément changer avec tout ce capital de confiance. J'avais même fait campagne sur cela. En arrivant, j'avais fait mes gages et j'avais essayé de respecter cet espoir. Mais au fur et à mesure, ma lecture des relations m'a fait comprendre qu'il ne fallait pas continuer comme ça.
Pensez-vous que le président a été influencé pour s'éloigner de vous ?
Je suis un homme de foi et je ne peux pas le dire, sérieusement. J'assume personnellement mes responsabilités et après tout, un mauvais collaborateur, un mauvais chef.
Le président Sambi souhaite réviser la constitution arguant qu'elle ne favorise pas le fonctionnement du pays, quelle est votre position ?
J'espère qu'un jour le président Sambi entendra le message que je lui ai envoyé avec le président Mohamed Ali Said puisque nous travaillons en collaboration. On lui demande de daigner nous appeler à la table de négociations. S'il a par rapport à cette constitution des propositions, qu'il les soumette, car la réforme doit être l'apanage des responsables des institutions. C'est nous qui les vivons, c'est nous qui les pratiquons et qui savons où ça coince exactement. C'est ce que j'ai affirmé à la communauté internationale, qui, depuis des mois essaie de nous forger une formule qui consisterait à ce que nous désignons chacun des représentants techniques pour aller travailler sans feuille de route. Je pense que c'est de la fumisterie.
Est-ce que si le référendum intervient au mois d'avril 2009 vous allez faire voter pour le non ?
Je ne sais même pas sur quoi le référendum va porter. S'il doit porter sur une révision constitutionnelle, il faut qu'il obtienne l'aval du peuple et plus particulièrement des décideurs, élus au suffrage universel. Donc si le président continue dans sa démarche jusqu'en avril et sortir de sa poche un texte pour consulter le peuple, je ferai campagne contre ce texte, et vraiment de manière très engagée.
Dans votre message lu lors de l'ouverture de la session parlementaire, vous avez manifestez une inquiétude profonde, pensez-vous vraiment que le pays est gravement menacé ?
C'est un texte que j'ai écrit, que j'ai lu avant d'aller faire lire. Si vous remettez en cause ce que j'ai écrit...
Non, c'est juste pour comprendre !
Quand je parle d'intérêt national menacé, c'est du sérieux. Prenons par exemple cette question de révision de la constitution dont les éléments portés à la connaissance du public sont très peu : premièrement il va falloir harmoniser les échéances électorales. L'argumentaire avancé c'est le coût, mais il occulte réellement la faisabilité. Pour réaliser cela, il faut se mettre d'accord sur un agenda, et cela veut dire avancer ou réduire des mandats. Il faudra donc modifier la constitution de l'Union et celles des îles en même temps. Le doute est fondé, notamment à Mohéli, sur cette opération de décalage. Le contenu de cette réforme vise à ramener vers le bas les attributions des îles, même il semblerait que la dénomination des présidents dérange et qu'il faudra les appeler des gouverneurs ou je ne sais pas quoi. Donc tout cela comporte de risques pour le pays.
Vous avez écrit au patron du groupe Comoro Golf Holding en ce qui concerne la loi sur la citoyenneté économique, vous lui avez dit quoi ?
Ce sont nos partenaires notamment pour le projet de la Corniche qui doit être aménagé en centre commercial, mais je lui ai écrit pour protester contre certaines méthodes. En aucun cas, nous ne remettons pas en cause les projets que nous avons ensemble.
Des bruits ont couru autour d'une sorte de malversation et de détournement au sein du gouvernement de Ngazidja, qu'en savez-vous sur ce dossier ?
Ce n'est pas un bruit, il y a eu une déclaration du syndicat des enseignants dans ce sens. Dès la réception de ce document, on a entrepris des investigations avec la participation du syndicat pour rechercher la vérité. S'il s'avère que cela est vrai, je prendrai des sanctions. Mais je doute fort que ça ne soit pas vrai. Toujours est-il qu'au sein du gouvernement, certains ministres avaient avancé d'autres argumentaires qui n'étaient pas justifiés, mais je ne vais pas les porter ici.