VOUS AVEZ DIT IMMIGRES CLANDESTINS A MAYOTTE ?
OU UNE VASTE ESCROQUERIE POLITIQUE ET INTELLECTUELLE
Il convient une fois pour toutes, tordre le cou à ce battage médiatique sur la prétendue "île française de Mayotte régulièrement envahie par des immigrés comoriens", en faisant mine d'ignorer le récurrent contentieux qui oppose la France aux Comores, s'agissant (je cite la Résolution de L'ONU du 21 octobre 1975), de "la présence coloniale française en territoire comorien de Mayotte". Une résolution qui : "condamne énergiquement la présence française à Mayotte, qui constitue une violation de l'unité nationale, de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de la République indépendante des Comores"
On préfèrera côté français, brandir comme un trophée ou un étendard les 16.000 Comoriens expulsés chaque année et taire le milliers de Comoriens morts en mer depuis l'instauration en 1995 par la France, du tristement célèbre "Visa Balladur". Un visa qui fait entrave à la libre circulation des Comoriens sur leur territoire, conformément à la loi et au droit internationaux.
Avec les encouragements et sous la bienveillance de l'administration française à Mayotte, les tenants de la départementalisation n'ont de cesse, vis à vis des Comoriens des autres îles, de s'enferrer dans une logique de haine, d'exclusion de rejet de l'autre, au lieu d'œuvrer pour une démarche d'entente, de rapprochement et de solidarité dans un environnement empreint de tolérance de liberté et de démocratie.
Le traitement inhumain et inqualifiable réservé à Mayotte, à tout Comorien originaire des trois autres îles, constitue un grand coup de canif dans la Constitution du Pays des droits de l'Homme. Un coup de canif, des plus nocif et des plus humiliant, qui fait de Mayotte un bout de France dérisoire, une zone de non droit où les lois républicaines n'ont guère droit de cité.
Les tenants de la départementalisation de Mayotte n'ont de cesse de fulminer contre les Comoriens encore appelés "immigrés clandestins" en exigeant de la France, en leur encontre, toujours plus de répressions, d'expulsions, pour venir à bout de "cette invasion". En faisant mine d'oublier, qu'avant l'instauration du "Visa Balladur" en 1995 :
- les Comoriens des autres îles, dans le cadre des échanges et des rencontres séculaires ne stationnaient pas à Mayotte, dans la mesure où ils pouvaient aller et venir. Du coup, nul besoin de venir clandestinement à Mayotte, avec le risque de perdre sa vie a bord des kwasa kwasa (des milliers de morts en mer). A ce sujet, il faut s'interroger pour quoi la traversée vers Mayotte est souvent entachée de morts souvent suspects, alors que de tout temps, avant l'instauration du "Vsa Balladur" criminogène, le cabotage inter-îles, y compris vers Mayotte, se faisait sans encombre ?
- Les échanges multiformes (économiques, sportifs, culturels, commerciaux, scolaires etc ) contribuaient à promouvoir des valeurs positives (tolérance, solidarité, respect de l'autre, débats d'idées pourquoi pas contradictoire etc), aux antipodes de la campagne de xénophobie, de haine et de rejet de l'autre (celui que certains Maorais désignent avec mépris, "l'immigré clandestin"), prônée par les tenants de la départementalisation.
Incontestablement, le problème c'est : non les soi-disant "immigrés clandestins comoriens" , mais bien le "Visa Balladur" criminogène. Et la solution, est sa suppression.
"Un Visa Balladur", qui fait rappelons-le, entrave à la libre circulation des Comoriens sur un même territoire (Mayotte, Anjouan, Moheli et la Grande Comore). Territoire dont l'unité, l'intégrité et la souveraineté, sont garanties par les nombreuses résolutions qui condamnent l'occupation par la France de l'île comorienne de Mayotte. Depuis l'instauration de ce visa criminogène en 1995, par le Gouvernement Balladur, sous la présidence Mittérand, des milliers de Comoriens des autres îles sœurs tapissent le fond des abysses du bras de mer de 75 km, qui va d'Anjouan à Mayotte dans l'indifférence scandaleuse aussi bien des autorités comoriennes que françaises. Des morts sans sépultures qui n'avaient pas hésité à risquer leurs vies pour rejoindre à bord de rafiots qui un parent, qui un ami ou une connaissance pour des raisons certes économiques et sanitaires, mais aussi familiales, cultuelles et culturelles. Des Comoriens que rien n'arrête. Rien ! Pas même l'inertie coupable des autorités comoriennes face à cette hécatombe, ni même l'arsenal imposant de l'appareil répressif, policier et de surveillance français (arrestations abusives et arbitraires, utilisation en mer de vedettes rapides, radars etc. ), encore moins les campagnes de désinformation, ne pourront empêcher les Comoriens de fouler le sol de la terre de leurs ancêtres.
Les limiers de "la coloniale", n'ont de cesse de souffler sur les braises, avec leurs discours et campagnes de haine et de xénophobie, qui font la part belle à la désinformation et à la falsification de l'histoire comorienne. Tant et si bien, qu'ils arrivent d'une part, à être repris, avec ô combien de complaisance, par plusieurs médias français et d'autre part, à faire d'une occupation illégale de l'île comorienne de Mayotte, une affaire "d'immigrés clandestins comoriens". Et de l'île comorienne de Mayotte, reconnue comme telle par les instances et la communauté internationale, "une île française à décomorianiser".
Il est par ailleurs de notoriété publique qu'à Mayotte, les Comoriens originaires des trois îles sœurs, font en permanence l'objet de ratonnades, d'expéditions punitives, d'expulsions manu militari … Sans oublier, les fréquentes atteintes graves aux libertés démocratiques, qui vont des incendies criminels, aux discriminations à l’embauche, en passant par l'ensevelissement scandaleux de corps de "naufragés clandestins" dans une fosse commune, en violation de nos principes et usages…
Les autorités françaises, se grandiraient en travaillant en direction de rapports harmonieux, dans le sens d'une vraie entente et d'une réelle réconciliation franche et sans ambiguïté, entre Comoriens des 4 (quatre) îles et non, dans une logique d'exclusion, d'ostracisme et de confrontation. Et ce, en levant pour de bon, l'hypothèque "Bourbier Maorais", non par un huis clos induit par des stratagèmes du fait accompli et de la loi du plus fort, mais par des négociations franco-comoriennes sous l'égide des instances et de la Communauté internationale, prenant certes en compte, plus de trois décennies d'administration française. Et la suppression du "Visa Balladur" est un préalable. Autrement, tout le tintamarre autour des records d'expulsions "d'immigrés clandestins" n'est que marché de dupes et manœuvres de diversions, destinés à alimenter la récurrente déstabilisation des Comores , un des adjuvants nécessaire et jusqu'ici suffisante à l'occupation illégale de l'île comorienne de Mayotte. Et les autorités comoriennes emmurées dans ce domaine, dans un silence complice ne sont pas sans reproches, dans la mesure où pour n'importe quel pays, l'unité, l'intégrité et la souveraineté ne sont ni cessibles, ni négociables. Pourquoi le seraient-il pour les Comores ?
Said Hassane Jaffar