Comores / FMI Finances publiques : Le FMI pourrait débloquer une aide budgétaire de 6,7 milliards fc
Agence comorienne de presse (HZK-Presse)
Moroni, samedi 29 novembre 2008 (HZK-Presse) – « Cet instant est historique car cela fait des années qu’on attend. Historique car d’autres gouvernements ont tenté avant nous, sans jamais y parvenir. Cela montre la crédibilité retrouvée de notre pays au niveau des institutions internationales ». C’est ce qu’a déclaré en substance le ministre des finances de l’Union Mohamed Ali Soilihi, au moment de parapher la lettre d’intention confirmant les engagements de l’Etat comorien auprès du Fonds monétaire international, avec lequel un accord est sur le point d’être conclu.
Ce important document signé vendredi dernier marque une étape cruciale qui devrait permettre d’alléger, voir même d’éponger la dette extérieure des Comores aujourd’hui estimée à 96 milliards fc. Encore faut-il que la partie comorienne remplisse les conditions fixées, d’ici fin décembre.
Une aubaine pour relancer la croissance de l’économie nationale, si l’on en croit le représentant du FMI, Pierre van den Boogaerde qui suit le dossier comorien depuis le début des années 1990. Les documents paraphés vendredi 28 novembre dernier, en présence du gouverneur de la Banque centrale, Ahamadi Abdoulbastoi, et du staff du ministère des finances, consignent des engagements de l’Etat comorien.
Il faut toutefois attendre la réponse du conseil d’administration du FMI qui se réunit vers le 15 décembre prochain. « C’est un enjeu de taille », affirme le ministre des finances, car « si notre proposition est acceptée, c’est une nouvelle page qui va s’ouvrir pour notre pays ». Une opportunité inespérée à ses yeux pour bénéficier d’un financement dit « post-conflit », qui servira à remettre l’économie du pays sur les rails. « Mais si par malheur, on rate cette dernière chance, il n’y aura pas de deuxième mi-temps », prévient l’argentier du gouvernement Sambi, visiblement satisfait de l’issue des négociations rondement menées avec la mission du FMI la semaine dernière.
Une signature ressentie comme un événement car le gouvernement espère recevoir dans un avenir proche une aide budgétaire exceptionnelle du FMI, pour la première fois depuis 15 ans. A en croire Mohamed Ali Soilihi, une partie de ces fonds serait allouée à l’apurement de quatre mois d’arriérés de salaire des agents de l’Etat au titre de l’année 2008 qui s’achève. Ce qui représente la bagatelle de 7 milliards de francs comoriens, suivant un mécanisme de décaissement rapide, peut-être même avant les fêtes de réveillon, dit-on dans les couloirs du ministère.
Des institutions comme la Banque africaine de développement, l’Union européenne, le Fonds koweitien ainsi que des pays amis tels la France et la Chine entre autres ont déjà annoncé leur participation à cette aide financière d’urgence.
« C’est le résultat de 4 ans d’efforts et de sacrifice. Nous sommes à l’aube du décollage économique des Comores », martèle Pierre van den Boogaerde, le représentant du FMI dans la région Océan Indien avec résidence à Madagascar.
Mais pour arriver au déblocage des fonds, les gouvernements central et ceux des îles autonomes doivent faire preuve de rigueur et prendre les mesures convenues dans le cadre des réformes structurelles d’assainissement de nos administrations. La masse salariale qui ne cesse de gonfler chaque jour, atteignant le chiffre record de 1,2 milliard par mois, est encore pointée du doigt.
« Cette signature démontre notre engagement car des efforts considérables doivent être déployés. Les salaires doivent cesser de servir à entretenir des superstructures politiques au détriment des travailleurs. Le FMI exige la diminution du nombre des ministres », explique le ministre des Finances de l’Union. Le nombre des ministres de l’Union et des îles ne doivent pas dépasser 36. L’Union peut nommer jusqu’à 8 ministres sans les vice-présidents. Les exécutifs de Ngazidja et Ndzouani ont droit chacun à 6. Quant à Mwali, son gouvernement est autorisé à avoir 4 ministres.
Pour les postes de conseillers qui ne font que percevoir des salaires sans le moindre résultat, le gouvernement envisage d’appliquer les nouveaux organigrammes laissés dans les tiroirs depuis 2 ans.
Mais on se demande quel sera le sort de cet accord lorsque des partenaires comme les exécutifs des îles ne l’ont pas paraphé comme cela était prévu. Les autorités de Ngazidja et Mwali ont boycotté la cérémonie de signature. « Nous sommes disposés à travailler avec cette mission mais on ne nous intègre pas. On ignore jusqu’ici le contenu du protocole qui a été signé ce vendredi. En plus l’Union nous ment. Elle n’a pas le même langage que le FMI », s’exclame Kamar Ezamane Mohamed, ministre des Finance de Ngazidja. Les exécutifs de Ngazidja et de Mwali ont encore 2 jours pour changer d’avis avant que ce ne soit trop tard.
Abdallah A.
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