Agence comorienne de presse (HZK-Presse)
Moroni, lundi 24 novembre 2008 (HZK-Presse) – Au terme de trois jours d’intense activités consacrés au Karthala, Mohamed Bacar Dossar, Ministre d’Etat directeur de cabinet du président de l’Union des Comores chargé de la défense, a procédé à la clôture des travaux vendredi 21 novembre, devant une pléiade de chercheurs et experts de renommée internationale, des membres du gouvernement, du représentant résident du Pnud à Moroni et de nombreux invités de marque, hauts fonctionnaires et délégués de la société civile.
Patrick Bachèlery professeur à l’université de la Réunion de surcroît chercheur associé à l’observatoire du volcan Karthala a été désigné par ses paires pour restituer les travaux de ce 1er Colloque international. Pour rappel, le chercheur comptabilise près de vingt ans de recherche sur le Karthala, c’est dire qu’il est le mieux indiqué pour cet exercice de synthèse.
Impressionné de par la mobilisation des chercheurs venus de divers horizons et des cinq continents, et surtout l’extrême richesse des discussions, le chercheur français saluera l’initiative des autorités comoriennes et du Système des Nations Unies qui, selon lui, « a enregistré des avancées considérables dans la connaissance du Karthala ». Dans son intervention, le chercheur passera en revue l’ensemble des thématiques ainsi que les aspects approfondis dans les tables rondes dont l’objet consistait à tracer les orientations et formuler les recommandations du colloque.
Abordant l’aspect de la recherche et de la connaissance, P. Bachèlry dira qu’il y a lieu de mettre l’accent sur l’hydrogéologie, la mise en place d’un système d’étude en matière de climatologie, la géodynamique… Et surtout la capitalisation des travaux de recherche au travers des réseaux internationaux et régionaux, en appuyant la formation des cadres comoriens pour la protection de l’environnement. Un domaine qui, selon les chercheurs, est porteur d’autres atouts en matière économique et touristique.
La structuration du laboratoire de l’observatoire du volcan est un impératif en matière de protection civile et de recherche. D’où le vœu formulé à l’unanimité par les séminaristes présents à ce colloque d’encourager la création d’un « Institut des Sciences de la Terre et de l’Environnement », composé d’une équipe mixte parmi les chercheurs de l’université des Comores, du Cndrs et ceux exerçant dans différentes disciplines (climatologie, biologie, etc.)
Le Karthala qui représente un danger permanent pour la population, a été vu sous un autre angle par les chercheurs : celui de la valorisation de ses multiples ressources potentielles en matière d’écotourisme, de biodiversité et de géothermie. « Une vision partagée dans un cadre global qu’est celui de la gestion durable du développement » a laissée entendre le chercheur.
D’où l’initiative de création d’une aire protégée par la création d’un parc national du Karthala. P. Bachèlery estime qu’une première évaluation sur la géothermique « offre des possibilités aux Comores d’exploiter cette potentialité énergétique inépuisable et propre ». Un projet qui reste encore la propriété de l’Etat, censé associer le secteur privé pour sa phase de mise en œuvre et d’exploitation, pour un coût estimatif d’investissement de plusieurs dizaines de milliards de francs comoriens.
Pour faire face à ce « géant incontrôlable » de par ses multiples dangers, la gestion des crises et catastrophes appelle encore à une maîtrise rationnelle et ce, par rapport à la vulnérabilité de la population et la méconnaissance des aléas naturels liés au volcan (éruptions, inondations, réchauffement…).
Ainsi, les chercheurs recommanderont d’intégrer la gestion des crises dans un plan global de développement. Un volet essentiel intégrant la sécurisation des infrastructures de communications, de sensibilisation des acteurs sur les enjeux de la protection civile, qu’ils soient décideurs politiques ou médias. Ceci étant la réactualisation de la carte géologique et la mobilisation des réseaux associatifs sont autant d’instruments du dispositif pour la maîtrise des crises.
Remerciant l’ensemble des participants, Damir Ben Ali, président du Colloque n’a pas manqué de partager sa joie au nom des chercheurs comoriens et des organisateurs, en saisissant l’opportunité offerte par le Pnud qui inaugure une nouvelle ère pour les Comores.
La voie tracée inscrit désormais le pays dans le grenier de la recherche scientifique. Dans ce contexte Opia Mensha Kuma estime que le colloque international n’a pas été inutile dès lors qu’il a permis à plus de 880 000 internautes de 60 pays de suivre de près l’événement à travers le site web crée pour la circonstance www.karthala.org est alimenté par plusieurs études, articles, projets, photos …et qui sert désormais de porte d’entrée aux Comores.
Autant souligner que le Pnud, dans un partenariat réussi avec le gouvernement comorien et les institutions et pays associés au colloque, a pris la décision de transformer le comité d’organisation en « comité technique et de suivi » et ce, pour faire s’assurer de la mise en œuvre des recommandations à travers un cadre logique intitulé « Agenda Karthala ».
A compter de demain mardi jusqu’au jeudi 27 novembre, les travaux vont rebondir au niveau du Cosep [centre des opération de secours et de prévention] pour intégrer le plan d’alerte au risque dans le cadre global relatif à la gestion durable. En début 2009, une réunion technique aura lieu pour examiner les avancées et intégrer les recommandations formulées par le colloque dans les programmes de l’agenda Karthala afin que ce dernier soit répercuté au niveau des autres donateurs.
Dans cette option, les médias sont maintenus dans le cadre du plan de préparation et de réponse des crises. Des projets ont été identifiés et seront financés par la Banque mondiale notamment ceux relatifs à l’exploitation intelligente des ressources du Karthala. Le représentant résident du Pnud, tombé amoureux du Karthala avant même son affectation à Moroni, s’est engagé à faire des Comores ce « berceau et trésor » parmi d’autres du monde à partir de ce géant de la nature « qui fait peur mais qui peut se laisser apprivoiser » pour le bien être de tous.
En guise de reconnaissance, le représentant de Beit-Salam Mohamed Bacar Dossar a exprimé le vœu du Chef de l’Etat, Mohamed A. Sambi de voir se concrétiser les engagements pris par son gouvernement, aux côtés de ses partenaires, en joignant la parole aux actes.
A. Nabahane
241108/an/hzkpresse/6h00