Célébration de la journée nationale Maore : « Non au référendum de départementalisation de Mayotte »
Agence comorienne de presse (HZK-Presse)
Comores / Politique & institutions
Moroni, mercredi 12 novembre 2008 (HZK-Presse) – Le rassemblement de ce mercredi Place de l’indépendance a été incontestablement le point d’orgue de la semaine de commémoration de la Journée nationale Maore. Le perron de l’ancienne Chambre des députés, lieu hautement symbolique où fut proclamé le 6 juillet 1975 l’indépendance des Comores, était trop étroit pour accueillir toutes ces personnalités politiques et de la société civile venues témoigner leur engagement au coté du Comité Maore.
Un comité qui a réussi le pari cette année d’impliquer activement à la fois le gouvernement et l’assemblée nationale autour de la question de Mayotte, devenue « une cause nationale qui transcende tous les clivages politiques », selon Idriss Mohamed, principal animateur de ce collectif qui milite depuis 2005 en faveur du retour de Mayotte dans son giron naturel.
On remarquera la présence de l’ancien premier ministre Abbas Djoussouf, des anciens ministres Omar Tamou, Ali Bazi Sélim, Said Mohamed Sagaf, Dr Mouhtar, des anciens présidents de l’assemblée fédérale Abdallah Halifa et Mohamed Said A. Mchangama, de l’ancien ambassadeur Ali Mlahaili, de l’actuel député Said Ali Kémal et d’autres « dinosaures » de la classe politique.
Toutes les institutions de l’Union et des îles autonomes étaient représentées à cette cérémonie de clôture, qui a donné lieu à des chants patriotiques qui ont revigoré la foule, et à l’issue de laquelle un mémorandum a été lu devant le public, avant d’être remis à l’ambassadeur de France, Luc Hallade.
Dans son intervention, Idriss Mohamed a dénoncé « l’occupation illégale » de Mayotte par une ancienne puissance colonisatrice qui « abuse de la seule loi du plus fort » pour garder cette 4ème île de l’archipel. Réfutant les arguments véhiculés ici et là pour justifier « un prétendu choix des mahorais de rester français pour être libres », le secrétaire général du Comité Maore estime au contraire que « la vie à Mayotte n’est pas enviable » car les habitants y sont « traités comme des étrangers sur leur propre territoire par rapport aux français blancs de souche qui s’en approprient, et ont leurs quartiers résidentiels inaccessibles aux autochtones », dit-il.
Et Idriss d’appeler tous les comoriens à « refuser le fait accompli » imposé par la France, notamment en luttant pour stopper les expulsions de Mayotte des comoriens des trois autres îles, qui continuent à mourir dans le bras de mer séparant Anjouan et Mayotte, à cause du visa Balladur.
Un thème développé par une jeune femme, représentant le comité Maore à Anjouan, pour qui, « les naufrages des kwasa-kwasa sont souvent provoqués par les gendarmes français », chargés de la surveillance côtière. Cette militante anjouanaise des droits de l’homme, dénonce le « traitement inhumain infligé à des femmes et des enfants » expulsés de Mayotte dans des « conditions qui n’honorent pas un grand pays comme la France ».
Au nom du gouvernement de l’Union, le ministre de la justice, Mmadi Ali a tenu à saluer le patriotisme de la classe politique comorienne d’avant, pendant et après la colonisation, tout en invitant la jeunesse à « rester vigilante et attachée aux valeurs d’unité nationale et de défense de l’intégrité territoriale de notre pays », rappelant au passage que c’est le jeune Ali Toihir, qui a eu le privilège historique de hisser pour la première fois le drapeau des Comores à l’ONU le 12 novembre 1975.
Ce jour là, le chef de l’Etat comorien de l’époque, le prince Said Mohamed Jaffar, s’était adressé à l’assemblée générale de cette organisation internationale, en appelant la France à « respecter le principe sacré » de l’accession des pays à l’indépendance « dans les frontières héritées de la colonisation », qui s’applique au cas de l’archipel des Comores, dont l’unité a toujours été reconnue par les gouvernements français successifs jusqu’en 1975, a-t-il fait observer.
Le rassemblement d’hier s’est terminé par la lecture d’un mémorandum par Ibouroi Ali Tabibou, secrétaire général de la Confédération des travailleurs comoriens (CTC), suivi d’une marche pacifique placée sous le signe de la condamnation du référendum de « départementalisation » de Mayotte.
Le mémorandum, qui fait la synthèse des propositions de règlement du contentieux franco-comorien sur Mayotte, sera immédiatement remis à l’ambassadeur de France à Moroni, par une délégation de quatre personnes composée du président du Comité Maore Dr Mbaé Toyb, du ministre de l’Union chargé de la Fonction publique Ahmed Abdou, du président de l’assemblée de l’île de Ngazidja, Soudjay Hamadi et de l’ancien ministre des affaires étrangères, Dr Mouhtar Ahmed Charif.
Interrogé à la fin de la manifestation, le leader du Front démocratique Moustoifa Said Cheikh a déclaré que « l’objectif de ce mémorandum est d’exprimer à la France la vive protestation du peuple et du gouvernement comorien contre la mascarade électorale que les autorités françaises s’apprêtent à organiser sur une partie de notre territoire ». Encadrée par les forces de l’ordre, la marche s’est dispersée dans le calme et sans aucun incident.
El-Had Said Omar
121108/eso/hzkpresse/12h00