Moroni,
mercredi 29 octobre 2008 (HZK-Presse) – Si la délégation de la commission parlementaire d’information sur la citoyenneté économique rejette catégoriquement les accusations de
présomption de corruption dont ils seraient l’objet, pour avoir accepté qu’une partie de leur mission effectuée récemment au Koweit soit entièrement prise en charge par une société privée
d’investissement, en l’occurrence Comoro Gulf Holding (CGH), elle déplore que le gouvernement comorien n’ait pas pris toutes les dispositions nécessaires pour obtenir les rendez-vous
souhaités auprès de hauts responsables koweitiennes. « Le gouvernement n’a pas transmis nos demandes de rendez-vous sans que nous en sachions les raisons », déplore le
député Sidi.
On notera au passage que le séjour dans ce pays du Golfe a curieusement coïncidé avec deux jours férié, ce qui a limité leur champ d’investigation. L’on apprendra également que nos élus n’ont rencontré que trois familles de « bidoun » sur 4000 mentionnées dans le projet, dont le critère de choix n’est pas connu en termes de représentativité de l’échantillonnage.
Dès le départ, le gouvernement avait désigné un interlocuteur « facilitateur », en la personne d’Ahmad Jarudi, directeur à Moroni de CGH qui a mis gracieusement à leur disposition un jet privé. A leur arrivée au Koweit, ils seront accueillis par le staff de ce même groupe financier appartenant au prince Sheikh Sabah Moubarak Al Sabah, qui organise l’agenda des rencontres et des visites de terrain.
Au cours d’une conférence de presse donnée hier mercredi au Palais du peuple, et présidée par le député Ibrahima Mhoumadi Sidi, les membres de la délégation parlementaire composée de 7 députés et 4 fonctionnaires, ont tenu à rendre public leur rapport de mission, et à s’exprimer sur un certain nombre de questions concernant l’affaire du projet de loi de citoyenneté économique.
« On a eu raison d’aller constater de nous-mêmes la réalité sur place », explique le chef de la délégation pour qui, la présentation qui avait été faite à l’assemblée par le gouvernement, était faussée, car elle avait mis en exergue les 4000 familles de « bidoun » bénéficiaires potentiels de la loi ainsi que les 200 millions de dollars qu’ils investiraient aux Comores.
La naturalisation des « Bidoun » serait présentée à nos élus comme « un moyen de générer immédiatement de l’argent frais » estimé entre 200 et 300 millions de dollars, qui « servirait au gouvernement comorien pour régler le problème de ses arriérés de salaires des fonctionnaires », précise le député Sidi.
Or, à en croire les conférenciers, « ce sont deux volets distincts dont il convient désormais d’éviter l’amalgame », entre d’une part le vaste programme d’investissement pluriannuel que le staff de CGH leur a présenté à Koweït City, un programme basé sur « une vision paradisiaque des Comores de demain » vue par la société de Bashar Kiwan, selon les termes du député Sidi, et d’autre part le souhait de ses promoteurs de voir accorder la nationalité comorienne à des familles d’apatrides « Bidoun », installés dans certains pays du Golfe, dont le Koweit.
Il en ressort des conclusions de la mission d’information que sur cette question sensible « les autorités Koweitiennes ne sont pas demandeurs ». En revanche la mission a constaté « un besoin d’ouverture » pour les Comores, tout en mettant « les gardes fous » dans la future loi de citoyenneté économique que le gouvernement vient juste de déposer à l’assemblée.
La mission parlementaire a reconnu en revanche avoir reçu de CGH des cadeaux, notamment un ordinateur portable avec imprimante et scanner pour chacun des membres de la délégation. Un geste qui ne serait pas selon M. Sidi de nature à influencer leur vote au parlement.
Le député Ibrahim Souef, déplore pour sa part que le gouvernement n’ait pas cru devoir attendre le vote de la loi en question pour accorder la nationalité comorienne à un premier groupe de ces investisseurs potentiels. Il cite « un décret daté de juillet dernier signé du chef de l’Etat » et visant des articles de cette fameuse loi dont le texte a été rejeté par l’assemblée lors de sa dernière session.
Quant au député Mohamed Moumine, qui réfute toute idée d’échec de leur mission, il fait observer que dans cette affaire controversée le gouvernement a commis l’erreur de n’avoir pas privilégié les discussions avec le gouvernement du Koweit, mais plutôt avec la société CGH. Pour lui, le volet naturalisation est venu créer un amalgame avec un véritable programme d’investissement dont il suffirait de fixer clairement le cadre et les conditions, en toute transparence, et dans le respect de la souveraineté de notre pays. « Il n’était pas normal que le volet de la naturalisation des 4000 familles bidoun soit greffé sur le dossier de la citoyenneté économique », dit-il.
El-Had Said Omar
291008/eso/hzkpresse/12h00