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  • : HALIDI-BLOG-COMORES, Blog des COMORES
  • : BLOG DES COMORES GERE DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013 PAR MARIAMA HALIDI
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A SAVOIR

QU'EST CE QUE LA LANGUE COMORIENNE ?

Pour répondre à cette question pertinente, nous vous proposons ci- dessous l'interview du grand linguiste et spécialiste de la langue comorienne, Mohamed-Ahmed Chamanga

 

 
INTERVIEW DE CHAMANGA PAR RFO EN 2004
 
 
 Le comorien est une langue composée de mots africains, de mots arabes voire parfois de mots portugais et anglais. D'où vient la langue comorienne ?

M.A.C : Le fonds lexical de la langue comorienne est essentiellement « africain » comme vous le dites, et plus précisément bantu. Les emprunts au portugais ou à l'anglais sont relativement faibles. Par contre, l'apport arabe est très important. Cela s'explique par la très forte islamisation des Comores, depuis la Grande Comore(Ngazidja) jusqu'à Mayotte (Maore) en passant par Mohéli (Mwali)et Anjouan (Ndzuwani). Malgré ces emprunts, le comorien (shikomor) reste, sur le plan de sa structure grammaticale, une langue bantu.

Qu'appelle t-on une langue bantu ?

M.A.C : Le bantu est une famille de langues, la plus importante d'Afrique. Les langues qui composent cette famille couvrent pratiquement toute la partie australe du continent noir.

Y a t-il encore aujourd'hui en Afrique ou à Madagascar des populations qui parlent une langue similaire au comorien ?

M.A.C : Bien sûr ! On trouve par exemple le swahili en Tanzanie, le lingala au Congo Démocratique, le kikongo au Congo, le zulu en Afrique du Sud, le shona au Zimbabwe-Mozambique, le tswana au Botswana, le kinyarwanda-kirundi au Rwanda-Burundi, etc. Comme ces langues appartiennent à la même famille, elles ont forcément beaucoup de points communs dans la structure des mots, leurs répartitions dans les phrases, les accords grammaticaux, etc. Elles ont aussi un minimum de vocabulaire commun.
Prenons par exemple le mot bantu ! Ce mot est attesté dans certaines langues, comme le lingala, et il signifie « hommes ». C'est le pluriel du mot muntu qui veut dire « homme » au singulier. Dans d'autres langues, ces mots se déclinent au pluriel en watu (swahili), wantru ou watru ou en encore wandru (shikomor) ; au singulier, nous avons respectivement mtu, muntru, mtru, mndru.
Prenons encore l'exemple de la phrase kinyarwanda suivante qui signifie : « Combien d'hommes ? » : Abantu bangahe ? Nous avons en comorien les équivalences suivantes :Wantru wangapvi ?Watru wangapvi ?Wandru wanga(pvi) ? et en swahili :watu wangapi ?

Ne pensez-vous pas qu'il y a beaucoup de ressemblance dans tout ça ?

M.A.C : A Madagascar, jusqu'au milieu du XXe siècle, il y avait quelques poches bantuphones sur la côte nord-ouest. Mais les langues africaines qui y étaient parlées, le swahili à Marodoka ou le makua à Maintirano, ont aujourd'hui disparu. Le malgache appartient à une autre famille de langues : les langues austronésiennes comme par exemple les langues indonésiennes.

Le comorien est souvent comparé au swahili, parfois on a même dit que le comorien en était dérivé ?

M.A.C: Selon les résultats des recherches des trois dernières décennies, il est prouvé que le comorien et le swahili sont génétiquement issus d'une même souche-mère, d'où leur très grande parenté. Mais les deux langues se seraient séparées aux environs du XIIème siècle. On peut donc dire que ce sont deux langues soeurs. Si la confusion a pu se maintenir jusqu'à une période pas très lointaine, c'était à cause de la très grande proximité des deux langues, mais aussi parce que les sultans des Comores parlaient swahili et beaucoup de correspondances et traités avec les pays voisins ou les puissances étrangères étaient rédigés en swahili qui étaient à l'époque la plus importante langue de communication et du commerce de cette région de l'océan indien occidental.
Par combien de personnes est parlée la langue comorienne?
M.A.C:On peut estimer que la langue comorienne est parlée aujourd'hui par un million de personnes environ : les 750 000 habitants de l'archipel des Comores plus la très importante diaspora comorienne, que l'on peut retrouver notamment à Madagascar, à Zanzibar ou encore en France.

Est-elle enseignée à l'école ? Si non pourquoi ?

M.A.C: Malheureusement, elle ne l'est pas. Pourquoi ? Parce que : Premièrement, la colonisation française, avec sa mission « civilisatrice », n'avait jamais reconnu au peuple dominé une quelconque culture ou civilisation et que les langues des dominées n'étaient pas des langues mais, avec un sens très péjoratif, des dialectes qui n'avaient ni vocabulaire développé ni grammaire.
Deuxièmement, le pouvoir très centralisateur de l'Etat français avait imposé le français comme la seule langue de l'administration partout. Cela était vrai dans les colonies, mais aussi en métropole. C'est ainsi qu'on a banni l'enseignement du breton en Bretagne, du basque au Pays Basque (Sud-Ouest de la France).
Troisièmement enfin, nous avons nous-mêmes fini par admettre que notre langue est pauvre et sans grammaire. Elle ne peut donc pas être enseigné. Il faut encore souligner qu'avec l'instabilité chronique des Comores indépendantes, aucune réflexion sérieuse n'a pu être menée sur la question. Pourtant, les pédagogues sont unanimes : pour permettre l'épanouissement des enfants, il est nécessaire que ces derniers puissent s'exprimer pleinement dans leur langue maternelle...

Y a t-il une ou des langues comoriennes ?

M.A.C:Nous avons la chance d'avoir une seule langue comorienne, depuis Ngazidja jusqu'à Maore. Mais comme toute langue, le comorien se décline en plusieurs dialectes qui en sont les variantes régionales : le shingazidja à la Grande Comore, le shimwali à Mohéli, le shindzuani à Anjouan et le shimaore à Mayotte.

Comment expliquer l'apparition de divers dialectes sur un territoire aussi exiguë que les Comores ?

M.A.C : Ce phénomène n'est pas spécifique au comorien. Toute langue est formée de plusieurs dialectes. La dialectalisation s'accentue lorsqu'il y a peu de communications et d'échanges entre les régions. A l'inverse, le déplacement d'une population qui parle un dialecte donné vers une autre région où l'on parle un autre dialecte peut également entraîner des changements dans les deux dialectes. Pour le cas des Comores, le facteur du peuplement par vagues successives au cours de l'histoire explique aussi le phénomène.
Les différences dialectales peuvent aussi s'observer à l'intérieur de chaque île. C'est ainsi, par exemple en Grande Comore, que la manière de parler des gens de Mbéni dans la région du Hamahamet diffère du parler des gens de Fumbuni dans la région du Mbadjini. Il en est de même à Anjouan entre les gens de Mutsamudu, sur la côte nord, et ceux du Nyumakele, dans le sud-est de l'île, ou encore, à Mayotte, entre Mamoudzou et Kani Bé ou Mwana-Trindri dans le sud, etc.

Un mot sur la langue mahoraise.

M.A.C:Le shimaore appartient au même sous-groupe dialectal que le shindzuani. C'est dire qu'il faut souvent écouter attentivement pour percevoir les différences entre ces deux dialectes. Le shimaore fait ainsi partie intégrante de la langue comorienne.

Le comorien s'enrichit-il ou s'appauvrit-il (avec le phénomène de créolisation de la langue) ?

M.A.C : Parler à l'heure actuelle de créolisation de la langue comorienne est quelque peu exagéré. Certes elle ingurgite aujourd'hui beaucoup de mots d'origine française. Mais cela reste « raisonnable ». Le comorien a emprunté énormément de vocabulaire d'origine arabe, environ entre 30 et 40 % du lexique, pourtant on ne parle pas de créole arabe, et cela à juste titre. En effet, ce qui fonde une langue, ce ne sont pas seulement les mots. Ce sont surtout sa structure grammaticale et sa syntaxe. De ce point de vue, le comorien ne ressemble ni à l'arabe ni au français.
On ne peut pas dire que le comorien s'appauvrit. Essentiellement oral, il répond parfaitement à nos besoins de communication. Il est toutefois évident qu'une langue écrite possède un stock lexical beaucoup plus étendu qu'une langue orale. Ne vous inquiétez pas pour le comorien. Si un jour, on décide de l'écrire, de l'enseigner et de l'utiliser dans l'administration, il ne pourra que s'enrichir. Il s'enrichira en se forgeant des mots nouveaux ou en empruntant d'autres ailleurs, comme cela se fait dans les langues dites de « grande civilisation ».

Où en est actuellement la recherche sur la langue comorienne ?

M.A.C: La recherche sur la langue comorienne avance ; trop lentement peut-être, mais elle avance. Nous avons aujourd'hui une meilleure connaissance sur elle qu'il y a vingt ans. Malheureusement, c'est un domaine qui intéresse peu de monde, aussi bien chez les nationaux que chez les chercheurs étrangers.

Pensez-vous qu'un jour tous les Comoriens parleront la même langue ? Et sur quoi se fonderait cette sédimentation en une seule langue « nationale » ?

Mohamed Ahmed-Chamanga : Nous parlons déjà la même langue. Ce qui nous manque, c'est une langue standard, comme en Tanzanie avec le swahili, à Madagascar avec le malgache, ou en encore au Zimbabwe avec le shona, etc. Pour arriver à ce stade, il faut qu'il y ait une réelle volonté politique, une prise de conscience chez les Comoriens de vouloir mieux apprivoiser leur propre culture et que soit mise en place une équipe de chercheurs qui se pencherait sur la question et qui proposerait cette langue standard qui serait utilisée dans tout l'archipel des Comores.

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CI-DESSOUS LES NEWS  RECENTES  DES COMORES

 

 

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A PROPOS DE OUANI

Ouani et ses grands hommes
 
 
L’être humain est insignifiant puisque le corbeau et beaucoup d’autres espèces d’arbres vivent plus longtemps que lui. De ce court séjour dans ce bas monde à la différence d’autres êtres vivants, l’homme peut marquer de son empreinte l’histoire.
A OUANI, ce genre d’homme malgré sa rareté, a existé et continu à exister jusqu’à nos jours. En ouvrant ce nouveau chapitre, quelques dignitaires en collaboration avec le comité de pilotage de la ville ont tenu à rendre hommage beaucoup d’hommes et de femmes qui ont fait du bien à cette ville.
En dehors de tout jugement, ils ont fait de leur mieux pour que Ouani devienne l’une des grandes villes les plus rayonnantes des Comores et Ouani l’est grâce à eux. Elle doit continuer à l’être pour nous et les générations à venir.
A titre posthume, nous tirons la révérence devant Saïd Toiha (Baco Moegné), Saïd Abdou Bacar Nomane, Saïd Abdou Sidi et Saïd Andria Zafi.
 
Le premier pour avoir créé la première école privée de la ville dans l’objectif de ne plus avoir un enfant de six à sept ans non scolarisé, le second qui a été le premier à être ministre et dont les louanges dépassent les frontières de la ville, le troisième a accompagné plusieurs années la jeunesse et le dernier a beaucoup contribué au niveau de l’enseignement primaire par son dévouement et son engagement à instruire ceux qui l’ont fait pour nous. Cette liste vient de s’ouvrir et n’est pas prête de se fermer ; beaucoup d’autres personnes disparues ou vivant tels que les enseignants apparaîtront à la prochaine édition.
Ansaly Soiffa Abdourrahamane
 
Article paru en 2003 dans le n° 0 de Jouwa, bulletin d’information de OUANI
 
 
 
 
LES ENFANTS DE LA VILLE DE OUANI
ET L’HISTOIRE   DES COMORES
 
 Beaucoup d’enfants de la ville de OUANI ont marqué et marqueront toujours l’histoire de leur pays : les îles Comores.
 
 En voici quelques uns dans différents domaines.
 La liste n’est pas exhaustive
 
 I) LITTERATURE
 
LITTERATURE ORALE
 
ABDEREMANE ABDALLAH dit BAHA PALA
 
Grand connaisseur du passé comorien décédé brusquement en 1988.
Actuellement, un projet de publication de sa biographie est en étude.
On trouve beaucoup de ses témoignages sur l’histoire des Comores dans le tome 2 de l’excellente thèse de SIDI Ainouddine sur la crise foncière à Anjouan soutenue à l’INALCO en 1994 
 
LITTERATURE ECRITE
 
Mohamed Ahmed-CHAMANGA
 
Grand linguiste des Comores
 
 Né à Ouani (Anjouan) en 1952, Mohamed Ahmed-Chamanga, diplômé de swahili et d'arabe, a fait des recherches linguistiques sur sa langue maternelle. Il enseigne la langue et la littérature comorienne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il est l'auteur d'une thèse, de plusieurs articles, ainsi que d'un recueil de contes de l'île d'Anjouan : Roi, femmes et djinns (CLIF, 1998). Président de l'Association Fraternité Anjouanaise, Mohamed Ahmed-Chamanga a fondé, en 1997, le journal Masiwa.
 Il enseigne actuellement la langue et la littérature comoriennes à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris (INALCO).
 
AINOUDINE SIDI
 
 Historien & grand spécialiste de l’histoire foncière des Comores 
 
 Né à OUANI, en 1956. Il a fait des études d’histoire à l’université de DAKAR (SENEGAL) et a préparé un doctorat d’études africaines à l’INALCO (PARIS)  Il est actuellement chercheur et Directeur du CNDRS (Centre National de Documentation et de Recherches Scientifiques) à MORONI.
 
 II) MUSIQUES & CHANTS
 
DHOIFFIR ABDEREMANE
 
Un des fondateurs de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Avec ses chansons axées sur la contestation sociale. Il fait partie des premiers artistes qui ont introduit aux années 60 une nouvelle forme de musique aux COMORES.
 
C’est un homme très discret mais plein de talents. On se souviendra toujours de ses productions à la salle AL CAMAR de MORONI.
 
FOUDHOYLA CHAFFI
 
 Une des premières femmes comoriennes à avoir fait partie d’un orchestre musical.
 Il s’agit là d’un engagement incontestable de la part d’une femme comorienne.
 Elle a commencé à jouer un rôle important dans la chanson à partir de 1975 comme chanteuse principale de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Sa voix d’or résonne toujours dans le cœur de tous ceux qui ont vécu dans notre pays de 1975 à 1978. On ne passait pas en effet, une seule journée sans entendre une de ses chansons sur l’égalité des sexes, l’unité des Comores, le changement des mentalités… à la radio nationale.
 
 III) POLITIQUE
 
Le sultan ABDALLAH III
 
 De mère ouanienne, il est l’un des grands sultans qui ont régné dans l’archipel des Comores au 18eme siècle et plus précisément sur l’île d’Anjouan.
 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED
 
La première femme ministre et élue député des COMORES
 
Né le 06 juillet 1952 à OUANI. Elle a enseigné pendant plusieurs années le français et l’histoire géographie dans différents collèges du pays avant d’être nommée secrétaire d’Etat à la condition féminine et à la population en 1991.
De 1991 à 1996 elle a assumé de hautes responsabilités politiques : Haut commissaire à la condition féminine, Ministres des affaires sociales, conseiller spécial du président de la république, secrétaire général adjoint du gouvernement, élue députée ….
Actuellement, elle est enseignante à l’IFERE et Présidente du FAWECOM.
 
Article publié sur le site de l'AOFFRAC (www.aoffrac.com)
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

28 octobre 2008 2 28 /10 /octobre /2008 09:26

Source Alwatwan 27 octobre 2008

Maitre Fahmi S. Ibrahim, vous êtes à la tête du Pec, Parti pour l’Entente Comorienne. Croyez-vous que les comoriens ne s’entendent pas?

Je pense qu’il est difficile d’avoir l’unanimité de tout un peuple. Il y a des positions pour les uns et pour les autres, c’est normal. On ne peut pas parler de mésentente, mais plutôt de divergence d’opinions.

Et si divergence il y a, doit-on imputer la responsabilité aux personnes ou aux institutions?

Je pense que quelque soit la position des uns et des autres, il faut qu’il y ait un dénominateur commun : tout doit converger vers l’intérêt de la Nation. Il appartient à chacun d’exposer sa vision et c’est au peuple de lui donner raison ou pas.

Justement, quelle est votre vision à propos de la révision constitutionnelle annoncée par le chef de l’Etat? Et que propose le Pec s’il y adhère?

Le Pec est clair là-dessus. Nous nous sommes prononcés, avant même l’intervention du chef de l’Etat, en faveur d’une réforme de nos institutions, tout en préservant l’essentiel. Je crois en tout cas que la plupart de nos concitoyens sont persuadés qu’il y a dysfonctionnement dans nos institutions. Nous sommes témoins des divergences de fond qui opposent les différentes institutions depuis 2002. De temps en temps, c’est à cause de la mauvaise foi de certains politiques, mais surtout aussi de la mauvaise lecture que nous faisons de notre loi fondamentale et de la complexité de celle ci, notamment à propos de l’article 9, relatif au partage des compétences.

Sur ce volet des compétences, j’ai dit autrefois que, par exemple, la loi fondamentale n’attribue pas de pouvoir judiciaire aux exécutifs insulaires. J’ai été interpellé sur le fait qu’il y a l’article 28 qui dispose qu’une loi organique porte organisation de la justice dans l’Union et dans les îles, et que les îles ont de ce fait leur part de compétence dans la justice. Or, cet article 28 dispose qu’une loi organique portera organisation, mais pas attribution. Il y a lieu, me semble t- il, de distinguer une compétence d’organisation et une compétence d’attribution. Le Pec, en outre, propose que l’on supprime les compétences partagées et qu’on définisse clairement les compétences des uns et des autres, afin d’éviter toute interprétation.

A propos de réformes, dans un récent communiqué, Idriss Mohamed, du Front Démocratique, craint que la révision ne porte atteinte à la loi fondamentale en touchant à l’autonomie des îles. Ne partagez-vous pas cette inquiétude?

Je ne veux pas porter de jugement sur l’opinion des autres, mais il me semble que dans l’article 37 du titre 6 de la loi fondamentale, il est clairement indiqué qu’‘‘aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’unité nationale ou à l’autonomie des îles’’. Il n’y a donc pas lieu de débattre là-dessus. Bien que foncièrement contre la tournante, je crois tout de même qu’il faut la maintenir, pour ne pas attiser des velléités sécessionnistes des Mohéliens. Permettez-moi de vous rappeler que le concept ‘‘d’embargo’’ fut l’œuvre de certains leaders mohéliens avant sa mise en pratique quelques années plus tard par nos frères anjouannais.

Mais proposer par exemple des gouverneurs et des commissaires à la place des présidents des îles et de leurs ministres, n’est-ce pas toucher à l’Autonomie?

Pas du tout! Et là ça devient intéressant parce que, souvent, nous faisons dire à la Constitution ce qu’elle n’a jamais dit ! La constitution de l’Union n’a fait qu’évoquer l’exécutif des îles. Un exécutif de l’île peut avoir à sa tête aussi bien un président qu’un gouverneur. Ce sont les lois fondamentales des îles qui ont introduit cette appellation de président. Elles auraient pu les appeler des gouverneurs sans que cela affecte l’autonomie insulaire.

Et si c’est le mode même de désignation de ces chefs des exécutifs qui subissait une réforme, c’est-à-dire nommer au lieu d’élire?

Dès lors qu’on est nommé il n’y a plus d’autonomie. Il faut maintenir l’expression populaire pour la désignation des chefs des exécutifs des îles. Il faut laisser la population dans chaque île s’auto-administrer dans une certaine limite mais sans confondre leurs statuts à celui du chef de l’Etat.

Vous n’êtes donc pas d’avis que l’on supprime certaines élections pour faire des économies du budget national, comme le veulent certains?

Je pense que la démocratie comme l’autonomie ont un prix, il faut qu’on l’accepte.

Le référendum à Maore pour son éventuelle départementalisation est fixé pour bientôt. Certains acteurs politiques pensent donc que le moment est inopportun pour organiser une table-ronde sur la révision constitutionnelle, car ceci pourrait ‘‘distraire’’ les comoriens vis-à-vis de cette question majeure. Qu’en pensez-vous?

Il ne faut pas mélanger les genres. Un Etat peut s’occuper de plusieurs questions à la fois. Je ne partage pas cette manière de voir.

Pour ce qui est justement de la question de Maore, pensez-vous que le dialogue est franc entre Français et Comoriens? Pour rappel, M. Douchina, le président du conseil général mahorais, disait que la reconnaissance de Mayotte-française par la partie comorienne était un préalable aux négociations au sein du Groupe de Travail de haut niveau franco-comorien. Parallèlement, Yves Jégo, le secrétaire général français à l’Outre-mer, a révélé que l’appartenance de Mayotte à la France n’a jamais été contestée par les délégués comoriens à ce Gthn.
Ce que je déplore, justement, c’est l’absence de dialogue. Je pense que la partie comorienne ne communique pas, et c’est regrettable. Mais il va de soi que la politique comorienne sur cette question menée depuis trente ans, n’a produit aucun effet positif pour l’archipel. Mon parti et personnellement encourageons le dialogue. Je pense qu’on ne bâtît rien dans la haine et le mépris de son prochain. Il faut encourager le dialogue dans le respect et laisser l’avenir accomplir son œuvre.

D’autre part, l’on spécule beaucoup sur votre attitude envers les étrangers présents aux Comores. C’est quoi cette histoire?

Je suis choqué par les insinuations du porte-parole du parti Muroua dans un article paru dans La Gazette des Comores, lesquelles frôlent la malhonnêteté intellectuelle pour ne pas parler de manipulation. Citant les propos racistes d’un notable à l’égard des indiens et en présence du président Abdulwahabi, il a aussi parlé dans le même texte de ceux qui s’opposent à ce que ces étrangers viennent vendre des tomates et des sardines au marché à la place des Comoriens. C’est un amalgame malheureux, inadmissible et irresponsable.
Pour ma part, ma vision sur cette question des étrangers a toujours été claire. Il va de soi que les étrangers dont je dénonce la situation dans mes propos ne sont pas ces Indiens installés dans le pays depuis des dizaines voire une centaine d’années. Je ne parle pas de Punja, de Amound, de Kalfane ni de Sam. Pour moi ce sont des Comoriens.
Je parle de ces étrangers dont on ne sait même pas d’où ils viennent, et qui se trouvent au marché en train de vendre des œufs ou du poisson séché, aussi bien indiens, arabes, africains que malgaches. Je refuse cette immigration improductive. Quant aux propos racistes qui seraient tenus par ce notable de la place, si cette affirmation était vérifiée, je ne peux que les condamner. Le racisme est non seulement contraire aux valeurs humanistes que je défends mais également contraire à l’éducation que j’ai reçue.

Vous êtes donc un adepte de l’immigration choisie, de Sarkozy.

Je ne sais pas de qui, mais je sais que ce pays a besoin de vrais investisseurs. Alors, que ceux qui viennent, viennent investir, créent de la valeur ajoutée, créent des emplois! Comme la société Comoro Gulf Holding qui rénove l’hôtel Itsandra, ou Assim propriétaire de l’hôtel Le Moroni qui produit de l’eau minérale…, des étrangers qui investissent. Alors, pardonnez-moi monsieur le porte-parole du Muroua, mais je continuerai à défendre les épiciers, les commerçants tout comme les professions libérales comme les médecins nationaux sans complexe pour l’intérêt économique de mon pays mais sans haine non plus pour les étrangers. Aucun pays de la planète n’acceptera, dans le contexte économique mondial actuel, une immigration d’épiciers!

Le mot de la fin… Et si vous pouvez nous dire ce qui distingue le Pec des mille et un partis qui poussent aux Comores jusqu’à présent?

C’est au peuple de faire la différence. Mais, j’espère faire de la politique autrement. Je continuerai à faire de la politique constructive. Je refuse de m’opposer systématiquement à l’équipe dirigeante. Je continuerai à respecter la légalité républicaine. Je respecterai les élus de mon pays quels qu’ils soient. Je jouerai le rôle d’opposant quand il le faudra, mais dans le respect de la légalité et de la légitimité. Je m’opposerai aussi bien contre les gouvernants que contre mes frères opposants s’il le faut! Je reconnaîtrai de même les bienfaits de tout le monde, qu’ils soient de l’Union ou des midjidjengo. Vous parlez de mille et un partis, mais je crois qu’il n’y en a pas cinq qui ont des élus. Je crois qu’il y a lieu d’introduire la notion de légitimité (dans ces formations politiques, ndlr) et demander que ces partis se présentent aux élections à venir à commencer par les leaders pour donner l’exemple. C’est une conquête de la légitimité. Je ne sais pas ce que le Pec vaut actuellement, mais on le saura bientôt, dans les prochaines législatives.

Propos recueillis par Sardou Moussa
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commentaires

S
Je partage entièrement la vision de maître fahmi.Ce monsieur incarne le changement et se démarque de nos politiciens démagogues et de la politque politicienne.Faire de la politique autrement est la devise du PEC.Nos compatriotes ne venez pas nous dire encore une fois que vous n'aviez pas le choix ou que vous vous êtes trompés ,assumons nos actes lors des elections.
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