Ci dessous un discours très intéressant prononcé par Monsieur Said Dhoifir Bounou, le Président de l'Assemblée de l'Union le 13 octobre dernier lors de l'ouverture de la séssion parlementaire ordinaire.
UNION DES COMORES
Unité - Solidarité –
Développement |
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Discours d’ouverture de la session Parlementaire Ordinaire d’octobre 2008 prononcé le lundi 13 octobre 2008 par son Excellence le Président de l’Assemblée de l’Union Monsieur SAÏD DHOIFIR Bounou,
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- Madame et Messieurs les membres du Gouvernement ;
- Madame, Messieurs les Représentants du Corps Diplomatique et des
organismes Internationaux ;
- Mes chers Collègues députés;
- Distingués invités, Honorable Assistance,
Assalam Anlaikoum,
Je voudrais tout d’abord vous remercier d’avoir bien voulu prendre part à cette séance solennelle d’ouverture de la 2ème session parlementaire ordinaire de l’année 2008.
Cette session budgétaire débute dans un contexte national et international mouvementé et riche en évènements.
Sur le plan international, la crise immobilière qui a éclaté aux Etats-Unis s’est transformée en crise financière très sérieuse et nous assistons à des ratés du système bancaire mondial consécutifs à la faillite du système bancaire américain, et toutes les mesures essayées jusqu’à ce jour n’ont réussi ni à stabiliser le phénomène, ni à le rendre contrôlable ou clairement prévisible. Si jusqu'à ce jour l’Afrique est relativement épargnée, la crise n’est pas encore maîtrisée et ses conséquences restent encore largement ignorées.
Du coté de la Russie les événements récents en Georgie ont agité le spectre de la guerre froide. Mieux encore, ils ont révélé la philosophie de deux poids deux mesures de certaines puissances qui exigent l’application des règles internationales qui préservent l’intégrité territoriale de la Géorgie, et dénient aux Comores ce même droit en ce qui concerne Mayotte. Doit on comprendre qu’il existe deux « droits des peuples à disposer d’eux-mêmes » l’un applicable en Géorgie pour ce qui est de l’Ossétie du sud et de l’Abkhazie et l’autre nul et non avenu aux Comores s’agissant du cas de Mayotte?
En Afghanistan, au Pakistan et en Irak, la lutte de la communauté internationale contre le terrorisme, connait de jour en jour des rebondissements dramatiques qui ne laissent pas présager une fin prochaine de ces conflits, malheureusement.
Un bonne nouvelle cependant : en République Populaire de Chine après la brillante organisation des Jeux Olympiques 2008 on assiste à l’ entrée de ce pays dans le club restreint et prestigieux des puissances spatiales en réussissant son premier vol habité vers l’espace avec sortie du spationaute ; nous saluons cet exploit.
Sur le continent africain, malgré quelques percées de la démocratie dans certains pays, à l’instar de l’Angola qui vient de connaître ses premières élections depuis l’indépendance, la majorité des pays continuent à connaître une instabilité chronique due à des guerres civiles, des dictatures politiques souvent violentes, des économies exsangues à cause de la corruption et du pillage plus ou moins organisé par les grandes multinationales et les pouvoirs en place.
Toujours au niveau du continent africain une forme nouvelle de banditisme organisé a fait son apparition avec la piraterie maritime qu’on croyait appartenir à l’histoire et qui fait peser une grande menace sur la paix et la sécurité dans la région du nord-ouest de l’Océan Indien.
On y assiste toutefois à une éclaircie prometteuse que nous saluons au passage : c’est la réconciliation entre le Cameroun et le Nigeria, après le règlement du conflit frontalier qui les opposait sur la presqu’île de Bakassi.
Les Comores s’inscrivent en bonne place sur le registre de ces pays qui subissent de plein fouet les effets pervers de ce vaste mouvement de déstabilisation tous azimuts aggravé par une profonde crise alimentaire mondiale qui risque d’être de longue durée.
Sur le plan économique, nous assistons à une véritable paralysie du pays due au départ, au non renouvellement du contrat de livraison d’hydrocarbures avec la société française TOTAL.
Le gouvernement rejette le terme de rupture de contrat et parle de fin de contrat. Soit. On peut cependant déplorer l’imprévoyance du gouvernement qui n’a pas pensé à la période de soudure entre la fin du contrat avec TOTAL et l’entrée en vigueur d’un nouveau contrat avec un autre fournisseur.
On peut supposer au vu de l’enthousiasme du gouvernement vis-à-vis d’une licence d’importation du brut obtenue ou promise auprès du gouvernement iranien, qu’il s’est laissé emporté et n’a pas prévu les conséquences immédiates du non renouvellement du contrat avec son ancien partenaire.
En outre, la nouvelle convention signée entre le gouvernement et Metro petroleum de Kenya, sensée instaurer la régularité dans les livraisons de carburant pour une période minimum de 6 mois, n’a hélas aucun impact positif sur les pénuries de carburant qui alternent : Quand il y a de l’essence il n’y a pas de gasoil. Quand il y a du gasoil il y a pas d’essence et quand il y’a les deux, c’est le pétrole lampant qui manque.
Cette situation qui perdure a fait des Comores le pays du Dépannage, ce qui est très préjudiciable à l’économie et entraîne une hausse vertigineuse des prix des denrées de consommation courante.
Ajoutée aux arriérés de salaires dont le nombre de mois échappe même au Président de l’Union, cette hausse de prix grève dangereusement les revenus de la population en général et des fonctionnaires en particulier, notamment pendant le mois sacré du ramadan qui vient à peine de s’achever, mois de grosses dépenses par excellence.
Un événement économique déstabilisateur plus récent celui la, est la baisse des taux forfaitaires de dédouanement des conteneurs sur la simple initiative du directeur général des douanes qui a fait fi de la loi des finances 2008 et certainement par la même occasion, de l’Assemblée de l’Union qui l’a votée.
Je crois même qu’il y a lieu de se demander à quoi bon de voter des lois si un simple fonctionnaire peut marcher dessus sans que cela prête à conséquence ?
Sur le plan des relations entre les institutions, nous assistons depuis plusieurs mois à des attaques en règle contre les institutions de la république (Union et îles autonomes confondues) de la part du Président de l’Union.
Tantôt c’est le pouvoir judiciaire dont les magistrats sont accusés d’être « des mercenaires », tantôt ce sont les Présidents des îles qui sont accusés de freiner le développement du pays.
Les fonctionnaires quant à eux sont accusés d’être des gens improductifs, budgétivores, qui ne font que « bouffer » le budget eux seuls, au détriment des autres catégories sociales.
La déstabilisation de la cour constitutionnelle dont le Président et certains membres furent changés entre les deux tours de l’élection du Président de l’île autonome d’Anjouan pour des raisons électoralistes partisanes, n’est pas pour rassurer les Comoriens quant à la volonté de bonne gouvernance affichée par le chef de l’Etat.
Dans ce concert d’invectives frisant l’insulte contre les institutions, le morceau choisi est constitué par la haine vouée à l’Assemblée de l’Union, institution sensée contrôler l’action du gouvernement au nom du peuple mais qui ne peut pas le faire parce qu’on la prive des moyens de le faire.
Non seulement comme cela est clair pour tout un chacun le gouvernement essaie de paralyser l’Assemblée par strangulation financière et matérielle, mais encore le Président de la République l’accuse de ne pas faire son travail et de toucher des salaires indus.
Le comble de cette attaque haineuse contre l’Assemblée de l’Union est le fait que le Président de l’Union ait déclaré dans son discours de l’ide el fitr que durant la session d’octobre 2007, l’Assemblée n’a voté qu’une seule loi, la loi des finances.
Cette bourde du Président montre à quel point il est mal servi par ceux qui sont en charge de l’informer sur les affaires parlementaires ou peut être à quel point il ne leur prête qu’une oreille distraite.
Pour rappel et rectification voici la liste des lois examinées et adoptées par l’Assemblée de l’Union des Comores durant la session d’octobre 2007 :
1. Loi organique N°07-009/AU bis déterminant les conditions et les modalités de l’élection des Députés de l’Assemblée de l’Union et de son Président, le régime des inéligibilités et des incompatibilités adoptée le 7/12/07,
2. Délibération N°08-001/AU portant élection des membres du Bureau de l’Assemblée de l’Union adoptée le 15/01/08,
3. Loi N°08-002/AU portant loi des Finances Exercice 2008 adoptée le 15/01/08,
4. Loi N°08-003/AU autorisant le Président de l’Union à ratifier le protocole de KYOTO à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques adoptée le 16 janvier 2008,
5. Loi N°08-004/AU autorisant le Président de l’Union à ratifier le Protocole fixant la date et la durée de l’accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre le Gouvernement de l’Union des Comores et la communauté Economique Européenne adoptée le 12/01/08,
6. Loi N°08-005/AU portant Code de l’Aviation Civile de l’Union des Comores adoptée le 16/01/08,
7. Loi N°08-006/AU portant statut du personnel parlementaire en Union des Comores adoptée le 12/01/08,
8. Loi N°08-007/AU relative aux technologies de l’information et de la communication (TIC) adoptée le 15/01/08,
9. Loi N°08- 008/AU autorisant le Président de l’Union à ratifier la Convention relative à l’article 83 bis de l’Aviation Civile internationale adoptée le 16 janvier 2008.
La même erreur le Président de la République l’a faite sur le décompte des lois votées à la session d’Avril de cette année.
C’est l’occasion de rappeler à Monsieur le Président que conformément à la constitution en vigueur dans ce pays et qui n’est pas encore modifiée, l’initiative des lois appartient concurremment aux députés et au gouvernement et qu’une fois le texte adopté, il dévient simplement une loi et s’impose à tous, qu’il ait été initialement déposé sous forme de projet ou de proposition.
Ceux qui sont intéressés à mieux comprendre la position de Monsieur le Président SAMBI face aux institutions
républicaines, peuvent réécouter son interview réalisée à R.F.I quant il était encore candidat aux élections présidentielles de 2006, dans une émission intitulée le Grand reportage, et ils
entendront ceci : « toutes ces institutions, parlement et autres, ne sont que des inventions sataniques. Seules les lois divines sont universelles et éternelles et je suis convaincu que le drapeau de l’islam finira par flotter sur le monde entier » « sans commentaire ». (...)
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