Agence comorienne de presse (HZK-Presse)
Comores / Politique & institutions
Moroni,
mardi 16 septembre 2008 (HZK-Presse) – Comme prévu, et pour la première fois de l’histoire des Comores indépendantes, le Groupe de travail de haut niveau (GTHN) se réunit à Mayotte du 17 au 18 septembre pour le
3ème round des négociations franco-comoriennes, après avoir été lancé à Moroni à l’occasion de la visite des Secrétaires d’Etat français à la Coopération et à la Francophonie Alain
Joyandet et à l’Outre-Mer, Yves Jego, qui ont séjourné aux Comores du 15 au 16 mai 2008.
Une visite qui avait provoqué un tollé chez les parlementaires comoriens et les organisations de la société civile militant pour la réintégration de Mayotte au sein de son giron naturel. Le premier round qui s’est déroulé les 4 et 5 juin au Quai d’Orsay [siège du ministère français des affaires étrangères] avait permis aux délégations des deux pays, composées essentiellement de techniciens et hauts fonctionnaires, de se pencher sur trois grands dossiers jugés « brûlants », à savoir la circulation des personnes et des biens, la coopération régionale ainsi que les modalités institutionnelles de la coopération régionale.
Il s’agissait de redynamiser de la coopération bilatérale et d’officialiser le GTHN dont la mission est de contribuer à « l’intensification des relations entre les îles de l’Archipel et l’élaboration d’un plan de mise en œuvre des engagements pris entre les deux parties dans le Document Cadre de Partenariat (DCP) » signé en octobre 2006.
Voulant sans doute ménager les susceptibilités des mahorais, représentés au sein de la délégation française par des élus et des représentants de l’Etat, et sans pour autant totalement ignorer la dimension diplomatique liée à la revendication comorienne sur l’île de Mayotte, les uns et les autres ont convenu d’utiliser des termes plus consensuels, s’abstenant d’évoquer à ce stade des discussions la résolution du contentieux territoriale opposant le gouvernement comorien à la France et qui a fait l’objet de nombreuses résolutions des Nations Unies.
C’est ainsi que l’on préfère se contenter de donner « un nouvel élan aux relations franco-comoriennes en intensifiant la coopération entre les îles de l’Archipel », avec en ligne de mire la conclusion d’un accord global qui pourrait être signé au début de l’année 2009 entre le président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi et son homologue Nicolas Sarkozy.
« Pour le rapprochement des îles de l’archipel d’abord… »
Les deux Chefs d’Etat en sont les initiateurs, depuis leur première rencontre du 28 septembre 2007 à Paris. Mais pour y arriver, il a fallu imaginer une nouvelle approche, qui se veut « plus pragmatique et réaliste », selon le ministre des relations extérieures Ahmed Ben Said Jaffar qui estime « qu’après plus de 30 ans de séparation avec Mayotte, le plus important est d’abord de rapprocher les personnes en multipliant les échanges dans tous les domaines ».
Le processus consiste à engager un nouveau type de dialogue avec la France, à travers un format qui inclut désormais les mahorais, sans pour autant aborder l’épineuse question du statut politique de cette quatrième île des Comores, toujours sous occupation de l’ancienne puissance colonisatrice. Et ce, à un moment où se prépare un référendum début 2009, en vue de doter Mayotte d’un statut dit « définitif », de « département d’outre-mer », consacrant son encrage au sein de la république française.
D’où la controverse qui en a suivi, et qui est loin de s’apaiser, notamment au sein de la société civile qui ne cesse de dénoncer ces pourparlers franco-comoriens considérés comme une « renonciation » de Moroni à sa souveraineté sur Mayotte. Le GTHN continue ses travaux cette fois-ci en terre mahoraise, tout un symbole qui ne manquera pas d’imprimer ses marques, et soulever d’autres interrogations et débats dans les semaines et mois à venir.
A Moroni, l’opinion attend surtout de connaître les conclusions de ce 3ème round, après le black out qui a suivi celui de juillet dernier dans la capitale comorienne, et dont rien n’a filtré. La délégation comorienne a quitté Moroni ce mardi, pour rejoindre les membres du « Groupe de tête », sous l’autorité duquel travailleront les deux « sous groupes » sectoriels dont le premier s’occupe du volet « Circulation des personnes et des biens » et l’autre « la Coopération régionale ». La délégation comorienne est conduite par M. Soulaimana Mohamed Ahmed, ambassadeur des Comores à Paris, assisté par l’Ambassadeur Mahamoud Soilihi dit Lamartine.
El-Had Said Omar
160908/eso/hzkpresse/6h00