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  • : HALIDI-BLOG-COMORES, Blog des COMORES
  • : BLOG DES COMORES GERE DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013 PAR MARIAMA HALIDI
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A SAVOIR

QU'EST CE QUE LA LANGUE COMORIENNE ?

Pour répondre à cette question pertinente, nous vous proposons ci- dessous l'interview du grand linguiste et spécialiste de la langue comorienne, Mohamed-Ahmed Chamanga

 

 
INTERVIEW DE CHAMANGA PAR RFO EN 2004
 
 
 Le comorien est une langue composée de mots africains, de mots arabes voire parfois de mots portugais et anglais. D'où vient la langue comorienne ?

M.A.C : Le fonds lexical de la langue comorienne est essentiellement « africain » comme vous le dites, et plus précisément bantu. Les emprunts au portugais ou à l'anglais sont relativement faibles. Par contre, l'apport arabe est très important. Cela s'explique par la très forte islamisation des Comores, depuis la Grande Comore(Ngazidja) jusqu'à Mayotte (Maore) en passant par Mohéli (Mwali)et Anjouan (Ndzuwani). Malgré ces emprunts, le comorien (shikomor) reste, sur le plan de sa structure grammaticale, une langue bantu.

Qu'appelle t-on une langue bantu ?

M.A.C : Le bantu est une famille de langues, la plus importante d'Afrique. Les langues qui composent cette famille couvrent pratiquement toute la partie australe du continent noir.

Y a t-il encore aujourd'hui en Afrique ou à Madagascar des populations qui parlent une langue similaire au comorien ?

M.A.C : Bien sûr ! On trouve par exemple le swahili en Tanzanie, le lingala au Congo Démocratique, le kikongo au Congo, le zulu en Afrique du Sud, le shona au Zimbabwe-Mozambique, le tswana au Botswana, le kinyarwanda-kirundi au Rwanda-Burundi, etc. Comme ces langues appartiennent à la même famille, elles ont forcément beaucoup de points communs dans la structure des mots, leurs répartitions dans les phrases, les accords grammaticaux, etc. Elles ont aussi un minimum de vocabulaire commun.
Prenons par exemple le mot bantu ! Ce mot est attesté dans certaines langues, comme le lingala, et il signifie « hommes ». C'est le pluriel du mot muntu qui veut dire « homme » au singulier. Dans d'autres langues, ces mots se déclinent au pluriel en watu (swahili), wantru ou watru ou en encore wandru (shikomor) ; au singulier, nous avons respectivement mtu, muntru, mtru, mndru.
Prenons encore l'exemple de la phrase kinyarwanda suivante qui signifie : « Combien d'hommes ? » : Abantu bangahe ? Nous avons en comorien les équivalences suivantes :Wantru wangapvi ?Watru wangapvi ?Wandru wanga(pvi) ? et en swahili :watu wangapi ?

Ne pensez-vous pas qu'il y a beaucoup de ressemblance dans tout ça ?

M.A.C : A Madagascar, jusqu'au milieu du XXe siècle, il y avait quelques poches bantuphones sur la côte nord-ouest. Mais les langues africaines qui y étaient parlées, le swahili à Marodoka ou le makua à Maintirano, ont aujourd'hui disparu. Le malgache appartient à une autre famille de langues : les langues austronésiennes comme par exemple les langues indonésiennes.

Le comorien est souvent comparé au swahili, parfois on a même dit que le comorien en était dérivé ?

M.A.C: Selon les résultats des recherches des trois dernières décennies, il est prouvé que le comorien et le swahili sont génétiquement issus d'une même souche-mère, d'où leur très grande parenté. Mais les deux langues se seraient séparées aux environs du XIIème siècle. On peut donc dire que ce sont deux langues soeurs. Si la confusion a pu se maintenir jusqu'à une période pas très lointaine, c'était à cause de la très grande proximité des deux langues, mais aussi parce que les sultans des Comores parlaient swahili et beaucoup de correspondances et traités avec les pays voisins ou les puissances étrangères étaient rédigés en swahili qui étaient à l'époque la plus importante langue de communication et du commerce de cette région de l'océan indien occidental.
Par combien de personnes est parlée la langue comorienne?
M.A.C:On peut estimer que la langue comorienne est parlée aujourd'hui par un million de personnes environ : les 750 000 habitants de l'archipel des Comores plus la très importante diaspora comorienne, que l'on peut retrouver notamment à Madagascar, à Zanzibar ou encore en France.

Est-elle enseignée à l'école ? Si non pourquoi ?

M.A.C: Malheureusement, elle ne l'est pas. Pourquoi ? Parce que : Premièrement, la colonisation française, avec sa mission « civilisatrice », n'avait jamais reconnu au peuple dominé une quelconque culture ou civilisation et que les langues des dominées n'étaient pas des langues mais, avec un sens très péjoratif, des dialectes qui n'avaient ni vocabulaire développé ni grammaire.
Deuxièmement, le pouvoir très centralisateur de l'Etat français avait imposé le français comme la seule langue de l'administration partout. Cela était vrai dans les colonies, mais aussi en métropole. C'est ainsi qu'on a banni l'enseignement du breton en Bretagne, du basque au Pays Basque (Sud-Ouest de la France).
Troisièmement enfin, nous avons nous-mêmes fini par admettre que notre langue est pauvre et sans grammaire. Elle ne peut donc pas être enseigné. Il faut encore souligner qu'avec l'instabilité chronique des Comores indépendantes, aucune réflexion sérieuse n'a pu être menée sur la question. Pourtant, les pédagogues sont unanimes : pour permettre l'épanouissement des enfants, il est nécessaire que ces derniers puissent s'exprimer pleinement dans leur langue maternelle...

Y a t-il une ou des langues comoriennes ?

M.A.C:Nous avons la chance d'avoir une seule langue comorienne, depuis Ngazidja jusqu'à Maore. Mais comme toute langue, le comorien se décline en plusieurs dialectes qui en sont les variantes régionales : le shingazidja à la Grande Comore, le shimwali à Mohéli, le shindzuani à Anjouan et le shimaore à Mayotte.

Comment expliquer l'apparition de divers dialectes sur un territoire aussi exiguë que les Comores ?

M.A.C : Ce phénomène n'est pas spécifique au comorien. Toute langue est formée de plusieurs dialectes. La dialectalisation s'accentue lorsqu'il y a peu de communications et d'échanges entre les régions. A l'inverse, le déplacement d'une population qui parle un dialecte donné vers une autre région où l'on parle un autre dialecte peut également entraîner des changements dans les deux dialectes. Pour le cas des Comores, le facteur du peuplement par vagues successives au cours de l'histoire explique aussi le phénomène.
Les différences dialectales peuvent aussi s'observer à l'intérieur de chaque île. C'est ainsi, par exemple en Grande Comore, que la manière de parler des gens de Mbéni dans la région du Hamahamet diffère du parler des gens de Fumbuni dans la région du Mbadjini. Il en est de même à Anjouan entre les gens de Mutsamudu, sur la côte nord, et ceux du Nyumakele, dans le sud-est de l'île, ou encore, à Mayotte, entre Mamoudzou et Kani Bé ou Mwana-Trindri dans le sud, etc.

Un mot sur la langue mahoraise.

M.A.C:Le shimaore appartient au même sous-groupe dialectal que le shindzuani. C'est dire qu'il faut souvent écouter attentivement pour percevoir les différences entre ces deux dialectes. Le shimaore fait ainsi partie intégrante de la langue comorienne.

Le comorien s'enrichit-il ou s'appauvrit-il (avec le phénomène de créolisation de la langue) ?

M.A.C : Parler à l'heure actuelle de créolisation de la langue comorienne est quelque peu exagéré. Certes elle ingurgite aujourd'hui beaucoup de mots d'origine française. Mais cela reste « raisonnable ». Le comorien a emprunté énormément de vocabulaire d'origine arabe, environ entre 30 et 40 % du lexique, pourtant on ne parle pas de créole arabe, et cela à juste titre. En effet, ce qui fonde une langue, ce ne sont pas seulement les mots. Ce sont surtout sa structure grammaticale et sa syntaxe. De ce point de vue, le comorien ne ressemble ni à l'arabe ni au français.
On ne peut pas dire que le comorien s'appauvrit. Essentiellement oral, il répond parfaitement à nos besoins de communication. Il est toutefois évident qu'une langue écrite possède un stock lexical beaucoup plus étendu qu'une langue orale. Ne vous inquiétez pas pour le comorien. Si un jour, on décide de l'écrire, de l'enseigner et de l'utiliser dans l'administration, il ne pourra que s'enrichir. Il s'enrichira en se forgeant des mots nouveaux ou en empruntant d'autres ailleurs, comme cela se fait dans les langues dites de « grande civilisation ».

Où en est actuellement la recherche sur la langue comorienne ?

M.A.C: La recherche sur la langue comorienne avance ; trop lentement peut-être, mais elle avance. Nous avons aujourd'hui une meilleure connaissance sur elle qu'il y a vingt ans. Malheureusement, c'est un domaine qui intéresse peu de monde, aussi bien chez les nationaux que chez les chercheurs étrangers.

Pensez-vous qu'un jour tous les Comoriens parleront la même langue ? Et sur quoi se fonderait cette sédimentation en une seule langue « nationale » ?

Mohamed Ahmed-Chamanga : Nous parlons déjà la même langue. Ce qui nous manque, c'est une langue standard, comme en Tanzanie avec le swahili, à Madagascar avec le malgache, ou en encore au Zimbabwe avec le shona, etc. Pour arriver à ce stade, il faut qu'il y ait une réelle volonté politique, une prise de conscience chez les Comoriens de vouloir mieux apprivoiser leur propre culture et que soit mise en place une équipe de chercheurs qui se pencherait sur la question et qui proposerait cette langue standard qui serait utilisée dans tout l'archipel des Comores.

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CI-DESSOUS LES NEWS  RECENTES  DES COMORES

 

 

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A PROPOS DE OUANI

Ouani et ses grands hommes
 
 
L’être humain est insignifiant puisque le corbeau et beaucoup d’autres espèces d’arbres vivent plus longtemps que lui. De ce court séjour dans ce bas monde à la différence d’autres êtres vivants, l’homme peut marquer de son empreinte l’histoire.
A OUANI, ce genre d’homme malgré sa rareté, a existé et continu à exister jusqu’à nos jours. En ouvrant ce nouveau chapitre, quelques dignitaires en collaboration avec le comité de pilotage de la ville ont tenu à rendre hommage beaucoup d’hommes et de femmes qui ont fait du bien à cette ville.
En dehors de tout jugement, ils ont fait de leur mieux pour que Ouani devienne l’une des grandes villes les plus rayonnantes des Comores et Ouani l’est grâce à eux. Elle doit continuer à l’être pour nous et les générations à venir.
A titre posthume, nous tirons la révérence devant Saïd Toiha (Baco Moegné), Saïd Abdou Bacar Nomane, Saïd Abdou Sidi et Saïd Andria Zafi.
 
Le premier pour avoir créé la première école privée de la ville dans l’objectif de ne plus avoir un enfant de six à sept ans non scolarisé, le second qui a été le premier à être ministre et dont les louanges dépassent les frontières de la ville, le troisième a accompagné plusieurs années la jeunesse et le dernier a beaucoup contribué au niveau de l’enseignement primaire par son dévouement et son engagement à instruire ceux qui l’ont fait pour nous. Cette liste vient de s’ouvrir et n’est pas prête de se fermer ; beaucoup d’autres personnes disparues ou vivant tels que les enseignants apparaîtront à la prochaine édition.
Ansaly Soiffa Abdourrahamane
 
Article paru en 2003 dans le n° 0 de Jouwa, bulletin d’information de OUANI
 
 
 
 
LES ENFANTS DE LA VILLE DE OUANI
ET L’HISTOIRE   DES COMORES
 
 Beaucoup d’enfants de la ville de OUANI ont marqué et marqueront toujours l’histoire de leur pays : les îles Comores.
 
 En voici quelques uns dans différents domaines.
 La liste n’est pas exhaustive
 
 I) LITTERATURE
 
LITTERATURE ORALE
 
ABDEREMANE ABDALLAH dit BAHA PALA
 
Grand connaisseur du passé comorien décédé brusquement en 1988.
Actuellement, un projet de publication de sa biographie est en étude.
On trouve beaucoup de ses témoignages sur l’histoire des Comores dans le tome 2 de l’excellente thèse de SIDI Ainouddine sur la crise foncière à Anjouan soutenue à l’INALCO en 1994 
 
LITTERATURE ECRITE
 
Mohamed Ahmed-CHAMANGA
 
Grand linguiste des Comores
 
 Né à Ouani (Anjouan) en 1952, Mohamed Ahmed-Chamanga, diplômé de swahili et d'arabe, a fait des recherches linguistiques sur sa langue maternelle. Il enseigne la langue et la littérature comorienne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il est l'auteur d'une thèse, de plusieurs articles, ainsi que d'un recueil de contes de l'île d'Anjouan : Roi, femmes et djinns (CLIF, 1998). Président de l'Association Fraternité Anjouanaise, Mohamed Ahmed-Chamanga a fondé, en 1997, le journal Masiwa.
 Il enseigne actuellement la langue et la littérature comoriennes à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris (INALCO).
 
AINOUDINE SIDI
 
 Historien & grand spécialiste de l’histoire foncière des Comores 
 
 Né à OUANI, en 1956. Il a fait des études d’histoire à l’université de DAKAR (SENEGAL) et a préparé un doctorat d’études africaines à l’INALCO (PARIS)  Il est actuellement chercheur et Directeur du CNDRS (Centre National de Documentation et de Recherches Scientifiques) à MORONI.
 
 II) MUSIQUES & CHANTS
 
DHOIFFIR ABDEREMANE
 
Un des fondateurs de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Avec ses chansons axées sur la contestation sociale. Il fait partie des premiers artistes qui ont introduit aux années 60 une nouvelle forme de musique aux COMORES.
 
C’est un homme très discret mais plein de talents. On se souviendra toujours de ses productions à la salle AL CAMAR de MORONI.
 
FOUDHOYLA CHAFFI
 
 Une des premières femmes comoriennes à avoir fait partie d’un orchestre musical.
 Il s’agit là d’un engagement incontestable de la part d’une femme comorienne.
 Elle a commencé à jouer un rôle important dans la chanson à partir de 1975 comme chanteuse principale de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Sa voix d’or résonne toujours dans le cœur de tous ceux qui ont vécu dans notre pays de 1975 à 1978. On ne passait pas en effet, une seule journée sans entendre une de ses chansons sur l’égalité des sexes, l’unité des Comores, le changement des mentalités… à la radio nationale.
 
 III) POLITIQUE
 
Le sultan ABDALLAH III
 
 De mère ouanienne, il est l’un des grands sultans qui ont régné dans l’archipel des Comores au 18eme siècle et plus précisément sur l’île d’Anjouan.
 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED
 
La première femme ministre et élue député des COMORES
 
Né le 06 juillet 1952 à OUANI. Elle a enseigné pendant plusieurs années le français et l’histoire géographie dans différents collèges du pays avant d’être nommée secrétaire d’Etat à la condition féminine et à la population en 1991.
De 1991 à 1996 elle a assumé de hautes responsabilités politiques : Haut commissaire à la condition féminine, Ministres des affaires sociales, conseiller spécial du président de la république, secrétaire général adjoint du gouvernement, élue députée ….
Actuellement, elle est enseignante à l’IFERE et Présidente du FAWECOM.
 
Article publié sur le site de l'AOFFRAC (www.aoffrac.com)
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

13 septembre 2008 6 13 /09 /septembre /2008 23:47

 

Paris, lundi 08 septembre 2008 (HZK-Presse) :   Quand vient la fin de l’été, les Comoriens de France, de retour du pays, passent par la même phase de protestations, avant même d’évoquer les paysages, les plages, les pique-niques et les retrouvailles avec la famille et les amis. Ils se plaignent d’abord des conditions de transport, des escales pénibles, des retards qui ressemblent à des reports de voyages, des bagages perdus, des retards d’avions, du surbooking, des problèmes avec la police comorienne à l’aéroport de Hahaya et même parfois des incidents techniques qui obligent certains avions à se poser en catastrophe. C’est une habitude. Chaque Comorien de la diaspora a son histoire ou ses histoires de compagnies aériennes irrespectueuses qu’il raconte avec une pointe d’amertume au fond de la gorge et le sentiment de profonde injustice. Cela dure depuis près de 15 ans. Mais aucune plainte n’a jamais été déposée. Les demandes d’indemnisation sont rares. L’Etat comorien préfère fermer les yeux. Dans tous les cas, passé le mois de novembre, les protestations et les associations créées en août ou en septembre disparaissent avec la baisse des tarifs.

 

Tabassage et crachats

 

Une différence toutefois cette année. Le mouvement a commencé plus tôt. Il faut dire qu’un fait est venu troubler les esprits. Lors d’une escale à Sanaa (Yemen), le 12 juillet 2008, des voyageurs remarquent des mécaniciens qui s’affairent sur l’avion qui doit les transporter vers Moroni. La compagnie Yemenia a l’habitude d’utiliser un appareil plus vieux en direction ou en provenance de Moroni, tandis qu’entre Paris et Sanaa, il est plus conforme aux exigences des transports internationaux. Plusieurs fois, cet avion a eu des avaries. Les voyageurs s’inquiètent et demandent des explications, les choses s’enveniment et les forces de sécurité usent de leurs cross et certains auraient même craché sur les passagers en transit, selon plusieurs témoins indirects. Un jeune homme, Ahmed Tabibou est roué de coups et doit être hospitalisé sur place. L’avion décolle, mais doit revenir d’urgence à Sanaa car la tante du jeune Ahmed, Mme Urango Tabibou tombe dans le coma.

 

Selon Cheha Ahamada, un responsable d’agence à Paris, la compagnie Yemenia (que nous n’avons pu joindre ni par téléphone ni par email) prétend que le jeune homme a été agressé parce qu’il filmait au sein de l’aéroport. Un proche de la famille, Saïd Gamal, qui s’est rendu sur place pour prendre des nouvelles et assurer le rapatriement de sa cousine, deux yemenites charges de la sécurité dans l’aéroport et qui ont craché sur les passagers auraient déjà été licenciés. Mais, il n’en fallait pas plus aux passagers de la compagnie pour se plaindre, à leur retour de l’arrogance, supposée éternelle, des Arabes.

Dans tous les cas, une dame qui voulait simplement se rendre chez elle pour passer des vacances dans sa famille est aujourd’hui, encore, suivie par un médecin à Paris, traumatisée par l’avion et pour cela interdit de voyager pendant un an.

                                                    

Une première manifestation

 

Après plusieurs réunions, les Comoriens de Marseille ont manifesté le 11 août à l’aéroport de Marignane pour dénoncer la cherté des billets, mais aussi les mauvais traitements dont ils sont victimes par les agences et les compagnies de transports aériens qui desservent l’archipel. Une première.

Les organisateurs pointent du doigt le fait que le billet qui valait environ 615 euros de mars à mai soit monté jusqu’à 1800 euros en juin, juillet et août. Pour eux, la hausse du pétrole n’explique pas tout. D’autres pays, parmi les voisins des Comores, payent beaucoup moins pour retourner chez eux.

 

Yemenia, la principale visée par cette manifestation (une banderole affichait : « Stop aux avions poubelles à Sana ») aurait menacé de quitter les Comores. Mais certains interprètent un éventuel départ de Yemenia comme la conséquence de l’arrivée prochaine d’une nouvelle concurrente. Mais, le moins que l’on puisse dire c’est que Yemenia en a connues de « nouvelles compagnies » qui ont fait un petit tour et sont parties. La compagnie est depuis si longtemps presque seule sans le ciel comorien, surtout en dehors de la période estivale. Ceci peut expliquer cela.

Pourtant, la détermination des organisateurs était grande et s’est vue dans le fait qu’ils n’ont pas hésité à imposer des sanctions de types traditionnels à deux personnalités comoriennes de la ville de Marseille (dont fundi Dhanouni) soupçonnées d’être de connivence avec la compagnie du Yemen. Ils ont également décidé de ne pas en rester là et de mobiliser tous les Comoriens de France.

 

Tous à Paris.

 

C’est ainsi que le 30 août dernier, les Comoriens de Marseille ont organisé une réunion à La Courneuve en région parisienne. L’objectif était d’informer les Parisiens des actions qu’ils ont déjà entreprises en vue de faire pression sur les agences et les transporteurs. Près de 120 Comoriens de Marseille, Nice et Lyon, hommes, femmes, notables et intellectuels sont venus à Paris en cars pour l’occasion.

 

La réunion a été émaillée de nombreux témoignages qui dénonçaient les malheurs que subissent les Comoriens pendant leurs voyages. Si certains se sont indignés du « fait qu’ils sont traités comme des animaux » à Sanaa, d’autres ont expliqué que les contrôles par la police française, lors d’une escale technique à Dzaoudzi (Mayotte) ne vise qu’une chose : humilier un peu plus les Comoriens. Mustapha Abdou Raouf, un militant de la Société civile à Paris, affirme que pour ces contrôles, « les gens sont obligés de descendre pour faire monter d’abord les Comoriens de Mayotte ».

 

Lors de la réunion du 30 août, les Parisiens ont été invités à s’organiser en commission pour intégrer une « coordination nationale » qui aura pour objectif de négocier la baisse des tarifs et les conditions de transit. Cette coordination devrait aussi agir auprès des autorités comoriennes pour qu’elles s’intéressent aux conditions dans lesquelles voyagent les Comoriens qui vivent à l’extérieur.

 

Samedi 6 septembre, les Parisiens ont donc organisé leur propre réunion « Nous avons désigné dix-sept  personnes dont cinq femmes et nous allons créer une sorte de Conseil d’administration qui élira une commission qui intégrera la coordination nationale » poursuit Mustapha Abdou Raouf. La coordination nationale devrait donc se mettre en place la semaine prochaine à Marseille.

 

  Plus de voyages l’été dernier

 

Pourtant, cette année plusieurs choix s’offraient aux Comoriens de France qui désiraient passer leurs vacances au pays. Rien que sur Paris, il y avait quatre vols sur sept jours. Trois compagnies aériennes desservaient l’archipel, mais aucune ne faisait réellement de vol direct.

 

Yemenia proposait trois vols réguliers (lundi, mercredi, vendredi) et parfois un vol supplémentaire le samedi. Normalement, la compagnie dessert Moroni à partir de Paris avec une escale à Sanaa, où parfois, les voyageurs sont contraints de dormir, à l’aller ou au retour.

L’avion d’Air Austral part de Paris mais aussi de Marseille, se rend à la Réunion puis à Dzaoudzi et Moroni. Contrairement à ce qu’on entend souvent, les problèmes existent aussi dans cette compagnie française.

 

Voici plusieurs années déjà Mme Touma Ahamada qui habite Marseille a décidé de ne prendre qu’Air Austral, pour se rendre au pays. En 2007, elle a acheté auprès d’une agence marseillaise un billet pour se rendre à Dzaoudzi le 8 juillet, puis à Moroni le 9 juillet. Mais la compagnie a annulé son vol du 9 juillet et les agents sur place ont refusé de l’aider prétextant qu’elle avait « acheté son billet à Marseille » et affirmant ne pas pouvoir lui donner un autre billet au mois de juillet. Ce n’est que le 11 juillet qu’elle a trouvé, par ses propres moyens, une place dans un avion d’une compagnie locale pour pouvoir se rendre à Moroni. Cette année, elle a pourtant repris le même avion et regrette juste les nombreuses escales qui rallongent le temps passé dans les avions. Elle a en effet fait Moroni-Madagascar-La Réunion-Dzaoudzi-Marseille.

 

Enfin la nouvelle venue, Air Kenya, a plutôt la côte auprès des voyageurs comoriens. Elle a, elle aussi, multiplié ses vols (jusqu’à trois ou quatre par semaine). Pourtant, le voyage est long. Au trajet classique Paris-Nairobi-Moroni, elle a parfois rajouté une escale à Amsterdam, et les gens sont contraints de dormir à l’aéroport de Nairobi, dans l’attente d’un avion pour se rendre à Moroni.

 

Encore un nouvel avion

 

L’arrivée d’un nouveau transporteur redonne de l’espoir à la diaspora comorienne en France, d’autant que selon Cheha Ahamada, cette nouvelle compagnie posséderait « deux appareils et pourrait voler sous pavillon comorien », même si les fonds appartiennent à un groupe kowetien.

Les partisans du président Sambi présentent déjà la compagnie comme étant l’œuvre de ce dernier, mais en fait les discussions auraient commencé bien avant avec Mze Soule Elbak, ex-chef de l’exécutif de Ngazidja, si on en croit les confidences de Cheha. La compagnie qui a déjà déposé les demandes d’autorisation en France devrait commencer à transporter des Comoriens début octobre.

La coordination de la diaspora qui se met en place entend d’ailleurs peser sur le nouveau transporteur. C’est pourquoi elle a décidé pendant la réunion de la Courneuve d’envoyer aux Comores une délégation pour discuter sur les modalités de mise en place de cette nouvelle compagnie avec les autorités. Feue Air Comores aurait donc un remplaçant, près de 15 ans après.

 

Où est l’Etat ?

 

Les compagnies aériennes qui desservent les Comores abusent et profitent du fait qu’il n’y a quasiment pas de concurrence et que l’Etat comorien semble trouver son compte dans l’anarchie. Tous les problèmes se posent dans le dernier segment qui mène ou part de Moroni (Sanaa-Moroni, Nairobi-Moroni, Dzaoudzi-Moroni), ce qui montre bien que l’Etat comorien est passif depuis de nombreuses années. Comme s’il fallait attendre l’accident pour commencer à jeter un regard sur les conditions dans lesquelles les Comoriens sont transportés.

 

S’il faut relever et dénoncer les méthodes des compagnies, il faut aussi aux Comoriens une certaine introspection, une autoanalyse pour trouver leur part de responsabilité, s’ils veulent que les choses changent.

En effet, comment ne pas accepter ce qu’on subit à Sanaa, à Nairobi, à Dzaoudzi quand on l’accepte à l’aéroport de Moroni-Hahaya ? Comment des autorités dignes de ce nom peuvent-elles fermer les yeux sur le fait qu’on fasse attendre dans l’aéroport national des citoyens (hommes, femmes, enfants et même bébés) parfois pendant plus de dix heures, sous la chaleur ou le froid de la nuit, sans boissons et sans nourriture ? Comment après cela peut-on se plaindre d’être traités comme des animaux ailleurs ?

 

Ce n’est pas seulement à l’Etat de prendre ses responsabilités, mais aussi à chaque citoyen de tâcher de se comporter selon les valeurs qui sont celles d’un pays comme les Comores. Des voyageurs comoriens sont parfois mal à l’aise face aux comportements de certains de leurs compatriotes. Ainsi Omar Ahamada, qui voyage beaucoup entre la France et les Comores, pour les besoins de son commerce à Moroni, s’interroge encore du pourquoi c’est toujours sur les fils d’attente des Comoriens qu’il y a le plus de bruits et d’agitation à l’aéroport Charles de Gaulle à Paris. Il a eu l’occasion d’être encore plus indigné lorsqu’en février 2008, il a vu un jeune comorien vider une bouteille de whisky, puis une fois dans l’avion et soûl, remplir la bouteille de son urine pour l’offrir à une hôtesse, avant de se faire arrêter par la sécurité à Sanaa.

 

Il est certain que cette fois les acteurs de la diaspora comorienne en France ont décidé d’aller plus loin que la simple protestation habituelle. Toutefois, il convient d’attendre le passage de l’hiver pour juger de l’importance de ce mouvement, de sa capacité à dénoncer mais aussi à remettre en cause certaines habitudes et à agir pour diversifier les offres de transport et créer les conditions de leur amélioration.

 

Mahmoud Ibrahime, correspondant, Paris

HZK Presse 

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