Vous trouverez ci-dessous le discours du Président de l'Union des Comores riche en rappel historique prononcé hier devant le parlement de la
Tanzanie
UNION DES COMORES
Unité – Solidarité – Développement
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Allocution de
S.E. M. AHMED ABDALLAH MOHAMED SAMBI,
Président de l’Union des Comores
devant le Parlement Tanzanien
Dodoma, Tanzanie, le 25 aout 2008.
- Excellence Monsieur le Premier Ministre de la République Unie de Tanzanie et Cher Frère ;
- Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale de la République de Tanzanie;
- Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale de l’Union des Comores;
- Excellence Monsieur le Commissaire Régional,
- Excellence Monsieur le Chef de l’Opposition,
- Honorables Mesdames et Messieurs les Ministres,
- Honorables Mesdames et Messieurs les Elus,
- Excellences, Mesdames et Messieurs.
C’est avec beaucoup de joie, une très grande émotion et une grande fierté que je vais faire entendre, la voix de mon pays, l’Union des Comores, au sein de ce somptueux Palais, ou vous m’avez fait le grand honneur, Monsieur le Président, de m’inviter.
Les mots me manquent pour exprimer l’immense bonheur que j’éprouve, en ce jour.
Je ressens d’autant plus cet honneur qui m’échoit, que c’est la première fois, dans l’Histoire de mon pays, qu’un Président est invité à s’exprimer dans ce prestigieux lieu de la représentation nationale tanzanienne. Soyez assurés Monsieur le Président de l’Assemblée, Monsieur le Premier Ministre Messieurs et Mesdames les députés, que je pèse tout le poids de cet honneur et je vous en suis très reconnaissant.
Au delà de l’honneur que j’éprouve du fait de l’importance que j’accorde à cette cérémonie solennelle, c’est la joie ressentie lors des retrouvailles familiales et fraternelles qui m’habite.
Ainsi, je voudrais tout d’abord, en cette mémorable occasion, remercier du fond du cœur le peuple frère ainsi que le Gouvernement tanzaniens, et plus particulièrement le Président de ce grand et beau pays mon Frère Jakaya KIKWETE, pour l’accueil exceptionnel et fraternel et pour l’hospitalité généreuse qui nous ont été réservés, la délégation qui m’accompagne et moi-même, depuis notre arrivée sur le sol tanzanien.
Je voudrais, en outre, rendre hommage aux autorités et à la population de cette belle ville de Dodoma, que nous découvrons pour la toute première fois, et dont la chaleur spontanée et fraternelle de l’accueil nous ont, tout de suite, permis de nous sentir chez nous.
Je n’en attendais pas moins de mes frères Tanzaniens mais j’ai été heureux de confirmer ma profonde conviction, que les liens de cœur et de sang qui unissent la Tanzanie et les Comores sont et resteront toujours particulièrement solides.
Ces liens constituent le terrain fertile sur lequel ont poussé la confiance, l’amitié et la solidarité que nous souhaitons consolider aujourd’hui entre nos deux nations.
En effet, pour les Comoriens de toutes les générations, passées et à venir, la Tanzanie n’a jamais été considérée comme une terre étrangère, ni le Tanzanien comme un étranger aux Comores.
Nous savons tous, nous Comoriens, tout ce que nous devons à cette terre voisine, à cette terre sœur.
Nous lui devons, depuis le 18e siècle, le savoir, la culture, la spiritualité et la richesse.
Le Comorien qui voulait devenir savant se devait de prendre le boutre et se rendre en Tanzanie.
Le Comorien qui voulait devenir riche prenait le boutre et traversait le mince bras de mer qui sépare nos deux pays frères.
Nos deux peuples ne sont pas liés par de simples liens d’amitié. Ils sont liés depuis des siècles et des siècles par des liens de sang, des mélanges qui font que souvent à l’étranger on prend un Tanzanien pour un comorien et un Comorien pour un Tanzanien. Nous Comoriens nous nous glorifions de cette ressemblance.
Nous sommes convaincus que nos origines premières sont swahili, c’est pour cela que nous sommes conscients de ce que notre langue doit à la votre. Nous savons ce que notre musique doit à la votre spécialement le toirab, nous savons ce que nos habits doivent aux vôtres, nous savons ce que notre cuisine doit à la votre.
Depuis des siècles et des siècles, des djahazi ont traversé ce bras de mer et nous ont apporté votre sensibilité, votre civilité, votre courtoisie, votre savoir-faire, vôtre savoir-être et vôtre savoir tout court, bref votre Ustan Anrab.
Ces mêmes légendaires djahazi ont contribué à des riches échanges commerciaux entre nos deux pays.
Aux Comores nous avons deux termes pour designer nos frères du continent : L’Africain et le Msawahılı. Le Msawahılı ou le Mgoudja c’est le cousin Tanzanien avec qui nous partageons tant de choses.
C’est pour cela que mon cœur rayonnant de joie apporte à la Tanzanie, au peuple tanzanien et aux autorités tanzaniennes que mon pays chérit profondément, les salutations fraternelles et la profonde reconnaissance du peuple et du Gouvernement comoriens.
Nous n’oublierons jamais le rôle premier que ce grand et beau pays a jadis joué dans la lutte de libération nationale de mon pays, en vue de l’acquisition de l’indépendance, en soutenant les patriotes qui étaient refugiés en Tanzanie et les mouvements de libération nationale de toute la région.
Nous n’oublierons jamais, non plus, le fait que la Tanzanie a été, dès les premières semaines de notre indépendance, l’un des premiers pays à nous soutenir pour pallier le départ précipité des Français.
Votre peuple généreux a soutenu le mien dans ses premiers pas de nation libre, en l’accompagnant dans l’éducation et dans la création et la formation de notre jeune armée nationale.
J’apporte également la profonde gratitude du gouvernement et du peuple comoriens au peuple tanzanien, à ses représentants et à son gouvernement pour leur engagement sans faille, dans les multiples étapes visant à mettre fin à la crise séparatiste qui a secoué les Comores, pendant plus d’une décennie, et qui a failli ébranler les fondements même de la nation comorienne.
La reconnaissance de mon peuple et de mon gouvernement est immense et infinie pour les sacrifices sans limites faits par le peuple et le gouvernement tanzaniens.
Vous n’avez pas hésité à envoyer, ce que vous avez de plus cher, à savoir vos enfants, pour être à la tête des forces de la coalition africaine venues libérer l’ile comorienne d’Anjouan, pour aider mon pays à consolider son unité nationale et rétablir son intégrité territoriale.
Vous pouvez être fiers de ses vaillants soldats. La nation comorienne leur sera éternellement reconnaissante.
Et pour marquer notre appréciation de l’extraordinaire mission qu’ils ont realisée dans l’ile d’Anjouan, il sera remis à chacun d’entre eux, lors de la célébration de la fête militaire tanzanienne de septembre prochain, un diplôme d’honneur qui sera suivi, prochainement, d’une médaille.
Je saisis cette opportunité pour rendre un vibrant hommage à Son Excellence mon frère le Président KIKWETE, sans qui cette intervention militaire à Anjouan n’aurait jamais eu lieu.
En effet, c’est grâce à son charisme, à son leadership éclairé en sa qualité de Président d’un pays frère mais aussi de Président de l’Union Africaine, à son engagement sincère et à sa détermination à œuvrer en faveur de l’intégrité effective des Comores, que mon pays a pu tourner la page la plus sombre de son histoire, à savoir le séparatisme.
Cet engagement sans faille a permis en effet, une grande victoire militaire et par conséquent la libération de l’Ile comorienne d’Anjouan, et ce, sans effusion de sang.
Cet engagement confirme, si besoin était, le rôle clé qu’a toujours joué la Tanzanie dans notre continent mais aussi et surtout la disponibilité constante de ce pays modèle, à toujours mettre à la disposition de ces pays frères, ses moyens humains et matériels ainsi que son expérience, pour préserver la paix, la sécurité, la stabilité et l’Etat de droit.
Je salue, ainsi, toutes les entités et toutes les institutions tanzaniennes et plus particulièrement ce prestigieux Parlement dans lequel nous nous trouvons ce matin, pour leur mobilisation en faveur de la défense de l’unité nationale de mon pays.
Mais je salue également en vous, dignes successeurs de Feu le Président Mwalimu Julius Nyerere, Fondateur de la Tanzanie Moderne, digne enfant de la Tanzanie et de l’Afrique le charisme, la grande sagesse et la vision, qu’il vous a légués et qui continuent à guider et à éclairer votre pays et toutes les Nations, à travers les continents, dans leurs efforts pour la recherche de la liberté, de la paix et du développement.
Le Mwalimu était de ces rares hommes qui ont façonné l’Histoire, pas seulement de leur peuple mais de toute l’Humanité.
La terre a produit très peu de ces grands hommes, qui par leur vision, leur conviction et leur sagesse marquent à jamais leur passage sur terre.
Cet homme restera à jamais dans l’esprit des générations présentes et à venir.
Je tiens à dire notre admiration et notre estime pour toutes les grandes figures qui, après Mwalimu Nyerere, ont façonné la Tanzanie et ont renforcé sa crédibilité au sein du concert des Nations et qui ont permis à la Tanzanie de jouer le rôle majeur qu’elle joue aujourd’hui non seulement en Afrique mais aussi dans le monde entier.
Je veux évoquer Al Hadj Ali Hassan Mouigni, Benjamin William Mkapa et, bien entendu le Président Jakaya KIKWETE qui ont fait de la Tanzanie, dans notre continent, un grand défenseur de l’unité et de l’intégrité territoriales, un pays modèle qui montre la bonne voie à suivre aux pays et aux peuples africains, prêt à défendre la liberté la ou elle est étouffée.
Grace à ces hauts dignitaires, la Tanzanie est en effet devenue un pays apaisé, homogène et dynamique et un modèle de stabilité exemplaire, dont le dynamisme et la croissance économique font l’admiration de l’Afrique.
De l’autre côté de ce bras de mer qui sépare la Tanzanie des Comores, nous suivons avec beaucoup d’attention et d’admiration, l’exemple tanzanien.
Les affinités historiques, culturelles et linguistiques que j’ai évoquées tout à l’heure appellent Comoriens et Tanzaniens à avoir une communauté de destin, tout autant que la proximité entre nos villes respectives de Moroni et Mtwara, qui ne sont reliées que par une trentaine de minutes d’avion, ce qui donne à nos deux peuples, qui effectuent ce trajet, l’impression de se déplacer dans un seul et même pays.
Quelle meilleure preuve apporter, sinon ces milliers de comoriens qui, aujourd’hui comme par le passé ont choisi de vivre en Tanzanie et ces milliers de Tanzaniens qui, hier comme aujourd’hui, se sont installés aux Comores ?
Je salue ces Comoriens et ces Tanzaniens qui ont renforcé ces ponts, très solides, existant entre nos deux peuples à travers les deux rives du Canal de Mozambique, notamment ces Tanzaniens d’origine comorienne qui aujourd’huı occupent des postes de haut niveau au sein des institutions tanzaniennes et qui font la fierté des Comores.
Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée,
Honorable assistance,
Nous ne quitterions pas cette enceinte si je devais évoquer ici tout ce que l’Histoire a façonné de commun entre nos deux pays, nos deux nations, nos deux peuples.
Aussi je me contenterai de rappeler encore une fois les racines communes de nos deux langues. Le Swahili est d’ailleurs une langue enseignée aujourd hui à l’Université des Comores dans le seul but de contribuer encore davantage à notre compréhension mutuelle.
Mais ce qui est le plus important à souligner c’est que la Tanzanie est en train de devenir l’un de nos premiers partenaires aussi bien dans les domaines économique que social, notamment par :
- Les liaisons d’Air Tanzanie avec les Comores,
- les échanges commerciaux tels que l’achat de produits finis et d’animaux vivants,
- le développement du trafic portuaire,
- la lutte commune contre les trafics illicites et le terrorisme,
- La prestation de services bancaires, précisément à travers EXIM Bank Tanzanie,
- les soins médicaux et,
- l’Enseignement supérieur.
Aujourd’hui, afin de pouvoir consolider encore davantage cette coopération fructueuse, il serait judicieux de redynamiser les autres secteurs tels que la promotion des investissements, la culture, le tourisme, les échanges techniques, la formation professionnelle, l’Agriculture et les échanges universitaires.
Enfin, Excellence Mesdames et Messieurs, j’émets le vœu ardent de voir nos deux Parlements se rapprocher encore davantage, afin de contribuer à la concrétisation rapide des ambitions louables de nos deux pays frères et approfondir, ainsi, cette amitié et cette coopération séculaires qui nous sont si chères à tous.
Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
L’avenir de nos relations est prometteur.
Par tout ce qui nous lie, nous pouvons construire ensemble, un espace de fraternité, de paix, de prospérité et de développement partagés et être un exemple pour nos autres frères africains.
C’est le message d’espoir que le peuple comorien m’a chargé de transmettre devant cette auguste Assemblée.
Le message de grand espoir, de confiance, de solidarité et d’amitié que j’ai voulu, moi aussi, porter aux frères et voisins tanzaniens.
Je suis convaincu que la Tanzanie et les Comores apporteront ensemble au reste de l’Afrique et du monde entier, ce message d’espoir, de solidarité et de fraternité.
Vive la coopération entre la Tanzanie et les Comores,
Vive la fraternité Comoro-tanzanienne.
Je vous remercie.