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  • : HALIDI-BLOG-COMORES, Blog des COMORES
  • : BLOG DES COMORES GERE DEPUIS LE 01 DECEMBRE 2013 PAR MARIAMA HALIDI
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A SAVOIR

QU'EST CE QUE LA LANGUE COMORIENNE ?

Pour répondre à cette question pertinente, nous vous proposons ci- dessous l'interview du grand linguiste et spécialiste de la langue comorienne, Mohamed-Ahmed Chamanga

 

 
INTERVIEW DE CHAMANGA PAR RFO EN 2004
 
 
 Le comorien est une langue composée de mots africains, de mots arabes voire parfois de mots portugais et anglais. D'où vient la langue comorienne ?

M.A.C : Le fonds lexical de la langue comorienne est essentiellement « africain » comme vous le dites, et plus précisément bantu. Les emprunts au portugais ou à l'anglais sont relativement faibles. Par contre, l'apport arabe est très important. Cela s'explique par la très forte islamisation des Comores, depuis la Grande Comore(Ngazidja) jusqu'à Mayotte (Maore) en passant par Mohéli (Mwali)et Anjouan (Ndzuwani). Malgré ces emprunts, le comorien (shikomor) reste, sur le plan de sa structure grammaticale, une langue bantu.

Qu'appelle t-on une langue bantu ?

M.A.C : Le bantu est une famille de langues, la plus importante d'Afrique. Les langues qui composent cette famille couvrent pratiquement toute la partie australe du continent noir.

Y a t-il encore aujourd'hui en Afrique ou à Madagascar des populations qui parlent une langue similaire au comorien ?

M.A.C : Bien sûr ! On trouve par exemple le swahili en Tanzanie, le lingala au Congo Démocratique, le kikongo au Congo, le zulu en Afrique du Sud, le shona au Zimbabwe-Mozambique, le tswana au Botswana, le kinyarwanda-kirundi au Rwanda-Burundi, etc. Comme ces langues appartiennent à la même famille, elles ont forcément beaucoup de points communs dans la structure des mots, leurs répartitions dans les phrases, les accords grammaticaux, etc. Elles ont aussi un minimum de vocabulaire commun.
Prenons par exemple le mot bantu ! Ce mot est attesté dans certaines langues, comme le lingala, et il signifie « hommes ». C'est le pluriel du mot muntu qui veut dire « homme » au singulier. Dans d'autres langues, ces mots se déclinent au pluriel en watu (swahili), wantru ou watru ou en encore wandru (shikomor) ; au singulier, nous avons respectivement mtu, muntru, mtru, mndru.
Prenons encore l'exemple de la phrase kinyarwanda suivante qui signifie : « Combien d'hommes ? » : Abantu bangahe ? Nous avons en comorien les équivalences suivantes :Wantru wangapvi ?Watru wangapvi ?Wandru wanga(pvi) ? et en swahili :watu wangapi ?

Ne pensez-vous pas qu'il y a beaucoup de ressemblance dans tout ça ?

M.A.C : A Madagascar, jusqu'au milieu du XXe siècle, il y avait quelques poches bantuphones sur la côte nord-ouest. Mais les langues africaines qui y étaient parlées, le swahili à Marodoka ou le makua à Maintirano, ont aujourd'hui disparu. Le malgache appartient à une autre famille de langues : les langues austronésiennes comme par exemple les langues indonésiennes.

Le comorien est souvent comparé au swahili, parfois on a même dit que le comorien en était dérivé ?

M.A.C: Selon les résultats des recherches des trois dernières décennies, il est prouvé que le comorien et le swahili sont génétiquement issus d'une même souche-mère, d'où leur très grande parenté. Mais les deux langues se seraient séparées aux environs du XIIème siècle. On peut donc dire que ce sont deux langues soeurs. Si la confusion a pu se maintenir jusqu'à une période pas très lointaine, c'était à cause de la très grande proximité des deux langues, mais aussi parce que les sultans des Comores parlaient swahili et beaucoup de correspondances et traités avec les pays voisins ou les puissances étrangères étaient rédigés en swahili qui étaient à l'époque la plus importante langue de communication et du commerce de cette région de l'océan indien occidental.
Par combien de personnes est parlée la langue comorienne?
M.A.C:On peut estimer que la langue comorienne est parlée aujourd'hui par un million de personnes environ : les 750 000 habitants de l'archipel des Comores plus la très importante diaspora comorienne, que l'on peut retrouver notamment à Madagascar, à Zanzibar ou encore en France.

Est-elle enseignée à l'école ? Si non pourquoi ?

M.A.C: Malheureusement, elle ne l'est pas. Pourquoi ? Parce que : Premièrement, la colonisation française, avec sa mission « civilisatrice », n'avait jamais reconnu au peuple dominé une quelconque culture ou civilisation et que les langues des dominées n'étaient pas des langues mais, avec un sens très péjoratif, des dialectes qui n'avaient ni vocabulaire développé ni grammaire.
Deuxièmement, le pouvoir très centralisateur de l'Etat français avait imposé le français comme la seule langue de l'administration partout. Cela était vrai dans les colonies, mais aussi en métropole. C'est ainsi qu'on a banni l'enseignement du breton en Bretagne, du basque au Pays Basque (Sud-Ouest de la France).
Troisièmement enfin, nous avons nous-mêmes fini par admettre que notre langue est pauvre et sans grammaire. Elle ne peut donc pas être enseigné. Il faut encore souligner qu'avec l'instabilité chronique des Comores indépendantes, aucune réflexion sérieuse n'a pu être menée sur la question. Pourtant, les pédagogues sont unanimes : pour permettre l'épanouissement des enfants, il est nécessaire que ces derniers puissent s'exprimer pleinement dans leur langue maternelle...

Y a t-il une ou des langues comoriennes ?

M.A.C:Nous avons la chance d'avoir une seule langue comorienne, depuis Ngazidja jusqu'à Maore. Mais comme toute langue, le comorien se décline en plusieurs dialectes qui en sont les variantes régionales : le shingazidja à la Grande Comore, le shimwali à Mohéli, le shindzuani à Anjouan et le shimaore à Mayotte.

Comment expliquer l'apparition de divers dialectes sur un territoire aussi exiguë que les Comores ?

M.A.C : Ce phénomène n'est pas spécifique au comorien. Toute langue est formée de plusieurs dialectes. La dialectalisation s'accentue lorsqu'il y a peu de communications et d'échanges entre les régions. A l'inverse, le déplacement d'une population qui parle un dialecte donné vers une autre région où l'on parle un autre dialecte peut également entraîner des changements dans les deux dialectes. Pour le cas des Comores, le facteur du peuplement par vagues successives au cours de l'histoire explique aussi le phénomène.
Les différences dialectales peuvent aussi s'observer à l'intérieur de chaque île. C'est ainsi, par exemple en Grande Comore, que la manière de parler des gens de Mbéni dans la région du Hamahamet diffère du parler des gens de Fumbuni dans la région du Mbadjini. Il en est de même à Anjouan entre les gens de Mutsamudu, sur la côte nord, et ceux du Nyumakele, dans le sud-est de l'île, ou encore, à Mayotte, entre Mamoudzou et Kani Bé ou Mwana-Trindri dans le sud, etc.

Un mot sur la langue mahoraise.

M.A.C:Le shimaore appartient au même sous-groupe dialectal que le shindzuani. C'est dire qu'il faut souvent écouter attentivement pour percevoir les différences entre ces deux dialectes. Le shimaore fait ainsi partie intégrante de la langue comorienne.

Le comorien s'enrichit-il ou s'appauvrit-il (avec le phénomène de créolisation de la langue) ?

M.A.C : Parler à l'heure actuelle de créolisation de la langue comorienne est quelque peu exagéré. Certes elle ingurgite aujourd'hui beaucoup de mots d'origine française. Mais cela reste « raisonnable ». Le comorien a emprunté énormément de vocabulaire d'origine arabe, environ entre 30 et 40 % du lexique, pourtant on ne parle pas de créole arabe, et cela à juste titre. En effet, ce qui fonde une langue, ce ne sont pas seulement les mots. Ce sont surtout sa structure grammaticale et sa syntaxe. De ce point de vue, le comorien ne ressemble ni à l'arabe ni au français.
On ne peut pas dire que le comorien s'appauvrit. Essentiellement oral, il répond parfaitement à nos besoins de communication. Il est toutefois évident qu'une langue écrite possède un stock lexical beaucoup plus étendu qu'une langue orale. Ne vous inquiétez pas pour le comorien. Si un jour, on décide de l'écrire, de l'enseigner et de l'utiliser dans l'administration, il ne pourra que s'enrichir. Il s'enrichira en se forgeant des mots nouveaux ou en empruntant d'autres ailleurs, comme cela se fait dans les langues dites de « grande civilisation ».

Où en est actuellement la recherche sur la langue comorienne ?

M.A.C: La recherche sur la langue comorienne avance ; trop lentement peut-être, mais elle avance. Nous avons aujourd'hui une meilleure connaissance sur elle qu'il y a vingt ans. Malheureusement, c'est un domaine qui intéresse peu de monde, aussi bien chez les nationaux que chez les chercheurs étrangers.

Pensez-vous qu'un jour tous les Comoriens parleront la même langue ? Et sur quoi se fonderait cette sédimentation en une seule langue « nationale » ?

Mohamed Ahmed-Chamanga : Nous parlons déjà la même langue. Ce qui nous manque, c'est une langue standard, comme en Tanzanie avec le swahili, à Madagascar avec le malgache, ou en encore au Zimbabwe avec le shona, etc. Pour arriver à ce stade, il faut qu'il y ait une réelle volonté politique, une prise de conscience chez les Comoriens de vouloir mieux apprivoiser leur propre culture et que soit mise en place une équipe de chercheurs qui se pencherait sur la question et qui proposerait cette langue standard qui serait utilisée dans tout l'archipel des Comores.

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Halidi Mariama (HALIDI-BLOG-COMORES)

 

 

 

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CI-DESSOUS LES NEWS  RECENTES  DES COMORES

 

 

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A PROPOS DE OUANI

Ouani et ses grands hommes
 
 
L’être humain est insignifiant puisque le corbeau et beaucoup d’autres espèces d’arbres vivent plus longtemps que lui. De ce court séjour dans ce bas monde à la différence d’autres êtres vivants, l’homme peut marquer de son empreinte l’histoire.
A OUANI, ce genre d’homme malgré sa rareté, a existé et continu à exister jusqu’à nos jours. En ouvrant ce nouveau chapitre, quelques dignitaires en collaboration avec le comité de pilotage de la ville ont tenu à rendre hommage beaucoup d’hommes et de femmes qui ont fait du bien à cette ville.
En dehors de tout jugement, ils ont fait de leur mieux pour que Ouani devienne l’une des grandes villes les plus rayonnantes des Comores et Ouani l’est grâce à eux. Elle doit continuer à l’être pour nous et les générations à venir.
A titre posthume, nous tirons la révérence devant Saïd Toiha (Baco Moegné), Saïd Abdou Bacar Nomane, Saïd Abdou Sidi et Saïd Andria Zafi.
 
Le premier pour avoir créé la première école privée de la ville dans l’objectif de ne plus avoir un enfant de six à sept ans non scolarisé, le second qui a été le premier à être ministre et dont les louanges dépassent les frontières de la ville, le troisième a accompagné plusieurs années la jeunesse et le dernier a beaucoup contribué au niveau de l’enseignement primaire par son dévouement et son engagement à instruire ceux qui l’ont fait pour nous. Cette liste vient de s’ouvrir et n’est pas prête de se fermer ; beaucoup d’autres personnes disparues ou vivant tels que les enseignants apparaîtront à la prochaine édition.
Ansaly Soiffa Abdourrahamane
 
Article paru en 2003 dans le n° 0 de Jouwa, bulletin d’information de OUANI
 
 
 
 
LES ENFANTS DE LA VILLE DE OUANI
ET L’HISTOIRE   DES COMORES
 
 Beaucoup d’enfants de la ville de OUANI ont marqué et marqueront toujours l’histoire de leur pays : les îles Comores.
 
 En voici quelques uns dans différents domaines.
 La liste n’est pas exhaustive
 
 I) LITTERATURE
 
LITTERATURE ORALE
 
ABDEREMANE ABDALLAH dit BAHA PALA
 
Grand connaisseur du passé comorien décédé brusquement en 1988.
Actuellement, un projet de publication de sa biographie est en étude.
On trouve beaucoup de ses témoignages sur l’histoire des Comores dans le tome 2 de l’excellente thèse de SIDI Ainouddine sur la crise foncière à Anjouan soutenue à l’INALCO en 1994 
 
LITTERATURE ECRITE
 
Mohamed Ahmed-CHAMANGA
 
Grand linguiste des Comores
 
 Né à Ouani (Anjouan) en 1952, Mohamed Ahmed-Chamanga, diplômé de swahili et d'arabe, a fait des recherches linguistiques sur sa langue maternelle. Il enseigne la langue et la littérature comorienne à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Il est l'auteur d'une thèse, de plusieurs articles, ainsi que d'un recueil de contes de l'île d'Anjouan : Roi, femmes et djinns (CLIF, 1998). Président de l'Association Fraternité Anjouanaise, Mohamed Ahmed-Chamanga a fondé, en 1997, le journal Masiwa.
 Il enseigne actuellement la langue et la littérature comoriennes à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales de Paris (INALCO).
 
AINOUDINE SIDI
 
 Historien & grand spécialiste de l’histoire foncière des Comores 
 
 Né à OUANI, en 1956. Il a fait des études d’histoire à l’université de DAKAR (SENEGAL) et a préparé un doctorat d’études africaines à l’INALCO (PARIS)  Il est actuellement chercheur et Directeur du CNDRS (Centre National de Documentation et de Recherches Scientifiques) à MORONI.
 
 II) MUSIQUES & CHANTS
 
DHOIFFIR ABDEREMANE
 
Un des fondateurs de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Avec ses chansons axées sur la contestation sociale. Il fait partie des premiers artistes qui ont introduit aux années 60 une nouvelle forme de musique aux COMORES.
 
C’est un homme très discret mais plein de talents. On se souviendra toujours de ses productions à la salle AL CAMAR de MORONI.
 
FOUDHOYLA CHAFFI
 
 Une des premières femmes comoriennes à avoir fait partie d’un orchestre musical.
 Il s’agit là d’un engagement incontestable de la part d’une femme comorienne.
 Elle a commencé à jouer un rôle important dans la chanson à partir de 1975 comme chanteuse principale de l’orchestre JOUJOU des Comores.
Sa voix d’or résonne toujours dans le cœur de tous ceux qui ont vécu dans notre pays de 1975 à 1978. On ne passait pas en effet, une seule journée sans entendre une de ses chansons sur l’égalité des sexes, l’unité des Comores, le changement des mentalités… à la radio nationale.
 
 III) POLITIQUE
 
Le sultan ABDALLAH III
 
 De mère ouanienne, il est l’un des grands sultans qui ont régné dans l’archipel des Comores au 18eme siècle et plus précisément sur l’île d’Anjouan.
 
SITTOU RAGHADAT MOHAMED
 
La première femme ministre et élue député des COMORES
 
Né le 06 juillet 1952 à OUANI. Elle a enseigné pendant plusieurs années le français et l’histoire géographie dans différents collèges du pays avant d’être nommée secrétaire d’Etat à la condition féminine et à la population en 1991.
De 1991 à 1996 elle a assumé de hautes responsabilités politiques : Haut commissaire à la condition féminine, Ministres des affaires sociales, conseiller spécial du président de la république, secrétaire général adjoint du gouvernement, élue députée ….
Actuellement, elle est enseignante à l’IFERE et Présidente du FAWECOM.
 
Article publié sur le site de l'AOFFRAC (www.aoffrac.com)
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

26 août 2008 2 26 /08 /août /2008 08:38


Vous trouverez ci-dessous le discours du Président de l'Union des Comores riche en rappel historique prononcé hier devant le parlement de la Tanzanie


UNION DES COMORES

Unité – Solidarité – Développement

-------------------

 

 

 Allocution de

S.E. M. AHMED ABDALLAH MOHAMED SAMBI,

Président de l’Union des Comores

devant le Parlement Tanzanien

 

Dodoma, Tanzanie, le 25 aout 2008.

 

                                                     


 

 

-         Excellence Monsieur le Premier Ministre de la République Unie de Tanzanie et Cher Frère ;

-         Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale de la République de Tanzanie;

-         Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale de l’Union des Comores;

-         Excellence Monsieur le Commissaire Régional,

-         Excellence Monsieur le Chef de l’Opposition,

-         Honorables Mesdames et Messieurs les Ministres,

-         Honorables Mesdames et Messieurs les Elus,

-         Excellences, Mesdames et Messieurs.

C’est avec beaucoup de joie, une très grande émotion et une grande fierté  que  je vais faire entendre, la voix de mon pays, l’Union des Comores, au sein de ce somptueux Palais, ou vous m’avez fait le grand honneur, Monsieur le Président, de m’inviter.

Les mots me manquent pour exprimer l’immense bonheur que j’éprouve, en ce jour.

Je ressens d’autant plus cet honneur qui m’échoit, que  c’est la  première fois, dans l’Histoire de mon pays, qu’un Président est invité à s’exprimer dans ce prestigieux lieu de la représentation nationale tanzanienne. Soyez assurés Monsieur le Président de l’Assemblée, Monsieur le Premier Ministre Messieurs et Mesdames les députés,  que je pèse  tout le poids de cet honneur et je vous en  suis  très reconnaissant.

Au delà de l’honneur que j’éprouve du fait de l’importance que j’accorde à cette cérémonie solennelle, c’est la joie ressentie lors des retrouvailles familiales et fraternelles qui m’habite.

Ainsi, je voudrais tout d’abord, en cette mémorable occasion, remercier du fond du cœur le peuple frère ainsi que le Gouvernement tanzaniens, et plus particulièrement le Président de ce grand et beau pays mon Frère Jakaya KIKWETE, pour l’accueil exceptionnel et fraternel et pour l’hospitalité généreuse qui nous ont été réservés, la délégation qui m’accompagne et moi-même, depuis notre arrivée sur le sol tanzanien.  

Je voudrais, en outre, rendre hommage aux autorités et à la population de cette belle ville de Dodoma, que nous découvrons pour la toute première fois, et dont la chaleur spontanée et fraternelle de l’accueil nous ont, tout de suite, permis de nous sentir chez nous.

Je n’en attendais pas moins de mes frères Tanzaniens mais j’ai été heureux de confirmer ma profonde conviction,  que les liens de cœur et de sang qui unissent la Tanzanie et les Comores sont et resteront toujours particulièrement solides.

Ces liens constituent le terrain fertile sur lequel ont poussé la confiance, l’amitié et la solidarité que nous souhaitons consolider aujourd’hui entre nos deux nations.

En effet, pour les Comoriens de toutes les générations, passées et à venir, la Tanzanie n’a jamais été considérée comme une terre étrangère, ni le Tanzanien comme un étranger aux Comores.

Nous savons tous, nous Comoriens, tout ce que nous devons à cette terre voisine, à cette terre sœur.

Nous lui devons, depuis le 18e siècle, le savoir, la culture, la spiritualité  et la richesse.

Le Comorien qui voulait devenir savant se devait de prendre le boutre et se rendre en Tanzanie.

Le Comorien qui voulait devenir riche prenait le boutre et traversait le  mince bras de mer qui sépare nos deux pays frères.

Nos deux peuples ne sont pas liés par de simples liens d’amitié. Ils  sont  liés depuis des siècles et des siècles par des liens de sang, des mélanges qui font que souvent à l’étranger on prend un Tanzanien pour un comorien et un Comorien pour un Tanzanien. Nous Comoriens nous nous glorifions de cette ressemblance.

Nous sommes convaincus que nos origines premières sont swahili, c’est pour cela que nous sommes conscients de  ce que notre langue doit à la votre. Nous savons ce que notre musique doit à la votre spécialement le toirab, nous savons ce que nos habits doivent aux vôtres, nous savons ce  que notre cuisine doit à la votre.

Depuis des siècles et des siècles, des djahazi ont traversé ce bras de mer et nous ont apporté votre sensibilité, votre civilité, votre courtoisie, votre savoir-faire, vôtre savoir-être et vôtre savoir tout court, bref votre Ustan Anrab.

Ces mêmes légendaires djahazi ont contribué à des riches échanges commerciaux  entre nos deux pays.

Aux Comores nous avons deux termes pour designer nos frères du continent : L’Africain et le Msawahılı. Le Msawahılı ou le Mgoudja c’est le cousin Tanzanien avec qui nous partageons tant de choses.

C’est pour cela que mon cœur rayonnant de joie apporte à la Tanzanie, au peuple tanzanien et aux autorités tanzaniennes que mon pays chérit profondément, les salutations fraternelles et la profonde reconnaissance du peuple et du Gouvernement comoriens.

Nous n’oublierons jamais le rôle premier que ce grand et beau pays a jadis joué dans la lutte de libération nationale de mon pays, en vue de l’acquisition de l’indépendance, en soutenant les patriotes qui étaient refugiés en Tanzanie et les mouvements de libération nationale de toute la région.

Nous n’oublierons jamais, non plus, le fait que la Tanzanie a été, dès les premières semaines de notre indépendance, l’un des premiers pays à nous soutenir pour pallier le départ précipité des Français.

Votre peuple généreux a soutenu le mien dans ses premiers pas de nation libre, en l’accompagnant dans   l’éducation et dans la création et la formation de notre jeune armée nationale.

J’apporte également la profonde gratitude du gouvernement et du peuple comoriens au peuple tanzanien, à ses représentants et à son gouvernement pour leur engagement sans faille,  dans les multiples étapes visant à mettre fin à la crise séparatiste qui a secoué les Comores, pendant plus d’une décennie, et qui a failli ébranler les fondements même de la nation comorienne.

La reconnaissance de mon peuple et de mon gouvernement est immense et infinie  pour les sacrifices sans limites faits par le peuple et le gouvernement tanzaniens.

Vous n’avez pas hésité  à envoyer, ce que vous avez de plus cher, à savoir vos enfants, pour être à la tête des forces de la coalition africaine venues libérer l’ile comorienne d’Anjouan, pour aider mon pays à consolider son unité nationale et rétablir son intégrité territoriale.

Vous pouvez être fiers de ses vaillants soldats. La nation comorienne leur sera éternellement reconnaissante.

Et pour marquer notre appréciation de l’extraordinaire mission qu’ils ont realisée dans l’ile d’Anjouan, il sera remis à chacun d’entre eux, lors de la célébration de la fête militaire tanzanienne de septembre prochain, un diplôme d’honneur qui sera suivi, prochainement, d’une médaille.

Je saisis cette opportunité pour rendre un vibrant hommage à Son Excellence mon frère le Président KIKWETE, sans qui cette intervention militaire à Anjouan n’aurait jamais eu lieu.

En effet, c’est grâce à son charisme, à son leadership éclairé en sa qualité de Président d’un pays frère mais aussi de Président de l’Union Africaine, à son engagement sincère et à sa détermination à œuvrer en faveur de l’intégrité effective des Comores, que mon pays a pu tourner la page la plus sombre de son histoire, à savoir le séparatisme.

Cet engagement sans faille a permis en effet, une grande victoire militaire et par conséquent la libération de l’Ile comorienne d’Anjouan, et ce, sans effusion de sang. 

Cet engagement confirme, si besoin était, le rôle clé qu’a toujours joué la Tanzanie dans notre continent mais aussi et surtout la disponibilité constante de ce pays modèle,  à toujours mettre à la disposition de ces pays frères, ses moyens humains et matériels ainsi que son expérience, pour préserver la paix, la sécurité, la stabilité et l’Etat de droit.

Je salue, ainsi, toutes les entités et toutes les institutions tanzaniennes et plus particulièrement ce prestigieux Parlement dans lequel nous nous trouvons ce matin, pour leur mobilisation en faveur de la défense de l’unité nationale de mon pays.

Mais je salue également en vous, dignes successeurs de Feu le Président Mwalimu Julius Nyerere, Fondateur de la Tanzanie Moderne, digne enfant de la Tanzanie et de l’Afrique  le charisme, la grande sagesse et la vision, quil vous a légués et qui continuent à guider et à éclairer votre pays et toutes les Nations, à travers les continents, dans leurs efforts pour la recherche de la liberté, de la paix et du développement.

Le Mwalimu était de ces rares hommes qui ont façonné l’Histoire, pas seulement de leur peuple mais de toute l’Humanité.

La terre a produit très peu de ces grands hommes, qui par leur vision, leur conviction et leur sagesse marquent à jamais leur passage sur terre.

Cet homme restera à jamais dans l’esprit des générations présentes et à venir.

Je tiens à dire notre admiration et notre estime pour toutes les grandes figures qui, après Mwalimu Nyerere, ont façonné la Tanzanie et ont renforcé sa crédibilité au sein du concert des Nations et qui ont permis à la Tanzanie de jouer le rôle majeur qu’elle joue aujourd’hui non seulement en Afrique mais aussi dans le monde entier. 

Je veux évoquer Al Hadj Ali Hassan Mouigni, Benjamin William Mkapa et, bien entendu le Président Jakaya KIKWETE qui ont fait de la Tanzanie, dans notre continent, un grand défenseur de l’unité et de l’intégrité territoriales, un pays modèle qui montre la bonne  voie à suivre  aux pays et aux peuples africains, prêt à défendre la liberté la ou elle est étouffée.

Grace à ces hauts dignitaires, la Tanzanie est en effet devenue un pays apaisé, homogène et dynamique et un modèle de stabilité exemplaire, dont le dynamisme et la croissance économique  font l’admiration de l’Afrique.

De l’autre côté de ce bras de mer qui sépare la Tanzanie des Comores, nous suivons avec beaucoup d’attention et d’admiration, l’exemple tanzanien.

Les affinités historiques, culturelles et linguistiques que j’ai évoquées tout à l’heure appellent Comoriens et Tanzaniens à avoir une communauté de destin, tout autant que la proximité entre nos villes respectives de Moroni et Mtwara, qui ne sont reliées que par une trentaine de minutes d’avion, ce qui donne à nos deux peuples, qui effectuent ce trajet, l’impression de se déplacer dans un seul et même pays.

Quelle meilleure preuve apporter, sinon ces milliers de comoriens qui, aujourd’hui comme par le passé ont choisi de vivre en Tanzanie et ces milliers de Tanzaniens qui, hier comme aujourd’hui, se sont installés aux Comores ?

Je salue ces Comoriens et ces Tanzaniens qui ont renforcé ces ponts, très solides, existant entre nos deux peuples à travers les deux rives  du Canal de Mozambique, notamment ces Tanzaniens d’origine comorienne qui aujourd’huı occupent des postes de haut niveau au sein des institutions tanzaniennes et qui font la fierté des Comores.

Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée,

Honorable assistance,

Nous ne quitterions pas cette enceinte si je devais évoquer ici tout ce que l’Histoire a façonné de commun entre nos deux pays, nos deux nations, nos deux peuples.

 Aussi je me contenterai de rappeler encore une fois les racines communes de nos deux langues. Le Swahili est d’ailleurs une langue enseignée aujourd hui à l’Université des Comores dans le seul but de  contribuer encore davantage à notre compréhension mutuelle.

Mais ce qui est le plus important à souligner c’est que la Tanzanie est en train de devenir l’un de nos premiers partenaires aussi bien dans les domaines économique que social, notamment par :

-         Les liaisons d’Air Tanzanie avec les Comores,

-         les échanges commerciaux tels que l’achat de produits finis et d’animaux vivants,

-         le développement du trafic portuaire,

-         la lutte commune contre les trafics illicites et le terrorisme,

-         La prestation de services bancaires, précisément à travers EXIM Bank Tanzanie,

-         les soins médicaux et,

-         l’Enseignement supérieur.

Aujourd’hui, afin de pouvoir consolider encore davantage cette coopération fructueuse, il serait judicieux  de redynamiser les autres secteurs tels que la promotion des investissements, la culture, le tourisme, les échanges techniques, la formation professionnelle, l’Agriculture et les échanges universitaires.

Enfin, Excellence Mesdames et Messieurs, j’émets le vœu ardent de voir nos deux Parlements se rapprocher encore davantage, afin de contribuer à la concrétisation rapide des ambitions louables de nos deux pays frères et approfondir, ainsi, cette amitié et cette coopération séculaires qui nous sont si chères à tous.

Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée,

Excellences, Mesdames et Messieurs,

L’avenir de nos relations est prometteur.

Par tout ce qui nous lie, nous pouvons construire ensemble, un espace de fraternité, de paix, de prospérité et de développement partagés et être un exemple pour nos autres frères africains.

C’est le message d’espoir que le peuple comorien m’a chargé de transmettre devant cette auguste Assemblée.

Le message de grand espoir, de confiance, de solidarité et d’amitié que j’ai voulu, moi aussi, porter aux frères et voisins tanzaniens.

Je suis convaincu que la Tanzanie et les Comores apporteront ensemble au reste de l’Afrique et du monde entier, ce message d’espoir, de solidarité  et de fraternité.

Vive la coopération entre la Tanzanie et les Comores,

Vive la fraternité Comoro-tanzanienne.

Je vous remercie.

 

 

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