Agence comorienne de presse (HZK-Presse)
Moroni, mercredi 13 août 2008 (HZK-Presse) – Soeuf Elbadawi, connu pour son implication dans la promotion des arts et des lettres comoriens, vient de publier aux éditions Komedit un recueil de poèmes en hommage à sa mère décédée le 3 décembre 2007 à Moroni. Travail de mémoire. Une œuvre de 63 pages écrites en deux temps, et que malgré l’émotion qui sort de sa plume, se lit en moins d’une cinquantaine de minutes.
Tout simplement parce que dès la première phrase, la lecture vous emporte jusqu’à la dernière ligne sans que l’on s’aperçoive du temps qui passe. Un compte rendu en deux parties : l’une portant sur le sentiment du poète pour sa défunte mère, et l’autre sur l’aspect littéraire de l’œuvre.
L’œuvre commence par un récit d’une vingtaine de pages au travers duquel l’auteur de « Moroni Blues » et sa suite, fidèle à lui-même, n’en démord pas avec sa franchise, et se remet en question, en posant un regard interrogateur sur les principes originels de l’éducation et des valeurs acquises vis-à-vis de l’évolution du temps et des mœurs. Il illustre avec des mots sincères, si simples et une écriture d’une fluidité émouvante l’incompréhension entre les générations qui se suivent et ne se ressemblent pas.
Dans la deuxième partie il relate l’amour qu’un fils porte à l’endroit de sa défunte mère, comme en réponse au dévouement que celle-ci a su apporter à son entourage, mais aussi au bonheur qu’elle a su rendre à celles et ceux qu’elle a côtoyé.
« Un poème pour ma mère, une rose entre les dents » deux phrases toutes simples mais qui en disent long, en guise de titre pour ce recueil dont la page de garde annonce la couleur de la douleur « Noir » comme le deuil, à l’endroit d’une mère que l’auteur s’approprie parce qu’elle l’a mis au monde, mais qui en réalité fut la mère de toute une génération, porte flambeau de la ville de Moroni, qu’elle a aimée jusqu’à son dernier souffle.
Connue pour son activisme social, son honnêteté intellectuelle, son sens du dévouement envers les causes qu’elle a toujours défendues, Mme Zahara Ibrahim puisqu’il faut la nommer, a donné le meilleur d’elle-même pour l’épanouissement de la condition féminine et le respect des droits de l’enfant.
Anciennement secrétaire à la Banque des Comores et de Madagascar, Zahara Ibrahim est devenue fonctionnaire de l'Etat comorien, et a travaillé comme assistante au gouvernorat de Ngazidja, puis archiviste documentaliste au ministère de l'intérieur et de la décentralisation, avant de finir sa carrière au Haut Commissariat chargé de la promotion féminine.
Mme Zahara s’est justement investie pour le bien-être de la communauté que ce soit pour la création de ces banques communautaires du réseau « Meck » dont elle a été l’une des membres fondatrices en 1998, ou pour la gestion du patrimoine familial, d’où sa qualité de Chef d'entreprise durant les années 80, à la tête de la Boulangerie Mchinda.
Elle a par ailleurs su s’illustrer par son militantisme au sein des associations féminines telles que Mawunati, l’AFEC [Association Féminines des Comores] ou elle a été l’une des champions de la fameuse reforme « Katiba » du grand mariage traditionnel de Moroni. Son engagement ne se limitait pas à cela, mais s’était engagé dans des Organisations Non Gouvernementales comme le Croissant Rouge pour s’investir dans le développement et l’humanitaire. C’est comme cela que je l’ai vue à l’œuvre mener des combats pour le respect de la dignité humaine, contre l’égocentrisme, au cours de différentes occasions comme lors de l’épidémie de cholera de 1978 ; où elle avait pris le devant comme pour motiver les très jeunes volontaires que nous fument, pour l’accompagner œuvrer dans les villages du Sud de la grande île des Comores, en distribuant comprimés et lait à base de Soja, dont nous, jeunes d’antan, nous nous amusions à nommer « Néjambé ».
Et je ne vous parlerais pas de ces moments que nous avons passé ensemble au Haut Commissariat chargé de la promotion de la femme, aux cours des réunions passées à la réflexion et la conception de l’actuel Code de la famille, ou encore pour l'évolution du statut de la femme comorienne, aux côtés de Moinaéchat Cheikh, Zahara Toyib, le Muftorat, et j’en passe des meilleurs moments qu’elle savait réserver aux conseils d’une mère, entre deux séances de travail ! Partout où elle a travaillé, Mme Zahara a su laisser des traces de son utilité envers la nation comorienne au travers de laquelle elle s’est en effet toujours distinguée.
En fermant le livre, le lecteur ressent un sentiment de respect envers « mère courage » et de nostalgie, à l’endroit d’une époque révolue qui était caractérisée par l’entraide et la préparation du pain au feu de bois – époques postmodernes. Un florilège au goût morose, mais d’une écriture à la portée salvatrice.
Haled A. Boina
130808/hab/hzkpresse/12h00